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Luke Pritchard

Le 22 juillet 2022, après quatre ans d’absence, The Kooks reviendront avec un sixième album, 10 Tracks To Echo In The Dark. Si le titre évoque une certaine noirceur, l’album, lui, est lumineux et regorgeant de joie de vivre. Le groupe se produira à L’Olympia le 18 février 2023 et dans d’autres villes françaises comme Toulouse, Bordeaux et Lyon, un peu avant, en fin janvier 2023.  De passage à Paris il y a peu, Luke Pritchard a accordé une interview à Pop & Shot. Avec cette bonne humeur qui lui est propre, il aborde les inspirations derrière le nouvel album, son nouveau rôle de père, la littérature surréaliste, Berlin ou la dernière fois qu’il s’est senti vraiment « naïf » ! A découvrir en vidéo

Découvrez notre interview de luke Pritchard de The Kooks

Interview : Pénélope Bonneau Rouis et Julia Escudero / Vidéo : Théophile Le Maitre


Alors que la pandémie mondiale laisse entrevoir une accalmie, elle permet surtout aux groupes internationaux de parcourir à nouveau le Monde. A peine le feu vert donné, et voilà que les fous furieux de The Hives reprennent déjà les routes. Rien d’étonnant lorsque l’on connait la réputation de la formation en live. Après un passage aux Etats-Unis, annoncé dix jours avant, les voilà qui débarquent en France.  C’est à l’occasion de leur passage à l’Olympia de Paris que le groupe a invité l’équipe de Popnshot en backstages pour une interview haute en couleurs.  On y a retrouvé Pelle Amqvist, le chanteur un peu malade mais ravi d’être là. L’occasion d’aborder autour d’une boisson chaude la question du  ou plutôt des deux nouveaux albums à venir 9 ans après la sortie de Lex Hives, mais aussi du retour sur scène, du courant punk en 2021, d’un concert dans un sous-marin, de son esprit rebelle et de King Gizzard and The Lizard Wizard. Rencontre.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Vous revenez tout juste d’une tournée au USA. C’était comment de retourner là bas ?  Vous y avez beaucoup d’influences, est-ce que vous y avez trouvé de nouvelles inspirations ?

Pelle Almqvist aka. Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Quand on était là-bas, on n’écrivait pas, on était tout le temps en tournée. Mais c’était très amusant de vivre  la culture américaine. Et c’était dans le Sud, ce qui est plus exotique que New York ou Los Angeles. On est allé en Floride, à Nashville, au Tennessee dans le Mississippi.

 

Pop & Shot : C’était comment de voyager à nouveau après la pandémie ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’était cool ! Mais vraiment étrange, parce que nous n’avons appris seulement 10 jours avant la tournée que nous pouvions la faire. C’est donc très difficile d’en faire la promotion.
Mais c’est bon d’être de retour ! Pendant toute la pandémie, on a essayé de faire des concerts. Nous avons essayé d’en organiser et ils ont été annulés. Maintenant, du jour au lendemain, Nous avons beaucoup de concerts,  une tournée américaine et une tournée européenne. C’est vraiment cool. On est presque le seul groupe en tournée actuellement. D’ailleurs, notre promoteur a dit qu’on était le premier groupe international à jouer à l’Olympia depuis 600 jours.

