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Eddy de Pretto

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La saison des festivals est enfin ouverte ! Avec les beaux jours, We Love Green a l’intention de planter sa graine et ses notes dans les esprits. En ce dimanche 2 juin, la pluie a fait place au beau temps. Direction le Bois de Vincennes (armé.es quand même de bottes en caoutchouc et d’un ciré, sait-on jamais) pour applaudir une programmation variée mais aussi donner de la force au festival qui met en son coeur la défense de l’écologie. Une journée forte, marquée par les sets de Troye Sivan, King Gizzard and the Lizzard Wizzard et SZA. On vous raconte !

King Gizzard and the Lizard Wizard – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Festival d’utilité publique

Créé en 2010, le festival We Love Green n’a pas un simple rôle culturel dans le paysage musical français. Il a aussi pour but d’être vecteur d’engagements et porteur de messages. Voilà l’un des principaux atouts, d’ailleurs, de la musique. Si elle sait parfois exister pour la beauté de l’art, elle  joue un rôle primordial dans les luttes sociales et progressistes.  A son origine, l’évènement était organisé au Parc de Bagatelle et jouait d’une programmation majoritairement électro. Devenu plus hétéroclite en changeant son lieu, il a eu à coeur de créer un évènement d’ampleur tout en adoptant les meilleurs pratiques environnementales. Gestion des déchets, restauration durable (avec une montée en puissance depuis deux ans d’une offre entièrement végétarienne)  mais aussi espaces réservés à des associations spécialistes de la transition écologiques, talks et conférences font partie de l’ADN même de l’évènement. Ce qui pourrait sembler  releyable au second plan en vue de la programmation est loin de l’être. A l’heure où l’Europe voit placer parmi ses hauts responsables des partis climato-septiques , le contre pouvoir porté par la culture devient plus essentiel que jamais. Chaque action compte et l’ombre politique n’est jamais loin. En la matière We Love Green fait un travail d’information remarquable et donne de plus en plus de visibilité à son sujet central depuis ses débuts. Il n’y pas de petit geste et associer des têtes d’affiches qui ont un véritable pouvoir comme Justice ou SZA à des problématiques plus globales fédère un travail essentiel sur les consciences. Cette année, les samedi et dimanche, l’évènement proposait ainsi des conférences dans sa Think Tank allant de la guerre contre le plastique, l’avenir des océans à l’éco-anxiété ou encore la réflexion sur ce qu’est une oeuvre écologiquement engagée. Il n’existe aujourd’hui aucune recette idéale. Néanmoins donner de la voix, poser des questions, instruire et réfléchir collectivement sont autant de démarches majeures à mettre en avant. Chacun.e sera en mesure d’agir en sa propre conscience en en sachant le plus possible. Et en matière de poser sa petite graine, le travail du festival est au moins à saluer, avant de vous parler pleinement des artistes qui ont fait rayonner sa dernière journée.

We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

We Lovecity

Maintenant que le cadre est posé, il est temps de laisser place à la musique. Nous sommes après tout venu.es pour ça ! En ce début d’après-midi, un rayon de soleil, vient percer les nuages. Bénévoles et festivaliers sa réjouissent instantanément, le mois de mai aura été particulièrement humide et les précédentes soirées auront transportés leur lot de K-Way et de boue (c’est parce que tout va bien côté climat évidemment ça). Le sol reste d’ailleurs particulièrement composé de gadoue aujourd’hui.   Qu’à cela ne tienne, sortez vos bottes et faites place à l’amour !

Lulu van Trapp – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Si on parle d’amour sans transition, sans même avoir fini d’ouvrir le ciré pour prendre pleinement le soleil sur nos épaules qui devaient être nues, c’est que le concert de Lulu Van Trapp  a déjà débuté sur la Grande Scène. Le groupe est venu présenter cet après-midi son nouvel album, « LoveCity ». Et comme son nom l’indique il y est question d’amour. Pas toujours d’ailleurs d’amour amoureux. Celui plein de pouvoir de l’amitié par exemple, ou d’une communauté. Cette dernière, donnait de la puissance quelques jours plus tôt dans une Machine du Moulin Roue pleine à craquer. La voilà à nouveau réunie aujourd’hui, amassée autour de la scène où le groupe déploie comme toujours une énergie communicative. Toujours sensuelle, toujours proche du public, la formation excelle comme à chaque concert à entraîner l’assistance à rejoindre son armée. « L’amour et le bagarre », interprété en fin de set offre une claque indéniable, de celles qui font du bien. Il faut reconnaitre au titre une efficacité immédiate en live.  Les têtes tournent déjà et les corps s’échauffent. L’esthétique est au centre d’une prestation qui marque les esprits, tout comme les mélodies toujours bien écrites de nos compères. Depuis les débuts du groupe avec « Les Maux d’amour », il n’a fait que prendre en puissance et en réelle capacité à proposer une oeuvre écrite et cohérente de bout en bout.

