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Julia Escudero

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Sydney Minsky Sergeant : brillant men’s club

Sydney Minsky Sargeant
Sydney Minsky Sargeant par Max Miechowski

Sydney Minsky Sergeant a bien grandi ! Poussé à la célébrité et sur d’immenses tournées depuis son plus âge grâce à son groupe de génie, Working Men’s Club, le chanteur avait besoin de prendre du recul. Voir même de faire une pause pour mieux regarder dans le rétroviseur. Le voilà donc en studio avec son ami, le producteur Alex Greaves pour enregistrer un seul morceau « Lisboa ». Seulement, le rendu est trop bon, il faut poursuivre l’opération, aller chercher d’autres titres. Alors, Syd, pour les intimes, part en quête de son répertoire. Il retrouve ses premiers écrits, datant parfois de ses 14 ans. Comment un môme peut-il avoir la maturité artistique d’écrire pareille prouesses ? La question se pose. Et pourtant, la réponse semble évidente. Le musicien a la même aura en solo qu’un certain Grian Chatten de Fontaines D.C qui s’offrait sur « Chaos for the fly » un masterpiece. « Lunga » est de ce type de chef d’oeuvres, une merveille, aussi simple que bouleversant. Son post punk s’y fait plus folk, plus acéré. Derrière les douleurs qui lui servent à écrire, vient le besoin d’avancer. Autant peut-être que celui de se reconnecter à une version de lui aujourd’hui lointaine. Pour lui donner vie, il prend en main tous ses instruments, enregistre même dans une église donnant ainsi de la profondeur au son. Le même degré de profondeur et d’espoir qui hantent son esprit .  « C’est un pas de côté par rapport à ce qui m’a rendu célèbre cet album » explique-t-il « J’avais besoin de le faire. C’est un voyage méditatif. Il m’a permis de réaliser des choses pendant que je grandissais et d’avancer. » L’occasion pour lui de repenser à ses relations passées, sans colère ni ressenti mais plutôt : « De faire le point sur mes émotions. De me demander où est ma place dans le Monde. »

Prendre la route pour se découvrir en tant qu’adulte

C’est à l’occasion de son passage au Pitchfork festival, dans la salle du Silencio que j’ai eu la chance de discuter avec Sydney Minsky Sergeant. Il faut le dire, il est beaucoup trop facile de se laisser tomber en amour lorsque l’on écoute ce premier album. Si les titres y ont été écrits à différentes périodes de son existence, le musicien arrive à donner à l’ensemble une cohérence rare. Plus qu’un opus, c’est un voyage initiatique que l’on découvre. Une certaine obscurité le peuple et au fond une note d’espoir prend la dominante. L’adolescence est une période charnière, puissante de la vie. Et notre homme n’a jamais vécu la sienne de façon normale. Les tournées, les concerts l’ont éloigné du chemin que l’on emprunte tous.tes et qui permet de définir l’humain que nous souhaitons être une fois que l’âge adulte nous a atteint. Et surtout pas éteint d’ailleurs. C’est de cet apprentissage qu’il est important de parler pour le jeune homme timide qui regarde de côté pendant que nous conversons. « Dans la majorité de l’album il y a beaucoup de sentiments issus de mon subconscient.  » explique-t-il en pesant chacun de ses mots. « C’est quand j’ai conclut l’album que je me suis senti grandi sur beaucoup de  sujets. Sur beaucoup de cadences de l’albums, certaines choses sont parfaites et d’autres imparfaites. Je me suis senti bien plus adulte parce qu’il n’a rien à voir avec tous les autres albums que j’ai fait.  Tout s’est emboité au cours des dernières années. Et à la fin je me suis rendu compte que j’étais une personne complètement différente de celle qui a écrit les morceaux. »

S’il parle facilement de perfection c’est avant tout parce qu’il est tout autant perfectionniste sur scène. Ce soir là, sur les planches du Silencio, le son des instruments devient son travail le plus méticuleux. Stressé, probablement mais surtout déterminé. Chaque note est pensée avec profondeur alors que trois musiciens lui donnent la réplique. Assis au centre de la pièce, le regard songeur, notre homme se raconte avec la même sincérité qu’il avait plus tôt lors de notre échange.  » Je voulais capturer l’idée d’un nouveau jour et être le plus honnête possible. J’en profite pour embrasser les beaux côtés de la vie mais aussi accepter que j’ai fait des erreurs et que je ne compte pas les fuir. »

