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Bar Italia, voilà un nom qui peut induire en confusion. L’effervescent groupe londonien revient le 19 mai avec l’une des plus belles pépites rock de l’année : « Tracey Denim », un trip sous acide loin de la dolce vita qu’inspire le nom de la formation. Au programme un cocktail raffiné, acide, sombre, calibré, aussi élégant que tranchant qui enivre dès son premier titre. Impossible de ne pas en parler comme l’une des plus belle sorties de l’année 2023.

Bar Italia crédits Simon Mercer
Bar Italia crédits Simon Mercer

Tracey Demin : douceur volcanique

Des notes qui se répètent, puissantes et tranchantes en une boucle qui appelle immédiatement l’oreille, et voilà que « Guard » ouvre le bal de ce troisième opus des plus attendus. C’est sur le label Beggars, qui ne laisse place qu’à l’excellence, que le trio londonien donne le ton de cet opus qui vaut bien de s’ajouter au catalogue de ceux à qui l’on devra bientôt le dernier né d’une autre figure emblématique du punk : Anohni.

Il faut dire que le combo sait jouer sur la corde sensible pour frapper juste. Obsédant comme ses notes répétées en boucles, l’album a la force indé et créative des immenses Sonic Youth auxquelles s’ajoute la mélancolie légère que l’on peut retrouver chez les très modernes Sorry ou Porridge Radio. Il faut dire que ce « Tracey Denim » sait jauger de ces effets pour les rendre hypnotiques. Lorsque les notes de guitares s’emballent, vibrant dans les aigus, comme ça peut être le cas dès le deuxième titre, « Nurse! », le tableau se dessine avec précision. Pas étonnant, que leur concert parisien de la Boule Noire, le 22 mai, se jouait à guichets fermés. Il faut dire que la formation convoque l’âme des 90’s, sa puissance underground et crée une nostalgie indéniable d’un temps où le punk avait un plus fort rayonnement.

Cri intérieur

Il y a une urgence notoire dans les titres de cet opus, comme un cri du cœur. Le bien nommé « Punkt » va en ce sens alors que la voix féminine de Nina Cristante rencontre sa part d’ombres lorsqu’elle se mêle à celle de son homologue masculin. Il est bien question de discussions et d’échanges musicaux au cours des titres à fleur de peau qui composent cette galette. La douceur de la voix tantôt à vif, tantôt en retenu se heurte à la guitare, avide d’en dire plus, oppressante, tourbillonnante. Ce nouveau Bar Italia prend aux tripes tant sa sensibilité frappe fort. Pourtant, le trio également composé de Jezmi Tarik Fehmi et Sam Fenton joue sur des compositions sur le fil du rasoir tendues, aussi précises qu’un funambule, sans jamais basculer ou perdre son objectif de vue.

Peut-être que le morceau « Yes I have eaten so many lemons, yes I am so bitter » résume le mieux l’esprit de la performance. Là où les notes rondes et sucrées portées par une batterie qui se répètent ouvrent le bal, les voix elles confèrent à une acidité calculée. Il y a une forme de lâché prise sous-jacent, celui du meilleur du punk qui se trame ici. Les rythmes s’emballent et se cassent savamment, comme des vagues sur la jetée.

« Horsey Girl Rider » lui se construit sur des échos, une forme de chuchotement apaisant comme une ritournelle. Double, l’opus n’hésite pas à pousser les voix dans leurs retranchements. Il sait sortir de la brume épaisse qu’il crée pour déchirer sa ritournelle, un éclair dans le ciel vient illuminer le titre « Harpee » et sa lancinante montée en puissance. Le refrain entêtant monte dans les tours, le tout s’accélère

Bon baiser des 90’s

La fin des titres arrivent toujours avec brutalité, un point qui coupe net le dialogue. C’est peut-être ce qui tend à prouver que l’album s’écrit comme un joyau post-punk non taillé. Parfois la finalité vient avec ses faux raccords, une phrase, un propos qui toucherait à sa fin sans fioriture. La production est brute, épaisse, puissante.