Lulu van Trapp – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Puisqu’il est question de débuts, Yamê, qui se produit sur la même scène un peu plus tard dans la journée a à coeur de partager les siens. Il y est question de faire des boeufs dans un bar de quartier avec des musiciens qu’il ne connaissait pas. Mais explique-t-il, il est difficile d’appréhender quelqu’un en découvrant simplement ses notes, il faut prendre quelques minutes et ces quelques minutes là elles sont sur scène. Pourtant, c’est de là qu’est née la magie qui aujourd’hui lui offre l’immense scène et un public aux yeux qui brillent. Parmi les musiciens à ses côtés, l’un fut rencontré lors de ces improvisations scéniques. Et quand on sait improviser ne sait-on pas tout faire ? Aujourd’hui, avec un set bien plus travaillé la chose parait évidente. Le musicien porte avec lui une profonde sincérité qui ravi les coeurs. Ses morceaux efficaces font mouche et donnent la réplique à un accompagnement musical dont la beauté est indéniable.

Yamê – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Troye Sivan a fleur de pop

Il ne peut être toujours question de débuts et pourtant est ce que changer radicalement les coutumes d’un courant ne marquerait pas une forme de débuts ?  Pour Troye Sivan l’aventure musicale débutait en 2015 avec un premier album « Blue Neighbourhood ».  Un début dans la musique, certes, mais qui n’était pas un début de carrière.  Aujourd’hui, c’est  pourtant du dernier album du  chanteur australo-sud- africain : « Something to Give each other » dont il est question. Et  que se soit sur sa pochette ou sur scène, le musicien – qui est aussi acteur et Youtubeur – donne d’emblée la couleur : il va être question de sexualité et aucun tabou ne saura être accepté. Connu pour être une icône gay (sujet dont il parle publiquement depuis 2013), il embrasse pleinement ce statut et se sexualise volontiers.

Troye Sivan – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Oui, il sera donc question de sexe et d’oser au cours d’un set qui est, il faut lui reconnaître, le plus impressionnant de la journée. Il ne faut pas deux morceaux à notre hôte pour se retrouver à genoux face à son danseur qui tient son micro en lieu et place de son organe.

Moins de dix minutes donc pour parler fellation et donner à la pratique des vertus musicales qui marquent les esprits. L’avant-scène est pleine à craquer. Le public se tasse et voilà que Troye Sivan crée sous leurs yeux une toute nouvelle définition de la pop. Certes, ses mélodies sont plaisantes et accrocheuses. Pourtant, c’est surtout sur son jeu de scène et les mille messages qu’il renferme qu’il  est interessant de se pencher. Hyper-sexualiser les pop stars féminines a toujours été recette de succès et de gros sous. Sans être exempt de jugement – après tout, il faut toujours avoir un avis tranché et les femmes n’ont qu’un droit raisonnable à parler de sexe dans la société- les Madonna et Britney Spears qui l’ont précédé se devaient d’être explicitement sexuées. Sexuée, faussement prudes (bonjour « Baby one more time » ou « Like a virgin »), mais toujours prêtes à être objets de désirs. Les pop stars masculines, elles, se devaient d’avoir une image toute autre. Ici, les cartes sont clairement redistribuées. En partie homme objet, Troye Sivan se déshabille, fait tomber le haut, et tombe carrément à genoux mimant l’acte sexuel avec en arrière plan un de ses acolytes scéniques (vous avez l’image). Mais il est aussi le meneur d’une troupe de danseurs aux physiques d’éphèbes. Tout le set est rodé et les tenues s’enchaînent jusqu’au port d’un bustier noir dont la forme est habituellement réservée aux femmes (et fait ouvertement penser à la Madone de la pop). Evidemment, la qualité d’un jeu si travaillé tient en sa première capacité à créer un divertissement de haute qualité. Mais il est surtout le reflet de temps qui changent et d’une nouvelle ère. Les hommes aussi peuvent être objets de désirs sur scène, le public LBTQIA+ a le droit à ses idoles, et ces idoles savent parler au plus grand nombre.

