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février 2025

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Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

L’année 2025 devait donc débuter avec Franz Ferdinand.  Sept années s’étant écoulées depuis la sortie de leur précédent opus « Always Ascending », il s’agissait maintenant de ne plus perdre une minute. Et dans ces cas là, lorsque les astres s’alignent et que tout semble couler de source, le groupe écossais comptait bien marquer les esprits et prendre possession de ce que serait 2025. Une sorte de promesse d’un départ de course sur les chapeaux de roue, un présage d’avenir meilleur. Le 10 janvier la formation sortait donc son « The Human Fear », balayant en revanche les craintes des fans quant à une transformation trop radicale de ses mélodies. Et puis, Alex Kapranos et sa bande avait décidé de donner rendez-vous à son public parisien le 25 février, à la Cigale. Des retrouvailles en petit comité donc, sans peur mais pleines d’amour, auxquelles nous avons eu la chance d’assister. On vous embarque dans cette soirée en chantant « Take you out ».

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Franz ferdinand & The Human Heart

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Franz Ferdinand conquérant ? Son nom après tout, vient de l’Archiduc François Ferdinand d’Autriche, dont l’assassina avait précipité l’entrée dans la première guerre mondiale. En réalité, ce choix venait surtout de son obsession pour le changement brutal. Et ce besoin de redéfinir ses codes, le groupe l’a exprimé d’album en album. Au risque de parfois laisser quelques fans derrière, sur la touche. Ce fut le cas sur ses précédentes galettes, sorties en 2013 et 2018 et qui portent à de fortes discussions lorsqu’évoquées auprès des afficcionados de la première heure. Il fallait donc redéfinir son ADN. La maturité aidant, la sortie d’un best off entre deux se mêlant à l’affaire, le groupe  pouvait donc enfin se recentrer sur ce qui faisait de lui un objet mythique qui se transmet de génération ne génération et dévoiler son « The Human Fear ».  Ce soir donc, La Cigale est pleine à craquer, débordante de vie, et la peur semble en être exclue. En son lieu et place se trouvent des visages de tout âge.  Au balcon, au premier rang, une famille entière a fait le déplacement. Les deux très jeunes garçons connaissent les paroles par coeur comme leur petite soeur. Les parents reprennent les mots en boucle, souriant fièrement face à leur progéniture. Les conquérants mettent tout le monde d’accord. Franz Ferdinand démarre pourtant son set par un titre qui ne semble pas promettre l’union : « Bar Lonely ». Bar, certainement, lonely certes pas. Point besoin de décors, le groupe a bien mieux que ça : une forme de classe indémodable, indétrônable. Lors de la promo de ce son nouveau jet, la formation espérait avoir un son qui sait se renouveler mais qui pour autant porte une marque de fabrique unique. Dans son costume parfaitement coupé, les cheveux gauminés, le dandy écossais est inimitable et le pari est hautement relevé. L’évidence d’une attitude, d’une voix, d’une manière de faire sonner les guitares est bien là. Franz Ferdinand a une formule magique qui ne lasse pas et réuni en chaque occasion. Les couleurs sont chaudes et les esprits eux aussi se chauffent. On oublie les angoisses, le groupe met directement les pieds dans le plat et condense en début de set list un bon nombre de ses nouveaux titres : « Night or Day » ou encore « The Doctor » sont ainsi très vite interprétés.  « Nous sommes Franz Ferdinand de Glasgow, mais nous sommes aussi très français » balance d’entrée le leadeur. Il s’adressera d’ailleurs bien souvent à la foule dans un français impeccable. Mais et, sans tomber dans les potins, on peut rappeler que le musicien est aujourd’hui l’époux de l’une de nos fiertés nationales : Clara Luciani.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