silence, ça pousse sydney minsky sergeant

Sydney Minsky Sargeant Lunga
Sydney Minsky Sargeant photo Max Miechowski

 » La raison pour laquelle je n’ai pas eu de mal à me replonger dans mes anciennes compositions c’est avant tout parce que je ressentais encore les émotions de cette époque. Certains sentiments étaient également comme une histoire fantaisiste que je me raconte. Par exemple quand je dis que tout va bien, ce n’est pas vrai. Mais c’est une façon de me convaincre et de me rassurer. C’est comme ça que j’avance dans la vie. Et puis il est rare que j’aille en studio et que j’accepte d’enregistrer un morceau si je ne pense pas ce que j’ai écrit.  » L’important pour lui, c’est de toujours rester honnête envers lui-même. Mais le chanteur utilise-t-il la pensée magique pour combler son apprentissage de l’existence ? Vous savez cette méthode qui permettrait à une personne de concrétiser ses désirs par le simple pouvoir de ses pensées. « Je crois que l’espoir peut te transporter vers un endroit meilleur. Même si vous n’y êtes pas du tout. Quand je travaillais cet album il n’y avait pas un moment où je voyais la mort à l’horizon. Peut-être que j’y pensais mais dans les faits elle n’était pas là. Il n’y a pas eu de moment où je goûtais entièrement au bonheur pourtant  tout ce qu’il y a de rationnel chez moi convoquait l’espoir. Et c’est ce qui est devenu le plus grand thème de l’album. »  Pour lui il est aussi important de se rassurer que de rassurer les autres. « C’est ok de se sentir comme de la merde. Et même sain d’aller mal parfois. Il faut embrasser ce sentiment et en tenir compte mais savoir que c’est un moment précis. » Parfois se replonger dans une période de sa vie à travers la musique le replonge dans le pire mais il sait que ce sentiment n’est plus vrai aujourd’hui. La composition lui sert pourtant à s’y replonger pleinement pour mieux avancer. La raison pour laquelle une mélodie existe c’est aussi parce qu’elle est la photographie d’un instant T. Un art qui va coller à « Lunga » dont la texture et la production sont particulièrement visuelles. Les titres s’y vivent comme une histoire que l’on raconte, une quête de  soi propre à la littérature qu’il affectionne particulièrement et qui l’inspire toujours. « C’est de la nourriture pour mes penser et ça me permet de me challenger. » Tout ça lui permet de me se questionner : « Pourquoi ai-je ressenti tout ça ? Qu’est ce que tu sais aujourd’hui que tu ne savais pas à ce moment là?  » Voilà qui  va de pair avec son désir profond de devenir une meilleure personne. Un sentiment qu’il exploite différemment dans son travail de composition et scéniquement. Lorsqu’il écrit le musicien arrive à dissocier le ressenti, à le réfléchir. Là où la scène plus brut, oblige à vivre dans l’instant. Et à créer une magie chaleureuse, une pureté si forte qu’elle englobe la petite scène parisienne de la salle créée par David Lynch sur laquelle il se produit ce soir-là.

Le bien, ennemi de ses compostions ? sydney minsky sergeant

« Si les choses vont trop bien pendant trop longtemps, elles deviennent ennuyeuses. » Lâche-t-il, en appuyant sur chaque terme, le regard toujours dans le vide, concentré sur ses mots. Autant qu’il peut l’être sur ses notes. Il faut dire qu’il sait être à fleur de peau et s’écouter entièrement. « Je peux me sentir bien quand je me sens mal, et l’inverse également. »  complète-t-il. Des sentiments qui peuvent souvent prendre de l’ampleur avec les tournées et introduisent chez lui un sentiment de chaos. « Peut-être pas à ce point mais ça peut être très stressant. Entre mes 16 et mes 20 ans, la vie est allée très vite pour moi. J’ai du composer avec l’industrie de la musique et mon groupe. J’avais le sentiment que les choses avançaient si vite que je ne pouvais pas les suivre émotionnellement. Ca m’a pris des années pour pouvoir me poser et prendre le temps de comprendre ce qui m’est arrivé. Et c’est ça ce qui était chaotique pour moi. » Voilà qui explique entièrement tout son propos et son travail de composition. Une vie d’adulte dans laquelle il était propulsé trop vite. Une vie de musicien que la plupart des gens n’expérimentent jamais. C’est toute la clé pour mieux percevoir les merveilles de son nouvel opus. « Je pense que j’avais juste besoin de redevenir une personne normale.  » Et la clé pour trouver cette normalité se trouve peut-être dans un miroir tourné vers le passé. Le titre qui donne son nom à l’album est d’ailleurs une interlude instrumentale  et expérimentale reprise du dernier morceau de l’album « Fear Fear » de Working Men’s Club. Le passé sombre s’y fait lumineux. Comme l’avenir d’un artiste intemporel à la pureté de compositeur trop rare. Sa délicatesse et son élégance lui auront ouvert les porte du Pitchfork, festival d’avant-garde qui a su trouver les talents de demain mettant notamment en scène Charli XCX par le passé. Nul doute que notre homme marquera lui aussi l’histoire de l’évènement.


