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Julia Escudero

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Braxe + Falcon et Phoenix : UFOs playlist octobre

Braxe + Falcon et Phoenix Ufos
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C’est la très jolie surprise de cette rentrée ! Les icônes de la French touch forment une superbe alliance, un peu comme les ligues de super-héros, pour créer un titre aérien à la douceur infinie. Baptisé « Ufo » et paru le 23 septembre, il est le premier né d’ «UFOs» dont on attend impatiemment les écoutes. Les cousins Alain et Stéphane Quême, copains de toujours des compères de Phoenix viennent célébrer cette amitié de longue date avec la sortie de ce premier single conjoint. D’ailleurs cette franche camaraderie vient s’afficher sous nos yeux émus grâce au clip de Warren Fu qui signe le clip mettant en scène les  souvenirs communs de nos 6 amis. Et côté morceau ? On retrouve la touche élégante de Phoenix, sa capacité à osciller entre électro et rock avec une délicatesse folle. Mais aussi la précision créative de Braxe et Falcon. La répétition est maitresse alors que la mélodie s’invite à pas de velours dans nos esprits. Pouvions-nous seulement en attendre moins de ceux qui faisaient leurs premiers pas aux côtés de Bangalter (Daft Punk) et de ceux qui clôturaient les JO ? Pour couronner le tout, le projet sort sur le label de l’excellence : Domino Records.  Le titre scande ne pas croire aux miracles, plutôt aux OVNIS. En l’écoutant, on serait plutôt tenté de croire aux deux… au moins en matière de compositions.

Geese : Getting Killed playlist octobre

Geese : Getting Killed playlist octobre
Est-ce que Geese a sorti l’un des meilleurs albums de l’année ? Mais très certainement ! Et dans le top 3 d’ailleurs. « Getting Killed » porte divinement son nom tant l’opus est une tuerie. Il est élégant, raffiné, costaud mais accessible, n’allons pas jusqu’à dire mainstream, se serait un odieux mensonge. Ce nouveau Geese est un voyage, une odyssée plurielle qui se vit dans son absolue totalité, qu’importe le nombre de claques qui peuplent le périple. Le rock s’y fait sauvage, brut, honnête et si moderne qu’il retourne toutes les cartes. La légende dit qu’il a pris en forme en seulement dix journées de sessions enflammées. Cette pure merveille, qui nous vient tout droit de Los Angeles est empli de chaos. Nietzch disait qu’il fallait beaucoup de chaos en soit pour accoucher d’une étoile qui danse. Celle-ci danse et brille de mille feux. Rarement pluralité et cohérence n’avaient autant résonné conjointement dans une galette. Chaque titre est une surprise et un émerveillement. Le quatuor new-yorkais mené par Cameron Winter ( et sa voix si bouleversante) signe ici son meilleur album. Non que la barre n’avait jusque là était placée très haut. Simplement la prouesse de « Getting Killed », sa capacité à se redéfinir, en font un objet sonore tout simplement parfait. Attention pourtant, cette prouesse ne s’adresse pas à toutes les oreilles, il saura satisfaire le public averti et demande de s’y plonger à plusieurs reprises pour pleinement s’y épanouir. Il n’empêche qu’une fois embarqués dans le wagon, la beauté des paysages ne pourra que couper le souffle. Jusqu’à un immense dernier morceau : « Long Island City Here I Come », proposition de plus de 6 minutes qui ne se donne aucune limite. C’est puissant, viscérale, bordélique, logique, onirique, profondément magique. Kenneth Blume à la production magnifie l’album d’une décennie. On lâche l’écrit pour reprendre notre voyage psyché-punk, vous venez voir du pays ?

Fred Again + Amyl and the Sniffers : You’re a Star playlist octobre

Fred Again + Amyl and the Sniffer : You’re a StarFred Again est-il en train de s’offrir un tournant résolument punk ? Et dire qu’on nous disait le rock mort. Prends ça dans tes dents, le oui dire ! L’une des plus grandes stars de l’électro du moment invite ainsi sur le premier extrait de son nouvel album, le groupe le plus punk et libre de ces dernières années. Avec en son centre l’ébouriffante Amy Taylor, le groupe originaire de Melbourne est profondément électrique, résolument féministe et indomptable. Evidemment l’alliance des deux est une machine de guerre. Parfaitement rodée, puissante, indomptable,  obsédante. Nul doute que ce titre marquera les générations et que les sirènes sonores qui le peuplent feront longuement transpirer tout.es celles et ceux qui se déhancherons dessus. Concrètement ce titre est le premier extrait de la série USB002. Ce nom est celui d’un album infini alimenté par Fred Again depuis la sortie de « USB » paru en 2022. Le musicien en profitera pour dévoiler un nouveau titre chaque semaine sur une période de dix semaines. Et puis pour fêter cette sortie comme il se doit une rave surprise sera également organisée chaque semaine dans des villes différentes. Faire la fête est politique, dit-on. Comme le punk, la rave est une prise de liberté, une révolte. Tout fait parfaitement sens. Et l’album ? Il sortira en vinyle le 12 décembre.

