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Alexandre Bertrand

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Présenté en début d’année au festival de Sundance, In a Violent Nature a rapidement fait parler de lui. Et pour cause, l’idée d’un slasher du point de vue du tueur amène de l’originalité dans un genre quelque peu balisé. Mais pour quel résultat ? Critique.

In a Violent Nature : de quoi ça parle ?

Au cours d’un séjour en forêt, un groupe de jeunes plaisanciers ranime sans le savoir la dépouille d’un homme enterré dans les bois non loin de leur chalet. Le fou furieux masqué est sorti des entrailles de la terre pour venger son existence passée. (synopsis officiel). Comme on peut le voir, on est ici dans du classique. Au final, peu importe car ce n’est pas dans le fond que Chris Nash, scénariste et metteur en scène du film, entend se démarquer, c’est bien dans la forme de son slasher.

Affiche promotionnelle de In a Violent Nature
Droits réservés Shudder Films

In a Violent Nature : est ce que c’est bien ?

Le slasher est un sous genre du cinéma d’horreur aux codes balisés dont l’apparition est quelque peu difficile à dater. Est-ce La Baie Sanglante de Mario Bava (1971) ou bien Black Christmas (1974) qui a lancé le genre ? La finalité de cet article n’étant pas de trancher la question, il y a bien un film qui a donné ses lettres de noblesse au slasher et a contribué à son explosion dans les années 80 et ce film en question c’est bien entendu Vendredi 13. L’intrigue de ce dernier ? A peu de choses près, l’intrigue d’In a Violent Nature. En se glissant dans le sillon de son illustre prédécesseur, Chris Nash ne cherche pas à se mesurer à lui mais à transcender le slasher en faisant ce qui n’a jamais vraiment été fait : suivre un film d’horreur depuis le point de vue du tueur.

Le tueur d’In a Violent Nature
Droits réservés : Shudder Films

POV : dans la peau de Jason Voorhees

In a Violent Nature - Official Trailer | HD | IFC Films

Tout amateur d’horreur vous le dira, dans un slasher on a souvent du mal à s’identifier aux différents membres du groupe de victimes destiné à servir de chair à pâté et à donner un bodycount raisonnable au tueur en série. On sait généralement à quoi s’attendre dans la dynamique de groupe avant que le jeu de massacre ne commence. Ainsi, quand le film commence et que l’on surprend des bribes de conversation de ci de là, on sait bien que l’on a pas tout les éléments de l’histoire mais il est très facile pour le spectateur de les assimiler et de continuer à suivre la randonnée mortelle du tueur, qui ne s’appelle pas Jason mais Johnny. Si la forme est audacieuse, elle finit cependant par tourner en rond, les scènes de meurtres, généreuses au possible, se succédant mais finissant par un peu lasser. Pour autant, Chris Nash réussit à sauver son film avec une dernière partie plus traditionnelle délaissant le point de vue du tueur masqué pour celui de la final girl. Efficace et baignant dans un sentiment de tension intense pour finir par donner son titre au film, Chris Nash fait d’In a Violent Nature plus qu’un film de petit malin et réussit à faire un slasher de très bonne qualité doublé d’une originalité rafraîchissante. S’il avait fait partie de la franchise Vendredi 13 il aurait sûrement bénéficié d’une médiatisation même en France. Malheureusement, il n’en est rien et pour l’instant le film n’a aucune date de sortie dans l’hexagone, que ce soit en salles ou sur une plateforme de streaming…

Avec son angle original, un rythme contemplatif surprenant pour un slasher, un travail sur le son impressionnant (notamment dans le dernier acte), Chris Nash offre avec In a Violent Nature le meilleur slasher et l’un des meilleurs films d’horreur de l’année 2024. Pour un premier long métrage, c’est plus que prometteur !


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Tahar Rahim, tête d’affiche de Désigné coupable
Copyright Metropolitan FilmExport

Dans le cadre du Club 300, Désigné coupable nous a été présenté en avant première au Forum des Images. Le dernier long métrage de Kevin Macdonald, réunissant Tahar Rahim, Jodie Foster, Benedict Cumberbatch et Shailene Woodley, sortira en salles le 14 juillet 2021. Il s’agira d’une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi, emprisonné sans preuve à Guantanamo et de la lutte de deux avocates pour le faire sortir de cet enfer. Que vaut donc ce film au sujet sensible qui aura valu son troisième Golden Globe (en compétition)  à Jodie Foster  ?Critique.

