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juillet 2021

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SomElse

SomElse - Kech

Le 16 juillet 2021, SomElse pour « Being someone else » publiait à pas de velours leur premier EP « Flowers for my Return ». Pour mieux rentrer dans l’univers poétique du groupe, trois singles avaient déjà été dévoilés.  C’est une expérience sensorielle qui accueille la découverte de ce combo à fleur de peau. Avec douceur, ce dernier distille des accords Indie folk, des notes qui massent les esprits et sont portées par une voix envoûtante. A travers chacun de ses titres, le quatuor invite à l’introspection et crée une beauté transportante qui sait parler au coeur. Derrière ces compositions à l’écriture léchée, se cache Frédéric guitariste et chanteur, titulaire d’un Master en Sciences cognitives dans son autre vie.  Pour le seconder, il s’entoure de Matthieu (violoncelliste), William (qui signe également les textes) et Florent (batterie). Pour porter leur musique à l’image, les compères dévoilaient en guise de présentation, trois courts-métrages et habillaient ainsi leurs titres sensibles de plus belles parures. Chacun d’entre eux est un véritable instant de grâce, aussi doux qu’aérien, une invitation au voyage intérieur, au calme et la volupté. A écouter pour mieux s’écouter et être au plus proche de soi-même.

Servo

SERVO - II

Le rock puissant, guttural, euphorisant, enivrant est bel et bien de retour en France. Si cette dernière est promise à une air hip hop et à un retour du rap aux paroles qui laissent à désirer (coucou Leto, Lefa et les autres), quelques irréductibles font vibrer avec force les notes de guitares les plus sombres et redonnent le pouvoir aux instruments, aux vrais et non aux beats pré-enregistrés. Si cette vague obscure et galvanisante peut se retrouver partout, la Normandie semble être le joli fief d’un débarquement sans concession où les notes acides libèrent les esprits. La preuve en est encore une fois donnée avec Servo et leur rock psychédélique tout juste hallucinant. Chaque note suintante de ce combo à la voix grave et profonde appelle au trip  hallucinogène. La sincérité dégouline des riffs endiablés et saturés qui peuplent leurs morceaux et se renouvellent à l’infini. Servo invite à une boucle temporelle endiablée, frénétiquement divine où la maîtrise pourrait passer pour de l’improvisation réussie. L’occasion de mettre son cerveau sur off en touchant à la plus belle des drogues : la musique vive qui tape très fort.

Fernie

Fernie - All My Wishes

La francophonie sait manier les notes, c’est vrai en France et tout aussi vrai chez nos voisins de Montréal. Fernie en digne représentant d’une scène immensément riche,  façonne ses compositions telles de la pâte à modeler et mélange les genres pour mieux créer son univers. Cet artiste brésilo-canadien convoque ses racines pour créer des mélodies où mélancolies et années 90 cohabitent. Si les références sont là et qu’il serait aisé de comparer ses riffs à sa source d’inspiration Frank Océan, le musicien dévoile son univers propre avec une sensibilité à fleur de peau. Portée par une voix douce, profonde, complexe et marquante, le chanteur se met à nu et offre un univers musical sensible et inclusif. Son premier album « Aurora » sortira le 24 septembre et promet d’être emprunt d’espoir. Un nouveau jour qui permettra de laisser le passé loin derrière et de se tourner vers un avenir qu’on lui souhaite aussi radieux que ses titres.

The Freaky Buds

The Freaky Buds - She's Made Of Fire

Formés à Nantes en 2018, les Franky Buds semblent tout droit sortis d’un club de Memphis. Les quatre amis servent en effet un blues calibré, référencé et divinement composé. Les rythmiques folles et marécageuses qui peuplent leur tout premier album « Soulful Rock’in Blues » sont la parfaite mixologie entre rock et blues. Avec une voix caverneuse et profonde, des guitares maîtrisées, des refrains qui s’envolent, ce premier jet s’avère être un gage de qualité bouleversant. Apre et subtile comme un grand whisky, il transporte l’auditeur dans le Sud américain à travers ses dix titres endiablés. Il faut dire que tout comme l’alcool, le projet aura pris le temps de maturer pour se bonifier. Il aura fallu trois ans à la formation pour enregistrer cette pépite qui ne connait pas de fausse note. C’est finalement au Garage Hermétique avec l’aide de Louis Marin (Her) que cet opus aussi groovie qu’obscure voit le jour. Difficile de ne pas penser en l’écoutant à l’âme de The Black Keys, Royal Blood ou R.L Burnside invoqués par quelques incantations vaudous. Solos et harmocina viennent parfaire ce tableau au contours joliment dessinés où la danse se conjugue à l’infini et rime avec juke joint et envoûtement. A écouter dès le 17 septembre.