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Et voilà déjà un an d’écoulé depuis le dernier MaMA Music & Convention ! Sans qu’on ne s’en rende compte, les saisons sont passées, et les feuilles sont de nouveau sur le sol. Ce fait acté rime avec rituels d’automne. Chaque année voit son calendrier se peupler d’évènements, chacun synonyme d’un temps précis. Immanquable, immuable. Octobre est le temps des découvertes et des courses endiablées dans le quartier de Pigalle. Nous voilà donc vestes sur les épaules pour affronter les premiers froids et faire le tour des salles et écouter le fleuron de la musique francophone, mais pas que. Suivez les  guides !

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

De la douceur folk avec Augusta mama

Augusta - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Augusta – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Notre périple, sous forme de carte au trésors nous conduit d’abord aux Trois Baudets. Le lieu profite de cette soirée du jeudi pour mettre en avant les femmes du Metronome. Le Women Metronum Academy nous vient donc tout droit de Toulouse et compte bien jouer sur la diversité pour séduire. A pas de velours, la musique délicate d’Augusta s’invite à l’ouverture du bal. Seule derrière  sa grande guitare la musicienne distille ses jolies notes folk. Le parcours des merveilles pourra bien s’arrêter un temps pour l’écouter. Après tout, l’instant est suspendu. Voix profonde et capacité de composition, en anglais, viennent d’emplir la pièce. On regrette toujours le gros poteau des Trois Baudets qui ne permet pas de pleinement profiter du spectacle. Parce que même si la scénographie est minimaliste, la chaleur qui se dégage de l’instant, elle, est contagieuse. Elle vient prendre chaque spectateur par la main pour l’inviter dans une intimité salvatrice. Pigalle est loin, seules les notes comptent et quelques plaisanteries sur scènes viennent à resserrer nos liens. Comparée à Laura Marlin et Joni Mitchell, Augusta a la beauté créatrice et la douceur des deux, une gamme rassurante en plus, la détresse en moins. Il y a du Sufjan Stevens dans ses compositions. Il faut pourtant reprendre notre route, le rituel nous attend, la chasse aux découvertes également.

Voilà donc que la carte aux trésors nous conduit jusqu’à la Machine du Moulin Rouge et plus précisément à la Chaufferie pour découvrir le set endiablé de Cannelle. Artiste à part à la personnalité singulière. Sa présence scénique frappe fort et son mélange des genres séduit immédiatement l’assistance, surtout grâce à ses textes qui vont droit au but. Un peu d’électro, un brin de sensualité, des références à « son boule », et un ton urbain. Ce petit brin d’épices est dans l’air du temps.

On a qu’à prolonger l’été avec The K’s mama

Mine de rien ce dernier passe vite et voilà donc qu’il faut monter les escaliers, après quelques pas sur la marelle posée là, pour se prendre un bain de musique anglosaxone. The K’s vient en effet de débuter son set sur les planche de la Machine. Groupe rock originaire du Royaume-Unis, les quatuor est venu défendre son deuxième opus paru en juillet 2025. On découvre un rock, certes convenu, mais aussi facile d’accès. Solaire et plein de bon humeur, le groupe publiait son deuxième album  » Pretty On The Internet » au mois de juillet. Un condensé de titres pêchus au rock qui lorgne sur la pop à la sauce Good Neighbours, très en vogue en ce moment. Sur scène, le set souffre d’une configuration statique qui manque à insuffler le tonus des compositions. Pour autant et malgré une salle encore relativement peu remplie, l’instant plaisant fait facilement croire qu’on aurait volé à l’été quelques beaux rayons de soleil pour les placer face à nous.

Adès the planet, c’est le bruit de couloir de la journée. Nous parlions de rituels, de traditions. Il en est une évidente au MaMA, celle de se rendre dans une salle parce qu’un nom a été répété en boucle de part et d’autre des rues que nous traversons. Nous voilà donc à la Cigale. La musicienne est venue présenter son album tout juste publié : « Bâtarde sensible ». Un nom évocateur, tout comme le décors qui nous attend, peuplé de chaines. Rappeuse et productrice originaire d’Abidjan, elle crée immédiatement une atmosphère pensante, lourde de sens. Danse se mélange aux douleurs propulsés par une trap hypnotisante. Le cadre sombre donne lieu aux plus intenses des chorégraphies, plus qu’un spectacle, une expérience.

