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juillet 2022

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Pour cette dernière projection de l’année au chouette « Club 300 », c’était L’Année du Requin qui était présenté en avant-première.  Deux ans après Teddy, les frères Boukherma s’attaquent à nouveau au film de genre avec leur dernier projet. Porté par un prestigieux trio d’acteur (Marina Fois, Kad Merad et Jean-Pascal Zadi), le long métrage annoncé comme une comédie d’été parvient-il à remplir son pari ? créer le premier film de requin français.

L'année du requin

Y A-T-IL UN REQUIN DANS LES BAHINES ?

L’action du film se déroule dans la petite station balnéaire sans histoire de « La Pointe » dans les Landes. Maja Bordenave, interprétée par Marina Fois, est une gendarme entêtée qui refuse de partir à la retraite. Alors quand un requin bulldog vient déranger les vacanciers à quelques jours de son départ, Maja entrevoit l’opportunité de servir son uniforme une ultime fois. Aidée de ses compères Blaise (Jean – Pascal Zadi) et Eugénie (Christine Gautier) mais à l’encontre de la force tranquille qu’est Thierry (Kad Merad), son mari, Maja va mener une chasse au requin acharnée. Les répercussions problématiques de cet évènement marqueront les mémoires pour être remémorée par tous  comme « l’année du requin ».

L’ANNÉE DU REQUIN, PAS CELLE DU FILM DE GENRE FRANÇAIS

L’ambition des frères Boukherma était belle: rendre hommages aux films de genre qui ont bercé leur enfance tout en assumant la francisation du propos. Les acteurs sont en effet pour la majeure partie des amateurs locaux, castés dans un soucis de véracité de l’accent du sud-ouest. Mais l’erreur des deux jeunes hommes a été de ne pas choisir la direction dans laquelle ils souhaitaient se rendre avec leur film. Pas plus une comédie qu’un drame ou qu’un film de requin gore et angoissant, l’éclectisme défendu par les deux réalisateurs ne fait pas mouche. L’humour joue avec des codes peu maîtrisés tandis que les clichés du film de requin sont noyés dans cet amas houleux. Chaque direction explorée est tristement éludée. Le parti pris artistique se perd en lui-même là ou la composition aurait sûrement gagné à assumer son côté pastiche des Dents de la mer. Ce niveau se fond seulement dans un dramatisme qui ne se prête guère au tout.

LES DENTS DE LA GRAND-MER

Dans l’ensemble, le métrage laisse malheureusement indifférent. Les personnages, peu consistants, sont vainement verrouillés derrière des archétypes mal exploités. D’autant plus qu’aucun des acteurs du beau casting présenté ne se démarque par son jeu. Malgré les quelques bonnes idées et les sympathiques références aux classiques du genre, l’Année du Requin ne parvient pas relever le défi pourtant prometteur lancé par les frères Boukherma. Bien que d’un point de vue technique et cinématographique les scènes avec le requin (d’ailleurs très réaliste) soient entièrement maîtrisées, cela ne suffit pas. En somme, c’est un divertissement estival comme un autre qui échoue à parfaire sa prometteuse originalité. L’Année du Requin, peut-être ; pas celle du film de genre français.


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Après une course effrénée d’une semaine dans les cinémas de la plus belle avenue du monde, il était temps pour le Champs Elysée Festival d’achever son édition 2022. Une édition qui nous aura cette année réservé son lot de pépites et de surprises. L’habituelle cérémonie de clôture avait lieu le mardi 28 juin dernier au Gaumont Champs Elysée, présidée bien naturellement par Sophie Dulac. Au total, 10 prix ont été décernés. Elle fut ponctuée d’un Simple et léger discours de la part de la présidente pour rappeler l’importance des salles obscures et du cinéma qui ne rentre pas dans une case, d’autant plus pendant les temps qui courent, ainsi qu’une projection d’une petite vidéo récap du festival. Le reste était confié aux jurys, composé de :

