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Penelope Bonneau Rouis

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Kevin Heartbeats par Anatole Chartier

Inspiré par les scènes Bedroom Pop et DIY américaines et britanniques, Kevin Heartbeats propose une musique sentimentale et auto-réflective. Il a récemment sorti un morceau « I.C.U ». Retour sur ce jeune artiste prometteur. 

Tout droit sorti d’études scientifiques, le jeune musicien et producteur trouve l’inspiration de sa musique dans les scènes d’electro et bedroom pop. Celles-ci le poussent à composer des morceaux expérimentaux aux sonorités soft rock qui flirtent avec l’electro dans le confort de sa chambre.

Nous avons pu découvrir Kevin Heartbeats sur la scène de la Boule Noire pour un set intimiste le 8 juin dernier à l’occasion des Inrock Super Club. Sur scène, malgré une légère timidité, Kevin parvient à entrainer un public attentif dans son univers à la fois mélancolique et optimiste. Il confiera d’ailleurs non sans humour avoir appris la guitare en même temps que la sortie de Guitar Hero. Il a ensuite découvert un logiciel qui lui permettait de jouer avec la manette-guitare du jeu et ce soir-là, il nous a montré le fruit de son travail, manette en main.

I.C.U. sorti en mars 2023

En mars 2023, il dévoile son morceau « I.C.U ». Un morceau optimiste et contemplatif, composé en collaboration avec le producteur Schumi1, avec qu’il avait déjà collaboré sur « Soothed » en 2022. Au sein de « I.C.U », le musicien cherche à s’éloigner un peu de la formation classique « guitare-voix » en apposant sa patte expérimentale.  Pour le citer : « C’est un morceau introspectif qui s’adresse aux personnes qui manquent confiance en elles, en parlant du bien que l’on a tendance à projeter sur les autres, et à l’inverse du mal que l’on a tendance à projeter sur soi. »

Il a également collaboré sur le dernier titre de Bolides, « Été Amer ».

Si Kevin Heartbeats a déjà sorti plusieurs morceaux depuis deux ans, dont un EP, il nous tarde de voir ce que  ce jeune artiste nous réserve pour les années à venir.


Pitou par Rayan Nohra

La chanteuse néerlandaise Pitou a sorti son premier album, Big Tear, le 24 Mars dernier. Passionnée de musique classique  depuis sa jeunesse, elle a crée au sein de cet album, un univers poétique et décalé. Retour sur cette jeune artiste pleine de talent. 

Commençons par éclaircir les choses. Au cas où vous vous posiez la question, oui, Pitou, c’est son vrai prénom. Là où en français, ce nom évoque plutôt le sobriquet d’un bichon maltais ou d’un doudou d’enfance; aux Pays-Bas, Pitou est un prénom comme un autre. Ça, la chanteuse ne manquera pas de nous le rappeler lors de son concert au Pop Up du Label en avril dernier où nous avions eu l’occasion de la découvrir. Sur la petite scène du Pop Up, Pitou et son groupe sont un peu à l’étroit : un saxophoniste, une bassiste, un batteur, un claviériste et la voix surpuissante de Pitou qui englobe la salle entière, laissant le public médusé.

Mais d’abord, qui es-tu Pitou ?

Qui es-tu, Pitou ?

Née aux Pays-Bas, Pitou a été, dès le plus jeune âge, très influencée par la musique classique et les musiques du monde. Dès l’âge de neuf ans et ce jusqu’à ses seize ans, elle a fait partie d’une chorale d’enfants et s’est produite un peu partout en Europe. Elle a même l’occasion de chanter au baptême de Catharina Amalia, la princesse des Pays-Bas.

Cet amour  pour la musique classique continue de transporter Pitou aujourd’hui. Son premier album,  sorti le 24 mars dernier, est une collection riche et tendre de morceaux infusés de pop indé et de musique classique. Le mélange est parfait, créant un univers original où des instruments classiques et des synthés se mêlent.

