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Julia Escudero

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Adrien Comar, journaliste

1. La Zone d’Intérêt – Jonathan Glazer

Pour une fois que l’histoire n’est pas qu’un prétexte hollywoodien. Glazer est glaçant, méticuleux et provocant. Il questionne notre rapport à la Shoah dans cette séquence conclusive tétanisante et est l’un des rares (le seul ?) qui ne réduit pas cette immondice historique à un prétexte scénaristique émouvant. Bluffant.

2. The Substance – Coralie Fargeat 
3. Terrifier 3 – Damien Leone

 

Léonard Pottier, journaliste & community manager

1. Dahomey – Mati Diop

Documentaire à la forme inédite et passionnante.
Mati Diop filme le retour de trésors royaux du Bénin dans leur pays d’origine, jusque-là gardés par la France dont l’esprit colonialiste survit toujours. La caméra s’immisce partout sans prendre de place : dans les box de transport des œuvres, dans l’avion vers le bénin, au sein d’un colloque organisé dans une université béninoise où s’affrontent plusieurs pensées sur le sujet à partir d’une interrogation : le rapatriement de ses œuvres (26 sur des centaines existantes) est-elle réellement une avancée ou simplement un mirage ?
En parallèle, la réalisatrice prend l’ingénieuse liberté de faire parler un de ses trésors rapatriés, le 26e, pour faire passer un propos éminemment politique. Brillant et passionnant.

2. Emilia Pérez – Jacques Audiard
3. La Zone d’Intérêt –
Jonathan Glazer

 

Louis Comar, photographe

1. Terrifier 3 – Damien Leone
2. Le Comte de Monte-Cristo – Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
3. Juré numéro 2 – Clint Eastwood

 

Pénélope Bonneau Rouis, journaliste & photographe

1. Heretic – Scott Beck, Bryan Woods
Malgré ses petites faiblesses, Heretic reste est un film ambitieux et oppressant où
on retrouve Hugh Grant comme on ne l’a jamais vu. Loin de ses rôles de
romantique empoté de Quatre Mariages et un Enterrement ou Notting Hill,
Heretic s’impose comme le film d'horreur psychologique le plus terrifiant de l’année
: un mec qui disserte sur Radiohead avec un mansplain sur la religion en prime.
Une terreur universelle… surtout pour les femmes.

2. All of us Strangers [Sans jamais nous connaitre] – Andrew Haigh 
3. Poor Things – Yórgos Lánthimos

 

Alexandre Bertrand, journaliste

1. All of us Strangers [Sans jamais nous connaitre] – Andrew Haigh 
Alors qu’Adam, scénariste de son état, vit dans une grande tour londonienne presque vide, il apprend à connaitre son mystérieux nouveau voisin et se met à vouloir retourner de plus en plus fréquemment dans la maison de son enfance… Abordant tout autant les thématiques de la création, du long cheminement qu’est le deuil, de l’évolution de la perception de l’homosexualité dans la société ou bien encore tout simplement de l’amour qu’il soit filial ou romantique, All of us strangers a en lui la douceur des situations que l’on aimerait éprouver mêlé à l’amertume de celles que l’on ne connaitra plus. Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell et Claire Foy y sont excellents. Le film est proprement bouleversant. Vous n’écouterez plus jamais The Power of Love de Frankie goes to Hollywood de la même façon. D’une beauté mélancolique imparable.
2. May December – Todd Haynes
Une actrice (Natalie Portman) passe quelques temps au contact d’une femme plus âgée (Julianne Moore) qui avait défrayée la chronique vingt ans plus tôt lors d’un scandale de détournement de mineur et qu’elle doit incarner. Aujourd’hui, mariée avec le jeune en question (Robert Melton), cette femme voit l’arrivée de cette actrice comme un élément perturbateur de l’environnement qui est le sien. D’une ambiguïté rare, chaque scène ou presque de May December a pour elle d’être d’une intensité folle où les émotions qu’elles soient exprimées ou refoulées jaillissent à l’écran d’un film bénéficiant d’une interprétation d’excellente qualité que ce soit Portman, Moore mais aussi Robert Melton qui a fait du chemin depuis Riverdale. Jeux d’emprise se succèdent entre cette actrice cherchant à vampiriser chaque détail pour la composition de son futur rôle , cette mère de famille qui se cache derrière une façade se lezardant de plus en plus et enfin ce père encore subtilement infantilisé qui doit se débattre avec une situation qu’il prendra du temps avant de pleinement l’appréhender.

3. Immaculée – Michael Mohan

Sydney Sweeney est objectifiée de manière presque anachronique pour 2024 par la grande machine hollywoodienne. Au delà du petit film de série B lorgnant du côté de la nunsploitation passé relativement inaperçu cette année, l’actrice américaine, également productrice du métrage, en profite pour en faire une œuvre méta dans laquelle une jeune nonne, nouvellement arrivée dans un couvent bien loin de chez elle, se sent de plus en plus être au centre d’une attention morbide et commence à se poser des questions. La toute fin de ce qui n’est qu’une œuvre relativement mineure dans cette année de cinéma vaut à elle seule cette place dans le classement, tant elle semble d’une audace folle pour un film en provenance d’une Amérique de nouveau trumpienne. Sydney Sweeney est objectifiée ? Elle le sait très bien. Et elle a un message à faire passer.