près les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Vous avez fait un concert en live stream en janvier dernier. C’était comment de jouer avec personne en face de vous ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons fait un live stream pour le Mexique d’abord, qui était le concert annulé de Mexico. Donc, quand il a été annulé, les organisateurs voulaient que nous fassions un live stream. C’est donc ce que nous avons fait ! Cela nous a appris tellement de choses et aussi ce qu’on ne voulait pas faire. C’était particulier parce que c’était comme si nous jouions une chanson et qu’à la fin c’était mort. Après chaque chanson, je parlais un peu, puis nous jouions la chanson suivante, puis c’était de nouveau silencieux. Et c’était horrible. C’était le pire, c’était si difficile de faire un bon travail. Parce que la chose la plus importante manque, c’est-à-dire la foule. Alors, quand nous avons fait notre propre tournée mondiale en live stream, nous avons trouvé des solutions. Nous avions des haut-parleurs avec le bruit de la foule que nous avions enregistré dans les endroits où nous avons joué. Ainsi, le spectacle australien avait un bruit de foule de Sydney que nous avions trouvé sur YouTube à partir d’un de nos concert là bas. Le bruit était diffusé entre chaque chanson. Et nous avons vraiment eu l’impression d’un concert normal. Les gens pouvaient aussi appeler appeler en direct. Nous voulions faire ça pour prouver que c’était vraiment live. Car c’était important pour nous de faire ces concerts en direct pour le public. Et c’est pour ça qu’on jouait à des heures différentes, par exemple on se levait très tôt le matin pour jouer en Australie, on restait debout très tard le soir pour jouer aux Etats-Unis, etc. Parce que nous voulions que ce soit comme une tournée, chaque concert était à 21h, heure locale. Et je pense que c’est l’une des choses que nous avons été le plus heureux de mettre en place. C’est aussi très amusant. Parce que les gens appelaient. Après les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Ils étaient contents de vous avoir au téléphone ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, ils criaient, hurlaient, discutaient. C’était vraiment une bonne idée de faire ça. Je pense que nous avons fait un excellent travail ! Après le premier concert, nous l’avons regardé et nous nous sommes dit que c’était vraiment mieux que ce que nous aurions pu espérer.

Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres.

Pop & Shot : Vous avez écrit de nouvelles chansons pendant la pandémie, est-ce que cela veut dire qu’un nouvel album est prévu ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui. Nous en avons un de prévu, c’est un album sur lequel nous travaillons depuis longtemps. En fait, ce sont deux albums. Nous essayons de le faire, mais cela prend du temps, parce que nous avons beaucoup de chansons que nous aimons, mais nous n’aimons pas tous les mêmes chansons et nous avons un processus très démocratique. Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres. C’est pour ça qu’il devrait éventuellement y avoir deux albums. Aussi, nous prenons une trop longue pause entre les albums, surtout pour celui-ci  d’ailleurs !  Mais même en temps normal, nous prenons beaucoup de temps, donc ce serait amusant d’essayer sortir un album plus rapidement à l’avenir.

Pop & Shot : Dans Lex Hives, vous aviez instauré beaucoup de règles. Est-ce que dans ce nouvel album ces règles seront toujours là ? Y en aura-t-il de nouvelles ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Eh bien, il n’y a pas de règles. C’est peut-être pour ça que ça nous prend si longtemps, parce que toutes les chansons sont différentes. Et c’est difficile pour nous d’en faire un ensemble cohérent.

Pop & Shot : Comment décrivez-vous l’esprit du groupe maintenant que vous avez près de 30 ans d’expérience ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est bizarre de penser que ça fait si longtemps. Je ne sais pas si quelqu’un a fait quoi que ce soit pendant 30 ans de suite, à part prendre son petit-déjeuner ou aller se coucher. Bizarrement, j’ai l’impression que l’esprit « The Hives » existerait même si les membres du groupe n’existaient pas.  Mais c’est toujours aussi cool d’être dans le groupe, surtout quand nous faisons des concerts. On dit que c’est extatique. Les gens viennent, qu’on ait un nouvel album ou pas, c’est quelque chose de solide, ce qui est cool !

il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter.

Pop & Shot : Vous avez beaucoup été décrits comme un groupe de punk, surtout au début. Aujourd’hui en 2021, est ce que vous pensez que le punk représente toujours quelque chose ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est un peu comme le jazz maintenant. Ça dure. Comme si c’était une force culturelle. Je pense qu’à cette époque nous apprenons à jouer de la musique. Donc le punk fera toujours partie de notre ADN, mais je ne suis pas sûr que ça m’intéresse de m’y référer. C’est plus facile de se dire « groupe de rock n roll », on peut tout se permettre. Alors que si on se dit groupe punk, il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter. Donc oui, nos influences ont toujours été principalement le rock and roll et le punk rock. Quelque part entre les deux.

