Tag

allociné

Browsing
Romy (Nicole Kidman) dans "Babygirl" de Halina Reijn (2025)
Romy (Nicole Kidman) dans « Babygirl » de Halina Reijn – 2025

Babygirl est la sensation de ce début d’année 2025. Avec Nicole Kidman et Harris Dickinson, ce film veut s’éloigner du genre du thriller érotique, en imposant une nouvelle vision du Female Gaze. Babygirl sort en salles le 15 janvier prochain et met en scène les désirs secrets d’une riche femme d’affaire. Alors, est-ce que ça vaut le coup ?

SCENES FROM A MARRIAGE…

Babygirl ouvre sur des gémissements, aigus, rapprochés qui résonnent avant même que les premières images du film n’apparaissent. Gros plan sur le visage de Romy (Nicole Kidman) en plein ébat. Et dès lors, les sons ne semblent pas correspondre à la bouche qui les produit. Quelque chose de contraint, simulé, qui veut faire plaisir à celui qui est en face. Celui qui est en face d’ailleurs, on ne le voit pas tout de suite, son visage est flou, il pourrait être n’importe qui, ce mari qui ne satisfait pas sa femme. Sa femme, qui, elle se plie en quinze pour le rassurer dans sa masculinité. l love you, qu’on entend ce mari dire. Une remarque qui semble laisser Romy de marbre, puisqu’elle laisse un long silence passer avant de répondre.

Le silence est un personnage à part entière dans ce film. Il est nécessaire, il écrase, il domine, il ridiculise et transforme en chimères tous les désirs jugés inavouables d’une femme. Il apparait sous forme de tension sexuelle excessive, de longs moments passés sur son téléphone « à répondre à des mails de travail » plutôt que d’accorder une seconde d’attention au mari (qui n’est autre qu’Antonio Banderas), lui-même aussi chimérique qu’empirique. Le silence se brisera plus tard, à grands coups de cris rauques, bien loin des sons étouffés de l’ouverture. Alors, comment se brise-t-il, ce silence ?

Babygirl, BabyBoss

Supposons que vous soyez une riche femme d’affaire à la tête d’une entreprise de robotique. Vous avez un mari aimant, deux adolescentes qui sourient (à peu près) sur les photos, de grands yeux bleus, un penthouse à New-York et une maison dans les Hamptons. N’avez-vous pas la vie rêvée? Si vous avez vu des films dans votre vie, vous connaitrez la réponse : non, les riches, aussi, ont des frustrations.

En effet, malgré le succès de Romy et son American Dream personnel, quelque chose manque à l’appel. Une excitation, une distraction, du bruit pour briser ce silence qui trahit ses désirs. L’arrivée de Samuel, stagiaire mesurant (au moins) 1m90 vient embraser ce feu intérieur. Tout est tacite dans ce film, tout est évident, tout arrive exactement comment cela devrait arriver dans ce genre de situation. Il n’y a pas vraiment de surprise. On est sur un film qui veut faire frémir et trembler des genoux, mais pas à la manière d’un Wes Craven avec Scream, plutôt à la manière d’un Eyes Wide Shut ou d’un Basic Instinct. Ou d’un Fifty Shades…

L’intrigue n’est donc pas la surprise qu’elle pense être. Le film n’est pas la claque qu’il pense être. L’intrigue, rappelons-là en quelques mots : une femme puissante, tout en haut de la chaîne alimentaire se rend compte qu’elle aime être… dominée. Et le dominant en question est le stagiaire de 20 ans, et qui la domine en partie « parce qu’il peut la faire descendre en un appel aux RH ». Dit comme ça, c’est pas très sexy, c’est juste de la coercition et du chantage.  Le commentaire sur l’inversion des rôles en est donc presque intéressant ; après tout, comment aurions-nous réagi à ce film s’il s’agissait d’un homme puissant qui se ferait dominer par une stagiaire de 20 ans? Oh, attendez, c’est le discours qu’on essaye de servir à chaque fois qu’une situation similaire a lieu. À jeune femme trop affriolante, vieil homme trop influençable, etc.

Romy (Nicole Kidman) et Samuel (Harris Dickinson) dans "Babygirl" de Halina Reijn - 2025
Romy (Nicole Kidman) et Samuel (Harris Dickinson) dans « Babygirl » de Halina Reijn – 2025

Female Gaze or Freudian Gaze? 

