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Julia Escudero

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riverdale saison 6
Ces gens là vont vivre des aventure qui n’ont aucun sens.

A chaque série Netflix annulée, c’est toujours la même rengaine : pourquoi annuler tel chef d’œuvre alors que Riverdale continue ? Si la série est juste achetée par la célèbre plateforme et non produite et donc ne détruit pas ses finances, les incohérences qui la caractérisent finissent largement par faire se demander à quoi bon continuer ? Et ce pour beaucoup depuis la saison 2. Et pourtant, voilà que le show vient d’entamer sa septième et dernière saison. Avec un peu de retard légitime, personne n’a tellement envie de s’infliger ce visionnage, j’ai enfin fini la saison 6
Eh bien mes amis, ce que je peux vous dire, c’est qu’elle touche le ciel.Essoufflée a force d’avoir beaucoup trop soufflé devant, les yeux qui brûlent après les avoir fait rouler toutes les deux minutes, le cœur qui palpite fort de surprises et de désarroi, les jambes qui tremblent d’effroi,  j’ai l’air d’un marathonien qui vient de finir une course dont le douloureux entrainement avait pris 5 saisons. Parlons un peu de cet exploit. Avec spoilers, hein, puisque qui ça intéresse de ne pas se faire divulgacher une série qui de toute façon n’a plus aucun sens ?

Milshake sous acide

Résumé de la situation. Riverdale dans cette saison c’est un peu ton bon pote un peu lourd, bourré au quatrième Ricard de la soirée et qui te fait une bonne blague des familles. Tu rigoles gêné.e en disant « Ha t’es con Gégé ». Le « Ah c’est complètement con! » en rigolant à gorge déployée je me suis surprise à le crier à haute voix un paquet de fois devant mon écran. Mais comme avec Gégé la fascination étrange qui pousse à le suivre des soirées entières en sachant bien pourtant que tu ne vas pas passer un bon moment te fait continuer.
Il faut quand même rappeler que tout ça avait bien mal commencé. Dans le joyeux esprit wtf qui les caractérisent, les scénaristes avaient décidés de nous narrer la trame de Rivervale d’entrée à froid sans préliminaires, c’était pas rien. J’attire votre attention sur le « v »  qui  change tout. Et à Rivervale donc, bon les choses sont pareilles mais différentes parce que tout le monde a des pouvoirs, est sorcier et les habitants sont les dignes voisins de « Sabrina l’apprentie sorcière » qui rappelons-le fait partie de l’écurie Archie comics. Passons sur ce moment complètement dingue et hors sujet dans la série pour mieux se concentrer sur sa longue et délirante suite : le retour à Riverdale. On nous place un décors, quelques intrigues, du type un mec prend des photos des habitants de la ville et les glisse sous leurs portes. Mais bon, ça a pas intéressé les scénaristes. Du coup ils ont zappé. Une explosion survient dans la chambre d’Archie. Et voilà que les personnages principaux ont des supers pouvoirs. Pour que ça colle les scénaristes se sont tout de même demandé, c’est quoi finalement l’âme de la série ? Les milshakes avec une cerises dessus. T’es sûr ? Pas les personnages sinon ou la trame de … ?  Ta gueule tu colles un milshake, les acteurs et un burger et on est bons. Voilà. Sauf que la suite de la saison va sans habilité aucune mixer/ pomper du Stephen King à base de Bazaar, Charlie, la Tempête du Siècle, Dôme (???!!!!!!!)  mais aussi Le Silence des agneaux, American Psycho, Sabrina, Superman... c’est plus indigeste que la saison 2 d‘American Horror Story.  On balance ça au blender. Oublie pas de mettre de la chantilly dessus. Et si vous vous demandez, dans le genre nul à chier, le résultat est grandiose.

pop's riverdale
Une bouche de l’enfer qui met l’eau à la bouche

Riverdale s’écrit comme un cadavre exquis. Les littéraires parmi vous auront joué à ce petit jeu : t’écris une phrase, tu plies le papier pour que ce ne soit pas lisible par le suivant qui lui même écrit sa phrase et fait tourner au camarade et ainsi de suite jusqu’à lire l’histoire complète qui trouve un drôle de sens. Les scénaristes doivent faire exactement ça, ne jamais se relire, ne pas savoir ce qui s’est passé dans l’épisode précédent ou juste s’en taper complètement tant les choses sont parties loin. Ou alors ils se réunissent et se disent « t’aimerais voir quoi débarquer là ? «  »Je sais pas il s’est passé quoi au dernier épisode ? » » On s’en fout donne une idée. » » Un ange gardien ? «  »Allez ! » ». Il y a vraiment des anges gardiens dans cette saison, au secours, pitié, pourquoi je m’inflige ça moi ? Parlons-en.

