Aimer Big Thief, c’est faire partie d’une communauté. On y partage un amour de la musique, c’est vrai, mais aussi des valeurs communes. Depuis leur brillants débuts en 2016, la formation n’a cessé d’accroître sa notoriété, montant en puissance au cours des derniers mois. Si le succès tient notamment à la diffusion massive du titre « Vampire Empire » et à la beauté des compositions des génies du folk rock, il est également en partie lié à sa chanteuse et guitariste Adrianne Lenker. Musicienne magnifique à la plume affutée, spécialisée dans les compositions à fleur de peau, elle excelle à créer autour de son univers un havre de douceur et de bienveillance. Le 22 mars 2024, elle publie sa nouvelle pépite à l’évidence folk et à la douceur inspirante, le lumineux « Bright future ». Impossible pour nous de ne pas en parler et le conseiller avec quelques mots qui viennent du cœur.
« Bright Future » : que la lumière soit !
Adrianne Lenker est amoureuse. Si sa compagne Staci Foster a envahi les publications de son compte Instagram, elle laisse également sa marque indélébile au cœur de ses compositions. Hantant par la même occasion les écrits d’une musicienne aujourd’hui à fleur de peau. C’est certainement l’une des marques de fabrique de « Bright Future ». Un opus qui sent le printemps et personnifie la saison du renouveau et de la lumière qui augmente crescendo. Voilà qui change radicalement des compositions du chef d’œuvre solo d’Adrianne Lenker : « Songs and Instrumentals » publié en 2020. Sorti au milieu du chaos de la crise Covid, le puissant album dont le nom était il faut le dire très explicite, offrait une ballade poignante et douce amer dans la nature quand les libertés individuelles venaient à manquer. Signature toute particulière de cette pépite épique, la présence d’épines de pin, devenues instruments pour l’occasion. Si ce n’est déjà fait, il faudra d’urgence écouter encore et encore le titre « Indygar », je ne peux que vous promettre l’un des plus beaux moments de musique de ces dernières années. « Bright Future » est-il si différent de son prédécesseur ? Oui et non.
Marcher pieds nus dans la nature
La nature donc, est l’un des principaux atouts des mélodies signées en solo ou non par Adrianne Lenker. C’est aussi vrai d’ailleurs en ce qui concerne la musique du guitariste de Big Thief, Buck Meek qui publiait un recueil hommage à la musique américaine et donc aux accents country « Haunted Montain » en août 2023. Montagne et pins ? Pas pour cette fois, ces derniers ayant céder leur place à des paysages boisés. Enregistré en quelques heures de la matinée sur bande analogiques et en quelques jours dans un studio dans la forêt, l’album en garde l’intégralité de l’emprunte. Evidemment la folk y prend une part dominante. Quelques éléments country viennent s’ajouter au tableau, après tout, le courant séduit aujourd’hui le monde de la musique, Beyoncé en tête de liste qui lui promet son prochain album. Loin des paillettes de Queen B, la talentueuse madame Lenker, elle, marche toujours sur la pointe des pieds. Avec sa voix, reconnaissable entre mille, elle chante entre ses dents comme le vent traverse les arbre et convoque un bien-être immédiat. L’album s’ouvre sur un temps calme, une forme de méditation introspective où le léger sifflement d’une voix unique vient toucher la nuque de chaque auditeur. « Real House » dure presque 6 minutes pendant lesquelles il ne faudrait pas ouvrir les yeux une seule fois. Une voix et quelques notes, lâchées avec douceur en un seul timbre viennent habiller cette ouverture. De l’album, la chanteuse avait au préalable dévoilé deux titres : « Ruined » en premier puis « Sadness as a gift ». Le premier servira de clôture à « Bight Future », le deuxième aide à entrer dans l’opus et se place en seconde position. Il est aussi l’un des plus joyeux de la galette, celui à la folk la plus lumineuse offert comme un cadeau et dont le refrain accroche et écorche dès sa première écoute. Il se construit comme une course dans la forêt. Les genoux écorchés à la suite d’une chute n’empêcheraient en rien d’en apprécier l’essentiel souvenir. Ce pourrait être une façon de parler de celui qui lui succèdera : « Fool » dont l’instrumentation n’est pas sans rappeler « Spud Infinity » – et cette comparaison sera vraie sur beaucoup de titres de « Bright Future ». L’un des titres les plus enjoués de « Dragon new warm mountain I believe in you », le dernier album de Big Thief. Sur ce dernier, on retrouvait Noah Lenker, son frère, à la harpe de bouche. La musique est chez les Lenker une histoire de famille. Noah signe d’ailleurs le clip de « Bight Future ». On le retrouve également au générique de « Fool » qui permet aux chiens d’Adrianne et de sa compagne mais aussi à Stacy elle-même de jouer les vedettes. Il est important de souligner la présence des chiens, puisque ceux-ci ont une place toute particulière dans la musique d’Adrianne Lenker. Ils y sont souvent mis en avant et même cités dans les paroles de « Masterpiece », premier chef d’œuvre de Big Thief. Car la musique pour notre chanteuse, c’est une histoire de famille, d’amour, de chiens et d’amitié.
