Tahar Rahim, tête d’affiche de Désigné coupable
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Dans le cadre du Club 300, Désigné coupable nous a été présenté en avant première au Forum des Images. Le dernier long métrage de Kevin Macdonald, réunissant Tahar Rahim, Jodie Foster, Benedict Cumberbatch et Shailene Woodley, sortira en salles le 14 juillet 2021. Il s’agira d’une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi, emprisonné sans preuve à Guantanamo et de la lutte de deux avocates pour le faire sortir de cet enfer. Que vaut donc ce film au sujet sensible qui aura valu son troisième Golden Globe (en compétition)  à Jodie Foster  ?Critique.

Désigné coupable : de quoi ça parle ?

Mohamedou ( Tahar Rahim) dans l’enfer de Guantanamo
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L’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi ( Tahar Rahim, Un prophète, L’aigle de la Neuvième Légion, du même Kevin Macdonald), un Mauritanien que son pays a livré aux Etats-Unis alors en pleine paranoïa terroriste à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’homme a passé des années en prison sans inculpation ni jugement. Deux juristes américaines ( Jodie Foster, Le silence des agneaux, Les accusés et Shailene Woodley, Divergente, Big little lies) vont se battre contre tout un système pour faire valoir ses droits et lui faire avoir un simple procès alors que cela fait déjà plusieurs années qu’il est emprisonné. En effet, celui ci a avoué d’odieuses responsabilités à partir du moment ou l’on a pu menacer sa mère resté en Mauritanie et doit maintenant en assumer les conséquences…

Désigné coupable : Est ce que c’est bien ?

L’idéal pour parfaitement appréhender Désigné coupable est de se renseigner sur l’issue du destin de Mohamedou Ould Slahi. En effet, dès les premières minutes du film, Kevin Macdonald sait jouer du suspense et de l’ambiguïté pour tenir son spectateur en haleine. En effet, que ce soit l’attitude du personnage joué par Tahar Rahim dans la scène précédant son arrestation ou bien celle du personnage de Jodie Foster dans ses premières interactions avec celui qu’elle défend, rien n’est véritablement manichéen. Un parfait angle d’attaque choisi par le metteur en scène pour permettre de bien rentrer dans le film sans prendre son spectateur à partie. A l’image d’Au nom du père, de Jim Sheridan, qui prenait le temps de montrer que le personnage de Daniel Day Lewis, emprisonné abusivement pour un attentat auquel il n’a pas contribué, n’est pas une oie blanche et est un petit voleur de Dublin. Pour en revenir à Désigné coupable, cela permet de maintenir l’intérêt du spectateur pendant une grande partie du film, saura t-on le fin mot de l’histoire? La vérité éclatera t-elle?

Jodie Foster et Shailene Woodley dans le rôle des avocates prenant la défense de Mohamedou

Kevin Macdonald a assez de maitrise pour parvenir à mettre à niveau équitable chacun de ses personnages, dont celui de l’avocat chargé de représenter le Ministère Public qui est sobrement mais efficacement joué par Benedict Cumberbatch ( Sherlock, Imitation Game) et dont le meilleur ami est décédé lors du 11 Septembre, dont le personnage de Tahar Rahim est accusé d’être le « cerveau ». Dans la quête de vérité principalement mené par Jodie Foster baigne une sorte d’idéalisme que l’on pouvait retrouver dans les films politiques des 70’s (c’est presque enfoncer une porte ouverte de citer Les hommes du président de Pakula) ou bien encore JFK d’Oliver Stone. Et ceci jusqu’à ce qu’on finisse par avoir la certitude du fin mot de l’histoire. Si la description des sévices subis par Mohamedou Ould Slahi est illustré par une esthétique trop clinquante et maladroite qui dénote trop de celle du reste du film et est bien le moment le plus « faible » du long métrage, Désigné coupable n’est pas pour autant un film béat ou manichéen. Ainsi, alors que l’on pense que les malheurs de Mohamedou sont terminés un dernier texte à l’écran vient remettre les choses en perspective et permet au spectateur de mesurer les contrainte subies pendant une bonne quinzaine d’année. Une mise en perspective bienvenue pour un film utile et nécessaire.

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