Better Joy : At dusk playlist octobre

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Le coup de coeur indie pop de ce mois s’appelle Better Joy et mérite d’y prêter l’oreille. Si les influences ne sont pas toujours gages de qualité, celles de la musicienne résonnent tout particulièrement et viennent hanter ses compositions. On y retrouve aussi bien les riffs hantés de The Cure que l’excellence rock de Mazzy Star ou encore la douceur de Phoebe Bridgers. Le tout peut parfaitement cohabiter dans une cohérence portée par une voix de velours. Bria Keely, de son véritable nom, y pose une guitare à fleur de peau. Celle qui débutait la musique par le chant et le piano s’est mise à la guitare à l’université et n’a depuis plus lâché l’instrument. Les titres frapperont forts chez les amateurs de pop bien écrite à la précision millimétrée. D’autant plus qu’aujourd’hui, c’est la scène pop qui est la plus vectrice d’émotion. Et dans la catégorie, ce second EP, qui fait suite à « Heading Into Blue », place la barre très haut. Chacun des 6 morceaux qui prennent place sur l’EP résonnent comme une nouvelle forme d’affirmation de soit. Les titres y sont lumineux et pourtant, leurs messages puissants les dessinent en clair-obscure. La promenade y est douce,  évidente et intemporelle. Il n’est d’ailleurs pas surprenant de retrouver la chanteuse en première partie dAmy Macdonald. Les deux musiciennes partagent l’évidence tubesque, la faculté à émerveiller avec une guitare et une voix. Point de fioriture, juste l’excellence. Et puis l’un des titres sur l’EP s’appelle « Big Thief », parce que l’art est le plus grand des valeurs et collecte nos âmes. Rendez-vous le 31 octobre, pour un Halloween peuplé de titres qui tuent et de morceaux hantés.

Good Neighbours : Blue sky Mentality playlist octobre

Good Neighbours : Blue sky MentalityLa nouvelle sensation rock nous vient, sans surprise il faut l’admettre, d’Angleterre. Nos meilleurs voisins d’Outre-Manche n’ont eu besoin que d’un seul titre : « Home » pour devenir viraux et gravir toutes les étapes du succès. En cause, un rock accessible, hyper solaire, accrocheur, aux refrains qui fricotent sérieusement avec la pop. Les compères Scott et Oli qui étaient voisins de studios à Londres citent volontiers MGMT et Passion Pit comme source d’inspiration. Une folle envie de faire revivre une scène des années 2000 et de s’éloigner des balades douces qui habitent traditionnellement leur quartier les a poussés à la composition. Pari réussi avec ce premier album de 14 titres où chaque morceau résonne comme un énorme banger. On y retrouve en ouverture « Keep it Up » qui cartonnait lors de son interprétation à Rock en Seine. Cette mise en bouche à la vibe rétro évoque la bonne humeur des années 90 (et même le classique S Club 7 pour celles et ceux qu’il l’ont en mémoire). Le chemin entamé, et voilà que la route est belle ! La production puissante va s’ajouter pour faire de ce premier jet un classique et une arme de séduction massive. Accessible, elle sort l’artillerie lourde et invite chacun.e dans la danse. Les gimmicks en intro de « Walk walk walk » par exemple et leurs répétitions sulfureuses accrochent immédiatement les esprits. Sous leur ciel bleu, les garçons ont le sens du refrain qui tape fort. Ecrit sur la route, loin du boulot qu’ils ne pouvaient plus supporter, l’album sent bon la liberté. On s’y amuse franchement, jusqu’à « Wonderful Life », avant dernier titre de l’opus, porté par un clavier aérien. La vie peut être belle en musique, reprendre des couleurs qu’on lui oublie trop souvent. Finalement la fête des voisins, c’est aussi de la créativité.


Déjà 20 ans d’écoulés depuis que Biffy Clyro posait ses premiers accords et donnait le ton d’une carrière plus que prolifique.  Les plus américains des écossais, du moins en ce qui concerne leurs compositions, reviennent en 2025 avec l’un de leurs albums les plus personnels : « Futique ». Reflet de la dernière fois qu’on fait une action, sans en être conscient, l’album va jouer sur toutes les strates de rock que sait créer la formation. On en parle.

Biffy Clyro : se redéfinir

Biffy Clyro FutiqueDix albums, voilà un nombre qui se célèbre et se savoure. Les dizaines ne sont jamais anodines, encore moins dans une carrière musicale. Le groupe des frères Johnston et de Simon Neil a su maintenir son équilibre : se renouveler, avancer mais aussi se créer un univers propre. Et voilà qui fait mouche au milieu d’un public d’adeptes.