Pop’s Menu Best off des moments les plus dingues de cette saison hallucinante

Si vous avez du mal à comprendre les éléments donnés par la suite, c’est pas forcément parce que je raconte mal. Déjà les pouvoirs des personnages principaux. A priori ça ne surprend absolument personne. Enfin, côté Riverdale. De l’autre côté de l’écran on est d’abord désarçonné, mal à l’aise et puis on s’y fait. Difficile de bien déterminer la pire idée mais Archie, super fort pour encore plus se mettre torse-nu que dans la pub Lacoste où son interprète K.J Apa court après un chien, ça en tient une couche. Mention spéciale quand torse nu- encore et toujours- en figure christique,  il porte sa croix. Big up pour le fait qu’un métal annule ses pouvoir quand il est en contact avec lui. Rien à voir avec la kryptonite, c’est une idée originale.

Mais ces pouvoirs ils sont liés à l’arrivé d’un grand méchant dans la ville : Percival Pickens qui va ouvrir un bazar (comme dans le livre de Stephen King), et tenter de prendre le contrôle de la ville. Quand ça intéresse les protagonistes, ils se demandent, « mais quel est donc son plan michtérieux, si seulement on savait ». « Je veux détruire Riverdale en gros » n’arrête pas de prévenir le boug mais comme d’habitude personne n’écoute vraiment.

Il faut dire qu’ils ont tous leurs soucis. Betty, qui a on le rappelle le gène des serial killers (haha, haha j’en peux plus) est poursuivi par un tueur en série qui voit en elle sa Clarice Starling ( Le Silence des Agneaux donc) et son égale. Il est bien prénommé le Tueur aux sacs poubelles, parce que, je vous le donne en mille, il porte un sac poubelle sur la tête. Doit-on commenter ça ? TBK (Trash Bag Killer,  haha c’est trop) donc en anglais en hommage au vrai tueur BTK. Ils finissent donc par organiser un comicon du tueur en série au casino de Veronica qui oui, a un casino maintenant, pour le piéger. Tout ça donne aussi naissance à une conversation priceless entre V et B sur le fait que Veronica a tué plus de gens que Betty, donc ça va hein, le gène du tueur en série c’est rien. Elle a d’ailleurs fait abattre Hiram, son père. Jusqu’ici antagoniste central. Heureusement sa mère, qui fait partie d’une télé réalité vient y consacrer un épisode caméra à la main. Nickel,  jusqu’ici tout va bien.

De son côté Kevin se bat pour la garde Baby Antony. Ça dit tellement Baby avant de dire Antony qu’on se dit que c’est un prénom composé genre Marie-Jeanne, comme ce sous quoi a été écrite la saison. Baby Antony est aussi le fils de Fang (l’ex de Kevin) et Antoinette Topaz (l’ex de Cheryl) qui maintenant sont ensemble par paresse intellectuelle, j’ai pas d’autre explication rationnelle. Kevin se sert de l’idée étrange qu’élever un enfant dans un gang se serait bof alors que c’est un gang de gentils pourtant… Lui il finit toujours pas suivre le grand méchant, saison après saison mais ça va il est sympa quand même. Donc on lui pardonne sa naïveté.

Mais au milieu de ça et de dramas amoureux, Percival cherche donc à détruire la ville. Pour le contrer, Tabitha Tate, met tout en œuvre et découvre qu’elle peut faire des sauts dans le temps parce qu’en fait, mais on le saura après, c’est l’ange gardien de la ville. Qui ressent ce qui arrive à la ville « c’est logique » sort-elle même. Ah bon ? Et puis elle même a un ange gardien qui l’aide dans ses voyages dans le temps. D’ailleurs Pop’s, son diner emblème de la série, est une sorte d’église bâtie sur la bouche de l’enfer comme dans Buffy. Besoin d’une pause milshake avant la suite ?

