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Le 26 mars 2021, le groupe de pop français L’impératrice a dévoilé « Tako Tsubo« , son deuxième album. Alors qu’ils effectuent un marathon de prestations lives décoiffantes à travers toute la France, Flore Benguigui et Charles de Boisseguin se sont entretenus avec Pop & Shot

Quelques heures avant leur concert au Printemps de Bourges 2021, au coeur du bruyant espace interview du festival, les deux compères se livrent avec beaucoup de franchise sur leur nouvel album, le marché de la musique et leurs engagements.

Flore et Charles du groupe L'Impératice
Flore et Charles de L’Impératice

marquer encore le coup en montrant qu’on arrive à exister

Le 26 mars dernier vous avez sorti « Tako Tsubo », est-ce que vous pouvez nous en parler, comment vous le décrivez ?

 

Charles : Déjà c’est notre deuxième album, c’est toujours le plus difficile à sortir je trouve. Parce que le premier c’était assez spontané, on voulait explorer le format chanson. Avec le deuxième, l’idée c’était de créer vraiment une rupture par rapport à ce qu’on a fait avant. Une rupture à la fois dans le fond, dans le message, dans les textes, parce que « Matahari » était un disque très « hors sol » qui jouait beaucoup sur la sonorité des mots, les images, l’univers un petit peu flou mais poétique, etc. Maintenant, l’idée c’est d’être un peu plus utile, plus conscient dans la façon dont on  parle de certaines choses. Rupture aussi dans la composition, l’arrangement, le style de morceaux. Il y a beaucoup de « breaks », avec des changements de direction dans les morceaux, c’était une envie de se diversifier et d’illustrer le propos du titre « Tako Tsubo ». C’est un album qui a beaucoup plus de concept que « Matahari ». C’est aussi un album sur lequel on a décidé d’assumer beaucoup plus nos influences, là où on était très franco-français, assez pop française sur l’album précédent, là on explore beaucoup plus le hip-hop, la soul, le funk, le jazz, les couleurs harmoniques ont changé, tout a un peu changé, même la production.

 

Flore : Je rajouterai aussi une rupture dans la production, l’enregistrement de l’album. « Mathari » c’est un album qui avait été enregistré live, alors que « Tako Tsubo » c’est un album qui n’a pas du tout été enregistré en live et qui en plus a été extrêmement retravaillé par Charles pendant le premier confinement. On avait tout enregistré avant, sauf « Submarine » qui a été enregistré pendant le confinement. C’est donc une autre approche, on est allé beaucoup plus dans les détails, on s’est penché sur les moindres petits détails dans l’album.

 

Charles : On a essayé d’aller beaucoup plus loin dans le process, on a essayé de faire attention à tout, parce qu’on a eu le temps de le faire.

 

Flore : Alors que d’habitude on n’a jamais le temps !

 

Charles : Je dirais aussi que c’est un album hors format par rapport à ce qui se fait maintenant. C’est toujours une fierté, on n’essaye pas d’être différents, je pense qu’on l’est de base par nos influences, en étant un groupe. L’idée, c’est de marquer encore le coup en montrant qu’on arrive à exister en sortant des sentiers battus, c’est ce qui rend le groupe pérenne. (Ndrl : Cela va bientôt faire 10 ans que le groupe existe)

les gens ne veulent pas se mouiller à signer un groupe

Justement, dans « L’équilibriste » vous dites « J’aurai voulu être un rappeur, ou musicien d’ordinateur » « Un disque d’or en moins d’une heure ». Est-ce que vous trouvez ça plus facile de faire comme tout le monde ? Le « succès facile »

 

Flore : C’est très ironique, je me moque dans ce morceau.  L’idée ce n’est pas de tirer dans les pieds de nos confrères. Non seulement nous sommes un groupe, mais en plus on est signé en indé chez Microqlima et c’est génial. Je pense que pour rien au monde on changerait notre modèle et on n’a pas envie d’être des rappeurs. Mais c’est que l’on ne vit pas la même chose que des types qui sortent des productions comme ça, qui sont signés en major. Nous, on a beaucoup plus d’étapes à passer, on fait beaucoup plus les choses nous-même, un peu avec des bouts de ficelle parfois, c’est beaucoup de travail. Le fait d’être un groupe c’est de plus en plus rare, parce que ça coute beaucoup plus cher. Donc les gens ne veulent pas se mouiller à signer un groupe alors qu’ils peuvent signer un chanteur ou rappeur solo qui leur coutera beaucoup moins cher.

