L’Ecosse à ses classiques ! Le Monstre du Loch Ness, le haggis, les pubs et surtout Belle and Sebastian ! Le groupe culte de la scène pop rock nous rendait visite à la Salle Pleyel le 28 mai 2024 pour un moment aussi chaleureux qu’émouvant sous forme de fête populaire. Un concert charmant face une famille de fans dévouée qu’on vous raconte.
What happened to you, folks ?
Ce soir, la Salle Pleyel est emplie de carreaux écossais. Les jupes et kilts sont légion et la question se pose clairement, comment suis-je passée à côté du dress code ? Il faut dire que la bande de Belle and Sebastian sait accueillir son public dans espace si plaisant qu’il est aisé de vouloir faire partie de cette grande famille. La bienveillance écossaise très certainement. La météo a elle aussi décidé d’épouser le thème en laissant couler des litres d’eau toute la journée. Pourtant une fois devant la salle du quartier huppé parisien, le soleil a repris sa place, de quoi faire un heureux clin d’oeil au titre « Another Sunny Day » qui sera interprété plus tard dans la soirée. Sa douceur colle à merveille à l’univers musical de la formation que nous sommes venu applaudir. Groupe prolifique s’il en est, il publiait le titre « What happened to you, son ? » au mois d’avril 2024 alors que l’année 2023 était le berceau de non pas un mais deux nouveaux albums. Autant de bonnes raisons de venir prendre des nouvelles de son public de Paris, Lyon, Bordeaux Nîmes sur les « beaux » jours.
A l’intérieur de la salle, une micro fosse permet à celles et ceux qui veulent être au plus près de profiter d’un concert debout. Les étages eux, plein à craquer, se voient emplir de visages et d’yeux qui pétillent. Stuart Murdoch prend place au centre de la scène, avec à ses côtés son comparse de toujours Stevie Jackson. Le trait du concert se dessine dès ses premières notes sur « The State I am In », puis sur les morceaux qui le suivent. Le dernier né donc « What happened to you, son ? » et « So in the Moment » en l’occurence. Trois titres c’est habituellement le temps qui est donné aux photographes professionnels pour prendre leurs clichés mais c’est aussi le temps que prennent les musiciens pour mettre tout le monde dans le bain. Et celui-ci est à la parfaite température. La pop de Belle and Sebastien est douce, lumineuse, elle est une amie dévouée qui reste toujours à vos côtés. Elle n’a rien d’extravagant, elle est bien faite, humble, toujours plaisante. Chaque adjectif qui qualifie la musique du groupe qui officie depuis 1996 est également une façon de raconter leur concert. Chaque minute fait écho à une bonne humeur contagieuse sans artifice, un repas entre amis en somme. Les accords viennent assaisonner les morceaux qui sont des plats. Les musiciens, nombreux, donnent tous les moyens pour passer le meilleur des moments, si convivial qu’on en oublie les efforts déployés.
Piazza, Paris Catcher
Il parait loin le pub lorsque l’on observe la salle parisienne sculptée pour les concert de musique classique, dont l’élégance est évidente. Sa beauté pourrait apeurer. Il n’en est rien. Le pub et son atmosphère légère ont eu raison de l’architecture de l’espace, prenant place à travers les notes. Nos hôtes ce soir sont particulièrement bavards et les échanges sont nombreux. De ceux qui amusent l’assistance aux demandes de morceaux et discussions avec le premier rang, ils ponctuent une set list pourtant dense. Finalement, le groupe qui doit son nom à l’histoire de Cécile Aubry est à l’exacte hauteur de ce que l’on attend de lui. Le son est parfait, le visage de Sarah Martin, l’incroyable multi-instrumentiste et vocaliste du groupe rayonne sur scène derrière ses jolies sourires. Au cours de ce moment de conversations, on apprendra d’ailleurs que Belle and Sebastian avait tenté de postuler à l’Eurovision mais s’est vu refuser. « L’Ecosse ce n’est pas pas un pays! » s’amuse Stuart Murdoch pour qui la victoire aurait été une évidence. Dans la set list peu après « Reclaim the Night », on découvre avec une immense joie la magnifique « Piazza, New York Catcher ». Titre emblématique de Belle and Sebastien, il prend une sonorité complètement différente, plus brute et moins pop aérienne en live. Les paroles sont chantées par le public en coeur alors que la fosse se compresse. Point de pogos, point de slams, ici tout se fait avec douceur. A l’image du groupe, son public prend soin des siens, se place en faisant attention aux autres, se sourit facilement.
