Cinq ans après le brillant Social Cues, Cage the Elephant revient enfin avec un nouvel opus, le non moins réussi Neon Pill. Peut-être moins original que n’ont pu l’être les précédents albums de la formation américaine, l’ensemble n’en est pas moins brillant. Comment cela se fait-il ? Si la pilule est un remède (pharmakon en grec) pour certain, elle est un poison (aussi pharmakon) pour d’autre. Décorticage d’une potion dont le paradoxe une fois résolu permettra d’accorder à ce nouveau disque tout le mérite qui lui revient.cage_the_elephan_neon_pillUNE ORIGINE MOINS ORIGINALE

 

La superbe réussite de Cage the Elephant depuis près de vingt ans de carrière est d’avoir proposé au fil de chacun de ses albums, une direction artistique résolument variée et singulière. Du garage rock bien américain de leur premier album aux tendances plus noisy de Thank you, Happy Birthday jusqu’à l’indice pop de Tell me I’m pretty, Cage the Elephant a toujours avancé à mille à l’heure, n’hésitant jamais à conjuguer les genres dans leurs compositions. Seulement voilà que Neon Pill fait exception et s’inscrit clairement dans la continuité de Social Cues. 

À LA SAUCE CAGE THE ELEPHANT

Observons donc: discrète déception provoquée par l’identité moins singulière de ce nouvel effort mais réussite absolue quand même, mais comment ? Il s’avère seulement que Cage the Elephant a beau ne pas avoir exploré des contrées particulièrement étrangères à ses précédentes compositions, les titres de l’album sont singulièrement aussi réussis que toute autre chanson du groupe. De la construction étonnante de Shy eyes à cet outro détonnant de Float into the sky, chaque titre réserve son lot de surprise. Mais surtout, la recette commune à chacun des albums de la formation se retrouve : de superbes ballades (Out loud), des titres aux refrains accrocheurs qui ne sauraient subir aucun oubli tant ils sont bons (Silent Picture, Metaverse). Voilà pourquoi cet album est vraiment très TRÈS bon.

UNE BRILLANTE ANTINOMIE

Si certain.e.s ont pu être déçu.es, c’est qu’en réalité Cage the Elephant n’a cessé de mettre la barre toujours plus haute au fil de ses albums. Ce qui est légèrement moins original dans l’économie de leur discographie est en réalité d’une qualité toujours épatante aux vues de toutes les productions de rock indé actuelles. C’est certain, ce n’est pas le meilleur album de Cage the Elephant (Melophobia sera-t-il un jour détrôné ?), mais c’est déjà un des meilleurs albums de cette année. Pourquoi ? Parce que Cage the Elephant est un des groupes les plus ingénieux, sensibles et irradiant de beauté qu’ait connu le XXIe siècle. Ainsi, si leur talent habituel n’a peut-être pas été autant au rendez-vous que certains l’auraient souhaité, il n’a que peu d’égal dans le décor musical actuel, et ce même avec tout ce que j’ai souligné précédemment. Parvenir à faire d’un de ses moins bons albums un des meilleurs albums de l’année, c’est prodigieux quand même non ?


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