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Julia Escudero

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En cette troisième journée de festival, l’astre soleil est au coeur des préoccupations. Non pas que la météo soit un réel enjeu, les températures sont après tout, plaisantes. Mais plutôt parce que deux astres rayonnants viennent se poser sur la Grande Scène du festival. La fée Aurora et le culte d’Empire of the Sun ont en effet brillé sur le festival. Une course émouvante jusqu’au coucher du soleil que l’on vous invite à (re)vivre.

Empire Of the Sun : Here comes the Sun

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Empire Of The Sun – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

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En cette troisième journée de Rock en Seine, la programmation, bien que toujours hétéroclite fait la part belle à l’électro. Mais pas seulement. La synthpop s’invite aussi à la journée avec la présence des très visuels Empire of The Sun.  Le groupe de Luke Steele originaire d’Australie multiplie les albums comme les rayons d’un soleil depuis 2008 et tourne actuellement pour défendre « Ask that god », son dernier jet.  Le soleil s’étend sur le domaine de Saint-Cloud lorsque la formation prend possession de la scène. Ce qui attend les spectateurs est un mélange habile de jeux d’écrans et de grosse mise en scène. D’ailleurs un visage tel une statut déchue peuple l’espace. Un oeuf géant s’ouvre alors sur l’écran et fait échos à deux petits oeufs posés sur scène. En arrière plan, deux danseurs aux costumes changeants s’offrent des chorégraphies barrés.  Leurs tenues colorées varient, de dieux aux yeux multiples à un rond personnage aux longs poils, celles-ci sont constamment changées. Le moins qu’on puisse dire est que la scénographie perchée compte bien en jeter plein le vue aux festivaliers. Maitre de cérémonie habité, Steele se place en grand gourou d’un monde imaginaire où tout prend des accents de science-fiction. Face à ce décors, des visages maquillés d’un trait blanc, identiques à celui du chanteur, dansent aux côtés d’un Marsupilami, parce qu’après tout, nous sommes en festival. La synth-pop et le glam rock s’alternent de « Changes » qui ouvre le set, à « Half man » ou encore « Cherry blossom ». Le nouveau jet est de la partie, les anciens aussi alors que les notes électros donnent à l’ambiance musicale quelque chose de plus synthétique que ce qu’un live peut laisser normalement paraitre. Il s’agit ici plus d’un spectacle et d’une expérience hautement visuelle que d’une démonstration peuplée d’instruments. L’empire du soleil, bien différent de celui de Spielberg, étend son nombre de disciples quand vient le temps des singles. « We are the people » résonne assez vite en une apogée qui pourrait signer la fin d’un concert. Point du tout, au contraire, le live s’intensifie alors, le grand prêcheur qu’est Steele convoque les dieux pour mieux faire voler sa prestation, changeant de chasuble, du noir au blanc immense chapeau vissée sur la tête. Il ne semble alors plus vouloir quitter la scène lorsqu’il envoie sa dernière salve de morceaux : « Walking on a dream », « Standing on the shore » et le très connu « Alive ». Ses notes résonnent encore longtemps alors que la troupe évacue l’autel de la Grande Scène. Il fait beau, le dieu soleil est clément et l’empire lui a transmis toute sa force.

Aurora : une aurore pour réchauffer les coeurs

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Aurora – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

