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Water From Your Eyes était de retour fin mai avec l’un des albums les plus innovants de l’année « Everyone’s crushed ».  Une pépite qui ne pourra pas séduire tout le monde tant sa structure et son parti pris sont loin de ce que l’on a l’habitude d’avoir dans les oreilles. Et pourtant, ce voyage pop expérimental qui touche au rock est une véritable force de frappe indé, inspirée, brillamment écrite et construite. Impossible donc de ne pas profiter du passage à Paris du duo pour parler musique et compositions avec eux. Au delà de la musique et de quelques blagues sur Sting, le groupe en profite pour faire le constat glacé d’une Amérique à la dérive à laquelle tout rêve a été arraché. On parle de livres bannis des écoles, des retraites, de communautés, des droits abolis en Floride, de liberté, de capitalisme et bien sûr de musique. Rencontre.

Water from your Eyes
Water from your Eyes
Popnshot : Parlons un peu de votre nouvel album « Everyone’s crushed », comment le décririez-vous ?

Nate Amos : J’espère excitant.

Rachel Brown : Potentiellement bon, potentiellement pas bon (rires)

Nate Amos : Je dirai qu’il nécessite une écoute active. Ça doit se faire de façon active si on veut bien comprendre ce qui se passe. Il a été conçu comme ça.

Popnshot : Il y a un énorme travail sur la structure, les rythmes s’intensifient, reviennent, c’est même le titre du premier morceau, « Structure »…

Nate Amos : Le premier morceau a été appelé comme ça parce que c’était le titre de notre précédent album. Il y a avait de côtés qui matchaient. Nous avions en tête lors de la création de ce nouvel album que nous ne voulions pas qu’il y aient deux parties comme sur le précédent . Le tout est équilibré mais pas dans un sens aussi strict que notre précédente sortie. Les rythmes titre par titre se sont fait de la manière où ils venaient. On n’a pas eu d’approche particulière. Certaines chansons sont très simples. Le titre éponyme lui est parfois trop compliqué.

La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer.

Popnshot : Le titre éponyme est aussi le plus lumineux et le plus personnel des morceaux sur cet opus. De quoi parle-t-il ?

Nate Amos : C’est le seul morceau sur lequel j’ai beaucoup contribué aux paroles. D’habitude, j’ai surtout une seule phrase de moi. Sur celui là , j’ai écrit le premier couplet. D’ailleurs la démo, c’était la répétition de ce couplet en boucle. Cet album a été écrit en grande partie alors que j’essayais de devenir sobre. L’abus de substances représente une grande partie de ma vie pour un long moment. Ce morceau parle de ça. Être amoureux de personnes de façon romantique et non romantique, qui sont des stimulations dans ce moment. Mais ça peut être aussi douloureux d’aimer. Donc on utilise des substances pour supporter ça. Sans l’aide de ces dernières ça devient vraiment douloureux. L’idée c’est que sans, il faut apprendre à devenir sa propre personne. Dans mon cas, mes tendances auto-destructives ont blessé les gens que j’aime. Et malgré ça, ils m’aiment toujours. La chanson parle du fait que pour aimer comme il faut les gens il faut apprendre à s’aimer. C’est le seul titre de cet album qui est aussi honnête. Les autres morceaux ont parfois des blagues.

Popnshot : C’est pour ça qu’il donne son nom à l’album ?

Nate Amos : Ça vient du couplet du milieu. Rachel a réarrangé les paroles. C’est de là que vient le titre. Quand on a fini l’enregistrement ça semblait évident que ce serait le titre du morceau puis de l’album. Au début on ne savait pas si ça serait le centre de l’album ou un EP distinct. Et c’est devenu le titre de 4 morceaux au centre de l’opus.

Popnshot : L’album parle aussi de comment la vie peut être sombre et drôle à la fois. C’est important de trouver l’humour dans les situations les plus sombres pour vous ?

Rachel Brown : C’est important de rire dans les ténèbres. C’est important de vraiment faire l’expérience de chaque émotion mais si on se laisse ensevelir par celles qui sont négatives ça limite la joie et les émotions positives. Je pense que si on reste reconnaissant pour ce qui arrive de bien, là naît l’espoir dans les ténèbres. Ça aide de rire des situations les plus terribles. Je ne pense pas que je pourrai comprendre ce qui m’arrive sans pouvoir en rire. Rire me fait me sentir plus fort.e.

Même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas.

Popnshot :Vous avez aussi une chanson qui s’appelle « Barley » où vous avez mis un maximum de paroles de Sting sans que ce soit attaquable. C’est très drôle, pourquoi lui ?

Nate Amos : On travaillait sur nos paroles et sans le savoir Rachel a inclus des paroles qui ressemblaient beaucoup à celles de Sting.

Rachel Brown : Se sont les dernières paroles, j’ai écrit « Fields of Gold ». Un ami les a lu et il m’a dit : « Tiens comme la chanson de Sting » et je lui ai demandé : « De quoi tu parles ? » et il m’a fait écouter cette chanson. Ça nous a fait rire.

