Mandy l'étrange festival 2018
Affiche US de Mandy ( 2018)
Droits réservés : SpectreVision – Umedia – Legion M – XYZ Films


Dans le cadre de la 24ème édition de l’Étrange Festival, au Forum des Images à Paris, était projeté le second film de Panos Cosmatos, Mandy avec en tete d’affiche l’iconoclaste Nicolas Cage. Au programme, un revenge-movie en pleine Amérique des années 80. Et une des plus grandes réussites du festival. Critique.

En 1983, Red Miller, bûcheron taciturne, vit tranquillement avec sa compagne Mandy. Un jour débarque le mystique et charismatique Jeremiah Sand, accompagné d’une bande de hippies fanatiques et de motards inquiétants, qui s’en prend au couple. Ce sera le début d’une vengeance sans pitié. Ainsi est présenté Mandy qui aura fait pratiquement salle comble au cours de ses deux projections à l’Étrange Festival. Revenge movie. Nicolas Cage. Foret isolée. Secte. Bikers. Années 80. Tout est réuni pour venir titiller le fan de ciné de genre. En théorie.

Mandy l'étrange festival 2018
Red ( Nicolas Cage) dans une quête pleine de bruit et de fureur pour venger Mandy
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Mandy : Une oeuvre référencée…. Encore?!

L’heure est aux commentaires, références et hommages plus ou moins prononcés et pertinents sur les glorieuses décennies passées du cinéma. Quentin Tarantino et Eli Roth avaient lancé la machine il y a une dizaine d’années avec le projet « Grindhouse« . Depuis, la mode est à la nostalgie. C’était mieux avant. Pour montrer qu’on crée intelligemment, il faudrait cligner de l’œil à intervalles réguliers en direction de la génération d’avant. Tarantino aura lancé et quasiment épuisé le filon avec ses 70’s fantasmés, délaissés depuis sa période western ( Django Unchained/ The Hateful Eight) mais qu’il devrait se dépêcher de retrouver avec le prochain « Once upon a time in Hollywood« .

La décennie 70 étant réservée, il a fallu se rabattre sur les autres. Il faut bien dire que si David Robert Mitchell a su rendre l’opaque Under the silver lake aussi marquant qu’intriguant en rendant un hommage (plus qu’) appuyé aux glorieuses 60’s, la nostalgie des années 80 aura été, elle, bien moins fine dans son traitement. Les opportunistes  » Super 8 » et « Stranger Things » sont là pour le démontrer, surtout pour le dernier, un projet artistique consistant en un patchwork de références et clins d’œils ne suffisant pas à donner du fond à une oeuvre et à la rendre viable.

Mandy l'étrange festival 2018
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L’anecdote est connue : Panos Cosmatos ( dont Mandy est le deuxième film, après Under The Black Rainbow, sorti en 2010) est le fils de George P. Cosmatos, réalisateur, entre autre de Cobra et Rambo II avec Sylvester Stallone ou bien encore de Tombstone avec Kurt Russell et Val Kilmer. Du cinéma bourré testostérone et stylisé, mais avant tout efficace. Le fils va t-il marcher dans les traces du père en plaçant ainsi l’action de son film dans la décennie ou ont été faites les œuvres les plus marquantes de l’aîné?

« Encore les années 80 ?! « , est-on légitimement en droit de penser à la lecture du synopsis. Va t-on encore manger du môme errant à vélo dans du pavillon de banlieue déballant des dialogues remplies jusqu’à plus soif de références à la pop culture ? Heureusement, pas d’opportunisme Strangerthings-esque dans Mandy. Juste la déclaration d’amour de la part d’un cinéaste débutant, né en 1974, à tout un pan culturel de son enfance.

Mandy : Est ce que c’est bien?