Théophile Le Maitre, vidéaste et photographe

1. The Substance – Coralie Fargeat 

Dans The substance, la réalisatrice française Coralie Fargeat parvient à emmener le body horror dans une nouvelle dimension, bien plus loin que ce qui avait pu se faire auparavant dans le même genre. Plus subversif et viscéral que Titane de Julia Ducournau.

The substance est un bijou de démesure et de liberté. C’est un film qui choque par sa décomplexion totale mais jamais par gratuité, porté par un récit cohérent d’une efficacité redoutable. Ça faisait longtemps qu’un film ne nous avait pas autant remué.

2. The Zone of Interest – Jonathan Glazer 
3. The Sweet East – Sean Price Williams

 

Julia Escudero, rédactrice en chef

1. Long Legs – Oz Perkins

Une première scène, aussi glacée que glaçante et nous voilà pleinement plongé.es dans le métrage d’Oz Perkins. Fan de cinéma de genre, notre hôte n’a de cesse de lui faire des clins d’œil amenés avec raffinement. Pour autant, Long Legs n’est jamais une pâle copie de ce qui a été fait auparavant. Au contraire, ce film d’ambiance, plus qu’efficace, renouvelle le courant, lui offrant un souffle bienvenue. Nicolas Cage y est terrorisant et méconnaissable. Chaque scène gère une tension au couteau et promet des prouesses de réalisation. On s’y surprend à applaudir mentalement chaque seconde alors même qu’on aurait envie de prendre nos jambes à notre cou. Impossible de ne pas en demander plus alors que le mal absolu y est parfaitement personnifié. Perkins dévoilera « Le Singe », son prochain essaie en février 2025, et il y a fort à parier qu’il fera de nouveau partie de ce top.

2. Poor Things – Yórgos Lánthimos 
3. Terrifier 3 – Damien Leone

ALBUMS 2025A peine commencée, l’année 2025 promet son lot de très bons albums. Les plus grosses sorties sont d’ores et déjà attendues pour la première partie de l’année qui sera très riche ! Rock, pop, électro vont s’y déployer et promettent de grands moments de musique. Petit tour des sorties qui font déjà rêver la redac de Pop&Shot !

Lady Gaga – LG7

Lady Gaga LG7
LADY GAGA par BEM PARANA

L’attente touche bientôt à sa fin ! L’iconique Lady Gaga tease depuis de nombreux mois son retour dans les bacs avec l’un des albums les plus attendus de 2025. Intitulé « LG7 », il promet d’être « profondément chaotique » si l’on en croit les premiers mots qui ont été révélés à son sujet. Après un opus, « Harleyquin » servi pour accompagner la B.O de « Joker: folies à 2 »,  ce nouveau jet devrait être encore plus fascinant. Un premier extrait, « Disease » n’a fait que renforcer l’attente. En effet, on y découvrait une petite bombe déjà culte sous forme de retour aux sources, proche de ses débuts et de l’immense « The Fame ». Reste à espérer un album complet dans cette lignée, efficace, résolument pop, sombre et bien écrit. Réponse au mois de février.

Franz Ferdinand – The Human Fear

FRANZ FERDINAND THE HUMAN FEARIl ne faudra pas attendre longtemps pour écouter la nouvelle pépite des toujours très créatifs Franz Ferdinand. « The Human Fear ». Il sera en effet dévoilé au grand public le 10 janvier. Composé de 11 morceaux, il promet de s’inscrire dans la lignée transgressive du groupe écossais qui faisait ses débuts en organisant des soirées clandestines dans des bâtiments abandonnés de Glasgow. Les premiers extraits que l’on a pu en écouté sont autant de preuve que le groupe a su garder son énergie rock ultra mélodique et y apposer une légère touche pop qui fait toujours mouche. Il serait surtout impensable de ne pas mentionner l’incroyable puissance du timbre d’Alex Kapranos. Le lead singer ne perd jamais de ses capacités et de son timbre aussi rauque que séduisant.  Boule d’énergie inépuisable, rock aussi pointu qu’accessible, la recette Franz Ferdinand fera forcément mouche et aura sa place parmi les meilleurs albums de 2025. « La peur te rappelle que tu es vivant. » expliquait le chanteur pour justifier son titre. La musique, encore plus.

Everything is recorded – Temporary

Everthing is recorded TemporaryLe 28 février est une date à noter d’urgence dans son agenda. Ce jour-là sortira le projet collaboratif le plus hallucinant de l’année. Une pure merveille créée à l’initiative de Richard Russell, producteur, DJ et fondateur d’XL Recordings. Temporary est la troisième création de ce type à l’initiative du producteur. Il faut avouer qu’il a su réunir le casting idéal autour de lui : Florence Welch, Sampha, Bill Callahan, Jah Wobble, Kamasi Washington, Nourished by Time, Alabaster DePlume et Noah Cyrus. On peut quand même souligner qu’avec les noms Florence Welch et Bill Callahan au générique la perfection était assurée. L’album a pour thématique le deuil, questionne sur la mort et les liens qui nous unissent. Concrètement on y passe de la folk  , à la soul puis à l’éléctro  avec une précision de compositions subjuguante.  Noirceur et luminosité s’y croisent à travers des titres hybrides, intemporels et modernes aussi différents les uns des autres que cohérents. Pour avoir eu la chance de l’écouter en avance, on tient déjà très certainement l’un des meilleurs albums de l’année.