Nate Amos : On en a parlé parce que Sting est connu pour poursuivre facilement en justice les gens qui reprennent ses morceaux. Alors on s’est dit « Et si on utilisait un maximum des mots qu’il y a dans cette chanson sans la plagier ? ». Comme ça s’il l’écoutait, il entendrait tous ces mots mais il serait super énervé de ne pas pouvoir nous attaquer puisqu’on ne lui a rien volé, ce sont juste des mots. Et même si Sting aimerait posséder des mots, il ne peut pas. Je crois que le maximum de mots mis bout à bout comme dans sa chanson c’est cette fameuse dernière phrase, c’est marrant, c’est la seule que tu as écrit sans le savoir Rachel.

Rachel Brown : Et on a appelé le titre « Barley » (orge en français Ndrl) parce qu’il parle d’orge dans sa chanson. les champs d’or se sont des champs d’orge en fait. Mais on utilise jamais le mot « Barley » dans la chanson. D’ailleurs quand on donne le nom du morceau, les gens ne comprennent pas parce que ça n’a aucun sens. Sans la référence, on ne peut pas comprendre.

La seule liberté que tu as aux USA est celle d’acheter

Popnshot : Vous parlez aussi beaucoup dans l’album du capitalisme comme une opposition à la liberté. Pour vous, pourquoi ces deux notions s’opposent ?

Rachel Brown : Je ne sais pas si elle s’opposent, je pense qu’aux US, le capitalisme fait qu’il est impossible de faire quoi que se soit autre que travailler jusqu’à en crever en gros. Si tu ne nais pas avec de l’argent, tu dois absolument trouver un boulot qui va payer tes dettes que tu as eu en allant à l’école, pour avoir un boulot, pour avoir de l’argent pour payer ça. Je crois qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, tu as juste la liberté d’acheter un million de produits différents. Par exemple, il y a tellement de type de céréales. La seule liberté que tu as est d’acheter mais ce que tu peux te permettre ce qui est si peu finalement. Tu ne peux pas acheter du temps parce que tu l’utilises pour bosser. La liberté s’est perdue. Tu as la liberté de peut-être devenir président (rires). Théoriquement ça tu peux faire. Mais dans les faits, c’est théorique, tu es condamné par ton passé. Si tu as pu changer de classe sociale, tu es une exception. Peut-être qu’avant c’était différent. Mais aujourd’hui je ne connais personne qui peut s’offrir une maison même avec un bon boulot.

Nate Amos : Il y a une cinquantaine d’années, tu pouvais peut-être. Le salaire d’un seul homme pouvait alors faire vivre une famille de 5, 6 personnes et envoyer les enfants à la fac. C’est si loin de la réalité de ce que sont les USA aujourd’hui. Maintenant, tu dois travailler si dur pour avoir une vie confortable. Aujourd’hui si tu n’as pas d’avantage de par ta famille ou tes amis ou des connexions, tu ne pourras pas avoir une vie qui était facilement atteignable il y 20, 30 ou même 50 ans.

Rachel Brown :Maintenant les gens doivent décider de s’ils veulent avoir des enfants ou s’ils veulent voyager et prendre des vacances. J’ai une amie qui me disait que le ou la partenaire qu’elle devra trouver devra gagner une certaine somme d’argent pour qu’elle puisse vivre la vie qu’elle imaginait. Avec ça, on se demande si le rêve américain est vivant ou s’il n’est pas un peu mort.

Popnshot : De l’étranger, il parait assez mort…

Rachel Brown : Ouai, il est vraiment mort (rires). Même les libertés individuelles, celles pour les femmes ont été enlevées. Une partie des états aux USA sont régis par des gouvernements fascistes.

Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence.

Popnshot : D’ici ça fait peur de voir à quelle vitesse de nombreux états ont changé et basculé dans des lois visant à réduire les droits de certaines communautés.

Rachel Brown : Oui, en Floride, si ton gosse est trans ils peuvent t’envoyer en prison, et placer l’enfant. Ils ont banni énormément de livres. Il y a 4 à 5000 livres qui ont été jugés inappropriés pour les enfants. Et pourtant certains étaient assez banales. Si j’étais un.e conservateur.tric un peu fou, il y aurait des sujets que j’imagine je ne voudrai pas voir aborder dans les livres mais là certains ouvrages sont complètement lambda.

Nate Amos : C’est un gros sujet maintenant de s’opposer ça. Dans certains lieux, les gens sont très heureux d’avoir réussi en réaction à faire bannir la Bible pour vulgarité et violence. Parce que quand on utilise les matrices qu’ils utilisent pour faire bannir les ouvrages, quand on voit leurs critères, la Bible est horriblement offensive.

Rachel Brown : Je me sens si mal pour tous ceux qui habitent en Floride en ce moment. Je lisais un article sur un mec à Indianapolis qui passait devant la maison de quelqu’un et il y avait le chien de la famille dans la cours mais il n’avait pas de laisse. Le chien s’est approché de lui et il a tiré sur le chien dans sa tête, devant ses enfants. Et il n’a pas été poursuivi parce que le chien n’avait pas de laisse et il n’y avait personne autour donc ce n’est pas illégal.

Water from your Eyes
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Popnshot : La communauté artistique aux États-Unis, notamment dans la musique, elle réagit comment à tout ça ?