Big Tear, sorti le 24 mars 2023

Un souvenir ancré

Dans Big Tear, Pitou plonge dans ses souvenirs et explore différentes sonorités pour créer un album à son image. Désireuse de « s’éloigner de la guitare systématique », elle compose la plupart des morceaux au piano ou à l’aide de logiciels. L’album rappelle un souvenir d’enfance, lorsqu’elle vit pour la première fois un oiseau mort. L’instant lui est suffisamment marquant pour inspirer le titre de l’album, Big Tear, évocateur d’une grosse larme de tristesse.

Si l’album a été auto-produit, Pitou a fait appel au producteur PJ Maertens (qui a notamment collaboré avec Tamino) qui a co-produit Big Tear.  Ensemble, ils ont enregistré le SunSunSun String Orkestra, un orchestre qui utilisent des instruments baroques. Les membres du groupes, Mischa Porte (batterie), Marc Alberto (saxophone), Lieke Heusinkveld (claviers) et Jasja Offermans (basse) ont chacun apporté leur pièce à l’édifice, créant ainsi un album aux influences diverses.

C’est au travers de cet album plein de charme que Pitou se dévoile et nous laisse découvrir un pan de son intimité. Une artiste à découvrir et à suivre.


Lors d’une tournée de dernière minute, le chanteur irlandais Hozier est passé par l’Alhambra le 21 avril 2023. En 1h30 de concert, Hozier a réussi l’exploit de subjuguer une foule constituée aussi bien de fidèles que de fraichement converti.es. Revenons sur ce très beau moment. 

a concert for tea-time

Il est 19h quand on entre dans la salle et 19h02 quand les lumières s’éteignent. Les plus couche-tard froncent déjà les sourcils, la salle n’est pas encore tout à fait remplie. Mais pas de panique, il s’agit de la première partie.  Áine Deane, jeune londonienne seule avec sa guitare, nous entraîne dans son univers doux et poétique (et qui veut en découdre avec son ex). Une bien jolie découverte.

À 19h30, Áine Deane quitte la scène et la salle est déjà un peu plus remplie. Il y a dans l’air une électricité quasi tangible qui se crée, une excitation gonflée d’appréhension et d’impatience. Voilà presque quatre ans que Hozier ne s’est pas produit dans la capitale. Et ce concert, programmé semble-t-il en dernière minute, réunit un public hétérogène où chacun semble être tombé sur l’annonce de cette date un peu par hasard. Car Hozier n’a fait aucune promotion pour cette tournée sur ses réseaux sociaux et en a annoncé une autre, ultérieure, en juillet 2023. Un concert de mise en bouche, comme diraient les français.

Jesus is back and he’s Irish

À 20h, heure à laquelle Catherine Laborde, dans le temps, annonçait la météo de la semaine, Hozier monte sur scène. Il est très grand. Le public hurle et sans lui laisser le temps de reprendre leurs esprits, Hozier débute son set avec « Eat Your Young », issu de son dernier EP du même nom sorti le 17 mars dernier en prévision de son premier album qui sortira l’été prochain, Unreal Unearth. 

Les chansons s’enchaînent, de morceaux plus récents aux tubes de ses premiers albums, le public est conquis et chante en choeur avec lui. Il ne chantera cependant que deux morceaux inédits dont « Francesca » qui devrait sortir très bientôt.

 

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L’homme aux mille guitares

Il n’est pas inhabituel à un concert de voir une connexion entre le public et l’artiste sur scène. Ce concert ne fit pas exception à la règle et fut particulièrement fort sur ce plan-là. En effet, dans le public, ça chantait, ça pleurait, ça dansait, ça se prenait dans les bras, et pour d’autres, ça ravivait une petite nostalgie de 2014… Hozier, plus chanteur que bavard, nous remercia dans son français approximatif et son accent irlandais.

Sur scène, il n’y a plus beaucoup de place. Trois guitaristes – dont Hozier lui-même qui change de guitare pour chaque morceau- une violoncelliste, une claviériste, un violoniste -aussi guitariste-, un batteur… Au beau milieu du set, le groupe laisse d’ailleurs Hozier respirer et prendre un peu plus de place sur la scène. Le voilà seul, avec sa (l’une de ses) guitare acoustique, à chanter « Cherry Wine ». Le public, pour quelques minutes à peine, restera silencieux, pour mieux l’écouter. L’instant est d’une beauté pure.