On disait ça dans le morceau pour se moquer, mais au fond on est très bien dans ce qu’on est. Ce qui fait notre force avec L’Impératrice c’est qu’on se sent tous à notre place là où on est et il n’y en a aucun qui a envie de faire sa carrière solo, en tout cas pour l’instant (rires). On est une vraie équipe très soudée, on est vraiment une famille quoi.

ce système ne laisse pas la possibilité à de jeunes artistes de se diversifier

Charles : Je reviens sur cette idée d’ironie. C’est plus une façon de pointer du doigt les tendances et cette façon dont les médias vont essayer de prolonger à chaque fois ces tendances, les nourrir jusqu’à les épuiser. Il ne suffit pas d’une grande culture musicale ou socio-culturelle pour remarquer que tout est cyclique. On pointe du doigt ce système qui ne laisse pas la possibilité à de jeunes artistes de se diversifier, parce que y a un message très clair qui est donné par ces tendances : si tu veux marcher faut rester dans la tendance et pas faire autre chose. Et c’est dommage.

en tant qu’artiste indépendant on devrait boycotter Spotify

Dans une interview, vous disiez que « la manière de consommer de la musique avait beaucoup changé », est ce que cela influe votre manière de faire de la musique ?

 

Flore : Je ne sais pas si ça influe ce que l’on fait, évidement la manière de consommer la musique a changé, les gens n’écoutent pas les albums en entier par exemple. Le streaming fait que les gens écoutent le top 5 d’un artiste, un morceau, un single, mais pas un album dans sa totalité. Alors que nous par exemple on a fait un album concept (« Tako Tsubo ») où tout est lié, tout se répond, donc si on avait composé un album en fonction de comment le public consomme la musique on n’aurait pas fait ça.

 

Charles : On aurait sorti des EP, on aurait sorti des morceaux par deux ou trois tous les deux mois.

Flore : Avec un gros clip à chaque fois ! Nous, on ne compose pas en fonction de ça, sinon on se serait perdu.

soit tu prends le train en marche soit tu te fais rouler dessus.

Charles : Ça me fait penser au patron de Spotify (Ndrl : Daniel Ek) qui a décidé de mieux rémunérer les artistes les plus prolifiques, et il encourage à ça. Il va réorienter les versements en fonction des artistes qui vont sortir le plus de disques par an car c’est ça qui va alimenter et créer de la nouveauté sur la plateforme. En soit c’est dégueulasse comme système et d’ailleurs en tant qu’artiste indépendant on devrait boycotter Spotify pour cette raison-là. On ne le fait parce que c’est bien plus fort que nous. Mais on est dans une tendance où il y a des espèces de gros tracteurs qui avancent et qui te roulent dessus, soit tu prends le train en marche soit tu te fais rouler dessus. On a quand même décidé de sortir un album, ce qui est complètement illogique en 2021 comme format.  Mais traditionnellement, les médias veulent des albums pour pouvoir en parler, le public veut un objet aussi.

Flore : Il y avait vraiment une cohérence entre tous ces morceaux de « Tako Tusbo », ça aurait été absurde d’en sortir qu’une poignée…

Charles : Tu ne vends pas un bouquin par chapitre sur un an par exemple.

Flore : Par exemple on a un amour pour le vinyle, c’est quelque chose qui pousse à écouter les albums en entier.

Charles : Mais il y a une démarche différente. Les gens font la démarche d’acheter un vinyle. Tu sais pourquoi tu y vas, c’est un objet qui prend de la place chez toi, un objet auquel tu donnes une place de choix. Avec Spotify on t’a suggéré un morceau, tu n’y portes pas la même attention. Par exemple, je n’ai pas du tout le même rituel avec un vinyle qu’avec un album digital sur Spotify.