Il a la ferveur du post-punk mais sait aussi se balader dans les recoins sombres de l’indie rock. Le slacker rock des 90’s y est convoqué, les inspirations trip hop, spoken word s’y croisent. Le tout y vit avec naturel, tout comme la construction d’un jet tiré à quatre épingles dont les 15 morceaux défilent beaucoup trop rapidement. On tient ici l’alliance parfaite de la modernité et du retour à l’ancien. Et pourtant et c’est ce qui caractérise la grandeur de cette album, les mélodies y sont toujours accessibles, douces et poignantes. L’indépendance s’y vit, vidée de son inaccessibilité. Le naturel est là, comme un ami que l’on retrouverait au bar et à qui l’on raconterait ses plus tristes mésaventure. « Tracey Denim » est le reflet d’âmes, celui qui sublime les états d’âme, rend le morose puissant, emprunte une machine à remonter le temps et vide les 90’s de leurs journées fluos pour leur rendre leurs cuirs noirs. Venez vous asseoir au comptoir de Bar Italia, comme avec une excellente bouteille, vous en prendrez bien plus d’un verre.


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Alors que la pandémie mondiale laisse entrevoir une accalmie, elle permet surtout aux groupes internationaux de parcourir à nouveau le Monde. A peine le feu vert donné, et voilà que les fous furieux de The Hives reprennent déjà les routes. Rien d’étonnant lorsque l’on connait la réputation de la formation en live. Après un passage aux Etats-Unis, annoncé dix jours avant, les voilà qui débarquent en France.  C’est à l’occasion de leur passage à l’Olympia de Paris que le groupe a invité l’équipe de Popnshot en backstages pour une interview haute en couleurs.  On y a retrouvé Pelle Amqvist, le chanteur un peu malade mais ravi d’être là. L’occasion d’aborder autour d’une boisson chaude la question du  ou plutôt des deux nouveaux albums à venir 9 ans après la sortie de Lex Hives, mais aussi du retour sur scène, du courant punk en 2021, d’un concert dans un sous-marin, de son esprit rebelle et de King Gizzard and The Lizard Wizard. Rencontre.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Vous revenez tout juste d’une tournée au USA. C’était comment de retourner là bas ?  Vous y avez beaucoup d’influences, est-ce que vous y avez trouvé de nouvelles inspirations ?

Pelle Almqvist aka. Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Quand on était là-bas, on n’écrivait pas, on était tout le temps en tournée. Mais c’était très amusant de vivre  la culture américaine. Et c’était dans le Sud, ce qui est plus exotique que New York ou Los Angeles. On est allé en Floride, à Nashville, au Tennessee dans le Mississippi.

 

Pop & Shot : C’était comment de voyager à nouveau après la pandémie ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’était cool ! Mais vraiment étrange, parce que nous n’avons appris seulement 10 jours avant la tournée que nous pouvions la faire. C’est donc très difficile d’en faire la promotion.
Mais c’est bon d’être de retour ! Pendant toute la pandémie, on a essayé de faire des concerts. Nous avons essayé d’en organiser et ils ont été annulés. Maintenant, du jour au lendemain, Nous avons beaucoup de concerts,  une tournée américaine et une tournée européenne. C’est vraiment cool. On est presque le seul groupe en tournée actuellement. D’ailleurs, notre promoteur a dit qu’on était le premier groupe international à jouer à l’Olympia depuis 600 jours.

près les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Vous avez fait un concert en live stream en janvier dernier. C’était comment de jouer avec personne en face de vous ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons fait un live stream pour le Mexique d’abord, qui était le concert annulé de Mexico. Donc, quand il a été annulé, les organisateurs voulaient que nous fassions un live stream. C’est donc ce que nous avons fait ! Cela nous a appris tellement de choses et aussi ce qu’on ne voulait pas faire. C’était particulier parce que c’était comme si nous jouions une chanson et qu’à la fin c’était mort. Après chaque chanson, je parlais un peu, puis nous jouions la chanson suivante, puis c’était de nouveau silencieux. Et c’était horrible. C’était le pire, c’était si difficile de faire un bon travail. Parce que la chose la plus importante manque, c’est-à-dire la foule. Alors, quand nous avons fait notre propre tournée mondiale en live stream, nous avons trouvé des solutions. Nous avions des haut-parleurs avec le bruit de la foule que nous avions enregistré dans les endroits où nous avons joué. Ainsi, le spectacle australien avait un bruit de foule de Sydney que nous avions trouvé sur YouTube à partir d’un de nos concert là bas. Le bruit était diffusé entre chaque chanson. Et nous avons vraiment eu l’impression d’un concert normal. Les gens pouvaient aussi appeler appeler en direct. Nous voulions faire ça pour prouver que c’était vraiment live. Car c’était important pour nous de faire ces concerts en direct pour le public. Et c’est pour ça qu’on jouait à des heures différentes, par exemple on se levait très tôt le matin pour jouer en Australie, on restait debout très tard le soir pour jouer aux Etats-Unis, etc. Parce que nous voulions que ce soit comme une tournée, chaque concert était à 21h, heure locale. Et je pense que c’est l’une des choses que nous avons été le plus heureux de mettre en place. C’est aussi très amusant. Parce que les gens appelaient. Après les concerts, nous avions environ 1500 appels manqués. Niklas essayait de rappeler tout le monde, il parlait aux gens toute la nuit !