Lana Del Rey – The Right Person Will Stay

Lana Del Rey The Right Person Will StayIl aura fallu s’armer de patience. La nouvelle merveille de Lana del Rey – et ça devrait en être une puisque sa discographie avoisine le sans faute et que son dernier opus était l’incarnation de la beauté que ce soit dit – devait pointer le bout de son nez au mois de septembre 2024. Finalement le grand moment a été retardé au mois de mai 2025. Il devait originellement s’intituler  Lasso et était promis comme un album plus country que ses prédécesseurs. Il faut dire que le genre a repris une certaine cote ces dernières années, personne n’ayant par ailleurs oublié le dernier album de Beyoncé, le fameux Cowboy Carter. Mais Queen Lana restant fidèle à elle-même elle a finalement choisi de le créer dans la continuité de Did you know there is a tunnel under Ocean Blvd. Une excellente nouvelle puisque, encore une fois, cet album était un chef d’œuvre de composition. D’ailleurs à la production on retrouve Jack Antonoff et Drew Erickso qui l’accompagnaient déjà sur ce dernier. Lana del Rey promet une ode à son nouveau mari et quand on connait ses prouesses pour chanter l’amour, la moi de mai n’arrivera jamais assez vite.

The Murder Capital – Blindness

The Murder Capital BlindnessL’Irlande est-elle devenue le centre du Monde en matière de rock ? La tornade Fontaine D.C a ainsi tout emporter sur son passage, faisant de son Romance l’un des albums les plus encensés de l’année 20024. Plus confidentiel, The Murder Capital n’a pourtant pas à rougir face au groupe de Grian Chatten. Un premier album When I Have Fears frôlait ainsi la perfection en matière de post punk. Plus difficile d’accès son second bébé Gigi’s recovery marquait par ses qualités de composition. Qu’attendre alors de son troisième prévu pour le mois de février 2025 ? Deux premiers extraits viennent donner des indices. Words lost Meaning est plus rock que post punk et profite d’une trame assez simple, bien plus lumineuse que leurs débuts.  Un tournant dans la création ? Matière à s’inquiéter ?  Suspens. Toujours est-il que Can’t Pretend to know, lui, est bien plus énervé et donne au groupe un cheminement proche de celui, justement, de Fontaines D.C. La suite ? Réponse très bientôt.

Squid – Cowards

Squid CowardsFévrier sera donc le mois du rock en cette année 2025. Squid en profitera pour dévoiler son nouveau né, Cowards. Deux ans après O’Monolith les énervés du post punk expérimental remettent le couvert. Cette fois, la formation de Brighton promet de parler de la frontière qui sépare le bien et le mal. L’occasion de sortir des titres profondément sombres ? Très certainement si l’on en juge par Crispy skin, premier extrait paru, sa structure atypique et son riff central aussi angoissant que jusqu’au-boutiste. Le titre s’offre une structure désossée et surprenante, montagne russe musicale à la composition précise et surprenante. On en redemande, et en quantité ! Pour se faire une grosse plâtrée de Squid, il faudra attendre le 7 février et écouter en boucle les 9 titres qui composeront cette sortie très attendue, déjà par nous !

Sam Fender – People watching

People Watching Sam FenderRock toujours, mais changement d’ambiance quand même. Cette fois-ci c’est le 21 février que nos oreilles accueilleront avec le plus grand des plaisirs le très attendu nouvel opus de Sam Fender  People Watching. De celui-ci on sait déjà qu’il a été enregistré avec Marcus Dravs et Adam Grancuciel (The War On Drugs). Ce qui présage de belles choses. Ce troisième album a été écrit au court des trois dernières années et enregistré entre Londres et Los Angeles. A en juger par le premier extrait de l’album, également intitulé People watching, il faut s’attendre à un opus entrainant et très accrocheur qui comme toujours avec Sam Fender, a le sens du refrain. Un pure produit dans la lignée de ce que le compositeur anglais sait offrir de meilleur, d’une efficacité toujours redoutable.

 Frànçois & The Atlas Mountains – Âge fleuve

Frànçois & The Atlas Mountains Âge fleuveUn peu de français dans cette sélection et l’un des compositeurs les plus créatifs de notre pays ! Comme toujours, le nouvel album de  Frànçois & The Atlas Mountains promet d’être un moment sensible et lumineux. Il sera publié le 31 janvier et regorge en plus de très belles collaborations parmi lesquelles Thomas de Pourquery, Malik Djoudi et Rozi Plain. Voilà qui ne peut que promettre le meilleur ! Frànçois, sa voix unique et son univers imagé continue de se plonger dans le doux pays des songes. Des rythmiques souls, dansantes viennent faire pulser le cœur poétique d’un album à la pop sophistiquée. Dix titres peuplent ce voyages enivrant. Le dernier jour du premier mois de l’année sera l’occasion de faire ses valises en musique et de suivre aveuglément les tribulations musicales auxquelles nous convie le musicien. De quoi rompre avec la grisaille de l’hiver.