La petite boule de lumière qu’est Aurora n’a de cesse d’émerveiller. Comme la plus belles des aubes, elle réchauffe les coeurs, album après album, concert après concert. C’est pourtant au crépuscule que la chanteuse norvégienne fait son entrée scénique pour son troisième passage sur le festival Rock en Seine. Si un public de fans l’attend en trans, c’est Aurora qui a les larmes aux yeux. Son émotion si sincère, si belle, ne peut qu’entraîner à la suivre d’est en ouest. Notre astre rayonnant défiant les dimensions pour mieux prendre place aux quatre points cardinaux. Ces larmes, elles les explique : » C’est notre dernière date sur la tournée européenne, ça fait trois ans qu’on est sur la route. » Si nombreux.ses  sont les artistes à promettre  que cette date est toujours la plus importante, la sensible Aurora nous fait la croire. D’autant que la petite fée dans sa robe volante confie au public le ressentir dans tout son corps (ventre, corps et fesses inclus). De sa voix aérienne, toujours profondément sublime, elle chauffe les coeurs, qu’elle parle ou chante. Fascinante, touchante, elle vole plus sur scène qu’elle n’y danse. La messe d’Aurora n’est qu’appelle à l’amour.  « Je bande pour la planète, je trouve l’écologie très sexy » s’amuse-t-elle. Les morceaux s’enchaînent, volant dans les airs pour frapper fort au coeur. « Running with the wolves » est l’occasion de parler de liberté, « Runaway » d’évoquer la souffrance du peuple palestinien. Emplie d’un amour qui s’étend jusqu’à chaque recoin du parc de Saint-Cloud, elle dédie sa musique à celles et ceux qui souffrent en silence et invite à s’ouvrir à ses proche. « C’est le plus beau des cadeaux que vous pouvez faire » commente-elle. C’est aussi vrai que le partage de sa musique est l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir. « What happened to the heart ? » son dernier album en date en est l’ultime illustration. On pourrait regretter l’absence sur la setlitst du tire « Everything Matters » qui lui avait permis de ramener Pomme lors de son dernier passage à Rock en Seine. Seulement sûrement parce qu’effectivement laissé.es à fleur de peau par un tel moment de grâce, tout compte aussi pour moi. Jusqu’à ses derniers pas sur l’avancé scénique pour récupérer un dessin tendu par une fan dans la foule. Et surtout jusqu’au drapeau LGBT, qu’elle brandit fièrement avant de quitter la scène. La petite boule de feu vole jusqu’aux loges, laissant la nuit se propager sur le festival. La chaleur qu’elle laisse derrière elle permettra de tenir qu’importent les températures.


Alors on met quoi dans notre playlist de rentrée 2025 ? On te propose une jolie sélection variée pour dire au revoir à l’été !

Good Charlotte – Motel du Cap

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Voilà 7 années que les frères Madden n’avaient pas sorti de nouvel album. Pionniers de pop punk, d’ailleurs plus pop que punk, le groupe avait conquis le monde en 2000 avec son tout premier album éponyme. Evidemment on garde des souvenirs émus de « Warldorf worlwide » ou encore de « Motivation Proclamation » qui ont fait de nous les adolescent.es que nous étions. Depuis le groupe dans lequel on retrouve également Billy Martin et Paul Thomas s’est offert des montagnes de succès, devenant peu à peu le visage des « Lifestyle of the rich and the famous  » dont ils parlaient sur  l’un de leurs plus gros carton avec « The Anthem ».  L’hymne de toute une génération en décalage avec la société capitaliste et aux prises d’une certaine rébellion propre à cetteadolescente. Entre temps les frères Madden ont épousé Nicole Richie et Cameron Diaz, sont passés à la production ( avec succès)  et même au rôle de jury dans « The Voice ». Tout un programme pour les gosses du Maryland paumés et fédérateurs. Les albums se sont succédés et l’amour pour la formation n’a jamais quitté une partie de nous peut-être à cause de leurs rythmes qui entraient bien vite dans les têtes. Sûrement parce qu’on se sentait compris.es quand on les écoutait en boucle. Enfin ce 8 août, voilà donc que notre formation s’offre un retour studio qui sent bon le retour aux sources. C’est une bonne grosse dose de nostalgie qui attend les fans du courant. On pense à tout ce qui a constitué une époque, « Rejects » en tête de peloton et cette même façon de composer que dans les années 2000. Toujours facile, toujours solaire, la machine à remonter le temps est là. « I Don’t work here anymore » amusera par ses paroles, après tout « Keep your hands off my girl » est passé par là des années plus tôt. N’empêche, on retrouve franchement nos 15 ans et leur liberté  à son écoute. Le petit featuring avec Wiz Khalifa sur « Life is Great » ajoute sa touche de mordant au tout. Et il sera sûrement la plus grande marque du temps qui passe.  En 2000 quand on écoutait du pop punk la vie paraissait bien plus difficile à la sauce « Welcome to my life » que « great ». Reste que le dernier titre permettra de chanter ce qu’on se promettait alors  : « GC forever », et si quelque part, c’était une vérité criante ?