Rachel Brown : Il y a pas mal d’artistes qui créent par exemple des shows de Drag queens dans des états du type Tennessee ou Floride. Disney, qui n’est pas un artiste je sais, mais qui d’habitude ne fait rien, s’exprime là clairement contre le gouverneur de Floride parce que c’est là que Disney Land se trouve.

Nate Amos : Tu sais que ça ne va vraiment pas si Disney s’implique (rires).

Rachel Brown : On fait des compilations pour lever des sommes pour le droit à l’avortement. Il y a un groupe qui s’est formé à Atlanta pour lever des fonds pour les activistes et les contestataires. Mais il y a beaucoup d’arrestations. A Atlanta ils ont arrêté le groupe qui s’occupe des donations. Je pense que la musique est importante et que les gens font ce qu’il faut pour apporter des informations sur le sujet mais je pense que les choses ont été trop loin pour simplement faire ça. Il faut des actions directes, financières ou matérielles parce que même si on dit des choses, le gouvernement se fout de ce qui est dit. Et puis certains musiciens supportent les actions du gouvernement. Il y a un musicien qui a juste posté « Joyeuse pride » et des gens lui ont dit qu’ils n’écouteraient plus jamais sa musique. Genre il y a tellement d’artistes qui respectent mes valeurs. Le musicien a répondu « Cool, je ne veux pas de gens comme toi qui écouteraient ma musique. »

Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule.

Popnshot : Le fait de quitter le pays et de tourner en Europe ça te donne une autre perspective de ce qui se passe dans ton pays ?

Rachel Brown: Je n’étais jamais sorti.e des États-Unis avant l’an dernier. Mais je me suis rendue compte que les droits anti avortement, les massacres de masse dans les école ne se passent pas ici. Je me doute que tous les pays ont leurs soucis mais les États-Unis sont en train de devenir un empire qui s’écroule. Malgré toute la propagande qu’ils font sur le fait d’être un grand, merveilleux et magnifique pays, ça se voit.

Nate Amos : La façade s’effondre. Pas le pays mais la façade qui révèle la vérité. Le rêve américain s’effondre.

Rachel Brown : L’idée de pouvoir prendre sa retraite aux USA aussi. C’est incroyable de voir les protestations qu’il y a eu ici. C’est génial d’avoir fait ça parce que honnêtement quand je parle à mes amis, je ne pense pas que notre génération pourra prendre sa retraite. Je ne pensais pas que la sécurité, les avantages sociaux, les assurances maladie ce qui a été mis en place pour aider les gens à avoir une meilleure vie, sera toujours là quand on sera à l’âge de la retraite. Du coup aujourd’hui, on voit des communautés très actives pour aider les autres personnes de leur communauté. C’est sûrement lié au Covid quand le gouvernement USA a laissé tout le monde face à la mort. Le Minnesota est un bon exemple de ce qui peut être fait avec un vrai soutien aux communautés mais il faut dire que cet état a un gouvernement de gauche.

Water from your Eyes
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Merci à Water From Your Eyes et Beggars pour cette interview.

Le groupe sera de passage le 10 novembre dans le cadre du Pitchfork Festival au Supersonic Records.


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Grand Blanc par Romain Ruiz

À peine un mois après la sortie de leur troisième album, Halo, nous avons eu l’occasion de discuter avec Camille et Benoît de Grand Blanc. Ce fut l’occasion d’en apprendre davantage sur la nouvelle direction musicale du groupe, de leur nouveau label Parages et de leurs voyages qui ont inspiré ce troisième opus d’une grande douceur. 

P&P : Bonjour Camille et Benoît, comment ça va ? 

Benoît : Ça va bien, on répète pour les premiers lives et c’est cool franchement, on a bien travaillé, on est contents !

P&P : Félicitations pour Halo. C’est quoi l’inspiration principale derrière l’album ? 

Camille : Je pense que c’était notre vie ensemble pendant ces quelques années. Ça a duré trois, quatre ans, je pense ? Enfin depuis la fin de notre dernier album, on a passé pas mal de temps ensemble, on a vécu dans une maison, dans laquelle on se trouve actuellement et on a construit un studio, on a monté un label et on a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.

BenoîtEt puis en vivant dans une maison, notre rythme de vie et notre manière de faire de la musique ensemble a pas mal changé. On avait plus de label, on était en train de monter le nôtre, donc on avait plus forcément d’agenda. Le studio, c’est plus genre la journée et puis le soir tu rentres chez toi. On vivait un peu à l’intérieur de notre album. L’inspiration, ça a aussi été ça, cette espèce de rythme super lent, voir les saisons passer, tout ça.

CamilleEt aussi l’extérieur, les alentours de la maison dans laquelle on vivait qu’on a appelé « Parages » qui est le nom de notre label aussi. On avait un peu cette map autour de la maison qu’on explorait et qu’on a apprivoisé avec le temps et l’extérieur se retrouve pas mal dans le disque.

P&P : Et d’ailleurs cet album est beaucoup plus organique que les précédents. Est-ce que ça vous est justement venu de cette cohabitation, cette volonté de changer de style ? 