Sur « Tako Tsubo », je voulais raconter des choses

Vous parlez aussi d’engagement, vous êtes plus engagés sur cet album, est-ce que c’est une sorte de maturité qui vous le permet enfin ? Est-ce que c’est quelque chose que vous vouliez faire avant ? Des idées qui sont venues dans le groupe au fur et à mesure ?

Flore : Non, ce n’était pas quelque chose qu’on voulait faire avant. Justement, avant on était très clair sur le fait qu’on voulait rester en retrait et on voulait faire des chansons qui sonnent. J’ai commencé à écrire en français quand on a fait « Matahari », donc je n’étais pas à l’aise avec l’idée de raconter des choses, je voulais plutôt que ça sonne et que ça groove. Ça allait beaucoup plus avec l’utilisation de ma voix qui était beaucoup plus utilisée comme un instrument à cette époque. Sur « Tako Tsubo », je voulais raconter des choses, c’était un vrai parti pris que les textes aient du sens. C’est le travail avec Fils Cara qui m’a permis ça, il m’a apporté beaucoup lui, qui, en tant que rappeur a l’habitude d’avoir du son et du sens alors que moi je n’avais que du son.

ça brouille les pistes.

Vous parliez du vinyle tout à l’heure. Pour « Tako Tsubo », la pochette a été faite par Ugo Bienvenu. Qu’est-ce qui vous a plu dans cette identité graphique, pourquoi ces trois personnages ?

Charles : Ugo nous avait contacté il y a longtemps à l’occasion du festival d’Angoulême, il avait proposé de nous dessiner pendant qu’on jouait, mais finalement ça ne s’était pas fait. Il n’était pas encore très connu à cette époque, c’est d’ailleurs à ce festival là qu’il a gagné le grand prix pour sa bande dessinée « Préférence Système ». On l’a relancé plus tard parce qu’on voulait échanger avec lui du format de la pochette de l’album, on trouvait que c’était une

Tako-Tsubo_L'impératrice
Tako Tsubo – L’impératrice

bonne manière d’aller voir quelque chose de différent. Ugo a un univers qu’on aime beaucoup, un peu science-fiction, rétro futuriste. Il a donc eu l’idée d’illustrer l’album en représentant les trois Moires. Avec ces personnages de la mythologie grecque, il y a une métaphore du fil de la vie, avec une des Moires qui tisse le fil, une qui le déroule et une qui le coupe. Ugo trouvait ça assez malin d’illustrer l’album comme ça, sachant que « Tako Tsubo » c’est un album de rupture.

 

Flore : Ce que je trouve intéressant c’est que ça brouille les pistes, encore. Déjà qu’on est six, on s’appelle L’Impératrice, les gens ne savent pas si c’est une personne, six personnes, etc. Et là le fait de mettre trois personnes sur la pochette, je trouve ça chouette, ça offre des couches de lecture différentes, ça brouille les pistes.

 

« Tako Tsubo » c’est le syndrome des cœurs brisés, vous parlez aussi de burn-out. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez aussi dans la musique, parce y a beaucoup d’artistes qui parlent de burn-out dans la musique, de difficultés.  Est-ce que c’est quelque chose que vous vivez aussi ?

Flore : Évidement que c’est quelque chose que l’on vit, on travaille beaucoup et le fait que l’on fasse beaucoup de choses nous-même ça nous surcharge. Par contre ne n’était pas du tout ça qu’on voulait exprimer dans l’album. Le « Tako Tsubo » c’est vraiment un truc qui touche des gens, mais c’est pas la même chose, c’est plus une émotion trop intense.

 

Merci !