Alors ce « Futique » ? On ne parlera évidemment pas du très cliché album de la maturité, expression usée qui ne veut plus rien dire. A-t-elle déjà voulu dire quoique se soit d’ailleurs ? La maturité en terme de créativité ressemblerait à un vaste ennui, loin de la fougue qui permet aux artistes de se définir dans leurs premiers jets. Ici on pourrait pourtant parler d’une forme d’album bilan qui ferait suite au plus contesté « The Myth of the Happily Ever After « . Biffy Clyro va y puiser toute la pluralité de son large répertoire pour en offrir un condensé, titre après titre. Chaque morceau pourrait être le reflet renouvelé de ceux que l’on retrouve dans sa vaste discographie. Et c’est d’autant plus intéressant que la formation vienne à parler de souvenir  sur cet opus puisque c’est bien la mémoire qui vient être titillée lors de son écoute.

Le rock alternatif est un courant bien particulier, il faut l’admettre. Parce qu’il est de ceux qui crée des communautés distinctes. Il est vecteur de passions folles et vient souvent trouver ses origines dans l’adolescence. C’est par lui qu’on commence à aimer la musique et bien plus que cela c’est notre éducateur de sentiments. Parce que ses accords n’ont de cesse de bouger, varier, que les douleurs et les amours s’y crient. Et c’est ainsi qu’il garde sa place auprès des cœurs.

« Futique », donc, ce serait le futur antique. Comme la dernière fois que vous êtes sorti.es avec vos potes du lycée après les cours par exemple. La dernière fois qu’on vit un moment sans le savoir. C’est une expérience qu’on vit tous mais que nos mémoires laissent de côté pour lui préférer un amas global, peuplé de météos changeantes. Et finalement en un clin d’œil, Biffy Clyro va chercher à créer un album intemporel, forme de montagne russe émotionnelle.

Atteindre les sommets, descendre dans les vallées

Comme le veulent les compositions du groupe, chaque titre va se vivre comme une promenade en montagne, profitant d’un début qui ne laisse en rien présager de la fin. C’est sûrement difficile de pleinement se renouveler dans le genre. On les dit proches musicalement de Foo fighters, mais ils le sont aussi d’une scène rock des années 2000 qui criait sa liberté. Là où Biffy Clyro sait toujours convaincre ses adeptes et même s’offrir un Olympia en 2026 c’est dans sa capacité à avancer sans jamais perdre de son esthétique. On le voit notamment sur le morceau « True Believer », gros single de l’album  en quatrième position sur l’opus. Les montées en puissance sur les refrains, les jeux de guitares vigoureux et changeants, la petite touche particulière qui vient à entrer immédiatement en tête. S’ils ne se revendiquent pas du courant émo aux cotés duquel il co-existe depuis ses débuts, il va à chercher dans les mêmes intentions. A savoir que le groupe place l’émotion au centre de ses préoccupations. On se promène sur ses titres comme sur une montagne, on souffle dans la vallée mais le cœur s’accélère dans les pentes pour mieux arriver au sommet.  Sur le single, les dernières notes qui concluent le morceau sont une rupture ralentie, comme un frein brusque pour reprendre sa respiration. Cette méthode n’est pas  sans évoquer les constructions des titres de Bayside, pépite emo pour experts des années 2000. D’ailleurs toutes les compositions sont à l’opposé des scène écossaises dont ils viennent. L’introduction de « Shot one », par exemple, évoque largement le « SOS »‘ de Good Charlotte sorti sur « Chronicles of Life and death », il y a déjà 20 ans. Mais où est passé le temps ?

Futique : polaroïds et cohérence

Biffy Clyro
Biffy – Amazon Exclusive (c) Eva Pental

Ce nouvel album va surtout chercher à créer une construction cohérente. Déjà de par ses titres. De  » A little love » qui ouvre le bal à coup de grosses guitares à l’amour qui part sur « Goodbye », la passion « It’s Chemical » et la finalité d’un amour tourmenté qui se réconcilie : « Two people in love ».  C’est une histoire à part entière qui nous est racontée. Si on s’intéresse à ses titres, on se doit de s’intéresser également au vocabulaire. Le rock alternatif et cette scène en particulier ne se contente pas de se reconnaitre à coup de looks (même si), de voix costaudes (hello Nickelback), ou de guitares qui aiment à s’intensifier aux cotés de bridges qui invitent à la douceur. Il est emplie de codes, de mots qui se répètent d’artistes en artistes et qui deviennent une sorte de let motiv, un cri du cœur sans jamais en avoir conscience. Ici on retrouve donc les traditionnels : « Hunting » (tout le répertoire de 30 seconds to Mars est obsédé par ce mot), « Believer », « Goodbye » (comme si My Chemical Romance l’avait créé), « Chemical » (qui claque fort en bouche), « Dearest », « Thousand »… Et mine de rien ce vocabulaire permet de créer une communauté qui sera reliée par l’émotion. Il est si difficile parfois d’y poser des mots et si doux d’y poser des notes. Il faut aussi reconnaitre à Biffy Clyro sa faculté à écrire ses refrains. Bien foutus, qui entrent en tête, qui se savourent : « Goodbye », cinquième titre de l’opus en est l’exemple criant. Pour autant, autour de ses havres de paix musicaux, le reste est un tourbillon de montées en puissance. Rien n’est linéaire, tout change à tout instant, l’oreille est captée.