L’amitié comme source d’inspiration
« Bright Future » parle d’amour c’est une évidence. Chaque mot de « Ruined » est placé pour évoquer notre propre impuissance lorsque les sentiments nous bouleversent. C’est aussi le cas avec « Vampire Empire » qui s’offre une apparition surprise sur cet opus dans sa version la plus folk et enjouée. Pour mémoire, le titre avait déjà profité d’une sortie en solo et en 45 tours, mais cette fois-ci pour s’ajouter à la discographie de Big Thief. En outre du sentiment amoureux, le titre traitait également de la question de l’identité de genre et du fait de se défaire de ses schémas toxiques pour recevoir un amour ininterrompu et total. Cet amour il peut prendre plusieurs visages. Lors de son interview pour Popnshot en août 2024, Buck Meek expliquait que Big Thief n’est qu’une infime partie d’un immense collectif d’artistes et surtout d’amis. Et cette amitié, elle s’écrit également au futur. L’album est en effet né de cette alliance. On y retrouve le producteur Philip Weinrobe, le multi-instrumentiste Mat Davidson, Nick Hakim et de Josefin Runstee. La pochette, elle, est signée Germaine Dunes, connue pour sa musique mais aussi pour être la compagne de Buck Meek. Il faut dire que dans sa genèse, ce nouvel opus devait en réalité être une collaboration expérimentale entre amis, une sorte de jeu sans enjeux. Finalement ses qualités lui permirent une véritable sortie. Voilà qui explique les variations qui l’habitent et l’impression de vivre un moment autour d’un feu de camp lors de son écoute. Dans le registre le titre « Candleflame » sonne comme une évidence. Il résonne telle une douce confidence que l’on transmet à ses proches, un moment de partage en douceur. Mais n’est-ce pas là l’âme de la musique de notre chanteuse dont le naturel sonne toujours comme la meilleure oreille attentive ?
Cette même oreille sera prêtée en live. Puisque au delà des notes et des accords, la musique permet de s’écouter de part et d’autre. Les paroles deviennent aisément l’illustration de nos sentiments et les musicien.nes les ami.es dont nous avons toujours eu besoin. Adrianne Lenker portera la flamme de sa bienveillance au Trianon de Paris le 2 mai 2024. L’occasion d’apporter son brun de verdure dans une capitale urbaine mais aussi de vivre un moment d’osmose. Cette date printanière est à elle seule la promesse d’un avenir radieux.
CocoRosie, un nom double comme des mots doux susurrés. Une lettre d’amour à deux sœurs, séparées puis inséparables. Bianca et Sierra Casady, prêtresses de la douceur aux sonorités…
Vivre le live comme une expérience. Et pas n’importe laquelle. L’univers de Fever Ray, immersif, insaisissable, inclassable, pluriel et surtout brillamment écrit s’explore comme si l’on venait de…
Dans le paysage musical actuel, The 1975 est un OVNI. Non pas comme ça peut souvent être le cas parce que leur musique tiendrait de l’inclassable, leur pop rock enjouée moderne est évidente à assimiler. Mais parce que le groupe se construit dans un décalage permanent, en marge de tout effet de mode, ne jouant d’aucun code, brouillant constamment les pistes, créant une harmonie en y apportant des éléments que tout devrait opposer. En cette soirée du 1er mars 2024, leur concert au Zénith de Paris n’a fait que confirmer ce fait. On vous raconte.
Still … in the 1950’s
Si le 1er mars est l’espoir d’un printemps prochain, il n’est pas encore là ce soir. Pour arriver au Zénith de Paris, il faut donc affronter une pluie battante. Voilà qui change radicalement du dernier passage parisien de la formation à l’Olympia à l’été dernier. Ce concert dans le cadre de leur tournée « Still … at their very best » sera effectivement très différent de son homologue solaire. Déjà parce que cette fois-ci la troupe du charismatique et hautement médiatique Matthew Healy, Matty pour les intimes et son très grand nombre de fans, est venu équipé d’un véritable décors. Exit la salle de concert pour fond. Cette fois, c’est une maison tout droit sortie de l’american dream des années 50 qui sert de cadre au spectacle. Les musiciens entrent en scène en ouvrant des portes, allument une lumière et saluent l’audience à la mode d’un bon vieux sitcom illustrant la famille parfaite. Les écrans géants diffusent leurs visages tel un générique, les sourires surfaits se greffent au décors. La parfaite petite famille de « La fête à la maison » pourrait tout aussi bien servir d’hôtes ce soir. Sauf que comme pour ce qui est des jumelles Olsen, la fête n’est pas si rose et le décors n’est qu’un faux semblant d’une réalité fantasmée.