We couldn’t have a much better night

Le nouvel album n’est pas le seul à trouver sa place ce soir. D’ailleurs il ne faut pas attendre longtemps pour écouter le très culte « Walk Away » que l’on retrouve au générique du second album du groupe « You could have it so much better ».  Sur scène, notre homme tient toujours une posture glamour décuplée d’une énergie communicative. Des bons dans les airs viennent ponctuer ses interprétations. La voix tient sans sursauter, preuve d’années d’expérience. Les instruments, eux se délient à la perfection. Ce soir, comme toujours à la Cigale le son est parfaitement géré. Sans fantaisie, le décors blanc posé en arrière scène profite de jeux de lumières de toutes les couleurs. Impossible de ne pas s’arrêter un temps pour saluer la performance à la batterie d’Audrey Tait qui remplaçait Paul Thomson en 2021. Cette touche féminine bienvenue ne manque pas de marquer tant voir une femme à cet instrument dans un groupe majoritairement masculin est un fait rare. Côté public, les bouche ne se ferment pas. Chaque titre semble connu parfaitement par la foule. Chaque mot est répété encore et encore comme un mantra. Les prières sont elles aussi des mantras, elles se disent et redisent et lorsque l’on répète ainsi quelque chose avec force, on finit par y croire  profondément. Ainsi toute l’assistance, priant les Dieux d’un rock hors temps et hors case, semble demander, en un culte bruyant, aux musiciens de ne pas partir.

Une interlude par le nouvel album sur « Everydaydreamer »  et nous voilà de retour sur un classique « The dark of the matinée » (issu du premier opus). L’occasion de se rappeler que l’une des forces indéniable du groupe réside en sa capacité à gérer parfaitement ses rythmiques. Ses loops, militairement rock, magnifient les titres tout comme la constance d’une voix toujours doucement rieuse. L’élégance écossaise est indéniable et l’esthétique de ce pays ne cesse d’émerveiller. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que la présence de Franz Ferdinand sur son label historique, Domino Records, a su être un argument de taille pour Arctic Monkeys  lorsqu’eux même cherchaient un label pour faire connaître leur rock pointu. Ainsi s’écrivent les légendes. Et légendaire ce concert, dans cette salle si humaine, l’est assurément.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Take us out

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

La setlist continue de nous proposer des sauts d’époques en époques. Un coup, nous voilà les pieds bien ancrés en 2025 avec le titre « Built it up », le suivant, on retrouve le premier né de Franz Ferdinand, grâce au morceau « 40′ » et donc l’année 2004. Vingt années se sont écoulées. Une vie entière pour certain.es. Les courants et les modes ont radicalement changées et ont même eu le temps de revenir. Le fluo, les tailles basses et hautes, le pop punk et le hip hop, même les slashers. Le monde a bougé a toute vitesse et dans ce courant fou, ces années qui défilent sous nos yeux, les titres du groupe, comme un pilier, n’ont jamais pris une ride. Impossible à démoder, associés à une époque et à toute celle qui ont suivi. Franz Ferdinand nous a fait danser, sautiller, nous a vu souffler nos bougies, parfois plus qu’on ne le voulait, sans jamais avoir pris le goût amer de la nostalgie. C’est aussi vrai dans le torrent scénique auquel on assiste, durant lequel on communie. Et enfin, alors que la soirée n’a pas encore touchée à sa fin, le groupe nous invite sortir, une fois de plus, de nos coquilles, de nos maisons, de nos années et on entame en un choeur  puissant l’immense « Take me out ». Celui qui aura vu naître le culte. Le groupe profite par ailleurs de la soirée pour offrir quelques surprises et un peu de culture à son public.  La culture elle passe par la découverte du bouzouki, sorte de guitare à trois cordes d’origine grecque sur lequelle  Kapranos a composé certains morceaux de son nouvel album.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

Les surprises, elles tiennent en la présence de la tornade Master Peace le temps d’un morceau sur « Hooked » en fin de course puis par l’interprétation du titre « Jacqueline », choisi par une fan pour débuter le rappel. On finit forcément en feu sur « This Fire », comme s’il ne faisait pas assez chaud. On retient nos souffles, on se laisse aller à en faire trembler la fosse une dernière fois, avant de retrouver nos peurs, bien trop humaines, là-bas dehors. Ici, les émotions humaines visitées, elles regorgeaient d’amour, alors que le temps avait enfin accepter d’arrêter sa course effrénée, quelques heures seulement.