BenoîtOui, effectivement tu parles d’organique et c’est marrant parce que vivre ensemble en communauté, c’est quelque chose d’organique en soit. On travaille avec Adrien Pallot qui nous aide à réaliser nos disques depuis le premier. Il a été pas mal à la maison aussi et parfois on dit qu’Adrien c’est la personne qui nous a appris que faire à manger et tenir une maison quand tu fais de la musique dans une maison, c’est presque aussi important que faire de la musique pour faire un disque. Donc je pense que le côté organique, littéralement, il vient aussi du bon fonctionnement de notre communauté. Enfin, c’était comme ça qu’on allait faire un bon disque et après ça répond à organique dans le sens plus esthétique du terme, comme on était dans une maison, on travaillait pas forcément les chansons sur ordi mais parfois dans le jardin avec une guitare acoustique. C’était plus light, on avait pas besoin de se brancher. Et ce mode de vie a fait que dans cet endroit, c’était hyper adapté d’avoir des instruments acoustiques, d’enregistrer des choses dans les alentours, ça a fait le son de Halo. Et c’était à la fois un choix artistiques et à la fois on s’est adaptés à ce qu’on avait sous les yeux.

On a pris le temps de vivre ensemble et je pense que cet album parle de ça.

P&P : Dans l’album, on entend beaucoup de field-recordings, est-ce que c’est une manière de laisser entrer les gens dans votre cocon ? 

CamilleHmm oui. C’est trop bien si ça te fait ressentir ça. On s’est pas forcément dit que les auditeurs étaient avec nous, c’était pas par égoïsme, c’est parce qu’on savait pas si l’album allait sortir un jour et comment il allait sortir. On était en train de faire notre label en même temps et on était plein d’incertitudes, de joie, de sentiments mélangés dans tous les sens et je pense que c’est un peu pour ça que cet album ressemble à ça. On s’est finalement octroyés pleins de libertés, c’est parce qu’on était vraiment entre nous. Tous ces sons qui sont organiques, ça vient du fait qu’on a fait ça avec les moyens du bord et au lieu de camoufler ces bruits extérieurs et ces bruits ambiants, on a décidé d’en faire quelque chose de musicalement intéressant. Si par exemple, sur un enregistrement, on entend la pluie, on va la mettre encore plus fort.

Benoît : Donc si on l’avait mise moins fort, de toute façon elle aurait été là et dans certains courants créatifs, il y a des artistes qui s’imposent des contraintes pour être créatifs, et c’est devenu ça à un moment pour nous. On n’a pas choisi, mais c’est devenu un contrainte créative. C’est trop bien parce que parfois t’es perdu dans le morceau et si tu mets la pluie plus fort et ça donne une idée qu’on avait pas prévu. Ça nous laisse aller dans le sens du courant. Essayer d’être un peu réaliste. Comme disait Camille, c’était un peu notre vie ensemble dans la maison notre source d’inspiration donc il y avait un peu un côté documentaire avec ces sons directs et essayer de rester fidèle à ce que c’était.

CamilleEt puis il y a aussi ce truc de « macro ». Notre musique est liée à des lieux depuis le début. Je sais pas, c’est comme ça, on a toujours bien aimé parler des lieux dans lesquels on vivait, avec lesquels on interagissait, que ce soit quand on partait en voyage ou notre ville… Et là, la façon dont ça s’est manifesté sur ce disque c’est avec la présence du son direct. C’est un peu comme avoir un microscope et de se dire « ce petit son-là, il pourrait avoir du sens avec ces mots-là ». S’attarder un peu sur les choses du réel.

P&P : Et vous avez voyagé en Roumanie juste avant. Est-ce que ça a eu un impact sur la conception de l’album ? Parce que vous parlez beaucoup de voyages, d’évasion dans votre musique. 

CamilleOn est partis en Roumanie, parce qu’on avait deux dates là bas. C’était la fin de la tournée du précédent album et on a décidé de faire un road trip dans le delta du Danube. C’était l’idée de Benoît et ça nous a séduits aussitôt. Le delta du Danube, c’est un énorme marécage, on va dire, où d’un côté on a le Danube et de l’autre côté la mer sur une centaine de kilomètres avec des méandres, des roseaux, des oiseaux, des grenouilles… et au milieu t’as vraiment rien. Nous, on était dans une auberge et c’étaient des maisons sur pilotis. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit que ce paysage était vraiment beau et qu’on devrait peut-être se remettre à faire de la musique et en fait, j’avais mon enregistreur et le premier son du disque qu’on entend, c’est le son de cette soirée. Enfin c’est les grenouilles du delta du Danube. Et je trouve ça trop bien de commencer par là sur l’album parce que c’est un peu là où tout a débuté pour Halo. 

Benoît : Cet endroit a aussi posé un doute, il est très vaste, mais comme il y a beaucoup de roseaux au niveau de l’eau, il n’y a pas de relief donc tu ne peux jamais vraiment saisir l’immensité qu’il y autour de toi, tu la pressens et ça s’est mis à ressembler un peu à ce qu’on vivait à la maison où on voit le ciel par le vélux et c’est tout. Et c’est pas non plus un paysage très vaste ou très exotique notre maison mais on a dû voir au travers. Ce voyage est raconté dans « Loon » et c’est l’un des premiers morceaux du disque. Ce voyage, il fallait qu’on le raconte et on a un peu travaillé sur ce récit tout au long du disque. On répétait cette histoire et c’est devenu notre légende.