Still … political
Healy, dès ses premières secondes sur scène sait parfaitement capter son audience. Le live est pour lui une expérience, une forme de terrain de jeu où brouiller les pistes, ou l’on parle de politique sans jamais tomber dans le faux semblant. On se souvient très bien de son passage qui avait fait scandale en Malaisie alors qu’il avait embrassé sur scène son bassiste pour militer contre les lois anti LGBTQ+ du pays. Date écourtée , amende à régler en millions de dollars, concerts en Asie annulés en avait résulter. Une action du groupe qu’on ne peut que saluer, encourager et admirer.
Ici, à Paris, les insertions politiques de la formation ne sont évidemment pas les mêmes, mais elles existent toujours. Un casquette au merch demande « Make the 1975 apolitic again » alors qu’une association pour l’environnement propose en échange d’un don de tenter de gagner une guitare dédicacée. Et puis il y a les écrans, des télévisions vintages placées sur scène qui en profitent pour faire réfléchir l’audience. De par le placement de messages mais aussi le clin d’œil à la façon que Tik Tok a de capter son audience. Pas besoin pourtant pour Healy de trucs et astuces pour se placer au centre de l’attention. Dès les premières secondes du morceau « The 1975 », celui de « Being funny in a foreign language » puisque chaque album du groupe s’ouvre sur un titre intitulé « The 1975 », notre musicien hypnotise. Le morceau particulièrement percutant est interprété au piano et profite d’une luminosité qui pourrait trouver son égal chez le Velvet Underground et son enivrant « Sunday Morning » si le morceau avait rencontré le glam rock de Queen. Et puis la voix du chanteur fait mouche. Comme à l’Olympia, il ne lui faut pas longtemps pour se saisir d’un verre de vin, d’une fiole d’alcool et boire sur scène en enchainant cigarette su cigarette. Le groupe enchaine sur « Looking for somebody (to Love) » et il n’en faut pas plus au public pour s’embraser et se mettre à chanter.
Still … very disturbing
La contraste, nous en parlions et voilà qu’il devient saisissant. Healy a une attitude punk sur scène. Son visage transparait une forme de douce mélancolie, comme un recul évident face au star system. Et face à lui le public est hyper réactif. A chaque morceau interprété, des cris de joie viennent s’ajouter à la bande son. Groupe à fans invisti.es, de ceux qui font la queue tôt le matin pour être au plus près de leurs idoles. Groupe au son travaillé, très produit, très lumineux, du rock qui parle au plus grand nombre. Groupe au leader qui enchaîne les verres sur scène, semble dépassé par ce succès, qui aurait sa place dans les pubs britanniques, dans les scènes underground et dont la vision artistique s’adresse à un groupe restreint. Scénographie qui en dit long. The 1975 occupe des tableaux qui se parlent et s’opposent en simultané , sortant ainsi de chaque sentier battu pour faire de chansons d’amour des hymnes qui s’encrent dans les esprits.
Still … time before we say goodbye
Le show se vit en plusieurs parties. D’abord l’évidence des débuts. La mise en place s’opère bien, quelques échanges avec le public viennent s’ajouter à une set list rodée dont font partie « I’m in love with you » et « Fallingforyou ». Et puis arrive le cauchemar de Matty. Les musicien qui fait des pompes face caméra, se glissent dans les écrans, se parle à lui-même, rampe sur le sol, s’offre une virée sur les toits du décors comme une ombre. Il laisse aussi place à Polly Molley sur le titre » Jesus Christ 2055 God Bless American ». Après quoi le show prend une toute autre forme. Celle qui habituellement est réservée deux derniers morceaux joués en rappel. Mais ici, face à The 1975, la ferveur des dernières minutes et des plus gros succès s’étendra sur une bonne vingtaine de minutes. Les titres phares s’enchaînent : »If you’re too shine (Let me know) », « TOOTIMETOOTIMETOOTIME », « Paris » (évidemment, le cadre est idéal), « Somebody Else » ou encore « Love It If We Made It ». L’occasion pour Healy de se confier et de devenir tout particulièrement bavard. Côté public, la fête est de plus en plus folle, chaque morceau est chanté, les danses sont endiablées, la bière vole même et vient éclabousser les autres membres de l’audience. Quelques flasques entrées illégalement dans l’enceinte du Zénith permettent de trinquer discrètement. Tel chanteur, tel public. Un groupe de meilleures amies s’esclaffe à chaque titre interprété et chante en se regardant dans les yeux. Quintessence d’un instant de partage et de fusion porté par les pas de danse de Matt Healy, ses cigarette et son regard sombre. La soirée se finit sur » Give Yourself A Try » issu de » A Brief Inquiry Into Online Relationships » non sans que le chanteur en ait profité pour présenter ses meilleurs amis qui l’accompagnent depuis les débuts du groupe en 2002. L’expérience est telle qu’elle demanderait à être répétée pour en saisir la substantifique moelle, ne pas simplement se laisser porter par le flot pour mieux en percevoir chaque accent. On en sort aussi enivré que peut l’être Matt Healy, la tête qui tourne et les oreilles qui bourdonnent (peut-être était-ce à cause des cris) en toute conscience que le Royaume-Unis sait offrir des artistes qui marqueront autant les générations que les consciences.
