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Julia Escudero

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La tempête frappera-t-elle aujourd’hui  – ou bien demain ? C’est la question qui se pose à l’ouverture des portes de Solidays en ce samedi 29 juin 2024. Le ciel nuageux menace et la chaleur confère en une électricité palpable qui électrise les festivalier. Demain, le premier tour des élections législatives fera écho à la météo, faisant craindre le pire des cataclysme. En attendant – ou non- que le ciel nous tombe sur la tête, reste à partager les valeurs du festival engagé, en toute solidarité et puis surtout danser, temps qu’on peut encore le faire. Et après nous ? On fera mentir l’adage qui aurait répondu après nous le chaos, parce qu’après nous la lumière.

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Solidays 2024 crédit : Louis Comar

You are my sister

Difficile pour la milieu de la musique de se détacher d’une actualité politique obsédante ces dernières semaines.  Il est évident que sur un festival qui oeuvre depuis 26 ans comme Solidays et qui cherche à faire sa part dans la création d’un monde plus inclusif et bienveillant, l’ombre de la menace ne quitte pas les esprits. Il en est d’ailleurs question dès l’un des premiers concerts de la journée. Petit prodige du new raï, et musicien formé au conservatoire, Danyl  qui se produit sur la scène JDôme lance les hostilité en interprétant un titre contre le RN qu’il a écrit quelques années plus tôt. « Il est malheureusement encore plus d’actualité aujourd’hui » regrette-t-il avant de lancer qu’on « Baise le RN ». Le ton est donné.  De son côté Johnny Jane, sur la scène Domino parle de son ex avec qui il « faisait beaucoup de sexe » en un show coloré et ultra pop. Il n’empêche que ses paroles – centrales dans son oeuvres – viennent à s’égarer du côté de la notion de fin du Monde. Doit-on célébrer l’approche du chaos ? Il faut beaucoup de chaos en soi pour enfanter d’une étoile qui danse disait Nietzche. Ici la phrase fait encore plus sens. La foule lumineuse danse à en perdre la raison, entre avant-scène et pelouses. Le public est déjà devenu une boule géante et unie, un énorme moteur brûlant qui peut gagner tous les combats et même sauver le Monde s’il le décidait. Et puis il fait encore lourd, et les nuages font office de menace lointaine, qu’on aimerait oublier.

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solidays 2024 crédit : LouisComar

L’oublie c’est pourtant ce qu’il ne faut jamais faire. Quelles que puissent être les circonstances. C’est aussi pour ça que l’hommage aux disparu.e.s sur la scène Paris est toujours aussi important. Comme chaque année, elle est l’occasion de se recueillir et de commémorer les victimes du SIDA, de leur redonner un nom et de célébrer leur existence et leur combat. Des patchworks de tissus créés en leur noms sont dépliés et exposés dans la foule. « Le pire des fléau c’est bien encore le rejet de l’autre. » Nous explique côté scène un survivant, membre de l’association du Patchwork des noms. Pour habiller le moment de recueillement, et faire parler l’émotion à travers la musique, le festival a choisi de diffuser en écrasante majorité les compositions de l’immense musicienne qu’est Anohni. Artiste d’une importance capitale, proche de Lou Reed quand il était encore parmi nous, femme trans et militante, elle se produisait justement à la Philharmonie de Paris quelques jours plus tôt. Là, elle portait ses messages avec le coeur. Celle qui  rendait hommage à Marsha P. Johnson ( militante historique des droits LGBT +  et des émeutes de Stonewall, engagée à ACT UP, ) racontait ses combats féministes et la création en 2012 de  la phrase aujourd’hui célèbre : »The future is female ». Elle en profitait également pour parler sans mâcher ses mots d’homophobie mais aussi de l’approche des élections en France. « Vous aussi comme dans mon pays, vous êtes au bord du précipice. » et d’ajouter « Mais vous avez cette force, qu’on a peu aux Etats-Unis de vous battre dans la rue ! Ca vous fait peur ici aussi ? ». Se battre voilà des mots qui résonnent encore plus en ce samedi nuageux, au milieu d’une foule émue, d’une foule qui apprend, partage et écoute. Les noms se succèdent dévoilés tour à tour au micro. Et pour la première fois, un patchwork en l’honneur des personnes trans victimes du SIDA est dévoilé. Lorsque résonnent les notes du titre « You are my sister », chanté en live si près si peu de de jours plus tôt, ses paroles font plus sens que jamais et les deux évènements se fondent en une notion d’unité, de ceux qui transcendent les générations. Ils se répercutent du public très jeune que constitue le festival aujourd’hui à celui plus âgé qui applaudissait chaque mot d’Anohni.