Troye Sivan renverse les coutumes, ose tout. Son esthétique queer sent autant la modernité que la libération. Elle est l’incarnation d’une nouvelle génération qui a redéfini ses codes et a changé les consciences pour le mieux. La pop n’a en aucun cas à être un dinosaure figé qui se répète et ne tourne qu’autour d’elle-même. Elle a souvent été faite porte parole, des artistes comme Lady Gaga en sont la preuve. Mais elle s’est bien trop souvent cantonné à être la propriété de femmes. Forcément lui découvrir un nouveau visage est une réussite à saluer. Il est d’autant plus bon de la retrouver auprès des autres courants en tête d’affiche des festivals où elle manque souvent. Voilà donc un show qui marquera à n’en pas douter l’histoire de cette édition de We Love Green pour ne pas dire l’histoire du festival tout court !

Troye Sivan – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

King de pretto et les magiciens rockeurs

L’Australie est bien présente aujourd’hui ! Les rois du rock mais surtout de l’hyper-productivité, aka King Gizzard  and the Lizzard Wizzard sont de fait les suivants à se frotter à la Grande Scène. Les musiciens sont bien plus sobres et classiques dans leur performance que l’incroyable spectacle auquel on vient d’assister ! Evidemment en même temps puisque pour les rockeurs, la performance est surtout synonyme de précision instrumentale. En la matière, le groupe est toujours à couper le souffle. Son show fait office d’OVNI dans la programmation du jour. Batterie et guitare s’y répondent brillamment alors que les titres s’enchaînent. Comment font-ils le tri pour créer une set list dans l’immensité de leur répertoire ? La question reste largement ouverte. Toujours est-il que cette dernière fait mouche, équilibre idéal entre punk musclé et metal accessible. Le groupe est la représentation d’un courant indé qui claque, qui transcende les génération, connait ses classique et sait écrire l’histoire. Quitte à n’avoir que peu de représentants du rock aujourd’hui, celui-ci tenait de l’excellente idée, après tout, n’en est-il pas la meilleure synthèse, entre pointu et accessible ?

King Gizzard and the Lizard Wizard – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Gonflés à bloc d’une énergie qui circule pleinement dans nos veines, il est temps de retrouver Eddy de Pretto. Notre frenchie a beaucoup évolué depuis ses débuts. Une belle assurance vient d’emblée donner du corps à sa performance. Seul sans musiciens (une vidéo diffusée sur les grands écrans dévoile leurs visages que l’on ne verra pas sur les planches), le voilà qui arpente un tout nouveau décors qui met autant en avant sa voix qu’un jeu avec un écran. Plus écrit que jamais, son set a pour but de défendre son dernier opus, paru en 2023, « Crash Coeur ».

Eddy de Pretto – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

La musique de De Pretto a souvent fait office de thérapie pour le musicien. Pour lui, comme pour son public qui vient à se reconnaitre dans ses écrits. Il va bien mieux, partage-t-il d’ailleurs. Il prend soin de sa santé mentale et invite son public à faire de même. Il faut en parler. Tout comme des icônes gay qui lui ont permis de trouver sa place artistique et qu’il raconte dans le titre « R+V » d’Elton à Freddie en passant par Verlaine (mais merci de le prendre plutôt en exemple pour ce qui est de sa poésie et non sur le principe de tirer sur son amant). Il fait d’ailleurs beaucoup de place à son nouvel opus sur scène, qu’il chante en allant sans fin d’un bout à l’autre de la scène. La carrière aidant, le musicien a perdu en spontanéité. Une évidence puisqu’avec le succès viennent les enjeux et les histoires à conter changent. Pourtant l’interprétation à fleur de peau qu’il pouvait avoir vient à manquer. Elle était la marque d’une sensibilité communicative qui nous faisait tomber amoureux.ses de ses compositions. De Pretto garde néanmoins son phrasé légendaire, sa belle capacité à écrire et un univers comme nul autre.