L’artiste britannique Calum Scott sera de passage à Paris au printemps 2024 pour un concert qui s’annonce déjà comme une soirée entre émotions et danses endiablées. Le talentueux…
Tout change, tout passe, tout avance. Parfois trop vite, à tel point qu’il est difficile de retrouver ses repères. Et pourtant, il est un lieu où nous avons…
Real Estate, les piliers du rock indé et – au risque de revenir sur ce que beaucoup de critiques ont déjà dit – au son solaire, sont de retour. Après un album dont la sortie a été marquée par la COVID et une grande remise en question, « The Main Thing », ce nouvel opus s’inscrit dans la légereté. Intitulé « Daniel » ( pour son producteur ? Pour lui donner un nom plus humain ? les questions persistent), il sera disponible le 23 février 2024. Au programme, un rock à la pop précise et travaillée qui a pour seul but de rendre heureux son auditeur. C’est pour le présenter que nous avons rencontré Martin Courtney et Alex Bleeker. L’occasion de parler de cette nouvelle pépite mais aussi de crise existentielle, de l’influence de Taylor Swift, de Donal Trump, de nostalgie des années 90 et de plateformes de streaming. Une interview fort sympathique avant leur showcase parisien en petit comité chez Agnès B.
Pop&shot : Bonjour, et merci de répondre à nos questions. Pourriez-vous commencer par nous dire quelques mots pour décrire votre nouvel album, « Daniel » ?
Martin Courtney – Real Estate : C’est un album rempli de chansons pop de 3 minutes. Il est concis. On a essayé de faire l’opus le plus simple et direct possible. C’était notre objectif : de faire quelque chose qui accroche, chaleureux, où l’on se sent le bienvenu.
Alex Bleeker – Real Estate : On a essayé de faire un album dans lequel chaque chanson pourrait être un hit (rires) Je ne rigole qu’à moitié. On voulait des mélodies accrocheuses sur les refrains, sur la guitare et les couplets. Un album qu’on peut immédiatement comprendre, qui s’apprécie facile et qui permet de se relaxer. On sait comment la chanson va se terminer avant la fin.
Martin Courtney – Real Estate : On voulait explorer la composition pop comme une forme légitime. (rires)
Popnshot : La pop dans cet album c’était votre idée ou est-ce qu’elle a été apportée par votre producteur Daniel Tashian ?
Martin Courtney – Real Estate: Son nom nous est venu parce qu’on voulait faire un album comme ça. Et il semblait être idéal pour ça. C’est une idée qui nous est venue assez vite. Deux ou trois morceaux de l’album avaient été écrits et on s’est dit que ce serait une direction sympa à explorer. J’ai eu beaucoup de plaisir à l’écrire. On a commencé à parler des producteurs avec lesquels on pourrait travailler. Le nom de Daniel est apparu parce qu’il est également auteur de chansons pop et qu’il a une très bonne oreille pour les mélodies. On a eu la chance qu’il soit aussi intéressé par l’idée de travailler avec nous.
On veut toujours laisser un peu de place à l’expérimentation en studio.
Popnshot : Vous avez passé 9 jours en studio à Nashville, est-ce que l’album y a pris forme ou tout était déjà écrit avant ?
Martin Courtney – Real Estate : On avait déjà les démos. J’en avais beaucoup enregistré et on a passé deux semaines tous ensemble avant d’aller en studio pour répéter, apprendre les chansons, leur donner forme. C’était très pensé avant d’enregistrer. On aurait pu tout faire d’une traite mais certaines choses ont changé en studio. C’était un mixe. On veut toujours laisser un peu de place à l’expérimentation en studio.
Alex Bleeker – Real Estate : On y a redéfini des choses. On a dit à Daniel qu’on voulait faire un excellent album pop où tout arrive pour une bonne raison. Il a offert sa perspective et nous a aidé à faire du mieux possible.
Popnshot : Ce qu’on remarque tout de suite à l’écoute c’est le travail tout particulier porté à la structure. On voit qu’elle a été très soignée…
Alex Bleeker – Real Estate : Et à un point que les gens ont du mal à réaliser. C’est plus difficile d’enlever des choses sur un morceau que d’en ajouter. Quand on écoute le précédent album on voulait constamment y ajouter des choses. Des instruments qu’on n’avait jamais utilisés, ajouter des cordes, ci et ça. C’est aussi une façon amusante de faire de la musique. Le nouvel album était très différent, on pensait à la structure, aux instruments, que les compositions soient solides. Chaque partie devait servir un intérêt. Si ça ne servait pas un intérêt alors on le dégageait.
Popnshot : Le dernier album était marqué par une crise existentielle quand il a été composé. Martin, tu en venais à te demander si dans le contexte actuel faire de la musique pop était important. Ces sentiments étaient-ils toujours là en composant « Daniel » ?