Pop & Shot : Ils étaient contents de vous avoir au téléphone ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, ils criaient, hurlaient, discutaient. C’était vraiment une bonne idée de faire ça. Je pense que nous avons fait un excellent travail ! Après le premier concert, nous l’avons regardé et nous nous sommes dit que c’était vraiment mieux que ce que nous aurions pu espérer.

Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres.

Pop & Shot : Vous avez écrit de nouvelles chansons pendant la pandémie, est-ce que cela veut dire qu’un nouvel album est prévu ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui. Nous en avons un de prévu, c’est un album sur lequel nous travaillons depuis longtemps. En fait, ce sont deux albums. Nous essayons de le faire, mais cela prend du temps, parce que nous avons beaucoup de chansons que nous aimons, mais nous n’aimons pas tous les mêmes chansons et nous avons un processus très démocratique. Nous ne savons pas si nous allons faire un album, ce qui serait un peu dommage, parce que nous avons tellement de bons titres. C’est pour ça qu’il devrait éventuellement y avoir deux albums. Aussi, nous prenons une trop longue pause entre les albums, surtout pour celui-ci  d’ailleurs !  Mais même en temps normal, nous prenons beaucoup de temps, donc ce serait amusant d’essayer sortir un album plus rapidement à l’avenir.

Pop & Shot : Dans Lex Hives, vous aviez instauré beaucoup de règles. Est-ce que dans ce nouvel album ces règles seront toujours là ? Y en aura-t-il de nouvelles ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Eh bien, il n’y a pas de règles. C’est peut-être pour ça que ça nous prend si longtemps, parce que toutes les chansons sont différentes. Et c’est difficile pour nous d’en faire un ensemble cohérent.

Pop & Shot : Comment décrivez-vous l’esprit du groupe maintenant que vous avez près de 30 ans d’expérience ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est bizarre de penser que ça fait si longtemps. Je ne sais pas si quelqu’un a fait quoi que ce soit pendant 30 ans de suite, à part prendre son petit-déjeuner ou aller se coucher. Bizarrement, j’ai l’impression que l’esprit « The Hives » existerait même si les membres du groupe n’existaient pas.  Mais c’est toujours aussi cool d’être dans le groupe, surtout quand nous faisons des concerts. On dit que c’est extatique. Les gens viennent, qu’on ait un nouvel album ou pas, c’est quelque chose de solide, ce qui est cool !

il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter.

Pop & Shot : Vous avez beaucoup été décrits comme un groupe de punk, surtout au début. Aujourd’hui en 2021, est ce que vous pensez que le punk représente toujours quelque chose ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est un peu comme le jazz maintenant. Ça dure. Comme si c’était une force culturelle. Je pense qu’à cette époque nous apprenons à jouer de la musique. Donc le punk fera toujours partie de notre ADN, mais je ne suis pas sûr que ça m’intéresse de m’y référer. C’est plus facile de se dire « groupe de rock n roll », on peut tout se permettre. Alors que si on se dit groupe punk, il y a toute cette politique punk qui veut décider de ce qu’on peut ou ne peut pas faire et ça ne sert à rien de s’y frotter. Donc oui, nos influences ont toujours été principalement le rock and roll et le punk rock. Quelque part entre les deux.

