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Julia Escudero

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(Interview vidéo – Terrifier 3 de Damien Leone n’a rien d’un film grand public. Il n’est pas non plus mainstream. Il est extrêmement gore, violent, jusqu’au boutiste, référencé … et pourtant. Le troisième volet de la franchise qui met en scène Art le Clown a déjoué tous les pronostics. Suite à un buzz monstrueux le voilà donc premier du box office et détruisant au passage un clown pourtant bien plus connu qu’Art : le Joker. Finalement Vicky au visage déformé a bien plus de succès aux côtés de son clown démoniaque que la pauvre Harley Queen  (Lady Gaga tout de même) chantant au bras de Joaquim Phoenix. Il faut dire que le couple de Terrifier 3 personnifie à lui seul l’idée de folie à deux. Et c’est sûrement cette folie, en plus d’un buzz TikTok inattendu qui font de ce film indé sans aucune prétention un objet à voir absolument. Film après film Damien Leone, son réalisateur fou furieux, n’a de cesse de démontrer son amour dingue du genre horrifique. Pour ses Terrifier, il emprunte aux couleurs des slashers de l’âge d’or des années 80 et pousse les vices et éviscérations à leur apogée. Prends note, s’il te plait Ty West,  la trilogie X  avait tout ce qu’il fallait pour jouer des clin d’oeil à la belle et jusqu’au boutiste époque, mais sa timide réalisation, ses hors champs et sa pudeur n’auront jamais eu l’impact attendu. Ici on en est loin,  le film ose tout, toujours avec humour, recul, à coup de meurtres hyper violents mais non réalistes.

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Terrifier 3 : rencontre avec Lauren LaVera et Olga Turka

Douche sanguine pour majeurs seulement

Le bain de sang dure deux heures durant lesquelles il n’existera absolument aucune limite. D’ailleurs c’est bien pour ça que le film se verra attribuer une interdiction aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles. Une décision hautement contestée par le distributeur, Shadows, qui y voit une forme de censure d’un cinéma toujours décrié, souvent incompris. Une telle interdiction n’avait d’ailleurs pas été appliquée depuis le sortie de Saw 3 (celui dans lequel on peine à se rappeler ce qui se passe tellement la franchise a tourné au grand guignol dès son second opus) et même l’immense Martyrs de Pascal Laugier y avait échappé de très peu. Un film pourtant bien plus réaliste et dérangeant que l’immense montagne russe que peut être Terrifier 3. C’est peut-être cette censure qui aura fini par jouer en faveur du métrage de Leone, le sortant de son carcan de film indépendant adressé au public averti pour mieux devenir le film que l’on teste pour se prouver ses limites, pour savoir si on est capable de le regarder en intégralité. Et c’est sûrement ce jeu enfantin qui rend un métrage comme celui-ci si excellent dans son propre registre puisque toujours conscient de son statut, toujours aussi drôle que son dérangé protagoniste.

Le boogeyman ultime n’existe pas … ho wait

Art le clown y garde son côté Charlie Chaplin horrifique comme nous le confiait Olga Turka (production designer et costumes) au court d’une interview partagée aux côtés de Lauren Vega (interprète de Sienna). Notre nouvelle final girl, dont le nom sera sans nul doute aussi connue prochainement que ceux de Sidney Prescott ou encore Laurie Strode, donne un pendant angélique idéal au clown diabolique. L’actrice prend d’ailleurs le temps de parler de toutes celles qui lui ont succéder, Laurie, Sidney, Mia Allen (Evil Dead version 2013) ou encore les plus délurées des scream queens du cinéma de Rob Zombie. D’ailleurs si Terrifier s’offre un esprit cinématographique qui joue bien dans la cours de ce dernier, il pourrait tout autant être comparé à la franchise Paranormal Activity. Lui aussi, film indépendant à micro budget, créé avec le crowd founding,  lui aussi porté par un buzz et une promesse de terreur supérieure, lui aussi grimpant de façon complètement incongrue dans le box office. Si on peut souhaiter un pareil succès à Leone, il faudra aussi lui souhaiter de garder longtemps son esprit ravagé et sa volonté  à se la jouer indé hors studio pour ne jamais avoir à se plier, chercher à faire plaisir ou à se censurer. On en redemande des scène de purées, de corps découpés par les fesses, de tripes d’enfants à l’air libre, de torture avec rats ou de cryogénisation ( hello le clin d’oeil à Jason X). C’est aussi de tout cela dont on parle au cours d’un échange passionnant avec nos deux acolytes propulsées sur le devant de la scène. Des projets de suite pour le réalisateur qui sait déjà où et comment son oeuvre devra s’achever, de clin d’oeil de l’art dans l’art (et d’Art), de boogeymen mythiques, de final girls et de féminisme, de retour aux slashers à l’ancienne (la nostalgie du vintage ici est aussi dégoutante que fascinante) , de maquillage et de litres d’hémoglobine. Pour tout savoir, vous pouvez regarder la vidéo ci-dessous. Mais surtout, si vous avez le coeur bien accroché, courrez le voir au cinéma (plus vite que si Art vous courrait après). Certes, c’est toujours étrange de voir le grand public s’emparer d’un phénomène que l’on pensait adresser à un lot d’experts, mais quel plaisir de voir qu’on peut donner de la force au cinéma de genre et prouver aux salles que l’horreur n’est pas un sous genre et mérite une place centrale sur grand écran !