Martin Courtney – Real Estate : Je pense que faire un album comme ça était ma façon de me dire si je dois faire de la pop autant la faire très bien. Ça m’a permis de me sentir mieux sur le fait d’être un artiste. C’est quelque chose que j’explorais pendant plusieurs années ces doutes et peut-être que je les ai encore. Oui, je suis sûrement encore en train de me questionner sur ce sujet, il y a toujours cette confusion. Mais la décision même de faire cet album était un pas en avant. J’ai été plus positif sur le fait que c’est quelque chose que je veux faire. Faire de la musique c’est une partie de ce qu’on est. Ca a été cathartique pour chacun d’entre nous.
Taylor Swift a un pouvoir extraordinaire et que j’espère qu’elle essaiera de dire aux gens de ne pas voter pour Donald Trump.
Popnshot : Cette crise elle était liée à un contexte politique. Alex, tu as eu l’occasion de répondre à des questions sur ce sujet, donnant ton avis sur les intentions de votes aux primaires américaines. Et il est vrai que les artistes comptent souvent en matière de politique. Aujourd’hui on dit que Taylor Swift pourrait changer le résultat des élections présidentielles aux Etats-Unis à titre d’exemple… Comment l’art peut-il influencer les gens sur ces domaines selon vous ?
Alex Bleeker – Real Estate : Je ne pense pas qu’on soit proches du profil de Taylor Swift même si on aimerait (rires). On porterait cette immense responsabilité. Elle est une personne publique qui a un pouvoir extraordinaire et c’est mon point de vue personnel mais elle devrait utiliser ce pouvoir. Comment elle le fait c’est à elle de voir. Mais je tiens à dire que j’espère qu’elle essaiera de dire aux gens de ne pas voter pour Donald Trump. Je ne veux pas qu’il soit le prochain président des USA, je le dis clairement même si je ne pense pas que j’aurai de l’influence. Mais je suis heureux de le dire pour moi-même (rires). Et je ne pense pas que ça contrariera la majorité de nos fans que je dise ça. Je pense que c’est peu controversé chez les amateurs de Real Estate. Je pense qu’on a des fans qui eux se sentent du côté de Trump, je ne veux pas leur dire qu’ils doivent dégager. S’ils aiment notre musique, ils peuvent continuer de l’écouter sans avoir à être du même avis que nous. Cet album n’est pas politique.
Martin Courtney – Real Estate : C’est une réaction personnelle.
Alex Bleeker – Real Estate : Je veux dire que ce n’est pas un album politique de façon traditionnelle. Mais ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas conscients de ce qui se passe en politique mais aussi dans l’horrible et terrifiante réalité qui se déroule sous nos yeux en ce moment. Je pense que dans ce contexte, c’est une bonne chose que les artistes apportent de la clarté, du soulagement et de la joie. On demande aux artistes de se positionner, de parler et je pense que c’est bien pour certain.es d’entre eux. Quelqu’un d’aussi populaire que Taylor Swift devrait avoir l’obligation de dire ce qu’elle pense. Mais le rôle de l’artiste c’est aussi celui de créer des points d’attache et d’expérience pour les gens. Et c’est bien aussi de parfois se consacrer à des choses plus petites et plus personnels.
Dans le contexte actuel, c’est une bonne chose que les artistes apportent de la clarté, du soulagement et de la joie.
Popnshot : A un moment de la carrière de Real Estate la presse qualifiait tous vos albums de « la B.O idéale pour l’été ». A force vous étiez fatigués de lire toujours cette même phrase. Aujourd’hui, alors que les temps sont plus obscurs, est-ce une idée à laquelle vous souhaitez revenir ?
Alex Bleeker – Real Estate : Ca nous faisait rire de lire ça, et c’est marrant parce que c’est la réplique classique. Surtout parce qu’on espère que l’album marche toute l’année mais si vous voulez l’écouter au soleil ça nous va (rires). Il y a cette phrase cliché genre « juste à temps pour ces deux jours ensoleillés » et ça me fait rire d’avoir autant vu cette phrase. Mais il y a une sorte de luminosité accessible volontaire sur cet album. Ce n’est pas une mauvaise chose à dire sur celui-ci en tout cas.
Martin Courtney – Real Estate : Honnêtement, juste après notre album, il y a eu le confinement, j’avais composé pour Real Estate et j’ai fini par utiliser ce que j’avais fait en solo. Toute cette période de temps, j’ai essayé d’écrire pour faire les choses bien. Il y a assez de choses auxquelles penser. Même si personnellement, il y a beaucoup de stress dans ma vie. Je veux faire de la musique qui fasse du bien à faire. Pour moi c’est plus difficile d’écrire des paroles. J’essaie de le faire sans y penser. On essaie de faire des choses plaisantes. De faire en sorte que quelqu’un se sente bien.
Popnshot : C’est un véritable album feel good en toute honnêteté.
Martin Courtney – Real Estate : On voulait que ce soit plaisant, parce que c’est bien mixé, bien enregistré. Et moi j’ai du plaisir à écouter ces fréquences.