Pop & Shot : Vous dites qu’il y a des politiques punk, ce qui est vrai. À une époque vous vouliez vous rebeller contre tout. Mais vous vous rebellez aussi contre le punk.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Au début, il s’agissait plutôt de se rebeller contre le punk, car les seules personnes pour qui on jouait étaient des punks. Et ça nous a toujours paru bizarre de jouer pour des punks et de se rebeller contre la société alors la société n’était pas là. Donc si nous voulions embêter quelqu’un, cela devait être les punks. Alors on a commencé à porter des costumes et d’autres trucs classes. Et nous étions devenus des snobes. On faisait comme si on était nés riches. Les punks détestaient ça, ce qui était très amusant.  Mais on adore la musique punk, c’était ça le truc, mais c’est tellement drôle quand les gens ne comprennent pas ce que nous faisons et qu’ils s’énervent.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & shot : Est-ce que vous vous rebellez contre d’autres choses aujourd’hui ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Je pense que j’ai toujours été un peu rebelle. Je suis né rebelle. C’est comme si j’étais contre tout ce que les gens avaient, pensaient. En vérité, ça craint un peu. ça rend la vie très dure. Parce qu’il y a un coût à être un rebelle. C’est assez cher, émotionnellement, d’être contre tout ce que les gens pensent. On devient très solitaire. C’est un travail difficile parce que tout le monde essaie toujours de te convaincre de quelque chose. Quand j’ai eu 15 ans, j’ai fait un effort pour m’intégrer davantage. Mais ce côté rebelle est toujours en moi, je crois. Ma première réaction est généralement non.

Pop & Shot : Dans une interview, vous avez dit que The Sonics avaient changé votre vie. Y a t il d’autres groupes qui ont changé votre vie ? Influencé votre musique ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Il y en a un beaucoup, surtout dans ce que j’écoutais plus jeune, parce que les choses que tu trouves au début te frappent le plus fort je pense. Donc, quand j’avais 6 ou 7 ans il y avait AC/DC. Vers 11 ou 12 ans, il y avait quelques groupes de punk comme les Misfits ou des groupes de punk suédois. Mais les Misfits et les Dead Kennedys ont eu une grande importance pour moi. Plus tard, il y a eu The Sonics, vers mes 17 ans. C’était quelque chose d’important, parce qu’avant ça, on jouait une musique influencée par le punk des années 70 et le rock and roll des années 50, comme Little Richard. Nous aimions la musique des années 60, comme les Yardbirds, parce que nous trouvions ça dans la collection de disques de nos parents, mais avec The Sonics, Nous avions l’impression que quelqu’un avait déjà mélangé ces deux choses, le punk des années 70 et le rock’n’roll des années 50, et c’était The Sonics, et j’aimais vraiment la façon dont ça sonnait.

J’avais un ami qui aimait la musique psychédélique et il m’a donné l’album de The Sonics parce qu’il pensait que ce serait de la musique psychédélique, ce qui n’était pas le cas, mais il m’a dit : « Oh, tu aimeras probablement ça ». Et c’était vraiment le cas, ils ont été une grande influence. Plus tard il y a eu d’autres groupes comme Mitch Ryder, The Detroit Wheels et The Saints, mon groupe préféré depuis longtemps. Bien sûr j’aime vraiment les Ramones et les Stooges.

Pop & Shot : Le punk garage fait son retour en ce moment. Avez-vous entendus de nouveaux morceaux excitants ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : J’aime vraiment les Viagra Boys. Je pense qu’ils sont géniaux ! Et j’aime vraiment King Gizzard and The Lizard Wizard. J’aime tous leurs albums. Non, peut-être un sur trois ou quelque chose comme ça. Parce qu’avec King Gizzard, il y a tellement de sorties que c’est difficile à suivre, surtout pour quelqu’un comme moi qui en sort si lentement.
Je me souviens que j’étais dans un studio à Los Angeles en train de travailler sur autre chose. Ils étaient aussi là. J’y étais donc allé la veille et ils avaient enregistré trois albums en un jour. C’est vraiment impressionnant. J’aurai tellement de mal à faire ça. Je suppose que la seule façon de le faire est de sortir des morceaux et de ne pas avoir d’autocritique. Mais je les aime beaucoup.

la salle la plus bizarre dans laquelle j’ai joué était un sous-marin en France

Pop & Shot : Aujourd’hui vous jouez à Paris en France. Un de vos concert en France s’est déroulé dans un sous-marin ! Est-ce que vous avez un souvenir de ce moment ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Oui, c’est vrai. Je ne me souviens plus dans quelle ville c’était. Mais nous avons joué dans un sous-marin garé dans l’eau. Et on devait passer par une tourelle pour arriver sur scène. C’était la salle la plus bizarre dans laquelle j’avais joué. Il n’y avait que 50 personnes là-bas, ce n’était pas idéal, mais c’est la salle la plus bizarre dans laquelle nous avons jamais joué !