Un album tournée vers le futur ?

La chose la plus triste qu’il m’est jamais été donné de lire expliquait que le souvenir était en réalité un souvenir d’un souvenir. Une image déformée. Le futur n’existant pas encore par définition et étant incertains, le passé le serait alors tout autant. Et pourtant, qu’importe la réalité de ce que produit le cerveau, la musique est un vecteur de souvenirs. Il parait alors évident que chaque note puisse être la photographie d’un instant. Aussi réel que le cliché qui donne sa pochette à l’album.

« Je veux m’assurer que nous avons crée quelque chose de beau que je pourrai écouter dans 10 ans et avoir le sentiment que c’était tout ce que je pouvais donner à ce moment là. » confiait Simon Neil. C’est dans cette optique de perdurer, d’être immuable là où tout bouge, tout change, tout disparait à vous donner le tournis, que se construit le groupe. Et donc qu’encore une fois la cohérence est parfaite entre thème et musique. « A Thousand and one », temps de douceur en fin d’opus se construit dans cette optique. Un seul album pour des milliers de fans, alors que voix et accords se font diablement chaleureux. Tout bon album rock a sa balade qui restera à nos côtés jours et nuits. « Two people in Love » conclut l’essai avec une batterie quasi militaire tant elle est gérée. Instant entre douceur et force, tremblements et sincérité. C’est donc de ça que serait constitué l’avenir ? L’amour toujours et la surprise d’un titre qui change de ton pour monter en force au bout d’une minute 30. Les morceaux de Biffy Clyro sont aussi emprunts de surprises que d’espoir. Si c’est la dernière fois que je conclus cet article, en faisant un, parmi mille, moment « futique », c’est loin d’être la dernière fois que je me ferai happée par l’univers de nos rockeurs écossais !


mercredi netflixElle était plus qu’attendue, cette nouvelle saison de Mercredi sur Netflix. Depuis que Tim Burton avait décidé de mettre en avant les histoires de la fille Adams dans l’école de Nevemore, l’émulsion avait largement gagné le public. L’occasion de faire de Jenna Ortega une super star et d’inspirer toute la planète réseaux sociaux à coup de répliques cinglantes et de cheveux colorés à la Enid (Emma Myers). Si les deux jeunes protagonistes sont aujourd’hui placées au rang d’égéries, c’est aussi parce que Burton est sa clique ont choisi de créer un show entièrement féminin qui se concentre sur toutes les générations de femmes de Hester Flump à Morticia, Mercredi et ses amies. Un choix qui permet à la famille Addams et ses adorés malheurs de prendre des nuances sombres de modernité sans jamais appuyer avec lourdeur sur ce postulat. Retour sur une saison 2 portée par des femmes et des illustrations plurielles de la maternité. Attention spoilers.

Valeurs, mot féminin mercredi

La saison 2 de Mercredi reprend évidemment où on l’avait laissée. On y retrouve le Poudlard de la série, Nevermore. Contrairement à Harry Potter, qui semble être une source d’inspiration pour le contexte de la série, une école et ses marginaux, nos étudiants semblent ne presque jamais aller en cours. Ils préfèrent ainsi consacrer leur temps à la résolution de mystères. Seulement voilà, là où la saison 1 se concentrer principalement sur le personnage de Jenna Ortega, cette nouvelle salve d’épisodes, choisit de réunir toute la famille Addams au complet pour préférer se concentrer sur leurs liens. Des liens pluriels dirions-nous ? Pas vraiment, ces nouvelles aventures, un peu à l’image de celles de Sabrina, elles aussi diffusées sur Netflix, vont faire des garçons tant de la famille que de l’entourage de Mercredi, des personnages secondaires. Seul Pugsley s’offrira le luxe d’une intrigue; sans jamais chercher à creuser la psychologie du jeune garçon. Qu’importe en réalité, tant les références, trames et dialogues viennent mettre en lumière la complexité de rapports mère/ fille voir amicaux entre rivalité et sororité.