Pour les longs-métrages : Emmanuelle Bercot (présidente) / Maïmouna Doucouré / Diego Ongaro / Albin de la Simone / Rebecca Marder

Pour les courts-métrages : Anaïs Volpé / Clara Ysé / Pauline Lorillard / Nine Antico / Élie Girard

Jury presse : Marie Sauvion, Renand Cros, Pascaline Potdevin, Juliette Reitzer

 

Voici les prix décernés :

Grand Prix du Jury Long métrage américain indépendant à Isabel Castro pour son film Mija. 
Grand Prix du Jury Long métrage français indépendant à Fanny Molins pour son film Atlantic Bar. 
Prix du Jury du meilleur réalisateur Américain à Max Walker-Silverman pour A Love Song.
Prix du Jury de la meilleure réalisatrice française à à Lola Quivoron pour son film Rodéo qui reçoit également le prix de la critique.

Grand Prix du Jury du meilleur court métrage Américain à Starfuckers, de Antonio Marziale.
Grand Prix du Jury du meilleur court métrage français à La flûte enchantée, de Geordy Couturiau.
Prix du Jury du court métrage américain – mention spéciale à Video Visit de Malika Zouhali-Worrall.
Le Prix du Jury du court métrage français – mention spéciale à Au revoir Jérôme de Adam Sillard, Gabrielle Selnet et Chloé Farr.

Le Prix France Télévisions du court métrage français doté d’un achat par France Télévisions a été remis à Saint-Jean Baptiste de Jean-Baptiste Alazard. Le Prix du Public du Meilleur Court Métrage Français Indépendant est pour Séparation de Aurélien Achache et celui du Meilleur Court Métrage Américain Indépendant est décerné à Lucky Fish de Emily May Jampel.

 

Suivant la tradition du festival, la remise de prix était suivie de la projection d’un film en avant-première. Cette année, c’est Everything Everywhere all at once qui faisait l’honneur d’être diffusé environ deux mois avant sa sortie française. Aux Etats-Unis d’où il vient et où il est déjà sorti, le film aurait apparemment connu une vague d’engouement remarquée. Réalisé par les Daniels, à savoir Dan Kwan et Daniel Scheinert et produit par les frères Russo (Avengers Infinity War : Endgame), il semble être un objet cinématographique non identifié. Ou peut-être justement bien trop identifié ?

De quoi ça parle ?

Du désespoir d’une femme à la vie de famille ennuyante… Soudainement sortie de son morne quotidien par une fantastique chasse au grand méchant loup dans un système de multivers complètement loufoque. Cette aventure barrée et surtout démesurée lui permettra-t-elle de redonner du sens à son existence ? Réponse toute trouvée dans la nationalité du film.

 

Est-ce que c’est bien ?

Ce que l’on peut déjà dire, c’est qu’aucune attraction de toutes les fêtes foraines réunies ne vous donnera plus le tournis qu’Everything Everytwhere all at once. Pendant 2h30, le rythme effréné ne vous laisse aucun répit, jusqu’à vous filer un sérieux mal de crâne. Chaque seconde semble être cruciale et n’admettrait pas que vous vous essouffliez en cours de route. Interdit ! Les actions défilent avec toujours plus de rapidité et d’exubérance, jusqu’à créer un grossier too-much, évidemment souhaité mais malheureusement… TOO MUCH. C’est d’ailleurs notre seul mot en bouche quand la chose prend fin. A côté, le gigatacos de chez O’tacos semble bien plus digeste.

Caricature ? Pur produit ? On ne sait pas trop ce que ce film tente d’être, si ce n’est une sorte de Macronie cinématographique qui gratte un peu partout, avec une grande insistance sur la porte conservatrice. Dans la forme ? Rien de nouveau, sinon la poursuite du train-train hollywoodien des blockbusters américains. Dans le fond ? Toujours le même discours réac sur l’importance de la famille et sur la responsabilité de son propre sort. « Si elle n’avait pas fait ce choix, regarde la vie que la protagoniste aurait mené » tente de nous dire le film pendant 2h30, comme dans une constante mise en culpabilité de son héroïne. Le multivers lui offre la possibilité de se confronter à différentes versions d’elle-même. Et puisque la version que l’on suit est décrite dans le film comme « la plus misérable de toutes », on doit comprendre que celle-ci a fait les pires choix possibles, comme si tout était une question de décisions et que rien d’autre ne rentrait en ligne de compte. A la manière des pubs Nike , il suffirait seulement de choisir d’être la meilleure version de soi-même pour le devenir.