Nous avions été programmés pour un concert, et quand nous sommes arrivés c’était un sous-marin. Nous étions surpris, c’était bizarre. Mais à ce moment-là, on s’est dit : « Ok, c’est le concert. On branche nos amplis et nous jouons ». C’était cool.

Pop & Shot : Pour votre show d’aujourd’hui, vous avez de nouveaux costumes. Dites-nous en plus.

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : C’est la fille (Ingrid Berg) de mon voisin qui les a fait, ils brillent dans le noir et c’est plutôt cool. On joue quelques chansons avec la lumière, puis on éteint toutes les lumières et le costume brille. C’est vraiment sympa.

The Hives @ l'Olympia Paris 2021
Photo : Louis Comar
Pop & Shot : Quels sont vos projets pour le futur ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Tout d’abord nous avons la tournée européenne. Ensuite deux gros concerts en Suède juste avant noël et après nous ferons un album j’espère.

Pop & shot : Et donc, le studio c’est pour quand ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Nous avons un studio où nous avons enregistré une partie du dernier album. Nous avons aussi essayé d’aller aux Etats-Unis pour enregistrer mais c’est très compliqué. Cela fait deux ans que nous essayons de venir, mais avec le COVID c’est impossible. Donc maintenant, nous allons probablement commencer à enregistrer en Suède, juste parce que nous aurons moins de risques d’être annulés ou reportés. Donc il me semble que nous allons commencer à le faire en janvier. Nous verrons combien de temps cela prendra. Cela dépend des chansons qu’on veut enregistrer. Parce qu’il y a beaucoup de chansons !

Pop & Shot : Une dernière question, quelle chanson que vous écoutez en ce moment décrit le mieux votre état d’esprit ?

Howlin’ Pelle Almqvist (The Hives) : Aujourd’hui je suis malade, je me sens mal. Donc je ne sais pas quelle serait cette chanson. Eh bien, mon état d’esprit est probablement quelque chose de Nick Drake, mais j’aimerais que ce soit une chanson de Little Richard. Par exemple « where I’m at » de Nick Drake. Mais j’aimerais que ce soit « rip it up » de Little Richard.


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Order 89
L’été des corbeaux – Order 89

L’été 2021 sera beaucoup de choses : celui des espoirs et des doutes. Il sera celui d’une vie retrouvée et d’une crainte criante de la perdre à nouveau. Celui des rires, des chants et des croassements des corbeaux. En effet de retour après un premier album « Bleu Acier » sorti en 2019, les compères d’Order 89 sont de retour avec un tout nouvel opus « L’été des corbeaux », un condensé de dix titres aussi enivrants que crasses.

Le premier album a comme beaucoup, souffert du confinement. Impossible de le jouer en live et de le faire tourner comme il se doit. Regrettable lorsque l’on sait les grandes qualités scéniques qui sont celles du groupe survolté. Alors plutôt que de sombrer dans la fièvre du live stream comme beaucoup, les parisiens ont choisi de mettre les bouchées doubles et de confectionner un petit second qui lui, aurait toute l’attention qu’il mérite. Pour parfaire cette tâche la formation est devenue quatuor, ajoutant Luce à la guitare. Pensé pour être au plus proche de leurs performances en live, cette nouvelle galette s’avère riche en surprises.

La machine se lance avec « 100 visages ». Pas besoin de fioritures pour Order 89 qui envoie directement la sauce. La basse tonne lourdement , les machines s’emballent et voilà que la voix écrasante et puissante peut engager les hostilités. Chantées comme une comptine sombre, les premières notes se font répétitives et entêtantes. Les boucles musicales s’ajoutent à la folie de l’instant, plus présentes qu’une voix entre chant et phrasé. Le rock dégouline de ce titre sombre, appel à faire tomber les masques. La cold wave s’invite à la partie, tonitruante. Le ton est donné.