Nos cerveaux se focalisent sur une époque où il n’y avait pas d’anxiété globales
Popnshot : Votre dernier single, vous vouliez qu’il sonne comme le générique d’un sitcom des années 90. Mais cette période revient aussi dans le clip du premier extrait de l’album. C’est une période que vous associez au bonheur ?
Alex Bleeker – Real Estate : Il y a ce retour à l’innocence de l’enfance. On peut voir cette période, aux USA, là où on a grandi comme un moment de calme politique. Mais ce n’est pas si vrai, c’est un mensonge lié à l’enfance dans une période où il était facile de croire en cette impression de prospérité. On a eu des enfances stables. Nos cerveaux se focalisent sur une époque où il n’y avait pas d’anxiété globales mais on ne pouvait pas en avoir parce qu’on était des enfants. Je ne pense pas que c’était délibéré mais j’ai cette pensée qui me vient maintenant que tu en as parlé. Musicalement parlant parce qu’on voulait faire ses mélodies pop et accrocheuses, dans les 90’s nos genres de groupes ont fait des albums à énorme succès avec ce genre de son et de la guitare. Notre genre de musique. Bien sûr il y avait Nirvana mais ce n’est pas de ce genre de musique des années 90’s dont on parle là. On pense au soft alternatif.
Popnshot : Qui par exemple ?
Alex Bleeker – Real Estate : The La’s « There she goes », The Rambrants et le thème de Friends, REM, ou même Oasis. Ce genre de permanence de guitare hyper mélodiques avec ce doux son, accrocheur. Ca a toujours été dans notre ADN. On craignait peut-être de l’embrasser en se disant, non nous on est indie rock.
Martin Courtney – Real Estate : J’associe ça à la musique que j’entendais quand ma mère conduisait. Les gamins cool des années 90, ceux qui aimaient le grunge et l’indie, ils détestaient ce genre de musique.
Alex Bleeker – Real Estate : Mais même Third Eye Blind, ils avaient ces morceaux extraordinaires .
Popnshot : C’est amusant parce que nous qui les avons conneus, voyons les 90’s comme une période joyeuse. Peut-être parce que nous étions des enfants à cette époque. Mais les jeunes d’aujourd’hui ont aussi une nostalgie de cette époque qu’ils n’ont pas connue et l’imaginent joyeuse. C’est peut-être à cause de l’art et de morceaux très légers et lumineux parus à cette époque.
Alex Bleeker – Real Estate : C’est marrant de vieillir. Je ne dis pas qu’on est vieux mais définitivement plus vieux qu’on ne l’a été, comme tout le monde. C’est arrivé si vite. Les millenials ne sont même plus les plus jeunes aujourd’hui. Je pense que toutes les générations ont cette surprise quand une nouvelle génération arrive. Tu sais que tu ne seras pas la génération du moment pour toujours mais quelque part tu penses que si. Et c’est vrai qu’il y a une profonde nostalgie des années 90 pour la génération Z. La mode en est un bon exemple. Et je peux pas croire que je vais dire ça mais en voyant ça on se dit mais c’était notre truc à nous. Les jeans, les vans c’était à nous. Et j’ai des amis qui font partis de la Gen Z (rires) et ils sont très cools et je me suis retrouvé à leur dire ce genre de choses. Et c’est sûrement la pire chose à dire. Et je me rends compte qu’on est aujourd’hui plus loin des années 90’s qu’on ne l’était des années 70’s dans les années 90’s. Et ça les rend très rétros. Et c’est incroyable d’être plus âgés et de voir toutes ces choses revenir.
Martin Courtney – Real Estate : Et amener cette période dans notre album ce n’était pas intentionnel . Je me rends compte qu’il y a des références en l’écoutant mais pour moi c’est un album intemporel. Si on avait vraiment voulu en faire un album des 90’s, on aurait plus forcé le trait, importé plus de sons.
les playlists des plateformes nous font nous demander qui choisit mes goûts en musique ? Moi ou une machine ?
Popnshot : Une dernière question. Avec toutes les méthodes actuelles, vous faites comment vous pour découvrir des artistes et des albums que vous ne connaissez pas ? Qu’ils soient récents ou anciens ?
Alex Bleeker – Real Estate : Je pense que la meilleure façon de faire est de demander à tes amis ce qu’ils écoutent en ce moment. Aussi en tournée avec des groupes j’écoute toujours ce qu’ils écoutent dans le van. J’en trouve aussi beaucoup aussi sur Spotify. Ca semble être une méthode courante de nos jours. Je mets quelque chose que je veux écouter et je laisse le flow se faire. L’algorithme est assez intelligent sur ce sujet. Mais ce qui est triste c’est que souvent je me souviens pas des noms de ces albums ou des morceaux. Mais si quelqu’un me demande tu écoutes quoi en ce moment ? Je me dirai je connais ce titre, je l’ai écouté en boucle la semaine dernière mais je ne me rappelle pas le nom du groupe. Je pourrai mieux m’engager sur ce sujet mais je pense qu’il y a une forme d’écoute passive de la musique qu’encouragent les applications. Sinon pour éviter ça il faut acheter des albums. Je continue d’acheter des albums récents ou pas parce que ça crée un lien. C’est la meilleure façon de faire. Je vais chez le disquaire. Je l’ai fait récemment à Londres, prendre un album que je ne connaissais pas du tout et l’acheter. Comme ça je n’oublie pas le nom.