Hozier took us to church

En dernier morceau avant le rappel, Hozier chante celui que tout le monde – consciemment ou non- attendait : « Take Me To Church« . Cette chanson avait  propulsé l’irlandais sur l’avant-scène folk en 2014. Il y avait quelque chose d’assez inoubliable dans sa prestation. L’émotion de la soirée était à son climax. Pour la première fois depuis le début du concert, Hozier lâche sa guitare et déambule sur la scène, s’approche du public, regarde dans les yeux les gens du premier rang, frappe sa poitrine du poing, s’époumone. On sent dans cette performance, l’émotion d’un artiste encore incrédule du succès colossal qu’une seule chanson lui a permis d’acquérir.

Le temps de la reconnaissance

Il quitte la scène sous les clameurs d’un public encore sonné par ce qu’il vient d’entendre. Lors du rappel, Hozier remerciera et présentera toute son équipe, ses acolytes de scène, son manager, les techniciens. Tout le monde sera remercié et nommé et on ne peut que saluer cet acte.

Il terminera son set en soulignant que le drapeau irlandais tricolore a été offert au révolutionnaire irlandais Thomas Francis Meagher par trois femmes françaises. Les sources sont à revérifier, mais l’air assuré d’Hozier fonctionne aussi comme source sûre et fiable.

Hozier repasse à Paris le 18 Juillet prochain à l’Olympia pour un concert à guichets fermés.


Hozier – Eat Your Young (2023)

Le 17 Mars dernier, l’irlandais Hozier sortait son nouvel EP Eat Your Young en avant-goût pour un LP, Unreal Unearth qui sortira l’été prochain. Quatre ans après l’excellent Wasteland Baby! Hozier revient plus sombre que jamais avec un EP dantesque et mélancolique. 

Saint-Hozier

Pour beaucoup, le 17 mars rime avec vert, bière et Patrick, mais pour Hozier, 17 et mars riment avec bougie, Dante et cannibalisme. Car sorti le jour de son anniversaire, le nouvel EP Eat Your Young fait référence au texte A Modest Proposal de Jonathan Swift dans lequel il invite les pauvres à vendre leurs enfants aux riches pour qu’ils puissent se nourrir durant les famines en Irlande. Evidemment, c’était une satire… enfin on espère.

Les trois morceaux « Eat Your Young », « All Things End », « Through Me (The Flood) » réfléchissent chacun leur tour sur la condition humaine fondant leur inspiration sur l’Enfer de Dante, le deuil et la Bible. Si cet EP devait avoir une morale, un trait : l’existence ne peut être vécue sans deuil et perte(s).

Inferno?

Chaque morceau s’inscrit toujours aussi parfaitement dans l’univers imagé et macabre de l’Irlandais. Cet univers sombre et poétique qui nous avait tous charmés déjà en 2014 avec son premier album Hozier et qu’il avait ravivé en 2019 avec le très bon Wasteland, Baby! revient en très grande forme avec Eat Your Young. 

Dans « All Things End« , le deuxième morceau de l’EP, Hozier réfléchit et se lamente sur la fin inévitable d’une relation en y ajoutant un commentaire plus optimiste de renouveau : « but we begin again »; et révélant ainsi le rythme cyclique de l’existence.  Le morceau se montre plus lent, moins enjoué que « Eat Your Young« , et mettant une emphase sur les paroles. Mais il y a quelque chose de rétro à ce morceau, une inspiration 80s plus ou moins lointaine et peut-être l’impression d’avoir déjà entendu un morceau comme celui-ci au moment du refrain.

Cet EP arrive ainsi comme un amuse-bouche qui nous fait patienter gentiment. Êtres avides et voraces que nous sommes, on aurait voulu plus, bien plus, tout de suite, plus tôt même. Mais aucune crainte, le nouvel album, Unreal Unearth, arrive ! On a juste pas la date exacte (il est question de « fin août » selon certaines sources). Une chose est cependant sûre, Hozier sait nous mettre l’eau à la bouche. Mais pas suffisamment pour en manger nos enfants.

L’artiste se produit le 18 juillet prochain à l’Olympia.