Adrien Comar, journaliste

1. La Zone d’Intérêt – Jonathan Glazer

Pour une fois que l’histoire n’est pas qu’un prétexte hollywoodien. Glazer est glaçant, méticuleux et provocant. Il questionne notre rapport à la Shoah dans cette séquence conclusive tétanisante et est l’un des rares (le seul ?) qui ne réduit pas cette immondice historique à un prétexte scénaristique émouvant. Bluffant.

2. The Substance – Coralie Fargeat 
3. Terrifier 3 – Damien Leone

 

Léonard Pottier, journaliste & community manager

1. Dahomey – Mati Diop

Documentaire à la forme inédite et passionnante.
Mati Diop filme le retour de trésors royaux du Bénin dans leur pays d’origine, jusque-là gardés par la France dont l’esprit colonialiste survit toujours. La caméra s’immisce partout sans prendre de place : dans les box de transport des œuvres, dans l’avion vers le bénin, au sein d’un colloque organisé dans une université béninoise où s’affrontent plusieurs pensées sur le sujet à partir d’une interrogation : le rapatriement de ses œuvres (26 sur des centaines existantes) est-elle réellement une avancée ou simplement un mirage ?
En parallèle, la réalisatrice prend l’ingénieuse liberté de faire parler un de ses trésors rapatriés, le 26e, pour faire passer un propos éminemment politique. Brillant et passionnant.

2. Emilia Pérez – Jacques Audiard
3. La Zone d’Intérêt –
Jonathan Glazer

 

Louis Comar, photographe

1. Terrifier 3 – Damien Leone
2. Le Comte de Monte-Cristo – Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
3. Juré numéro 2 – Clint Eastwood

 

Pénélope Bonneau Rouis, journaliste & photographe

1. Heretic – Scott Beck, Bryan Woods
Malgré ses petites faiblesses, Heretic reste est un film ambitieux et oppressant où
on retrouve Hugh Grant comme on ne l’a jamais vu. Loin de ses rôles de
romantique empoté de Quatre Mariages et un Enterrement ou Notting Hill,
Heretic s’impose comme le film d'horreur psychologique le plus terrifiant de l’année
: un mec qui disserte sur Radiohead avec un mansplain sur la religion en prime.
Une terreur universelle… surtout pour les femmes.

2. All of us Strangers [Sans jamais nous connaitre] – Andrew Haigh 
3. Poor Things – Yórgos Lánthimos

 

Alexandre Bertrand, journaliste

1. All of us Strangers [Sans jamais nous connaitre] – Andrew Haigh 
Alors qu’Adam, scénariste de son état, vit dans une grande tour londonienne presque vide, il apprend à connaitre son mystérieux nouveau voisin et se met à vouloir retourner de plus en plus fréquemment dans la maison de son enfance… Abordant tout autant les thématiques de la création, du long cheminement qu’est le deuil, de l’évolution de la perception de l’homosexualité dans la société ou bien encore tout simplement de l’amour qu’il soit filial ou romantique, All of us strangers a en lui la douceur des situations que l’on aimerait éprouver mêlé à l’amertume de celles que l’on ne connaitra plus. Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell et Claire Foy y sont excellents. Le film est proprement bouleversant. Vous n’écouterez plus jamais The Power of Love de Frankie goes to Hollywood de la même façon. D’une beauté mélancolique imparable.
2. May December – Todd Haynes
Une actrice (Natalie Portman) passe quelques temps au contact d’une femme plus âgée (Julianne Moore) qui avait défrayée la chronique vingt ans plus tôt lors d’un scandale de détournement de mineur et qu’elle doit incarner. Aujourd’hui, mariée avec le jeune en question (Robert Melton), cette femme voit l’arrivée de cette actrice comme un élément perturbateur de l’environnement qui est le sien. D’une ambiguïté rare, chaque scène ou presque de May December a pour elle d’être d’une intensité folle où les émotions qu’elles soient exprimées ou refoulées jaillissent à l’écran d’un film bénéficiant d’une interprétation d’excellente qualité que ce soit Portman, Moore mais aussi Robert Melton qui a fait du chemin depuis Riverdale. Jeux d’emprise se succèdent entre cette actrice cherchant à vampiriser chaque détail pour la composition de son futur rôle , cette mère de famille qui se cache derrière une façade se lezardant de plus en plus et enfin ce père encore subtilement infantilisé qui doit se débattre avec une situation qu’il prendra du temps avant de pleinement l’appréhender.

3. Immaculée – Michael Mohan

Sydney Sweeney est objectifiée de manière presque anachronique pour 2024 par la grande machine hollywoodienne. Au delà du petit film de série B lorgnant du côté de la nunsploitation passé relativement inaperçu cette année, l’actrice américaine, également productrice du métrage, en profite pour en faire une œuvre méta dans laquelle une jeune nonne, nouvellement arrivée dans un couvent bien loin de chez elle, se sent de plus en plus être au centre d’une attention morbide et commence à se poser des questions. La toute fin de ce qui n’est qu’une œuvre relativement mineure dans cette année de cinéma vaut à elle seule cette place dans le classement, tant elle semble d’une audace folle pour un film en provenance d’une Amérique de nouveau trumpienne. Sydney Sweeney est objectifiée ? Elle le sait très bien. Et elle a un message à faire passer.

Théophile Le Maitre, vidéaste et photographe

1. The Substance – Coralie Fargeat 

Dans The substance, la réalisatrice française Coralie Fargeat parvient à emmener le body horror dans une nouvelle dimension, bien plus loin que ce qui avait pu se faire auparavant dans le même genre. Plus subversif et viscéral que Titane de Julia Ducournau.

The substance est un bijou de démesure et de liberté. C’est un film qui choque par sa décomplexion totale mais jamais par gratuité, porté par un récit cohérent d’une efficacité redoutable. Ça faisait longtemps qu’un film ne nous avait pas autant remué.

2. The Zone of Interest – Jonathan Glazer 
3. The Sweet East – Sean Price Williams

 

Julia Escudero, rédactrice en chef

1. Long Legs – Oz Perkins

Une première scène, aussi glacée que glaçante et nous voilà pleinement plongé.es dans le métrage d’Oz Perkins. Fan de cinéma de genre, notre hôte n’a de cesse de lui faire des clins d’œil amenés avec raffinement. Pour autant, Long Legs n’est jamais une pâle copie de ce qui a été fait auparavant. Au contraire, ce film d’ambiance, plus qu’efficace, renouvelle le courant, lui offrant un souffle bienvenue. Nicolas Cage y est terrorisant et méconnaissable. Chaque scène gère une tension au couteau et promet des prouesses de réalisation. On s’y surprend à applaudir mentalement chaque seconde alors même qu’on aurait envie de prendre nos jambes à notre cou. Impossible de ne pas en demander plus alors que le mal absolu y est parfaitement personnifié. Perkins dévoilera « Le Singe », son prochain essaie en février 2025, et il y a fort à parier qu’il fera de nouveau partie de ce top.

2. Poor Things – Yórgos Lánthimos 
3. Terrifier 3 – Damien Leone

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