Pop & Shot : Vous dites qu’il y a des politiques punk, ce qui est vrai. À une époque vous vouliez vous rebeller contre tout. Mais vous vous rebellez aussi contre le punk.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Au début, il s’agissait plutôt de se rebeller contre le punk, car les seules personnes pour qui on jouait étaient des punks. Et ça nous a toujours paru bizarre de jouer pour des punks et de se rebeller contre la société alors la société n’était pas là. Donc si nous voulions embêter quelqu’un, cela devait être les punks. Alors on a commencé à porter des costumes et d’autres trucs classes. Et nous étions devenus des snobes. On faisait comme si on était nés riches. Les punks détestaient ça, ce qui était très amusant.  Mais on adore la musique punk, c’était ça le truc, mais c’est tellement drôle quand les gens ne comprennent pas ce que nous faisons et qu’ils s’énervent.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & shot : Est-ce que vous vous rebellez contre d’autres choses aujourd’hui ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Je pense que j’ai toujours été un peu rebelle. Je suis né rebelle. C’est comme si j’étais contre tout ce que les gens avaient, pensaient. En vérité, ça craint un peu. ça rend la vie très dure. Parce qu’il y a un coût à être un rebelle. C’est assez cher, émotionnellement, d’être contre tout ce que les gens pensent. On devient très solitaire. C’est un travail difficile parce que tout le monde essaie toujours de te convaincre de quelque chose. Quand j’ai eu 15 ans, j’ai fait un effort pour m’intégrer davantage. Mais ce côté rebelle est toujours en moi, je crois. Ma première réaction est généralement non.

Pop & Shot : Dans une interview, vous avez dit que The Sonics avaient changé votre vie. Y a t il d’autres groupes qui ont changé votre vie ? Influencé votre musique ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Il y en a un beaucoup, surtout dans ce que j’écoutais plus jeune, parce que les choses que tu trouves au début te frappent le plus fort je pense. Donc, quand j’avais 6 ou 7 ans il y avait AC/DC. Vers 11 ou 12 ans, il y avait quelques groupes de punk comme les Misfits ou des groupes de punk suédois. Mais les Misfits et les Dead Kennedys ont eu une grande importance pour moi. Plus tard, il y a eu The Sonics, vers mes 17 ans. C’était quelque chose d’important, parce qu’avant ça, on jouait une musique influencée par le punk des années 70 et le rock and roll des années 50, comme Little Richard. Nous aimions la musique des années 60, comme les Yardbirds, parce que nous trouvions ça dans la collection de disques de nos parents, mais avec The Sonics, Nous avions l’impression que quelqu’un avait déjà mélangé ces deux choses, le punk des années 70 et le rock’n’roll des années 50, et c’était The Sonics, et j’aimais vraiment la façon dont ça sonnait.

J’avais un ami qui aimait la musique psychédélique et il m’a donné l’album de The Sonics parce qu’il pensait que ce serait de la musique psychédélique, ce qui n’était pas le cas, mais il m’a dit : « Oh, tu aimeras probablement ça ». Et c’était vraiment le cas, ils ont été une grande influence. Plus tard il y a eu d’autres groupes comme Mitch Ryder, The Detroit Wheels et The Saints, mon groupe préféré depuis longtemps. Bien sûr j’aime vraiment les Ramones et les Stooges.