Par ailleurs, la psychologie des personnages manque trop de substance pour ressentir une quelconque empathie ou pitié ou quoique ce soit d’autre. Alors, on ressent vite de la gêne face à Babygirl, ce film aux tendances un peu trop voyeuristes pour plaire à tout le monde. Certain.es en ressentiront émoustillé.es, je n’en doute pas, d’autres en ressortiront plus circonspects. Qu’a bien essayé de dire la réalisatrice à travers Babygirl ? Que la personnalité d’une femme puisse être fragmentée en plusieurs aspects ? Que la boss au travail a besoin d’un boss au lit ? Que les femmes aussi peuvent abuser d’hommes plus jeunes ? Jusque là, rien de bien nouveau.

La question du pouvoir est centrale dans l’intrigue du film. Qui a le vrai pouvoir ? Elle ou Lui ? On a du mal à imaginer que ce stagiaire de 20 ans qui se balade avec des cookies dans sa poche pour apaiser les gros chiens puisse réduire en soumission une femme d’affaire de plus de 30 ans son aînée. Et pourtant, si. Et en même temps, non, c’est ambigu.  Lorsqu’il est question d’abus de pouvoir de la part de Romy sur Samuel, celui-ci nie avec une assurance et un aplomb quasi suspects. Et l’absence d’information sur la psychologie de ce dernier offre au film une part d’ombre qui ne se compense par aucune de ses parts de lumière.

VERDICT ?

Babygirl n’est pas un mauvais film, mais ce n’est pas un bon film non plus. Il n’est juste pas aussi novateur qu’escompté. En 2025, on sait que les femmes ont une sexualité aussi débordante que les hommes, si tant est que deux types de sexualité puissent se comparer. Le sujet a déjà été (mieux) traité par le passé : la sexualité féminine au cinéma n’est pas nouveau. Il suffit de chercher. La nouveauté vient du fait qu’aujourd’hui ce genre de films soit un évènement, attendu, plusieurs mois avant sa sortie.

Et pour finir, Nicole Kidman est sublime, on le sait depuis toujours. Alors, que viennent faire tous ces parasites et ces injections dans son visage? Si le propre d’un acteur est de nous faire ressentir des émotions, comment peut-il exprimer quoique ce soit si son visage est complètement impassible? Le jour où on laissera vieillir les femmes  tranquillement, peut-être les laissera-t-on enfin avoir la sexualité qu’elles méritent.


The-Substance-Margaret-Qualley

The Substance : Quand le body horror vient percuter Hollywood et ses travers

Faisant particulièrement parler de lui outre Atlantique, après un Prix du Scénario lors du dernier…

Challengers de Luca Guadagnino avec Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist

Challengers de Luca Guadagnino : Grand Chelem pour le cinéma (critique)

Le 24 Avril, le dernier bijou de Luca Guadagnino, Challengers, sort en salles en France. Avec…

Dégueuli féodal et dialectique hégélienne pour Sans Filtre (Triangle of Sadness)

Palme d’or de Cannes 2022, Triangle of Sadness ou Sans filtre en français comme nos traducteurs…

Dans le cadre du Club 300 d’Allociné, projeté au Forum des Images, était présenté Scandale, le nouveau film de Jay Roach (la trilogie Austin Powers mais aussi le plus sérieux Dalton Trumbo) avec en tête d’affiche rien de moins que Nicole Kidman, Charlize Theron (nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice) et Margot Robbie (nommée pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin). Le sujet du film parlant de harcèlement sexuel dans le monde des médias étant plus que jamais d’actualité, comment Scandale, 3 nominations aux prochains Oscars, l’aborde t-il ? Critique

scandale affiche film 2020

Scandale : De quoi ça parle ?

Quelques temps avant l’élection présidentielle américaine de 2016. Fox News, la chaîne d’infos phare des conservateurs américains est plus que jamais populaire alors que prend de plus en plus forme les chances d’un certain candidat populiste du nom de Donald Trump… Dirigé par Roger Ailes (John Litghow, méconnaissable), son fondateur, Fox News est en pleine lumière alors que les idées qu’elle propage depuis des années semble conquérir le pays. C’est pourtant à ce moment là que tout va voler en éclat pour Ailes. Gretchen Carlson (Nicole Kidman), présentatrice dont l’aura au sein de Fox News n’aura eu de cesse de chuter ces dernières années et récemment mise à la porte accuse son ancien PDG de licenciement abusif et harcèlement sexuel. Megyn Kelly (Charlize Theron), intervieweuse star de la chaîne qui s’est illustrée récemment lors d’une passe d’armes avec Donald Trump, hésite sur les conséquences que cela aurait pour sa carrière de briser « la loi du silence ». Kayla Pospisil ( Margot Robbie), jeune journaliste dont l’ambition veut lui faire franchir les étapes à toute vitesse est rapidement confrontée à ce que cela implique quand on est une femme travaillant à Fox News… Trois portraits de femmes confrontés aux ravages du sexisme et du harcèlement au travail.

