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L’etrange festival

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Fried Barry, premier long métrage de Ryan Kruger, est présenté en première européenne dans le cadre de la 26ème édition de L’Étrange Festival. Au programme, un « ET sous crack » comme le décrit son réalisateur déambulant dans les rues du Cap. Le prétexte à un miroir déformant de notre société ? Critique.

Fried Barry : De quoi ça parle ?

Au Cap, Barry (Garry Green, habitué jusque là à des rôles de figuration, comme dans Escape Game par exemple ) est un héroïnomane qui, malgré les supplications de sa femme, persiste désespérément dans la même voie. Après une violente dispute et une nouvelle injection, il est enlevé par des extra-terrestres. Un alien ayant pris possession de son corps va en profiter pour déambuler dans la ville et partir à la rencontre de cet amas hétéroclite qu’on appelle l’espèce humaine.

Fried Barry : Est ce que c’est bien ?

A la base, Fried Barry était un court métrage d’une petite dizaine de minutes montrant le fameux Barry, déjà campé par Gary Green, dans une sorte de transe ou la frontière entre bad trip et possession était bien mince. Un parti pris, une promesse pour le long métrage qui, après 57 sélections et 12 prix dans divers festivals, ne pouvait qu’arriver ! Avec plusieurs dizaines de court métrages et clips à son actif, Ryan Kruger signe pour l’occasion son premier long métrage.

Tourné sur une période d’un an et demi, la faute à une absence de moyens, le premier point qui ressort du visionnage de Fried Barry est sa qualité plastique, l’expérience de Kruger dans le filmage étant indéniable. Une autre qualité du film est sa très grande, voire trop grande, générosité. En voyant le verre à moitié plein, ce qu’on peut dire du film est qu’il regorge d’idées et des bonnes pour présenter de multiples péripéties dans lesquelles se trouvent Barry tout au long de son odyssée. Car comme l’explique le réalisateur en interview, ce coté foisonnant du récit est clairement voulu! Mais qui trop embrasse mal étreint et à force, l’un des défauts du film est que l’on peut finir par perdre le fil du récit à force d’intrigues secondaires très vite résolues. Fried Barry est une farce qui sait se faire grave mais avec un propos flou.

Ce qui est dommage, quand on voit la profondeur qu’arrive à prendre le film en dépeignant par exemple les divers interlocuteurs de Barry qui se contrefichent de son absence de réponses ou de réponses stéréotypés, l’alien le possédant ne parlant évidemment pas notre langue. Chacun fait la conversation qu’il a envie de faire sans se préoccuper de son interlocuteur… Il y aurait aussi beaucoup à dire sur cet alien qui, au final, tout au long de son odyssée fait ressortir les vices et étrangetés de chacun de ses interlocuteurs. Bref, le potentiel de Kruger est clairement là et on a hâte de voir ce qu’il nous réserve pour la suite!

Que dire de ce Fried Barry si ce n’est qu’il démontre clairement une énergie de son réalisateur impressionnante qu’il a eu du mal à canaliser mais qui a permis de livrer un premier long métrage généreux et très sympathique ! Et pour ceux l’ayant manqué, son second passage à l’Étrange Festival est prévu le 12/09 à 21h15 ! 

Et voici la bande annonce !

L’Étrange Festival 2019 : Affiche

Du 4 au 15 septembre 2019, au Forum des Images, s’est tenue la vingt cinquième édition de L’Étrange Festival. Pour fêter son quart de siècle, le festival a réservé quelques belles découvertes ou redécouvertes et qui aura permis au spectateur de s’ouvrir et de cultiver sa curiosité en arpentant les multiples chemins du cinéma de genre.

L’Étrange Festival 2019 : Une compétition internationale savoureuse

Pour nous la compétition a commencé avec la projection de Bliss, troisième long métrage du réalisateur canadien Joe Begos ( Almost Human, The Mind’s Eye), et le moins qu’on puisse dire c’est que cela n’a pas commencé sous les meilleures auspices. Le temps a paru bien long au cours des 80 (!) minutes de cette histoire de génie créatif dévorant une artiste peintre de Los Angeles. Quelques fulgurances, dont un superbe plan final, et le jeu physique et habité de Dora Madison ( Friday Night Lights, Dexter) peinent à compenser les maladresses de Bliss. Les principales se trouvant être le jeu approximatif de pratiquement l’intégralité du casting et le ratage systématique des scènes gores du film, alors que ces derniers surviennent dans des moments clés. Joe Begos, généreux et par ailleurs capable de magnifiques plans stylisés, ne cherche pas à dissimuler ses effets en filmant frontalement les saillies goresques de la dernière partie du métrage, ce qui malheureusement contribue à sceller définitivement l’aspect approximatif d’un film dont le sujet aurait pu être plus prometteur!

Image extraite de Monos, film d’Alejandro Landes

Pas de déception, par contre, concernant  Monos, coproduction internationale ( de neuf pays!) mise en scène par Alejandro Landes. Le synopsis de cette bande d’adolescents assurant la garde en pleine montagne d’une otage américaine ainsi que d’une providentielle vache laitière pour le compte d’une mystérieuse « Organisation » pouvait laisser espérer des développements aussi riches que variés. C’est finalement autant un survival qu’une fable humaniste désenchantée que Monos propose à travers cette folie guerrière qui a contaminé tout le monde et que personne ne comprend. Peu importe les raisons, la guerre continue semble dire le plan final de cette oeuvre faisant fortement penser à un « Sa Majesté des mouches » dans la jungle.