Martin Courtney – Real Estate : J’ai une réponse un peu similaire. Demander à des amis. J’en ai qui font beaucoup de playlists et les postent. Je ne demande rien, je regarde directement. J’ai fait aussi une tournée solo il y a quelques années et on avait fait une énorme playlist participative. Il y avait tellement de choses que ne connaissais pas dessus. Je peux en trouver aléatoirement sur les plateformes et si ça me plait j’irai me renseigner sur les artistes et m’immerger dans leur univers. C’est amusant de découvrir le catalogue de quelqu’un et avoir l’impression de le posséder. Et acheter de la musique c’est bien. Vous devriez le faire aussi. Ce qu’on possède finalement c’est ce qu’on veut le plus écouter. La gratuité c’est cool mais finalement ce n’est pas ce à quoi on tient le plus. C’est un engagement même si c’est un bon argument pour le capitalisme (rires).
Alex Bleeker – Real Estate : Finalement les playlists des plateformes nous font nous demander qui choisit mes goûts en musique ? Moi ou une machine ?
C’est la Saint-Valentin et l’amour est dans l’air, particulièrement doux ce soir, de la capitale française. Dans les transports, dans les rues, des bouquets de fleurs géants comme…
Musicien et photographe, Thomas Jean Henri aka Cabane, dévoilait son second album « Brulé » le 26 janvier. L’artiste belge y signe son retour après « Grande est la maison » qui avait reçu un très bel accueil du public comme de la presse. Pour ce nouvel opus le musicien a su bien s’entourer. On retrouve au casting les voix de Sam Genders (Tunng) et de la perle montante Kate Stables (This Is The Kit) dont l’ascension méritée se fait à toute vitesse. Mais on ne pouvait que s’y attendre en la voyant signée sur le label de l’excellence, j’ai nommé Beggars. Côté sonorités, il est peu dire que l’artiste aime les grands espaces, c’est d’ailleurs ce qui ressort de ces mélodies aériennes. Certes, la folk y est pour beaucoup, elle sait surdimensionner la musique et donne cette approche naturelle au son tout en faisant rêver à l’évasion. Seulement, là où Cabane percute fort c’est lorsqu’il en fait un objet sonore hybride. Le voilà qui ajoute à son édifice de la pop orchestrale. Sans jamais tomber la grandiloquence, l’artiste bouscule et vire au grandiose. Il y a une véritable délicatesse à son œuvre qui touche naturellement à l’élégance. Le travail instrumental embrumé y est sophistiqué, la réflexion s’y ressent sans que l’inaccessible ne soit pris à partie. Si « In Parallel » introduit l’album c’est pour mieux apaiser les cœurs dès ses premiers notes à l’apesanteur assumée et la mise en place dosée. L’appétit est ouvert. Le voyage italien de notre hôte, « Italian Mysteries », « Rome » n’en est que plus riche. Pas étonnant que parmi les artistes similaires soit cité Sufjan Stevens dont le « Mystery of Love » illustrait le périple italien amoureux pour la BO de « Call Me by Your Name ». Ces ressemblances dans le titre et le pays se retrouvent aussi sur la capacité à se ré-approprier les codes de l’un des plus beaux courants de ce que la musique a à offrir. Aussi celui le plus à fleur de peau. Photographe, nous vous le disions, Cabane offre un opus visuel qui saura stimuler l’imaginaire. Difficile de mieux commencer l’année et de mieux en illustrer l’hiver et ses frissons. Au demeurant « Tout Ira Bien » comme le promet le dernier titre et ses jolies répétitions en boucle. Un let motiv s’il en est.