Image tirée de « Everything Everywhere all at once »

En parallèle de ce discours nauséabond sous-jacent, le film se veut avant tout un maximum fun et amusant. Sur ce point, il faut dire que certaines scènes sont vraiment drôles et bien trouvées, tellement le côté loufoque atteint parfois son paroxysme. Bien que survolté, son récit n’en est pas plus original. Dans une sorte de caricature voulue du film de super-héros, on retrouve donc un grand méchant ayant expérimenté chaque niveaux du multivers, lui permettant d’être le méchant le plus puissant de tous les méchants ! Ça en jette ! Il faut le voir pour… ne pas y croire une seule seconde. L’ensemble étant volontairement à dormir debout, cela donne droit au film à toute sorte de folies scénaristiques, au point de se permettre le plus grotesque. Pour la subtilité, on repassera. A la manière de Tenet, le film tente à plusieurs fois de nous perdre. Autant dire que nous n’avons pas fait l’effort de tout emboiter… Puisque de toute manière, rien n’a vraiment de sens.

Heureusement que l’actrice qui incarne l’héroïne a de quoi retenir notre attention, pour nous éviter de mourir d’essoufflement. A la fin de la projection, il est bien temps de se ressourcer. Heureusement, la suite de cette soirée de clôture sera de bien meilleur goût, avec un cocktail au Publicis Cinéma en haut des champs ainsi qu’une ultime soirée sur le rooftop  avec un DJ set de l’excellent Vikken pour terminer en beauté. Car quoi de mieux que d’observer l’Arc de Triomphe en repensant à cette belle sélection offerte cette année . Continuons à faire vivre les salles obscures et le cinéma qui ne rentre pas dans une case, effectivement.


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Pour la plupart des festivals d’été, cette saison 2022 est celle des retrouvailles. Reparler une nouvelle fois de la crise du Covid est ,certes, plus que lassant d’autant plus avec les constantes menaces de nouvelles vagues. Mais toujours est-il que tout cela a largement impacté le monde culturel et festivalier. Et si dans certains lieux de France, la vie est depuis repartie si vite qu’elle en donne le tournis, ici l’immense évènement profite de l’aura de ce retour tant espéré à la normal. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est possible d’entendre avant même le lancement des concerts, un photographe expliquer que ce retour en festival l’excite tout particulièrement. Pourtant ce retour après une longue absence n’est pas la seule particularité de cette édition des Deferlantes. Se retrouver certes, mais surtout ailleurs. Pour quatre jours de festivités exit le site d’ d’Argelès-sur-Mer et bienvenue à Cérès, nouveau fief de l’immense festival sudiste. Pour parfaire le tout, 4 jours attendent les festivaliers, petits et grands, avec une immense programmation internationale. Du 7 au 10 juillet, la fête y sera belle, c’est certain.

