Casey ( Jesse Eisenberg) va se révéler en prenant des cours de karaté dans The Art of Self Defense
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Dans le cadre de la vingt cinquième édition de L’Étrange Festival, au Forum des Images à Paris, était projeté le second film de Riley Stearns, The Art of Self Defense avec en tetes d’affiche Jesse Eisenberg et Imogen Poots. Au programme: masculinité, teckel et karaté pour une des grandes réussites du festival. Critique.

On pourrait se demander si à défaut d’un prix d’interprétation une mention spéciale ne pourrait pas être décernée cette année au duo Jesse Eisenberg/Imogen Poots pour avoir illuminé cette édition de l’Étrange Festival de leurs talents à deux reprises : Vivarium et The Art of Self Defense donc. Dans des registres bien différents à chaque fois, preuve s’il le fallait de leurs larges palettes de jeu. A chaque fois pour des œuvres plus complexes qu’elles ne peuvent paraître à première vue.

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The Art of Self Defense : De quoi ça parle ?

Après s’être fait attaquer dans la rue en pleine nuit par un gang de motards, le timide comptable Casey ( impeccable Jesse Eisenberg) décide de s’inscrire à des cours de karaté afin de pouvoir se protéger en cas de nouvelle agression. Sous l’œil bienveillant de son charismatique professeur, Sensei (glaçant Alessandro Nivola), Casey découvre un sentiment nouveau ; la confiance en soi. Mais l’image auréolée de son instructeur tombe quand le jeune homme participe aux cours du soir de son mentor…

A la lecture du synopsis, il est facile de se dire que Fight Club n’est pas très loin avec cette histoire d’employé de bureau qui va se révéler par l’affrontement physique. Pourtant, dès les premières minutes, aucun doute possible, c’est bien dans une comédie que nous emmène Riley Stearns. La critique sociétale laisserait finalement donc la place à une séance de rigolade ? The Art of Self Defense décide de ne pas choisir et, mieux, de se servir de sa forme comique pour appuyer son fond plus sombre, et malheureusement dans l’air du temps.

Encore une fois excellente, Imogen Poots dans le rôle d’Anna.
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The Art of Self Defense : Est ce que c’est bien ?

Reprenant sa posture de beta/timide qui a contribué à le faire connaitre ( Bienvenue à Zombieland, 30 minutes maximum, The Double), Jesse Eisenberg, bien aidé par l’excellent dosage du comique de situation du film, semble évoluer dans une comédie sympathique moquant le culte de l’auto défense en vogue aux Etats Unis. La présentation du personnage d’Anna ( excellente Imogen Poots), ceinture marron dans le dojo de Sensei, achève même de laisser penser que l’on va avoir, au final, droit à un love interest entre les deux personnages principaux. Un chemin balisé dans une comédie de situation bien rythmé, cela pourrait suffire pour en faire un film somme toute sympathique.

Mais ce n’est pas la vocation de The Art of Self Defense. Et c’est justement la présentation d’Anna qui va faire basculer le film dans son propos principal : la dénonciation des excès de la masculinité. Avec l’importance prise par le personnage incarné par Imogen Poots, le discours émancipateur prôné par Sensei lors de ses cours va trouver ses limites et afficher son fond nauséabond. Hommes > Femmes. Il est plus viril d’avoir un dobermann qu’un teckel, tout comme il est mieux d’apprendre l’allemand que le français ou bien encore d’écouter du metal par rapport à de la pop. Evidemment, le trait est grossi dans l’idéologie, car The Art of Self Defense reste une comédie. Mais une comédie noire, voire par moment glaçante quand on comprend mieux quel est le projet de Sensei. Se servir de la comédie pour mieux dénoncer et faire passer un message est l’une des réussites du film de Riley Stearns.

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The Art of Self Defense est une excellente surprise, de même qu’un film aussi intelligent que pertinent dans sa morale. Ainsi, Casey après avoir été au bout de sa quête existentielle (et prétendument virile) et avoir « rétabli l’équilibre » retourne t-il à sa place… Réussie au niveau de ses effets comiques. Intéressante par rapport au sujet qu’elle veut dénoncer. The Art of Self Defense est incontestablement une des grandes réussites de la vingt cinquième édition de L’Étrange Festival et on ne peut qu’espérer que le film finira par être distribué dans les salles françaises!

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