Image extraite de Vivarium, de Lorcan Finnegan.

Il avait fait parler de lui à Cannes au printemps dernier et après le visionnage de Vivarium on comprend aisément pourquoi. Le deuxième long métrage de Lorcan Finnegan séduit immédiatement par son humour décalé qui embarque le spectateur dans un pavillon de banlieue désert qui se révèle vite effrayant. Sorte d’épisode de la Quatrième Dimension en format long, l’histoire de ce jeune couple (Imogen Poots et Jesse Eisenberg) abandonné dans un lotissement par un étrange agent immobilier et se retrouvant prisonnier des lieux donne lieu à un film riche en interprétation, dépeignant intelligemment notamment l’usure d’un couple… L’interprétation d’Imogen Poots est à noter, donnant excellemment corps à un personnage tout en nuance.

Le duo Imogen Poots – Jesse Eisenberg aura d’ailleurs été à l’honneur au cours de cette vingt cinquième édition de l’Etrange Festival, les deux acteurs se retrouvant à l’affiche d’un second film en compétition, The Art of Self Defense. Avec ce postulat d’un comptable introverti (Jesse Eisenberg) qui, suite à son agression décide de suivre des cours de karaté et tombe progressivement sous la coupe de Sensei ( excellent Alessandro Nivola), le deuxième film du réalisateur Riley Stearns surprend agréablement. D’une comédie fine sur la virilité, The Art of Self Defense glisse intelligemment vers une dénonciation de la masculinité et de ses dérives. Un Fight Club comique qui déraperait pour offrir une oeuvre plus complexe qui n’y parait. Un vrai coup de cœur!

Image extraite de Furie, d’Olivier Abbou

Furie, film français d’Olivier Abbou a laissé des traces avec cette histoire qui mêle fait-divers ( une famille en rentrant de vacances voit sa demeure habité par des squatteurs refusant de la rendre) tout en citant allègrement les Chiens de Paille de Peckinpah. On peut se plaindre souvent des problèmes du cinéma de genre pour exister en France, alors même si Furie n’est pas sans défauts ( interprétation inégale notamment), c’est une vraie belle proposition, généreuse notamment en tension et en effets gores dans sa dernière partie, qu’il faut apprécier à sa juste valeur. Un solide petit film de genre made in France.

1BR, premier film de David Marmor raconte l’emménagement à Los Angeles d’une jeune fille qui va découvrir bien rapidement que son si charmant voisinage révèle bien des secrets. Riche en rebondissements, disposant d’un background intéressant, avec une fin ouverte faisant penser au récent The Invitation, 1BR sait se montrer généreux et garder l’intérêt du spectateur tout au long de son récit.

Une belle proposition de cinéma qu’est The Mute de Bartosz Konopka. Avec cette histoire de religieux allant évangéliser une île isolée ou règne encore le paganisme, le réalisateur polonais réussit à délivrer un message marquant sur le dogmatisme religieux et ses excès à travers les itinéraires antagonistes de ces deux chrétiens qui évoluent au contact de la tribu païenne qu’ils vont rencontrer.

Image extraite de Knives and Skin, de Jennifer Reeder

L’un des films méritant le plus d’être dans un festival qui se nomme « L’Étrange Festival » est sans conteste Knives & Skin, tant le film de Jennifer Reeder aura pu décontenancer. Sorte de variation féministe du magnifique River’s Edge, le film surprend par un rythme et un ton toujours en décalage par rapport à ce que l’on pourrait attendre. Problème de mise en scène comme pour Puppet Master : The Littlest Reich ( vu au PIFFF l’an dernier) ou effet volontairement recherché? Reeder étant aussi scénariste de son premier long métrage, la deuxième solution semble la plus probable. Alternant moments contemplatifs et moments chantés, virant sur le dernier tiers sur de la comédie pure, le film réussit à rester en mémoire grâce à son superbe filmage et à sa vision originale du spleen adolescent.

Un autre film qui sort des sentiers battus est le road movie Lillian de l’autrichien Andreas Horvath narrant l’histoire vraie de Lillian Ailing, immigrée russe ayant voulu rallier son pays depuis New York à pied. Le passé de documentariste d’Horvath saute clairement aux yeux, l’odyssée presque muette de Lillian ( Patrycja Planik) étant un prétexte pour aligner les vignettes décrivant une Amérique qu’on ne voit jamais ( celle des longues routes forestières, des derby de démolition et des nowhere towns. Lillian est une expérience hypnotisante et unique.

La terre des oubliés, premier film du britannique William McGregor est peut être l’oeuvre la plus convenue de la compétition internationale. Dotée de superbes plans et d’une interprétation sans faille, notamment de la part de la prometteuse Eleanor Worthington-Cox , l’histoire est malheureusement trop prévisible.