Terrifier 3 : Découvrez l’interview de Lauren LaVera et Olga Turka

 

 


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Il est de ces artistes dont on se dit le nom, comme un secret que l’on partagerait. Parce que leurs albums nous sont si chers, nous touchent tant au cœur, qu’il ne peuvent être dévoilés qu’à nos plus proches amis. C’est le cas de Julia Jacklin, dont l’immense « Crushing » paru en 2019 nous avait mis des papillon dans le ventre. Un crush qui avait finit par se transformer en histoire d’amour avec le temps et l’album « Pre Pleasure » (2022). C’est donc tout naturellement que nous avions accepté le rendez-vous galant qu’elle proposait à La Scala de Paris le 24 septembre 2024. Un date presque en tête à tête puisque la musicienne s’y produisait solo face à un public fou d’amour pour ses mélodie. Une lune de miel ? On vous raconte.

JULIA JACKLIN LA SCALLA 2024
©Kevin Gombert

Aimer à en vivre

Le parfait rendez-vous galant doit prendre place dans un beau lieu. Avec la Scala, théâtre sur deux étages, en position assis, la case est cochée. Les lumières y sont tamisées, en réalité, elles se focalisent sur Julia Jacklin, seule en centre scène avec sa guitare et son ampli. La public y est muet, rivé sur les lèvres de la chanteuse et attendant de découvrir le menu de la soirée. Une set list apaisée issue de son répertoire mais aussi quelques reprises ont été concoctées. L’assistance a déjà le souffle court et voilà que débute « 2 in love to die ».  Seule la voix de notre musicienne vient percer le silence. Le chant des sirènes, impossible à dompter, nous voilà séduit.es. Le romantisme est à son apogée, le temps est calme. Dehors, il a plu à grosses gouttes, l’automne a posé ses valises dans la capitale. Alors pour mieux lui faire face il faut écouter la musique fort.  Le temps de se mettre à l’aise et voilà que « Comfort » débute. On s’y plonge comme dans un nid douillet. Ce rendez-vous démarre fort bien. Et se poursuivra avec la même douceur. « To Perth » permet un moment entre mélancolie et énergie. Le concert de Julia Jacklin défile alors comme un long fil évident, les morceaux s’y enchaînent avec charme et douceur. La guitare s’y fait un accompagnement léger et délicat, alors que la voix, elle prime sur tout. C’est elle qui vient nourrir l’échange de notre rendez-vous. Et les échanges sont riches alors que les morceaux défilent, berceuses enivrantes, si chaleureuse que l’on se croirait au coin d’une cheminée un matin de noël.

Julia Jacklin les ponctue d’interventions, n’hésitant pas à nommer chaque titre qu’elle va interpréter par la suite. Ces annonces sont les seuls instants où le silence est rompu. Les applaudissement venant les accueillir avec envie. Comme tout bon rendez-vous celui-ci est bavard, on apprend notamment que la musicienne prévoit un nouvel opus bientôt (il faut toujours savoir créer l’envie), mais aussi on perçoit des instants d’humour. Elle aussi, aime ses titres nous dit elle, sans rougir de son hardiesse. On la comprend après tout, la fausse modestie n’a pas sa place dans un rendez-vous honnête. Il fait aussi la part belle à des reprises. Après tout, si on peut matcher sur des goûts communs, ne s’aimerait-on pas encore plus follement si on se découvre des points communs ?

Un jour et pour toujours

Fiona Apple est la première incursion dans ce panel d’échanges. Bonne nouvelle, Fiona Apple on l’adore aussi, comme Pitchfork qui plaçait son album en top 1 des meilleurs albums des années 2020. A quand ceux de Julia Jacklin en première position de tous les tops ? Le second, se sera l’occasion de se faire une excursion avec The Strokes. Les indomptables new-yorkais   changent de visage revus par notre chanteuse. Assagis le temps d’un titre, la troupe de Casablancas chante sa jeunesse avec une certaine mélancolie. Sauf que, la mélancolie chez Julia Jacklin a toujours une douceur rassurante, comme une promesse que tout ira pour le mieux.