La fête doit reprendre parce que faire la fête est aussi l’une des plus grandes des libertés. Une fête plurielle, sécurisée, une fête pour dire que nous sommes là, que danser c’est aussi lutter. En la matière Anitta, aujourd’hui super-star est un nom qui fait sens. Ce soir, elle se produira deux fois, à Solidays donc, puis dans Paris à l’Elysée Montmartre. S’étant créée un public en un rien de temps elle lance les gros beats de sa brasilian funk, entre danseurs.seuses et beaucoup – énormément -de twerks. L’instant permet de lâcher complètement prise et de s’offrir un bain de foule plus bruyant que le tonnerre. Viendra-t-il changer le ton ?

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Anitta à Solidays 2024 crédit : LouisComar

A l’origine, l’amour

Le Ceasar Circus et sa tante accueillent l’Irlandaise de CMAT pour un show aux mélodies solaires qui retourne toute l’assemblée sur son passage. Un concert qui tape droit au coeur de la rédaction et qu’on vous raconte d’ailleurs en détails dans un article qui lui est entièrement dédié. Et si la pluie devait tomber maintenant ? Eh bien, elle attendra encore un peu.

D’autant plus qu’il faut courir sur la scène Paris où se produit la tête d’affiche de la soirée : Mika. Décidé à créer la set-list parfaite (a-t-on déjà vu meilleure sélection de morceaux ?), le musicien lance les hostilité avec son titre « Origin of Love ». Sur scène, le chanteur surprend par sa sympathie magnifique et son attitude aussi cartoonesque que pouvait laisser l’entendre le titre de son premier né, monument de la pop s’il en est, « Life in Cartoon Motion ».  « Et si la tempête devait arriver ? » harangue-t-il  » On ne lâcherait rien ! ». Pas le temps de souffler, Mika est une tornade. Le souffle court dès le second titre, il faudra danser à s’en rompre le coeur sur « Relax, take it easy ». Sur « Big girl, you are beautiful », la super star s’offre un bain de foule, allant saluer chaque membre de son public. En son sein, ses membres utilisent leurs téléphones et des banderoles pour diffuser des messages d’amour.  Pour le chanteur mais aussi ceux qu’ils aiment. De « Mika, épouse à moi » à des déclarations plus personnelles. Un hommage à Jane Birkin, la première femme à l’avoir aidé et accueilli au début de la gloire vient ponctuer l’instant. Tous les titres emblématiques sont là, « Elle me dit », dont toute l’assistance connait chaque mot mais aussi l’immense plaisir de retrouver l’inoubliable « Happy Ending ». « Little bit of love » chante le choeur, face à beaucoup d’amour. Aurons-nous droit aussi à une fin heureuse ? Ou comme le dit la chanson en serons-nous privé.e.s ? La fin est une notion qui pourrait nécessiter clarification, elle marque aussi un nouveau début et puis ce soir pour reprendre la mélodie « C’est la façon dont on aime comme si c’était pour toujours ». « Grace Kelly » permet à tout le monde d’hurler à pleins poumons, des cris de joie, qu’il est beau d’entendre. Les effets de scènes grandioses sont légions, d’ailleurs un arc-en-ciel géant sort du piano sur lequel l’artiste jouait et vient habiller le moment. Les tubes s’enchaînent. Cet homme n’a-t-il eu que des succès ? « Love Today » vient conclure ce très grand moment de festival, cette leçon de spectacle. Mika invite le public à danser sans regarder la scène mais en se regardant les uns, les autres. La réalisation est sans appel. La musique, c’est la communion. A l’origine était donc l’amour et à la fin, l’amour était partout, un remède assez efficace pour avoir encore un temps éloigné la tempête.