Maintenant que le groupe a toute l’attention de son auditeur, il est temps de lui proposer une « Ronde ». Les phrases courtes s’alternent avec rapidité, le rythme est répétitif, la montée en puissance se construit comme une montagne russe. Avant le refrain, une pause au sommet du grand huit s’avère nécessaire. En retenue, ce dernier s’invite naturellement au moment, il se répète encore et encore. « Tel est ce bruit qui résonne dans mon cœur et la nuit » scande Jordi en boucle comme un appel nocturne au laisser aller. L’atmosphère s’emplit d’une odeur de cuir, le spectre des Black Rebel Motorcycle Club n’est pas loin.

Rock sous acide

Plus psychédélique, « Histoire Parallèle » fait la part belle aux machines. Toujours avec une dominante rock, le titre se teinte clairement d’électro dégoulinant qui donne l’envie incontestable de danser certes, mais bien plus certainement dans un garage que dans une boite de nuit clinquante. C’est aussi ça Order 89, une mise en avant primordiale de rythmiques envoûtantes qui peuplent des morceaux aussi lourds de sens qu’accessibles à la majorité. Cet obsession, elle peuplera la totalité d’une galette qui croit autant au brit rock qu’à Noir Désir. Avec sa phraséologie, son timbre atypique, sa perception du couplet, le groupe pourrait évoquer Indochine sous acide, la part pop comme dans populaire en moins, les compositions pointues en plus.

« Gangster » sonne comme le chant du fakir et monte en intensité. Puissant et hypnotique, il perche, happe, déstabilise. Véritable temps de modernité, il joue des codes du passé pour mieux les casser comme Bagarre avait su tordre les genres pour mieux créer son univers. « Vertige » s’inscrit dans la même veine en démarrant sur les chapeaux de roue. Pas le temps de souffler le titre défile à toute allure, les notes s’enchaînent avec rapidité, absorbent l’auditeur en un tourbillon sauvage et salvateur.

« Ici la nuit » prend le temps de souffler sur son introduction. La voix suit, elle scande, se fait multiple, s’épaissit. Comme toujours sur cette galette, le repos est de courte durée alors que force et puissance se font alliées pour mieux donner une claque sur l’épaule au moment du refrain. Les oreilles bourdonnent, la nuit a tout enseveli. Seule la basse se répète en notes oxygénées, elle prend par la main, marque des temps de pause lors de l’invasion bienvenue des machines. Et si cette nuit nous faisions un trip hallucinogène tous ensemble ?

Fauve avait baptisé ses deux albums « Vieux frère », c’est aussi le cas de ce morceau. Du collectif, Order 89 reprend le nom du titre et sa capacité à unir en additionnant phrasé et chanté. La comparaison s’arrête là. Plus sombre, plus vive, acérée comme une lame de rasoir, la musique du groupe bouleverse et résonne chez un public expert.

L’invasion des machines

Les machines prennent le contrôle le temps d’une « Chasse aux sorcières » haletante. Alors que « Les Nuits sauvages » fait la part belle aux instruments omniprésents et offre un temps cathartique. Le tourbillon musical glisse sous la peau, il recouvre tout d’un voile de rock crasse et méthodique sous forme de bordel organisé.

L’expérience touche à sa fin sur « Pays Sacrifié », un titre bien plus posé que le reste de l’opus. Cette fois-ci, c’est la voix qui domine, elle s’engouffre, bat les notes comme elle fait battre les cœurs. Elle laisse pourtant la place à un gimmick instrumental pour clôturer cet été éprouvant qui propose un vol vertigineux et poétique dans la noirceur des clubs et des âmes qui ne trouvent pas le sommeil.

Must See

« L’été des corbeaux » est disponible depuis le 2 avril 2021. L’opus se révèle être l’occasion parfaite pour permettre au groupe de prendre les routes de France et d’offrir une série de concerts estivaux à un public qui ne demande qu’à se retrouver. A noter que son passage à la Dame de Canton en présence des rockeurs aussi fous que solaires de Yoko Oh No a été un temps de fort de cet été. Le live déjanté face à un public de rockeurs hyper réceptifs s’es vu ponctué de pogos, danses enflammés et sueur à grosses gouttes. Outre les nombreuses blagues des formation sur scène, bonne humeur et convivialité étaient mots d’ordre. Une reprise léchée de « L’amour et le violence  » de Sébastien Tellier reste l’un des moments inoubliables de cette soirée magique. S’ils passent près de chez vous, rendez vous un immense service, ne les manquez pas !