Fontanarosa
L’indie-rock a de beaux jours devant lui aussi bien en France que du traditionnel côté UK. Dans la famille des talentueux représentant du registre dans nos vertes contrées je demande les lyonnais de Fontanarosa. Il signeront le 19 avril 2024 leur retour avec un second album : l’excellent ‘Take A Look At The Sea ». La magie opère d’ailleurs dès les premiers instants. C’est avec un naturel élégant que Paul Verwaerde, le frontman, ouvre ce nouveau jet en faisant du « Door to Door » pour mieux convaincre les foules. Son écoute, d’emblée très accessible n’enlève rien à la précision symphonique qu’offrent ici nos musiciens. L’artiste né en Angleterre, a grandit en Espagne avant de vivre à Sao Paolo. Une multitude d’influences qu’il apporte dans sa musique et qu’il décrit volontiers comme son port d’attache. S’il est vrai que cette dernière peut être le point centrale d’une vie, celle de Fontanarosa invite à l’introspection. Le soin porté à la précision de chaque titre y est d’ailleurs particulièrement impressionnant. Que se soit sur les instruments, les arrangements, la voix ou la production, rien n’est laissé au hasard au cours de cette balade envoûtante et esthétique. Le successeur d' »Are You There? » sorti en 2022 a tout du classique instantané. On s’y engouffre comme dans un lieu connu, on s’y laisse porter, sans jamais basculer dans l’easy listenning pour autant. Certains titres se prennent comme des vagues. Les instruments y sont poussés jusqu’à des hauteurs vertigineuses, des tourbillons dans lesquels il est bon se perdre. « Endless Track » que l’on voudraient sans fin est d’ailleurs de ceux-là. Pour rappel, le premier né du groupe était avant tout la réconciliation entre Paul Verwaerde avec l’adolescent qu’il avait été. Cette fois-ci, en plein accord avec l’adulte qu’il est devenu, le voilà qui prend le large. Père de ses créations, il l’est aussi à la ville, de quoi chambouler, penser aux générations qui ont précédées et écrire avec le cœur. C’est d’ailleurs à son père qu’il pense en écrivant « Care », un hymne puissant aux guitares énervées et son juste dosage entre force naturelle et douceur des voix. Chez Fontarosa, la route est sombre, elle se fait parfois folk, parfois rock, parfois électrique. Les influences sentent le Royaume-Unis, ses pubs comme son tea time, son raffinement et son énergie. Le voyage n’en est que plus beau.
BADBADNOTGOOD
C’est le morceau dont nous avions besoin sans le savoir. Prenez la puissance jazz des originaires de Toronto, BadBadNotGood, additionnez la voix du vocaliste texan reggie, mélangez le tout et laissez vous surprendre. Voilà que les genres se croisent et se mixent en un titre solaire : Take What’s Given. Le résultat est aussi pluriel qu’impressionnant. On y croise de la funk, de la country, une voix envoûtante à la chaleur naturelle, de la précision, de l’amour des instruments et du travail bien fait. Enregistré au Valentine’s Studio de Los Angeles en 2023, la pépite dévoilée le 30 janvier 2024, a gardé de la cité américain ses hautes températures et ses accents angéliques pour ne pas dire célestes. Exit néanmoins la superficialité qu’on lui prête, ici les mélodies sont profondes et travaillées. Il faut dire que le groupe canadien multiplie depuis 2021 et la sortie de son opus, « Talk Memory », les collaborations heureuses. Turnstiles, Charlotte D Wilson, Daniel Caesar en font notamment partie. Pour ce qui est de sa genèse c’est en assistant à un programme de jazz au Collège Humber à Toronto que le trio s’est rencontré. C’est pourtant leur amour du Hip Hop qui a su unir nos talentueux musiciens. Biberonnés à MF DOOM, vouant un culte à ODD future, les voilà qui mettent à profit leur savoir-faire jazz, probablement l’une des écoles les plus exigeante en matière de musique, pour embellir leur registre préféré. C’est finalement Tyler, The Creator qui le permet de rencontrer le succès en partageant leur vidéo The Odd Future Sessions Part 1. Un beau cadeau que le Flower Boy a fait au monde, créateur d’effervescence c’est vrai, défricheur de talents, encore plus.
Mui Zyu
Entrez dans l’univers aérien d’Eva Liu plus connue sous le nom de Mui Zyu. L’artiste britannique originaire d’Hong Kong, distille un cocon musical unique fait de douceur et de partitions finement pensées. Au mois de mai, sur la pointe des pieds, la ballerine dévoilera avec subtilité un très joli nouvel album « Nothing or something to die for ». Pour le présenter la voilà qui dévoile le morceau Everything to Die for, une prouesse pleine de grâce à la mélodie savamment pensée. Certainement en raison de sa voix aérienne, Mui Zyu rappelle l’immense Björk. Peut-être aussi par sa capacité à torde les registres avec délicatesse et y glisser son univers hors cases. Ce dernier est aussi l’occasion de se reconnecter avec ses racines et donc d’offrir des mélodies aux croisement des mondes. Son nouveau né, le plus introspectif de tous est à fleur de peau. On y entre à pas de velours, pour mieux se laisser porter par une mélancolie exacerbée. La sensibilité y est maîtresse. Il promet une expérience entière, à la légèreté bien faite pour le successeur de « Rotten Bun for an Eggless Century ». Dream Pop idéaliste pour un voyage aux confins de l’imaginaire, le Monde selon Mui Zyu a de quoi séduire et apaiser. Composé en collaboration avec Luciano Rossi, qui était déjà co-producteur de sa dernière galette, elle y expérimente plus que jamais. Échappée une semaine au Middle Farm Studios dans la région du Devon, elle en profite pour tester de nouveaux instruments. De l’électro pour mettre en avant la vie aseptisée aux passages instrumentaux pour évoquer les moments de doutes, s’aventurant parfois vers le psyché, la musique y a des nombreux visages. A explorer sans plus attendre.
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