Sharon Van Etten & The Attachment Theory

Sharon Van Etten & The Attachment TheoryIl n’y a pas de secret, Sharon Van Etten est une éternelle valeur sure. La voilà donc qui sera enfin de retour le 7 février avec un album et on est déjà certain.es qui ne pourra qu’être excellent ! La musicienne sublime toujours l’indie, jouant d’un rock romantique sur la pointe des pieds. D’ailleurs si l’on en croit Pitchfork, le premier extrait de ce nouveau jet jouait dans la cour du romantico-gothique. Intitulé « Afterlife », le titre enivrant à une note d’intemporalité en lui. Sa progression obscure prend immédiatement aux tripes. Mais encore une fois, comment na pas être toujours conquis.e par la puissante capacité de création de Sharon Van Etten ? L’année 2025 sera d’ailleurs une excellente année pour les fans de la musicienne et de son groupe puisqu’ils s’offriront un Trianon de Paris le 6 mars. Une date à réserver d’urgence.

BDRMM – Microtonic

BDRMM Microtonic« John on the ceiling », le premier single dévoilé du nouveau BDRMM promet déjà de l’excellence ! Et de l’excellence seulement. Le rock et l’électro s’y croisent en de belles boucles de sonorités, tout juste obsédantes. Voilà que depuis leur dernier album le groupe a tourné avec Daniel Avery et a pris l’excellente décision d’incorporer de la dance à sa texture habituellement rock. Le résultat est carrément bluffant. On retrouve également Alex Greaves aux crédits comme depuis leurs débuts, comme une promesse de garder ce qui fait son âme. Pour autant la formation de Hull semble décidée à prendre un nouveau départ. L’atmosphérique y prend une place de choix et permet à BDRMM de s’affranchir de toute frontière du genre. Il faudra attendre le 28 février pour mieux cerner ce tournant et le 29 mars pour profiter de leur concert au Trabendo.


Difficile aujourd’hui de passer à côté du phénomène Barbara Pravi. La chanteuse à la voix de cristale, mystifiée par l’Eurovision a plus d’une corde à son arc. Le 6 septembre, elle sortait un album inspiré – entre autre – par son héritage familial intitulé « La Pieva », ode émotionnelle à fleur de peau, hommage à son passé où les paroles poétiques trônent en leur centre. L’opus pensé pour le live lui permet de toucher un large public qui s’identifie à sa personnalité entière. C’est d’ailleurs cette même entièreté qui habitera notre conversation toute l’interview du long. Si on a pris le temps de parler de musique, d’inspiration et de son tournage avec Claude Lelouche, notre échange s’est rapidement politisé. Deux femmes qui parlent comme elle aime à le rappeler c’est politique ! Nos deux voix se sont ainsi mêlées pour parler journée international du droit des femmes, droit à l’avortement, condition des femmes en Iran, seconde guerre mondial et engagements. Un échange riche, à lire.

Barbara Pravi interview
Barbara Pravi interview

Pop&Shot : Bonjour, comment vas-tu  ?  Ta journée commence bien ?

Barbara Pravi : Très bien merci !

Pop&Shot : J’avais hâte de te rencontrer pour parler de ton dernier album « La Pieva ». Une réussite qui amène à beaucoup de questions. A la base c’était une histoire d’héritage familiale, c’est ça ?

Barbara Pravi : A la base oui. Je savais pas par où commencer quand j’ai commencé à écrire et je suis allée dans mes racines serbes, du côté de mon grand-père. Après ça ne parle pas que d’héritage, c’est un album qui est beaucoup plus complet et complexe mais c’était le point de départ.

P&S : Une de tes arrière, arrière grand-mère était chanteuse, tu penses que ça t’a destinée à la musique ?

Barbara Pravi : On parle d’une gitane dans les années 1700 donc je sais pas si on peut se projeter et dire que ça me destinait à une carrière dans la musique. Par contre, ce qui est sûr c’est qu’il y a un lien. Il y a quelque chose dans mes veines de presque un peu mystique dans l’endroit de la transmission, de la femme, de la voix.

C’est pas des blagues la musique. C’est à la fois très léger et très lourd.

P&S  : Il y a une forme de nostalgie dans la manière dont tu composes. On retrouve dans tes compositions la façon de travailler le texte qu’on avait dans la chanson française à sa grande époque. Pourquoi cette importance des paroles ?