Désigné coupable : de quoi ça parle ?

Mohamedou ( Tahar Rahim) dans l’enfer de Guantanamo
Copyright Metropolitan FilmExport

L’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi ( Tahar Rahim, Un prophète, L’aigle de la Neuvième Légion, du même Kevin Macdonald), un Mauritanien que son pays a livré aux Etats-Unis alors en pleine paranoïa terroriste à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’homme a passé des années en prison sans inculpation ni jugement. Deux juristes américaines ( Jodie Foster, Le silence des agneaux, Les accusés et Shailene Woodley, Divergente, Big little lies) vont se battre contre tout un système pour faire valoir ses droits et lui faire avoir un simple procès alors que cela fait déjà plusieurs années qu’il est emprisonné. En effet, celui ci a avoué d’odieuses responsabilités à partir du moment ou l’on a pu menacer sa mère resté en Mauritanie et doit maintenant en assumer les conséquences…

Désigné coupable : Est ce que c’est bien ?

L’idéal pour parfaitement appréhender Désigné coupable est de se renseigner sur l’issue du destin de Mohamedou Ould Slahi. En effet, dès les premières minutes du film, Kevin Macdonald sait jouer du suspense et de l’ambiguïté pour tenir son spectateur en haleine. En effet, que ce soit l’attitude du personnage joué par Tahar Rahim dans la scène précédant son arrestation ou bien celle du personnage de Jodie Foster dans ses premières interactions avec celui qu’elle défend, rien n’est véritablement manichéen. Un parfait angle d’attaque choisi par le metteur en scène pour permettre de bien rentrer dans le film sans prendre son spectateur à partie. A l’image d’Au nom du père, de Jim Sheridan, qui prenait le temps de montrer que le personnage de Daniel Day Lewis, emprisonné abusivement pour un attentat auquel il n’a pas contribué, n’est pas une oie blanche et est un petit voleur de Dublin. Pour en revenir à Désigné coupable, cela permet de maintenir l’intérêt du spectateur pendant une grande partie du film, saura t-on le fin mot de l’histoire? La vérité éclatera t-elle?

Jodie Foster et Shailene Woodley dans le rôle des avocates prenant la défense de Mohamedou

Kevin Macdonald a assez de maitrise pour parvenir à mettre à niveau équitable chacun de ses personnages, dont celui de l’avocat chargé de représenter le Ministère Public qui est sobrement mais efficacement joué par Benedict Cumberbatch ( Sherlock, Imitation Game) et dont le meilleur ami est décédé lors du 11 Septembre, dont le personnage de Tahar Rahim est accusé d’être le « cerveau ». Dans la quête de vérité principalement mené par Jodie Foster baigne une sorte d’idéalisme que l’on pouvait retrouver dans les films politiques des 70’s (c’est presque enfoncer une porte ouverte de citer Les hommes du président de Pakula) ou bien encore JFK d’Oliver Stone. Et ceci jusqu’à ce qu’on finisse par avoir la certitude du fin mot de l’histoire. Si la description des sévices subis par Mohamedou Ould Slahi est illustré par une esthétique trop clinquante et maladroite qui dénote trop de celle du reste du film et est bien le moment le plus « faible » du long métrage, Désigné coupable n’est pas pour autant un film béat ou manichéen. Ainsi, alors que l’on pense que les malheurs de Mohamedou sont terminés un dernier texte à l’écran vient remettre les choses en perspective et permet au spectateur de mesurer les contrainte subies pendant une bonne quinzaine d’année. Une mise en perspective bienvenue pour un film utile et nécessaire.

extrait Slasherman 2020 film
Droits réservés : Elevation Pictures

Random acts of violence, seconde réalisation de Jay Baruchel est présenté dans le cadre de la 26ème édition de L’Étrange Festival. Le film aborde le genre balisé du slasher avec une adaptation d’un comic book de 2010 réunissant pour l’occasion Jordana Brewter, Jesse Williams et Niamh Wilson.  Un film d’horreur méta en 2020, est ce que ça fonctionne toujours?