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solidays 2024 crédits: Louis Comar

We will survive

Pour s’apaiser, rendez-vous devant la scène JDôme et le concert d’Isaac Delusion. Sa jolie scénographie fait honneur à l’électro pop des parisiens. Toujours relaxante, particulièrement bien écrite, la discographie du combo défile devant une foule immense qui a autant pris d’assaut les pelouses que l’avant scène. Comme toujours avec le groupe, l’élégance musicale est synonyme de fête. Un démarrage parfait pour une nuit qui n’aura pas de fin.

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Solidays 2024 crédit Louis Comar

C’est finalement pendant que Dabeull lance son set en live band que la pluie qui a tant menacé finit par arriver. Une pluie à grosses gouttes il est vrai, mais loin du gros orage redouté. Sous la tante, les intempéries dehors semblent irréelles, peut-être même anecdotiques. Côté scène,  celui qui a composé aux côté de l’immense Sofiane Pamart n’a rien à envier à sa précision musicale. Sa funk fait mouche et frappe juste, les lettres qui habillent sa scène rappellent un club lounge pointu, et  la musique s’adresse à tous les publics, de l’oreille la plus experte à celles venues danser. Les corps se serrent et se déhanchent. La tante devient une maison loin des gouttes et des angoisses, ceux qui y sont présents en sont autant de pièce. L’abris partagé prend alors tout son sens.

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Solidays 2024 crédit LouisComar

D’ailleurs, voilà déjà les nuages qui s’éloignent alors que la scène Bagatelle est devenu un dancefloor géant pour celles et ceux venus écouter l’électro puissant et déjanté de Brutalism 3000. Encore quelques pas, quelques notes et Solidays nous convie à son dernier temps très fort de la journée.

Solidays 2024 Diplo  crédit Louis Comar
Solidays 2024 Diplo
crédit Louis Comar

Sur la scène Paris, le président du festival compte bien rendre hommage à ses très nombreux.ses bénévoles. Voilà 26 ans que l’évènement existe, rappelle-t-il et partage ses valeurs, ses conférences, il éduque autant qu’il amuse. « On nous avait annoncé la tempête aujourd’hui et elle n’est pas venue ! » scande-t-il avec joie. Sur scène, il présente l’équipe chargée du montage, la remercie pour son travail si difficile et promet demain plus de 200 drones qui devaient être lancés l’an dernier mais dont le décollage fut décalé d’une année en raison de la météo. La preuve que tout finit par arriver. Qu’il n’est de rendez-vous manqué qui ne pourrait avoir lieu. Dans la foule, une jeune-fille perché sur des épaule appelle son ami. Toute la foule autours d’elle se met à l’appeler, répétant en coeur et en boucle le nom de l’être perdu parmi les visages. L’opération sauvetage est un succès, les voilà réunis pour célébrer l’instant ensemble. La preuve encore qu’ensemble on est plus forts. Comme le veut la tradition, le public est convié, après un temps de silence à chanter sur « I will survive »de Gloria Gaynor. C’est amusant pourrait-on penser, qu’un titre qui parle de se relever d’une rupture, de rester forte, soit aujourd’hui celui qui évoque le mieux la victoire. La faute à la coupe de Monde de 98 ? Certainement mais aussi une nouvelle façon de rappeler que se relever veut aussi dire grandir. Après quoi se sera au tour du DJ Diplo de se lancer dans un set électro endiablé qui reprend les plus grands classiques de la musique dont la queen Lana Del Rey (à retrouver à Rock en Seine cette année) mais aussi le trop peu rappelé aux souvenirs « Your love » de The Outfield. « I don’t wanna lose your love tonight » disent les paroles. L’amour, ce soir, on l’aura compris, aura été central. Demain, il unira encore le festival pour la journée. Mais c’est bien lui qui viendra à manquer dans les urnes alors qu’elles donneront une majorité effrayante au RN. Pourtant et si une journée de festival pouvait encore être synonyme d’espoir, elle rappellera à celles et ceux qui ont peur qu’iels ne sont pas seul.e.s. Ensemble toutes les luttes peuvent être gagnées, qu’il s’agisse d’échapper aux pires des politiques, à l’obscurantisme mais aussi de traverser et repousser les tempêtes. Ensemble, il est encore possible de souffler sur les nuages, d’en faire une petite pluie qui passera. Aucun n’homme n’est une île, complet en soit-même, et c’est ça la beauté de ce Monde.