 


La duo Bandit Bandit c’est du rock mais pas que. C’est du rock dopé aux références 60’s, à ce que la variété française a eu de plus noble de Françoise Hardy à Serge Gainsbourg. Pas étonnant donc que le couple déjà mythique soit comparé aux Bonnie et Clyde de la chanson française. D’ailleurs le duo vient de sortir sa reprise du célèbre morceau. Ce tourbillon d’énergie a su rapidement se mettre le public dans la poche et fait partie cette année de la sélection du Chantier des Francos. C’est d’ailleurs à cette occasion que Maëva et Hugo ont accepté de se prêter au jeu du questions/ réponses pour Popnshot. On parle de Serge Gainsbourg, du prochain EP, d’engagement à la cause féministe, de variété, de concerts et de rock qui sent la bière et qui a besoin de live pour exister. Interview.

Découvre l’interview de Bandit Bandit

 


Découvrez la reprise de Bonnie and Clyde de Bandit Bandit


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Duo – crédits photo : Josh Kern

Luke Pritchard, vous le connaissez déjà puisqu’il s’agit du chanteur du célèbre groupe de rock britannique The Kooks. Marié à la sublime et talentueuse Ellie Rose, le musicien décide en 2020 de se lancer dans un tout nouveau projet en couple cette fois, baptisé DUO. Le 18 décembre ces amoureux fous dévoilaient leur premier album, une ode poétique et rock à la pop française à la cinématique encrée, aux guitares élégantes et à la sensualité à fleur de peau. Un jeu de séduction en musique magnifique, coup de coeur d’une fin d’année qui avait besoin de faire rêver. C’est sur Zoom, au réveil avec un thé chaud dans la main que le charmant couple a donné rendez-vous à l’équipe de PopnShot, deux ans après une rencontre parisienne avec le leader des Kooks. Un moment pour parler de musique, d’industrie musicale et de ses abus de pouvoir, de culture, de crise du Covid, d’amour et de scène française. Interview.

PopnShot : Bonjour, comment ça va ce matin ?

Luke Pritchard: Très bien et vous, c’est une belle matinée froide ici à Londres et à Paris ?

PopnShot : TouT va bien, nous n’avons plus besoin d’utiliser d’attestations de déplacement pour sortir en ce moment c’est déjà un début …

Luke Pritchard: Des attestations ? Vous avez un rationnement avec un nombre d’attestations limitées par jour c’est ça ?

PopnShot : Non pas du tout, on jure juste sur l’honneur qu’on sort pour une bonne raison.

Luke Pritchard et Ellie Rose: Vraiment ? (rires)

PopnShot : Mais revenons plutôt à l’actualité qui nous intéresse aujourd’hui, celle de la sortie de votre tout premier album. « Duo » est sorti en deux temps, un premier Ep, puis un second et enfin l’album constitué de ces deux entités. Comment le décririez-vous ?

Ellie Rose : Nous voulions créer une histoire d’amour en trois partie. le premier Ep regroupe les premiers morceaux que nous avons écrit. Globalement lorsque nous nous sommes rencontrés. le second a été écrit un peu plus tard alors que l’album lui a été fini durant le premier confinement.Ce sont les trois étapes de notre relation amoureuse.

PopnShot : Comment ça marche de travailler en couple ? Est-ce que vous vous compléter sur la création ?

Luke Pritchard: Parfois oui. C’est quelque chose que je recommanderai à n’importe qui de travailler avec son partenaire.

Ellie Rose: moi pas (rires).

Luke Pritchard : Il y a des hauts et des bas mais la musique est une expérience psychique de haut niveau donc quand on travaille là-dessus ensemble ça vous rapproche. Evidement on a des moments plus compliqués mais dans l’ensemble on s’est beaucoup amusés.

PopnShot : Si vous deviez vous décrire mutuellement avec un morceau de n’importe quel artiste, lequel choisiriez-vous ?

Luke Pritchard : « I’ll be seeing you » ( de Françoise Hardy et Iggy Pop Ndlr) parce que c’est un standard et un classique du jazz.

Ellie  Rose: Et j’aime Velvet Underground « I’ll be your Mirror ».

On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

PopnShot : Pour cet album vous vous êtes inspirés de la musique française des années 60. Pourquoi cette période artistique vous a-t-elle cette importance pour vous ?

Ellie Rose : Le pourquoi est une bonne question. Je pense que nous aimons l’aspect théâtral et décadent de cette période. On écoute beaucoup de Françoise Hardy, de Jane et Serge … Je pense aussi que la musique est très liée avec les films et que la pop française des années 60 a une belle esthétique qui fait rêver.