Scandale : Est ce que c’est bien ?

Charlise Theron, Margot Robbie et Nicole Kidman pour le film scandale 2020

Les premières minutes de Scandale ne sont pas forcément à son avantage sur deux points. Tout d’abord, la mise en avant du contexte de montée en puissance du candidat Trump fait redouter un brûlot politique, là ou on l’on pouvait s’attendre à une histoire plus centrée sur le cas précis de Roger Ailes et ses méfaits au sein de Fox News. Enfin, la mise en scène de Jay Roach ne brille pas pour illustrer les idées du script de Charles Randolph (présentation par le personnage de Charlize Theron des coulisses de Fox News face caméra flirtant avec le quatrième mur tombant à plat). A présenter factuellement les parcours des trois protagonistes dans sa première partie (Nicole Kidman qui est poussée de plus en plus vers la sortie, Charlize Theron qui doit arrondir les angles avec Trump notamment pour continuer d’être en tête d’affiche de la chaîne, Margot Robbie qui gravit les échelons), Scandale fait redouter de n’être qu’un « procedural » comme tant d’autres, dont l’enjeu serait le verdict du futur procès à venir de Roger Ailes.

 

Et pourtant tout se joue lors d’une scène. La scène charnière de tout le film. Le personnage de Margot Robbie parvient à obtenir ce qu’elle désirait tant : obtenir un entretien avec Roger Ailes. D’apparence anodine, la situation dérape peu à peu, le personnage de Litghow, de prime abord paternaliste demandant à la jeune présentatrice de faire un tour sur elle même. Puis de lui montrer ses jambes. Puis de remonter encore et encore sa jupe… Le vice du regard de Litghow et le visage de Robbie s’exécutant tout en cherchant à contenir ses larmes naissantes suffisent à glacer littéralement le sang.

 

A partir de là, comme un symbole, le personnage de Kayla Pospisil incarnée par Robbie étant fictif et faisant office d’archétype, la chute de Roger Ailes. Comme une fois de trop. Peu importe, que lors d’une scène, le personnage de Charlize Theron relativise le caractère « monstrueux » en évoquant tout les bons cotés, notamment la générosité en tant que patron de Fox News que Ailes a pu avoir pour d’autres salarié-e-s. Peu importe que le personnage de Nicole Kidman n’ait rien de la victime au sens traditionnel du terme, étant montré qu’elle préparait sa revanche depuis longtemps et attendait le premier faux pas de ce dernier ( son licenciement abusif) pour lancer les hostilités et le mettre à bas. Et le film prend alors des allures de symbole : il ne s’agit -presque – plus de la lutte  judiciaire de Gretchen Carlson contre son ancien employeur, il s’agit de montrer les prémisses de ce qui une poignée de mois plus tard, suite à la tristement célèbre affaire Weinstein, deviendra le mouvement #MeeToo. La fin du silence et la mise à mal du système patriarcal. Pour les excellentes prestations de son trio de têtes d’affiches, Scandale était un film hautement recommandable. Pour la nécessité de son sujet et la justesse de son traitement, Scandale en devient un film essentiel.

1917 : Une odyssée guerrière en forme de survival par Sam Mendes

Dans le cadre du Club 300 d’Allociné était projeté au Forum des Images 1917, la…

Les Misérables : Training Bastille Day

Dans le cadre du Club 300 d’Allociné, était projeté au Forum des Images, Les Misérables,…

Green Book 2018 film

Green Book, Viggo Mortensen et Mahershala Ali percutants dans un road-trip drôle et émouvant.

Premier film écrit et réalisé sans son frère Bobby, Peter Farelly, le réalisateur de Four…

Green Book 2018 film
(L to R) MAHERSHALA ALI and VIGGO MORTENSEN star in Participant Media and DreamWorks Pictures’ « Green Book. » In his foray into powerfully dramatic work as a feature director, Peter Farrelly helms the film inspired by a true friendship that transcended race, class and the 1962 Mason-Dixon line.

Premier film écrit et réalisé sans son frère Bobby, Peter Farelly, le réalisateur de Four d’Irene, Dumb and Dumber ou encore Mary a tout prix, nous livre un film aux antipodes de ses comédies potaches. Green Book, dont la sortie française est prévue 23 janvier 2019, est un road movie calibré, mais émouvant et sincère.

Porté à l’écran par Viggo Mortensen (Seigneur des anneaux, a History of violence, Captain Fantastic pour n’en citer que trois) et Mahershala Ali (acteur oscarisé pour Moonlight), le film a remporté le Prix du public au festival de Toronto 2018, et est également nominé aux Golden Gobles 2018, notamment pour les prix de meilleur acteur dans le premier et second rôle.