L’actualité est chargée, le monde boue. La politique affole la planète France, épuisée et survoltée, qui passe ses nuits entre angoisses et insomnies se demandant à quoi ressembleront nos vie si  le pire venait au pouvoir (le pire c’est toujours le RN évidemment) … En ce mois de juin, pluvieux, presque hivernal, la grisaille ne nous laisse pas respirer, la planète et le climat rendent les mauvais traitements qu’on leur inflige. Une humidité sans fin s’ajoute à nos angoisses, nos peurs personnelles, nos problématiques. Et tout pourrait faire suffoquer. C’est pourquoi, pour préserver nos santés mentales, entre deux instants de débats et de réflexions, il faut appuyer sur le bouton Stop. Et à la place, appuyer sur Play sur vos plateformes et platines. On pourrait vous conseiller quelques albums politisés mais il faudra surtout prendre le large, et pour ça rien de mieux que ces quelques artistes apaisants à glisser dans vos playlists. On la compose de nouveautés pour en profiter pour faire des découvertes. Inspirez, expirez, soufflez… et allez voter !

La playlist douce pour soigner ses angoisses avant les électionsAngus & Julia Stone – faire un tour à « Cape Forestier »

La fratrie australienne revenait avec son sixième album studio  au mois de mai pour proposer un voyage maritime et intime. L’album permet de voguer en eaux calmes. Calme, quel joli mot. Dès son second titre « Down to the sea », l’album permet une s’échapper à coup de très jolies balades à la construction parfaite. Comme sur des vagues, le duo à l’alliance de voix parfaites, sait créer un rythme naturel dont la beauté ne peut être remise en question. En les découvrant sur scène au Grand Rex le 15 juin dernier, l’évidence venait frapper à nos oreilles : la voix de Julia Stone est de ces trésors qu’on irait déterrer dans les fonds maritimes. Les compères ont été élevés par un père musicien qui avait un groupe de reprises pour mariage , de quoi leur faire croire avant de connaître les grands noms de la musique que papa avait créé des morceaux des Beatles ou encore de Queen ! On pourra en sourire, il n’empêche qu’être biberonné aux classiques permet une discographie de sans faute. Facile d’accès, naturellement belle, cette dernière respire l’osmose entre deux êtres. Cette invitation à voguer, c’est précisément ce qui est aujourd’hui nécessaire. A écouter en boucle.

Leif Vollebekk – une « Revelation » qui fait du bien

Il faudra certes attendre le 27 septembre pour découvrir toutes les « Revelation » – le nom de son nouvel album- que Leif Volbekk a à nous faire. Néanmoins, son premier extrait « Moondog » permet déjà un aperçu bienvenu de la pause que cet opus à la folk parfaite saura nous proposer. L’artiste originaire d’Ottawa qui vit aujourd’hui à Montréal où la scène est d’une densité et d’une pluralité exemplaire rencontrait le succès en 2017 avec son premier album « Twin Solitude ». L’occasion de se replonger dans sa discographie qui sait faire vibrer les guitares acoustiques et évoque comme nul autre l’introspection. Multi-instrumentiste, Leif Vollebekk est l’ami qui vous veut du bien alors que piano, guitare, orgue, harmonica ou encore accordéon viennent peupler les rêveries éveillées de notre hôte à la voix apaisante. Impossible de s’en lasser.

J. Bernardt – souffler « Contigo » (avec toi en espagnol)

Si en France la météo ne nous souri pas, peut-être trouverons-nous quelques rayons de soleil en Espagne. C’est en quelque sorte ce que propose J.Bernardt. La moitié de Balthazar garde en solo son élégance redoutable. S’il y chante en anglais, on y trouve toute la beauté d’un jet teinté de titres épiques. Dramatique dans son approche ? Possible mais surtout une production renversante, une capacité à créer un album à l’harmonie parfaite. Les titres savent prendre leur temps alors que les notes sont placées avec une précision quasi mathématique. Chez Balthazar tout n’est que luxe et beauté sans jamais se rendre inaccessible. On retrouve la même capacité à créer chez J. Bernardt, les couleur chaudes sont présentes, nos têtes envahies d’un bain de lumière et du sentiment que le chaos ne saura jamais nous atteindre. Un album d’utilité publique donc.