Barbara Pravi :  Je crois qu’une bonne chanson, ça traverse les âges. Hier j’étais avec un auteur qui travaillait pour plein d’artistes notamment Johnny et il me racontait que Johnny lui avait dit ‘Applique toi parce que moi ta chanson je la chanterai encore dans 30 ans’. C’est vrai. Tu peux pas laisser sur le côté les mots… C’est pas des blagues la musique. C’est à la fois très léger et très lourd. Et je pense que les mots traversent les temps. A l’époque ils savaient écrire des chansons sublimes, on est peut-être un peu plus lazy aujourd’hui, évidemment pas tout le monde. Mais on laisse peut-être plus de place à des textes plus lazy, américanisés en fait. Avec moins de mots, plus de sons que de sens. Moi je fais plutôt partie de la team Bescherelle prof de français.

P&S  : Tu te racontes beaucoup en musique. Comment ça fonctionne pour toi ? Est-ce que parfois rechanter une ancienne chanson va faire revenir des souvenirs douloureux ? Au contraire est-ce thérapeutique pour toi ?

Barbara Pravi  : Les deux. C’est toujours plus thérapeutique qu’autre chose. Après c’est le travail d’interprète. A chaque fois que je chante le Mal Amour, ça ré-ouvre un imaginaire vécu avec des sons, des odeurs, des images que je vois devant les yeux. C’est ce qui me permet de chanter mes chanson avec toujours une émotion juste.

Même dans les larmes, même dans la catharsis, ce que le public me renvoie, c’est l’amour

P&S : Tu es artiste de live. Est-ce difficile pour toi de te dévoiler face à un public ?

Barbara Pravi  : Quand t’es sur scène t’as une empathie générale mais elle n’est pas dirigée, donc moi je donne ce que j’ai à donner et je reçois en retour une grande boule d’énergie. Du coup je ne suis pas impactée par le ressenti de chaque personne, je le suis par le groupe. L’énergie d’un groupe pendant mes concerts, c’est surtout de l’amour. Même dans les larmes, même dans la catharsis, ce que le public me renvoie, c’est l’amour, les merci. Je suis envahie par cette énergie.

P&S : Parmi les messages que tu portes et qui te tiennent à coeur, il y a le féminisme. Tous les 8 mars, tu fais quelque chose de particulier pour cette journée. L’année dernière, tu avais traduit ton texte en français et arabe. Comment est née cette tradition ?

Barbara Pravi  : Ca a commencé quand j’avais fait une ré-écriture de « Kid » d’Eddy de Pretto il y a 8 ans je crois et j’avais choisi cette date parce que c’était la journée internationale du droit des femmes et les année qui ont suivi je me suis rendue compte que c’était devenu un rendez-vous pour le public et pour moi avec le public. D’ailleurs à cette période là je sais plus ou moins ce que je vais faire en mars et là je sais pas encore. Ca me vient toujours, chaque 8 mars, quelque chose vient. C’est devenu un rituel et j’aime beaucoup les rituels. On a tous et toutes des vies un peu zinzin et c’est important d’avoir des petites maisons, des points d’encrage. Le 8 mars c’est un dialogue pour moi avec le public et mon féminisme. Et quand je regarde, je me rends compte de l’évolution qu’a eu ma pensée et c’est comme des photos.

Je crois que c’est pas n’importe quoi de faire un enfant. Ça doit partir d’un désir profond et si ce n’est pas le cas je souhaite qu’on puisse avorter.

P&S : L’année dernière, le 8 mars était particulier, puisqu’il y a eu l’entrée du droit à l’avortement dans la constitution, c’est un sujet dont tu as parlé en musique. Qu’est ce que tu penses que cette inscription dans la constitution va changer pour les générations futures ?

Barbara Pravi  : Il n’y aura pas de débat autour de l’avortement. Moi j’aurai aimé grandir en sachant déjà que faire l’amour avec quelqu’un déjà tu avais pas besoin de te marier avec et que c’était pas grave, que ça permet de se découvrir, de découvrir son corps. C’est hyper important de découvrir sa sexualité quelle qu’elle soit. Il faut passer par la découverte de son corps et par la découverte du corps de l’autre et ce sont les religions qui ont fait en sorte de salir ce don de soit, de l’autre, d’approche de l’autre. Mais c’est beau de faire l’amour avec quelqu’un, quel que soit le quelqu’un. Et j’aurai aimé qu’on me dise que quelque fois ça arrive de tomber enceinte et de pas le choisir et que c’est important de désacraliser ça. Je parlais il y a peu avec un garçon qui a été élevé dans la religion catholique hyper poussée. Il me disait « moi si la nana avec laquelle j’étais tombait enceinte, ok elle avorterait si elle a envie mais moi ça me ferait chier ». Bha putain ça m’a énervée qu’il dise ça ! J’avais envie de prendre sa tête et de lui éclater contre le sol ! Je voulais lui dire « frère t’as 23 ans, t’es en 2024, tu peux pas dire un truc pareil ». Je trouve ça grave qu’il le pense. On devrait toutes et tous faire ce qu’on veut avec notre corps avec comment on est, comment on se sent. Moi j’ai 31 ans aujourd’hui et si je tombais enceinte, je sais pas si je le garderai. J’aimerai vivre dans un Monde où je fais un enfant parce que c’est avec quelqu’un que j’aime, parce que je l’ai choisi, parce que j’ai les moyens de l’accueillir. Parfois c’est un choix parce qu’on ne pourra pas subvenir à ses besoins. Je crois que c’est pas n’importe quoi de faire un enfant. Ca doit partir d’un désir profond et si ce n’est pas le cas je souhaite qu’on puisse avorter.