Il est aussi impossible de bouder son plaisir en retrouvant au programme des morceaux issus de ses débuts. Evidemment « Fête de trop » permet à toute l’assistance de chanter à pleins poumons. De son côté « Kid » est le joyau de la journée. Le  musicien en profite pour  demander au public de lever leurs verres à l’extraordinaire histoire qui est la sienne. Le morceau est en effet aujourd’hui utilisé dans les manuels scolaires mais aussi à l’assemblée nationale contre les thérapies de conversion. Et voilà qui rappelle la grandeur de l’oeuvre et l’importance capitale d’Eddy de Pretto dans la paysage culturel français. « Cure » est, et restera l’un des meilleurs albums sortis au court de la précédente décennie et son interprète aura lui aussi su casser les codes, plaçant sur un pied d’égalité créativité et message.

Eddy de Pretto – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Un moment bien urbain

Evidemment les scènes Hip hop et RnB ont une place centrale dans la programmation du festival. Tout comme la scène électro. Cette dernière était là au début de l’évènement et il est d’autant plus logique de voir qu’une scène entière lui est consacrée, sous forme de serre géante pour mieux semer des notes. Ainsi la présence aujourd’hui de la dernière pousse électro Peggy Gou et son incroyable créativité ravi les foules. Originaire de Corée du Sud, installée à Berlin, elle tire le meilleur des courants issus deux pays pour fabriquer un son hybride, on ne peut plus fascinant. Son immense modernité est à la hauteur de la renommée d’Etienne de Crécy, lui aussi présent ce soir. Le maître de l’électro et la nouvelle génération, jouent tour à tour face à un public très réactif. La musique transcende les générations.

Luidji – We Love Green 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Et côté urbain donc ?  Me direz-vous alors que le jeu de mot ravageur de l’inter-titre vous a interpellés. Eh bien on retrouve le français Luidji. Impossible de ne pas lui accorder quelques lignes tant sa présence sur scène crée la folie côté public. A raison, puisque le musicien au rap sombre qui oscille vers le  RnB gère la scène comme s’il y était né. Pas besoin de trop forcer sur le décors, l’excellence des jeux de lumières et la puissance de ses titres suffisent à fédérer ses adeptes qui ne perdent pas une note. Chaque mot est chanté à tue tête. « Pour deux âmes solitaires » a beau être son plus gros succès, personne, en cette fin de journée n’est solitaire.

Enfin, immense programmation ce soir, SZA vient clôturer la Grande Scène. On pourra néanmoins lui reprocher un set trop calculé qui manque d’audace. La chanteuse propose une performance propre aux reines de la pop sur un décors, lui très travaillé. les premiers rangs sont pourtant conquis alors que chorégraphie et échanges sont soignés au millimètre. Quelques beaux moments viennent en plus marquer les esprits, comme lorsque la chanteuse se balance sur une immense boule qui n’est pas sans rappeler le clip de Miley Cyrus (mais moins nue, aussi il est impossible d’être plus nue que Miley dans le clip … après sinon ça tourne au film d’horreur mais ce n’est pas la question). Performeuse avant tout, elle profite d’un répertoire qui fait plaisir à ses fans et d’une belle mise en avant de son dernier né « SOS ». Un show à l’américaine à l’image de la grandeur de ce que ses icônes pop et RnB savent produire. Mais dont le manque d’authenticité ou de décadence viennent à freiner l’enthousiasme de celles et ceux qui connaissaient moins l’oeuvre de la super star.

Il ne reste plus que quelques pas de danse. La pluie n’était pas là aujourd’hui et la musique a réchauffé les coeurs (est-ce un report ou un poème ?). Ce soir, dès le crépuscule, à l’heure on noircit la campagne nous partiront (disait Victor Hugo). Nature, berce-nous chaudement : on a froid (disait Rimbaud) sur le chemin qui nous ramène, les esprits plein de beaux souvenirs. Vivement l’an prochain pour faire de nouveau faire rimer nos vers verts !


affiche we love green

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Jeudi et vendredi, le Printemps de Bourges 2022 nous a concocté un festival aux petits oignons. Les stands de nourriture y étaient pléthore et les saveurs nombreuses. Quelle est la recette d’un excellent moment ? On vous donne le menu musical, à arroser d’un cocktail de notes.

Doux et Sucré

Polo & Pan

Le vendredi, le W et le Palais d’Auron ont décidé de cohabiter pour offrir aux festivaliers, majoritairement jeunes mais pas que, une des folles soirées dont l’évènement a l’habitude. Sous l’immense tante, l’électro a la part belle. Il s’agit pourtant de chiller, le temps est bon, le soleil au beau fixe, la fête et douce et aussi savoureuse qu’un cocktail qui monte à la tête et propose son lot de saveurs à la douceur indéniable. Polo & Pan et sa danseuse pailletée est de ceux là. Un set au décors minimaliste mais aux notes qui font mouche. Les tubes de cette machine huilée défilent alors que la foule éméchée ondule en se pressant au premier rang. Les jeux de lumières viennent parfaire le tout et le W devient un cadre chauffé à bloc qui sent les effluves d’une plage tropicale.