Villagers – en attendant « That Golden time »

Pourrait-on seulement un jour dire suffisamment de bien de la musique de Villagers ? Probablement jamais, teintée de velours, elle a la légèreté des ailes de papillon qui habillent la pochette de son opus « That Golden Time » paru le 10 mai dernier. Quelques jours avant la sortie de son opus, il dévoilait le titre « I Want what I don’t need ». Un morceau qu’il expliquait : « Il aborde de façon tragicomique le concept du libre arbitre, de l’humilité intellectuelle et de la marchandisation des choses sacrées. » Il en profite pour remettre en question l’idée souvent portée par Internet que nous avons besoin de la validation d’autrui pour faire nos choix.Un concept qui colle plutôt à l’actualité vous en conviendrez. Sa liberté, Conor O’Brien de son vrai nom,  l’applique tout particulièrement dans cet opus réalisé en solo. Au lieu de simplement vous parler du sous-texte de l’album, il serait encore mieux de vous proposer de mettre l’album, fermer vos yeux et de vous laisser porter par la douceur d’une voix et des arrangements qui touchent droit au cœur, doucement, un battement à la fois.

King Krule – Dire au monde « SHHHHHH! »

Enfin une belle surprise ! King Krule revient le 20 juin avec un EP inattendu intitulé « SHHHHHH! ».  Une sortie qui suit d’un an son dernier album « Space Heavy ». Bien sûr, les 4 titres qui le composent sont bien plus costauds et obscures que les précédents artistes qui peuplent cette playlist où le calme règne en maître. Pour autant, la capacité créative du musicien et son efficacité à se renouveler invitent à un monde complexe qui transporte immédiatement vos pensées. On y retrouve quatre morceaux prisés des fans et jusqu’alors très difficiles à trouver puisque uniquement disponibles sur flexi-discs vendus en édition limités sur la tournée « SHHHHHH! » datant de 2023. Un cadeau donc, sauvage et puissant qui met en lumière la redoutable efficacité de King Krule en matière de compositions. « Whaleshark » sera le moment de douceur attendu avec son rythme ralenti qui permet à la voix grave et inimitable de notre hôte de prendre toute son ampleur. La sortie inattendue dont nous avions besoin pour faire le plein d’ondes positives avant de suivre à nouveau l’actualité.

Fink – Pour trouver un peu de « Beauty in your wake »

Il faudra attendre le 7 juillet pour que Fink nous offre un peu de beauté au réveil. En espérant pouvoir en dire autant le 8 juillet. Pour autant les premiers extraits dévoilés appellent déjà à l’apaisement le plus total. Sur l’album et dès le premier titre « What would you call yourself » on retrouve la grâce créatrice que l’on adore chez Sufjan Stevens et autre José Gonzales. Fin Greenal de son nom complet démarre sa carrière en 1997, sans surprise chez un label synonyme d’excellence : Ninja Tunes. Ses premiers pas se font dans le monde de l’électro avant de devenir folk alternative en trio cette fois, au milieu des années 2000. Cinéma et séries télévisées s’arrachent alors leur titres pour habiller leurs univers ( on les entend notamment dans The Walking Dead ou encore True Detective). Et puis viennent les collaborations : il écrit pour Amy Winehouse, Ben Howard, John Legend … Avec un tel pedigrees, on ne pouvait qu’attendre le meilleur : une folk à pas de velours, douce comme un réveil bercé de soleil qui efface les restes du cauchemar de la nuit. En espérant que le monde prendra bientôt exemple sur cet opus, on peut l’écouter en boucle et laisser un peu de soleil envahir nos esprits embrumés.