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White Riot. Dans l’Angleterre de la fin des années 70, en pleine apogée punk, le fascisme gagne de plus en plus de terrain. Au travers d’un racisme décomplexé, le National Front fait preuve d’un nationalisme à toutes épreuves en embrigadant le plus de monde possible, dont la jeunesse, sa principale cible, dans des pensées conservatrices et réactionnaires. L’Angleterre connait à ce moment-là une période difficile, avec une situation économique désastreuse et un fort taux de chômage. La presse de droite ne manque pas de réveiller la peur en criant que le pays s’apprête à être envahi. Pour éviter la soi-disant catastrophe, le National Front parcoure les rues, les sorties d’écoles et d’universités, organise des manifestations et des marches… Leur but est simple : faire sortir les étrangers d’Angleterre. En parallèle, la répression policière envers les minorités s’accentue et installe un climat de tension extrême dans le pays.

En réponse à cette paranoïa réactionnaire, le punk va prendre les rênes de la révolte. Avec l’émergence de Rock Against Racism, mouvement politique au nom explicite, l’Angleterre bénéficiera d’une campagne de taille afin de contrer les élans fascistes d’une partie du pays, dont certaines figures de proue de la musique, comme Eric Clapton, Rod Stewart ou encore David Bowie, auraient encouragés de manière plus ou moins claires et explicites. White Riot, le nouveau documentaire signé Rubika Shah, se propose de revenir sur cette période de contestation d’une Angleterre divisée en deux.

 

White Riot En Echo avec la société d’aujourd’hui

Pour faire le récit de cette lutte antifasciste de la manière la plus authentique et honnête possible, la réalisatrice a choisi de se tourner vers le genre du documentaire. Témoignages, images d’archives et captations de concerts sont donc au rendez-vous afin de nous baigner dans la réalité de cette époque qui, malheureusement, résonne grandement avec le monde d’aujourd’hui où, on le rappelle, le racisme perdure plus que jamais et soulève encore très légitimement de nombreux combats de toutes parts dans le monde, et cela d’autant plus depuis la mort atroce de Georges Floyd à Minneapolis il y a quelques semaines seulement. Ainsi, White Riot bénéficie du climat du monde d’aujourd’hui, une société au bord de l’implosion, où l’intérêt pour les luttes antiracistes, non pas inexistant auparavant, loin de là, connaît néanmoins aujourd’hui un fort et magnifique rebond. Le film fait ressurgir le passé comme pour appuyer d’autant plus la réalité d’aujourd’hui qui, en l’espace de 40 ans, n’a pas bougé d’un poil. Les minorités continuent d’être persécutées et réprimées dans le silence général. Là où White Riot trouve sa solution en nous vantant les mérites de la musique dans la lutte contre les inégalités, il en est tout autre pour la réalité d’aujourd’hui qui ne risque pas de venir à bout de ses problèmes aussi facilement. Plus personne pour mener l’insurrection ou société tellement gangrenée que rien n’est plus à espérer ? C’est un autre débat. Concentrons-nous plutôt sur le contenu du film, son fond et sa forme.

 