Mercredi et MorticiaTout commence fort mal pour Mercredi alors que sa mère Morticia (Catherine Zeta Jones, dont le retour est un plaisir) est invitée à vivre sur le campus pour aider à préparer les gala de l’école. Tout ça ne sera en réalité que stratagème mais qu’importe. La saison entière va ainsi pouvoir s’appuyer sur la rivalité des deux femmes Addams, la mère qui protège de sa façon à elle, la fille en quête de liberté voulant autant défier sa mère que tirer son approbation. A cela s’ajoute la grand-mère Hester Flump (Joanna Lumley) et son propre rapport à sa fille, ses dynamiques avec Mercredi. Côté amies Enid et Agnès viennent offrir à Mercredi deux miroirs féminins : celui de la meilleure amie haute en couleurs mais qui ne veut pas vivre dans l’ombre de la protagoniste, Agnès, la fan, celle qui cherche à entrer dans les moules. Et malgré tous les traits de marginaux des personnages, leur pluralité va venir créer un spectre d’identification plurielle. On ajoutera Bianca, la sirène de l’établissement dont l’intrigue parallèle permettra au développement d’un personnage à part.  En 1993, sortait le films « Les valeurs de la Famille Addams », en 2025, mine de rien, voilà que ces valeurs se font bien plus limpides.

mercredi : Noirceur et maternités

Mercredi netflixMais s’il fallait se focaliser sur un point pour résumer cette saison, qui contre toute attente a par ailleurs moins cartonné au  grand jeu des chiffres que la précédente, c’est bien les rôles variés de la maternité et surtout de la transmission et du modèle féminin, qui viennent la nourrir.

Avant de se concentrer sur l’évidence et d’en parler un peu plus loin, les rapports où le rôle de mère est clairement établi, il serait intéressant de se pencher sur l’épisode 6 : « Chacun son malheur ». Après de nombreux épisodes durant lesquels, le tandem Mercredi / Enid s’écharpe dans une incompréhension totale, les voilà qui intervertissent leurs corps. La faute au personnage de Lady Gaga dont la minute 30 d’apparition à l’écran après des mois de teasing laissera tout le monde sur sa faim (surtout nous, on veut plus de Gaga merci). Et cette relation, même si elle n’est pas réellement mère / fille en a tous les ressorts. Déjà et simplement parce que l’épisode s’appuie clairement sur Freaky Friday, le film qui faisait de Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan un duo mère/ fille qui échangeaient leurs corps pour mieux se comprendre, et dont la suite est d’ailleurs sortie cette année. Ensuite parce qu’elle va s’inscrire comme une métaphore de la relation de Mercredi avec sa mère. Mercredi souhaite protéger Enid, de ses visions, parce qu’elle la juge faible, Enid veut s’émanciper. Entre les deux jeunes-filles ce rapport inégal, n’en déplaise à Mercredi, repose sur un amour mutuel. Et l’amour est toujours complexe. Dans la lignée de cet épisode, la rapport s’inversera aussi, mais n’est-ce pas le cas des rapports aux mères qui s’occupent de leurs filles avant que l’âge ne requiert l’inverse ? Et comme le veut l’amour maternel, mais aussi l’amour amical, Enid finira par se sacrifier pour sauver son amie.

Mercredi famille AddamsVoilà qu’arrivent les rôles plus évidents mais tout aussi complexe des véritables mères du show.  Morticia Addams prend le double rôle dans cette saison. On y découvre plus en détails ses relations plus que conflictuelles avec sa propre mère, Hester Flump. Evidemment sombre, richissime et ayant fait fortune dans les pompes funèbres, elle devient le mauvais mentor de Mercredi et se place dans l’envie de saboter les aspirations de sa propre fille contre sa petite fille. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’Hester n’a aucun mari mentionné. On verra d’ailleurs en toute fin de saison qu’elle a un rapport bien différent à sa seconde fille : la mystérieuse Ophélie. Côté Mercredi, l’épisode 6 permet d’expliciter son besoin d’acceptation face à une mère imposante et puissante.

Viennent ensuite s’ajouter des nuances de mères : Françoise qui retrouve après des années de captivité Tyler. Comme son fils, elle est une hyde. Contrairement à d’autres personnages, elle cherchera par tous les moyens à ôter à son fils le poids de l’hérédité et l’extraire de son destin de hyde. Sans prendre en compte les aspirations de ce dernier. Elle veut lui éviter son parcours et peine à comprendre sa progéniture dans son unicité. Il y a la figure maternelle par intérêt en la personne de Marilyn Thornhill (Christina Ricci, ancienne Mercredi au cinéma). Celle qui sert aussi de garde fou et qui sera tuée pour laisser échapper les pires démons. La mère absente, celle de Bianca, qui permet l’inversion de rôles puisque c’est la jeune sirène qui tente de sauver sa mère des griffes de la secte dans laquelle elle s’est plongée. Mais aussi le rôle de la mère spirituelle puisque la principale Weems revient sous forme de fantôme autant pour guider et conseiller Mercredi que pour la confronter à ses pires travers. L’obsession de Mercredi à ne pas l’écouter et à ne pas écouter finit par prendre l’apparence d’une morale de fable tant son obstination la pousse dans les pires retranchement. Tout ce qui guide le personnage de Mercredi, tous les conseils viennent des femmes qui l’entourent.

mercredi enid agnesEnfin, si la question relève plus de la filiation que de la maternité à proprement parler : la Chose finit par découvre son histoire et par retrouver son corps, sa véritable famille « biologique ». Se rebellant contre le corps qui est le sien elle en vient à le rejeter pour choisir sa famille d’adoption. Mercredi est avant tout un membre de la famille Addams, il est donc logique que tout soit question de filiation.