L’Ecosse à ses classiques ! Le Monstre du Loch Ness, le haggis, les pubs et surtout Belle and Sebastian ! Le groupe culte de la scène pop rock nous rendait visite à la Salle Pleyel le 28 mai 2024 pour un moment aussi chaleureux qu’émouvant sous forme de fête populaire.  Un concert charmant face une famille de fans dévouée qu’on vous raconte.

Belle and Sebastian – Salle Pleyel Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

What happened to you, folks ?

Ce soir, la Salle Pleyel est emplie de carreaux écossais. Les jupes et kilts sont légion et la question se pose clairement, comment suis-je passée à côté du dress code ? Il faut dire que la bande de Belle and Sebastian sait accueillir son public dans espace si plaisant qu’il est aisé de vouloir faire partie de cette grande famille. La bienveillance écossaise très certainement. La météo a elle aussi décidé d’épouser le thème en laissant couler des litres d’eau toute la journée. Pourtant une fois devant la salle du quartier huppé parisien, le soleil a repris sa place, de quoi faire un heureux clin d’oeil au titre « Another Sunny Day » qui sera interprété plus tard dans la soirée. Sa douceur colle à merveille à l’univers musical de la formation que nous sommes venu applaudir. Groupe prolifique s’il en est, il publiait le titre « What happened to you, son ? » au mois d’avril 2024 alors que l’année 2023 était le berceau de non pas un mais deux nouveaux albums. Autant de bonnes raisons de venir prendre des nouvelles de son public de Paris, Lyon, Bordeaux Nîmes sur les « beaux » jours.

Belle and Sebastian – Salle Pleyel Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

A l’intérieur de la salle, une micro fosse permet à celles et ceux qui veulent être au plus près de profiter d’un concert debout. Les étages eux, plein à craquer, se voient emplir de visages et d’yeux qui pétillent. Stuart Murdoch prend place au centre de la scène, avec à ses côtés son comparse de toujours Stevie Jackson. Le trait du concert se dessine dès ses premières notes sur « The State I am In », puis  sur les morceaux qui le suivent. Le dernier né donc « What happened to you, son ? »  et « So in the Moment » en l’occurence.  Trois titres c’est habituellement le temps qui est donné aux photographes professionnels  pour prendre leurs clichés mais c’est aussi le temps que prennent les musiciens pour mettre tout le monde dans le bain.  Et celui-ci est à la parfaite température. La pop de Belle and Sebastien est douce, lumineuse, elle est une amie dévouée qui reste toujours à vos côtés. Elle n’a rien d’extravagant, elle est bien faite, humble, toujours plaisante. Chaque adjectif qui qualifie la musique du groupe qui officie depuis 1996 est également une façon de raconter leur concert. Chaque minute fait écho à une bonne humeur contagieuse sans artifice, un repas entre amis en somme. Les accords viennent assaisonner les morceaux qui sont des plats. Les musiciens, nombreux, donnent tous les moyens pour passer le meilleur des moments, si convivial qu’on en oublie les efforts déployés.

Belle and Sebastian – Salle Pleyel Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Piazza, Paris Catcher

Il parait loin le pub lorsque l’on observe la salle parisienne sculptée pour les concert de musique classique, dont l’élégance est évidente. Sa beauté pourrait apeurer. Il n’en est rien. Le pub et son atmosphère légère ont eu raison de l’architecture de l’espace, prenant place à travers les notes.  Nos hôtes ce soir sont particulièrement bavards et les échanges sont nombreux. De ceux qui amusent l’assistance aux demandes de morceaux et discussions avec le premier rang, ils ponctuent une set list pourtant dense. Finalement, le groupe qui doit son nom à l’histoire de Cécile Aubry est à l’exacte hauteur de ce que l’on attend de lui. Le son est parfait, le visage de Sarah Martin, l’incroyable multi-instrumentiste et vocaliste du groupe rayonne sur scène derrière  ses jolies sourires. Au cours de ce moment de conversations, on apprendra d’ailleurs que Belle and Sebastian avait tenté de postuler à l’Eurovision mais s’est vu refuser. « L’Ecosse ce n’est pas pas un pays! » s’amuse Stuart Murdoch pour qui la victoire aurait été une évidence. Dans la set list peu après « Reclaim the Night », on découvre avec une immense joie la magnifique « Piazza, New York Catcher ». Titre emblématique de Belle and Sebastien, il prend une sonorité complètement différente, plus brute et moins pop aérienne en live. Les paroles sont chantées par le public en coeur alors que la fosse se compresse. Point de pogos, point de slams, ici tout se fait avec douceur. A l’image du groupe, son public prend soin des siens, se place en faisant attention aux autres, se sourit facilement.

