Le 24 septembre 2021, J-Silk sera de retour avec un troisième EP intitulé « Dreaming Awake’. Le duo franco-britannique en profitait pour distiller une new soul voluptueuse, aérienne, joviale et plurielle alors que la voix puissante de sa chanteuse Joanna Rives donnait le ton tout en se faisant gage d’une qualité indéniable. Les notes aux couleurs suaves y ont une place dominante tout comme les rythmiques travaillées. Le duo avait teasé ce retour dans les bacs à l’équipe de Popnshot au court d’un entretien sous le soleil du Printemps de Bourges. Un moment emprunt de tendresse et de complicité qui représente bien l’entente artistique et la dualité de ce groupe soudé.  A noter que le groupe se produira en concert parisien le 16 septembre aux Trois baudets.

 

J-Silk_Interview
J-Silk au Printemps de Bourges – Droits : Louis Comar
PopnShot : Votre single « Dreaming Awake » parle d’insomnie. Comment avez-vous choisi d’illustrer ce vécu à travers votre musique ?

Louis Gaffney / J-Silk  : Ce morceau vient d’un texte de mon grand-père qui est un artiste français. « There is always someone asleep, someone awake, someone dreaming to sleep, someone dreaming awake. » On a trouvé cette dernière phrase cool et Joanna a écrit son texte en partant de cette phrase.

Joanna Rives / J-Silk : Moi j’avais écrit un texte qui s’appelle « Sleeping Awake », Louis a fait le lien avec son grand-père. De là on a essayé de construire un texte autour de l’insomnie parce que nous avons tous les deux des soucis pour dormir.

Louis Gaffney : Et c’est aussi devenu le nom de notre EP.

P&S : Le morceau est très aérien et dénote avec vos précédents titres. Comment avez-vous composé cette texture musicale qui représente si bien l’insomnie ?

LG : On a d’abord fait la prod, on avait le son et puis ensuite Joanna s’est demandée ce que ça lui inspirait et elle est partie dans sa composition.

JR : Oui, c’est ça. On n’a pas toujours les mêmes fonctionnements dans la composition, dans l’écriture, dans le processus artistique. Cette fois ça partait d’une production de Louis et moi. Pour la voix, on voulait quelque chose de clair, de lumineux, de fragile… avec la basse, ses pédales et ses textures, ça donnait quelque chose d’un peu vaporeux.

J-Silk_Interview
J-Silk_ Droits : Louis Comar
P&S : Ce nouvel EP, vous avez pris le temps de le travailler et de le sortir. Comment s’est passé le cheminement de composition ?

JR : Le processus remonte à bien deux ans. On devait le sortir l’année dernière, il était prêt depuis quelques mois avant.

LG: On a fait beaucoup de studio, on a aussi fait beaucoup de sessions à la maison pour tester des choses.  On a testé des acoustiques, des électros, des morceaux qu’on a composé mais pas sortis. Du coup en septembre on va sortir 7 nouveaux titres.

JR: On a souhaité aller plus loin que sur les deux précédents EP en terme d’écriture : on utilise l’écriture automatique. On a poussé sur les retours, on a travaillé avec une amie anglaise de Manchester qui nous a aidés sur certains détails, sur les accents. Elle est venue en studio, ce qu’on ne faisait pas avant. En terme musical, Louis a beaucoup produit. On a fait beaucoup d’allers-retours. On a un titre en français pour la première fois. On a essayé beaucoup de choses.

PnS : Composer en français vous donne-il le sentiment de plus vous dévoiler sans la barrière de la langue ?

JR : Nous on écoute beaucoup de musique anglaise. Et moi j’ai vécu en Angleterre. C’est naturel pour nous d’écrire en anglais. Mais c’est un bel exercice pour nous le français. Disons qu’on ouvre une porte, pour nous au début ça partait d’une blague. On était en studio avec Louis et il me met le casque et me dit ‘Allez improvise’. Du coup j’ai commencé à chanter en anglais, français et espagnol. Et puis on l’a fait écouter à des copains qui nous ont dit ‘Mais pourquoi pas ?’.  Et ils préféraient la version française. C’est un peu plus difficile parce que c’est nouveau et parce que c’est un autre exercice, ce ne sont pas les mêmes codes d’écriture en français et en anglais, les intonations changent.

PnS: Louis est anglais, Joanna est française. Est-ce que vous partagez les mêmes influences ?

LG : J’essaie de trouver une chanteuse que Joanna ne connaisse pas. J’essaie vraiment mais elle a toujours un temps d’avance sur moi sur ce sujet. On écoute vraiment la même chose.

JR : On partage même nos shamy tracks ! (rires) Dès qu’on a débuté, on a eu une vraie accroche musicale dans les influences, dans les goûts.  On a une vraie sensibilité commune.

PnS : Tu parlais des chanteuses que tu connais, l’une d’entre elle est très importante pour toi : Amy Winehouse. Quelle image as-tu d’elle ?

JR : Au delà du personnage et de la chanteuse, moi j’ai commencé par la guitare, et je ne chantais pas. Et quand j’ai découvert cette artiste, j’ai été très touchée par sa sensibilité. Elle amenait beaucoup d’émotions et ça m’a donné envie de chanter. J’ai commencé à fredonner ses chansons et puis c’est là que j’ai vraiment eu envie de m’y mettre. Amy Winehouse, elle représente ça pour moi. C’est très symbolique pour moi.

PnS : Vous avez beaucoup parlé de la thématique du passage à l’âge adulte. Pourquoi est-ce important pour vous ? 

LG : Je suis papa depuis 10 mois et l’âge adulte, je le sens bien. (rires) C’est difficile de se trouver, ça prend du temps artistiquement comme en tant que personne.

JR : J’ai toujours dit que je voulais pas grandir. Déjà petite, je disais, je veux rester un bébé et je vais essayer d’en rester un encore longtemps.

J-Silk_Interview
J-Silk_ droits : Louis Comar
PnS : Il a y une véritable dualité dans votre musique. Est-ce quelque chose que vous travaillez ?

JR : Je ne sais pas si on le travaille consciemment. On travaille beaucoup en binôme donc le duo est là et il est porté par chacune de nos personnalités. Personnellement j’ai aussi une forme de dualité, de mélancolie autant que de positivité. Il  a toujours cette question du verre à moitié plein et à moitié vide. J’en parlais déjà dans « It’s up to you ». Je suis aussi très indécise. Le rêve, la réalité … que se soit dans les paroles, la production, la manière de chanter. On le voit quand on compare « Dreaming awake » et « Bring me joy ».

PnS : Vous vous décrivez comme issus du courant new soul. Pour vous il y a un nouvel âge de la soul ?

JR : En France, je ne sais pas si c’est vrai.

LG : Si parce qu’il y a une grosse scène r’n’b qui revient. On n’est pas vraiment dedans mais ces courants se rejoignent. Et puis il y a la futur soul avec des groupes un peu plus jazz qu’on écoute beaucoup.

JR : La new soul c’est plutôt hybride : du hip hop, du jazz. On le dit parce qu’il faut mettre des mots pour catégoriser les projets. Nous sommes très portés par la scène anglaise. Quand on compose on se pose pas ces questions. Il faut du liant dans l’esthétique d’un projet mais c’est plus une base qu’on aime.  On est en train de casser les codes des genres.


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