P&S  : Ce qui est incroyable c’est que ce soit quelqu’un de si jeune qui te dise ça…

Barbara Pravi  : C’était fou ! Vraiment j’étais là, mais on est où là ? Et à moi me dire un truc pareil ? Et puis il me l’a dit avec tellement de naïveté que je pouvais pas être fâchée non plus trop. Je voyais que c’était vraiment ce qu’il pensait. Qu’il est contre, il disait « je me rends compte, que si j’ai une meuf qui tombe enceinte et qu’elle avorte je serai super triste. » Ca retourne le problème, j’étais là je vais pas aller pleurer pour toi frérot ! T’es fou ou quoi ?  Tu sais ce que c’est d’avorter ? Tu sais comme ça fait mal ? Tout le monde ne le vit pas forcément pareil. Mais tout de même c’était le monde à l’envers, ça m’a énervée.

Barbara PraviP&S  : T’as réussi à dialoguer quand même ?

Barbara Pravi  : Oui parce que c’est pas quelqu’un qui est fermé au dialogue  et moi non plus. Mais parfois ça devrait même pas être des dialogues, c’est comme ça et c’est tout. Ca va aussi que moi j’ai 31 ans et que je m’en fous mais tu vois un mec qui dit ça à sa nana qui aurait le même âge que lui et qui culpabilise déjà de devoir avorter, ça donne quoi comme discussion honnêtement ? Ca donne une meuf qui va devoir réconforter son mec ? Non mais ta race, vas !

Je pense qu’on ne peut pas connaître le courage qu’ont les femmes en Iran, au Liban, en Ukraine. Dans tous ces pays ravagés par la guerre, les injonctions, toute forme de domination sur leurs corps et esprits

P&S  : Tu es aussi d’origine iranienne. On a tous.tes vu les images de la jeune fille en Iran qui s’est dénudée pour faire face à un gouvernement oppressif et liberticide. Elle a fait ce geste au péril de sa vie. Je me disais que tu aimerais peut-être en dire quelque chose ?

Barbara Pravi  : Je pense qu’on ne peut pas connaître le courage qu’ont les femmes en Iran, au Liban, en Ukraine. Dans tous ces pays ravagés par la guerre, les injonctions, toute forme de domination sur leurs corps et esprits. Je pense que ce sont les pays où les femmes sont les plus courageuses au Monde, c’est là-bas qu’on trouve le centre névralgique du courage. Et nous on saura jamais ce que c’est parce en France. C’est hyper important ce qu’on fait, on se bat pour le droit à l’avortement, l’égalité des salaires, les droits des LGBT, on a d’autres combats qu’on peut mener à bien parce que nos combats vitaux ont déjà été menés. Mais t’imagine en Iran, les femmes peuvent pas sortir dans la rue sans le voile. Mahsa Amini s’est faite assassiner il y a deux ans parce qu’elle avait enlevé son voile en public. Donc on est sur d’autres sphères de combat et de courage. Quand les iraniens et iraniennes sont descendu.es dans la rue pour protester contre sa mort, il y a des milliers de femmes qui se sont fait arrêtées, torturées, violées. Et elles allaient quand même dans la rue parce qu’elles pensaient plus grand qu’elles. A un moment le soit n’existe plus. Le combat il existe pour les générations à venir parce que tu sais que toi t’es déjà mort.e.

C’est comment on va faire pour changer en profondeur notre pays. C’est hyper fort. J’espère que nous en France, on connaîtra pas ça.

P&S  : Quand on efface ton existence à ce point, qu’as tu à perdre ?

Barbara Pravi : Ta vie elle vaut plus rien donc tu la dédies à quelque chose de plus grand que toi qui est la cause humaine. C’est comment on va faire pour changer en profondeur notre pays. C’est hyper fort. J’espère que nous en France, on connaîtra pas ça. Je me suis toujours demandé, s’il y avait une troisième guerre mondiale, est ce que je serai du côté des résistants ? Qu’aurais-je fait pendant la seconde guerre mondiale ? On en sait rien. Je voudrais te dire que j’aurai été résistante, mais comment le savoir ? Là-bas ils sont confrontés à ce genre de questions là.

P&S  : En Afghanistan aussi où les règles s’empirent en continue, avec les femmes qui n’ont plus le droit de se parler.

Barbara Pravi  : C’est n’importe quoi !

L’art est politique, il l’a toujours été et même la légèreté dans l’art est politique.

P&S  : Tu penses qu’à notre échelle, par exemple toi en tant qu’artiste, on peut réellement faire bouger les choses en en parlant ?

