Le Printemps de Bourges, coïncide avec la renaissance de la nature. Avec lui vient la curiosité. Si l’événement est réputé pour sa programmation pointue, il l’est aussi pour ses Inouïs, devenus le fleuron de la musique française. Preuve en est donnée cette année encore avec les petits protégés de Bourges revenus là où ils se sont fait connaître pour donner des lives hallucinants: Fakear, Fishabach et Frànçois and the Atlas Mountains en tête de liste.

Mais les découvertes de l’événement ne s’arrêtent pas là. Pour s’émerveiller, il suffit de se balader au grès du programme avec l’esprit ouvert, prêt, à tomber amoureux à tout moment d’un artiste.

Ce 21 avril c’est au 22 que la magie a opéré. La soirée est une déclaration d’amour au punk. Logique après tout, une exposition est carrément dédiée au mouvement durant toute la durée du festival.

A 22 heures 30, les improbables PWR BTTM pointent le bout de leur nez sur scène. Originaires des Etats-Unis, les compères provoquent la surprise : deux hommes en robe se tiennent devant nous accompagnés d’un bassiste. Le chanteur guitariste dans une jolie petite robe orange s’est fait un maquillage bleu et rouge, pailleté qui recouvre l’intégralité de son visage. Derrière la batterie, son complice, au visage poupin et en robe blanche, dégage instantanément une douceur attachante. Les tenues ne sont pas là pour faire rire, la preuve en est donnée, si besoin il y avait avec les paroles de leur titre « Oui je suis un homme avec une robe, tu as un problème ? Tu veux qu’on en parle ? ».

Les guitares se font punk, pop punk. Les titres énergiques pepsent, envoient et le public se retrouve conquis dans le tourbillon PWR BTTM ( je vous laisse quelques secondes pour penser au nom du groupe). Les compères sont interchangeables. Le batteur prend alors la place de frontman pour donner quelque chose d’encore meilleur aux titres. Avec douceur et quelque chose de profondément adorable dans l’attitude, il accorde sa guitare en papotant avec le public. L’occasion de raconter sur un ton naïf que « Ça me rend heureux d’être là. J’adore jouer de la musique, ça me rend heureux. » De quoi provoquer l’hilarité dans la foule. « J’adore la France et je ne dis pas ça pour vous lécher le cul, ça vous le faites très bien vous même » poursuit-il. Une leçon de français permet à son complice d’apprendre qu’en français « gay » se dit « gay » et de commenter sa surprise en ayant découvert que « pee » se dit « pipi ». Au milieu de bêtises et d’humour, au cœur d’un show complètement à part, de titres évoquant l’amour et la nourriture parce que la nourriture c’est quand même cool, la formation touche quelque chose du doigt.

Le punk est l’arme ultime de la liberté, du je-fais-ce-que-veux mais il est aussi une arme engagée. Libres de porter une robe sur scène, et ce sans un froncement de sourcils dans la salle, les compères remercie l’assistance d’être si gentille, « Aux USA, on est pas traités comme ça ! ». Gentille ? Peut-être, même sous le charme. « Tu es magnifique ! » lance quelqu’un dans l’assistance « Merci mais je suis juste comme toutes les américaines ! On est juste des américains normaux et comme tous les autres. » s’amuse à lancer le frontman.

La fin du set, qui se fait sans le bassiste, congédié juste avant, est l’occasion de chanter contre les fachos. « On va tous chanter ensemble et à chaque fois qu’on chantera un facho mourra. Ça vous paraît fun ? » A en croire les cris de l’assistance, la réponse est un grand oui! Tous jeunes et moins jeunes, femmes, hommes, rockeurs, ou pas, tous sans exception chante, danse. La communion est totale, les différences n’existent plus. Il reste des choses à défendre. Le punk est toujours là et rien que pour ça, ça en vaut la peine.

 

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