Four deadly tales by four killer women annonce l’affiche. Le ton est donné. Quatre segments d’une anthologie mise en scène uniquement par des femmeset avec des femmes en personnages principaux. Qu’est ce que c’est que ça ? Coup de génie ou coup de com? Pop&Shot vous dit tout à propos de cette anthologie anglo-saxonne qui se veut anglée de façon originale…

DR hellhorror.com

Annoncé une première fois en 2013, les producteurs du projet XX évoquaient une liste de réalisatrices potentielles parmi lesquelles Jennifer Lynch ( fille de, qui a commencé sa carrière avec le chouette Surveillance et l’a planté tout de suite après avec le décevant Hiss, elle fait depuis des épisodes de Finding Carter, Quantico ou bien en core Teen Wolf. La vie est une…), Mary Harron ( American Psycho), Karyn Kusama(Girlfight, Jennifer’s Body, The Invitation), Jen et Sylvia Soska( American Mary, See No Evil 2) ainsi que Jovanka Vuckovic(réalisatrice de quelques courts métrages prometteurs). Sacrée accumulation de talents! De quoi faire saliver, même si 4 ans plus tard, elles ne sont plus que deux rattachées au projet : Kusuma et Vuckovic. Auxquelles se sont jointes Annie Clark ( aka St Vincent, chère à nos petits chouchous d’Holy Oyster) et Roxanne Benjamin ( réalisatrice d’un des segments de Southbound, une des plus chouettes surprises dans le genre qui soit sortie cette année).

XX : C’est quoi ce film?

L’ambiance est posée quand débute les premières minutes. Sofia Carillo en stop motion nous présente des images d’une beauté morbide de maisons de poupées, de cadavres d’oiseaux, de poupées en tant que telles. Un monde enfantin détraqué qui continuerait de perdurer. Entre chaque segments, une poignée de secondes de ce superbe travail sert de Monsieur Loyal, sans vraiment de connexion, et permet de faire la transition jusqu’au prochain court métrage.

Et les courts métrages en tant que telles? Ils donnent quoi?

L’inquiétant personnage par qui tout commence dans The Box…
DR IMDB

Le premier, « The Box« , mis en scène et adapté d’une nouvelle de Jack Ketchum par Jovanka Vuckovic est de loin le plus réussi. Un enfant trop curieux demande à un mystérieux homme dans le métro ce qu’il y a dans la boite qu’il a avec lui. Après avoir jeté un coup d’œil, il refuse de s’alimenter. Chaque personne de sa famille à qui il confie ce qu’il a vu le suit dans sa démarche, laissant bientôt sa mère isolée et sans réponses par rapport à ce qu’il se passe…
L’interprétation des différents membres de la famille est très bonne et la connexion au personnage de Susan, la mère de famille arrive à se faire car ce qui se passe reste incompréhensible pour le spectateur. Une onirique scène de rêverie, glauque à souhait mais particulièrement réussie peut donner des réponses mais encore faut il les comprendre…

Le deuxième segment, « The Birthday Party » par Annie Clark/St Vincent part d’un postulat potentiellement grand guignolesque : Mary découvre le cadavre de son mari le matin de la fête d’anniversaire de sa fille. Comment gérer la situation? En faisant comme si rien ne s’était passé….
Ce qui est dommage avec ce segment, c’est qu’il est frustrant. Pas assez grand guignolesque dans les situations d’embarras de Mary cherchant à dissimuler un cadavre alors que l’échéance de l’anniversaire de sa fille de 7 ans arrive. Pas assez long pour vraiment se voir multiplier les tentatives. Mais le bandeau final qui donne un sous titre à cette « Birthday Party » est vraiment drôle et finit par convaincre que le moment était agréable, bien que trop court et un peu futile.

DR

Le troisième segment « Don’t fall » est assurément le point faible de XX. Platement mis en scène par Roxanne Benjamin, il ne sort pas des sentiers balisés du genre. Quatre jeunes gens sont en randonnée dans le désert quand l’une des membres du groupe s’égratigne contre la paroi d’un rocher couvert d’inscriptions ancestrales… Le maquillage de la créature est particulièrement bien fait mais quand commence le jeu de massacre, la présentation des personnages a été tellement courte et on est tellement dans les clichés du genre, que l’on s’en fiche un peu… Un sentiment de « So, what? » imprègne le court métrage, se demandant bien ce qu’il peut vouloir raconter…

Une mère dépassée par les événements…
DR

Le dernier segment « Her Only Living Son » par Karyn Kusama est une chouette surprise. Cora élève seule depuis des années son diabolique enfant qui ne cesse de causer des problèmes. Quelque chose ne va pas mais personne ne veut s’en occuper. Rien d’original pour le moment… Sauf que tout est à prendre au premier degré dans ce pitch. Imaginez Rosemary’s Baby : Vingt ans après et préparez vous à voir une scène de déclaration d’amour fils-mère vraiment déchirante. Au sens propre comme au sens figuré. Un beau moment, pas au niveau de « The Box » mais qui a un propos intelligent et vraiment pertinent.

XX : C’est quoi l’horreur au féminin?

En lisant ce report sur les segments de cette anthologie, qu’est ce qui ressort? Des courts métrages inégaux, des pépites ( The Box) comme des déceptions ( Don’t fall), certains reviendront nous hanter d’autres seront vite oubliés… Bref : comme n’importe quelle anthologie d’horreur! Pourquoi avoir autant focalisé la promotion voire la raison d’être de ce film sur le fait qu’il était fait par des femmes?!?!

Les femmes sont une catégorie à part de la population? Pourquoi, pour la production de Wonder Woman par exemple, la short list de réalisatrices potentielles ne comportait que des femmes? Pourquoi pour Black Panther, film Marvel dont le cœur de l’intrigue se passe en Afrique, ne devait il y avoir que des réalisateurs afro américains pour le mettre en scène? L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais cette discrimination « positive » autant mise en avant va totalement à l’encontre du but recherché.

Bien sur des femmes peuvent mettre en scène tout type de films, dont de l’horreur. Bien sur des personnages principaux de ce genre de métrage peuvent être des femmes (en même temps Ripley ou Sarah Connor ne datent pas d’hier). Et dans une anthologie, il y aura des personnages auprès desquels on se sent liés et d’autres dont on se moque. Qu’ils soient joués par des femmes ou non. Qu’ils soient mis en scène par des femmes ou non. La vraie victoire sera le jour ou on a pas besoin de mettre en avant le genre ou la couleur de peau pour promouvoir un film et estimer sa qualité ( Allo Get Out?). Message aux producteurs : Concentrez vous sur la qualité du métrage que vous offrez au public et non pas sur l’apparence des gens qui le portent!

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