Image extraite de The Boat de Winston Azzopardi

A contrario, un autre premier film a lui clairement impressionné par sa maîtrise en dépit de son relatif manque de moyens. Intelligemment mis en scène, ménageant ses effets et révélant sur le tard la nature de sa menace, The Boat de Winston Azzopardi est une réussite pleine de promesse pour son réalisateur. Son interprète principal, Joe Azzopardi (frère du réalisateur et coscénariste), jusque là habitué à des rôles de quatrième couteau tient bon la barre tout au long du film.

L’entêtant Koko-Di Koko-Da, en plus de fourrer une contine scandinave dans la tete pour plusieurs jours démontre les talents de réalisateur de Johannes Nyholm avec cette histoire de couple en deuil pris au piège d’une boucle infernale. Une belle réussite pleine de promesses pour une histoire au final très touchante.

Très attendu sur cette 25ème édition Come to Daddy remet à l’affiche Elijah Wood dans ce film de genre aux nombreuses facettes. Le métrage au bon goût des films barrés des années 90 s’installe dans une forme de comédie déviante et n’hésite pas à jouer sur la carte de la violence pour dépeindre le lien qu’il existe entre un fils et son père ( même si ce dernier a abandonner son foyer alors que le petit n’était qu’un enfant de 5 ans). S’il y a du très bon dans ce Come to Daddy, des blagues agréables, un rythme soutenu, un jeu d’acteurs de pointe et un mystère omniprésent en première partie de film, il y a aussi du moins bon. Un second act trop court notamment, une évolution peu logique du personnage principal et un manque de direction précise comme s’il manquait, pour que tout soit logique, quelques scènes qui auraient pu être coupées au montage.

L’Etrange festival fait la part belle aux films de tous les pays avec un mot d’ordre: la découverte. The Antenna de Orçun Behram nous vient ainsi de Turquie et propose de se plonger via l’horreur dans une dystopie dans laquelle le gouvernement cherche à contrôler le peuple via les médias et notamment la télévision via le placement d’une nouvelle antenne dans tout le pays. On y suit alors les péripéties d’un gardien d’immeuble désabusé qui doit lutter contre un mystérieux liquide noir qui détruit les habitants de son immeuble et en contamine tous les habitants. Suspens et horreur sont au programme et ne manque pas de tenir le spectateurs jusqu’à ses dernières minutes. Noirceur sur trame politique font la paire malgré un rythme trop lent et deux plans gênant sur une actrice principale au jeu moyen filmée longuement en gros plans lors de deux passages éprouvants pour son personnage.

L’Étrange Festival 2019 : Des pépites à (re)découvrir !

Image extraite de Paradise Hills, d’Alice Waddington

La section Nouveaux Talents a pour but de promouvoir…son nom l’indique très bien. Parmi les films proposés dans celle ci s’est trouvé le premier long métrage d’Alice Waddington du nom de Paradise Hills. Sorte de conte noir et onirique sur l’émancipation, Paradise Hills retient vraiment l’attention de par ses qualités graphiques, tant les costumes que les décors étant particulièrement mis en valeur. Au point qu’il en soit dommage que le script, pourtant coécrit par Nacho Vigalondo, n’aille pas au bout de ses promesses et finisse par aller vers quelque chose de plus convenu avec cette histoire de jeune fille se réveillant dans une communauté aux intentions mystérieuses… Paradise Hills permet néanmoins une belle opposition entre Emma Roberts et Milla Jovovich. Alice Waddington a du savoir faire et peut d’ores et déjà être qualifiée de cinéaste à suivre dans ses prochaines œuvres.

Autre film présenté dans la section Nouveaux Talents, l’hilarant et pertinent Greener Grass dont nous vous parlons plus en détail juste là.

La folie à deux, voilà un thème qu’il est bon de retrouver surtout lorsqu’elle parle de l’amour absolue de deux adolescents. Adoration, dernier né de Fabrice Du Welz ( Calvaire et Alleluia) a toute la poésie que l’on peut en attendre grâce notamment à une caméra sensible qui met en avant sa très talentueuse jeune actrice. Les métaphores et le suivi du court de l’eau ( comme dans Apocalypse Now) s’allient pour parfaire la fuite de nos deux amoureux qui rêvent d’un amour éternel dans un monde où la folie deviendrait la logique. L’une des histoires d’amour les plus fortes vues sur grand écran depuis longtemps va crescendo. Du rêve de son jeune héros candide aux incohérences de sa belle amoureuses aux prises avec ses hallucinations, le film séduit, rappelle que quand on aime jeune on adore et sait provoquer un grand huit émotionnel chez son spectateur. Resterait à. parfaire un final qui peut laisser sur sa faim.