mercredi, idole d’Agnes et des autres

Agnes MercrediLes portraits brossés par le show sont multiples. Les séries télévisés sont par essence, du moins quand ils fonctionnent si bien et s’adressent à un public jeune, sont un haut repère d’identification. Hors les rapports familiaux, il est important pour les adolescent.es de se créer de nouveaux refuges bien à lui/ elle. Et en ce sens, le show va aller plus loin avec le nouveau personnage favori de grand nombre de spectateurs.trices : Agnes. Interprétée par Evie Templeton (âgée de seulement 16 ans), la jeune-fille se positionne comme un miroir de beaucoup d’adolescentes : celle qui va intégrer les codes de ses héroïnes pour chercher à leur ressembler. Suivant et imitant Mercredi, Agnes va tout faire comme elle jusque dans l’attitude et l’habillement. Son personnage est d’autant plus intéressant qu’il renvoie à deux images : le clin d’oeil aux fans qui s’identifient à leurs idoles, cinématographiques, musiciennes ou autres … mais aussi à l’identification à un groupe d’amies. Il est fréquent de voir des jeunes-filles au collège s’habiller comme leurss amies et chercher à faire comme les autres pour entrer dans un moule. La série se fait alors porteuse de message en fin de saison : mieux vaut pour être accepter, apprendre à se connaitre et devenir soit-même. Ainsi, Agnes cesse d’être invisible aux yeux du collectif à devenir sa propre personne. Une fin qui fait attendre la saison 3 avec impatience pour mieux apprendre à connaitre ce fascinant personnage. En espérant que celle-ci permettra à Mercredi de rester l’idole d’une génération et de séduire à nouveau un large public au grés de ses sombres aventures.

https://www.youtube.com/watch?v=xlrj36cAzj4

C’est aux couleurs de l’Irlande qu’il faut se parer pour célébrer cette dernière journée de Rock en Seine. Une journée Up to 90 comme le dit l’expression irlandaise pour dire bouillante (up to 90 degree). Trèfles à quatre feuilles peuplent en effet les parterres du festival verdoyants pour mieux accueillir deux des plus gros noms d’une dernière journée très attendue. Le premier Kneecap, a beaucoup fait parler de lui notamment en raison de nombreuses polémiques autour de leur engagement pour la cause Palestinienne et de leurs  procès. Le second, Fontaines D.C est devenu de loin la plus grande sensation rock du moment. En dehors des deux comparses et leurs performances fracassantes, la journée est allée de coup de cœur en coup de cœur. Impossible de rater l’envoûtante Sharon Van Etten and the Attachement Theory, de ne pas se laisser envoûter par Sylvie Kreush, de ne pas pogoter avec Fat Dog ou de danser aux côtés de Dylan Minette et son groupe Wallows ou de finir la journée avec la tête d’affiche : Queens of the Stone Age. On vous emmène avec nous pour debrifer ce moment dont il est difficile de redescendre.

Fontaines D.C : une si belle romance !