La Salle Pleyel sous la neige
Les titres s’enchainent. « Reclaime the night », « Dress Up in you » (issu de « The Life Pursuit »), « Funny little frog » permettent de piocher dans la carrière du groupe. Toujours dans une optique de communion, la formation demande à son public de choisir le prochain morceau. C’est finalement « My Wanderin days are over » qui remporte les élections improvisées. Et pour celles et ceux aux premier rang qui demande « The Fox in the snow » ? Pas d’inquiétudes, il arrive bientôt. « Sleep the clock around » sert de conclusion avant le rappel. Et puis chose promise, chose due notre renard montre le bout de sa queue. Les écrans servent quant à eux à faire entrer de la neige dans la salle Pleyel. Le moment est aussi magique qu’un matin de noël. Après tout, quel meilleur cadeau qu’un morceau ? Et comme à noël, l’important c’est aussi de se réunir. Alors pour que la soirée se termine en beauté, les fans sont invités à monter sur scène où ils dansent volontiers. Chacun.e suit les pas qui l’inspire, se laisse aller. On ne juge pas en famille.
Il restera deux titres avant de se dire au revoir. »The Blues are still blue » vient à clôturer ce moment suspendu. Dehors, la pluie a laissé place à une douceur que l’on inspire à plein poumon. Finalement les écossais auront apporté le soleil et le neige dans leurs valises. Rien de plus logique, Belle and Sebastian signent la bande originale de nos vies, que l’on a plaisir à écouter saison après saison.
Samson, vous l’avez peut-être suivi dans ses précédentes aventures. Il était le chanteur de Bolides et de Ruby Cube. Aujourd’hui, le voilà qui décide de voler en solo et de faire ses grands débuts à travers un tout premier titre, « L’oiseau bleu » qu’il sort sur le label S76. Découverte au milieu d’un nid de pop bien dosée !
Ce tout premier titre se construit comme un point qui relierait le passé et le futur. Clairement pop, emblème de la chanson française d’une époque, il n’hésite pourtant pas à y apposer sa dose de modernisme. Si on pense à de nombreux très gros noms de la scène actuelle, il tire son épingle du jeu sans jamais copier. On y retrouve l’énergie de l’Impératrice, la touche rétro-futuriste de Voyou, la candeur de Christophe, l’intemporalité de Piaf, l’émotion de Barbara et les paillettes de Dalida. Tout un programme donc.
En outre d’une mélodie aussi entêtante qu’entraînante, les paroles du titres sont centrales pour mieux l’appréhender. Il est inspiré par le poème « Blue Bird » de Charles Bukowski paru en 1992 dans le recueil « The Last night of the earth poems » où il dépeint avec la plume sans concession qu’on lui connait l’histoire d’un homme fier qui veut à tout prix cacher l’oiseau qui est en lui. La peur de montrer ses émotions prend ainsi le dessus. Une belle façon de parler de la masculinité telle qu’imposée par la société pour Samson.
C’est dans son histoire familiale que le musicien tire son inspiration. Bercé par Brel, Dalida, Barbara puis à l’adolescence par les Beatles et David Bowie, il puise son inspiration dans ses peines mais surtout la quête de son rêve, devenir une icône de la pop.
Un projet qu’il avait également mis en place l’an dernier aux côtés de Kevin Heartbeats sur le titre » Eté Amer » également publié sur S76.
En attendant de l’accompagner dans ses songes, on peut déjà écouter son tout dernier né.
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Lulu Van Trapp dévoilait le 19 avril son nouvel album « LOVECITY ». Un album qui se laisse aller à une dominante clairement pop sans pour autant perdre son esprit rock. Comme toujours avec l’équipe, qui a décidé de ranger ses costumes pour montrer son vrai visage, les morceaux comme les textes reflètent d’un engagement profond. Pour le féminisme, mais aussi pour l’art, pour l’envie de bousculer les codes et inviter le plus grand nombre à la réflexion. Le groupe qui a l’habitude de se mettre à nu sur scène sait aussi le faire en interview. Avec Rebecca, on parle de pop, du corps féminin, de se réapproprier son corps, du pouvoir de l’amitié, de l’art qui bouscule, d’art populaire, de nudité, de violence mais aussi de Catherine Ringer.