CamilleOui, une petite chanson de départ sur la quête.

P&P : Vous avez commencé à travailler sur cet album en 2019. Est-ce que vous pensé que le covid et le confinement ont eu un impact sur la conception de l’album ? 

CamilleNon, je pense pas. Évidemment, tout ce qui nous entoure a une incidence sur nos actions et la pandémie a eu une incidence, pour le coup, sur toute la planète. Mais nous, on était déjà dans la maison au moment de la pandémie, on commençait déjà à faire ce travail ensemble et en fait c’est arrivé à un moment où on était déjà un peu installés. Ça faisait peut-être déjà deux semaines qu’on était là et puis on est restés coincés, comme tout le monde, et on a juste continué à faire ce qu’on avait prévu de faire.

BenoîtEn plus, si on avait enregistré l’album comme les précédents à Paris, ça aurait été un facteur énorme mais là, on était déjà entre nous, on sortait pas trop de la maison, on avait tout ce qu’il fallait. Par exemple, il y a une chanson « dans le jardin, la nuit » sur le disque sur un moment qu’on a vécu ensemble où on a vu un truc bizarre dans le ciel la nuit. En fait, la boite d’Elon Musk lançait des satellites pour faire des réseaux de 5G et en fait ça faisait une espèce de colonne d’étoiles bizarres. Et puis on a fait une chanson dessus.

P&P : Parlez-nous de la pochette de l’album, est-ce que c’est une photo du ciel vu depuis votre maison ? Les fameux parages ? 

CamilleLa pochette a été réalisée par un collectif qui s’appelle « C’est Ainsi » et en fait Labex fait partie de ce collectif. Il fait des photos passées dans la moulinette de ses ordinateurs on va dire. Il fait un peu de l’impressionnisme numérique et on adore ce qu’il fait. on lui a demandé de faire la pochette et il est venu faire des photos à la maison pendant deux jours. Et cette pochette c’est probablement le résultat de quelques photos mélangées. C’est en quelque sorte une vue du jardin et c’est très parlant pour nous.

P&P : Tous vos textes sont écrits en français. Est-ce que vous voyez ça comme une prise de risque ou comme une évidence, quand on voit des artistes non-anglophones écrire en anglais malgré tout ? 

BenoîtC’est pas une évidence, non. Ça fait trois albums qu’on écrit comme ça.

CamilleAprès notre rapport à la langue, il est différent pour chaque personne. On pourrait jamais s’imaginer écrire dans une langue qu’on maitrise pas intrinsèquement. Si on parlait couramment d’autres langues, on écrirait dans d’autres langues oui. J’ai grandi en chantant des chansons en anglais, c’est une langue hyper ronde avec des diphtongues, des longues voyelles et c’est super pratique mais bon, quand je chante des textes en français, j’ai plutôt tendance à étirer les mots pour les faire sonner comme les chansons que j’avais appris à chanter. L’idée c’est d’essayer de proposer quelque chose qui ressemble vraiment à qui on est, d’essayer d’avoir sa patte.

BenoîtMais c’est de moins en moins une prise de risque et puis on essaye d’être honnêtes les uns avec les autres et on a fait comme ça, parce que ça nous paraissait évident. Le français peut être aussi musical que l’anglais et on y travaille beaucoup à cette musicalité.

CamilleOn n’est pas des pop stars, on se sent pas trop concernés par l’accessibilité, on sait très bien qu’on ira pas à Coachella (rires). Et si un jour, on passe à Coachella, on chantera nos textes en français.

On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.

P&P : Vous avez créé un label, « Parages » il y a un an. On voit de plus en plus d’artistes créer leur label, pour faire fi des contraintes imposées par les gros labels, peut-être. Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce label ? 

CamilleÇa coûte très très cher de faire un film. Alors qu’un album, ça coûte presque rien, notamment électro, tu peux tout faire tout seul, l’enregistrer, le produire, le sortir sur Spotify. Donc à partir de ce moment-là, pourquoi s’embarrasser d’un label ? Le label peut interagir dans la création d’un disque et quand tu veux être indépendant financièrement et artistiquement, autant créer son label. Tout dépend de la musique que tu veux faire bien sûr. Nous, on a décidé de faire un label parce que c’était le moment. Ça fait deux albums qu’on sort, avant on y connaissait rien à l’industrie de la musique mais maintenant si, on a un peu plus compris comment ça se passait. On va être peinards, on fait de la musique quand on veut, la sortir comme on veut et sortir absolument ce qu’on veut. Si demain, on fait une chanson toute seule et que je l’adore, je peux la sortir sur Spotify et ça s’arrête à peu près là.