Barbara Pravi  : C’est difficile, on vit dans un Monde où on croule sous l’information et la désinformation. Il faut bien choisir ses causes et il faut connaître les sujets pour parler. Sinon ça ne sert à rien. C’est pour ça que j’ai choisi le modèle du témoignage, que tout ce que je  raconte ce sont des choses que je sais, vis, sens. Je ne parlerai jamais de ce que je ne connais pas. Je me sentirai illégitime. L’art est politique, il l’a toujours été et même la légèreté dans l’art est politique. Ceux qui disent qu’ils ne veulent pas écrire de chansons engagées mais légères c’est politique aussi. Parce qu’en Iran, même la légèreté n’existe pas dans la rue. Sans le savoir on fait tous de la politique.

Pardon mais n’importe quelle femme en train de parler, nous deux en train de parler, c’est politique.

P&S : Etre apolitique c’est une chance, ça veut déjà dire que tu peux te le permettre.

Barbara Pravi  : Bien sûr ! En Iran les femmes n’ont pas le droit de chanter en public, de parler en public. Elles ne peuvent pas s’exprimer en dehors de leurs maisons. Pardon mais n’importe quelle femme en train de parler, nous deux en train de parler, c’est politique. C’est juste qu’il faut le regarder avec les bonnes lunettes.

P&S  : Tu mettais aussi en avant des histoires de femmes oubliées …

Barbara Pravi  : Oui je faisais ça sur Instagram à un moment donné. J’ai arrêté par manque de temps. Je mettais la lumière sur des destins de femmes. Je voulais parler de Georges Sand par exemple. On connait pas assez la vie de cette femme qui est extraordinaire. C’était une comtesse  qui a quitté sa vie pour aller à Paris, porter des pantalons, se faire nommer Georges Sand pour pouvoir écrire et être reconnue comme un homme. Elle savait que si elle s’appelait Aurore, les gens liraient pas son bouquin et c’était une des premières féministes bad ass.

Barbara Pravi La PievaP&S : En parlant de tes canaux d’expression tu t’es aussi mise au cinéma, comment s’est passé cette expérience là ?

Barbara Pravi  : C’est un peu de la cours de récré pour moi puisque j’ai pas eu de rôle compliqué qui demande beaucoup de travail etc… Lelouche il filme la réalité donc j’étais moi-même, habillée avec mes fringues, je m’appelle Barbara. C’était une expérience surtout humaine extraordinaire, des gens qui sont encore mes ami.es aujourd’hui. Claude c’est quelqu’un que j’aime profondément. J’aimerai qu’un mec me regarde un jour comme il me regardait lui, c’est trop beau. Il aime les gens véritablement et il arrive à choper l’essence des gens.

P&S  : Comment tu t’es retrouvé à travailler avec lui ?

Barbara Pravi  : Il m’a appelée, il m’avait vu à l’Eurovision, il avait entendu parler de moi et il m’a appelée, puis il m’a invitée à déjeuner et puis voilà.

P&S  : J’ai vu que tu parlais en interview de Montmartre, ce quartier a quelque chose de particulier, d’artistique. Tu entretiens quel rapport avec lui ?

Barbara Pravi  : C’est ma maison. D’ailleurs je déménage là pour retourner dans le 18ème. Mon rêve ça a toujours été de vivre à Montmartre. Mes ami.es sont là, je me balade dans les rues et je les connais toutes par coeur. L’air y est différent pour moi, la sensation de mes chaussures y est différent.

P&S  : Dernière question, tu écris un livre, ça en est où ?

Barbara Pravi  : C’est presque fini. C’est une saga familiale, ça se passe sur trois époques, 1915, 1947 et 2028 et c’est une jeune femme qui part à la quête d’un objet qui a été oublié dans sa famille depuis des générations.

P&S : Hâte de le lire et merci pour tout !


Khruangbin, l’inclassable OVNI musical, aura pris son temps pour s’attirer les regards des plus grandes institutions. Groupe instrumental fondé en 2010, il s’offre en 2024 une nomination en tant que ‘best new artist’ aux Grammy Awards. Le terme de nouveauté peut bien faire sourire tant les qualités musicales de la formation ont déjà su s’attirer l’intérêt des mélomanes aux oreilles fines. Deux collaborations avec Leon Bridges plus tard, beaucoup de mélodies qui invitent au voyage et voilà que le trio s’offraient deux Olympia de Paris en novembre 2024.  Leur dernière pépite en date « A la Sala » sortait pour le plus grand plaisir général au mois d’avril 2024. Il était temps d’en parler !