Pop & Shot : Le punk garage fait son retour en ce moment. Avez-vous entendus de nouveaux morceaux excitants ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : J’aime vraiment les Viagra Boys. Je pense qu’ils sont géniaux ! Et j’aime vraiment King Gizzard and The Lizard Wizard. J’aime tous leurs albums. Non, peut-être un sur trois ou quelque chose comme ça. Parce qu’avec King Gizzard, il y a tellement de sorties que c’est difficile à suivre, surtout pour quelqu’un comme moi qui en sort si lentement.
Je me souviens que j’étais dans un studio à Los Angeles en train de travailler sur autre chose. Ils étaient aussi là. J’y étais donc allé la veille et ils avaient enregistré trois albums en un jour. C’est vraiment impressionnant. J’aurai tellement de mal à faire ça. Je suppose que la seule façon de le faire est de sortir des morceaux et de ne pas avoir d’autocritique. Mais je les aime beaucoup.

la salle la plus bizarre dans laquelle j’ai joué était un sous-marin en France

Pop & Shot : Aujourd’hui vous jouez à Paris en France. Un de vos concert en France s’est déroulé dans un sous-marin ! Est-ce que vous avez un souvenir de ce moment ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, c’est vrai. Je ne me souviens plus dans quelle ville c’était. Mais nous avons joué dans un sous-marin garé dans l’eau. Et on devait passer par une tourelle pour arriver sur scène. C’était la salle la plus bizarre dans laquelle j’avais joué. Il n’y avait que 50 personnes là-bas, ce n’était pas idéal, mais c’est la salle la plus bizarre dans laquelle nous avons jamais joué !

Nous avions été programmés pour un concert, et quand nous sommes arrivés c’était un sous-marin. Nous étions surpris, c’était bizarre. Mais à ce moment-là, on s’est dit : « Ok, c’est le concert. On branche nos amplis et nous jouons ». C’était cool.

Pop & Shot : Pour votre show d’aujourd’hui, vous avez de nouveaux costumes. Dites-nous en plus.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est la fille (Ingrid Berg) de mon voisin qui les a fait, ils brillent dans le noir et c’est plutôt cool. On joue quelques chansons avec la lumière, puis on éteint toutes les lumières et le costume brille. C’est vraiment sympa.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Quels sont vos projets pour le futur ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Tout d’abord nous avons la tournée européenne. Ensuite deux gros concerts en Suède juste avant noël et après nous ferons un album j’espère.

Pop & shot : Et donc, le studio c’est pour quand ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons un studio où nous avons enregistré une partie du dernier album. Nous avons aussi essayé d’aller aux Etats-Unis pour enregistrer mais c’est très compliqué. Cela fait deux ans que nous essayons de venir, mais avec le COVID c’est impossible. Donc maintenant, nous allons probablement commencer à enregistrer en Suède, juste parce que nous aurons moins de risques d’être annulés ou reportés. Donc il me semble que nous allons commencer à le faire en janvier. Nous verrons combien de temps cela prendra. Cela dépend des chansons qu’on veut enregistrer. Parce qu’il y a beaucoup de chansons !

Pop & Shot : Une dernière question, quelle chanson que vous écoutez en ce moment décrit le mieux votre état d’esprit ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Aujourd’hui je suis malade, je me sens mal. Donc je ne sais pas quelle serait cette chanson. Eh bien, mon état d’esprit est probablement quelque chose de Nick Drake, mais j’aimerais que ce soit une chanson de Little Richard. Par exemple « where I’m at » de Nick Drake. Mais j’aimerais que ce soit « rip it up » de Little Richard.


Les quatre rouennais de We Hate You Please Die ont dévoilé leur deuxième album « Can’t Wait To Be Fine » le 18 juin dernier. Quelques jours avant cette sortie, à l’occasion  de sa présence à Paris, Pop & Shot a rencontré le quatuor normand. Confortablement assis sur une terrasse fraichement rouverte, même la pluie n’a pas empêché le groupe de punk garage de nous parler de son nouvel album, d’ADHD, des réseaux sociaux, de dissonance cognitive ou encore d’écologie.

We Hate You Please Die Interview
We Hate You Please Die / De gauche à droite : Raphaël, Mathilde, Joseph et Chloé / Photo : Louis Comar

 

Votre album va sortir le 18 juin, est-ce que vous pouvez nous en parler un peu ? Comment le décrivez-vous ?

Mathilde : C’est un album qu’on a beaucoup plus travaillé que le premier, dans le sens où on a quand même mis deux ans à finir de l’écrire et de l’enregistrer.