BenoîtBon bien sûr, ça rajoute du boulot mais le rapport au produit fini n’est pas du tout le même. On est passionnés par ce qu’on fait et on essaye de s’investir au maximum dans nos disques et là, comme on fait absolument tout, c’est vrai que tenir le vinyle dans nos mains, il y a un rapport à ta musique qui est plus intense et complet. Donc il y a une pression qui s’ajoute mais à la fois quand tu es content, tu sais pourquoi tu l’es.

CamilleC’est un sentiment vraiment d’accomplissement quand tu fais tout de A à Z. On l’a pas fait entièrement tous seuls parce qu’on s’est entourés de personnes qui nous ont aidés pour le faire mais on était au centre de la production. C’est nous qui avons instigué l’idée de faire un album seuls et ça n’a pas de prix. C’est fou quand tu te dis que tout est passé par nous. On s’est battus pour qu’il existe ce disque et ça lui donne plus de valeur.

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Récente coqueluche du rock indé chez la jeunesse, c’est à l’occasion de leur passage au Trianon pour leur plus importante tournée européenne en date que nous avons pu rencontrer Ryan Guldmond, chanteur et tête pensante de Mother Mother. Venu défendre leur dernier album studio « Inside » ainsi que leurs récents singles, cet entretien a été l’occasion d’en apprendre davantage sur la manière dont le groupe gère sa fulgurante popularité en Europe et envisage sa musique dans son processus son créatif

WELCOME TO EUROPE

Guldmond le dit lui-même, cette tournée a une saveur particulière. « Beaucoup de choses ont changé », il y a « beaucoup de nouveaux fans », « d’une certaine manière c’est comme si c’étaient nos premiers concerts en Europe. ». En effet, les musiciens de Vancouver n’ont jamais sillonné l’Ancien Continent à travers de si grandes salles. Depuis l’explosion de leurs musiques sur Tiktok, la fanbase de Mother Mother s’est largement agrandit et les nouveaux passionnés répondent à l’appel. En témoigne la gigantesque file de jeunes gens devant la salle parisienne plusieurs heures avant l’ouverture des portes.

NOUVELLE FAMILLE

A ce propos, Guldmond est plus qu’enchanté de ces nouveaux liens qui se créent entre le groupe et leurs récents fans, « Les fans deviennent une famille, toujours ». Car même s’il n’est pas forcément facile d’aborder toutes ces nouveautés, les musiciens sont portés par une passion artistique et altruiste faisant vibrer leur cœur : « Nous avons un but ici, on essaye de rassembler les gens, la jeunesse. » Les hostilités plus tardives en feront montre, c’est un seul groupe que forment Mother Mother et leurs fans lors de leurs concerts. C’est précisément ce que recherche Guldmond et ses acolytes lors de leur performance : « nous essayons depuis longtemps de créer un lieu, quelque chose de sûr pour les gens ».

ECRIRE POUR EXISTER… ET RENCONTRER

À l’image de leurs concerts, la musique de Mother Mother inclut depuis toujours les incompris et leur transmet l’amour parfois difficilement obtenu. Leurs concerts sont les lieux de rencontre entre le groupe et ceux qui les écoutent : « On commence à écrire en ayant à l’esprit qu’on va rencontrer quelqu’un. ». Leur dernier single « Cry Christmas » sur le mal ressenti par certains lors des fêtes de fin d’année en est particulièrement représentatif. Cette composition plus sombre et rock est une nouvelle réussite importante pour le groupe à l’égard de ses auditeurs confie Guldmond : « quand on lit les commentaires sur le clip youtube de “Cry christams”, on y trouve beaucoup de personnes évoquant pourquoi noël est difficile pour eux, la pression de la famille, de la consommation… ». Une fois de plus les rockeurs au grand cœur ont visé juste. Comme avec leur second album studio « O my heart », celui qui les avait projetés sur le devant de la scène en Amérique et qui a été récemment découvert par des millions d’adolescents européens.

O MY HEART, WE DID IT

Cet entretien a d’ailleurs été l’occasion de revenir sur ce magnifique effort et sur Hayloft II, la réédition du « tube » du groupe. Ce renouveau s’est imposé comme une évidence au groupe devant la popularité du single original : « ce n’était pas un effort de créer Hayloft 1 et 2, c’était juste une façon de faire grandir l’énergie ». Parce qu’un groupe évolue avec son art et avec ses fans complète Guldmond. Et si « O my heart » demeure bien la création la plus populaire du groupe, même 15 ans après, c’est parce que la composition des musiques a été un point tournant de la carrière du groupe : « c’était le premier album où nous avons vraiment expérimenté la musique (…) il y a quelque chose de juste qui nous a inspiré une très grande écriture. ». C’est l’album qui les a fait découvrir en Amérique il y a 15 ans et qui les fait découvrir aujourd’hui en Europe. Mother Mother cherche de toute manière une inlassable évolution pour satisfaire tant leurs fans que leur démarche artistique. Histoire européenne à suivre d’un groupe qui était déjà grand avant sa notoriété tardive.