Radiohead – Hail to the thief (Live recording 2003 – 2009)

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L’évocation d’une nouveauté du côté de Radiohead provoque toujours son lot de frissons. Le groupe de Thom Yorke manque au grand public, on l’attend, on l’espère.  Et puis les rumeurs quant à un retour studio se font de plus en plus distinctes et de plus en plus précises. Il n’empêche qu’hors bruits de couloirs, une sortie a bel et bien eu lieu ! Une version live exclusive de « Hail to the thief », le sixième opus de la formation culte. Déjà disponible sur les plateformes, il faudra néanmoins attendre le 31 octobre pour pouvoir se procurer cette pépite en version physique. Au programme une édition rouge diponible uniquement chez les disquaires indépendants. Redécouverte « vivante de l’œuvre » comme le décrit le chanteur lui-même, l’album comprend des captations réalisées entre 2003 et 2009 à Londres, Amsterdam, Buenos Aires et Dublin. A sa sortie, l’opus était un retour aux sources pour la formation après les déambulations électroniques de la formation sur les excellents « Kid A » et « Amnesiac ». Cette nouvelle version a été mixée par Ben Baptie et masterisée par Matt Colton. Elle promet un moment cathartique si l’on en croit les intéressés, mais est surtout un plaisir permanent pour les fans du groupe.

Curtis Harding – Departures & Arrivals: Adventures of Captain Curt playlist rentrée

playlist rentréeQualifier Curtis Harding de génie de la soul est loin d’être une hyperbole. Avec sa voix de velours et sa force de composition, le musicien excelle à chacune de ses sorties. Il nous aura pourtant fallu attendre 4 longues années pour enfin écouter celle-ci. Il faut dire que ce nouveau projet est des plus ambitieux : l’album se décrit en effet comme un space-opera psyché qui va toucher à la soul profonde. Si l’idée est surprenante, y trouver le nom d’Adrian Quesada (Black Pumas) associé l’est beaucoup moins. C’est en effet dans son studio que l’opus a été composé et l’on retrouve également au crédits, Steve Hackman (Doja Cat, Andrew Bird) aux cordes. En pratique, l’album aime à multiplier les registres tout en gardant l’âme solaire qui fait la force d’Harding. Sur son communiqué de presse, on parle volontiers de soul cosmique, comme de disco engagé. Ce qui n’enlève rien à la force spectaculaire que donne instantanément son écoute. Les sons groovy y sont manipulés avec la précision d’un cosmonaute. De quoi reprendre l’expression anglo-saxonne et la contrarier, « it is rocket science ». Depuis « Face Your Fear » sorti en 2017, le musicien n’a eu de cesse de sublimer ses créations. Voilà qui le conduira à l’Olympia le 28 octobre prochain. Et qui nous propulsera dans les étoiles dès sa sortie le 5 septembre.