Miel de Montagne

Venus remplacer Jacques contraint d’annuler sa venue en dernière minute, Miel de Montagne a ajouté sa touche de chanson française à une édition aux couleurs tricolores.  Le set simple et très attendu a permis au 22 de se dégourdir les jambes pour l’une des dernières performances de la journée. Au programme, convivialité, instruments léchés (comme les doigts plein de miel), lâché prise et raffinement.

Charlotte Fever

Le Printemps de Bourges c’est aussi l’occasion de faire de belles découvertes côté pro. C’est d’ailleurs dans cet espace qu’officie le duo Charlotte Fever et ses riffs percutants. Le groupe français offre une atmosphère rétro dans un live qui sent bon la boule à facettes et les paillettes. De la chanson française oui, mais avec une énergie festive qui invite à la danse. Les notes se distillent, aussi euphorisantes que des bulles de champagne. Printanier, le set nocturne est pourtant gorgé de soleil. Deux voix : l’une masculine, grave aux accents à la Gainsbourg, l’autre féminine, aérienne et aigüe se répondent à l’infini chantant l’amour en général et l’amour d’une époque où la scène française rayonnait. Comme les Pirouettes avant eux, le groupe redéfini cette période musicale, prend le plis de la légèreté, fait vibrer la nostalgie et la modernise. Un temps fort de Bourges emprunt d’une fièvre nommée Charlotte (à la fraise).

Charlotte Fever - Printemps de Bourges - 2022
Charlotte Fever au Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Relevé et Salé

Aimé Simone

Le jeudi, pas de surprise Aimé Simone relève la sauce. Seul sur scène, le chanteur déchaîné n’a rien à envier à un Machine Gun Kelly et autre Yungblud. Armé de ses très nombreux tatouages, de son look américain et d’une fougue sans faille, le frenchie revisite le rock alternatif made in America. Comme un bon burger, le bonhomme dévoile une musique qui se déguste par couches successives, le tout en tapant juste dans les tendance. Le 22, sous le charme bondit au gré des interpellations du musicien survolté.  Rien n’arrête la tornade Aimé Simone. Pour preuve, chacune de ses performances fait un effet boeuf, celle-ci n’échappe pas à la règle. Elle sera tout le reste du Printemps de Bourges dans toutes les bouches.

Eddy de Pretto

Il y a cinq ans, Eddy de Pretto était un jeune chanteur qui débutait sa carrière en tant qu’Inouï au 22. Il confiera d’ailleurs le jeudi lors de sa conférence de presse y avoir été pour la première fois confronté au monde pro de la musique à la Prairie. S’il confiait à cette même occasion refuser d’être le drapeau de toute une communauté, ses paroles frappent toujours juste te fort. C’est d’ailleurs sûrement pour ça qu’en cette journée le W est plein à craquer. Le set passe à toute vitesse « On a une heure ensemble Bourges » lance-t-il jouant très rapidement son classique  » Fête de trop ». Son fameux « danse » lance une assemblée qui n’attendait pas l’autorisation. Les deux albums défilent d' »A tous les bâtards » à « Culte », il scande « Random » avec la même force que sur son album. « Kid » fait office d’hymne, repris par une foule qui en connait chaque note et ne prend pas le temps de parler. Alors que tous reprennent ses mots « Virilité abusive », Bourges frémit. « Merci Bourges… » déjà ? Voilà la pincée de sel qui pimente une fête qui n’est certainement de trop.

puissant et Pimenté

Deluxe

Le vendredi soir, la fête est folle et les paillettes pourraient lui manquer. C’est sans compter sur les fous furieux de Deluxe. Avec les titres particulièrement hot et une fougue scénique indomptable, la troupe soulève le W, l’entrainant dans une fête qui passe les frontières. Pour parfaire sa performance, le groupe, ne se donne aucune limites. Parmi ses astuces un jeu de pyrotechnie qui sort directement de sa trompette. La chaleur devient tropical alors que la foule ondule. Certains en profitent pour parler à des inconnus et leur demander des conseils de drague. Emmener l’heureuse élue à ce concert pourrait bien être une réponse acceptable.