Le rock est politique par essence

Retraçant l’histoire du mouvement Rock Against Racism, de sa création jusqu’à son apogée avec le tant attendu festival ayant réuni entre autres les Clash, Steel Pulse et Tom Robinson à Victoria Park, le film s’évertue à nous faire saisir la complexité du travail de communication ayant mené jusqu’à ce fameux point d’orgue où 100 000 personnes se sont réunies contre les poussées nationalistes du pays. Le chemin tumultueux et agité de Rock Against Racism, via tout d’abord de modestes fanzines distribués dans des concerts pour ensuite parvenir à rallier de plus en plus de monde, n’aura pas été vain puisqu’il sera parvenu à vaincre les pensées conservatrices de ses opposants par la musique et par le nombre, allié à l’Anti League Nazi. Rock Against Racism prend de l’ampleur et devient le principal mouvement de protestation. Comme le dit le créateur du projet : « c’est comme un train au bord duquel tout le monde monte ». L’alliance entre différents styles musicaux, allant du punk au reggae, est probablement la plus belle chose réussite de ce mouvement qui aura su privilégier une lutte intersectionnelle. Les blancs se rendent soudainement compte que le racisme existe en Angleterre et se doivent d’apporter leur soutien aux minorités qui en ont besoin, d’où le titre du film, lui-même tiré du fameux titre des Clash. Grâce aux témoignages d’acteurs importants du mouvement, nous sommes en mesure de saisir ce qu’était réellement ce mouvement, son essence et son aspiration : « nous voulons une musique rebelle, une musique de la rue, une musique qui anéantit la peur de l’autre, une musique de crise, une musique qui sait qui est l’ennemi ». Ainsi, tout passe par la musique qui, on le comprend, est l’arme principale pour lutter contre le nationalisme. Pour ce qu’il montre de cela, le film est digne d’intérêt, car il n’y a pas plus belle forme d’émancipation que celle dont le rock est la mère. Et en désignant ce dernier comme un état d’esprit et non plus simplement comme un genre musical, le film réussit son pari en nous montrant que la musique a le pouvoir de changer le monde oui, tant qu’elle dépasse son propre statut. Le rock sera toujours politique, plus que tout au monde et White Riot est une ode à cette pensée.

 

Un traitement aux limites visibles

Néanmoins, le film connait plusieurs lenteurs et baisses de régimes tout du long, prisonnier des limites de sa forme qui, petit à petit, a tendance à nous faire décrocher. Les images d’archives qui donnent régulièrement vie au genre documentaire, manquent à l’appel. Ici, White Riot semble plusieurs fois à court de contenu et ce ne sont pas les témoignages des quelques mêmes intervenants, dont les paroles ont tendance à tourner en rond, qui sauront nous tenir en haleine pendant une heure et demi (un peu moins). Le rythme relativement plat ne retranscrit pas avec assez de poigne et de volonté toute cette rage bouillonnante de l’époque. Le rock contre le fascisme. Deux mots que tout oppose. Rien qu’en les entendant, on s’imagine déjà des enceintes explosées, des gens fous furieux, de la jouissance, des esprits ravageurs portés par l’amour de la musique et essayant de mettre fin à la haine et aux inégalités, où l’utopie trouve enfin l’arme nécessaire pour se penser réelle. Le film reste trop bon enfant, à moins que ce ne soit réellement l’esprit du mouvement qui, dans ces cas-là, est fait pour être vécu et uniquement vécu. Car le regarder de loin n’a pas l’effet escompté. Même si le sujet reste intéressant en lui-même, il lui manque dans ce traitement une profondeur ainsi qu’un réel désir de nous faire voyager dans le temps : plus d’archives et plus de musique (live surtout) pour nous faire vibrer au rythme de l’époque auraient été préférables.

Aussi n’est-il pas dangereux de s’aventurer dans un sujet comme celui-ci, qui ne bénéficie pas de beaucoup de contenu, le temps d’un film complet ? Car sinon les Clash, Steel Pulse et Tom Robinson, qu’aura-t-on retenu en terme de musique ? La dernière prestation de « White Riot » des Clash lors du festival final peut-être. Autrement cela, aucun moment musical à proprement parler ne porte dignement le film dont on sent rapidement les limites liés à la forme et à son contenu. Quant au passage sur David Bowie et sa fameuse phrase en faveur de l’arrivée d’un leader fasciste, reprise dans le résumé du film, il ne constitue qu’un grain de sable vite oublié dont on ne cherche pas à expliquer plus en détails ni les raisons ni le contexte. Soi-disant l’une des causes de la naissance du mouvement, en plus du soutien plus explicite de Clapton pour un suprémaciste (lui c’est une autre histoire), cette phrase de Bowie aurait mérité des éclaircissements, au lieu d’être ainsi passée à la trappe. Bowie souhaitait-il réellement voir un leader fasciste arriver au pouvoir ? Ne faisait-il pas plutôt l’état des lieux d’un pays au bord de la catastrophe ?

Quoiqu’il en soit, White Riot peine à faire sentir toute la ténacité d’une génération à lutter contre l’un des plus grands maux de l’humanité, même s’il a la qualité de relater un épisode marquant de l’histoire de l’Angleterre de ces années-là. Mais si à la sortie, vous n’avez pas envie de vous refaire toute la discographie des Clash, il faudra vous faire une raison.

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By Léonard Pottier


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