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Penelope Bonneau Rouis

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Björk dans The Juniper Tree
Björk dans The Juniper Tree de Nietzchka Greene (1986)

Cette année, le Champs-Élysées Film Festival met les Tueuses à l’honneur. Si l’an dernier, le thème était Girl Power, le pouvoir des femmes est monté d’un cran. Sorcières, vampires, meurtrières et fantômes, voici le thème de cette année : Les Tueuses. Dans le cadre du Gaze Ciné Club, le Champs-Élysées Film Festival a projeté le petit bijou oublié du cinéma islandais : The Juniper Tree de Nietzchka Keene, sorti en 1990. 

Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n’avez pas brûlées

« Pourquoi il y a ce cimetière de cinéastes féminines ? » déplore Rebecca Zlotowski, réalisatrice, en ce premier jour du Champs-Élysées Film Festival. La réponse est tacite. Comme dans de nombreux domaines artistiques, la place de la femme, est reléguée au second plan dans le meilleur des cas, et complètement ignorée et oubliée dans les pires. Il est facile de penser que si on parle si peu d’artistes féminines, c’est parce qu’il n’y en a pas, ou peu. Ce phénomène n’est pas nouveau, il perdure à travers les époques.

Cette année donc, le Champs Elysées Film Festival met le gore et l’horreur à l’honneur. Avec sa programmation 100% féminines (en protagonistes seulement, mais c’est un beau début), le CEFF projetait des classiques angoissants sur un thème commun « Les Tueuses. » Parmi cette sélection, on a pu revoir Possession, Ginger Snaps, Drop Dead Gorgeous et encore The Juniper Tree. 

The JUNIPER TREE

Quand nous étions sorcières était donc la première projection de cette catégorie. Tourné en 1986 mais sorti en 1990, ce film de Nietzchka Greene a récemment était redécouvert et remasterisé.  Si le film a un cast 100% islandais, les dialogues sont en anglais, difficile donc de le rendre plus accessible! Dans ce film, on peut y voir une jeune Björk d’à peine vingt ans, à l’aube de sa reconnaissance internationale.

The Juniper Tree s’inspire d’un conte des frères Grimm, le Génévrier. Deux soeurs sorcières en fuite après la condamnation à mort de leur mère pour sorcellerie. L’une connait les plantes, l’autre voit les morts. L’univers médiéval est ésotérique, aussi angoissant qu’attirant. La première soeur séduit un veuf et le fils de celui-ci se méfie d’elle. Il crée tout de même un lien fort avec la deuxième soeur (jouée par Björk), l’entrainant jusque sur la tombe de sa mère, sous le genévrier.

CulT CLASSic

Si le rythme du film est lent et peut présenter quelques longueurs, son atmosphère  lui donne assez facilement le titre du cult classic. En à peine 1h20 et quelques dialogues épars, le film aborde de nombreux thèmes : le deuil, la sororité, la sorcellerie, la séduction, la solitude, la mort… Très évocateur que ce petit film oublié donc.

Les performances sobres de ce cast réduit sont puissantes et tragiques. Les dialogues murmurés par la voix inimitable de Björk offre au film une qualité poétique indéniable. Un film à découvrir ou à redécouvrir.


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Chelsea Wolfe à l'Élysée Montmartre, le 4 juin 2024 @Pénélope Bonneau Rouis
Chelsea Wolfe à l’Élysée Montmartre, le 4 juin 2024 @Pénélope Bonneau Rouis

Semaine de fête sur le Boulevard Rochechouart. Le lendemain du magnifique concert d’Ethel Cain au Trianon, la grande Chelsea Wolfe se produisait à l’Élysée Montmartre. En une heure et demie de concert, l’américaine a fait offrande à un public de passionné.es, d’une musique aussi fascinante que profondément originale. Alors, sortez vos robes noires et vos bottes les plus hautes, les filles, c’est l’heure du Sabbat.

Chelsea Wolfe serait une artiste bien difficile à classer. Sa musique se place à la croisée d’influences métal, gothiques, electro et dark folk. Celle qui se produira au Hellfest d’ici la fin du mois de juin est une artiste insaisissable et mystérieuse qui fascine le monde de la musique depuis près de 15 ans. Très productive, elle a sorti au cours de cette période, près d’une dizaine d’albums, dont le dernier She Reaches Out to She Reaches Out to She est sorti en février 2024.