Le cinéma francophone a la côte à l’Étrange Festival puisqu’y était également proposé l’intriguant The Room qui suit les péripéties d’un jeune couple découvrant qu’une pièce de leur nouveau foyer a la capacité de faire apparaître tout ce qu’ils souhaitent… ou presque.  Que désire quelqu’un qui a tout ce qu’il désire? Voilà le premier postulat du film qui se risque alors à quelques clichés du genre. Pourtant à mesure que l’oeuvre prend corps, elle développe un tout nouvel axe et s’aventure sur le chemin de la famille, de la perception, pour finalement s’amuser à brouiller les pistes et mélanger réalité et vision de l’esprit à la façon d’un « Triangle« . Quelques choix de réalisation laissent néanmoins perplexe comme le choix de placer une intrigue tournée en Belgique avec des acteurs francophones aux Etats-Unis, ou la capacité de l’oeuvre à aborder trop de thèmes au risque de ne faire que les effleurer. Reste néanmoins un métrage inspiré, bien rythmé et très bien interprété.

Image extraite de The Lighthouse, de Robert Eggers

Le très attendu The Lighthouse, deuxième long métrage du prometteur Robert Eggers, a pu désarçonner mais n’a clairement pas déçu. On en parlera plus longuement tant il y a des choses à dire sur ce huis clos ou, comme on pouvait s’y attendre brillent Robert Pattinson et Willem Dafoe. Une intense variation sur la folie qui se propage petit à petit.

Le légendaire Jean Pierre Dionnet, pour cette vingt-cinquième édition de l’Étrange Festival a eu carte blanche et a pu offrir à un public d’ores et déjà conquis cinq films de son choix. Parmi ceux ci se trouvait notamment La Proie Nue et Réincarnations. Si ce dernier ne mérite pas l’aura de  » meilleur film d’horreur des années 80″ et qu’il ne passe pas forcément à l’épreuve du temps, le long métrage de Gary Sherman a plusieurs qualités pour lui. Notamment, de pouvoir présenter les premiers travaux d’effets spéciaux du grand Stan Winston ( The Thing, Predator) et d’avoir une utilisation intelligente du found footage dans sa toute dernière partie. Et tant pis, si le twist final enlève toute cohérence au film.

Image extraite de La Proie Nue , de Cornel Wilde

Beaucoup plus convaincante aura été la découverte de La Proie Nue, survival de 1965 sur la traque d’un guide par une tribu zouloue en pleine savane. Il est facilement compréhensible de voir ce qui a pu tant inspirer des réalisateurs tels que Mel Gibson, John Mac Tiernan ou bien encore les frères Coen, qui citent le film volontiers comme une source d’inspiration! Rythmé et bourré de suspense jusqu’à la fin, il a été une agréable découverte, comme on en fait chaque année à l’Étrange Festival!

L’Étrange Festival 2019 : Le palmarès complet

Grand Prix Nouveau Genre : Vivarium de Lorcan Finnegan
Prix du public : The Odd Family: Zombie On Sale de Lee Min-jae
Prix du Jury Court Métrage : Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You de Brandon Cronenberg
Prix du Public Court-Métrage : (ex-æquo) VagabondageS de Guillaume Pin et Portrait en pied de Suzanne de Izabela Plucińska

Du 5 au 16 septembre 2018, au Forum des Images, s’est tenue la vingt quatrième édition de L’Étrange Festival. Retour sur un festival de très bonne qualité qui a réservé quelques belles découvertes ou redécouvertes et qui aura permis au spectateur de voyager d’Haiti à la Pologne, des Philippines au Chili. Une incitation à l’ouverture et à la curiosité en découvrant une multitude de nuances du film de genre.

L’Étrange Festival 2018 : Un cinéma de genre à variations multiples

Avec le recul, il n’aurait pu y avoir meilleure soirée d’ouverture du festival. Si cette dernière a fait l’effet d’un focus , elle surtout permis de donner le ton du festival à venir. De la variation des genres ( comédie musicale et invasion zombie), du fun pour Anna & The Apocalypse, du nettement moins léger et plus dérangeant avec Perfect Skin. Les deux extrémités d’un spectre dans lequel allait nous plonger L’Étrange Festival… Le lendemain, jeudi 6,vint ensuite le tour de The Darkpremier coup de cœur du festival avec un conte noir imparfait mais vraiment touchant. Le vendredi 7 aura vraiment été la journée du « grand écart » pour L’Étrange Festival puisque les deux films visionnés par l’équipe de Pop&Shot nous auront marqués comme étant le pire et le meilleur de tout le festival.

 

 

« Meurs, Monstre, Meurs« , pour citer un festivalier, est vraiment de ces films ou l’on se sent bête en le voyant. Bien évidemment, on pressent une métaphore, une symbolique, bien évidemment, on sent une critique probablement sociétale dans cette co-production franco-argentino-chilienne. Mais trop de flou et de rupture de ton n’auront définitivement pas emporté l’adhésion de notre équipe. Mention spéciale néanmoins à la « créature de fin », lovecraftienne en diable et profondément malsaine. Pour un film de 109 minutes, c’est peu. Marquant mais peu. Trop peu. Dans la foulée, Mandy, dont nous avons déjà pu vous vous dire le plus grand bien, est apparu comme franchement euphorisant, tant dans le fond que dans la forme. Une véritable lettre d’amour au genre, au fond évidemment moins marqué que d’autres œuvres vues dans le festival, mais d’une générosité et d’une sincérité rare, comme on aimerait en voir plus souvent dans le cinéma de genre contemporain!