FONTAINES D.C.
Fontaines D.C par Olivier Hoffschir pour Rock en Sein

Que s’est-il donc passé ? Il y a 3 ans, Fontaines D.C s’offrait la scène Cascade (aujourd’hui Revolut, les choses changent trop vite) face à un public d’adeptes, compacts oui mais surtout indé. Les voilà qui aujourd’hui prennent d’assaut la grande scène et la remplissent, à ras-bord. Difficile de se frayer un chemin au milieu du public souvent estampillé au couleurs du groupe. Rose et vert donc. Ce sont elles qui donnent le premier indice sur ce qui a retourné toutes les cartes. La sortie de l’album « Romance » l’année dernière, un changement de label et voilà que la groupe de Grian Chatten est sorti de son territoire de rois du pop punk indé. En lieu et place la formation est devenue icône du mouvement et n’est pas sans rappeler la puissance d’Arctic Monkeys en terme d’aura et de succès. A Rock en Seine, l’affaire ne manque pas, faisant du groupe un concurrent sérieux en terme de notoriété à la tête d’affiche du soir : Queens of the Stone Age. Côté scène c’est un set assez simple qui attend la foule, pas de gros effets scéniques, pas d’énorme mise en scène, peu de temps de prise de parole. Parce que finalement ce qui porte Fontaines D.C, c’est la musique elle même. Ainsi, le groupe choisit de tout miser sur une set list aux petits oignons dans laquelle les tubes se succèdent. Une entrée immense sur « Here’s the thing » met tout le monde d’accord alors que les minutes qui suivent ne laissent pas le temps de reprendre son souffle tant toute l’assemblée chante à pleins poumons : « Jackie down the line », magistral suit avant d’enchainer : « Boys in the Better land », « Televised Mind », « Roman Holiday »… Combien ont-ils de hits ? Leur discographie n’est-elle finalement pas que succession étourdissante de tubes fédérateurs sans aucune fausse note ? On passe de l’excellence de « Skinty Fia » à la beauté révolutionnaire et désarmante de « A hero’s death ». « Romance », qui est loin d’être oublié pour autant n’ pas seulement redéfinie le statut du groupe en terme de notoriété, il a aussi rabattu ses cartes musicales. La mélancolie, la beauté sombre et introspective a fait place à quelque chose de plus brut et instinctif, loin des évidentes influences the Smiths-iennes du groupe. Les voir basculer de façon si radicale, si évidente dans l’hyper notoriété donne ce sentiment de vivre l’histoire de la musique. De ce genre de concerts dont on parlera encore dans des décennies pour mieux dire j’y étais ! Le dernier single dévoilé du groupe « It’s Amazing to be young » s’offre une place au centre du live. L’immense « Favourite » (issu de « Romance ») aux notes à la Oasis est l’occasion pour Fontaines D.C de le dédicacer à leurs comparses de Kneecap qui jouaient juste avant eux sur la scène Bosquet. Comme eux, le groupe affiche en fin de concert d’immenses slogans « Free Palestine », écho au drapeau qui peuple la scène depuis les toutes premières minutes. Les trois derniers titres arrivent déjà. Un malaise dans la foule interrompt les festivités alors que tout le public applaudit quand la personne est en sécurité. « In a Modern world », le titre le plus puissant du dernier album résonne enfin et prend aux tripes. Avant de se dire au revoir on se chante « I Love you » et l’assistance dans toute sa puissance et sa beauté personnifie cet amour viscéral, fou que seul le live sait offrir. Enfin, la crise d’angoisse de Grian Chatten, le premier extrait de l’excellent « Romance », résonne. « Starbuster » met tout le monde en transe. Ici cette sincérité à se confier résonne autrement. L’angoisse se partage et se dissout, les douleurs sont devenue une fête que l’on ne voudrait jamais quitter.

SYLVIE KREUSCH : girl crush fontaines d.c

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Sylvie Kreusch – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Pour cette cinquième et dernière journée de Rock en Seine, le rendez-vous avait été fixé un peu plus tôt qu’à l’accoutumée. Certains auraient pu céder à la tentation de quelques heures de sommeil supplémentaires, mais le soleil éclatant et l’excitation encore bien présente ont suffi à faire lever les plus récalcitrants. C’est Sylvie Kreusch qui avait l’honneur d’ouvrir le bal.

À 13h40 précises, la chanteuse belge fait son entrée, vêtue d’une robe blanche scintillante bordée de fourrure. On s’interroge sur la manière dont elle supporte une telle tenue sous cette chaleur écrasante… mais très vite, la question s’efface. Sa voix cristalline, légère et limpide, apporte une bouffée de fraîcheur aux festivaliers déjà rassemblés. Et soudain, on réalise que le sommeil pourra bien attendre.

Plus tard dans son set, elle s’octroie même un petit bain de foule, armée d’un parapluie au motif de pastèque. Un geste simple, mais fort, par lequel elle affirme avec élégance son soutien à la cause palestinienne. Car ce sont souvent ces petites marques symboliques qui ouvrent la voie aux grandes avancées.

FAT DOG : chiens sans laisse fontaines d.c

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Fat Dog – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

15h40 sonne, et c’est le signal : C’est l’heure de courir vers la Grande Scène, parce que Fat Dog va commencer.

Originaire du sud de Londres, le groupe s’est taillé une sacrée réputation en un temps record. Moins d’un an après la sortie de leur premier album Woof, ils enchaînent déjà les festivals aux quatre coins du globe. Leur passage au Trabendo en avril dernier avait laissé un parfum de chaos joyeux. Alors, autant dire qu’on les attendait de pied ferme.

fat dog rock en seine
Fat Dog par Kevin Gombert

Joe Love, le chanteur, débarque sur scène clope au bec et bière à la main, les bras tendus avec une nonchalance affirmée. Le groupe s’installe, un extrait théâtral résonne, voix caverneuse à la Vincent Price… puis surgit le hurlement d’introduction : « Vigilante » explose. Dans la foule, les premiers pogos se forment. Chris Hughes, derrière les synthés, se jette rapidement dans le public, dirigeant les corps comme un maître de cérémonie, mains en pinces de crabe pour dicter la chorégraphie du pogo.

Tout le concert se joue dans ce rapport direct, charnel, avec le public. Quand ce n’est pas Hughes qui plonge dans la foule, c’est Joe Love qui passe la quasi-totalité du set dans les bras des spectateurs. Cette proximité transpire d’authenticité, et rend Fat Dog immédiatement attachants : on a envie d’être de leur bande. Mention spéciale au violoniste, qui délaisse soudain son instrument pour offrir une improbable démonstration de breakdance, achevant de rendre le moment totalement fou.