Et ça continue encore et encore …

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Cheryl Blossom, interloquée comme nous tous

Jughead, sourd, entend les pensées des gens et s’en sert pour faire un numéro de prestidigitateur. Heureusement, son décès et son retour à la vie grâce à l’apparition en guest star de Sabrina Spellman lui permettront d’entendre à nouveau. Et ça c’est avant tout grâce à Cheryl…

Justement parlons-en de Cheryl. D’abord déjà, elle se fait posséder par l’âme de son ancêtre. N’admettons pas mais passons. Elle retrouve une ancienne amie Heather qui devient un love interest mais surtout l’aide à développer ses pouvoir de sorcière dont et surtout la pyrokinésie. Je vous demande le pardon ? Comme dans Charlie de Stephen King, elle peut allumer des feux à distance. Mais en plus, elle a le… c’est gênant à écrire … pouvoir du phœnix qui lui permet, bon, disons le, de faire revenir les morts à la vie si les corps sont entiers. Un don bien pratique pour ressusciter nos héros après qu’ils aient été victimes de… ça vaut un passage à la ligne.

Les plaies d’Égypte. Que Percival fait s’abattre sur la ville. Je sais pas pourquoi ils nous font ça. Et donc en découle aussi la mort des premiers nés. Vont-ils revenir à la vie ? Oui ou oui rapidement ? Le suspens est inexistant.

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Percival, le méchant pas content de Bazaar euh Riverdale

Nés certes mais nez creux aussi puisque Veronica, a le pouvoir d’empoisonner et retirer le poison. Donc elle y voit une belle occasion comme une autre de se faire du fric et se lance avec un agent du FBI (j’invente pas) dans la création d’absinthe mais pas toxique, elle suce le poison des bouteilles je vous ai dit. Et voilà que ça trinque aux shots verts en continue. J’en prendrai bien un petit verre aussi maintenant.

Mais Riverdale ça a aussi un message social comme la lutte pro syndicats. Alors que toute l’équipe d’ouvriers du bâtiment d’Archie se font laver le cerveau / exploités par Percival, une idée vient aux héros : chanter une chanson pour casser l’emprise psychologique subie. Et ça fonctionne, tout le monde chante. Comme c’est beau la lutte en musique.

Tout ça finit par l’arrivée d’une comète et une rencontre avec le Diable. On ne s’en lasse pas. Et c’est en toute logique que pour son ultime saison, la série fait un saut dans le temps, dans les années 50 exactement, pour que tous les personnages, en bons trentenaires  qui font semblant d’avoir 15 ans comme dans Dawson, retournent au lycée. Tout ça pour éviter que Riverdale ne soit intégralement détruite. Ça promet du lourd et d’être lourd tout court. Je m’y mets dès que j’aurai trouver la force nécessaire. Si vous y êtes, courage, vous n’êtes pas seuls. On sait que tout ça nous manquera une fois le mot fin définitivement écrit.


Comme il le fait depuis 2010, le Prix Pernod Ricard France Live Music aide cette année encore au développement des artistes émergents français. Entre autre de son prix qui offre à ses artistes un véritable accompagnement, il promet de mettre en avant des lives gratuits et accessibles pour tous et toutes dans l’Hexagone. Des engagements auxquels le prix tient tout particulièrement. Du 13 mars au 23 avril 2023, les artistes qui le souhaitaient pouvaient y postuler. Un appel à candidatures toujours très suivi puisqu’en 2022, 1300 artistes et groupes y avaient répondu. Un top 100, puis 10 seront ensuite établis avant l’annonce du grand ou de la grande lauréat.e lors d’une soirée organisée le 31 mai. Les artistes remportent un suivi, une aide au développement, à la communication, à la production et au live afin de booster leur carrière. Quentin Delbecque, le nouveau manager du dispositif a accepté de répondre à nos questions. Il détaille les initiatives du prix, ses nouveautés ainsi que son fonctionnement. Interview.

Prix rernot ricard 2023

  • Tu es le nouveau manager du Prix Pernod Ricard France Live Music, tu y as entrepris un véritable travail de redynamisation. En quoi ça consiste exactement ?

Quentin Delbecque : Le projet Pernod Ricard France Live Music repose sur deux piliers depuis toujours : le soutient de la scène émergente en France et l’organisation de concerts gratuits et accessibles à tous. Cette année nous avons la volonté de faire émerger le programme auprès du grand public. Pour cela nous avons travaillé une stratégie de contenu afin de mettre en avant notre action de mécène dans la filière musicale. Pour la première fois, un artiste sera le parrain du Prix (Julien Granel) et intégrera le jury. L’idée est de pouvoir développer du mentoring entre le parrain et le lauréat.