L’Étrange Festival : Horizons lointains du genre

Au cours du premier week-end de festival, la compétition du Grand Prix Nouveau Genre offrit Buybust, A Vigilante, The Spy Gone North, L’heure de la sortie et enfin Dachra. Commençons par le décor plus commun de A Vigilante qui se situe aux Etats Unis. Si le décor est connu, ainsi que le vigilante movie depuis Un justicier dans la ville avec Charles Bronson, le fond dans lequel il s’inscrit semblait plus original. Semblait. En ces temps de #meetoo, la remise à jour du vigilante movie avec un personnage féminin en tête d’affiche pouvait permettre de dire beaucoup de choses. Il y a quatre décennies déjà, dans le mythique « Day of the Woman« , une femme se vengeait des hommes l’ayant agressé. Il y a une dizaine d’années, l’oscarisé Neil Jordan mettait en scène l’oscarisée Jodie Foster dans A vif pour un résultat…convenu. L’idée en tant que telle n’est donc pas si neuve. Là ou le premier film de Sarah Daggar-Nickson pouvait tirer son épingle du jeu c’était en faisant de sa vigilante (incarnée par une Olivia Wilde méconnaissable), une vengeresse itinérante se faisant la porte parole des femmes abusées et violentées. Efficace dans sa réalisation, efficace dans son interprétation, Olivia Wilde se met en valeur dans plusieurs scènes lui permettant de mettre en valeur ses qualités d’interprétation, de façon un peu trop marquée et faisant parfois passer le film pour un « véhicule à performance » (Olivia Wilde est aussi productrice du film ceci expliquant -peut être- cela). Glaçant en début de métrage, l’intrigue prend malheureusement un tour plus convenu dans son dernier tiers, la « nemesis » étant trop caricaturale pour que les notes d’intention du début du film soient pleinement maintenues jusqu’au bout. Un honnête thriller.

Buybust l'étrange festival 2018

« Buybust » était présenté comme un « The Raid horizontal » (là ou son modèle faisait de la verticalité le cœur de son concept). N’atteignant pas les cimes de son illustre prédécesseur, le film d’Erik Matti n’en est pas moins un solide film d’action où sont mis en valeur, tant le champion d’arts martiaux Brandon Vera que l’actrice Anna Curtis qui sort pour l’occasion de sa zone de confort habituelle des romcs coms locales. Gros bémol néanmoins : le son. Particulièrement saturé, il dessert le film et impacte son appréciation globale, surtout que le basculement de l’intrigue survient dans une scène ou le son est prépondérant. Le gros message politique passé dans les dernières minutes du film, courageux mais désabusé, est néanmoins à relever et permet à « Buybust » d’être une des bonnes révélations de ce festival.

The Spy Gone North l'étrange festival 2018« The Spy Gone North » est un film de genre…d’un genre inattendu dans L’Étrange Festival : un film d’espionnage. C’est cette originalité ainsi que les réelles qualités graphiques de la mise en scène de Yoon Jong-Bin qui ont du plaire au public et au jury, le film s’octroyant le Grand Prix Nouveau Genre ainsi que le prix du public! Un beau film aux thématiques d’actualité ( espionnage entre la Corée du Sud et la Corée du Nord). En découvrant le sujet de « L’heure de la sortie » ( pour qui n’a pas lu le livre de Christophe Dufossé), on se projette dans ce qui pourrait être une excellente variation de « La nuit des enfants rois« . Et l’un des avantages du film de Sébastien Marnier est justement…de jouer avec nos attentes. Insufflant de l’humour dans une excellente proportion, le film glisse habilement vers le thriller pour se conclure sur une fin sombre qui fait écho avec l’actualité… Une bonne réussite française (cocorico) servie par le toujours impeccable Laurent Lafitte (qui nous avait déjà marqué l’an dernier dans KO). Enfin « Dachra« , film horrifique tunisien présenté à la Semaine de la Critique de Venise, bénéficiant d’indéniables qualités visuelles, aura réussi à surprendre le spectateur, la critique du mysticisme du film se concluant dans un cadre réellement horrifique ou malaise et suspense sont présents.

Tout au long de la dernière semaine de compétition, ce sont « Luz« , « Killing » et « Perfect » dans des genres radicalement différents qui auront été visionnés par l’équipe de Pop&Shot. En découvrant Luz, on a l’impression de se trouver devant une des premières bobines de ceux qui font le genre actuellement : Del Toro, Balaguero,etc… Avec un grain si particulier et une ambiance sentant bon la fin du siècle dernier, Tilman Singer, avec son film de fin d’études (!!), annonce la couleur : il faudra compter sur le cinéaste allemand dans les années à venir à coup sur! Tant dans le fond que dans la forme, Luz est pleine de promesses et s’il peut avoir certains défauts, ils sont ceux de la jeunesse et l’on peut clairement rêver à ce que sera l’oeuvre de Tilman Singer dans les années à venir. Une belle pellicule de festival qui aura permis de découvrir un cinéaste prometteur. Un autre premier long formellement irréprochable est bien  » Perfect » d’Eddie Alcazar. Malheureusement, si la plastique du film fait de Perfect un bel objet, il sonne désespérément creux, les monologues pontifiants du dernier tiers du film finissant d’achever le spectateur.  » Killing » de Shin’Ya Tsukamoto dynamite totalement le film de sabre en s’attaquant au fondement même de celui ci : la notion d’honneur. Car c’est bien cette notion qui est à la base de tout les malheurs des personnages principaux, ces derniers souffrant, mentant et au final mourant pour cette notion énoncée par tout le monde mais respectée par personne.