Pop&Shot : LOVECITY sortira le 19 avril, comment le décririez-vous en quelques mots ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : LOVECITY parle de ce qui nous rattache et nous éloigne de la ville – de notre ville, Paris. Cet album traite de la relation amour-haine qu’on peut avoir à l’encontre de là d’où on vient, de ce qui fait à la fois notre fierté et notre faiblesse. Et de comme cette relation peut se propager jusqu’à l’intérieur de nos corps, nos relations amoureuses et amicales. LOVECITY part d’un constat sombre sur le monde qui nous entoure, et finit sur un espoir lumineux en notre génération et les suivantes, une foi inébranlable en l’amitié.
C’est un album qui parle beaucoup d’amour mais surtout d’amour entre amis comme un remède. L’amitié est-elle un remède aux maux d’amour ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : A travers les chansons de cet album mais aussi notre expérience personnelle depuis que nous en avons entamé la création, nous avons réalisé que l’amitié est décidément la plus solide des formes d’amour. L’amitié est libre du capitalisme, elle n’obéit à aucun contrat, à aucune monnaie. C’est le dernier lieu de liberté et c’est là que nous puisons notre force. L’amitié nous a à de nombreuses reprises sauvé.e.s du chagrin d’amour et peut même avoir la force de nous sauver de cette époque dure et solitaire. C’est de ça que parle LOVECITY aussi, cette ville d’amour qu’on imagine, elle brille en nous.
Ce n’est pas toujours facile et harmonieux de se situer à la croisée des contraires, mais l’assumer en fait une force.
La volonté de faire cohabiter punk et pop a toujours fait partie de votre ADN. C’est un titre qui tire sur la pop qui ouvre l’opus : « L’amour et le Bagarre ». Ce sont aussi deux mots qui représentent bien votre groupe. Etait-ce une façon de donner une définition immédiate de l’univers de LuluVanTrapp ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : On peut dire ça oui! Après, la définition se situe plutôt dans ce titre que dans les paroles de la chanson, qui déroule une relation toxique comme on les connaît et les expérimente souvent à nos âges, que l’on a essayé d’écrire sans jugement ni morale. C’est bien dans l’espace où ces deux mots se cognent qu’on peut définir LuluVanTrapp, en effet. Entre amour et bagarre, punk et pop. Ce n’est pas toujours facile et harmonieux de se situer à la croisée des contraires, mais l’assumer en fait une force.
Ce qu’on montre dans l’amour et la bagarre, c’est l’image même du consentement.
Son clip avait pour but de transcender la violence. Loin de la violence gratuite, il s’agissait de violence reçue et donnée volontairement. Tourner cette vidéo, était-ce cathartique pour vous ? Comment avez-vous fait pour rompre le schéma classique de la violence que l’on voit beaucoup à l’écran ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : On a écrit le scénario à quatre mains avec Lucie Bourdeu, qui a aussi réalisé notre clip BRAZIL. On y retrouve les thèmes qui nous obsédaient alors et nous obsèdent encore, que nous continuons à creuser et déconstruire, avec au centre la ré-appropriation de la violence par, et non plus contre, le corps féminin. En effet, dans l’un comme dans l’autre nous montrons des personnages féminins puissants et impénitents, initiatrices de la violence et jamais victimes de celle-ci. Tout au plus sado-masochistes ou carrément psychopathes, mais jamais victimes. De plus, ce qu’on montre dans l’amour et la bagarre, c’est l’image même du consentement. C’est un fight club où une bande de potes se mettent sur la gueule sans conséquences pour extérioriser la violence subie dans la société. Et n’est-ce pas là notre rôle d’artistes ? Nous emparer de l’imagerie de notre époque et en faire un objet qui fait s’interroger, qui en démontre le cynisme? Le point de vue de la caméra nous le montre bien, s’attardant sans cesse non pas sur celle.ui qui donne mais celle.ui qui reçoit le coup (la bagarre) qui est voulu, désiré comme un baiser (l’amour). C’est un clip profondément féministe, au regard féminin et empathique sur une femme dé-chaînée.
Le titre « Geisha » parle de place dans la société en tant que femme. Pourquoi avoir choisi cette figure de dame de compagnie très traditionaliste pour illustrer ce propos ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Encore une fois, pour faire briller la thématique par son contraire. Je ne dirais pas que « Geisha » parle tant de la place de la femme dans la société que d’habiter son propre corps pleinement. Et d’admettre que même le détester, c’est le considérer, donc le posséder. Après, en effet, les femmes vivent plus que quiconque leur place dans la société, à travers, en dépit de, et assignées à leur corps. C’est une chanson qui veut surtout donner de la force. Quelle que soit la façon dont on vit son corps, il prend de l’espace, il existe, on ne peut disparaitre / on ne peut nous faire disparaitre. Il faudrait nous tuer pour cela. Et la deuxième partie du refrain parle bien de ça : qu’on me cache / me torde / je remplis l’espace – peut importe ce que l’on fera subir à nos corps, nous existerons. C’est une chanson pour affirmer son existence, sa légitimité, sa place. Ce qui est drôle, c’est que bien que ce soit une voix féminine qui la chante, la chanson n’est pas genrée. Et pourtant, quand on l’écoute on ne peut qu’assumer que c’est d’une femme dont on parle. Et là se situe le coeur du problème de la perception de la place de la femme dans la société.