Ethel Cain – Willoughby Tucker, I’ll Always Love You playlist rentrée

playlist rentréeEn 2022, Ethel Cain dévoilait sa vision de l’Amérique, tordant le cou à la religion avec son premier album : « Preacher’s Daughter ». Une claque, tant dans sa capacité de création que dans sa toile narrative. Elle y finissait dévorée. Allégorie d’une enfance en Floride en sein d’une famille de confession baptiste du sud. Il faut attendre ses 16 ans pour qu’elle quitte son église, ses 20 ans pour qu’elle fasse son coming out en tant que femme trans, ses 24 ans pour qu’elle annonce sa première galette. La chanteuse ne se donne aucune limite musicale. C’est ainsi qu’en 2025 elle sort le surprenant et très sombre « Perverts ». Voyage complexe et bruyant, peuplé de cris et de moments de vides, de sonorités de films d’horreur. Album conceptuel, hors norme, radicale, qui ne peut plaire à tout le monde. La voilà donc de retour cet été avec un projet bien plus digeste. Cette fois, la musicienne nous offre une rêverie de la pop américain. Album toujours très dense, voilà notre musicienne qui reprend les aventures de son alter égo fictif nommé Ethel Cain. On y retrouve l’épaisseur gothique qu’on lui connait, la touche sudiste, mais surtout le conte sordide. Cette fois-ci l’histoire se déroule dans les années 90, on y suit une jeune-fille fuyant son père qui l’abusait. La route la conduira jusqu’en Californie aux côtés de son futur meurtrier. Un album chic et puissant, à ne surtout pas manquer donc.

SHAME – Cutthroat playlist rentrée

playlist rentréeC’est l’album le plus lumineux de Shame qui s’apprête à sortir le 5 septembre prochain. Le groupe de post punk a décidé de mettre de nouvelles cartes sur la table, d’oublier ses boucles obsédantes pour accepter de laisser son ADN s’exprimer pleinement avec une seule contrainte : que ce soit bon. De cette liberté découverte vient une nouvelle esthétique. Des extraits dévoilés, « Spartak » a une immédiate fougue très The Strokes. Ce rock new-yorkais insolent et obsédant, cette écriture au ciseau, en sort un titre puissant et addictif. Le combo a profité de l’été pour continué de nous nourrir de quelques belles bouchées de ce nouveau jet. Et de quoi va-ton parler ? « Il s’agit des lâches, des connards, des hypocrites » confie le chanteur Charlie Steen puis d’ajouter via son communiqué de presse : « Regardons les choses en face : il y en a beaucoup en ce moment ». Les choses sont dites, l’énergie déployée est elle, enivrante. C’est à Brighton que le groupe britannique a enregistré ce nouveau jet. Et si nous parlions d’une âme américaine sur la composition, la force de proposition et de révolution qu’est le Royaume-Unis en terme de musique coule bien dans ses veines. On s’énerve vraiment sur « Cutthroat » alors « Quiet Life » touche au rockabilly et faitles yeux doux à l’un des plus grands groupes de tous les temps : The Cramps. Un tournant frais et moderne pour succéder au puissant « Food for worms » (2023) La rentrée rock cette année, on la devra donc à Shame.

Mae Powell – Making room for the light playlist rentrée

playlist rentrée mae powellAttention, coup de cœur ! Pensez à la plus belle de vos matinée d’été : une chaleur encore douce, une journée de détente qui s’annonce, tout est beau, tout est harmonieux. Et si vous deviez mettre une mélodie sur cette sensation ? Elle serait personnifiée par le second album de Mae Powell. Avec sa voix chaleureuse, la musicienne sublime la folk et lui apporte une juste dose de soul. Un régal aux notes rondes et sucrées, un plaisir infini qui fait mouche à chaque fois qu’on le fait écouter. Vraiment, c’est testé et approuvé dans notre disquaire. L’album a été écrit dans une période charnière de la vie de l’artiste et parle de guérison.  Et il est si facile de la laisser panser nos plaies. Mae Powell signe ici l’album qui prolongera l’été et qui embellira la rentrée pour mieux ravir les fans de Kevin Morby dont elle a la brillante âme. Produit par David Parry et enregistré à Vancouvert, l’opus fait la part belle à une nature accueillante et apaisante. Écoutez le, promis vous allez adorer ce grand bol de lumière


 

Wet Leg est enfin de retour ! En 2021, le girl band rock était sur toutes les ondes et dans toutes les têtes avec son mega tube « Chaise Longue ». Le succès fulgurant était tel que le morceau s’offrait quantité de remixe en tous genres, la tête haute pendant que les jambes, elles, s’étalaient sur les fameuses chaises longues. La question était tout de même posée. Avait-on assisté à un épi-phénomène  ? Un album « Wet Leg » plein de jolis tubes voyait le jour en 2022 et puis plus rien. Wet Leg seraient elles toujours attendues ? Pas besoin de faire durer le suspens puisque la formation signe avec son « Moisturizer » un des meilleurs albums de l’année porté par un naturel qui décoiffe. Indie et accessible, la petite bombe fait même de l’ombre aux frères Gallagher ! On en parle.