Franz Ferdinand - La Cigale Paris 2025 - Crédit photo : Louis Comar
Franz Ferdinand – La Cigale Paris 2025 – Crédit photo : Louis Comar

ALBUMS 2025

Les 10 albums que nous attendons le plus pour 2025 !

A peine commencée, l’année 2025 promet son lot de très bons albums. Les plus grosses…

bill ryder jones

Bill Ryder Jones : L’interview très honnête pour « Iechyd Da »

Ce 12 janvier sortait « Iechyd Da », un toast à la bonne santé par l’incroyable Bill…

Fnac Live 2023 : deux jours de fête et d’union, pour tous, essentiels.

Le coup d’envoi Festival Fnac Live Paris était donné  le 28 juin. Comme chaque année…

CMAT - Trabendo 2025 - Crédit photo : Pénélope Bonneau Rouis
CMAT – Trabendo 2025 – Crédit photo : Pénélope Bonneau Rouis

Le 9 février, CMAT était de retour à Paris, quelques mois à peine après son passage à Solidays. L’ampleur n’a fait que grandir depuis ce fameux concert de juin et ce soir, le Trabendo affiche complet pour l’ultime date de sa tournée européenne. Une soirée riche aux parfums d’Irlande et de comté. 

En seulement deux albums, CMAT a déjà rassemblé une communauté solide, dévouée et… très bien sapée. Quand on arrive au Trabendo, un peu avant 20h, c’est la première chose que l’on remarque : collants rouges, jupes ballons, vestes à pois et beaucoup de tee shirts floqués à l’effigie de la chanteuse. I wanna be a cowboy baby! certains lisent, d’autres sont plus directs : CMAT is a silly bitch. Quelques rousses artificielles peuplent le public,  à l’instar d’un concert  de Mylène Farmer ou de Florence + The Machine… En à peine quelques minutes sur place, on sait déjà que la soirée va être une réussite.

Supernova! (Ou Flash Gordon ?)

À 20h, Mickey Callisto monte sur scène, vêtu d’une tenue de survet’ qui n’est pas sans rappeler le look 90s d’un Damon Albarn et autres figures de la Britpop. C’est pourtant un tout autre type de voix qui sort. Alors que les synthé (un poil excessifs) vont à font de train, Mickey Callisto semble s’être inspiré de Freddie Mercury pour concevoir sa musique. Sa pop 80s ressemble fortement aux années Hot Space de Queen. C’est hallucinant au début, tant la voix, la gestuelle et les productions sont similaires, et progressivement… ça lasse. Parce que tous les morceaux du jeune artiste peuvent être rattachés sans exception à un morceau préexistant de l’illustre quatuor britannique. Le moment reste cependant fédérateur, tant le public semble conquis par sa présence scénique. Et finalement, n’est-ce pas tout ce que l’on demande d’un concert? On lui souhaite de trouver sa propre direction, car sa voie, elle, est déjà toute tracée.

Mickey Callisto - Trabendo 2025 - Crédit photo : Pénélope Bonneau Rouis
Mickey Callisto – Trabendo 2025 – Crédit photo : Pénélope Bonneau Rouis

Excited to see Paris, Huh!

À 21h, sur les notes de « Nashville », CMAT débarque sur scène sous les clameurs d’un public majoritairement anglais et irlandais. Pour le public parisien, l’ambiance est presque folklorique tant les accents chantants se succèdent les uns aux autres. Et chanter, la foule sait y faire ! Pendant l’heure et demie de concert qui suit, toute la salle accompagne CMAT au chant. Car, ce qui est frappant lors d’un concert de CMAT, c’est la bonne humeur qui semble déborder de partout : du premier au rang au fond de la salle. Tout le monde a l’air de vraiment passer un bon moment. C’est complètement cathartique ce qu’il se passe.