L’Étrange Festival : Genre et polémique

Ironiquement, c’est avec deux films parmi les plus polémiques de ces derniers mois que la compétition s’est terminée. The House That Jack Built, dernier film en date de Lars Von Trier, présenté de façon hilarante par Gaspar Noé. Reprenant la forme qu’il avait adopté pour Nymphomaniac, l’autoportrait d’une nymphomane, Lars Von Trier fait de même avec … son autoportrait. Véritablement glaçant, l’humour à froid du Danois fait mouche tout au long du film. Les cinq vignettes, cinq tranches de vie, choisies au hasard dans le parcours sanguinolent du serial killer « Mr Sophistication » (Matt Dillon véritablement épatant de sobriété et de justesse), permettent une véritable progression dans l’horreur, le comique des situations finissant par s’atténuer progressivement devant la noirceur des situations. Un tour de force, rappelant, dans un tout autre genre (encore que…), « C’est arrivé près de chez vous ».  Interrogeant le spectateur, de façon pertinente et non pompeuse, sur des notions telle que l’Art, Lars Von Trier livre une oeuvre fleuve, intelligente, précieuse et nécessaire. La descente aux Enfers, littérale, du tueur marque les esprits et divise. Mais comme l’aura fait remarquer Gaspar Noé dans sa présentation en rappelant l’exemple de « 2001, l’odyssée de l’espace » qui avait eu de très mauvaises critiques au moment de sa sortie,  » quand vous avez des critiques unanimes avec vous, ça sent pas bon »… Choquer pour forcer à réfléchir, Lars Von Trier réussit pleinement son objectif avec The House That Jack Built. Et le tout en faisant rire son spectateur!

Utoya, 22 juillet l'étrange festival 2018Utoya, 22 juillet , le film d’Erik Poppe proposait un sujet encore plus polémique en illustrant la tuerie d’Utoya perpétrée en 2011 par le terroriste d’extrême droite Anders Behring Breivik. C’est probablement l’un des films ayant fait le plus parler après ses projections. Utoya a divisé. Clairement. La volonté de mise en scène atypique de la part de Poppe ( raconter les événements en temps réel à travers un seul point de vue et en un seul plan séquence de 90 minutes) est en grande partie responsable des critiques. Se concentrer ainsi sur la survie d’une jeune fille présente sur les lieux à la recherche désespérée de sa sœur a été interprétée parfois comme une recherche de pathos gratuite. Le fait de ne jamais voir Breivik, et juste de le deviner au loin, ni même de le nommer dans les encarts présentées au début et à la fin du film ont été vus comme des moyens de l’iconiser. Si la question de la représentation du terrorisme, dans nos sociétés contemporaines, a toujours été source de débat, l’actualité rend le sujet d’Utoya encore plus brûlant. La toute fin du film, choquante, lève toute ambiguïté qu’on voudrait bien prêter au réalisateur, glaçant le sang et invitant, si ce n’est à une prise de conscience, au moins à la réflexion.

L’Étrange Festival 2018 : Des découvertes ou redécouvertes de tout les genres ou pour tout les goûts

Si la compétition a doublement couronné « The Spy Gone North« , l’Étrange Festival ce n’est pas que de la compétition et ce dernier aura permis aussi d’aller à la découverte de petites pépites.

Ainsi, l’année 1971 aura été à l’honneur (de façon fortuite a priori) avec la diffusion de deux films dynamitant, à leur façon, la petite bourgeoisie. La Saignée, tout d’abord, film franco-italien de Claude Mulot, thriller à cheval entre New York et la Normandie. Racontant la cavale du témoin d’un double meurtre commis par un ponte de la mafia new-yorkaise, un jeune serveur part se réfugier dans sa Normandie natale ou il va être confronté à son passé. Il y a quelque chose de savoureux en (re)voyant La Saignée. L’ambiance unique, qui ne pourra jamais être parfaitement reproduite de la petite ville de province de l’époque de Georges Pompidou, la critique « chabrolienne » en diable de la petite bourgeoisie. De même, le ressort comique incarné par les deux personnages américains, l’un flic, l’autre tueur à gage chargé de récupérer le personnage principal et qui assiste, goguenard, en spectateurs bien loin de chez eux, aux différentes péripéties animant la petite bourgade normande est assez savoureux. Un bon film de genre, dont la découverte (ou redécouverte pour certains) 47 ans après sa sortie fait grandement plaisir.

De même, L’Hôpital d’Arthur Hiller s’est avéré une excellente comédie satirique. La journée du suicidaire docteur Bock (brillant George C. Scott), en pleine crise de la cinquantaine, permet de dresser un portrait sans concessions malgré sa drôlerie du système hospitalier américain. Sa conclusion (« autant pisser dans un violon ») résonne particulièrement avec les commentaires quasi unanimes des spectateurs en quittant la séance : 40 ans après, rien n’a changé.