Nous avons eu la chance de le voir en avant-première en France ce 7 décembre 2018. Venu pour l’occasion présenter son film, Viggo Mortensen a pris quelques minutes pour expliquer sa difficulté première à se trouver légitime pour incarner un homme italo-américain puis sa décision de participer à ce film dont l’action se déroule dans les années 60 en pleine ségrégation américaine. Un film historique, mais dont les enjeux et les thèmes sont plus que jamais d’actualité nous rappela-t-il.

Un road movie classique qui fonctionne à merveille.

Green Book 2018 film

L’histoire ? Tony Lip est un employé de boite de nuit qui à l’habitude de gérer des situations musclées. Père de famille dévoué, il use de la verve pour arriver à ses fins. Alors qu’il doit trouver du travail, il reçoit une proposition pour un poste de chauffeur. Il découvre qu’il devra conduire et protéger Don Shirley, homme noir et prodige de la musique, lors d’une tournée de son trio sur les routes du Sud en pleine ségrégation.

Inspiré de la véritable histoire de Tony Vallelonga et Don Shirley, le film se présente sous la forme la plus classique des road movies américains. Deux hommes que tout semble opposer vont être contraints de passer huit semaines en compagnie l’un de l’autre. Si le scénario ne révolutionne le genre, la combinaison ne peut que piquer notre curiosité.

Tony est un homme blanc italo-américain du Bronx au revenu modeste ayant des préjugés raciaux sur les hommes noirs, mais sa générosité et son intelligence nous est montrée dès le début. Don Shirley est un homme raffiné et riche cachant mal sa solitude et sa soif d’amitié.

Le film renverse d’emblée la norme de l’époque : un blanc conduit un noir qui plus est cultivé et aisé. Le film nous entraine alors sur un autre itinéraire, celui de la découverte de l’autre, mais aussi de la violence qui perdure dans leur propre pays sur les routes du Sud. Iowa, Caroline du Nord, Mississippi. Plus Tony apprend à connaitre Don, plus les dangers les guettent.

Un jeu d’acteur renversant pour un film rempli d’espoir

Green Book 2018 film

La force du film tient de deux éléments : le rythme et le jeu des acteurs. Issu de la comédie (grasse ?) américaine, Pete Farelly offre ici un film élégant, mais aussi très drôle au sens du rythme hérité de ces comédies. Tout en finesse, Farelly pose les bases de cette amitié en jouant sur les contrastes et sur les caricatures de la culture américaine. Mais ces moments ne seraient pas aussi aboutis sans les jeux excellents de Mahershala Ali, brillant en pianiste génial luttant pour sa dignité et dont la solitude et la sensibilité ne sont que plus touchantes face à Viggo Mortensen, italien new-yorkais direct, sans compromis, mais non dénué de coeur.

Le scénario s’amuse de tous les antagonistes : noir/blanc, riche/pauvre, honnête/filou, patron/employé, cultivé/homme de la rue. Au fil de la route, le personnage de Tony découvre une Amérique raciste et hypocrite qu’il a toujours côtoyée sans en comprendre la portée. Compréhension qui arrivera par la construction de sa relation avec le personnage de Don Shirley, génie toujours réduit à sa couleur de peau et que la société prive de ses libertés fondamentales.

L’humour passe tout au long du film uniquement par les personnages, là où leur environnement n’est que façade et violence, et la réalisation joue la carte de l’émotion sans être intrusive ou dans le pathos. Face à cet humour, les moments dramatiques sont d’autant plus forts, glaçants et perturbants.

Sans jugement, ni drama, grâce à ce ton juste, drôle et optimiste, Farelly remet l’humain au centre de notre société. Il nous en rappelle sa complexité, mais aussi sa beauté. Green book est un film accessible qui invite à réfléchir à notre ouverture d’esprit tout en nous faisant rire. Indispensable par les temps qui courent.

Green Book - Official Trailer

L’île aux chiens : Un conte aux riches influences ( critique du dernier film de Wes Anderson)

Après avoir fait l’ouverture de la dernière Berlinale, « L’île aux chiens », le dernier…

affiche Ready Player One Steven Spielberg 2018

Ready Player One de Steven Spielberg: le maître rend hommage à la pop culture et crée un Blockbuster incontournable (critique du film)

Nous sommes en 2018 et le nouveau Steven Spielberg,  » Ready Player One « , dont…

« Mother! » ou quand Aronofsky lâche prise et signe l’oeuvre what the fuck? de la rentrée

Mother! et ses 1000 promesses. Le dernier film signé Darren Aronofsky était des plus attendus. Déjà…