Luke Pritchard : Les arrangements y sont décadents et luxueux mais ils sont amusants, invitent au jeu. C’est une chose que nous aimons tous les deux dans cette scène. On s’est aussi inspirés de la scène française moderne qui a beaucoup de niveaux d’écriture.

Ellie Rose : Oui, les français le font mieux!

PopnShot : Vous avez un morceau intitulé « Lolita, no ». En France, la chanteuse Alizée chantait un morceau qui s’appelait aussi « Moi…Lolita » et comme France Gall quand elle chantait «Les sucettes à l’anis », elles étaient de très jeunes-filles qui ne comprenaient pas le caractère sexuelle des paroles qu’elles chantaient. Musicale on a souvent joué sur ce paradoxe sensualité, naïveté. Est-ce également une forme qui vous intéresse ?

Ellie Rose : La chanson d’Alizée est en fait l’une de mes chansons préférées (Luke la chantonne Ndrl). Le clip c’est un peu comme emmener sa petite soeur en boite et c’est tellement cool. Mais notre titre à nous est moins une histoire de candeur sexualisée puisque je ne suis plus une adolescente et aussi parce que c’est une histoire inversée. C’est d’ailleurs pour cette raison que Luke dit « Lolita, no ». C’est l’opposée de ce type d’histoires.

PopnShot: Cette fois c’est la femme qui domine …

Ellie Rose : Exactement, c’est moi qui prend le dessus et qui rejette Luke.

on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique.

PopnShot : Est-ce que ça fait écho aux mouvements féministes actuels ?

Ellie Rose : Honnêtement ça parle de l’industrie musicale. J’ai grandit dans cette industrie, j’y suis depuis que je suis très jeune. Et quand on s’est rencontrés avec Luke nous étions à l’opposé. Si j’entrais dans une pièce les choses se seraient passées très différemment que lorsque Luke entrait dans une pièce remplie de professionnels de la musique. On a voulu parlé de ces hommes terrifiants de l’industrie musical et leur dire de partir.

DUO
pochette d’album de « DUO »

PopnShot : La première chanson de l’album « Don’t Judge » est supposé être un doigt d’honneur aux personnes qui jugent, qui critiquent, c’est également l’ouverture de l’album. Que pouvez-vous nous dire sur ce titre ?

Luke Pritchard : Les paroles de celle-ci ont été écrites par Ellie. Et c’est un peu dans le même esprit. Lorsque l’on s’est connu notre couple n’a pas vraiment été soutenu par les gens autour de nous, on se sentait exclus. Cette chanson peut parler à beaucoup de monde, ça peut parler d’un coming out homosexuel par exemple. Ce titre est un mantra qui dit aux gens de se mêler de leurs affaires.

Ellie Rose : Et puis on a été inspiré par beaucoup de nos rencontres. On rencontrait des gens, on leur décrivait ce qu’on ressentait. J’ai par exemple parlé à un ami gay qui m’a dit ‘je ressens la même chose’. Lui aussi ne veut pas qu’on le juge.

Luke Pritchard: Les paroles que se soient les refrains ou les couplets jouent sur la perception des gens. On leur dit qu’ils devraient s’intéresser plus à leur propre vie. C’est une forme de combat, on a été maltraités par certaines personnes et ça nous fait du bien de pouvoir sortir au grand jour et d’en parler en musique. Mais on a aussi fait cet album pour nous, pour s’amuser.

PopnShot : Vous avez un titre intitulé « The French House » qui est aussi le nom du pub dans lequel vous vous êtes rencontrés. Est-ce que ce titre est particulièrement intime ?

Ellie Rose : Cette chanson parle de chercher sa moitié.

Luke Pritchard : Faire des choses banales devient particulièrement beau quand on est amoureux. Mais oui on s’est rencontré dans ce petit pub qui s’appelle le French House, un endroit très sympa. Ils ne servent que des demis de bière, ce qui est très sophistiqué puisque les pintes deviennent chaudes avant d’avoir pu les boire en entier.