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Le 7 octobre 2022, l’excellence vertigineuse de Sorry est de retour avec un nouvel album « Anywhere but Here », le digne successeur de « 925 ». Avec son rock glacé et mélancolique, le groupe dévoile une galette hypnotisante, y signe la fin de son adolescence mais ne perd rien de sa sensibilité. Popnshot a rencontré deux de ses membres Asha Lorenz et Louis O’Bryen pour discuter de cette sortie dans les locaux parisien de son label Domino Records. Un moment autour d’un thé chaud pour parler compositions, boucles musicales, maturité, perfection, Skins, Euphoria et méthodes pour découvrir de nouveaux artistes.  Une rencontre  portée par la douceur d’un duo à la timidité et à la sincérité touchante sur lesquels il faudra compter pour faire briller l’avenir du rock made in UK.

SORRY par Théophile Le Maitre
SORRY par Théophile Le Maitre
Popnshot : Votre nouvel album, « Anywhere but here » sort ce 7 octobre. Comment le décririez-vous en quelques mots ?

Asha Lorenz: C’est mélancolique, il t’emmène en voyage. Il est aussi lourd.

Louis O’Bryen : On a écrit des morceaux  classiques 70’s mais avec des twist et des productions très modernes.

Pourquoi cette période 70’s vous inspire-t-elle autant ? Elle évoque quoi pour vous ?

Louis : Je pense qu’on a écouté beaucoup de morceaux qui datent de cette époque. Nous voulions qu’il y aie une cohérence entre les titres de l’album. Nous n’avions pas fini les morceaux avant d’aller en studio. On avait fait l’inverse sur le premier album, on avait les chansons et ensuite on a enregistré et créé de la cohérence entre elles. On a voulu travailler différemment cette fois.

Le premier album était un mixe de morceaux issus des cinq dernières années. Comment ça s’est passé sur celui-ci ?

Asha : On l’a fait un an et demi après avoir fini le dernier. Donc c’était bien plus compact.

Votre premier album était décrit comme quelque chose de jeune mais de beau, une sorte de cri adolescent. Celui-ci est déjà décrit comme celui de la maturité. C’est un terme souvent employé dans la presse, est-ce quelque chose qui vous parle ?

Asha : C’est une deuxième maturité. Il y avait déjà un pas vers elle sur le premier album. On a écrit le premier de nos 18 à 22 ans. On y parlait de nos problèmes. Aujourd’hui, on a toujours les mêmes mais on les voit avec plus de maturité.

Louis : On est toujours en train de grandir et notre musique représente toujours ça. Mais comme le dit Asha, c’est peut-être plus mature, ça nous représente peut-être mieux et c’est aussi plus honnête.

Après la sortie du premier album, vous avez sorti une mixtape des titres comme ils existaient dans leur première version en expliquant que les morceaux évoluent toujours et que vous vouliez dévoiler une photographie de leur premiers instants. Les nouveaux titres ont-ils également beaucoup évolué ?

Asha : On a les démos, on pourrait les sortir un jour. Mais comme ces chansons ont été écrites dans une courte période elles ont moins eu le temps d’évoluer. Elles ont un peu changé de forme. La progression était moins forte que la fois précédente.

Popnshot : Le premier album s’appelle « 925 » parce que l’argent obtient sa pureté à 9,25. Vous aimiez l’idée que ce soit presque parfait. Vous essayez de vous rapprocher de la perfection ?

Asha : Ce n’est pas encore l’album parfait. Si on arrive à faire un un jour, ce n’est pas celui-ci. Mais c’est une progression saine.

On a voulu en faire un générique d’introduction avant que les choses ne deviennent plus sombres.

La première chose qui frappe quand on écoute « Anywhere but here » c’est que le premier titre est très joyeux et lumineux mais qu’il tranche avec le reste de l’album qui est bien plus sombre et mélancolique. D’où vient cette rupture de ton ?

Louis : On a écrit ce titre bien après avoir enregistré le reste de l’album. On voulait écrire un titre plein de vie. On voulait un titre qui fasse battre les coeurs, différent du reste. Mais le morceau ne collait pas avec l’ambiance général donc on ne pouvait pas l’insérer ailleurs. On a voulu en faire un générique d’introduction avant que les choses ne deviennent plus sombres.

Sur le clip de « Key of the city » vous dépeignez les clichés de ce que les personnes font de leur intimité dans les grandes villes. Ce n’est pas la première fois que les grandes villes vous inspirent…

Asha : On a grandi à londres, on y a toujours été et on a les mêmes amis depuis le début de nos vies. C’est naturel pour nous, puisque c’est de là qu’on vient, d’avoir un oeil sur tout ce qui se passe. Les gens y font des choses très différentes tout le temps. Mais ce qui nous intéresse surtout c’est les gens et les relations qui se font dans les villes qui nous intéressent.

Mais on a aussi voulu rendre le clip humoristique en utilisant les clichés, notamment celui de l’argent. On a d’ailleurs créé des personnages qui sont très stéréotypés.

Vous avez d’ailleurs une histoire forte avec New-York, vous y avez joué juste avant la pandémie avant d’y retourner avec Sleaford Mods.

Louis : On a pu jouer à New-York mais ni à Los Angeles ni dans le sud ouest. Notre tournée a dû être écourtée.

Vous disiez que c’est la ville où toute les fins du Monde dans les films arrivent. Post-pandémie, il parait que la ville est devenue très post-apocalyptique, vous l’avez ressenti ?

