Bref.2

Le 12 juillet 2012, le dernier épisode de Bref. était diffusé sur CANAL+.  Le 14 février 2025, Bref. 2 sera diffusé en six épisodes sur Disney+. Une douzaine d’années plus tard, qu’ont à nous raconter les créateurs de la série, Kyan Khojandi et Bruno Muschio ? Réponse à l’aune du visionnage des trois premiers épisodes. 

« Il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé », « En mode : Attaque », « 72 euros », « Bref, j’ai (inclure ce que l’on veut raconter) ». Pour une certaine tranche d’âge, les +25 pour ne pas les nommer, les références à Bref. sont bien ancrées dans la culture populaire, rentrant presque dans le langage courant, au même titre que Kaamelott ou encore, pour remonter plus loin, que les illustres Inconnus ou Nuls. Faire une suite en plein milieu des années 2020 d’une œuvre culte du début des années 2010 ayant marqué son époque et qui bénéficiait d’une fin cohérente et bouclée n’allait pas de soi. Pour quel résultat ?

Bref.2 : de quoi ça parle ?

bref 2 kyan khojandiÇa y est, il a 40 ans. Et le constat est amer : À force de non-choix et de ne jamais réellement se prendre en main, il se retrouve encore et encore à la même place : en galère de thunes, sans copine et sans travail. Un énième retour à la case départ qui va enfin le motiver à réagir, à se prendre en main et à écouter quelqu’un d’autre que la voix dans sa tête.

Bref.2 : Est-ce que c’est bien ?

La mode est aux suites bien des années plus tard. Pour un résultat inégal : si un Trainspotting T2 était tout aussi excellente que surprenante car elle proposait une vraie réflexion sur le temps qui passe et sur l’évolution au cours d’une vie, combien de propos emballés dans le fan service (Top Gun : Maverick) ou démontrant que l’œuvre n’était plus en adéquation avec son époque avec son époque (Indiana Jones et le Cadran de la Destinée malgré l’apport rafraichissant indéniable de Phoebe Waller-Bridge) ? En séries, les revivals de Dexter, ou bien encore de The X-Files n’ont pas eu les résultats escomptés. Qu’a donc à proposer Bref.2 en 2025, treize ans après son final ?

Et bien sans mentir, la question continue de se poser de longues minutes après le lancement de cette nouvelle saison. Une scène de crash automobile sous influence du filmage de David Fincher période Fight ClubPanic Room vient nous montrer que Bref.2 a monté de gamme niveau budget. Pas forcément pour son propre bien (nous y reviendrons). La nouvelle copine, campée par Doria Tillier, a tout de la manic pixie dream girl, écrite par et pour un homme, excentrique dernier degré et qui vient, un court instant, tirer le protagoniste de sa torpeur quotidienne et lui apprendre, involontairement, une leçon de vie fondamentale. Et ça, c’est pas très original, voire un peu daté.

Le premier épisode fait peur. À transcender sa forme originelle mais en jouant, dans son fond, trop le fan service en convoquant les anciens personnages mais aussi en multipliant les guest stars sans grande raison autre que de valoriser une forme d’entre-soi goguenarde (les caméos de Grégoire Ludig ou Thomas VDB n’apportent pas grand-chose), on craint un temps que l’œuvre innovante des débuts de Kyan Khojandi soit tombée dans le confort d’une production de nouveaux riches cherchant éperdument à renouer avec les glory days. On avait suivi les aventures d’un presque trentenaire enchainant les histoires, les amitiés, les plans, les boulots foireux. Tient-on vraiment une douzaine d’années plus tard à suivre les aventures d’un quadragénaire ayant toujours les mêmes problèmes ?

Heureusement, le salut vient pour Bref.2 dès la fin de son premier épisode quand la forme revient sur des sentiers plus connus mais que son fond lui évolue doucement vers surement vers ce que le duo Khojandi-Muschio veut nous raconter de l’évolution de « Je » entrant de plein pied dans la quarantaine. Car même si nous n’avons pu visionner qu’une moitié de cette saison 2 lors de l’avant première au Forum des Images quelques jours avant la sortie officielle sur Disney+, il est vrai que celle-ci finit par emporter l’adhésion quand elle sait se faire plus « mature ». L’objet Bref sait faire rire c’est indéniable. Mais c’est sur la façon qu’il a de nous émouvoir en racontant de façon assez fine ce à quoi amène l’avancée en âge de tout à chacun et des drames qui peuvent survenir. Ne perdant pas de vue pour autant, ce qu’elle est Bref.2 continue de nous faire rire tout en proposant d’aborder des sujets plus sérieux. C’est ce qu’ont expliqué au cours de la présentation lors du Club Allociné le duo de créateurs de la série « amener du tragique dans le comique et du comique dans le tragique ». Et même si la sous intrigue de cette première moitié de saison ne tombe pas dans l’écueil de la carte blanche maladroite en termes de budget (une sorte de version de Starship Troopers pour illustrer quelque chose que nous ne divulgâcherons pas) elle a le mérite de lancer cette suite de Bref, qui, si elle pouvait être attendue, nous montre qu’à sa façon, elle était nécessaire.
Un article signé Alexandre Bertrand et Pénélope Bonneau Rouis

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