Vendredi, tout est permis mama

A peine le temps de prendre quelques heures de sommeil et nous voilà déjà de retour sur site pour l’ultime journée du MaMA 2025. Ce vendredi, intense promet son lot de coups de cœur et de surprises. Les rues sont bondées, l’approche du week-end donne au festival un second visage. De celui réservé aux pros et conférences pour les deux premières journées, le voilà plus largement peuplé de public pour son final.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Loin d’être une découverte, on retrouve rapidement l’élégance de Béesau sur les planches de la Cigale. Evidemment, son style musical dénote avec le reste de la programmation. Tout comme un certain Sofiane Pamart, le musicien prend un instrument classique, la trompette ici et un registre plus difficile d’accès au grand public, le jazz donc, pour le faire l’adresser à tous.tes. Le jazz peut effrayer, sembler s’adresser à un public expert et pourtant, il regorge de merveilles à découvrir. Rémy Béesau, de son véritable nom, lui ajoute du Hip hop, un brin d’électro et créé un son à la production soignée. Logique pour un producteur ! Il publiait récemment deux ops « Coco Charnelle » ‘part 1 et part 2″ et son nouveau single laisse présager le meilleur pour le suite. « Pas encore », de son petit nom ne pourra pas être interprété ce soir. Prévu en fin de set, le concert avait duré trop longtemps aux yeux de la salle qui devait fermer. A défaut néanmoins de prendre la route pour ce nouveau voyage, c’est un concert sensoriel, empli d’émotions et de beautés d’écriture qui est offert ce soir. Vécu comme un bœuf entre musiciens, composé et interprété avec talent, le spectacle permettra peut-être à certain.es de faire leurs premier pas dans le registre.

Béesau - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Béesau – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Ivre de plaisir avec Dressed Like Boy mama

Nous parlions de bruits de couloirs, certains sont plus tenaces que d’autres. Celui qui concernait Dressed Like Boys a passé la soirée à nos côtés. Il était donc impossible de ne pas prendre le temps de découvrir le  nouveau prodige de la pop made in Belgium. Et, il faut admettre à nos sources qu’elles avaient raison, puisque le spectacle donné en ce vendredi soir aux Trois Baudets était le plus beau de ce MaMA 2025. D’entrée, le ton est donné alors que notre homme officie derrière son piano avec la grâce d’un certain Elton John à ses débuts. Grandiose et captivant sans avoir besoin de surjouer, le musicien à le voix de velours attire autant les sympathies qu’il captive.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Pas un bruit ne vient troubler le spectacle en configuration assise. On pourrait aisément comparer son timbre à celui de Mika, puisqu’il faut bien souvent parler d’autres artistes pour définir un univers. Ce ne serait pourtant qu’une infime évocation de l’univers onirique ici offert. Entouré d’un groupe majestueux, le musicien attire sur lui tous les regards alors qu’il offre des mélodies accrocheuses, entre la grandeur de Broadway et les plus belles des balades pop. On se surprend à chanter les refrains entre nos dents dès leur première écoute. Il en profite pour se réjouir de jouer dans la petite salle parisienne, où est passé comme il le rappelle Brel « le plus grands de tous les belges avec Tintin ou encore Gainsbourg ». On passera sur le terme salle mythique, sur-utilisé aujourd’hui et balancé à toutes les sauces dès qu’on dit l’Olympia, au point de rendre le mot en lui-même irritant. Le CBGB lui aussi était mythique avant de devenir une boutique de vêtements après tout, le temps n’épargne rien. Est-ce vrai ? Il épargne les souvenirs, les magnifie, les transcende. Et celui de ce live comptera parmi ceux qui se gravent dans nos mémoires. Le chanteur prend quelques gorgées de bière entre deux titres « Baudelaire disait qu’il faut toujours être ivre » lance-t-il, sourire aux lèvres.  « Que les fins de journées d’automne sont pénétrantes !  » disait il également,  » car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n’exclut pas l’intensité » ajoutait-il dans le « Confiteor de l’artiste ». Voilà des vers qui viennent à parfaitement décrire la performance de Dressed like boys, aussi pénétrante qu’intense. Le chanteur confie ensuite être un homme gay pour mieux introduire le titre «  »Jaouad » », ode à la tolérance et à la douceur inébranlable qui réussit l’exploit de s’offrir quelques mots en français « J’aime sucer des bites toute la journée ». Chanté avec le virtuose d’une ballerine, sur la pointe des pieds. Tous les mots peuvent trouver de la beauté et résonner de bien des manières, tout dépend de leur contexte.  Ici, ces paroles crues deviennent poésie, et se magnifient par leur effet de surprise. « L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu » à moins que Baudelaire n’aie tord et qu’il ne crie ses textes, avant de vaincre toutes les barrières pour mieux conquérir le cœur du  public. Il faut toujours être ivre du bonheur de la découverte.

Dressed Like Boys - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Dressed Like Boys – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

La soirée ne pouvait s’arrêter ici, il fallait au moins, avec de faire nos au revoirs à cette nouvelle édition, et de craindre le début de l’hiver faire un dernier tour sur les planches de la Machine du Moulin Rouge où la soirée se prolongera la nuit durant.

MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Je suis même pas désolée (brRRaaa) mama

Il est aujourd’hui difficile d’émettre une critique négative. Il faudrait toujours trouver du bon en toute chose. L’idée même qu’une critique existe, surtout placée au rang de métier vaut toutes les moqueries et tous les rejets. Tout serait également de même qualité : un repas dans un restaurant étoilé et un sandwich triangle auraient-ils la même saveur ? On peut tout aimer évidemment, c’est un droit, mais il existe des critères pour juger de compositions et placer des mots dessus. Ce long préambule sert surtout à s’octroyer le droit de s’interroger quand à la performance de Doc OVG. Le rap français, actuel qui plus est, regorge de très belles découvertes, bien écrites et composées. D’autres, parce que le courant est à la mode, se permettent de surfer sur des clichés datés, sans originalités et irritants. La même chose existe dans le rock, les langues tirées, les bandanas et maquillages à outrances. Du rock à papa démodé. Eh bien , Doc OVG, trio en avant-scène, doudoune sur les épaules et masque sur le visage pour se donner l’air méchant joue de ces mêmes codes désuets pour créer un live au mieux ridicule. Les crew de rappeurs laissent souvent pantois. Ils s’invitent sur scène pour ne rien y faire. Cette fois-ci la chose est flagrante : on a un rappeur qui donc rappe (avec un ton agressif), son pote qui balance de manière aléatoire des « wowww » ou des « brrraaa », comme ça lui prend on est à ça d’entendre les faux bruits de mitraillettes. Ne vont-ils rien nous épargner ? Non, rien puisqu’on a même le droit au pote gênant qui arpente la scène d’un bout à l’autre en regardant le vide et dab parfois, quand même. Ce chorégraphe de folie, agite quelques fois ses bras quand  même, pose un pied devant l’autre puis un autre. Grosse performance !  Le résultat est sur-vu et laisse hermétique. A moins qu’on en profite pour en rire. Wowww !

OVG - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
OVG – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Mélanger les genres, faire tourner les têtes mama

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Heureusement la critique sert aussi, surtout, la plupart du temps on l’espère, à donner des conseils, mettre en lumière des projets puissants, à suivre. Nous terminerons ainsi celle-ci pour vous inviter à écouter Sami Galbi qui offrait un set époustouflant à la Chaufferie ce soir-là. Le multi-instrumentiste et producteur helvético-marocain bluffe par sa capacité et mélanger les registres pour les rendre précis et puissants. Les percussions, puissantes sont à largement saluer. Entre raï, chaâbi, urbain, électro, dance, le musicien fait tourner les têtes et excelle. La modernité ultime vient de cette capacité à reprendre un héritage musical établie et à la confronter à des façons de composer plus actuels. Ici, l’essai se transforme en prouesse. En trans, en danse, en sueur, la salle de la Chaufferie a rarement aussi bien porté son nom. Plus que quelques petits pas avant de quitter cette nouvelle édition du MaMA. Il faudra passer ensuite une nouvelle année, ses joies, ses peines et ses rituels, avant de retrouver celui-ci, si cher à nos cœurs.

Sami Galbi - MaMA Festival 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Sami Galbi – MaMA Festival 2025 – Crédit photo : Louis Comar

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playlist octobre

Braxe + Falcon et Phoenix : UFOs playlist octobre

Braxe + Falcon et Phoenix Ufos
playlist octobre
C’est la très jolie surprise de cette rentrée ! Les icônes de la French touch forment une superbe alliance, un peu comme les ligues de super-héros, pour créer un titre aérien à la douceur infinie. Baptisé « Ufo » et paru le 23 septembre, il est le premier né d’ «UFOs» dont on attend impatiemment les écoutes. Les cousins Alain et Stéphane Quême, copains de toujours des compères de Phoenix viennent célébrer cette amitié de longue date avec la sortie de ce premier single conjoint. D’ailleurs cette franche camaraderie vient s’afficher sous nos yeux émus grâce au clip de Warren Fu qui signe le clip mettant en scène les  souvenirs communs de nos 6 amis. Et côté morceau ? On retrouve la touche élégante de Phoenix, sa capacité à osciller entre électro et rock avec une délicatesse folle. Mais aussi la précision créative de Braxe et Falcon. La répétition est maitresse alors que la mélodie s’invite à pas de velours dans nos esprits. Pouvions-nous seulement en attendre moins de ceux qui faisaient leurs premiers pas aux côtés de Bangalter (Daft Punk) et de ceux qui clôturaient les JO ? Pour couronner le tout, le projet sort sur le label de l’excellence : Domino Records.  Le titre scande ne pas croire aux miracles, plutôt aux OVNIS. En l’écoutant, on serait plutôt tenté de croire aux deux… au moins en matière de compositions.