Un nouveau lieu pour une nouvelle vie

deferlantes 2022
©Maud Ferrari

Le changement peut déstabiliser autant qu’il peut exciter. Alors lorsque les portes s’ouvrent sur le nouveau domaine du château qui nous accueille, l’heure est à l’inspection et aux comparatifs. Si celui-ci ne profite plus d’une vue et donc d’une scène mer / montagne, celle sur les Pyrénées verdoyantes est à couper le souffle. Plus plat que son prédécesseur, plus grand aussi , le site a été repensé. Il se séquence en plusieurs parties. Un château sublime, une grande roue, parfait décors instagramable, une tyrolienne aussi mais qui cette fois ne passe plus au dessus des scènes. D’autres propositions s’ajoutent pour parfaire l’expérience. un docteur Maboul géant a été installé, un lieu unique de food court, regroupant de nombreux food trucks a été installé, plus loin des scènes. D’ailleurs une nouvelle scène, sorte de puit aux nombreuses bouées multicolores a été installée pour ponctuer les après-midi de danses autour d’un DJ set. Si le charmant lieu a moins de grandiose que son prédécesseur – mais est-il seulement possible de tenir la comparaison avec l’incroyable domaine de Valmy ? – ce nouveau spot lui est bien plus pratique et l’espace pour profiter des deux scènes principales permet de profiter de toutes les performances et ce, où que l’on choisisse de situer. Que l’on soit premier rang ou chill dans l’herbe, l’affaire est plaisante. Un point pour toi le changement !

Let’s get the party started

Non, ne nous emballons pas les Black Eyed Peas concluront cette journée du jeudi. D’ici là, la programmation est à l’image des Déferlantes. Comme toujours elle s’alterne pour mieux séduire un public familiale où jeunesse fêtarde rencontre ses aînés nostalgiques. Deux scènes, avec donc vue sur les montagnes – et quelle vue à couper le souffle ! – s’alternent donc toujours pour ne pas manquer une miette des festivités : ouf, toutes les habitudes n’ont pas à changer.

Un vent violent touche la région en cette journée, les températures sont élevées mais ce souffle a forcé les musiciens, comme le soulignera plus tard Juliette Armanet, à venir sans aucun décors « Nus devant vous ». Point d’artifices donc, le live devra être qualitatif.

C’est donc Cali qui ouvre ce début de soirée, avec un peu de retard – qu’importe, personne n’est pressé. Il n’est pas surprenant de retrouver le chanteur ici, le festival est son fief et sa fierté. Et il faut dire que le monsieur sait communiquer son plaisir à être de retour. Tornade déchaînée, il débute sa performance sur « Je crois qu’elle ne t’aime plus » qu’il étire en se jetant directement dans la foule. Très respectueux des professionnels, il invite d’entrée les photographes à le rejoindre sur scène pour shooter depuis les hauteurs. Rien ne semble pouvoir l’arrêter lorsque qu’il va se percher sur les épaules des spectateurs dans la foule, reprend U2 et fait chanter l’assistance. Le show à ce côté bon enfant des vacances, cet esprit bienveillant qui peuple les festivals. L’énergie donnée ici permettra, il est certain de tenir jusqu’au bout de la nuit.

Le festival aime à changer de registre à mesure qu’il change de scène, c’est sans doute pour ça et aussi en clin d’oeil à Sum 41 programmé plus tard que Dropkick Murphys débarque sur scène. Le punk celtique s’est de noir vêtu ce soir. Si le public est bienveillant à l’égard de nos amusant farfadets, il semble évident qu’il n’est pas son public cible. Du coup plutôt que de créer de traditionnels circle pits et autres pogos, il sautille et danse gentiment. L’ambiance est à la camaraderie, qui a dit qu’on ne pouvait pas boire de rosé dans un pub ? Le groupe profite de son set pour annoncer son prochain album pour septembre, l’information est accueillie avec joie. Mais il enchaîne aussi ses classiques, s’offre une reprise de « The Bonny » du compatriote celte et folk Gerry Cinamon -ce génie- et enchaine ses succès. Il ne faut pas attendre la fin du set pour danser sur une chanson pour « the ladies » comprendre « Rose Tatooed » et finit sur son classique « I’m shipping to Boston » histoire de rappeler sa ville d’origine.

Les trentenaires ont pu reprendre une bonne gorgée de leur jeunesse, il est temps de mettre d’accord nouvelle et ancienne génération avec Juliette Armanet et sa chanson française. Il y a du France Gale chez la jeune femme de paillettes vêtue. Toujours aussi bienveillante et souriante que lorsqu’elle jouait au Fnac Live une semaine auparavant, elle balance quelques roses dans l’assistance lorsqu’elle entre en scène. Décidée à se prouver sans artifices donc, elle débute par un piano voix sur « Boom Baby » et enjoint la foule à reprendre le dernier refrain avec elle même « en chantant faux ».