Il est beaucoup moins brut de décoffrage que le premier. Le premier « rentrait vraiment dedans et puis celui-là on a pris peut-être plus le temps du côté des guitares, basse, chant puis même batterie au final, de trouver des choses différentes. Le son aussi est pas le même du tout : le premier était beaucoup plus Lo-Fi dans l’esprit et là je trouve ça plus travaillé en fait

Raphaël : C’est plus produit. T’avais un très bon mot pour le décrire (Mathilde).

Mathilde : Il avait des côtés très épiques, des certaines montées, beaucoup de diversité, des passages avec Chloé qui chante beaucoup plus, qui a deux chansons lead… deux et demis ! *rires*. Et aussi y a beaucoup de passages un peu expérimentaux, des fois ya deux mesures de black métal, y a une chanson ou ça part sur de la bossanova mais toujours un peu dans le côté punk, punk/rock

Joseph : Je sais pas si on peut dire expérimentale mais ya beaucoup plus de dynamiques et d’influences que sur notre premier album parce qu’on s’est laissé beaucoup plus de liberté dans les influences qu’on avait pu avoir, les trucs qu’on écoutait à ce moment-là.

Comme tous les morceaux ont été écrit sur presque 2 ans, on a eu le temps de changer de groupe préféré chacun et chacune et du coup ça fait des morceaux qui ont des ambiances différentes, un peu inspirés de choses différentes.

Raphaël : Il est plus à fleur de peau aussi, plus sensible que le premier. Après c’est peut-être le côté produit qui donne ça. On a moins l’impression que c’est passé dans une vieille radio et ça laisse plus de place à l’écoute de chaque attention en fait.

Le premier morceau passe en effet par plein d’émotions, il s’appelle « Exhausted + ADHD » (Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Est-ce que c’est une manière ce mettre ce syndrome sur des notes avec ce côté où ça part dans plein de sens tout en restant cohérent ?

Raphaël : L’idée c’était déjà d’en parler un petit peu parce que c’est un trouble méconnu qui appartient un au folklore, en général c’est associé à l’hyperactivité et la chanson permettait un peu de retranscrire ça, parce que moi j’ai ce trouble justement. Avec ce moment où t’es épuisé d’où le côté « épuisé » du début de la chanson puis ce moment où tu vas avoir un regain d’énergie, où tout se remet en marche et tu te rends compte que tu es reparti. Et du coup la chanson permettait ça, ça pouvait mettre en exergue le trouble et ça permettait de se lâcher un peu.

*la pluie commence, tout le monde s’abrite*

Joseph : C’est vrai que moi je le vois un peu que ça va très bien avec ta personnalité (Raphaël), le côté changeant au sein d’un même morceau, que la dynamique change, que ça passe par plein d’humeur, parce que pour moi ça fait echo avec le syndrome ADHD.

Raphaël : C’est marrant parce que à la base c’est une chanson à laquelle je n’avais pas trop adhéré quand Joseph l’a envoyé, surtout l’intro très longue.

 

que les paroles prennent plus de sens

 

Vous avez « Coca Collapse » qui est le seul titre qui figure à la fois sur l’EP et « Can’t Wait To Be Fine », mais vous avez changé les paroles entre temps. Pourquoi ?

Raphaël : On a fait mieux que les changer ! on en a proposé des vraies *rires*

Joseph : En effet, il était sorti sur « Waiting Room » il y a à peu près un an, mais du coup c’est une version complètement ré-enregistrée (sur l’album), et entre temps l’approche de Raphaël pour chanter a un peu changé aussi. C’est-à-dire qu’avant il y avait une grande place à l’improvisation, voir au yaourt dans pas mal de paroles sur le premier album et aussi sur l’EP.

Raphaël : C’est une langue que j’ai inventée, je préfère dire ça ! *rire*

Ça s’appelle comment ?

Raphaël : Le milkshake ! *rire*

Joseph : Et du coup t’avais (Raphaël) la volonté pour le deuxième album que les paroles prennent plus de sens que ce qu’on avait fait avant. « Coca Collapse » a donc eu droit à de vraies paroles pour l’occasion.