Telegraph

Telegraph - Time to Come Home

L’été 2021 restera dans les mémoires pour avoir trimballé son lot d’incertitudes mais aussi de bonnes surprises. Le retour de Telegraph fait évidemment partie des très bons moments de cette étrange année. Le groupe avait en effet su séduire le public et la rédac avec son excellent premier jet « Simple Drive », condensé pop rock à la sauce américaine et aux riffs entraînants. De retour le 18 juin avec un nouvel EP « From Cages with Love », la formation a, comme son nom l’indique, composé et enregistré ce joli bijou durant la période des confinements sans fin qu’on a tous subit. Si l’enfermement a pu pousser certains dans des retranchements mélancoliques, c’était sans compter la très belle fougue solaire de Telegraph. Loin des murs que l’on a bien trop eu le temps de regarder, le groupe invite a un voyage lumineux sans portes et sans frontières au court de trois titres revigorant qui insufflent vie et espoir. « Late June », premier morceau de cette galette enregistré en duo avec la chanteuse canadienne Sierra Lundy est le temps calme de ce jet. Pourtant conçu comme un hymne, avec une véritable maîtrise pop et une production soignée, il enivre et invoque la Californie et ses rêves. Ce nouvel EP est sans nul doute le compagnon idéal de votre été, pour parfaire vos road trip endiablés et pour le déguster comme une bonne bière fraîche les pieds dans le sable.


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réalisatrices films horreurLa planète Cannes est dans tous ses états, le film de Julia Ducourneau, « Titane », a gagné la Palme d’Or. Un exploit, disent-ils, une femme qui remporte le précieux trophée, nous voilà si loin de Polanski et son César. Et puis, il faut se le dire, le second film de la réalisatrice est loin d’être un film banal puisqu’elle livre ici un film de genre jusqu’au-boutiste. Un cinéma boudé par l’élite française, très rarement soutenu. Difficile de ne pas penser aux nombreux cinéastes forcés de réaliser leurs métrages à l’étranger pour pouvoir proposer de l’horreur française. Pascal Laugier (à qui on écrivait une lettre d’amour ici)  ne pourra pas dire le contraire lui qui de plus avait écopé du  plus gros avertissement , avec un interdit aux moins de 18 ans, lors de la sortie en salle de Martyrs, ayant pour incidence une perte tragique de possibilité d’audimat, de salles de diffusion et donc de rentabilité. Julien Maury et Alexandre Bustillo avaient eux-même fait les frais de ce mauvais traitement du cinéma d’épouvante lors de la sortie en salle du -moyen mais là n’est pas la question- Au Yeux des Vivants.  Jugé dérangeant, le cinéma d’horreur est souvent passé à la trape. Quelques débordements en salles avaient d’ailleurs été l’excuse idéale pour limiter la diffusion de certaines pellicule. Cela avait d’ailleurs été le cas, avec le -très mauvais mais là n’est pas le sujet- film Annabelle de John R. Leonetti.  Quelques débordements dans une salle et le voilà déprogrammé de nombreux cinéma. Le film d’horreur aurait un public intenable, enfantin peut-être même, qu’il faudrait punir ?

Et ce public au reflet de ceux qui le créent ne seraient-ils que des hommes qui passeraient leurs pellicules à créer des personnages féminins sans grandes personnalités, tout juste bonnes à se faire découper en petites tenues ? Point du tout ! De Laurie Strode (Halloween)à Sidney Prescott (Scream) en passant par les plus actuelles Tree Gelbman (Happy Birthdead) ou l’évidente Ellen Ripley (Alien), les femmes fortes ont souvent le beau rôle dans les films de genre. Le registre s’offre d’ailleurs d’innombrable finesses lorsqu’il se fait analyse social et qu’il tend un miroir sombre de la société qui nous entoure comme Ari Aster a si bien su le faire avec son « Midsommar » . Et ces visages féminins ils ne sont pas seulement devant la caméra, ils se situent aussi derrière. Le genre n’est pas et ne doit pas être enfermé dans des clichés. Que les femmes puissent en faire est une évidence qu’il semble incongrue d’évoquer. Pourtant puisque la chose doit encore être prouvée, voici une sélection d’oeuvres qu’il faut avoir vues, signées par des femmes plurielles et talentueuses. A découvrir, non pas pour le genre de la personne qui les signe, mais pour toutes leurs immenses qualités cinématographiques.