C’est la nudité le véritable uniforme qui nous met toustes au même niveau.
Le corps a une place centrale dans l’univers de LuluVanTrapp. A la Maroquinerie vous aviez par exemple invité des spectateurs.trices à se mettre entièrement nu.e.s sur scène. Comment cette nudité est-elle synonyme d’art et de liberté dans votre univers ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Je trouve que la nudité dénuée de préméditation est ce qui représente le mieux le lâcher prise d’un concert. C’est la métaphore de ce que nous faisons quand nous sommes sur scène, mettre nos sentiments à nu, se donner à l’exercice complexe d’être complètement honnête. A travers la nudité nous sommes tous égaux.égales. Il n’y a plus de symbole de différences de classe, culturelle ou sociale. C’est la nudité le véritable uniforme qui nous met toustes au même niveau. Je pense aussi que la nudité simple, sans forme de strip tease, sans accessoires ni atours, nous permet d’accéder à un regard dénué de sexualisation. C’est une façon de rendre humble face à ce que la nudité représente, de boycotter les regards non-désirés, de se ré-approprier son érotisme à travers un acte très pur et un retour aux sources, à l’état sauvage.
notre volonté est pop au sens populaire du terme
Cette idée de nudité peut choquer. Le choc dans l’art peut être essentiel pour faire passer des messages. Vous pensez qu’aujourd’hui l’art peut-il encore être bruyant, radical et donc à contre courant des mœurs ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Il est même nécessaire que l’art reste ainsi, c’est le devoir des artistes! Avec LuluVanTrapp, nous voulons nous inscrire dans le genre musical de la pop. Le rock, le punk, le hip hop, sont des genres qui nous traversent et nous alimentent, mais notre volonté est pop au sens populaire du terme. C’est à travers la pop qu’on veut faire passer des messages qui toucheront un maximum de personnes, qui seront le plus ouverts (sans être policés). Se dire qu’on fait de la pop force à penser son message différemment. Quand on fait du rock , on pense « contre » la société, quand on fait de la pop on pense « avec », et on trouve ça infiniment plus interessant, subversif et dangereux aussi! On regrette qu’il n’y ait pas plus d’artistes qui mêlent engagement et art. Nos paroles ne sont pas toujours directement engagées, mais notre engagement politique irrigue tout ce que l’on fait. Et oui, l’artiste qui cherche à plaire à tout le monde, ne choquer personne et présenter un visage agréable, est pour moi un commerçant d’art.
Le costume a une place centrale dans vos concerts. Pourtant cette fois, vous ne voulez plus jouer de rôles. Comment ça va se matérialiser sur scène ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Je vous rassure, le costume continue et continuera d’avoir une très grande place. Nous avons un tel goût pour ça que c’est impossible de le dissocier de la performance. Mais ce que nous voulons dire par là, c’est que plutôt de continuer d’incarner une multitude de personnages et de muer sans cesse d’identité, nous avons enfin trouvé la nôtre et sommes dans une volonté d’explorer toutes les facettes du même costume, au plus près de ce que nous sommes vraiment.
« Pornbooth » tranche en milieu d’album, déjà avec ses paroles en anglais mais aussi avec ses sonorités disco / dance rétro. Il est aussi le résultat de réflexions intérieures qui surgissent. Quelle est son histoire ?
Lulu Van Trapp- Rebecca : « Pornbooth » s’inspire de ces chansons et duos qu’on pouvait souvent entendre dans la variété française dans les 80’s, avec des couplets en français et de refrains en anglais. On trouvait drôle de surfer sur notre double identité en l’assumant à fond. Et même de métisser la chanson au point d’avoir une instru d’inspiration « française » pour les couplets ou Max chante et plutôt « brit » pour les refrains ou je chante. C’est la seule chanson de l’album qui ne parle pas directement de nos expériences, mais où on s’est amusé.e.s à imaginer une cyber relation entre un mec un peu paumé et pas tout à fait déconstruit – mais sur la voie, on sent qu’il se cherche – et une camgirl de l’autre côté de l’océan. Lui, chante son amour à sens unique, puisqu’il est pour elle perdu dans la marée de clics qu’elle reçoit à la minute.