  • L’année 2023 sera une année particulière pour le prix puisqu’elle promet une grande soirée pour annoncer le ou la gagnant.e. Comment préparez-vous ces retrouvailles avec les soirées Pernod Ricard France Live Music ?

Quentin Delbecque : Nous sommes ravis de produire de nouveau une soirée de révélation. Nous revenons dans une salle avec qui nous avons déjà travaillé par le passé (Le Trabendo) avec la volonté de rendre le live accessible à tous grâce à des concerts gratuits. C’est très important pour nous de pouvoir se connecter avec le public lors de ces soirées qui sont toujours spéciales.

  • L’an dernier, Carmeline a remporté le prix Pernod Ricard France Live Music. Qu’est ce qui a fait que sa candidature s’est dégagée de celle des autres artistes ?

Quentin Delbecque : Carmeline s’est avant tout démarquée par la qualité de sa musique. Le jury a été conquis par la richesse de ses influences et son univers chaleureux. Un point d’attention a également été porté sur son image et la manière dont elle travaille sa DA. Enfin, son énergie débordante et sa volonté de toujours vouloir se démarquer a fait la différence.

  • Comment sont choisis les gagnants du prix Pernod Ricard France Live Music? Plusieurs sélections sont faites avant d’arriver au choix du grand vainqueur ….

Quentin Delbecque : Il y a trois phases lors du prix : D’abord, la phase de candidature. Tout artiste respectant certains critères de base (Avoir sorti au moins un titre, avoir fait au moins cinq concerts, habiter en France…) et ayant la volonté de développer son projet à travers le live peut s’inscrire sur notre site.
Avec mon équipe nous sélectionnons un Top 100. Ensuite un jury composé de divers professionnels de l’industrie musicale va dans un premier temps sélectionner un top 10 puis le lauréat. A chaque étape, les artistes gagnent des lots ou des accompagnements spécifiques via nos partenaires (Groover, Tunecore, Yamaha…)

Notre ambition et de pouvoir donner toutes les clés à un artiste en développement pour être en capacité de gérer sa carrière de manière autonome

  • Le Prix Pernod Ricard France Live Music c’est un accompagnement complet. Il inclut du développement, de la communication, de la production, du Live. Comment avez-vous mis en place cette stratégie pour les artistes ?

Quentin Delbecque : Au-delà de l’aspect live qui est central dans notre accompagnement, il était important pour nous d’aller plus loin. Notre ambition et de pouvoir donner toutes les clés à un artiste en développement pour être en capacité de gérer sa carrière de manière autonome et d’avoir une bonne compréhension de l’industrie. En mettant en place les partenariats de cette année, je me suis très vite rendu compte que pour que l’accompagnement artistique ait un impact, il fallait privilégier un dispositif 360. Des formations sur l’industrie, le digital, la communication, ainsi qu’une résidence, l’organisation d’une tournée de festival, un shooting, de l’amplification média, de la promotion et de la distribution permettra à l’artiste de travailler plusieurs aspects de sa carrière.

  • Comment sont choisis les membres du jury ? Sont-ils présents sur toutes les éditions ?

Quentin Delbecque : Les membre du jury sont choisis en fonction de leur métier et expertise respectif dans la filière musicale. L’idée est d’avoir un panel représentatif : Label, festival, DSP … Certains seront amenés à travailler directement avec le lauréat dans le cadre du Prix.

  • Quelles relations gardez-vous avec vos anciens lauréat.es ?

Quentin Delbecque : Nous cherchons toujours à les accompagner le plus loin possible et si nous pouvons poursuivre l’accompagnement avec des opportunités intéressantes nous le faisons. C’est toujours plaisant de pouvoir recroiser des artistes quelques années plus tard.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du Pernod Ricard France Live Music.

Les dates à retenir

  • 13 mars au 23 avril 2023 : appel à candidatures puis sélection du top 100
    par l’équipe Prix Société Pernod Ricard France Live Music
  • 26 avril : annonce du Top 100
    26 avril au 2 mai : vote du public + jury
    3 mai : annonce du Top 10
    3 mai au 8 mai : vote du public + jury
  • 31 mai : annonce du lauréat à l’occasion du concert de révélation

Oete – Les Etoiles Paris 2023 – Crédit photo : Louis Comar

Il était attendu ce premier concert en tête d’affiche. Des mois qu’Oete faisait son petit bout de chemin avec un objectif en tête : toucher les étoiles. Voilà qui allait être chose faite ce 6 avril 2023 alors qu’il prenait d’assaut le Théâtre des Etoiles à Paris pour un concert à guichets fermés.