S’il est chose récurrente pour un artiste que de dire que la foule du soir est leur préférée, CMAT n’y dérogera pas ; « J’ai au moins 15 chansons dans mon catalogue qui parlent de Paris, c’est pas une blague j’adore cette ville! » annonce-t-elle d’ailleurs solennelle, dans la langue d’Oscar Wilde (après tout, autant citer un irlandais). Et c’est sur cette note, qu’elle présente « Oh Shoot », dernier single en date, écrit et composé dans « un appart bizarre dans le Marais ». Et autre moment fort du concert ? Les chorégraphies de CMAT avec son claviériste Pucà.

OFFrandes tous Azimuts

Comme tout bon concert de rock qui se respecte, des objets en tout genre volent vers la scène. Un soutien-gorge, d’abord. Un deuxième. Puis, du comté. Et enfin, un béret orange. CMAT le ramasse, prête à le porter, avant de s’arrêter net. « Si la personne qui l’a lancé n’est pas française, on va être virés de la salle ! » plaisante-t-elle. Rires dans l’assemblée, moment de suspense… et le propriétaire du béret se dévoile : il vient de Wicklow, en Irlande.

Le concert n’a pas cessé de grimper en intensité, c’est vraiment le rappel qui a marqué son apogée. En chantant pas moins de quatre chansons, dont « Rent » seule à la guitare, CMAT nous a rappelé pourquoi on l’aimait tant. Ce sont ses paroles toujours tranchantes, drôles et sincères qui font d’elle une artiste profondément singulière. Elle boucle cette soirée avec « Stay For Something », pénultième morceau de Crazymad, For Me (2023).  Elle a offert un dernier moment de grâce, laissant le public conquis et déjà impatient de la revoir. Et, bonne nouvelle, CMAT sera en première partie de Sam Fender le 4 mars prochain à l’Olympia !


CMAT à Solidays le 29 Juin 2024 @Pénélope Bonneau Rouis

CMAT : La plus belle découverte du festival Solidays 2024

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Prelude To Ecstasy de The Last Dinner Party : À la genèse d’un nouveau rock ! (critique)

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Sprints : « Il y a une montée des émeutes et des rébellions dans le monde parce qu’il y a tellement de frustration. » (Interview)

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Bref.2

Le 12 juillet 2012, le dernier épisode de Bref. était diffusé sur CANAL+.  Le 14 février 2025, Bref. 2 sera diffusé en six épisodes sur Disney+. Une douzaine d’années plus tard, qu’ont à nous raconter les créateurs de la série, Kyan Khojandi et Bruno Muschio ? Réponse à l’aune du visionnage des trois premiers épisodes. 

« Il m’a regardé, je l’ai regardé, il m’a regardé », « En mode : Attaque », « 72 euros », « Bref, j’ai (inclure ce que l’on veut raconter) ». Pour une certaine tranche d’âge, les +25 pour ne pas les nommer, les références à Bref. sont bien ancrées dans la culture populaire, rentrant presque dans le langage courant, au même titre que Kaamelott ou encore, pour remonter plus loin, que les illustres Inconnus ou Nuls. Faire une suite en plein milieu des années 2020 d’une œuvre culte du début des années 2010 ayant marqué son époque et qui bénéficiait d’une fin cohérente et bouclée n’allait pas de soi. Pour quel résultat ?

Bref.2 : de quoi ça parle ?

bref 2 kyan khojandiÇa y est, il a 40 ans. Et le constat est amer : À force de non-choix et de ne jamais réellement se prendre en main, il se retrouve encore et encore à la même place : en galère de thunes, sans copine et sans travail. Un énième retour à la case départ qui va enfin le motiver à réagir, à se prendre en main et à écouter quelqu’un d’autre que la voix dans sa tête.

Bref.2 : Est-ce que c’est bien ?

La mode est aux suites bien des années plus tard. Pour un résultat inégal : si un Trainspotting T2 était tout aussi excellente que surprenante car elle proposait une vraie réflexion sur le temps qui passe et sur l’évolution au cours d’une vie, combien de propos emballés dans le fan service (Top Gun : Maverick) ou démontrant que l’œuvre n’était plus en adéquation avec son époque avec son époque (Indiana Jones et le Cadran de la Destinée malgré l’apport rafraichissant indéniable de Phoebe Waller-Bridge) ? En séries, les revivals de Dexter, ou bien encore de The X-Files n’ont pas eu les résultats escomptés. Qu’a donc à proposer Bref.2 en 2025, treize ans après son final ?