Et des inspirations visuelles, oui il y en a dans Mandy. Mais sont elles là pour illustrer le scénario de Panos Cosmatos et Aaron Stewart-Ahn ou bien au contraire sont elles aussi présentes pour cacher, en quelque sorte, la misère? Éternel débat de la forme et le fond. La trame de Mandy est classique. Sans que ce soit un inconvénient, ce n’est pas, pour autant de là que vient l’intérêt du film. On a à faire à un revenge movie, alors oui agression il y aura, détruisant à jamais un cocon idéal(-isé) dans lequel se trouve les protagonistes. Oui la vengeance aura bien lieu. Et oui, les agresseurs paieront et devront répondre de leurs actes. L’air est connu et la trame va se dérouler sans accroc.

Mandy l'étrange festival 2018
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Qu’est ce qui fait la particularité de Mandy dans ce cas? Sa générosité et son ambiance particulière. Générosité car c’est dans tout un pan de la contre culture des années 80 que Cosmatos fait baigner son odyssée vengeresse. Les motards monstrueux ( à tout point de vue) semblent provenir du même culte bizarroïde qui traînait dans Cobra. On comprend que le personnage de Nicolas Cage est un vétéran, un ancien guerrier à la Rambo et traîne un passé sanguinolent. Sa scène avec le personnage incarné pour Bill Duke, qui jouait dans Predator et Commando, n’est pas innocente et fait la passerelle avec ce cinéma d’action. Là ou certains se seraient contentés de citer explicitement leurs références, Cosmatos fait appel à la cinéphilie du spectateur, à son imaginaire. La notion de réalité devient rapidement trouble dans Mandy, une pellicule composée de personnages qui préfèrent rester dans leurs reveries que d’être dans le monde réel. Ainsi, la fameuse Mandy (hypnotique Andrea Riseborough) s’avère désagréable et gênée dès qu’elle est tirée de la lecture de son roman d’heroic fantasy, de même Red (Nicolas Cage) n’échange pas avec ses collègues de travail et éteint rapidement la radio sur le chemin du retour chez lui, comme pour se couper du monde réel, les deux amants ne semblant s’épanouir que dans une bulle que rien ne doit venir troubler. Le gang de motards est coincé, pour des raisons particulières, dans un monde  » à part ». Et le culte à l’origine de l’agression de Mandy use de drogues pour entretenir leurs croyances. Mandy est donc composé d’une galerie de personnages fuyant une réalité qu’ils préfèrent travestir d’une façon ou d’une autre.

Mandy l'étrange festival 2018
L’apparition de Bill Duke dans un petit role ravira les nostalgiques des 80’s
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En effet, il n’est pas question de réalisme dans Mandy. Tout y est excessif et saturé, que ce soit dans les actions ou bien sur l’écran. Généreux, Panos Cosmatos fait référence à tout ce qui a du bercer son enfance. L’heroic fantasy, tout d’abord, que ce soit par le biais des lectures de Mandy, les « reliques » du culte mené par Jeremiah Sand ( fadasse Linus Roache) ou bien encore la hache chromée façonnée par Nicolas Cage pour se venger. Le cheminement du héros devant se dépasser pour mettre à bas un à un ses ennemis en progressant dans une quête vengeresse fait écho aux archétypes du genre. A partir du moment ou Nicolas Cage bascule dans sa furia vengeresse, il accumule les punchlines que l’on pourrait croire sorties d’un « Commando » (en moins marquantes certes), comme dans tout bon actioner des 80’s. Les décors finissent par évoquer sur la fin un bon post nuke italien de cette décennie.

S’assumant totalement et ne se prenant guère au sérieux ( la scène Bill Duke- Nicolas Cage fait fi de psychologie et de finesse), Mandy offre un spectacle entier. Création d’un artisan aimant réellement le genre, il lui rend hommage et lui fait honneur à travers un film excessif et respectueux. Et surtout jamais goguenard ni cynique des genres auquel il rend hommage. Apprécié au cours d’une séance de L’Étrange Festival, Mandy ne sera pas distribué en France ( a priori), ce qui est fort dommage pour un film qui mériterait d’être plus qu’une « bête de festival » . Pour les chanceux qui auront l’opportunité de pouvoir le voir, Mandy est un excellent film de genre à savourer sans hésitation!

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