Geese : Getting Killed playlist octobre

Geese : Getting Killed playlist octobre
Est-ce que Geese a sorti l’un des meilleurs albums de l’année ? Mais très certainement ! Et dans le top 3 d’ailleurs. « Getting Killed » porte divinement son nom tant l’opus est une tuerie. Il est élégant, raffiné, costaud mais accessible, n’allons pas jusqu’à dire mainstream, se serait un odieux mensonge. Ce nouveau Geese est un voyage, une odyssée plurielle qui se vit dans son absolue totalité, qu’importe le nombre de claques qui peuplent le périple. Le rock s’y fait sauvage, brut, honnête et si moderne qu’il retourne toutes les cartes. La légende dit qu’il a pris en forme en seulement dix journées de sessions enflammées. Cette pure merveille, qui nous vient tout droit de Los Angeles est empli de chaos. Nietzch disait qu’il fallait beaucoup de chaos en soit pour accoucher d’une étoile qui danse. Celle-ci danse et brille de mille feux. Rarement pluralité et cohérence n’avaient autant résonné conjointement dans une galette. Chaque titre est une surprise et un émerveillement. Le quatuor new-yorkais mené par Cameron Winter ( et sa voix si bouleversante) signe ici son meilleur album. Non que la barre n’avait jusque là était placée très haut. Simplement la prouesse de « Getting Killed », sa capacité à se redéfinir, en font un objet sonore tout simplement parfait. Attention pourtant, cette prouesse ne s’adresse pas à toutes les oreilles, il saura satisfaire le public averti et demande de s’y plonger à plusieurs reprises pour pleinement s’y épanouir. Il n’empêche qu’une fois embarqués dans le wagon, la beauté des paysages ne pourra que couper le souffle. Jusqu’à un immense dernier morceau : « Long Island City Here I Come », proposition de plus de 6 minutes qui ne se donne aucune limite. C’est puissant, viscérale, bordélique, logique, onirique, profondément magique. Kenneth Blume à la production magnifie l’album d’une décennie. On lâche l’écrit pour reprendre notre voyage psyché-punk, vous venez voir du pays ?

Fred Again + Amyl and the Sniffers : You’re a Star playlist octobre

Fred Again + Amyl and the Sniffer : You’re a StarFred Again est-il en train de s’offrir un tournant résolument punk ? Et dire qu’on nous disait le rock mort. Prends ça dans tes dents, le oui dire ! L’une des plus grandes stars de l’électro du moment invite ainsi sur le premier extrait de son nouvel album, le groupe le plus punk et libre de ces dernières années. Avec en son centre l’ébouriffante Amy Taylor, le groupe originaire de Melbourne est profondément électrique, résolument féministe et indomptable. Evidemment l’alliance des deux est une machine de guerre. Parfaitement rodée, puissante, indomptable,  obsédante. Nul doute que ce titre marquera les générations et que les sirènes sonores qui le peuplent feront longuement transpirer tout.es celles et ceux qui se déhancherons dessus. Concrètement ce titre est le premier extrait de la série USB002. Ce nom est celui d’un album infini alimenté par Fred Again depuis la sortie de « USB » paru en 2022. Le musicien en profitera pour dévoiler un nouveau titre chaque semaine sur une période de dix semaines. Et puis pour fêter cette sortie comme il se doit une rave surprise sera également organisée chaque semaine dans des villes différentes. Faire la fête est politique, dit-on. Comme le punk, la rave est une prise de liberté, une révolte. Tout fait parfaitement sens. Et l’album ? Il sortira en vinyle le 12 décembre.

Better Joy : At dusk playlist octobre

playlist octorbre better joy
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Le coup de coeur indie pop de ce mois s’appelle Better Joy et mérite d’y prêter l’oreille. Si les influences ne sont pas toujours gages de qualité, celles de la musicienne résonnent tout particulièrement et viennent hanter ses compositions. On y retrouve aussi bien les riffs hantés de The Cure que l’excellence rock de Mazzy Star ou encore la douceur de Phoebe Bridgers. Le tout peut parfaitement cohabiter dans une cohérence portée par une voix de velours. Bria Keely, de son véritable nom, y pose une guitare à fleur de peau. Celle qui débutait la musique par le chant et le piano s’est mise à la guitare à l’université et n’a depuis plus lâché l’instrument. Les titres frapperont forts chez les amateurs de pop bien écrite à la précision millimétrée. D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est la scène pop qui est la plus vectrice d’émotion. Et dans la catégorie, ce second EP, qui fait suite à « Heading Into Blue », place la barre très haut. Chacun des 6 morceaux qui prennent place sur l’EP résonnent comme une nouvelle forme d’affirmation de soit. Les titres y sont lumineux et pourtant, leurs messages puissants les dessinent en clair-obscure. La promenade y est douce,  évidente et intemporelle. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de retrouver la chanteuse en première partie dAmy Macdonald. Les deux musiciennes partagent l’évidence tubesque, la faculté à émerveiller avec une guitare et une voix. Point de fioriture, juste l’excellence. Et puis l’un des titres sur l’EP s’appelle « Big Thief », parce que l’art est le plus grand des valeurs et collecte nos âmes. Rendez-vous le 31 octobre, pour un Halloween peuplé de titres qui tuent et de morceaux hantés.