Kneecap : The Wind That Shakes Rock En Seine fontaines d.c

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Kneecap – Rock en Seine 2025 – Crédit Photo @Pénélope Bonneau Rouis

Tiocfaidh ár lá! Ohlala! Sans doute l’un des concerts les plus marquants, sinon le plus marquant, de cette édition 2025.
À 18h25, Kneecap doit monter sur la scène du Bosquet. Problème de riche pour les festivaliers : à 19h25, Fontaines D.C. démarre sur la Grande Scène, à l’autre bout du site. Dilemme classique des festivals : quitter Kneecap avant la fin pour filer voir Fontaines ? Ou rester jusqu’au bout et assumer d’arriver en retard ? Réponse en fin de récit.

Mais avant même que la première note ne retentisse, impossible d’ignorer le contexte. Kneecap n’est pas un groupe comme les autres. Leur soutien affirmé à la Palestine leur a déjà valu d’être écartés de plusieurs festivals et même bannis de Hongrie pendant trois ans. Mo Chara, lui, est actuellement poursuivi après avoir brandi un drapeau du Hezbollah en concert. Autant de polémiques qui, loin de les affaiblir, nourrissent leur aura : celle de la nouvelle génération du punk irlandais, rebelle, fière et impossible à faire taire.Rock en Seine, lui, n’a pas cédé. Le festival a choisi de maintenir Kneecap à l’affiche. Un geste fort, qui sonne comme un soutien non seulement à leur musique, mais aussi aux causes qu’ils portent, palestinienne et irlandaise en tête.

C’est dans ce climat chargé que le public se presse devant la scène du Bosquet. L’attrait du scandale joue son rôle : beaucoup sont venus « voir ce qu’il va se passer ». Mais d’autres sont là pour témoigner ouvertement leur soutien, drapeaux irlandais et palestiniens à la main, keffiyeh sur les épaules.

Dès 18h10, l’attente devient compacte, presque étouffante. On se faufile difficilement dans le crash, tandis que les voix s’élèvent déjà : « Free, Free Palestine! ». Le ton est donné, l’heure suivante appartiendra à l’Histoire.

18h25. 3CAG explose dans les enceintes. Dans le crash, c’est la cohue, les photographes se bousculent comme rarement pour cette scène. Avant même l’arrivée du groupe, des slogans apparaissent, traduits en français :
« Israël commet un génocide contre le peuple palestinien. Plus de 90 000 personnes ont été assassinées en 22 mois. Le gouvernement français est complice : il vend et facilite le commerce d’armes à l’armée israélienne. »

Puis le rituel commence. DJ Provaì arrive en premier, cagoule tricolore irlandaise vissée sur la tête. Mo Chara et Moglaì Bap suivent aussitôt, et la clameur monte d’un cran. Quelques sifflets surgissent : un petit groupe d’opposants tente de troubler le set. Rapidement, la sécurité les isole et les évacue. La tension est palpable, mais Kneecap ne plie pas. Au contraire, ils redoublent d’énergie et martèlent leur message. Pour eux, le constat est limpide :
« C’est plus facile de se concentrer sur un groupe de rap irlandais que sur le réel problème : un génocide est en train d’avoir lieu et tant que rien ne se sera fait, nous ne nous tairons pas. »

Mais ce concert, malgré son poids politique, reste avant tout une célébration. Moglaì Bap rappelle avec fierté que ce sont des Françaises qui ont offert à l’Irlande son drapeau tricolore. Parce que Kneecap, c’est aussi ça : une force révolutionnaire qui redonne souffle à une langue en danger. L’« Effet Kneecap » a relancé l’usage de l’irlandais, jadis menacé de disparition presque totale, et leur rap abrasif le propulse à nouveau sur les lèvres d’une génération entière.

Et cette joie, elle est là : dans leurs rires, leur complicité et l’énergie contagieuse de leurs morceaux. Le public scande leurs textes, mélange d’anglais et d’irlandais, repris à pleins poumons par une foule franco-irlandaise en communion totale. Mo Chara s’en amuse : « Il y a des Irlandais dans le public ? » — « Oui ! » — « Et des Bretons ? » Moglaì Bap s’émerveille du goût des escargots à l’ail, pendant que DJ Provaì, goguenard, lance un « Allez les Bleus ! » repris par la foule.

Côté setlist, on est servis. Une large part de Fine Art, leur dernier album, ponctuée en fin de concert par deux classiques absolus : H.O.O.D. et Guilty Conscience. Et pour conclure ? Leur tout dernier single, The Recap.
Réponse au dilemme originel donc : nous sommes restés jusqu’au bout, incapables de lâcher une seconde de ce qui restera comme un moment historique du festival. Parce qu’au-delà des polémiques et des slogans, une certitude demeure : le punk est d’abord une manière de vivre, de résister, de croire. Et nul mieux que les Nord-Irlandais ne peut en incarner la fierté, la rage et l’espoir.