Sopico

Etoile montante du rap français, Sopico a su fédérer en un clin d’oeil un public d’adeptes. Au MaMA festival déjà, le bonhomme avait su se faire remarquer. Il faut dire que loin de se contenter d’un rap urbain et classique, il le revisite à sa sauce, s’osant à jouer de la guitare sur les planches. Toujours est-il que c’est au Palais d’Auron que le musicien a posé ses valises. Sopico aime à interpeller son public ne perdant pas une seule occasion de l’inviter à danser, lorsqu’il demande qui a écouter « Nuage » son premier album, les réponses ne se font pas attendre. Chaque note propulse un peu plus les spectateurs contre la barrière qui sépare le public de la scène. Un début de soirée prometteuse pour un artiste qui se crée ici une nouvelle aura et donne à son style hybride une sincérité aussi touchante que relevée.

OETE

S’il était un nom attendu parmi les Inouïs du Printemps de Bourges, c’est bien celui d’Oete et qu’importe s’il ne remporte pas en fin de course la compétition, c’est bien lui qui offre l’une des plus belles performances de cette 46ème édition sur la scène du 22. Vêtu de paillettes et aidé de sa pianiste, le chanteur a toute la grandeur de ses idoles Daniel Darc et Christophe à qui il dédicacera d’ailleurs un titre.  C’est sur « HPV » qu’il entre en scène. « La tête pleine » single en puissance qui transpercera rapidement les ondes et les coeurs et très vite interprété. Porté par une force tangible, le diamant brut Oete ondule, tord son corps au gré de ses notes. Le monde cesse alors d’exister, concentré en un rayon lumineux porté sur la scène.  La conclusion sur un titre écrit  » à 17 ans », son premier où il chante se « Liberté chérie » met des larmes dans tous les yeux de l’assistance. La grandeur de la chanson française pourrait bien renaître à travers ces 4 lettres, soyez en avertis !

A mère et egagé

Cats on Trees

Tôt en cette journée du jeudi, Cats on Trees répondait aux questions de quelques journalistes. L’occasion de revenir sur leur parcours d’anciens Inouïs qui les mène aujourd’hui sur la scène du W. Mais également l’occasion de parler du décors sublime que le duo a préparé pour sa tournée. Cadre onirique aux méduses volantes qui ont été réalisées par la main du chanteur jusqu’au soir du nouvel an alors que les invités étaient dans le salon en train de trinquer à ce début de soirée. Entre les miroirs présents sur scènes, et ce set concentré pour pouvoir jouer de tous ses cadres, le moment prend une tournure hautement poétique. Au milieu de son épopée, Cats on Trees en profite pour faire passer ses messages bienveillants. C’est notamment le cas pour le titre « She was a girl » joué très vite en début de concert. Inspiré par le documentaire « Petite fille » disponible sur Netflix, il parle de transidentité alors que la violence du rejet rencontrée à l’école par cette petite fille a touché les musiciens. Un concert donc qui sait sublimer son propos pour mieux éveiller en douceur les consciences.

Clara Luciani

Habituée du Printemps de Bourges, Clara Luciani y occupe une place de choix. Après un Palais d’Auron quelques années plus tôt la voilà propulsée au W. Toute sourire, celle à qui l’on doit le titre féministe « La Grenade » ne boude pas son plaisir, à tel point qu’il devient hautement transmissible (et pour le coup nul besoin de porter un masque, tout le monde souhaite l’attraper). Entre danses et moments de pure chanson française, la musicienne acquière à sa cause une salle qui ne demande qu’à vibrer. On pense aux « Fleurs » avec elle. Le titre printanier à la légèreté et à la douceur enivrantes font rayonner les effluves du printemps sous l’immense chapiteau. Sa musique est une arme détonante alors que ce concert offre une « Sainte Victoire » qui frappe au « Coeur ».

Majeur.e.es

majeur.e.s
majeur.e.s

Le Printemps de Bourges est aussi l’occasion de mettre en avant des initiatives engagées et nécessaires pour faire évoluer le monde de la musique.  C’est le cas avec Majeur.e.es, qui crée le premier annuaire de l’industrie musicale réservé aux femmes, aux personnes trans et non binaires. le but premier de l’opération ? Permettre aux recruteurs de trouver des candidat.es en se basant sur leurs compétences. Si tout le monde peut avoir accès au site, les hommes cis eux, ne peuvent pas y créer un profil pour s’y faire repérer. Aidées par de nombreux organismes dont le CNM, les deux créatrices  mettront à disposition cet outil à compter du mois de mai 2022. D’ici là, les pré-inscriptions sont possibles. Une nouvelle façon pertinente de valoriser les profils et permettre une meilleure inclusion professionnelle.