Il en a fait du chemin Oete depuis ses premières scènes pourtant si peu de temps auparavant. Une année et demie s’est écoulée depuis que nous l’avions découvert pour le première fois à la Boule Noire de Paris à l’automne 2021. Ce qui ressortait de ses débuts scéniques c’était avant toute chose la candeur, alliée à un vrai talent. L’artiste était aussi touchant que précis, faisant virevolter ses notes dans les airs pour mieux se promettre un avenir brillant. Les mois ce sont écoulés et la candeur a laissé place à beaucoup de professionnalisme et la création d’Oete qui dépasse son interprète pour devenir un personnage iconique à part entière. Et c’est bien ce qui est clairement visible ce soir alors que le chanteur débarque sur scène. Tout est soigné et travaillé, à commencer par sa tenue scénique : vêtu chez Céline, le musicien mise sur les paillettes et ce jusqu’au bout des ongles sur lesquels il a dessiné des étoiles.

Oete – Les Etoiles Paris 2023 – Crédit photo : Louis Comar

Sous influence divine

Une façon de mettre également en avant le titre de son premier album : « Armes et paillettes ». Côté paillettes donc, on est servis. Et pour les armes, c’est la précision de la performance qui a la capacité de tir d’un 9 mm. C’est sur le titre éponyme qu’il ouvre avec sobriété. Entouré de ses musiciens, il poursuit sa conquête parisienne avec l’un de ses premiers morceaux dévoilés « HPV ». Sur ces premiers instants, le musicien est concentré, cherchant à donner, entouré de ses musiciens, le meilleur de ses capacités. Quand il prend la parole, l’émotion surgit de nouveau, palpable et juste. Il confie qu’il ne souhaite pas pleurer tout de suite, il faudra tout de même danser un peu avant. L’ancien Inouïs du Printemps de Bourges excelle à redéfinir la chanson française, il y ajoute une énergie électro mais prend surtout un malin plaisir à convoquer l’âme de ses idoles. D’ailleurs peu de temps après avoir interprété l’un de ses singles « Défense », le voilà qui leur rend un hommage sincère sur « Merci d’avoir vécu ». S’il est de coutume de demander aux artistes leurs sources d’inspirations, Oete dévoile volontiers les siennes. Ce morceau, il le porte de salles en salles, ravivant un héritage fort, un aspect de l’histoire de la musique française bien souvent trop peu cité. Sous influence divine, notre musicien s’épanouit pleinement. Envolé, le colibris qui vacille, Oete, maintenant compte voler dans la cour des grands. Certes, il laisse de côté sa naïveté touchante et troublante qui était aussi l’un de ses plus belles armes. Il les remplace alors par sa création, tel un Ziggy Stradust made in France, qui prend de plus en plus de forme et de matière.

« Est-ce que tout le monde me connait ici ? Ne soyez pas timide, je ne vous connais pas tous! » lâche le chanteur. Maintenant entièrement à l’aise, il en profite pour balancer une cover, celle d' »Idées Noires » de Bernard Lavilliers. Entre ses mains, le titre se fait plus disco que ses sombres desseins d’origines. Maintenant torse nu parce qu’il a été « à la salle » comme il l’explique avec humour, le chanteur conclut la première partie de son set sur « D’étaler », l’occasion de remercier une assistance plurielle, son entourage, sa mère présente ce soir mais aussi d’avoir une pensée pour Bilal Hassani, victime d’agressions homophobes, insulté et menacé pour avoir tenté de se produire dans une église désacralisée à Metz. Une actualité abjecte qu’il était important de souligner.

Laissez-moi danser, chanter en liberté

C’est sur une reprise de Dalida, « Laissez-moi danser  » qu’Oete revient. Il en profite pour inviter sur scène deux jeunes musiciens et amis : Abel et Chéri. La fête reprend de plus belle, alors que le trio dégage ce quelque chose de folklorique que l’on retrouve bien souvent sur les plateaux de télévision. Un passage par « Liberté chérie », le temps de parler rapidement des attentats du 13 novembre qui lui ont inspiré ce titre alors qu’il était encore dans sa Picardie natale et voilà qu’il est déjà l’heure de conclure ce concert.