Pour mieux l’accompagner, la chanteuse invite deux musiciens à la rejoindre le temps de trois titres. D’abord « Good Guy » en compagnie de Lou puis « Catatonia » et « Parting Gift » avec Jacob. Une bonne opportunité de savoir si notre histoire est faite pour durer toute une vie. Il faut en effet aimer les ami.es de l’être aimé.e comme diraient les Spice Girls ! Serait-ce déjà pourtant l’heure de la rupture ? « Don’t know how to keep loving you » résonne dans la salle silencieuse. Le titre sublime de « Crushing », l’un de nos coups de cœur les plus puissants, a toute sa grâce en live. Il faut y réfléchir, « Don »t let the kids win », toujours si triste suit l’instant. Honnête, la musicienne annonce bien à l’avance le nombre de chansons qui lui restent et pourtant, l’instant parait toujours trop court. Un bain de lumière doux flotte sur la salle, permettant à la musicienne de voir nos visages. Le crush s’est bien transformé en amour fou. L’énergie de « Pressure to party » en bout de set ne fera que confirmer les faits. Notre histoire est faite pour durer. Et c’est bien normal alors que la musique de Julia Jacklin, à la beauté éternelle, nous fera nous sentir plus vivants que jamais tout en obligeant nos cœurs à battre à l’unisson.


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Et voilà que l’automne est déjà arrivé ! Si la saison n’a pas officiellement commencé, les températures elles invitent déjà à se lover dans son plaid et à regarder les feuilles tomber. On peut profiter de septembre pour reprendre ses force puisque, octobre juste après, sera le mois du MaMA Music et Convention !  Il promet une nouvelle édition placée comme toujours sous le signe de la découverte au gré de déambulations dans le 18ème arrondissement et le quartier de Pigalle. Et pour mieux savoir où aller dans toutes les salles qui y participent, l’évènement a enfin dévoilé la totalité de sa programmation . Il ne faut pas s’y tromper il a toujours  le nez creux, repère les talents, annonce les carrières et offre de très beaux moments de scènes. Alors à vos agendas !

Affiche MaMA Music et convention 24

MaMA Music et Convention, réservez les dates !

Outre les nombreux concerts, ce festival pour le moins indispensable est l’un des plus beaux rassemblements professionnels de la musique en France. Entre les lives, rencontres, échanges, ateliers et conférences s’adressant à ses participants.

Prenez dès à présent vos agendas et notez les dates du 16, 17 et 18 octobre en rouge, vous ne voudriez pas manquer cette grande fête.

Cette année encore Pop&Shot est ambassadeur du MaMA Festival et Convention et vous entraînera dans notre folle course à travers les rues de Pigalle. Restez connectés, on vous réserve des surprises.

En attendant de vivre ces trois très belles soirées de concerts, découvrez l’annonce complète de la programmation ci-dessous.

A noter également que le MaMA Festival et Convention comporte également son lot d’évènements en off dont des showcases qui auront lieu au disquaire de notre média, The Mixtape. Pour en savoir plus, suivez-nous sur noter Instagram !

La billetterie du festival, c’est par là que ça se passe.

Découvrez les derniers artistes programmés au MAMA 2024

BILLIE / YEND / RAIVY / 2L / JULIANE PIERMAY / SYDO / YELSHA / ETANE / KARI BEE / SOPYCAL / WHISPER / LOSSAPARDO / 8RUKI / MU540 / LES SOEURS MALSAINES / SWHOOH / ONEDA / KURT SUTIL / NOUVEAU MONICA / CELELE / RAGAPOP / ANYONEID / LUANA FLORES / XAPE / SOLITARIS / ANAIS CARDOT / RALPH BEAUBRUN / ZEQUIN / MAAR / ELEONORE FOURNIAU / MEZAR / ELEKTRE / AITAWA / DENDANA KING KRAB / ISADORA / JON ONJ / IKAN HYU / JUNGLE SAUCE / FUTURE EXES / MELISSA WEIKART / JOSY BASAR / GRAND CAMINO / GABRIEL KRÖGER / LUZ / LYNX / EDVA / LA MANA / ISKWĒ / LeFLOFRANCO


MaMA Music & Convention : la programmation 2024 se précise !