Raphaël : Et surtout on trouvait le jeu de mot tellement drôle qu’il fallait qu’on le redise quelque part.

Joseph : Chacun aura sa préférée entre les deux versions.

 

Je pense qu’on est confiné dans notre crâne depuis qu’on est né

 

Le premier extrait du nouvel album est « Can’t Wait To Be Fine » (aussi le titre de l’album), dans le contexte actuel où tout le monde a hâte d’aller mieux, est-ce que ce morceau vient de ce contexte actuel / le covid, est-ce que c’est plus personnel que ça ?

Raphaël : On avait déjà trouvé ce titre depuis un moment, on savait que ça ferait écho mais on avait trouvé ce nom avant le covid. Joseph nous avait envoyé une maquette qui nous avait un peu bouleversé dans le sens qu’on la trouvait très différente de ce que y avait d’habitude. « Can’t Wait To Be Fine » enfin « j’ai envie d’aller bien » je pense qu’on se le dit depuis qu’on est né en fait. Il y a toujours à attendre à quand ça va aller mieux, j’ai l’impression qu’on est éduqué comme ça. Donc nan je ne pense pas que y a de corrélation, je pense qu’on est confiné dans notre crâne depuis qu’on est né, donc on peut peut-être trouver un écho là-dedans.  Mais c’est vrai que y a un parallèle qui s’est dessiné, le clip quelque part a dessiné un parallèle sans le vouloir.

Joseph : Oui, mais c’est tant mieux. Que chacun puisse y voir ce qu’il veut et se l’approprie et que cela évoque des choses intérieurement que ce soit sur le covid ou autre chose.

We Hate You Please Die - Can't Wait To Be Fine

Vous parlez du clip, y a deux choses dedans. La première c’est que ya un moment vous vous mettez autour d’un cercle dans une pièce fermée, est ce que c’est une référence à Fight Club ?

Raphaël : Vous n’êtes pas les premiers à nous le faire remarquer, et c’est vrai qu’en y repensant, y a un ptit côté Fight Club, mais ce n’est pas spécialement voulu.

Il y a une deuxième chose dans le clip que vous avez refait sur « Barney » d’ailleurs : le vélo d’appartement qui part. Qu’est-ce que ça évoque pour vous ?

Mathilde : En gros c’est un peu un running gag. En fait on a tourné un premier clip qui ne sortira jamais, ça ne faisait même pas deux semaines qu’on se parlait.

Chloé : On va parler de ça ?

Mathilde : En gros c’est juste sur une chanson, un plan de nous quatre où on ne fait rien et y a Chloé qui est sur le vélo d’appartement et je trouve qu’il a un peu scindé l’histoire du groupe ce vélo.

Joseph : C’est un vélo qu’on a dû trouver à peu près au moment où on a commencé le groupe tous les quatre et pendant le tournage du clip de « Melancholic Rain », notre premier clip (l’été 2018), en recherche d’accessoires il y avait le vélo d’appartement qui était tout indiqué. Depuis il est dans tous les clips si je ne dis pas de bêtises. (Sauf « Hortense »)

Raphaël : En plus d’une vanne y a une symbolique, le fait de faire du surplace.

Mathilde : Il roule enfin dans « Can’t Wait » !

Vous disiez que « L’avenir du rock est dans le mélange ». Après des années de rock pop électro, est ce que le courant se renouvelle en ce moment ? Comment expliquez-vous ce retour ?

Joseph : Je ne sais pas si c’est un retour dans le sens où je ne sais pas si le rock était parti. En fait y a toujours du renouveau et de la mixité qui se fait dans tous les styles musicaux je pense, et tant mieux. Après t’as des courants principaux qui sont majoritairement représentés mais les mélanges de styles font toujours naitre de nouvelles idées, de nouveaux trucs.

 

Ça me parle pas du tout le « No Futur », on est « Happy end » nous.