Et bien sans mentir, la question continue de se poser de longues minutes après le lancement de cette nouvelle saison. Une scène de crash automobile sous influence du filmage de David Fincher période Fight ClubPanic Room vient nous montrer que Bref.2 a monté de gamme niveau budget. Pas forcément pour son propre bien (nous y reviendrons). La nouvelle copine, campée par Doria Tillier, a tout de la manic pixie dream girl, écrite par et pour un homme, excentrique dernier degré et qui vient, un court instant, tirer le protagoniste de sa torpeur quotidienne et lui apprendre, involontairement, une leçon de vie fondamentale. Et ça, c’est pas très original, voire un peu daté.

Le premier épisode fait peur. À transcender sa forme originelle mais en jouant, dans son fond, trop le fan service en convoquant les anciens personnages mais aussi en multipliant les guest stars sans grande raison autre que de valoriser une forme d’entre-soi goguenarde (les caméos de Grégoire Ludig ou Thomas VDB n’apportent pas grand-chose), on craint un temps que l’œuvre innovante des débuts de Kyan Khojandi soit tombée dans le confort d’une production de nouveaux riches cherchant éperdument à renouer avec les glory days. On avait suivi les aventures d’un presque trentenaire enchainant les histoires, les amitiés, les plans, les boulots foireux. Tient-on vraiment une douzaine d’années plus tard à suivre les aventures d’un quadragénaire ayant toujours les mêmes problèmes ?

Heureusement, le salut vient pour Bref.2 dès la fin de son premier épisode quand la forme revient sur des sentiers plus connus mais que son fond lui évolue doucement vers surement vers ce que le duo Khojandi-Muschio veut nous raconter de l’évolution de « Je » entrant de plein pied dans la quarantaine. Car même si nous n’avons pu visionner qu’une moitié de cette saison 2 lors de l’avant première au Forum des Images quelques jours avant la sortie officielle sur Disney+, il est vrai que celle-ci finit par emporter l’adhésion quand elle sait se faire plus « mature ». L’objet Bref sait faire rire c’est indéniable. Mais c’est sur la façon qu’il a de nous émouvoir en racontant de façon assez fine ce à quoi amène l’avancée en âge de tout à chacun et des drames qui peuvent survenir. Ne perdant pas de vue pour autant, ce qu’elle est Bref.2 continue de nous faire rire tout en proposant d’aborder des sujets plus sérieux. C’est ce qu’ont expliqué au cours de la présentation lors du Club Allociné le duo de créateurs de la série « amener du tragique dans le comique et du comique dans le tragique ». Et même si la sous intrigue de cette première moitié de saison ne tombe pas dans l’écueil de la carte blanche maladroite en termes de budget (une sorte de version de Starship Troopers pour illustrer quelque chose que nous ne divulgâcherons pas) elle a le mérite de lancer cette suite de Bref, qui, si elle pouvait être attendue, nous montre qu’à sa façon, elle était nécessaire.
Un article signé Alexandre Bertrand et Pénélope Bonneau Rouis

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Kaky, bricoleur du son, a plein d’idées ! C’est à l’été 2020 qu’il lance son premier titre « La tête pleine ».  Avec sa tête bien faite, l’idée fonctionne immédiatement. Les hanches s’activent, ses créations s’invitent dans les playlists. Il faut dire que le bonhomme aime à s’y amuser avec les sons. Son premier EP « Room 404 » avait été créé à partir de samples de bruits du quotidien. Publié le 12 mars 2021 ( un cadeau d’anniversaire pour moi), il né d’un bricolage amateur qu’il s’amuse à détailler sur sa plateforme : les Kakysounds. Ce qui était vrai pour CocoRosie et son premier jet « La maison de mon rêve », réalisé à partir de sons de salle de bain et jouets d’enfants,  l’est aussi pour Kaky.