Plus récent, le film Lifechanger de Justin McConnel est annoncé comme une excellente série B. Pari tenu? Haut la main puisque le métrage nous place dans la tête d’une entité qui pour survivre doit passer de corps en corps tuant par la même occasion son hôte. Comprenant rapidement les motivations d’un tel personnage nous voilà plongés au cœur d’une histoire d’amour obsessionnelle et à sens unique. Comment aimer quelqu’un qui de toute évidence n’a pas d’existence à proprement parler? Les scène d’épouvantes particulièrement soignées méritent à elles seules  le détour. Glaçant, effrayant et dérangeant ce « Lifechanger  » réussit haut la main son pari. De l’horreur simplement orchestré et sans fond? Point du tout puisque le métrage s’amuse à interroger le spectateur, qui sommes nous au fond? qu’est-ce qui nous définit? Comment s’accepter? Est-ce dans les yeux de l’être aimé? Donnant au détour d’un final bougrement malin la plus inattendue des réponses.

Le 13 septembre, l’équipe de Pop&Shot mourrait d’envie d’assister à la séance d’Amalia qui promettait de nombreux moments hypnotisant. La salle complète la pousse néanmoins à se rabattre sur Liverleaf … pour son plus grand plaisir. Inspiré d’un manga ce revenge movie, complètement barré n’a pas laissé la salle indifférente. Vendu comme un nouveau « Battle Royal », le métrage s’éloigne de ses classiques pour offrir un bain de sang sérieusement gore et franchement drôle aux spectateurs. Si le métrage ne cherche pas tellement à rester dans un univers logique (il y a quelque chose dans l’eau du village qui expliquerait l’attitude de ses habitants? Pourquoi ce grand-père est-il toujours aussi heureux?) il n’en procure pas moins une bonne dose de cinéma horrifique, sans prise de tête qui fait plaisir à voir. Mention très spéciale pour la scène de la professeur d’école, complètement jouissive!

Liverleaf l'étrange festival 2018

Up Upon the stars de Zoe Barriatua aurait pu être le dernier né de Michel Gondry tant ses artifices avaient quelque chose de « La Science des rêves ». S’il n’en est rien, il est pourtant impossible de ne pas se laisser prendre par ce tourbillon émotionnel, vibrant et vivant et cette lettre d’amour au cinéma. Les déboires de Victor, alcoolique depuis le décès de sa femme, menteur invétéré et de son fils, Ingmar qui l’idolâtre, se pressent sans cesse à la frontière de l’imaginaire. Un moment de douceur, entre mélancolie et renaissance, le tout porté par une imagination qui ferait rougir Tim Burton, lui qui a oublié comment réellement avoir la tête dans les étoiles.

Upgrade quand à lui fait office de bonne série B  » à l’ancienne », qui ravira les fans de Terminator et de « Shadowrun« . Un très bon divertissement, se suffisant à lui même et dont la fin, délicieusement sombre, est particulièrement savoureuse.

Clôture du festival: ce n’est qu’un étrange au revoir

Restait à dire au revoir à notre bien aimé festival le dimanche 16 septembre. L’occasion d’applaudir comme il se doit l’équipe des bénévoles de cette édition 2018. Une équipe de passionnés investis et à l’écoute du public qui méritent toute la reconnaissance des fans du cinéma de genre. Puisque oui, n’en déplaise à certains, ce cinéma à part draine un public investit, connaisseur, intelligent et dévoué qu’on aura eu plaisir à croiser, à entendre débattre, creuser et dont l’énorme curiosité sans fin est elle aussi à saluer.

Reste à dire un mot sur The Man with the Magic Box, fable de science-fiction polonaise, un nouveau métrage sur les sauts dans le temps situé dans un univers futuriste aseptisé. Puisqu’il faut se l’avouer la science-fiction ne promet pas du tout un brillant avenir à l’humanité. Le métrage connait ses classiques et s’offre même une référence à l’immense Fight Club . Au détour d’une histoire d’amour impossible, l’œuvre joue sur le suspens et l’humour pour convaincre. Verdict? On ne peut pas plaire à tout le monde. Malgré une esthétique léchée digne d’un clip le métrage souffre de quelques longueurs.

The Man with the Magic Box l'étrange festival 2018

Rien qui n’entache l’expérience entière qu’est l’Etrange Festival qui rappelons le, ose miser sur la diversité pour parler à un large public. Vivement les 25 bougies!

 

Alexandre Bertrand et Julia Escudero

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Etrange festival 2018

C’est la rentrée à Paris et avec elle le lancement de l’Etrange festival qui pour la 24ème fois met à l’honneur films étranges et hors normes dix jours durant au Forum des Images. Du 5 au 16 septembre 2018, l’évènement accueillera le meilleur d’un cinéma à part venu du Monde entier.