 

Dans une autre de vos citations vous disiez à France Info que le « no futur » des Sex Pistols ça ne vous parlait pas du tout. Est-ce que vous pensez qu’on est dans le choc des générations où y avait un punk no futur et aujourd’hui avec toutes les thématiques écologiques qui existent on se projette au contraire sur sauver l’avenir ?

Mathilde : Pour rappeler à l’album « Can’t Wait To Be Fine », là c’est dit « on aimerait bien aller mieux » donc il y a

We-Hate-You-Please-Die_Interview
Photo : Louis Comar

vraiment cette notion d’espoir. « No Futur » c’est un peu triste de partir de ça alors qu’on peut toujours trouver des solutions au final.

Chloé : C’est vrai que ça me parle pas du tout le « No Futur », on est « Happy end » nous.

Raphaël : C’est vrai que le « No Futur » c’était plus un mantra de provocation peut-être. On préfère carrément assumer le côté lumineux d’un discours à la Idles qu’un groupe dark comme Sex Pistols où tout va mal. Oui tout va mal mais … C’est dans la nuance en fait.

Sur l’ep Waiting Room vous parlez de dissonance cognitive, c’est-à-dire le décalage entre le fait que le capitalisme continue de produire alors que derrière la planète va mal et qu’on le sait tous et pourtant qu’on ne s’arrête pas. Est-ce que vous voulez étayer ce message ?

Raphaël : La dissonance cognitive, je pense qu’on vit tous dedans sans vraiment se l’avouer, j’ai l’impression qu’on est obligé en fait. On n’a pas envie de mourir, mais par exemple on va fumer des clopes et on sait pourtant que… Moi je pense que y a une sorte d’autodestruction en fait, je pense que les humains essaient de se supprimer eux-mêmes.

C’est un peu comme l’écologie je pense. Tant qu’on n’aura pas de l’eau jusque-là (au niveau du cou), on ne se dira pas « Oh peut-être qu’on aurait dû faire gaffe ». Je pense que c’est une sorte de suicide collectif géant refoulé. Ce n’est peut-être pas plus mal pour la planète ? C’est Blanche Gardin qui en parlait d’ailleurs

J’suis nul en math, mais mathématiquement y a de moins en moins de ressources et on va être de plus en plus, donc, qu’est-ce qu’il faut faire ? Là par contre je n’ai pas les solutions.

 

Il va peut-être y avoir un clash aussi entre les ambitions, la proposition artistique et la réalité

 

Il y a une problématique écologique qui se pose sur les tournées. Comment vous le vivez en tant que groupe, quelle est votre approche pour combiner tournée et écologie ?

Mathilde : Nous, forcément on est obligé de partir en voiture, en petit van. Mais on essaye de faire des petits gestes : quand on est accueilli dans des SMAC par exemples on essaye de favoriser les produits locaux plutôt que les produits de supermarchés.

Joseph : Oui c’est des petits trucs qu’on fait ou qu’on devrait déjà tous faire dans la vie de tous les jours. Mais si au nom de l’écologie fallait arrêter complètement tous les déplacements inutiles (non-vitaux)… Je pense qu’il y a deux poids deux mesures, entre Coldplay qui tournent avec 3 semis remorques + un jet et des trucs comme ça, enfin qui tournaient : ils ont décidé de pas le faire, c’est très bien, je trouve que c’est une bonne idée. Mais nous on a un Citroën avec 6 places, on part tous les week-end et je pense qu’on fait pas plus de routes que des gens qui vont bosser tous les jours.

Raphaël : Une fois on a proposé une date au Portugal en mode one shot, on se sentait carrément irresponsables de dire oui et de prendre l’avion pour faire juste une date. Ça aurait été purement égoïste de faire ça.