Dark Touch de Marina de Van

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S’il fallait prouver qu’un film d’horreur peut avoir de nombreuses dimensions, Dark Touch mériterait d’être toujours cité en exemple. Le métrage très sombre de Marina de Van s’approprie toute la violence de l’inceste pour le retranscrire avec raffinement et sobriété. D’ailleurs, un sujet aussi lourd ne mérite-il pas une approche toute aussi difficile ? Plan par plan, la talentueuse réalisatrice plonge son spectateur dans le mutisme de Neve, sa jeune héroïne, aussi amochée et sensible qu’une certaine Carrie, des années plus tôt. Le traitement de la bobine, l’effet de froideur et de douleur laissée sur son spectateur sont autant de preuves de son aboutissement total. La française Marina de Van n’en était d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’elle signait déjà en 2002, le viscérale « Dans ma peau ». Si « Dark Touch » est à l’heure actuelle son dernier film en tant que réalisatrice, il mérite aujourd’hui encore d’être visionné. Sa sensibilité au service d’une horreur jamais gratuite manque cruellement au paysage audiovisuel actuel.

De quoi ça parle ?

En Irlande, dans une maison isolée à la campagne les objets et les meubles tuent les habitants en se jetant sur eux. Seule une enfant survit, alors que la police refuse de tenir compte de son témoignage.

Mister Babadook de Jennifer Kent

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Et si la maternité n’était pas un long fleuve tranquille ? La difficulté d’élever un enfant seule pour une femme est une vérité souvent tut. Après tout n’est-ce point tout bonnement son rôle ? Là encore, la thématique est d’une certaine violence pour qui la subit.  C’est cette peur canalisée, cette difficulté à s’entendre avec son enfant qui sert ici de sous-titre à l’oeuvre. Pour personnifier les appréhensions de son héroïne et son immense colère, Jennifer Kent crée un monstre issu d’un livre d’enfants : « Mister Babadook ». Outre le drame psychologique qui emplit brillamment ce métrage fascinant, la réalisatrice sait créer son horreur. Les jump scares fonctionnent parfaitement, les codes du genre sont présents sans être clichés, la tension monte de bout en bout à mesure que le message se dévoile. Une réussite.

De quoi ça parle ?

Amelia, veuve, élève seule son fils de six ans Samuel sujet à des terreurs nocturnes. Mais un jour arrive chez eux, sans aucune raison, un livre de contes appelé Mister Babadook. Samuel, son fils, est certain que le Babadook hante ses rêves et cauchemars tandis qu’Amelia se sent harcelée par une présence maléfique. Un soir, alors qu’elle lit à son fils ce fameux livre, le cauchemar prend vie et plusieurs événements étranges se produisent. Mister Babadook finit par se montrer, à effrayer Amelia et Samuel avant que celle-ci ne finisse finalement par lui faire peur et qu’il ne se réfugie dans le sous-sol où elle le nourrit.

Jennifer’s Body de Karyn Kusama

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Comédie horrifique par excellence, Jennifer’s Body est aujourd’hui une oeuvre culte dans le paysage horrifique. Certains y verront une critique cachée de l’image du corps féminin, d’autres auront peut-être une pensée émue pour « La Mutante » tandis que la plupart se laisseront porter par le flow barré de ce film qui se déguste comme un bonbon entre scènes gores et ton complètement décalé. Une nouvelle mise en scène du mythe du succube, le démon féminin qui abuse sexuellement des hommes pendant leur sommeil mais cette fois-ci pour mieux les manger…  Avec en tête d’affiche Megan Fox, Amanda Seyfried et Adam Brody, ce film grand public n’en reste pas moins un plaisir coupable à partager entre potes ou à (re)découvrir pour se booster le moral. A noter que, si les films mettant en scène des incubes ou des succubes vous intéressent, il existe un mockbuster de « Paranormal Activity » intitulé « Paranormal Entity » qui joue justement sur les mêmes codes que le célèbre film mais en changeant les caractéristiques de son démon.

De quoi ça parle ?