Good Neighbours : Blue sky Mentality playlist octobre

Good Neighbours : Blue sky MentalityLa nouvelle sensation rock nous vient, sans surprise il faut l’admettre, d’Angleterre. Nos meilleurs voisins d’Outre-Manche n’ont eu besoin que d’un seul titre : « Home » pour devenir viraux et gravir toutes les étapes du succès. En cause, un rock accessible, hyper solaire, accrocheur, aux refrains qui fricotent sérieusement avec la pop. Les compères Scott et Oli qui étaient voisins de studios à Londres citent volontiers MGMT et Passion Pit comme source d’inspiration. Une folle envie de faire revivre une scène des années 2000 et de s’éloigner des balades douces qui habitent traditionnellement leur quartier les a poussés à la composition. Pari réussi avec ce premier album de 14 titres où chaque morceau résonne comme un énorme banger. On y retrouve en ouverture « Keep it Up » qui cartonnait lors de son interprétation à Rock en Seine. Cette mise en bouche à la vibe rétro évoque la bonne humeur des années 90 (et même le classique S Club 7 pour celles et ceux qu’il l’ont en mémoire). Le chemin entamé, et voilà que la route est belle ! La production puissante va s’ajouter pour faire de ce premier jet un classique et une arme de séduction massive. Accessible, elle sort l’artillerie lourde et invite chacun.e dans la danse. Les gimmicks en intro de « Walk walk walk » par exemple et leurs répétitions sulfureuses accrochent immédiatement les esprits. Sous leur ciel bleu, les garçons ont le sens du refrain qui tape fort. Ecrit sur la route, loin du boulot qu’ils ne pouvaient plus supporter, l’album sent bon la liberté. On s’y amuse franchement, jusqu’à « Wonderful Life », avant dernier titre de l’opus, porté par un clavier aérien. La vie peut être belle en musique, reprendre des couleurs qu’on lui oublie trop souvent. Finalement la fête des voisins, c’est aussi de la créativité.


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On met quoi dans notre playlist à la rentrée ?

Alors on met quoi dans notre playlist de rentrée 2025 ? On te propose une…

Déjà 20 ans d’écoulés depuis que Biffy Clyro posait ses premiers accords et donnait le ton d’une carrière plus que prolifique.  Les plus américains des écossais, du moins en ce qui concerne leurs compositions, reviennent en 2025 avec l’un de leurs albums les plus personnels : « Futique ». Reflet de la dernière fois qu’on fait une action, sans en être conscient, l’album va jouer sur toutes les strates de rock que sait créer la formation. On en parle.

Biffy Clyro : se redéfinir

Biffy Clyro FutiqueDix albums, voilà un nombre qui se célèbre et se savoure. Les dizaines ne sont jamais anodines, encore moins dans une carrière musicale. Le groupe des frères Johnston et de Simon Neil a su maintenir son équilibre : se renouveler, avancer mais aussi se créer un univers propre. Et voilà qui fait mouche au milieu d’un public d’adeptes.

Alors ce « Futique » ? On ne parlera évidemment pas du très cliché album de la maturité, expression usée qui ne veut plus rien dire. A-t-elle déjà voulu dire quoique se soit d’ailleurs ? La maturité en terme de créativité ressemblerait à un vaste ennui, loin de la fougue qui permet aux artistes de se définir dans leurs premiers jets. Ici on pourrait pourtant parler d’une forme d’album bilan qui ferait suite au plus contesté « The Myth of the Happily Ever After « . Biffy Clyro va y puiser toute la pluralité de son large répertoire pour en offrir un condensé, titre après titre. Chaque morceau pourrait être le reflet renouvelé de ceux que l’on retrouve dans sa vaste discographie. Et c’est d’autant plus intéressant que la formation vienne à parler de souvenir  sur cet opus puisque c’est bien la mémoire qui vient être titillée lors de son écoute.

Le rock alternatif est un courant bien particulier, il faut l’admettre. Parce qu’il est de ceux qui crée des communautés distinctes. Il est vecteur de passions folles et vient souvent trouver ses origines dans l’adolescence. C’est par lui qu’on commence à aimer la musique et bien plus que cela c’est notre éducateur de sentiments. Parce que ses accords n’ont de cesse de bouger, varier, que les douleurs et les amours s’y crient. Et c’est ainsi qu’il garde sa place auprès des cœurs.

« Futique », donc, ce serait le futur antique. Comme la dernière fois que vous êtes sorti.es avec vos potes du lycée après les cours par exemple. La dernière fois qu’on vit un moment sans le savoir. C’est une expérience qu’on vit tous mais que nos mémoires laissent de côté pour lui préférer un amas global, peuplé de météos changeantes. Et finalement en un clin d’œil, Biffy Clyro va chercher à créer un album intemporel, forme de montagne russe émotionnelle.