Wet LegWet Leg plus fortes qu’Oasis

C’est la petite blague qui amuse aujourd’hui la toile mais qui quelque part chauffe les coeurs. L’album de Wet Leg a en effet piqué la place dans les charts des trois ré-éditions d’Oasis Time Flies… 1994-2009 (3e), (What’s The Story) Morning Glory? (4e) et Definitely Maybe (5e). A l’heure où la planète musique n’a d’yeux que pour la tournée anglaise des sales frangins du rock, la nouvelle fait l’effet d’une petite bombe. Rhian Teasdale en profite pour chambrer les éternels chambreurs via le compte Insta du groupe avec un t-shirt à l’image du film « Dumb & Dumber » floqué du logo d’Oasis. Et même avec tout l’amour qu’on peut avoir pour les compos d’Oasis, il est bon de voir que du sang neuf peut aussi remporter les coeurs des auditeurs.trices. Et puis Liam et Noel n’auraient pas hésité à en faire de même s’ils le pouvaient.

Mais au fait il est comment « Moisturizer » ?

Wet Leg MoisturizerLa petite blague mise à part il est temps de revenir sur ce nouvel album de Wet Leg.  Il suffit d’une écouter pour être entièrement plongé.es dans l’univers de Rhian Teasdale et Hester Chambers, le duo à l’origine du groupe (composé néanmoins de 5 musiciens). Les morceaux y sont directs, incisifs, d’une efficacité redoutable. On en redemande ! Sur les 12 qui le composent, pas de temps mort, pas de possibilité de souffler. L’indie rock y prend une tournure justement dosée, sans jamais se perdre dans une quelconque forme de prétention. C’est d’ailleurs cette capacité à être grand public sans pour autant tomber dans des travers de banalité d’écriture qui le rend si frais. Fun et décontracté , l’album est aussi riche et sait puiser dans une pop savamment écrite. La formation originaire de l’Île-de-Wright n’hésite pas à y évoquer la masculinité toxique et flirt avec l’idée d’être amoureuses. Il faut dire que le groupe avait toutes les cartes en main pour évoluer comme elles le souhaitaient puisqu’on retrouve une nouvelle fois le nom de Dan Carey aux commandes.

Wet Leg, un été sous Brumisateurs !

Wet Leg: Tiny Desk Concert

C’est le fun qui domine et si la création de l’opus était amusante, son écoute l’est d’autant plus. On lance les grosses machines dès le premier titre « CPR », ses boucles musicales obsédantes et ses voix qui savent se faire aigües pour mieux se répéter. Le ton est donné, alors que la modernité est clairement de la partie. Plus acide « Liquidize » se découpe comme une balade énergique. Le combo s’offre une très belle référence à mi-parcours avec le titre « Jennifer’s body ». Souvenez-vous du film d’horreur avec Meghan Fox transformée en succube insatiable qui se nourrissait des hommes obsédés par son physique de rêve. Un pied de nez féministe et violent qui colle bien à l’univers de Wet Let et à un titre aux guitares saturées et sur-puissantes et aux rythmiques militaires. Wet Leg pourrait bien être sur le pied de guerre mais c’est la sincérité qui prime. Les influences se multiplient, la dance-punk est de la partie, l’affirmation de soi aussi. Alors que le rock était trop longtemps réservé aux hommes, Wet Leg donne des coups de pieds aux culs et le rend féministe, affirmé et surtout ce qui doit être son essence : libérateur. « Mangeout » envoie chier les dragueurs lourds et s’offre une compo très cinématographique, survoltée et sous acides. Le noisy « Pillow Talk » est l’un des temps forts de ce petit joyau. La batterie y tient le beau rôle comme le chant des sirènes de nos hôtesses aussi brillantes lorsqu’elles chuchotent que quand le refrain leur permet de toucher les sommets. Certes, il est possible de parler de temps forts mais il faut néanmoins saluer la capacité de Wet Leg à créer un album parfaitement écrit de bout en bout et un objet cohérent qui s’écoute dans son intégralité. Il n’existe pas de temps faible à « Moisturizer », et voilà qui vaut le coup d’être dit. Le groupe parvient à constamment laisser vivre son âme post-punk mais sait aussi s’adoucir sur des morceaux plus pop, rappelant que le courant est aussi emprunt de noblesse. En la matière « Don’t Speak » est un cas d’école, audacieux mélange entre deux courants maitrisés. Il y a eu un brat summer qui tient une place de choix dans nos coeurs. Ce nouveau Wet Leg pourrait tout autant être l’hymne de l’été 2025. Il suffit cette fois de se lever de sa chaise longue pour mieux courir à travers les rayons du soleil à toute jambes !