Loin de rester greffée derrière son instrument, la chanteuse s’en détache volontiers pour danser. Quelques petites notes de piano évoquent sans conteste « Si maman si » mais la musicienne y impose son style et surtout sa voix sucrée et rassurante. L’immense qualité de son répertoire tient en sa capacité à se faire classique instantané. Difficile de penser qu’elle n’a percé que quelques années auparavant. D’ailleurs quand très tôt elle propose d’interpréter « L’Indien » et demande si « Vous le connaissez celui-là ? » les réponses sont unanimes. Fête d’un autre temps au milieu des années 2020, l’instant se fait joliment dansant et le soleil lui descend doucement pour mieux parfaire la performance.

On envoie une grosse menace !

Les plus jeunes, c’est pour PNL qu’ils ont fait le chemin. Tête d’affiche attendue, les frangins au rap nouvelle génération et aux airs lancinants savent remercier la foule. Vêtus de blanc, probablement issu de leur propre marque, ils tiennent à maintenir une image publique qu’eux seuls peuvent maîtriser. Du coup, voilà nos deux acolytes qui s’approprient l’espace scénique en y tournant en rond, l’arpentant comme des félins en cage. Si le son peut légèrement pêcher, l’envie de mettre bien ceux qu’il nomment « La mif » est très présente. Régulièrement, le duo se coupe pour parler et rappeler en boucle « C’est incroyable, faites du bruit pour vous. » Cette tournure de phrase se multiplie à l’infini mais préviennent-ils « On va envoyer une grosse menace là! » Ils enchainent leurs succès face à un public maintenant compact au premier rang. Voilà donc l’instant tant désiré par la mif, celui d’ « Au DD ». Sauf que, chose rare, les frangins prennent le pari de laisser le public le chanter sans instru se contentant de ponctuer l’instant de quelques mots qu’ils prononcent et accentuent. Les paroles sont sues par coeur, tout le monde les porte. Du coup les hôtes du moment s’en amusent « Merci pour ça, on va quand même vous le faire pour de vrai ! » Et voilà que joignant le geste à la parole, ils reprennent le morceau de plus belle, cette fois-ci en entier. Un dernier titre, « Déconnecté » conclut le moment et laisse un public bouillant d’excitation.

Ce qui surprend aux Déferlantes c’est bien cette capacité à passer d’un registre à un autre sans sourciller. Voilà donc que Simple Minds prend la relais. Eux galvanisent un public plus âgé et donc plus à même de venir danser et chanter. Lorsque le chanteur débarque au milieu de ses musiciens et d’un décors coloré mais minimaliste, l’expérience transparait de son jeu de scène. Il tente de faire de la scène son puit de jouvence. Saute et danse, sourire aux lèvres. Le talent des musiciens coule de source, les titres s’enchaînent dans un esprit bon enfant où le spectacle est mot d’ordre. Evidement les pas si simples gros singles du groupe dont « Don’t You (forget about Me) » sont interprétés.

Pendant ce temps-là, prêt du château, une petite scène offre des performances à couper le souffle dont celle des immenses Meute et leu orchestre flamboyant, multiple, coloré et hors du temps. Ceux qui veulent prendre une petite pause côté têtes d’affiches y trouvent leur meilleurs instants, festif et hautement calibré.

Il n’y a pourtant pas de temps à perdre, la soirée touche bientôt à sa fin mais deux immenses performances viennent s’ajouter au tableau.

Ladies and gentlemen, the show is going crazy !