Son premier titre « La Tête pleine » résonne alors. Il est repris en choeur par la foule. De quoi mettre des paillettes plein les yeux du chanteur. Sourire aux lèvres, nul doute qu’il voit déjà en cette date un nouveau départ et une force à puiser pour s’envoler toujours plus haut. Après les étoiles, c’est sûrement, comme Bowie,  de toucher Mars et bien au-delà que vise Oete. En attendant sa balade dans l’atmosphère, il donne rendez-vous aux parisiens à la Maroquinerie, en octobre prochain.

Oete – Les Etoiles Paris 2023 – Crédit photo : Louis Comar

Association à but non lucratif créé en 1989, le Fair accompagne le développement d’artistes émergents dans le but de les professionnaliser.  Une action qui a fait ses preuves puisque nombreux sont les très grands noms de la musique française a y avoir fait leurs premiers pas : de NTM à Louis Attaque en passant par Jain, Eddy De Pretto, Christine and the Queens ou encore Pomme, la liste est édifiante. En 2020, le Fair laçait une nouvelle formule avec non plus une mais deux sélections par an, puis en 2023 deux programmes d’accompagnement différents : émergence et expérience.

Le Fair« C’est venu de deux artistes qui ont fait le Fair et dont la carrière a décollée d’un coup et ils n’avaient plus assez de temps à nous consacrer. » explique Julie Cerizay chargée de communication du Fair « C’était Eddy de Pretto et Jain. On s’est dit il y a des carrière fulgurantes et notre processus annuel est trop long. De Pretto  par exemple, avait peut-être postulé 6 mois plus tôt mais le temps de suivre le processus de sélection, il avait décollé et manquait de temps. Ces artistes ont avancé, fait des Zénith et puis après ils sont revenus nous voir en disant qu’ils avaient loupé les formations mais qu’ils en avaient quand même besoin, qu’ils avaient toujours des déficits dans le milieu de la musique. » L’association leur propose tout de même des formations, les a accompagné mais en a profité pour se questionner et se réinventer.

Ce succès fulgurant Julie Cerizay ne peut l’expliquer par une recette miracle. Pour elle, il n’existe pas de règle permettant de percer dans la musique : « Certains essaient très fort pendant des années sans que ça ne fonctionne. Pour d’autres, il suffit qu’un média important en parle ou d’un élément déclencheur et tout s’enchaine. Aujourd’hui on voit que l’arrivée de Tik Tok change beaucoup de choses. » Le réseau social est d’ailleurs souvent citer dans le profession, ça a été le cas lors de notre interview de La Femme, comme un nouveau moyen de se faire connaître sans pour autant savoir entièrement comment bien utiliser cet outil. Et de poursuivre : « Tu ne peux pas dire à un artiste qui arrive qu’il existe un chemin tout tracé qu’on peut lui montrer. Nous on donne des bases de structuration surtout. » Le but est de questionner sur la place d’auteur / compositeur dans la filière musicale, comprendre comment tout marche, comprendre les métiers, les contrats et leur donner les clés.Pour préciser cette aide, Le Fair a choisi de scinder ses promotions en deux, les émergents et les expériences.

Une association qui se renouvelle

Julie Cerizay Fair
Julie Cerizay du Fair

L’association a aujourd’hui 34 ans. Depuis son lancement les choses ont beaucoup évolué : « On s’est rendu compte que dans la typologie d’artistes éligibles il y avait un éventail très large de profils à qui profite notre suivi. Beaucoup d’artistes qui sont très entourés n’ont pas toutes les clés. D’autres  sont très émergents. » L’envie de l’organisme est de mieux pouvoir les aider. L’idée est d’avoir un tronc commun mais en prenant compte de l’avancée des artistes. Certains sont à leur premier album et d’autres sont très identifiés par la filière, ont déjà fait les Inouïs, les Chantiers mais ont toujours besoin d’aide… »Pour les émergents on dit qu’on travaille à la fois le projet et l’individu . Un artiste avant avait un groupe et faisait toute sa carrière dans le même groupe. Ce n’est plus le cas maintenant. Un artiste peut avoir un groupe  puis fait un projet solo ou un autre groupe. Notre but est de lui permettre d’évoluer au fil des années. »