Random acts of violence : De quoi ça parle ?

Auteur de comic books horrifiques, Todd ( Jesse Williams, La cabane dans les bois) connaît un succès fou avec son Slasherman, inspiré d’un tueur en série qui sévit quelques années auparavant. Avec sa compagne ( Jordana Brewster, The Faculty, Massacre à la tronçonneuse : le commencement), son assistante ( Niamh Wilson, Saw 3,4 et 5) et son manager ( Jay Baruchel lui même, Tonnerres sous les tropiques, C’est la fin), il part en tournée promotionnelle tout en ayant en tête de trouver l’inspiration pour conclure sa saga. Mais la route ne tarde pas à être parsemée de cadavres. Et si Slasherman, le vrai, était revenu ?
(résumé de l’Étrange Festival)

extrait Slasherman 2020 film
Jordnana Brewster, Jesse Williams, Jay Baruchel et Niamh Wilson dans Random acts of violence
Droits réservés : Elevation Pictures

Random acts of violence : Est ce que c’est bien ?

Qui de l’art ou du réel influence l’autre ? Les deux peuvent ils vraiment être séparés ? La question, pour d’autres raisons avait fait débat avant le confinement. Dans Random acts of violence, adaptation du comic book du même nom de Justin Gray et Jimmy Palmiotti, paru en 2010, elle se pose à nouveau, quand le personnage principal, auteur de comics, voit se produire sous ses yeux, au détail près, les meurtres qu’il avait imaginés il y a quelques années et qui l’ont rendu célèbre. Fiction et réalité, la barrière s’amenuise progressivement alors que Todd s’éloigne bien loin de chez lui pour une tournée promotionnelle…

Deuxième réalisation de Jay Baruchel après un premier essai en 2017 (Goon : The last enforcer, une comédie sportive avec Sean William Scott), Random acts of violence tient bien son rang une grande partie du film. On sent le metteur en scène à l’aise avec le fait de décrire le quotidien d’un artiste en tournée promotionnelle (Baruchel est « du métier » depuis grossomodo le début des années 2000) et d’asséner un petit discours méta de bon aloi sur le divertissement ( » Le public ne veut que du dessert » déclame Todd en début de métrage). Il y a peut être même un peu de vécu avec cette idée d’un auteur en panne d’inspiration pour conclure l’oeuvre de sa vie. Rien de très original (le discours méta depuis Scream est presque devenu un passage obligé) mais solidement mené.

extrait Slasherman 2020 film
L’oeuvre du Slasherman
Droits réservés : Elevation Pictures

La photographie de Karim Hussain est chatoyante sans tomber dans une surstylisation malvenue, l’homme ayant de l’expérience dans le genre avec Territoires et We are still here (ou bien encore Possessor qui sera projeté au cours du festival).  Tout cela fait de Random acts of violence un petit film de genre assez joliment filmé mais manquant d’un petit quelque chose pour pleinement convaincre, que ce soit dans les meurtres ou bien dans une résolution grandiloquente et qu’on voit venir de (très) loin, la faute à des flashs backs pas forcément bien gérés. Au final, Random acts of violence est un bon petit film de festival, dont il serait dommage de se priver, que ce soit au cours de son second passage à l’Étrange Festival (le 12/09 à 16h45) ou bien au cours d’une prochaine sortie en salles.

Et voici la bande annonce !


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Swann Arlaud et Maud Wyler dans Perdrix
Copyright Pyramide Distribution

Après avoir enchanté la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2019, le premier film d’Erwann Le Duc, Perdrix, était projeté dans le cadre du Club 300 d’Allociné avant sa sortie prévue le 14 août 2019. L’occasion pour Pop&Shot de se faire une idée sur cette comédie amoureuse portée par Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant et Nicolas Maury. Critique

Perdix : De quoi ça parle ?

Maud Wyler et Swann Arlaud dans Perdrix
Copyright Pyramide Distribution

Pierre Perdrix vit des jours agités depuis l’irruption dans son existence de l’insaisissable Juliette Webb. Comme une tornade, elle va semer le désir et le désordre dans son univers et celui de sa famille, obligeant chacun à redéfinir ses frontières, et à se mettre enfin à vivre.