Le rock, c’est ponctuel

Dans la salle, le public est très hétérogène, à l’image de la diversité des influences de Chelsea. Mais on a à peine le temps d’observer les gens que les lumières s’éteignent. Il est 19h38 et avec 22 minutes d’avance, le trio islandais Kælan Mikla monte sur scène. Très witchy dans l’esthétique et les arrangements, leur musique prend des élévations new wave des années 80. Les cris de la chanteuse résonnent dans la salle, donnant à leur performance une dimension fantastique. De quoi bien préparer à l’arrivée de Chelsea sur scène.

Kælan Mikla à l'Élysée Montmartre, le 4 juin 2024 @Pénélope Bonneau Rouis
Kælan Mikla à l’Élysée Montmartre, le 4 juin 2024 @Pénélope Bonneau Rouis

Sorcière sorcière

Et c’est à 20h50 que les premières notes de « Whisper in the Echo Chamber » issue de son dernier album démarrent. Chelsea Wolfe apparait sur scène, vêtue d’une robe noire découvrant ses épaules tatouées. Le public hurle à son arrivée. Le coven est en transe pour accueillir sa reine.

Comme lors d’une messe, le public reste silencieux lorsque Chelsea Wolfe interprète ses morceaux, pour mieux l’applaudir une fois le morceau fini. Le son est si bien réglé que la voix de Chelsea se transporte à chaque recoin de la salle. L’écran derrière elle diffuse des sacrés-coeurs, des serpents, des flammes.

Pour tous les goûts

Au cours de cette heure et demie de concert, le public parisien a eu la chance d’entendre l’intégralité du dernier album de Chelsea Wolfe. L’occasion de mieux redécouvrir ce dernier bijou.  Mais les fans de la première heure n’ont pas été en reste puisque Chelsea a été plonger dans tous les recoins de sa discographie avec des morceaux comme « Feral Love », « Deranged for Rock’n’Roll » ou encore « Survive ». Le moment le plus fort du concert reste très certainement, sa performance acoustique de « Flatlands » seule sur scène.

Après un rappel où Chelsea Wolfe n’a chanté qu’un morceau, « Be All Things » issu de son album « Birth Of Violence », la grande prêtresse quitte la scène sous les clameurs d’un public désireux d’en entendre davantage. L’apparente réserve de la chanteuse a créé un concert en demi-teinte où l’échange avec le public ne s’est jamais réellement mis en place. Mais si elle avait été bavarde, peut-être que le mystère de son aura aurait été éventé.


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Solidays approche à grands pas ! À quelques semaines du festival le plus engagé de tous, Solidays promet comme chaque année un moment festif autour d’une programmation forte et de moments éducatifs sur la lutte contre le SIDA mais aussi de sujets qui lui sont chers : écologie, féminisme, lutte contre le racisme et l’homophobie. Mais Solidays c’est également le moment de l’année pour passer des folles soirées. Ces soirées là on les aime jusqu’à l’aube bébé ! Et pour les oiseaux de nuit, il est possible de prendre seulement son Pass Nuit. On t’explique tout ça !

Si l’an dernier, le festival affichait complet, ce devrait aussi bientôt être le cas sur l’édition 2024. Comme chaque année, Le festival a mis les petits plats dans les grands, s’adressant à un public pluriel pour mieux faire plaisir aux attentes des festivaliers.

Cette année, il faudra réserver ses 28, 29 et 30 juin. D’autant plus qu’on retrouvera sur scène, pour n’en citer que quelques uns : Sam Smith, Louise Attaque, Mika, Werenoi, Charlotte Cardin, CMAT, Martin Garrix, Gazo & Tiakola, Pomme , PLK, ZOLA, et Anitta. 

Le pass nuit, pour toutes les folies

La nuit, le festival prend un second visage. Exit, le chillage dans l’herbe, il est temps de danser. Mieux que les meilleures des boites de nuits, la fête en plein air est follement exaltante. Savais-tu qu’il est possible de prendre uniquement un pass pour entrer sur le festival après les concerts des têtes d’affiches et le vivre autrement ? Evidemment l’évènement se tiendra jusqu’au petit jour et les artistes se succèderont pour te faire vivre un second évènement entre l’obscurité et les néons. Concrètement les pass dispos pour les soirées de vendredi et samedi.

Et côté programme ?