KAKY © Jean de Blignières
KAKY © Jean de Blignières

Intégrer bruitages de la vie permet de créer un objet défiant toute attente. Sauf qu’ici l’indie pop onirique  des sœurs Sierra et Bianca,  est remplacé par des mélodies urbaines. Et comme le veut le registre, le terre à terre l’emporte. La mélancolie du quotidien prend le relais. On y découvre une plume affutée, une sincérité à fleur de peau. Et donc, des bruits quotidiens qui résonnent bien différemment quand ils viennent à percuter la réalité froide du rap de Kaky. Sauf que le rêve n’est jamais loin. Celui de réussir dans la musique. Son art, celui qui le transporte, le transcende, le porte surtout.

Rêves et cauchemars

En 2022, le musicien à la voix grave et puissante publie un album, « Joli Monde ». Le monde est un bel endroit, il vaut la peine qu’on se batte pour lui. La première partie est au moins vraie. Vous connaissez la chanson. Il faut attendre deux ans pour que les bricolages reviennent, les rêveries aussi mais surtout la plume acide. Voilà qu’enfin, fin 2024, il revient avec sa « Note 1-? ». « Plus rien ne me touche, c’est vrai. » conte-t-il sur « Mayday ». Il y déverse ses douleurs dès ce premier titre. On y découvre un mélange habile de rap et de refrains bien sentis et chantés. Comme toujours, porté par des mélodies savamment écrites, Kaky touche au cœur. Il y parle de remplir le vide en soi. Chez l’artiste, le bricolage est une confidence faite au plus grand nombre. Trois titres viennent peupler cet EP sombre et pourtant dansant, le clair-obscure y règne en maître. La lumière pour Kaky, c’est la musique. Notre monsieur touche-à-tout ne pouvait pas en rester là. Il devait répondre à ses peines et à la dernière confession de cette galette intitulée « Peur de vivre ». Alors le voilà de retour avec un nouveau titre, qui est dévoilé le 6 février : « Drôle d’idée ». Le rêve y est omniprésent. Celui de la musique toujours, quoi qu’il en coûte, la musique ou se tuer à essayer.

Une deuxième note pour poser ses idées

Ce titre il l’explique : «  Tout ce bad mood provient d’une obstination à se battre pour un rêve, quitte à en tomber malade, et de s’enfermer dans l’idée que si ça ne marche pas, c’est parce que tu n’es pas à la hauteur. C’est ça, le paradoxe de la musique : plus tu travailles, plus tu te déconnectes de la réalité des gens qui t’écoutent, et donc moins tu parviens à leur parler, car tu ne vis plus dans leur réalité. Au final, tu deviens moins pertinent. »

KAKY © Jean de Blignières
KAKY © Jean de Blignières

« Drôle d’idée » trouvera-t-il sa place sur un nouvel EP ? C’est fort à parier et on scrutera les annonces, les doigts croisés. Le morceau lui, est des plus attendus si l’on en juge par ses 15 000 streams et 100 000 auditeurs mensuels. Il  fait le pont avec le précédent EP et promet un temps plus lumineux pour notre musicien. Il faut arrêter de travailler pour trouver l’inspiration. En musique, il ne faut pas s’enfermer dans le travail ! Et ce constat permet à Kaky de proposer un titre plus dansant, franchement bien écrit et joliment produit. Impossible de ne pas s’arrêter sur son refrain, plus pop qu’à l’accoutumé. Certes l’urbain est toujours là, mais l’idée est aussi d’y exploiter des sons qui sauront nous réchauffer.

Kaky a bricolé son univers pour en faire une composition à la beauté assumée, d’une véracité bien trop rare. Une  façon de jouer avec les émotions, de passer du sombre à la lumière. Là où ses premiers titres mettaient des mélodies dansantes sur des textes aux tourments criants, ses nouvelles notes d’intentions vont crescendo. Chaque titre est une face de notre musicien. Pile et ses désolations, face et son espoir. Toujours à fleur de peau, tout en s’interrogeant en continue, la douceur remplace au moins un temps, l’amertume. Entre dans la ronde, et viens tomber amoureux des détails musicaux de ces mémoires. Tu y trouveras un roman de sentiments et d’expérimentations toujours réussies.


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