 

ENGAGE.ES

Engagé·e·s !
Engagé·e·s !

Toute la semaine, la toute nouvelle maison de la culture a fait la part belle à l’engagement dans la musique. Pour se faire, le lieu a choisi de proposer une expo aux couleurs des albums emblématiques des artistes qui ont défilé au Printemps de Bourges au cours de ces 46 éditions. De Brigitte Fontaine à IAM en passant par Mickey 3D ou même Francis Cabrel, nombreux sont ceux à avoir portés haut et fort des messages de lutte anti-racistes, féministes, pro droits LGBT+ sur les scènes du festival et dans leurs albums. Les spectateurs ont pu y découvrir gratuitement pochettes, partitions et autres dédicaces…

Acide et garage

Lime Garden

Il y a encore peu la tornade Wet Leg débarquait dans le monde semant un vent de rock féminin, moderne et révolutionnaire sur son passage. Quelque part dans son sillon, le phénomène Lime Garden pourrait bien faire les mêmes ravages. C’est le vendredi soir au 22 que les furies débarquent pour devenir l’une des plus belles perles de ce printemps 2022. Avec des titres entraînants entre riot et guitares qui donnent une sérieuse envie de danser, les musiciennes redéfinissent un rock féminin qui prend de l’ampleur. « Sick & Tired » a tout pour percuter les esprits et ce n’est pas le live qui fait mentir leur talent. Impossible de ne pas se laisser prendre au jeu de ce jus sur-vitaminé aux agrumes effervescentes. On se retrouve à danser, arrêtant tout pour mieux apprécier le cocktail proposé.

Lime Garden - Printemps de Bourges - 2022
Lime Garden au Printemps de Bourges 2022 – Crédit photo : Louis Comar

LIFE

Et d’un nouvel opus pour LIFE. Le groupe anglais qui a bien failli ne pas jouer en cette journée du vendredi pour cause de problème d’avion, s’offre une conquête indiscutable du 22. Ceux qui avaient déjà ouvert pour IDLES, plongent la petite salle dans un bain garage rock aux accents post-punk qu’il est bon écouter. Un premier jet franchement engagé, allant jusqu’à dénoncer la politique de Trump, laisse place à un second opus bien plus à fleur de peau qui parle autant de santé mentale que de la place du père célibataire. Sur scène, ces thématiques existent dans une ambiance aussi festive que sur le fil du rasoir. Avec des enceintes montées à font, difficile de ne pas perdre de vue les enjeux du Printemps de Bourges pour mieux se perdre dans un ton corrosif qui explose en des rythmiques qui touchent au punk, celui même qui manquait à la musique actuelle. Discutant volontiers avec un public en forme malgré l’heure tardive, le groupe dévoile ses titres et prend le temps de les expliquer. Le 22 est une cave révélatrice des plus grands talents. Le rock y a toujours une place maîtresse, celle d’un joyau qui se renouvelle enfin. LIFE sera la plus belle claque internationale rencontrée à Bourges depuis les excellents PWR BTTM, vus ici quelques années plus tôt.

Last Train

Ancien Inouï, le groupe de Jean-Noël Scherrer est un habitué du Printemps de Bourges. La formation rock est aussi des plus attendues sur le festival. C’est le vendredi soir que débarquent les compères pour clôturer la soirée rock du 22. Grosses guitares et énergie décuplées sont de la partie et promettent un moment de rock suave. La formation a bien grandi, du rock spontané qui coulait de leurs rythmiques avec une énergie adolescentes, les voilà aujourd’hui plus précis, heureux d’étirer à l’infini leurs rythmiques, de reconstruire en live un rock jusqu’au-boutiste. Forts de leur Olympia de Paris, les copains sont de retour sur les terres qui les ont vu devenir de grands artistes. Alors la bande ne lésine pas sur son plaisir, fait saturer ses guitares, offre des solos et ses plus gros succès. La salle est pleine et déborde presque, la chaleur est aussi palpable sur scène que côté foule. La voix du chanteur, reconnaissable entre toutes résonne dans les airs. Last Train a gagné en maturité et en précision, sans pour autant changer son fusil d’épaule, ils sont devenus des maîtres sur scène et apportent au rock français une sincérité troublante, qui n’a d’égal que leur envie d’offrir une performance perfectionniste où les instruments dominent.