Lycéenne dans une petite ville américaine, Jennifer est une beauté fatale à qui aucun garçon ne résiste. Cette bombe cache pourtant un petit secret : elle est possédée par un effroyable démon. Mangeuse d’hommes à tous les sens du terme, elle se transforme peu à peu en créature pâle, maladive et meurtrière… Needy, sa discrète amie d’enfance, va désespérément tenter de protéger les jeunes hommes de la ville, à commencer par son petit ami Chip…

Saint Maud de Rose Glass

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Premier long-métrage pour la britannique Rose Glass qui gagne en un seul essai le Grand Prix du jury de Gerardmer. Il faut dire que son Saint Maud s’avère être un récit à fleur de peau pour parler du fanatisme religieux. Là encore la violence répond à la violence et canalise l’horreur comme l’exutoire de pratiques encrées dans la société. La réalisatrice prend le pari de créer une héroïne fragile et influençable dont les pratiques l’enferment dans un isolement malsain aux confins de la folie. Parfois contemplatif, l’oeuvre profite d’une montée en puissance sur son final et d’un traitement intime qui touche au drame. La psychologie de ses personnages, le jeu de ses actrices, la dureté de son propos sont autant de bonnes raisons de découvrir ce métrage hybride et puissant. Restera à prendre son mal en patience puisque, loin d’être exempt de défauts, ce premier essai pourra prendre trop son temps pour parler de sa thématique centrale : une conversion récente qui plonge son personnage principal dans une descente aux enfers. S’il peut s’avérer complexe pour le cinéma d’horreur de s’offrir de véritables sorties sur grand écran, Saint Maud a failli déroger à la règle. Il devait être dévoiler en salles obscures en avril 2020. Mais la pandémie, une fois de plus, a tout détruit sur son passage.

De quoi ça parle ?

Maud, infirmière à domicile, s’installe chez Amanda, une célèbre danseuse fragilisée par la maladie qui la maintient cloîtrée dans son immense maison. Amanda est d’abord intriguée par cette étrange jeune femme très croyante, qui la distrait. Maud, elle, est fascinée par sa patiente. Mais les apparences sont trompeuses. Maud, tourmentée par un terrible secret et par les messages qu’elle pense recevoir directement de Dieu, se persuade qu’elle doit accomplir une mission : sauver l’âme d’Amanda.

The Bad Batch d’Ana Lily Amirpour

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C’est en réalisant les très prisés A Girl Walks Home Alone at Night et sa suite que’Ana Lily Armipour rencontre le succès. Il faut dire que la réalisatrice puise dans son histoire familiale pour créer : ses parents ont fuit l’Iran lors de la révolution iranienne en 1979. Son premier métrage c’est à 12 ans qu’elle le réalise. Son oeuvre phare, se déroule d’ailleurs en Iran et parle de vampires et d’amour. Sans concession, la réalisatrice revient en 2016 avec The Bad Batch disponible sur Netflix. Un métrage barré qui suit une jeune héroïne aux membres amputés par des cannibales dans une société futuriste.  Loin d’être un film anodin, il s’offre un immense casting (Suki Waterhouse, Keanu Reves, Jason Momoa, Jim Carrey …) et une critique aussi acerbe que celle de Romero de la société contemporaine et de ses luttes des classes. Les « mauvaises graines » de cette oeuvre au visuel très fort y sont expulsés et forcés de survivre dans un environnement aussi hostile que déshumanisé. Un parallèle évident pourrait être fait avec les camps de sans papiers qu’ont connu les américains durant le mandat de Donald Trump. Avec une bande son pop, un look d’une modernité pointue, une ironie maitrisée, un romantisme aussi improbable que candide et de la violence omniprésente et calculée , ce Bad Batch est un OVNI inclassable et immanquable.

De quoi ça parle ?

Bannie au milieu d’un désert peuplé d’indésirables, une jeune femme tente de trouver sa place parmi les drogués et les cannibales.

A noter qu’en 2017, nous vous parlions déjà d’horreur au féminin avec XX dont la critique est à lire ici.


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mother mother inside albumGrâce à l’explosion de la plateforme TikTok l’année dernière durant le confinement, les musiques de Mother Mother sont devenues virales et le groupe de Vancouver a enfin acquis une certaine renommée européenne, jusqu’alors presque inexistante. Et pendant que des adolescents découvraient les classiques du groupe de pop-rock indé, le frontman Ryan Guldemond s’attelait d’ores et déjà à la composition d’un huitième et très attendu album. Contraint de rester chez lui, les conditions ne semblaient pas rassemblées pour écrire de nouveaux titres, mais c’est pourtant bien grâce à cette situation particulière qu’Inside a vu le jour et est disponible à l’écoute depuis le 25 juin.

