Kaky, bricoleur du son, a plein d’idées ! C’est à l’été 2020 qu’il lance son premier titre « La tête pleine ».  Avec sa tête bien faite, l’idée fonctionne immédiatement. Les hanches s’activent, ses créations s’invitent dans les playlists. Il faut dire que le bonhomme aime à s’y amuser avec les sons. Son premier EP « Room 404 » avait été créé à partir de samples de bruits du quotidien. Publié le 12 mars 2021 ( un cadeau d’anniversaire pour moi), il né d’un bricolage amateur qu’il s’amuse à détailler sur sa plateforme : les Kakysounds. Ce qui était vrai pour CocoRosie et son premier jet « La maison de mon rêve », réalisé à partir de sons de salle de bain et jouets d’enfants,  l’est aussi pour Kaky.

KAKY © Jean de Blignières
KAKY © Jean de Blignières

Intégrer bruitages de la vie permet de créer un objet défiant toute attente. Sauf qu’ici l’indie pop onirique  des sœurs Sierra et Bianca,  est remplacé par des mélodies urbaines. Et comme le veut le registre, le terre à terre l’emporte. La mélancolie du quotidien prend le relais. On y découvre une plume affutée, une sincérité à fleur de peau. Et donc, des bruits quotidiens qui résonnent bien différemment quand ils viennent à percuter la réalité froide du rap de Kaky. Sauf que le rêve n’est jamais loin. Celui de réussir dans la musique. Son art, celui qui le transporte, le transcende, le porte surtout.

Rêves et cauchemars

En 2022, le musicien à la voix grave et puissante publie un album, « Joli Monde ». Le monde est un bel endroit, il vaut la peine qu’on se batte pour lui. La première partie est au moins vraie. Vous connaissez la chanson. Il faut attendre deux ans pour que les bricolages reviennent, les rêveries aussi mais surtout la plume acide. Voilà qu’enfin, fin 2024, il revient avec sa « Note 1-? ». « Plus rien ne me touche, c’est vrai. » conte-t-il sur « Mayday ». Il y déverse ses douleurs dès ce premier titre. On y découvre un mélange habile de rap et de refrains bien sentis et chantés. Comme toujours, porté par des mélodies savamment écrites, Kaky touche au cœur. Il y parle de remplir le vide en soi. Chez l’artiste, le bricolage est une confidence faite au plus grand nombre. Trois titres viennent peupler cet EP sombre et pourtant dansant, le clair-obscure y règne en maître. La lumière pour Kaky, c’est la musique. Notre monsieur touche-à-tout ne pouvait pas en rester là. Il devait répondre à ses peines et à la dernière confession de cette galette intitulée « Peur de vivre ». Alors le voilà de retour avec un nouveau titre, qui est dévoilé le 6 février : « Drôle d’idée ». Le rêve y est omniprésent. Celui de la musique toujours, quoi qu’il en coûte, la musique ou se tuer à essayer.

Une deuxième note pour poser ses idées

Ce titre il l’explique : «  Tout ce bad mood provient d’une obstination à se battre pour un rêve, quitte à en tomber malade, et de s’enfermer dans l’idée que si ça ne marche pas, c’est parce que tu n’es pas à la hauteur. C’est ça, le paradoxe de la musique : plus tu travailles, plus tu te déconnectes de la réalité des gens qui t’écoutent, et donc moins tu parviens à leur parler, car tu ne vis plus dans leur réalité. Au final, tu deviens moins pertinent. »

KAKY © Jean de Blignières
KAKY © Jean de Blignières

« Drôle d’idée » trouvera-t-il sa place sur un nouvel EP ? C’est fort à parier et on scrutera les annonces, les doigts croisés. Le morceau lui, est des plus attendus si l’on en juge par ses 15 000 streams et 100 000 auditeurs mensuels. Il  fait le pont avec le précédent EP et promet un temps plus lumineux pour notre musicien. Il faut arrêter de travailler pour trouver l’inspiration. En musique, il ne faut pas s’enfermer dans le travail ! Et ce constat permet à Kaky de proposer un titre plus dansant, franchement bien écrit et joliment produit. Impossible de ne pas s’arrêter sur son refrain, plus pop qu’à l’accoutumé. Certes l’urbain est toujours là, mais l’idée est aussi d’y exploiter des sons qui sauront nous réchauffer.

Kaky a bricolé son univers pour en faire une composition à la beauté assumée, d’une véracité bien trop rare. Une  façon de jouer avec les émotions, de passer du sombre à la lumière. Là où ses premiers titres mettaient des mélodies dansantes sur des textes aux tourments criants, ses nouvelles notes d’intentions vont crescendo. Chaque titre est une face de notre musicien. Pile et ses désolations, face et son espoir. Toujours à fleur de peau, tout en s’interrogeant en continue, la douceur remplace au moins un temps, l’amertume. Entre dans la ronde, et viens tomber amoureux des détails musicaux de ces mémoires. Tu y trouveras un roman de sentiments et d’expérimentations toujours réussies.


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