Sum 41 deferlantes 2022
Sum 41 deferlantes 2022 ©Maud Ferrari

Il était un film qui s’appellait « La cinquième vague » et qui retrace des attaques aliens par donc couches successives. La comparaison avec le show de Sum 41 s’y fait en un point : c’est bien par vagues de surprises qu’il est possible de découvrir que le rock alternatif dans sa grande famille fait son retour en force. Le concert à Bercy de my Chemical Romance et son public de lycéens, l’accueil réservé à Fall Out Boy au U Arena et sur les réseaux sociaux et maintenant, t-shirts et doigts en forme de corne de diable pour la bande de Derryck Wimbley aux Deferlantes, pas besoin d’être un brillant détective pour tirer des conclusions : ils sont de retour. La chose fait quand  même chaud aux coeur aux adultes bien établis qui ont grandi avec ce rock si particulier.

Sum 41 deferlantes 2022
Sum 41 deferlantes 2022©Maud Ferrari

C’est sur « Motivation » que la troupe débarque sur scène.  Un classique qui prend immédiatement aux tripes et aux pogos. Avec la maturité, Sum 41 a gagné en capacité. C’est d’ailleurs eux qui signeront le show de la soirée. Par parce que leur répertoire est meilleur ou non que celui des autres mais parce qu’ils savent canaliser une audience et la déchaîner en usant de ficelles bien rodées et d’une énergie communicative. Après de nombreuses péripéties, le leader du groupe a repris du poil de la bête et est devenu une tornade impossible à arrêter qui ne se prive pas d’avoir gagner en capacités vocales. Le voilà donc qui invite les « Ladies and gentlemen » à se déchaîner parce que : «  On y est enfin, on a attendu toute la soirée de vous retrouver motherfuckers ! ». Après un début très pop punk, le groupe avait pris un tournant plus « hard rock » qui s’exprime dans l’interprétation des titres. On passe d’ « Over my Head » à « In too deep » et même « Pieces » sans perdre le nord. Le leader aidé de ses fidèles acolytes s’amuse sur « les premiers et seuls morceaux qu’il sait jouer à la guitare hors Sum 41 » riant à gorge déployée pour mieux interpréter quelques notes de « Seven Nation Army » dont le tadada sera repris en choeur par la foule. La question « qui a déjà vu Sum 41 en concert ? » voit de nombreuses mains s’élever. C’est sur le classique « Fat Lip » que s’achève une performance énergique qui aura aussi vu le public s’accroupir pour mieux sauter dans les airs. On ne change pas une recette qui a fait ses preuves et fonctionne toujours aussi bien.

Le retard cumulé fait démarrer les Black Eyed Peas vers 1 heure du matin. Qu’importe puisque la performance est des plus attendues. La leçon dite Sum 41 est vraie pour tout. Les années 2000, elles reviennent. Aucun gros succès ne sera épargné par la troupe de Will I Am qui occupe parfaitement l’avant-scène. A commence par « Let’s get it started ».  Le show du groupe est d’ailleurs une revue dansante quasi clubbing de l’immense répertoire de la troupe. L’absence de Fergie se fait sentir mais elle est compensée par des musiciens déchaînés et portés par une foule qui connait chaque single au mot prêt. « Pump it », « I Goota Feeling », tous y passent alors que la scène se partage entre proximité et sauts survoltés.

Il faut pourtant se dire au revoir et rentrer rapidement dans la nuit noir peuplée de bourrasques de vent. Demain, la fête continue et promet un été inoubliable.


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ST. VINCENT live @ Philharmonie de Paris – © Joachim BERTRAND / Philharmonie de Paris

Mardi 5 Juillet 2022, pour le quatrième soir du festival Days Off, St Vincent s’est produite sur la scène de la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Entre jazz new-yorkais et funk délirant, la virtuose américaine a offert pendant près d’une heure et demie, un show d’une qualité exceptionnelle.

Il est 19h50 quand j’entre dans la salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. La salle est vaste, blanche avec des formes géométriques qui n’ont pour seul effet que de nous faire tourner la tête et nous faire sentir tout petit. Elle se remplit peu à peu, comme un poumon se remplirait d’air, et chacun ressent ce petit vertige – sauf ceux qui étaient déjà venus- en y entrant. En plus, la clime est à fond et ne fait qu’amplifier cette sensation.