Ellie Rose: On n’a même pas pu y entrer en fait. Le lieu était tellement plein qu’on s’est retrouvé devant. On est resté dehors (rires). Mais la devanture est vraiment jolie, bleue et ancienne.

Luke Pritchard : C’est là que j’imagine que l’on se retrouvera quand on sera morts. C’est morbide (rires). Notre musique a vraiment été inspirée par la scène française donc c’est un beau moment, un clin d’oeil sur l’album.

que le gouvernement aille se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie!

PopnShot : Cet album est une grande lettre d’amour. Finalement qu’est-ce que l’amour pour vous ?

Luke Pritchard : C’est aussi difficile à décrire que la vie je pense.  Mais tu sais le reconnaître.

Ellie Rose : C’est quelqu’un qui sort les poubelles pour toi.

Luke Pritchard : C’est le boulot des hommes selon elle.

Ellie Rose : Non ce n’est juste pas mon boulot.

Luke Pritchard : C’est surtout se préoccuper plus d’une personne que de soi-même. Mais c’est très profond, il y a beaucoup de formes d’amour. C’est une question complexe.

PopnShot : La crise du Covid est une véritable catastrophe pour l’industrie culturelle et en particulier musicale en France, comment vivez-vous ça au Royaume-Unis ?

Ellie Rose : Des choses tristes se sont passées cette année, pour nous comme pour tout le monde mais nous avons eu beaucoup de chance parce qu’on vit ensemble, que nous avons fait un album. C’était une chance pour nous comme pour notre entourage puisque nos proches étaient impliqués dans la conception de l’album. Ça nous a tenu occupés et c’est d’autant plus important alors que l’industrie musicale souffre beaucoup. Et pour toi Luke ça t’a permis de faire une pause dans des tes tournées …

Luke Pritchard : C’est un congés sabbatique forcé. C’est très triste de ne pas jouer en live, de ne pas pouvoir écouter de musique en live. On voudrait tourner pour promouvoir notre album mais d’un autre côté on a été tellement entourés. Il y a tant de gens qui ont voulu se joindre à nous, nous aider. L’album s’est conçu comme un patchwork, on avait 4 titres avant le premier confinement. Mais ce confinement nous a forcé à écrire l’album. Malgré tout on aimerait que le gouvernement soit plus présent, nous aide plus. Je ne sais pas si c’est pareil en France mais ici on a un problème profond avec le gouvernement qui n’aide pas les arts. Et c’est un très mauvais message à envoyer aux gens puisqu’ils ne se contentent pas de ne pas aider l’art financièrement, ils disent que l’art ne sert à rien. Moi je pense qu’il compte tellement et que c’est important de se le rappeler … Avec tout ça, qu’ils aillent se faire foutre, les gens veulent de la musique dans leur vie. HAHAHAH


Over the Moon by By Kymmo Liveshots. DR

2020 est une mauvaise année, il serait absurde de le cacher. Bien au delà de la crise mondiale, du fameux virus, des incertitudes pour l’avenir et de l’abandon complet et total du monde de la musique qui perd chaque jours ses ressources et acteurs, les esprits sont sombres et la cohésion sociale s’effondre au grès de conflits et de clashs.

Et si tout ça est une réalité, il pourrait être plaisant de voir la vie avec plus de légèreté, de douceur et de bienveillance. Les amoureux fous d’Over the Moon l’avaient compris bien avant que le monde ne déraille. En février 2020, ils publiaient leur nouvel EP « Love Therapy », en français dans le texte aux couleurs pop, plein de joie et de messages positifs.

Nous les avions rencontrer avant que la crise du Coronavirus ne s’abatte sur le Monde. Avec eux, on parle  du travail des indépendants dans la musique qui ont plus que jamais besoin de notre soutien, des difficultés dans la vie, d’amour,  de rester optimiste, de vie de famille, de tournées des Zénith avec les stars des années 2000 et de ne jamais lâcher prise. Rencontre feel good.

Découvrez notre rencontre avec Alexandre Ragon et Marina Ragon Tomassi d’Over the Moon