Atteindre les sommets, descendre dans les vallées

Comme le veulent les compositions du groupe, chaque titre va se vivre comme une promenade en montagne, profitant d’un début qui ne laisse en rien présager de la fin. C’est sûrement difficile de pleinement se renouveler dans le genre. On les dit proches musicalement de Foo fighters, mais ils le sont aussi d’une scène rock des années 2000 qui criait sa liberté. Là où Biffy Clyro sait toujours convaincre ses adeptes et même s’offrir un Olympia en 2026 c’est dans sa capacité à avancer sans jamais perdre de son esthétique. On le voit notamment sur le morceau « True Believer », gros single de l’album  en quatrième position sur l’opus. Les montées en puissance sur les refrains, les jeux de guitares vigoureux et changeants, la petite touche particulière qui vient à entrer immédiatement en tête. S’ils ne se revendiquent pas du courant émo aux cotés duquel il co-existe depuis ses débuts, il va à chercher dans les mêmes intentions. A savoir que le groupe place l’émotion au centre de ses préoccupations. On se promène sur ses titres comme sur une montagne, on souffle dans la vallée mais le cœur s’accélère dans les pentes pour mieux arriver au sommet.  Sur le single, les dernières notes qui concluent le morceau sont une rupture ralentie, comme un frein brusque pour reprendre sa respiration. Cette méthode n’est pas  sans évoquer les constructions des titres de Bayside, pépite emo pour experts des années 2000. D’ailleurs toutes les compositions sont à l’opposé des scène écossaises dont ils viennent. L’introduction de « Shot one », par exemple, évoque largement le « SOS »‘ de Good Charlotte sorti sur « Chronicles of Life and death », il y a déjà 20 ans. Mais où est passé le temps ?

Futique : polaroïds et cohérence

Biffy Clyro
Biffy – Amazon Exclusive (c) Eva Pental

Ce nouvel album va surtout chercher à créer une construction cohérente. Déjà de par ses titres. De  » A little love » qui ouvre le bal à coup de grosses guitares à l’amour qui part sur « Goodbye », la passion « It’s Chemical » et la finalité d’un amour tourmenté qui se réconcilie : « Two people in love ».  C’est une histoire à part entière qui nous est racontée. Si on s’intéresse à ses titres, on se doit de s’intéresser également au vocabulaire. Le rock alternatif et cette scène en particulier ne se contente pas de se reconnaitre à coup de looks (même si), de voix costaudes (hello Nickelback), ou de guitares qui aiment à s’intensifier aux cotés de bridges qui invitent à la douceur. Il est emplie de codes, de mots qui se répètent d’artistes en artistes et qui deviennent une sorte de let motiv, un cri du cœur sans jamais en avoir conscience. Ici on retrouve donc les traditionnels : « Hunting » (tout le répertoire de 30 seconds to Mars est obsédé par ce mot), « Believer », « Goodbye » (comme si My Chemical Romance l’avait créé), « Chemical » (qui claque fort en bouche), « Dearest », « Thousand »… Et mine de rien ce vocabulaire permet de créer une communauté qui sera reliée par l’émotion. Il est si difficile parfois d’y poser des mots et si doux d’y poser des notes. Il faut aussi reconnaitre à Biffy Clyro sa faculté à écrire ses refrains. Bien foutus, qui entrent en tête, qui se savourent : « Goodbye », cinquième titre de l’opus en est l’exemple criant. Pour autant, autour de ses havres de paix musicaux, le reste est un tourbillon de montées en puissance. Rien n’est linéaire, tout change à tout instant, l’oreille est captée.

Un album tournée vers le futur ?

La chose la plus triste qu’il m’est jamais été donné de lire expliquait que le souvenir était en réalité un souvenir d’un souvenir. Une image déformée. Le futur n’existant pas encore par définition et étant incertains, le passé le serait alors tout autant. Et pourtant, qu’importe la réalité de ce que produit le cerveau, la musique est un vecteur de souvenirs. Il parait alors évident que chaque note puisse être la photographie d’un instant. Aussi réel que le cliché qui donne sa pochette à l’album.

« Je veux m’assurer que nous avons crée quelque chose de beau que je pourrai écouter dans 10 ans et avoir le sentiment que c’était tout ce que je pouvais donner à ce moment là. » confiait Simon Neil. C’est dans cette optique de perdurer, d’être immuable là où tout bouge, tout change, tout disparait à vous donner le tournis, que se construit le groupe. Et donc qu’encore une fois la cohérence est parfaite entre thème et musique. « A Thousand and one », temps de douceur en fin d’opus se construit dans cette optique. Un seul album pour des milliers de fans, alors que voix et accords se font diablement chaleureux. Tout bon album rock a sa balade qui restera à nos côtés jours et nuits. « Two people in Love » conclut l’essai avec une batterie quasi militaire tant elle est gérée. Instant entre douceur et force, tremblements et sincérité. C’est donc de ça que serait constitué l’avenir ? L’amour toujours et la surprise d’un titre qui change de ton pour monter en force au bout d’une minute 30. Les morceaux de Biffy Clyro sont aussi emprunts de surprises que d’espoir. Si c’est la dernière fois que je conclus cet article, en faisant un, parmi mille, moment « futique », c’est loin d’être la dernière fois que je me ferai happée par l’univers de nos rockeurs écossais !


Sprints, Juillet 2025, Paris - Crédit Photo : Pénélope Bonneau Rouis

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