Le vendredi : Gazo & Tiakola, Laurent Garnier,  Trym présente Millenium, Acid Arab (live), The Blessed Madonna, La Darude, LTD, Sixtion, Viens La Fête & more

Le samedi : Diplo, Brutalismus3000, Creeds (live), Ed Banger Party Busy P & Guests, Urumi, Jetlag Gang, La Bug de l’An 2000, Halfpipe Records, Mézigue DJ Set, Mud Deep, GGGG,TDJ, Pretty Girl, & more…

Pour un pass nuit il faudra compter 35 euros. Rendez-vous ici pour réserver le tien. 


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Challengers de Luca Guadagnino avec Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist
Challengers de Luca Guadagnino avec Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist

Le 24 Avril, le dernier bijou de Luca Guadagnino, Challengers, sort en salles en France. Avec Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist, le film suit un triangle amoureux sur fond de tennis. Abordant le désir et la sensualité avec toute la délicatesse propre à Guadagnino, Challengers, est un film tout en tension, que celle-ci soit sexuelle ou articulaire… Une réussite.

CHALLENGERS : DE QUOI ÇA PARLE ?

Le film suit l’histoire de Tashi Duncan (Zendaya), ancienne génie du tennis et devenue coach de son mari Art Donaldson (Mike Faist). À la suite de plusieurs défaites de ce dernier, elle tente de le remotiver en l’inscrivant à un tournoi. Mais ça se complique lorsque son adversaire final s’avère être Patrick Zweig (Josh O’Connor), ancien meilleur ami d’Art et ex de Tashi.

Tourné comme un véritable match, où chaque dialogue est un combat, chaque interaction, une confrontation, Challengers est un film intense. Le rythme soutenu et abrupt de la narration ne laisse au spectateur aucun répit, qui s’abandonne complètement dans le tourbillon du match.

Est-ce que c’est bien ?

La particularité de ce film, c’est sa narration non-linéaire, où les matchs s’entrecoupent de flashbacks (ou vice-versa). Chaque scène s’opposant à la suivante, Challengers est tourné comme un match de tennis. La musique obsédante et quasi-omniprésente crée toute la tension autour des matchs qui ponctuent le film. Autre particularité, le contraste qui s’immisce un peu partout. L’arrogance de Patrick et le flegme d’Art, l’immobilité hors-terrain et les matchs intenses, brutaux.

Vendu comme un film « terriblement sexy », les scènes de sexe y sont pourtant très rares, si ce n’est inexistantes. Les matchs de tennis tiennent lieu de scènes d’amour où la tension du film y est à chaque fois à son paroxysme. Pour être plus exact, les matchs tiennent lieu d’expiation pour les trois personnages, que ce soit du désir, de la frustration, ou encore de la rage. Leur incapacité à s’exprimer mutuellement leurs émotions se retranscrit alors sur le court. L’usage de gros plans, d’un bruitage très présent (les respirations, des mains qui se touchent…),  les jeux de regards ou la sueur qui perle à grosses gouttes retranscrivent ainsi toute la tension érotique ou amoureuse entre les trois personnages bien incapables de se passer les uns des autres.

Codépendants les uns avec les autres, chaque personnage trouve seulement son compte lorsqu’ils sont réunis. Plus qu’un film sur le tennis, ce long-métrage se concentre sur la volatilité des émotions et la déréliction des personnages. On y reconnait la patte de Luca Guadagnino qui accorde une importance minutieuse à l’intime et à la violence des émotions dans son art. Là où Bones and All utilisait la métaphore du cannibalisme pour un amour dévorant, Challengers utilise le tennis pour révéler des passions profondes et inavouées.

Challengers de Luca Guadagnino avec Zendaya, Josh O'Connor et Mike Faist
Challengers de Luca Guadagnino avec Zendaya, Josh O’Connor et Mike Faist

Un trio d’acteurs puissant

La performance des acteurs est à saluer. Zendaya en Tashi Duncan est impressionnante de fierté et de détermination. Josh O’Connor que l’on connait pour son rôle du Prince Charles, ou de Johnny Saxby dans God’s Own Country, apparait ici sous un tout nouveau jour. Le personnage de Patrick, très arrogant et espiègle, est très différent du registre dans lequel nous avons l’habitude de le voir. Il apporte au personnage un charisme particulier, tout en vulnérabilité contenue et, finalement, un peu pathétique. La discrétion presque passive du personnage d’Art interprété par Mike Faist offre un pendant à celui de Patrick. À la manière du roman d’Herman Hesse, Narcisse et Goldmund, chacun représente la dualité de l’être humain, où forces contraires sont le fondement du même psyché. Un très beau film.


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