Il va peut-être y avoir un clash aussi entre les ambitions, la proposition artistique et la réalité. Avec Shaka Ponk par exemple, il y a une logistique qui est démentielle avec des projections, des décors, etc. Ça demande quand même de quoi transporter le matos, c’est beaucoup de ressources énergétiques. Est-ce qu’ad vitam æternam il faudra brider la proposition artistique et les ambitions pour proposer des trucs plus simples et qui permettront qu’on ne s’éteigne pas en 2050. Même si ce n’est bien sûr pas eux… c’est plutôt « les gens du haut » qu’il faudrait taper.

D’ailleurs, je ne sais plus qui me parlait de ça mais dans les années à venir, les gens n’auront tellement plus confiance dans les politiques qu’ils vont transvaser leur écoute après des scientifiques et des artistes.

 

C’est aussi une expérience sociologique d’avoir un groupe

 

Tu parlais à un moment de fin d’internet aussi, y a votre clip « Good Company » qui parle des réseaux sociaux et d’Instagram. En tant qu’artiste c’est quelque chose d’important aujourd’hui Instagram ? Comment vous gérez votre image sur les réseaux sociaux ?

Raphaël : On a beaucoup de mal parce qu’on est assez différent tous les quatre mine de rien, par nos goûts et nos âges. Par exemple avec Mathilde on a 13 ans de différence. Et du coup ça pose la question de qu’est-ce que c’est montrer une image de 4 personnes différentes pour qu’elle s’accorde ? Et donc quand elle ne s’accorde pas on peut se crêper un peu le chignon.

Joseph : On n’a pas tous les 4 la même vision de la communication qu’on aimerait avoir, du coup on se prend la tête un peu des fois. C’est compliqué de se mettre d’accord sur le contenu global.

Chloé : On arrive toujours à se mettre d’accord mine de rien !

Mathilde : C’est aussi une expérience sociologique d’avoir un groupe et d’être 4 personnes aussi différentes les unes des autres.

Chloé : Complètement, c’est vrai qu’on ne se ressemble pas du tout.

Joseph : On gagne en self control ça c’est sûr.

Facebook semble est devenu un truc plus pour les « vieux » et que Insta…

Chloé : On a plus de retour sur Insta, plus de gens qui vont nous envoyer des messages. Les stories c’est hyper cool, parce que les gens ils envoient juste une petite réaction, et y a plus de ça que des commentaires Facebook. Je trouve que c’est un moyen hyper cool de communiquer Insta.

Avant la pandémie, vous parliez à France Inter de votre concert de rêve. Vous aviez plein d’idées : Mexique, Bitnic Festival, etc. Aujourd’hui après tout ce qu’on vient de traverser, c’est quoi votre concert de rêve ?

Joseph : Un concert avec des gens debout sans masque ?

We Hate You Please Die *en cœur* : Exactement !

Joseph : C’est vachement moins difficile de répondre maintenant, tant que y a les gens debout et sans masques ce sera déjà super.

Raphaël : Des p’tites dates à l’étranger aussi et des featuring j’aime bien aussi. J’adore ça les moments où t’as quelqu’un qui s’amène, qui partage un morceau. J’aimerai bien chanter avec Maxwell Farrington !

 

Merci !


HERVE VICTOIRES DE LA MUSIQUE 2021On n’arrête plus la tornade Hervé. Révélé au Printemps de Bourges 2019, la musicien a depuis su fédérer autour de lui un public friand de son univers atypique et sensible. Pendant le confinement de mars, le chanteur dévoilait une vidéo décalée dans laquelle faire des crêpes pouvait devenir un véritable moment de danse et d’art pour le titre « Si bien du mal ». Son premier album « Hyper » sorti en juin a tout pour redorer l’image de la musique francophone en marchant dans les pas d’Angèle, Carla Luciani et surtout d’Eddy de Pretto qu’il cite volontiers. A l’instar de ce dernier, Hervé mise sur le franc-parlé et les morceaux où chanson, french touch, électro et textes se côtoient. Une belle prouesse qui lui vaut d’être nommé aux Victoires de la Musique 2021. Une place bien méritée pour celui qui innove sans cesse tout en faisant de son naturel un atout maître. Rencontre avec un véritable artiste.

L’interview d’Hervé pour les Victoires de la Musique