Cet accompagnement est pertinent autour de la sortie du premier album. Pour être sélectionné, il faut d’abord répondre à l’appel à candidatures via à un dossier en ligne. L’équipe du Fair fait ensuite une pré-sélection administrative et en pré-sélectionne 150 pour le programme émergence et 30 pour celui expérience :  » C’est notre nombre limite, plus c’est compliqué pour le comité à écouter. Si on voit que malgré la pré-sélection administrative il y a trop de dossiers, on regarde les dossiers. » détaille Julie Cerizay, « Il y a des questions importantes : ce qu’ils attendent du Fair, leurs besoins en formations. On regarde s’ils sont compris l’intérêt du Fair et si on va être utile pour eux.  » Un soutien financier s’ajoute au suivi mais n’est en rien le cœur de l’action du Fair pour les artistes. Une fois les dossiers choisis, un comité de 7 personnes va les écouter. Avant chaque membre du jury choisissait un lauréat. Maintenant, les choses ont sensiblement changé, chaque membre du jury arrive le jour de la délibération avec 3 projets coups de cœur, tout le monde les écoute, s’ensuit les délibérations puis le membre du jury après les discussions choisit le projet qu’il ou elle parrainera et accompagnera.  C’est ainsi que sont choisis les émergents alors que les expériences eux font l’objet d’une discussion et d’un accord global.

Fair un jour, Fair toujours

Plus qu’un simple passage, la relation entre artistes sélectionnés et le Fair ne s’arrête jamais : « Il y a des artistes qu’on a eu il 10 ans, 15 ans qui reviennent nous voir pour nous demander des conseils. Pendant le parcours on leur offre un gros focus et suivi mais la relation se poursuit bien au delà. On leur dit Fair un jour, Fair toujours. »

La notoriété de l’artiste ne l’empêche d’ailleurs en rien de venir à nouveau solliciter l’association avec laquelle il ou elle faisait ses premiers pas. Une notion qu’illustre Julie : « On a commencé à faire des vidéos avec d’anciens lauréats du Fair qui viennent témoigner de ce que c’était pour eux cette expérience. Pomme a été la première a jouer le jeu alors qu’elle était avec nous en 2017. Même si elle est moins dans nos bureaux aujourd’hui, elle vient régulièrement nous demander des conseils, contacts… elle est loin d’être la seule. »

En pratique, l’accompagnement se fait dans les bureaux de l’association. Cette dernière est gérée par une petite équipe de trois personnes qui se donne au maximum pour répondre aux besoins de leurs lauréat.es.  Pour les épauler, un grand nombre de partenaires intervient à leur côté. Pour la formation, un séminaire est organisé. « C’est une sorte de colonie de vacances pendant une semaine. » Évoque avec le sourire Julie. « La journée ils ont des cours dont ils ont besoin et le soir et midi ils ont des moments d’échanges. Ça leur permet de se rencontrer et s’entre-aider. »

Ces moments sont d’autant plus importants qu’aujourd’hui on en demande de plus en plus aux artistes. L’explosion des réseaux sociaux, la gestion de leur image, la photographie, le marketing digital sont autant de nouveaux enjeux pour elles et eux. De plus les contrats dans les maisons de disques sont plus compliqués à obtenir puisqu’il y a de plus en plus de nouveaux artistes sur le marché. Il leur faut souvent apprendre à monter une boite, gérer leurs contrats, découvrir la distribution.

Pour aider à toutes ces démarches le Fair dote les émergents d’une somme allant jusqu’à 6000 euros. Cette association à but non lucratif n’a aucune ressource propre, le ministère de la culture les finance en grande partie. Puis d’autres subventions viennent s’ajouter ainsi que du mécénat. Si la pandémie a comme toujours dans la culture laissé sa trace sur les capacités de l’association, elle arrive néanmoins à s’en sortir et ajuster son budget.

Un chemin qui intéresse grandement les artistes. Depuis octobre 2022,850 candidatures y ont été déposées. Une tendance qui pourrait se poursuivre alors qu’un nouvel appel a été lancé. Si vous souhaitez profiter de ce savoir faire, il est déjà possible de postuler. Pour déposer sa candidature, c’est par ici.

Pour découvrir ces artistes qui marqueront sans aucun doute le paysage culturel français, il faudra attendre le concert organisé au Café de la Danse de Paris dont la date sera communiqué en fin de session d’accompagnement.

Découvrez la sélection du Fair début 2023

fair artistes sélectionnés