Ainsi, de prime abord, la trame de Perdrix se présente comme celle de n’importe quelle comédie romantique.  Le personnage principal voit son quotidien bouleversé par l’arrivée de ce qui va devenir son love interest et qui va remettre en cause ce qu’il croyait établi jusque là. Le canevas est rodé depuis l’age d’or des comédies romantiques dans les années 1990. Pour se démarquer donc, il faudra donc innover soit sur la forme, soit sur le fond. Et justement c’est là que Perdrix se distingue…

Car on ne sait pas forcément à quoi s’attendre quand on se rend compte que la comédie amoureuse mettra en scène un capitaine de gendarmerie dépassé (Swann Arlaud), une grande voyageuse perdue( Maud Wyler), une animatrice radio qui n’émet quasiment que pour elle( Fanny Ardant), un biologiste fan de lombrics qui peine à transmettre sa passion ( Nicolas Maury) mais aussi un groupuscule d’activistes nudistes et un tank garé en double file devant la gendarmerie ! Le tout dans des paysages vosgiens  mis en valeur par la caméra d’Erwann Le Duc. La première qualité de ce premier film est très clairement de dynamiter nos attentes. Mais pour quel résultat ?

Perdrix : Est ce que c’est bien ? 

La famille Perdrix au grand complet incarnée par Fanny Ardant, Nicolas Maury, Patience Munchenbach et Swann Arlaud
Copyright Pyramide Distribution

Au rayon des qualités de Perdrix, tout d’abord il y a son ton ainsi que sa façon de manier l’humour. Sortant du sentier battu du commun de la production comique tricolore, la comédie amoureuse surprend dès le début en s’attelant à user de l’absurde et du loufoque pour dépeindre sa galerie de personnages croquignolette. Mais toujours avec bienveillance et tendresse. Il ne s’agit pas de rire d’eux ni avec eux mais bien d’égayer à intervalles réguliers la progression des personnages tout au long du film.

En effet, une autre grosse qualité de Perdrix est la sensibilité qui émane de la comédie amoureuse du début jusqu’à la fin. Loin d’un prétexte à une succession de gags loufoques, doucement, délicatement, sans forcément s’y attendre, le film nous parle du plus noble des sentiments, l’amour, à travers l’évolution de chacun des membres de la tribu Perdix. L’amour d’un gendarme moteur (pas forcément) contre son gré d’une famille dysfonctionnelle pour une jolie tornade qui vient chambouler le quotidien de sa torpeur vosgienne. L’amour que continue de porter une mère de famille au souvenir d’un mari décédé depuis de très nombreuses années. L’amour d’un père célibataire pour sa fille adolescente qu’il couve et qui est d’ores et déjà plus mature que lui.

Sans dévoiler les péripéties qui animent la petite ville de province dans laquelle on trouve tout aussi bien un groupe de nudistes révolutionnaires que des soldats d’opérette cherchant le chemin de leur champ de bataille fantasmée, comme dans toute bonne histoire, les personnages principaux vont évoluer. L’arrivée de la truculente Juliette Webb ( Maud Wyler) va ainsi pousser, pour différentes raisons les membres de la famille Perdrix ( Swann Arlaud, Nicolas Maury, Fanny Ardant et Patience Muchenbach) à sortir de leur zone de confort et à s’affirmer mais aussi et surtout accepter. Accepter qui ils sont et ce qu’ils désirent. Il est particulièrement bien trouvé, par exemple, que la situation bascule définitivement entre les personnages de Maud Wyler et de Swann Arlaud, une fois qu’ils se seront mis à nu en se déclamant leurs portraits respectifs au visage l’un de l’autre.

Un esprit chagrin pourrait toujours dire que, malgré tout, l’enjeu principal, dissimulé sous quelques effet que ce soit, reste quand même, au bout du compte et pour l’essentiel, de savoir si personnage principal 1 finira avec personnage principal 2 et comment il va y parvenir. Mais on ne pourra qu’apprécier l’originalité le ton et le joli message du film. Une belle petite pépite tricolore que cette comédie amoureuse qu’est Perdrix.