La Salle Pleyel sous la neige

Les titres s’enchainent. « Reclaime the night », « Dress Up in you » (issu de « The Life Pursuit »), « Funny little frog » permettent de piocher dans la carrière du groupe. Toujours dans une optique de communion, la formation demande à son public de choisir le prochain morceau. C’est finalement « My Wanderin days are over » qui remporte les élections improvisées. Et pour celles et ceux aux premier rang qui demande « The Fox in the snow » ? Pas d’inquiétudes, il arrive bientôt. « Sleep the clock around » sert de conclusion avant le rappel. Et puis chose promise, chose due notre renard montre le bout de sa queue. Les écrans servent quant à eux à faire entrer de la neige dans la salle Pleyel. Le moment est aussi magique qu’un matin de noël. Après tout, quel meilleur cadeau qu’un morceau ? Et comme à noël, l’important c’est aussi de se réunir. Alors pour que la soirée se termine en beauté, les fans sont invités à monter sur scène où ils dansent volontiers. Chacun.e suit les pas qui l’inspire, se laisse aller. On ne juge pas en famille.

Belle and Sebastian – Salle Pleyel Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Il restera deux titres avant de se dire au revoir. »The Blues are still blue » vient à clôturer ce moment suspendu. Dehors, la pluie a laissé place à une douceur que l’on inspire à plein poumon. Finalement les écossais auront apporté le soleil et le neige dans leurs valises. Rien de plus logique, Belle and Sebastian signent la bande originale de nos vies, que l’on a plaisir à écouter saison après saison.

Belle and Sebastian – Salle Pleyel Paris 2024 – Crédit photo : Louis Comar

Samson, vous l’avez peut-être suivi dans ses précédentes aventures. Il était le chanteur de Bolides et de Ruby Cube. Aujourd’hui, le voilà qui décide de voler en solo et de faire ses grands débuts à travers un tout premier titre, « L’oiseau bleu » qu’il sort sur le label S76. Découverte au milieu d’un nid de pop bien dosée !

Samson © Chloé Polkinghorne
Samson © Chloé Polkinghorne

Ce tout premier titre se construit comme un point qui relierait le passé et le futur. Clairement pop, emblème de la chanson française d’une époque, il n’hésite pourtant pas à y apposer sa dose de modernisme. Si on pense à de nombreux très gros noms de la scène actuelle, il tire son épingle du jeu sans jamais copier. On y retrouve l’énergie de l’Impératrice, la touche rétro-futuriste de Voyou, la candeur de Christophe, l’intemporalité de Piaf, l’émotion de Barbara et les paillettes de Dalida. Tout un programme donc.

En outre d’une mélodie aussi entêtante qu’entraînante, les paroles du titres sont centrales pour mieux l’appréhender.   Il est inspiré par le poème « Blue Bird » de Charles Bukowski paru en 1992 dans le recueil « The Last night of the earth poems » où il dépeint avec la plume sans concession qu’on lui connait l’histoire d’un homme fier qui veut à tout prix cacher l’oiseau qui est en lui. La peur de montrer ses émotions prend ainsi le dessus. Une belle façon de parler de la masculinité telle qu’imposée par la société pour Samson.

C’est dans son histoire familiale que le musicien tire son inspiration. Bercé par Brel, Dalida, Barbara puis à l’adolescence par les Beatles et David Bowie, il puise son inspiration dans ses peines mais surtout la quête de son rêve, devenir une icône de la pop.

Un projet qu’il avait également mis en place l’an dernier aux côtés de Kevin Heartbeats sur le titre  » Eté Amer » également publié sur S76.

En attendant de l’accompagner dans ses songes, on peut déjà écouter son tout dernier né.

Découvrez le clip de « L’oiseau bleu » de Samson