Un album différent des précédents … 

Habitué à s’inspirer de ses voyages et des rencontres qui les accompagnent, le confinement n’apparaissait pas comme un milieu propice à la création pour le guitariste, chanteur et compositeur de Mother Mother : Ryan Guldemond. Mais comme beaucoup d’autres artistes l’ont expérimenté l’année passée, le musicien s’est vu confronté à son ennui et à son vide intérieur et a synthétisé ses tourments en quatorze nouveaux titres, plus sombres et introspectifs que les créations précédentes du groupe. Le ton est donné dès l’introduction, Seven, une partition hypnotisante et lugubre. De la même manière, la réussie Two et sa volonté de s’affranchir d’émotions très personnelles tout en laissant à l’auditoire la possibilité de s’y identifier s’inscrit au sein de la même ambition artistique. Seule l’interlude Breathe, aux allures de B.O de film d’horreur semble inopinée et force l’ambiance clair-obscur de l’album. 

… qui saura ravir les fans.

Car même si Inside se distingue des sept premiers albums du groupe, la même recette est conservée et l’identité si personnelle de Mother Mother est bel et bien présente. Des cris du cœur (I Got Love, qui n’est pas sans rappeler Dance and Cry, précédent album de la formation), d’altruisme et de compréhension, comme l’est Girl Alone, réjouissent les ouïes attentives. Une nouvelle fois, Mother Mother comprend les incompris et se dresse cette fois-ci face aux clichés de la femme célibataire nécessairement triste, dans une belle chanson acoustique. Le quintette de Vancouver a su se renouveler tout en conservant la dose d’espoir et d’amour qui leur est si caractéristique.

Un ensemble au rythme assez inégal

Inside est une belle réussite pour le groupe de rock canadien. Cependant, les différents titres possèdent des énergies plutôt différentes et le rythme installé au commencement tend rapidement vers l’essoufflement. Après un départ en trombe, jusqu’à Sick of The Silence, les morceaux qui suivent ralentissent nettement, à l’exception d’I Got Love qui revigore en partie l’ensemble pour finalement rechuter dans cette langueur parfois regrettable. Des titres comme Like a Child et son refrain rock accrocheur sont les bienvenus mais ne permettent néanmoins pas de dynamiser assez le tout. Il est pour autant nécessaire d’affirmer que les chansons plus calmes comme Stay Behind sont très belles mais peut-être sur-représentées ici.

Des titres très (très) réussis

Vous l’aurez compris, le rythme d’Inside n’est pas son point fort. Néanmoins, certains morceaux sont une grande réussite et témoignent d’une expérience affirmée et d’une belle maturité de la part du groupe et de ses quinze années d’expérience. Par exemple, Sick Of The Silence est un titre puissant qui reprend les exercices vocaux habituels de Ryan Guldemond et la merveilleuse symbiose avec la voix aiguë de sa sœur et camarade de scène – Molly Guldemond. Mais la meilleure chanson de l’album est celle qui le clôture : Inside. Cette pièce éponyme de plus de sept minutes est aussi complète que subtile et conclue le tout de la plus belle manière qui soit. Mother Mother peut être fier de cette épopée musicale tout à fait représentative de leur style musical. 

Inside est un album qui requiert plusieurs écoutes intégrales pour se laisser pleinement apprécier. Oui, il n’est pas parfait et ce n’est peut être pas le meilleur du groupe à ce jour, mais Mother Mother parvient à conserver l’identité qui leur est propre et qui fonctionne si bien. Toujours sincères et subtiles, les créations des icônes de la pop-rock indé sont empreintes d’amour et d’espoir comme il est bon d’avoir comme soutien au quotidien. Ce nouvel album et cette nouvelle année ont marqué un tournant pour le groupe de Vancouver qui a annoncé dernièrement une tournée à travers le globe. D’ailleurs, pour ceux qui souhaitaient voir le groupe en concert, il faudra attendre leur prochain passage en France : leur date parisienne aux Étoiles est déjà complète ! En attendant d’avoir la chance de les voir, Mother Mother offre des titres pour pleurer, rire, danser et chanter, et ce jusqu’en son for intérieur. 