Alors que le mois de juillet fait vivre pleinement la saison des festivals et profite…

MaMA Music and Convention 2023 J3 : Un dernier tour de piste !

Vendredi 13 n’est pas toujours synonyme de malheurs. D’ailleurs en cette dernière journée du MaMA…

MaMA Music & Convention 2023 : 3 jours de musique à travers Pigalle (Portfolio)

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The Offspring : the former kids are alright

The Offspring @ Rock en Seine 2024 - crédit : Louis Comar
The Offspring @ Rock en Seine 2024 – crédit : Louis Comar

Il est un lieu où l’on a toujours 15 ans, inlassablement, et ce même année après année. Cet espace de parfaite régression se situe sûrement dans la musique que l’on écoutait à cet âge là. Pourtant, il parait d’autant plus vrai pour tous les groupes qui ont fait la grande époque du post punk. En la matière The Offspring était déjà l’un des darons de cette grande famille aux cheveux colorés et aux riffs saturés. Et comme pour les aînés que l’on regarde toujours avec respect, leur présence semble inévitable et indiscutable. Plus bière de Proust que madeleine, la formation se présentait pour la 4ème fois de ses propres dire sur la scène de Rock en Seine. « Tu y crois Dexter ? » lui lance d’ailleurs amusé son acolyte à la guitare, Noodles, pour les intimes. Puisque avant il était de bon ton de se donner des noms de scène au sein d’un groupe. On pourra prendre tout le recul de l’âge, celui que confère des centaines de lives vus, rien n’y fait, le charme opère toujours. Chaque apparition du groupe sur scène fait toujours mouche, faisant de nous des pantins prêts à reproduire tous les gimmicks adorées du rock show idéalisé. Les premières minutes de « Come out and play », introduction parfaite suffisent à faire bondir et rebondir. La foule ne s’y trompe pas alors qu’elle se lance immédiatement dans un mélange entre pogo et danse à la sauce punk, têtes qui se balancent dans tous les sens. Evidemment, le groupe connait son public de festival, venu se mettre les très gros tubes d’ « Americana » et consorts dans les oreilles.  Et c’est bien un rouleau compresseur de gros singles qui nous attend. « Want you bad » qui figurait sur le BO d' »American Pie 2″ est joué en troisième position. Et quel joie de chanter à nouveau dessus, comme de citer le titre de ce film d’un autre temps aussi culte que complètement obsolète. Dexter et Noodles sont particulièrement causant, échangeant l’un avec l’autre en des phrases à l’intonation de showmen, G.O d’un soir. Les voilà qui entament bien rapidement des « Hey ho let’s go » empruntés aux Ramones pour « Blitzkrie bop ». « On a affaire à un public qui aime les gros mots ici ! » s’amuse à clamer Noodles. Et chaque mot permet de l’assistance de se lancer dans des « hooo » de plaisir distincts. Les confettis sont balancés dans la foulée alors qu’une pluie de titre s’apprête à se succéder. « Bad Habit », « Why don’t you et a job ? », « Pretty fly (for a white guy) » et même « The kids aren’t alright », tous nos vieux amis sont là. Et qu’il est bon de chanter avec eux. Quittant nos corps pour entrer dans une transe collective, un monde sans âge où les 4 jours de festival écoulés ne font plus mal aux jambes. Le set s’achève sur « Self Esteem » issu de « Smash » sorti en 1994. Et rien que l’évocation de ce nom confère en une prise de liberté totale, le souvenir de tous les possibles et la rebélion qui colle à l’espoir de la jeunesse. Quelques derniers sauts dans les airs et il faudra revenir au présent. Il n’est pas si mal finalement, on est encore en plein festival et puis au moins on a l’âge légal de se payer une bière !