Anna and the apocalypse: un amuse bouche en musique

Anna and the apocalypse Etrange festival 2018

Mais passons maintenant au cœur du sujet de l’Étrange Festival : Le cinéma. En guise d’ouverture, le court métrage d’animation Bavure de Donato Sansone est une belle entrée en matière. Au programme, l’histoire de la vie, l’Univers et une invasion extraterrestre en moins de cinq minutes chrono! Original et très beau esthétiquement parlant, il remplit parfaitement son oeuvre de mettre en appétit pour le film d’ouverture du festival, qui lance aussi la compétition internationale : Anna and the Apocalypse.

En première française, le réalisateur écossais a l’accent prononcé présente rapidement le film et voici l’Etrange Festival qui commence pour de bon et qui pour le coup porte bien son nom…

Une invasion zombie. Tout le monde connait de nos jours. Que l’on ait été sensibilisé à la chose depuis Romero ou The Walking Dead. Mais mêler comédie musicale et invasion zombie ce n’est pas banale! S’il fallait « pitcher » ( à la truelle façon petite fille dans la cave de la Nuit des Morts Vivants), Anna and the Apocalypse, cela pourrait donner : quand Glee rencontre Shaun of the dead… Original, me direz vous? Dans le genre du film de zombie qui commence à tourner à vide à force d’avoir été surexploité ces dernières années, c’est une intention rafraîchissante. Mais les bonnes intentions ne font pas tout malheureusement…

Pour parler du film, trois choses sont à voir : l’aspect comédie musicale, l’aspect « comédie horrifique » et enfin le mélange des deux est harmonieux. Une des grandes forces de Anna & The Apocalypse est d’être techniquement irréprochable, notamment au niveau des morceaux chantés. Les acteurs interprètent leur partition de façon convaincante et comme dans toute bonne comédie musicale, les textes sont assez bien tournés pour retranscrire à la fois les motivations et préoccupations des personnages, mais aussi pouvoir être appréciés séparément.  Rien à redire pour la partie musicale donc. Pour la partie « comédie horrifique », c’est autre chose. Si la référence avec le Edgar Wright de Shaun of the Dead est plus qu’évidente, voire très très appuyée au niveau de certains tics de mise en scène, les scènes de comédie en tant que telles souffrent d’un léger problème de rythme, ce qui désamorce beaucoup d’effets comiques potentiels. Néanmoins, si cela empêche clairement le film d’atteindre son illustre aîné et modèle, cela ne l’empêche pas de faire passer un agréable moment au spectateur.

Est ce qu’Anna & The Apocalypse est un bon film au final? Oui. Il sait distiller assez habilement sa part de fun en étant techniquement maîtrisé et en respectant ses personnages/archétypes. Une bonne entrée en matière décomplexée pour la 24ème édition de l’Étrange Festival.

Perfect Skin: Je t’ai dans la peau

Perfect Skin Etrange festival 2018

Deuxième partie de soirée pour l’Etrange festival qui lance dans sa salle 500 « Perfect Skin » de Kevin Chicken. Inspiré du court-métrage du même nom, le film part du pitch suivant, tel que donné par le festival lui-même:

Katia, une jeune fille au pair, arrive à Londres et croise la route d’un tatoueur américain très vite fasciné par sa peau, qui ferait une toile idéale pour ses créations…

De quoi donner envie à un public averti qui porte un intérêt certain au torture porn. C’est pourtant d’une manière bien plus élégante que Chicken gère son sujet. Si le tatouage est un art, c’est avec cette même passion pour l’esthétisme qu’est traité le film. Les plans, et les images, tout y est magnifiquement travaillé.

Le sujet en lui-même cache bien des facettes: les limites de l’art, le corps, sa possession, la relation avec un agresseur. De quoi tenir un sujet solide. Et si l’on ne s’ennuie pas une seul minute devant cette œuvre dérangeante, le film peine à atteindre le paroxysme de ses ambitions. Les traces du court-métrage et de son envie de raconter une histoire rapide se font ressentir. Une fois Katia enlevée, quelles sont les réelles envies de notre kidnappeur? Jusqu’où ira-t-il?

Jusqu’à fournir au spectateurs quelques scènes éprouvantes qui resteront gravées dans les mémoires. Le film de par l’actualité fait également douloureusement échos à un fait divers terrible. Une jeune fille a en effet été retenue en otage plusieurs jours durant par une bande d’hommes qui après l’avoir violée et torturée à de nombreuses reprises l’ont tatouée sur tout le corps. Qui a dit que la fiction allait plus loin que la réalité? Ces faits en tête difficile donc, de ne pas prendre à cœur le calvaire de la belle Katia qui tente avec force de comprendre les intentions d’un ravisseur persuadé de rendre service et de faire de la jeune femme une véritable œuvre d’art.

Reste pourtant la sensation de rester sur sa faim tant certains rebondissements sont couramment exploités dans le cinéma de genre et tant le sujet se met rapidement à tourner en rond. A la façon d’un « Human Centiped » qui une fois le centiped crée cherche comment poursuivre l’exploitation de ce sujet. Film à déconseiller pour autant? Loin de là puisqu’une esthétique léchée, un sujet original et un jeu d’acteur pertinent (mention à Richard Brake qui tient à merveille son rôle de charmant psychopathe) en font une œuvre à part qui restera longtemps gravée dans la peau de celui qui le visionnera.

Dès demain, l’Etrange Festival continue.

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