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We Hate You Please Die : « On est pas « No Futur », on est « Happy end ». » (Interview)

Les quatre rouennais de We Hate You Please Die ont dévoilé leur deuxième album « Can’t…

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Wolf Alice « Blue Week-End » : Maîtrise et réussite pour un des meilleurs albums de 2021 

Si nous nous adonnions à la fâcheuse tâche de la comparaison, nous pourrions dire que…

Le Villejuif Underground live at La Villette Sonique 2021

La Villette Sonique 2021 : danses printanières et musique distanciée – Jour 2 : Maxwell Farrington et le SuperHomard + Le Villejuif Underground

En cette deuxième journée ensoleillée de musique à la Villette Sonique, les cercles de distanciation…

Tahar Rahim, tête d’affiche de Désigné coupable
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Dans le cadre du Club 300, Désigné coupable nous a été présenté en avant première au Forum des Images. Le dernier long métrage de Kevin Macdonald, réunissant Tahar Rahim, Jodie Foster, Benedict Cumberbatch et Shailene Woodley, sortira en salles le 14 juillet 2021. Il s’agira d’une histoire vraie, celle de Mohamedou Ould Slahi, emprisonné sans preuve à Guantanamo et de la lutte de deux avocates pour le faire sortir de cet enfer. Que vaut donc ce film au sujet sensible qui aura valu son troisième Golden Globe (en compétition)  à Jodie Foster  ?Critique.

Désigné coupable : de quoi ça parle ?

Mohamedou ( Tahar Rahim) dans l’enfer de Guantanamo
Copyright Metropolitan FilmExport

L’histoire vraie de Mohamedou Ould Slahi ( Tahar Rahim, Un prophète, L’aigle de la Neuvième Légion, du même Kevin Macdonald), un Mauritanien que son pays a livré aux Etats-Unis alors en pleine paranoïa terroriste à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L’homme a passé des années en prison sans inculpation ni jugement. Deux juristes américaines ( Jodie Foster, Le silence des agneaux, Les accusés et Shailene Woodley, Divergente, Big little lies) vont se battre contre tout un système pour faire valoir ses droits et lui faire avoir un simple procès alors que cela fait déjà plusieurs années qu’il est emprisonné. En effet, celui ci a avoué d’odieuses responsabilités à partir du moment ou l’on a pu menacer sa mère resté en Mauritanie et doit maintenant en assumer les conséquences…

Désigné coupable : Est ce que c’est bien ?

L’idéal pour parfaitement appréhender Désigné coupable est de se renseigner sur l’issue du destin de Mohamedou Ould Slahi. En effet, dès les premières minutes du film, Kevin Macdonald sait jouer du suspense et de l’ambiguïté pour tenir son spectateur en haleine. En effet, que ce soit l’attitude du personnage joué par Tahar Rahim dans la scène précédant son arrestation ou bien celle du personnage de Jodie Foster dans ses premières interactions avec celui qu’elle défend, rien n’est véritablement manichéen. Un parfait angle d’attaque choisi par le metteur en scène pour permettre de bien rentrer dans le film sans prendre son spectateur à partie. A l’image d’Au nom du père, de Jim Sheridan, qui prenait le temps de montrer que le personnage de Daniel Day Lewis, emprisonné abusivement pour un attentat auquel il n’a pas contribué, n’est pas une oie blanche et est un petit voleur de Dublin. Pour en revenir à Désigné coupable, cela permet de maintenir l’intérêt du spectateur pendant une grande partie du film, saura t-on le fin mot de l’histoire? La vérité éclatera t-elle?

Jodie Foster et Shailene Woodley dans le rôle des avocates prenant la défense de Mohamedou

Kevin Macdonald a assez de maitrise pour parvenir à mettre à niveau équitable chacun de ses personnages, dont celui de l’avocat chargé de représenter le Ministère Public qui est sobrement mais efficacement joué par Benedict Cumberbatch ( Sherlock, Imitation Game) et dont le meilleur ami est décédé lors du 11 Septembre, dont le personnage de Tahar Rahim est accusé d’être le « cerveau ». Dans la quête de vérité principalement mené par Jodie Foster baigne une sorte d’idéalisme que l’on pouvait retrouver dans les films politiques des 70’s (c’est presque enfoncer une porte ouverte de citer Les hommes du président de Pakula) ou bien encore JFK d’Oliver Stone. Et ceci jusqu’à ce qu’on finisse par avoir la certitude du fin mot de l’histoire. Si la description des sévices subis par Mohamedou Ould Slahi est illustré par une esthétique trop clinquante et maladroite qui dénote trop de celle du reste du film et est bien le moment le plus « faible » du long métrage, Désigné coupable n’est pas pour autant un film béat ou manichéen. Ainsi, alors que l’on pense que les malheurs de Mohamedou sont terminés un dernier texte à l’écran vient remettre les choses en perspective et permet au spectateur de mesurer les contrainte subies pendant une bonne quinzaine d’année. Une mise en perspective bienvenue pour un film utile et nécessaire.