LOVERMAn : DARLING Boy

Loverman - @Pénélope Bonneau Rouis
Loverman – @Pénélope Bonneau Rouis

À 17h30, une petite foule se presse devant la scène Firestone. Certains semblent avertis de la tornade qui s’apprête à leur tomber dessus (et de la pluie, tant les K-way et les cirés sont de sortie), d’autres semblent avoir atterris là un peu par hasard, au détour d’un bosquet ou d’une cascade. Loverman, que l’on ne présente plus, s’apprête à monter sur scène… 17h31, l’amoureux se fait désirer. Puis, un cri de surprise dans la foule, un deuxième, un rire… peu à peu, la foule se tourne vers ce bruit. Loverman se glisse entre les gens, assuré, sourire fier. Il grimpe sur la barrière, bondit sur la scène et hurle « Here comes your Loverman ! » et dans une fanfare qu’il est le seul à gérer, débute sa performance tantôt clownesque, tantôt théâtrale, toujours passionnée. En quarante minutes, Loverman enchaînera les morceaux issus de son premier album, Lovesongs. Le live est une manière pour le chanteur de constamment revisiter ses morceaux, laissant libre cours au moment pour transformer son oeuvre initiale. Des rugissements parsèment soudainement sa folk en clair-obscur. À son habitude, dès le deuxième morceau, Loverman plonge dans la foule sous les regards amusés des fidèles et ceux mal à l’aise des novices. Tambourin en main, éclair dans le regard, il harangue une foule qui grandit de minute en minute et qui, à la manière d’une Mer des Joncs, se scinde en deux pour mieux laisser passer son guide. Il y descendra trois fois dans cette foule adorante, intriguée, attisée par un feu qu’elle peine à domestiquer. Un feu-follet qui court et saute et s’éloigne avant qu’on ne réussisse à le saisir. Les quarante minutes sont passées, on n’a pas vu les aiguilles glisser, malgré les questions redondantes de Loverman : « Quelqu’un a l’heure? » Oui, mais on ne veut pas savoir. Il est 18h10, Loverman laisse son micro à quelqu’un dans l’assistance, il se glisse dans la foule, trombone à la main et disparait. « Euh, il est où? » demande le porteur de micro. Quelques instants plus tard, Loverman est retrouvé à plusieurs mètres de la scène Firestone, à jouer du trombone près de la scène du Bosquet.
Funambule et saltimbanque, insaisissable, il disparait à nouveau. 

Kae Tempest : It was grace

L’art c’est la connexion. Celle qui unie tout le monde en un cercle. C’est sur cette idée que s’ouvre le set de Kae Tempest. L’artiste se présente sur scène et adresse la parole longuement à l’audience, dans ce qui sera, prévient-iel, son seul temps de parole. Parler l’obligerait à sortir de son art, à s’extraire de la musique, hors la musique, parle plus que tous les mots du monde. Et qu’est-ce beau de parcourir le Monde pour communiquer de cette façon ! Point de décors travaillé au programme, juste un fond, simple. Et la beauté d’un texte récité sous forme de spoken word avec une intensité qui transperce les âmes. « Votre solitude est le symptôme, pas le mal » dira-t-iel plus tard sur l’un de ses textes-poèmes. En cette heure de show, ce mal disparait entièrement. Face à un public venu en nombre malgré sa présence sur la petite scène du Bosquet, Kae Tempest unit par des mots et repousse tous les maux. Mais iel sait aussi les décrire, les raconter pour mieux les conjurer. Il faut dire que le ton avait été donné dès les toutes premières notes de « Priority boredom », interprété en intro d’un set qui ne permettra à aucun moment de respirer. Et puis vient le moment de « Grace », récité en immense majorité a capella. « Make love, let me be love. Let me be loving. Let me give love, receive love, and be nothing but love » scande l’immense musien.ne, et sous ses mots nous ne sommes tous.tes qu’amour. Le souffle court, seule une question persiste, comment une intonation et quelques notes susurrées peuvent à ce point ouvrir les coeurs ? C’est la toute la grandeur de l’oeuvre de Kae Tempest et de son immense album « The Line is a curve » dont la perfection du titre n’a de cesse d’émouvoir. Il y a tant à dire sur ce moment bercé par le soleil qui doucement se couche, l’air rafraîchi par la pluie de la journée et les visages tournés, transcendés, et baignés d’espoir. Bien au delà de la musique, de la simple scène, l’artiste est le vaisseau d’émotions à fleur de peau, iel les portent pour nous, les rend plus faciles à accepter. La beauté et la colère peuvent cohabiter, on peut s’oser à les sentir sans être effrayer, sur scène, la route nous a été dégagée. Tout ira bien mieux maintenant. C’est une promesse, il suffit d’y croire. Et lorsque les yeux s’ouvrent après un moment instrumental, il est temps d’accueillir un nouveau titre, promesse d’un album à venir l’an prochain. Les au revoirs se font le sourire aux lèvres alors que l’air a été boulversé. « I saw light » chante-iel avec Grian Chatten, eh bien nous aussi.


Lana del Rey à Rock en Seine 2024 @ crédit : Louis Comar

Lana Del Rey : le couronnement del Reine à Rock en Seine 2024

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Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis

Fontaines D.C. : « Le rock est devenu un privilège » (Interview)

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Loverman : « Je suis en train de crier pour des années » (interview)

Lors du MaMA Music & Convention, nous avons eu l’occasion de discuter avec Loverman. Doué d’une…