Khruangbin GrammyKhruangbin, citoyens du monde

Avec ce nom peu commun, Khrangbin fait imaginer des origines du Moyen-Orient. Ce qui sera vrai pour ses influences est loin de l’être à la vie. Le trio prend en réalité ses origines au Texas. Laura Lee, Mark Speer et DJ Johnson aiment à mélanger leurs influences. La musique sous leurs doigts experts prennent des tournures parfois soul, parfois rock, parfois psyché et s’inspirent toujours de musique du Monde, loin des codes auxquels nous sommes d’ordinaire habitué.es. C’est en 2004 que Speer et Johnson se rencontrent alors qu’ils sont tous deux employés par l’église locale. Quelques verres dans un bar plus tard et Speer confie son obsession pour les musiques du Monde, admettant avoir passé un temps fou dans son enfance sur Encarta et sa très large sélection musicale. En 2007, Speer rencontre Laura Lee avec laquelle il partage un fort intérêt pour la musique afghane. C’est d’abord lui qui l’incite à commencer la basse alors qu’elle jouait déjà du piano et la guitare. Ce nouvel instrument lui permet de rejoindre la tournée de Yppah en première partie de Bonobo … où jouait déjà Speer. Une tournée commune qui les rapproche à la suite de quoi nos deux musicien.nes décident de former leur projet musical. Ils invitent Johnson à se joindre à eux à la batterie.  Après leur premier concert, Laura Lee qui étudiait alors le thaïlandais propose de nommer le groupe comme son mot favoris dans cette langue : Khruangbin ce qui veut dire avion. Ce qui pourrait paraitre étrange, mais il faut lui reconnaitre sonne particulièrement bien. Pour expliquer ce choix, le groupe ajoute que ce nom est une belle manière d’évoquer leur immense pluralité musicale qui tire ses inspirations du Monde entier et donc du voyage.

Khruangbin, des albums et du cœur

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Un premier EP, « History of a Flight » voit le jour.  Puis une compilation en 2013 qui permet de retrouver le titre « Calf born in Winter  » déjà présent sur l’EP. Ce morceau est d’ailleurs le premier a susciter l’intérêt du public. Enfin en 2015, le groupe publie son premier album, l’incroyable « The Universe Smile Upon Us » et ses nombreuses références à la musique thaïlandaise des années 60.  Le succès critique est au rendez-vous et les experts ne passent pas à côté du talent de la formation. Un second opus suit le pas en 2018 et s’intitule  » Con Todo el Mundo ». Un album dont le titre s’inspire d’une très belle histoire, celle du grand-père mexicain de Laura Lee qui lui demandait « Comment tu m’aimes? » et qui acceptait pour seule réponse  » Con Todo el Mundo » ( » avec le Monde entier »). En 2018, Khruangbin ouvre pour Leon Bridges, une information importante puisqu’elle donnera naissance à une collaboration sur deux EPs divins, « Texas Moon » et « Texas Sun ». Deux chef d’œuvres absolus sur lesquels on reviendra. « Mordechai » en 2020 marque un tournant pour le groupe qui se retrouve signé sur le label extrêmement qualitatif qu’est Dead Ocean. « Ali » en 2022 lui permet une collaboration avec Vieux Farka Touré. En 2024, donc, celui qui lui vaudra l’intérêt mérité des Grammy Awards voit le jour. « A la Sala » (au salon) s’inscrit dans la continuité de « Mordechai », son dernier opus sans collaborateur. Celui-ci lui avait valu le fort intérêt du grand public. Khruangbin livre en 2024 un album plus posé et moins festif,  une réflexion musicale et instrumentale sur son parcours. Un album qui lui offre le Monde cette fois-ci à porté de main, ou peut-être d’une simple pièce et lui donne les prémices de son avenir, à la vitesse de la lumière.

Khruangbin aux Grammy

Le groupe se voit annoncer le 8 novembre 2024 sa nomination en tant que meilleur nouveau artistes aux Grammy Awards 2025. Ils seront au coude à coude avec Benson Boone, Doechii, Chappell Roan, Raye, Sabrina Carpenter, Shaboozey et Teddy Swims. Des très gros noms de la scène actuelle viennent se confronter au trio. Reste à espérer que si la formation n’est pas si nouvelle que ça, cette exposition lui permettra de venir toucher un très large public.

Coup de cœur et astres texans

KHRUANGBIN TEXAS SUNReste à profiter de cette mise en avant pour mettre à nouveau en lumière les deux immenses EPs « Texas Sun » et « Texas Moon » réalisés en collaboration avec l’une des plus grandes voix de la soul actuelle : Leon Bridges. En 2019, le trio texan allie son style planant allant jusqu’à la transe à la voix sublime du chanteur.Les deux, il faut le dire partagent une obsession pour les grandes étendues du sud américain. Et surtout du Texas, état emblématique de l’imaginaire collectif américain, du Rodéo à Houston en passant par l’évidence du rock’n’roll. (Mais dont on n’oublie pas pour autant toutes les limites politiques liberticides et rétrogrades dont ils peuvent être capables). Toujours est-il que l’état a largement inspiré les musiciens. Ensemble, la formation allie la musique planante, aérienne et très créative de Khruangbin à la mélancolie magique de Leon Bridges. Les ciels immenses du Sud Américain, son histoire s’y trouvent sublimés. On y oublie les âges et les décennies, les mélodies nous transportant sur une route sans fin qui suit les étoiles. C’est en 2022 que « Texas Moon » pendant et second volet de sa version solaire voit le jour. Ce second essai confère sûrement à une plus grande intimité entre les artistes liant leurs histoires et leurs mélodies en un voyage qu’il ne faudra surtout pas manquer.

Le tout forme un miracle de cohérence et de beauté où voix et instruments se sont rarement aussi bien répondus. . A écouter en boucle pour un voyage au bout de la galaxie.