Mercredi 21 juillet 2021, après deux reports pour cause de COVID-19, sort dans les salles françaises le premier volet tant attendu de la conclusion de la saga télévisuelle Kaamelott. Si au fil du temps, et douze ans ce n’est pas rien!, la fanbase a continué à entretenir le culte, qu’en est-il de ce changement de format avec le passage au « grand » écran tant attendu ? Critique.
Diffusé entre janvier 2005 et octobre 2009 sur M6, à l’origine en remplacement de Caméra Café, Kaamelott s’est assez rapidement affranchi de son format court originel (épisode de 3min30) pour pouvoir raconter la légende arthurienne comme son auteur, Alexandre Astier, l’entendait tant dans le fond que dans la forme tout au long de six saisons. La fin du Livre VI il y a douze ans teasait un retour d’Arthur en tant que héros pour « Bientôt ». Et c’est peu dire que ce retour au cinéma a pris tout au long de ses années des allures d’Arlésienne, finissant même par devenir un fantasme de fan plus qu’une possibilité crédible pendant quelques temps. Chaque intervention d’Alexandre Astier entre 2009 et 2017 ( quand l’auteur finira par lâcher au Gros Journal de Mouloud Achour que le film était bien en préparation) était ainsi décryptée et suranalysée pour savoir si oui ou non le film, voire les films Kaamelott allaient pouvoir voir le jour. Et voici donc après plusieurs reports, la norme pour tout blockbuster depuis le COVID, le premier volet de Kaamelott atterrir dans les salles françaises…
Kaamelott – premier volet : De quoi ça parle ?
Le tyrannique Lancelot-du-Lac et ses mercenaires saxons font régner la terreur sur le royaume de Logres. Les Dieux, insultés par cette cruelle dictature, provoquent le retour d’Arthur Pendragon et l’avènement de la résistance. Arthur parviendra-t-il à fédérer les clans rebelles, renverser son rival, reprendre Kaamelott et restaurer la paix sur l’île de Bretagne ?
Inutile de dire que Kaamelott le film était attendu de pied ferme après une douzaine d’années d’attente. Passer de la petite lucarne au grand écran demande des adaptations, même si Alexandre Astier a toujours rassuré sur le fait que le film serait accessible au plus grand nombre et notamment à ceux n’ayant jamais suivi la série éponyme. Mais le principal enjeu pour le créateur de la saga était de réussir à équilibrer l’humour fusant des quatre premières saisons à la montée en gammes niveau ambition et l’ambiance teintée de mélancolie des deux dernières saisons. Si la popularité de la série est indéniable, il faut se souvenir que des critiques avaient pu voir le jour concernant le changement de ton au fur et à mesure que Kaamelott faisait sa mue. Aussi si le public sera au rendez vous, à quelle part de la suite cinématographique de son show préféré va t-il se retrouvé confronté ?
Kaamelott – Premier Volet : Est ce que c’est bien ?
On ne peut enlever à Alexandre Astier deux choses : son érudition et le fait que Kaamelott soit son œuvre, son bébé. Son érudition a pu s’exprimer ces dernières années dans la multitude de références que comptaient le Livre VI, dans le fait que la bande originale du film ait été composée par Astier lui même, de ses spectacles, Que ma joie demeure ! et L’Exoconférence, durant lesquels il a su rester tout aussi captivant que drôle bien qu’abordant des sujets peu « faciles » ( respectivement deuil mâtiné de musique classique et astrophysique!). Quand au fait de Kaamelott soit son œuvre, pour preuve, sur ce premier volet sur grand écran, Alexandre Astier occupe les postes de metteur en scène, scénariste mais aussi musicien et monteur !
C’est probablement le reproche le plus notable qui peut être fait à Kaamelott – Premier Volet si l’on doit commencer par le négatif. Un montage trop coupé peut empêcher l’épique de s’installer dans le film durant certaines scènes et la mise en scène de certaines scènes ressemble trop à un épisode allongé de Kaamelott rendant le passage sur grand écran pas si différent de ce que le spectateur avait pu connaître sur grand écran. Concernant cet effet de mise en scène, une question peut se poser : Est ce que cela n’est pas voulu par Astier?
En effet, cela peut être perçu comme un deuxième reproche, même si ce n’en est pas un fondamentalement mais le visionnage de Kaamelott – Premier Volet donne parfois l’impression du visionnage d’un grand épisode pilote. Ou bien de ces fameux épisodes 9 de Game of Thrones, ces épisodes de transition post bouleversements des épisodes 8, ou l’on parle des conséquences de telle ou telle action et ou l’on dresse un nouveau statu quo pour la saison à venir. Et si au final, ce n’est pas « tout simplement » ce qu’était Kaamelott – Premier Volet ? Une sorte d’épisode de transition, une introduction à un nouveau statu quo pour ces nouvelles aventures d’Arthur et ses chevaliers de la Table Ronde à la sauce Alexandre Astier. Bien sur, on aimerait un peu plus d’untel ou untel, etcetera. Mais l’univers de Kaamelott est vaste et il en faut pour tout le monde !
Et si cela n’était pas la meilleure forme à donner à cet opus qui arrive douze ans après la fin de la série télé? Bien sur quand on aime cette saga, comme beaucoup, on voudrait tout de suite le meilleur. Mais on peut se poser la question de savoir si cette forme n’était pas le meilleur moyen pour Alexandre Astier de régler les trames narratives laissés en suspens par la fin des Livres V et VI pour se concentrer sur l’avancée de la conclusion de la geste arthurienne. Car comme le dit si bien un personnage en fin de métrage : » Et la quête du Graal on est ou?« .
Concernant les qualités du film, elles sont nombreuses. Au premier plan, celui du parfait équilibre entre l’humour et la progression narrative. On rit franchement dans Kaamelott – Premier Volet et pas uniquement du fait du duo semi-croustillant de Perceval et Karadoc. Renouant avec une certaine ambition et une qualité d’exécution « à l’ancienne », Alexandre Astier mène sa barque durant deux heures pour nous raconter son retour du héros particulièrement bien amené, le tout avec des décors et des costumes vraiment originaux (mention spéciale à l’armure de Lancelot!). Le cinéma français a besoin de ce genre de projet. De l’audace et du savoir faire au service d’un scénario ou pratiquement tout le panel de personnages de Kaamelott vient faire un tour de piste avant peut être de faire évoluer la saga dans une autre direction.
On aurait du mal à trouver de meilleure raison de retourner au cinéma que d’aller visionner Kaamelott – Premier Volet. L’histoire en vaut la peine. Les personnages en valent la peine. Même la musique d’Alexandre Astier en vaut la peine! En somme, Kaamelott – Premier Volet une épopée à ne voir que sur grand écran et ça fait plaisir !
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