A noter que Wet Leg s’offrira deux Olympia de Paris les 27 et 30 octobre, en plus d’un Transbordeur de Lyon le 28 octobre.


Il suffit d’un regard sur sa pochette pour se laisser convaincre par « Virgin ». Le nouveau Lorde s’était pourtant fait attendre. Quatre ans  s’étaient écoulés depuis son dernier album contesté, le folk « Solar Power » sorti en 2021. Une volonté de changement trop grande qui n’avait pas autant séduit qu’escompté. Pourtant dans le paysage actuel, Lorde fait, et de loin, partie de ce que la pop a de meilleur à offrir. Et ce retour aux sources, porté qui plus est  par une redéfinition de sa féminité avec une maturité assumée est tout simplement une prouesse qui se dévore crue.

Lorde - Virgin - album coverElla Yelich-O’Connor, de son véritable nom, sait autant se réinventer qu’elle porte sa marque de fabrique. Celle-là même qui vaut à « Melodrama » (2017) la réputation d’être l’un des meilleurs albums jamais composés.Un bruit de couloir hautement mérité il faut l’admettre, l’entrée en matière sur « Green Light » touchait la perfection. Et sur « Virgin », une certaine ressemblance avec ce joyau est souvent pointé du doigt. Lorde se répèterait-elle ? Point du tout. Si « Melodrama » prenait en ampleur et savait définir un style rythmique propre à la chanteuse, chaque album profite de sa part de différences. Si la question m’était posée  (et elle l’est en partie) je répondrai que « Pure Heroine » est le chef d’œuvre ultime de Lorde. Sa capacité à créer des tubes qui serrent les cœurs tout en gardant une véritable lumière pop touchait au divin. Lorde méritait le clin d’œil à l’aristocratie de son nom dès son premier single « Royals ».  L’album qui le contient profite de compositions sublimes, profondément indémodables de « Buzzcut Season » à « Team ». S’il est de coutume de parler des pop stars en les couronnant reines, elle mérite amplement son appartenance à la royauté. Alors, avec « Virgin » quelle évolution ?

« Virgin » : Immaculée création

Le premier single divulgué de « Virgin », « What was that » emprunte, il est vrai, une certaine manière de créer que l’on pouvait retrouver sur « Melodrama ». Pour autant, il est aussi l’une des plus grandes réussites de l’opus. Déjà parce qu’il jouit d’une modernité rare. Difficile de ne pas penser à « brat » de Charli XCX en l’écoutant. Il faut dire que Lorde posait sa voix sur « Girl, so confusing », un titre qui colle clairement à la peau de son image féministe, construite, sincère. Là encore, la pop prend un son qui pourrait bien traverser les saisons pour définir un mode de vie qui va bien au delà d’un été chaud. C’est par ce morceau d’ailleurs qu’elle annonçait la sortie de son nouvel album en tentant un happening surprise à New-York mais face à un public venu trop nombreux, ce dernier se vu interdire par les autorités. Faute d’évènement restera ce refrain. Une claque.