Louis : New-York n’est pas une ville normale et pourtant tout semblait plutôt normal quand on y est retourné. La ville avait l’air d’avoir guéri.

C’est l’apprentissage de laisser tomber des choses, d’accepter de mettre un terme, une fin.

A la fin de l’album le titre « Again » marque les esprits. On peut le rejoindre de l’histoire de ta mère qui est doula de fin de vie Asha ?

Asha : Un peu mais pas tant que ça. Ça parle des petites morts qu’on a dans le vie. C’est l’apprentissage de laisser tomber des choses, d’accepter de mettre un terme, une fin. Ça va avec l’album puisque c’est aussi sa clôture. Le titre s’accroche à une note en particulier parce que c’est un son similaire à celui qu’on fait quand on est très heureux ou très triste ou qu’on perd quelque chose. Ça parle du besoin de changement mais le changement ne vient pas.

Vous y utilisez une boucle musicale. C’est un procédé assez fréquent chez Sorry. Comment cela appuie-t-il un propos ?

Asha : Ici ça va très bien avec les paroles. La boucle aide les paroles. On voulait montrer qu’on construit et que pour autant ça reste la même chose.

Vous les écrivez en premier ?

Asha : Ça dépend complètement du morceau. Parfois ce sont elles qui vont dicter la musique mais parfois c’est l’inverse. Ça dépend de si l’idée du morceau est à ses débuts ou si elle est très avancée.

Louis : L’un peut bouger l’autre. Les paroles construisent les instruments.

Sorry Anywhere but here
crédits Théophile Le Maitre
Comment s’est passé la conception du titre « Key of the city » qui parle des coeurs brisés. Les paroles sont-elles arrivées avant les instruments ?

Asha : on avait les riffs de la guitare et les paroles ont découlé de ça. Et le reste de la chanson est arrivé après la construction du premier couplet. Les deux viennent main dans la main quelque part quand l’idée a déjà eu le temps d’être développée dès le début.

Louis : C’est important pour nous que les samples et les notes électros soient un miroir des sentiments représentés dans le morceau.

« Screaming in the rain », c’est un clin d’oeil sombre à « Singing in the rain » ?

Asha : Un peu. On a joué sur les mots.

Louis : C’est sa version triste. (Rire)

On met une partie de nous de nos chansons et ça leur donne, je pense une certaine lumière.

D’ailleurs pourquoi cet attrait pour les compositions mélancoliques ?

Asha : C’est qui nous vient naturellement. C’est vraiment très difficile à expliquer mais ça vient de ce qu’on ressent. On ne le choisit pas.

Louis : C’est un sentiment naturel. Quelque chose autour duquel on gravite mais parfois on essaie d’écrire des chansons joyeuses. C’est bien plus difficile que d’écrire des chansons tristes. C’est peut-être juste compliqué pour nous en tout cas.

Asha : Le genre que l’on joue n’est pas propice aux chansons joyeuses. On essaie de faire des titres solaires pour contrebalancer la tristesse, trouver un équilibre.

Louis : On met une partie de nous de nos chansons et ça leur donne, je pense une certaine lumière.

Sorry crédits : Iris Luz –
Un journaliste de chez Magic avait comparé votre premier album au show télévisé « Skins ». La comparaison vous plait-elle ?

Louis : On adorait le show quand on avait 14 ans. Si on le regardait maintenant se serait un peu embarrassant. Avec ces adolescents rebelles qui grandissaient en Grande-Bretagne, à l’époque on les trouvait super cool. Mais à cet âge là, on est sensibles à ces choses là.

Vous pensez que les adolescents d’aujourd’hui seraient moins tenté d’aimer « Skins » ? Ils ont « Euphoria » mais l’ambiance y est différente.

Asha : Non je pense que les adolescents aiment toujours ce genre d’histoires. Les gens sont obsédés par « Euphoria ». C’est une autre façon d’être choquant qui y est utilisé.

Louis : Mais j’aime beaucoup le show. Je le trouve excellent. C’est très intense.

Qui dit album dit concerts. Une tournée arrive avec deux dates parisiennes notamment. Comment travaillez vous le passage du studio à la scène ? Faut-il repenser les titres ?

Asha : On va les retravailler, on veut que le show aie un flow différent. On commencera les répétitions avant la tournée mais on veut lui donner plus de profondeur et ne pas simplement jouer les morceaux.

Louis : On a un peu joué aux USA et au Royaume-Unis nos nouveaux titres, on y a pris beaucoup de plaisir. Les gens ont eu l’air de les apprécier.

J’aime prendre un album que je ne connais pas chez un disquaire.

Dernière question : Quelles seraient vos recommandations pour aider les gens à découvrir de nouveaux artistes ? Quelles méthodes utilisez-vous ?

Asha : J’aime prendre un album que je ne connais pas chez un disquaire. Et même s’il n’est pas si bon, tout album a toujours quelque chose à apporter. Et si tu t’impliques dans le travail de l’artiste, tu y trouveras toujours quelque chose et c’est satisfaisant. Donc impliquez vous à un artiste.

Louis : J’en trouve beaucoup dans des films et des séries.


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