 


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Affiche les nuits secrètes 2018 AULNOYE-AYMERIES

Le Festival des Nuits secrètes fait parlé de lui chaque année pour sa programmation et son ambiance. L’édition 2018 ne devrait rompre la tradition.

 

Une première salve d’artistes promettait déjà un festival hors norme avec en tête d’affiche Alt-J, Shaka Ponk, Vitalic ODC live, Rone, Lomepal, Petit Biscuit, Juliette Armanet, Panda Dub Circle Live, Meute, Gaël Faye, Agar Agar, etc.

 

Mais le festival d’AULNOYE-AYMERIES nous gardait jusqu’à hier soir encore bien des secrets.

Pour leur première conférence de Presse parisienne, le festival a choisi le Ground Control, ancien hangar de la SCNF qui rappelle l’ancienne usine d’ogive, transformée par la ville en espace de musique moderne et qui accueille la scène de l’Eden pour l’occasion, pour divulguer les nouveau noms:

 

 

Alors laissez vous tenter par les Nuits Secrètes. En plus d’artistes de haute volée, c’est un festival des plus accueillant, où toute la ville est en fête du 27 au 29 juillet 2018 à AULNOYE-AYMERIES.

Et en bonus les parcours secrets: le principe est simple, on monte dans un bus et on sait pas où l’on va et qui on va voir. Notre rédac chefe, se souvient encore de prestations dans un église, au bord d’une piscine ou dans une grange.

 

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Affiche MaMA Festival 2017
premières annonces du Mama Festival

Sortez vos agenda! Du 18 au 20 octobre, vous êtes pris puisque c’est à ce moment là que se déroulera le Mama Festival. Le quoi? Demanderont certains qui ne suivent pas.

Le Mama festival et les professionnels de la musique

 

Le Mama Festival c’est le rendez-vous incontournable de la musique à Paris. Déjà parce que ce grand rassemblement permet aux professionnels d’assister à des conférences passionnantes et variées sur des thématiques allant des financements et valeurs à la musique et synchro en passant par les outils numériques. Au programme pour parler en chiffres ce sont 80 conférences, débats et ateliers donnés par 240 intervenants devant quelques 5345 professionnels de 56 nationalités différentes. Les chiffres, ça parle quand même vachement.

 

Le Mama festival pour ses spectateurs

 

Oui mais le Mama festival s’adresse aussi aux passionnés de musique, fans, spectateurs. Revenez, vous êtes aussi concernés! Le quartier de Pigalle à Paris se transforme en festival géant puisque 10 de ses salles seront investies par l’événement. Sont concernés la Boule Noire, la Cigale, la Machine du Moulin Rouge, le Bus Palladium, les Trois Baudets, le Carmen, le Backstage by the Mill et le Théâtre de l’Atalante qui abriteront plus de 120 concerts.

Les chiffres c’est bien un peu mais qui est programmé?

 

 

Excellente question, certainement la meilleure. Les premières annonces avaient déjà été faites et elles faisaient plaisir puisqu’on retrouvait sur scène Chapelier Fou, Chelou, Lysistrata ou encore l’excellent Mat Bastard qui nous faisait un coucou ici.

La deuxième vague d’annonces met tout autant l’eau à la bouche puisqu’on y retrouve que du bon et que comme tu es une personne de bon goût tu vas adorer. Ainsi Camille, ALB, Chilla, Dani, DELV!S, Jabberwocky, Kiddy Smile, M.A Beat! ( dis le à haute voix…) ( ce sont les chouchous des Inoïus de Bourges), Mai Lan, Norma, Sarah Mc Coy, Paupière, Théo Lawrence and the Heart ou encore Sandor sont d’ores et déjà programmés. Du beau monde pour une festival qui fait la part belle à des salles variées dans l’un des meilleurs quartiers de Paris.

Et les places dans tout ça ?

 

 

Le Mama c’est un festival, qui dit festival dit pass. Les pass 1 jour vous permettent d’accéder à une quarantaine de concerts à la date de votre choix à partir de 18 euros, un prix tellement raisonnable qu’on se croirait en 2005. Il est également possible de se procurer un pass 3 jours à partir de 47 euros. Pour se faire, il suffit de se rendre sur le site officiel du Mama festival très vite. Plus on attend et plus les tarifs augmentent.