Cate le Bon, féale galloise

À 20h précise, Cate Le Bon monte sur scène coiffée d’une camaille de chevalier. Les plus férus d’Histoire crieraient à un hommage à Jeanne d’Arc mais je ne mange pas de ce pain-là. Après tout, c’était peut-être une référence à Isabel de Conches.

La chanteuse galloise instaure dès son entrée une atmosphère rétro, de sorcière, un peu psychédélique. Son style de chevaleresse des temps modernes et sa voix éthérée ne pouvaient que – sans mauvais jeu de mot- conquérir un public un poil trop sage si le son avait été mieux réglé. Peu bavarde, elle quitte la scène à 20h50.

une attente agitée

Les techniciens préparent désormais la scène pour St Vincent. Des nuages sont installés, un décor de ville ressemblant à New-York s’abaisse lentement en arrière plan.

À 21h08, la lumière s’éteint, une femme pas loin de moi hurle « Woooooooo ». La lumière se rallume, c’était juste un test et son pote siffle : « putain tu m’as pété le tympan… » avant de rajouter à l’intention d’un public majoritairement français : « sorry guys » (en phonétique approximative, cela donne « sauri gaïze »).

De l’autre côté, des commentaires plus cassants se font entendre : « bon il faut se l’avouer, son dernier album s’avère pas terrible. » En espérant qu’ils parlaient du dernier album photo confectionné par la grand-mère de l’un des deux bonhommes. Mais ça reste pas très gentil.

une entrée en scène burlesque

Puis, à 21h22. Daddy’s Home de Shep & The Limelites retentit dans la salle. Le groupe et les choristes se mettent en place. Quelques secondes plus tard, St Vincent, vêtue d’un imper et de hauts talons avance avec langueur vers le micro, s’arrête un instant devant et repart. C’était un prank, c’était pas elle en fait. La vraie St Vincent fait enfin son entrée peu après. Elle porte un blazer blanc cintré, un short assorti et des bottes qui semblent être en vinyle (très Courrèges).

Dès cette double entrée, St Vincent instaure directement le côté théâtral et burlesque qui suivra tout au long du concert, que l’on trouve d’ailleurs sur chacun de ses albums. Et si le spectacle est assis, elle réussit tout de même l’exploit, dès la troisième chanson, à avoir tout le parterre se lever et se précipiter vers la scène.

ST. VINCENT live @ Philharmonie de Paris – © Joachim BERTRAND / Philharmonie de Paris

Divine et théâtrale

St Vincent, de son vrai nom Annie Clarke, a cette qualité que peu d’artistes ont; d’allier le calcul à l’inattendu. Si le show paraît parfaitement millimétré, elle joue avec le public en faisant preuve d’une aisance et d’un amusement spontané. Notamment lorsque ceux venus se précipiter au premier rang la filme, voulant immortaliser ce moment de grâce, et que celle-ci prend quelques téléphones et capture elle-même l’expérience. Le moment est si hors-du-temps que le public se croirait presque plongé dans un diner à New York (je dis bien presque, parce que quand même, ne nous laissons pas berner aussi facilement).

ST. VINCENT live @ Philharmonie de Paris – © Joachim BERTRAND / Philharmonie de Paris

St Vincent a une musicalité et une voix exceptionnelles. Elle susurre autant qu’elle rugit (un peu à la Prince sur  Darling Nikki) et chaque fois qu’elle hurle des petits frissons parcourent les bras et le dos de chacun – à moins qu’il ne s’agisse de la clime. Entre deux solos de guitare, se place un petit solo de thérémine et c’est quand même très stylé.

Au bout d’1h30, le concert touche à sa fin. Le temps est passé à une vitesse… La setlist était remarquable : autant de chansons de son dernier album Daddy’s Home (The Melting Of The Sun, Pay Your Way In Pain…) que de ses précédents comme Masseduction, ou Marry Me. Le public ressort de cette salle où se tiennent généralement des concerts classiques en constatant une chose :  pour l’amour de la musique, à la Philharmonie, que ce soit de la funk ou de l’opéra, tous y trouvent leur place.

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