LORDE - Virgin Album Helene Le Moine
LORDE par : Helene Le Moine

A mi-chemin entre Charli XCX et Billie Eilish, notre musicienne se constitue  toujours une place à part, un peu hybride. Loin de jouer de l’image traditionnelle de la pop star elle ne semble ,que se soit musicalement ou dans son personnage public, jamais jouer de jeu. Elle serait en quelque sorte l’icône sans les artifices du marketing et en ça son parcours pousse toujours au plus grande respect. Sur « Virgin », la chanteuse cherche donc nous le disions plus haut, à offrir une image neuve de sa féminité, elle aussi émancipée des codes qu’impose la société. Et ça se voit dès sa pochette, rayon X de son bassin sur laquelle on voit une fermeture éclair et son stérilet. Une image forte, qui en dit déjà long.

Lorde, pleine de grâce

C’est un album plutôt court qui nous est ici réservé. Seulement 34 minutes pour quelques 11 titres chaudement servis. C’est aussi et surtout parce que Lorde va droit au but et ne perd pas de temps sur ses morceaux. L’entrée en matière sur « Hammer » et sa jolie gamme électro en est d’ailleurs la preuve ultime, lui qui de plus, parle de son ovulation. C’est pourtant un point de départ banale qui vaut à l’album sa création : une rupture amoureuse. Quand on sait créer, on sait aussi écrire. Peine de cœur ou pas, Lorde en profite pour questionner l’identité de genre. « Man of the year » est ainsi un ras-de-marée émotionnel dont la précision d’écriture et de production bouleverse au plus haut point. La question du genre elle se l’applique à elle-même et interroge dans son clip où on la retrouve les seins compressés et cachés par du scotch.

Lorde - Man Of The Year

Cette chanson lui a permis de prendre pleinement conscience de ces questions, de les assumer. Elle raconte d’ailleurs sans tabous qu’elle a été écrite alors qu’elle avait arrêté de prendre un contraceptif pour la première fois depuis son adolescence. La meilleure des drogues selon elle. Se sentant rayer de la carte de la féminité ou du moins de ce qu’on lui impose, elle pouvait être plus libre que jamais. Et ainsi, créer un album qui va aborder ces thématiques avec élégance et sa sincérité habituelle.

Sainte Lorde et l’honnêteté radicale

Et c’est elle aussi que l’on retrouve dans ses mélodies dépouillées d’artifices où l’électro pop domine en maître. « Favourite daughter »  fait danser mais porte lui aussi une belle part de mélancolie. C’est elle qui domine « Clearblue » écrit comme une confidence et qui s’avère être l’un des plus beaux morceaux de l’album. Aussi cru qu’elle peut l’être sur toute cette galette, elle y évoque la peur de la maternité après un rapport non protégé. Si la rupture était le point de départ de notre histoire, Lorde multiplie les thèmes, les troubles les douleurs : de la haine de soi aux troubles alimentaires, se sont ces souffrances qui nourrissent une pop si viscérale. « GRWM » est un retour bien plus chaleureux dans l’opus en terme de gammes. Là encore et comme sur « Royals », Lorde explore sa capacité à casser des rythmiques, à les parfaire.Un synthétiseur donne le ton de la plupart des morceaux qui portent tous sa voix aux nus. Journal intime en musique, déchirant d’honnêteté, simple comme une discussion à cœur ouvert, « Virgin » est un voyage dans lequel il est facile de se reconnaître. Si Sabrina Carpenter joue la petite chose mignonne mais sexy, si Charli est la party girl et Taylor la girl next door, Lorde n’est rien de tout ça. Elle est tous nos doutes et imperfections, elle est elle-même en public comme il est impossible de l’être pour nous toutes. Et c’est forcément encore plus le cas  pour une personnalité pop. Une icône est née, que son règne vienne, elle qui était vierge de tout mensonge. Amen.