Elle, chante sa propre désillusion face à son métier qu’elle trouve parfois un peu vide de sens (car non reconnu et non encadré!) mais aussi son empouvoirement d’utiliser fièrement son corps comme gagne pain (plutôt que d’être soumise à lui, ce qui est de toute façon la façon dont la majorité des femmes vivent leur corps – pourquoi ne pas en tirer de l’argent du coup?), de faire payer les hommes pour pouvoir le regarder et prendre sa revanche sur ce regard dont ils pensent avoir le droit de jouir gratuitement (harcèlement de rue par exemple). Mais aussi sa solitude parfois, de danser seule dans sa chambre pour l’oeil d’une caméra. On a adoré enregistrer cette chanson, car comme tous les duos de l’album, on l’a chantée en même temps avec Max, en se regardant, en dialoguant réellement, en riant, en se plongeant dans les émotions l’un de l’autre. On a vraiment incarné ces personnages le temps d’une chanson.
Ce ne serait pas notre ville si on ne voulait pas constamment la fuir mais qu’elle nous manquait aussi à chaque fois qu’on en est loin.
LOVECITY c’est Paris, votre ville, celle qui vous a porté en tant que groupe. Elle a bien des visages cette capitale, de la ville romantique, à celle détestée, des clichés aux nuits endiablées. C’est quoi le Paris de LuluVanTrapp ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Grande question! Déjà ce ne serait pas notre ville si on ne voulait pas constamment la fuir mais qu’elle nous manquait aussi à chaque fois qu’on en est loin. En vrai nos sentiments face à cette ville sont plutôt bien résumés dans la chanson city girl. Notre carte de paris à nous va de Saint Ouen à Ménilmontant en passant par Pigalle et SSD. C’est petit mais c’est là qu’on vit, qu’on a grandi et enregistré notre musique, comme un village.
L’album a été masterisé par Mike Bozzi, comment était-ce de travailler avec lui ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Nous n’avons pas été en contact direct avec lui, mais plutôt le réalisateur et producteur de l’album, Azzedine Djelil. Le son qu’il nous a proposé nous a tout de suite plu et intrigué, car il poussait la volonté « pop » de l’album plus loin encore, avec un son à l’américaine, la voix hyper définie qui surplombe une instrumentalisation qui laisse la place aux kicks, aux basses, avec les guitares et les synthés qui explosent parfois, mais sinon un medium assez en retrait. Assez différent de notre premier album, masterisé par (rip) John Davis aux studio Metropolis, qui avait un son « brit » plus agressif et rock. Ici, la place est faite à l’aspect dansant de l’album, tout en préservant son côté vraiment « chansons ».
On a particulièrement aimé le moment où elle a foutu la honte nationale à Macron
Même si ce n’est pas réellement une influence, vous avez été comparés souvent aux Rita Mitsouko, peut-être par besoin de mettre les artistes dans des cases. Vous disiez que vous respectiez énormément Catherine Ringer. Elle a chanté pour l’entrée dans la constitution du droit à l’avortement. Etait-ce un moment inspirant pour vous ?
Lulu Van Trapp – Rebecca : Oui, même si le gouvernement pour lequel elle a chanté ne nous inspire que du dégoût. On a particulièrement aimé le moment où elle a foutu la honte nationale à Macron en l’ignorant au moment où il essayait de la féliciter, et par là s’approprier son acte d’ailleurs.
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Colossal groupe de rock alternatif américain, X Ambassadors ne déçoit jamais. L’oeuvre des frères Harris vient d’ajouter une nouvelle pierre à son édifice en dévoilant « Townie », son nouvel opus le 5 avril 2024. Les habitués des titres qui font mouches et s’encrent immédiatement sous la peau reviennent avec un album à l’évidence musicale évidente aussi cosy que plaisante. Critique.
« Townie » : etre chez soi
Sam Nelson Harris et Casey Harris sont originaires d’Ithaca dans l’Etat de New-York. C’est en 2009 qu’ils débutent entourés de leurs amis depuis la maternelle : Noah Feldshuh et Adam Levine. Puisque pour le groupe, le foyer, qu’il soit localisé ou dans les relations, est central. Et c’est un changement géographique, un départ pour Brooklyn qui sera à l’origine de la création de « Townie ». Une dose de nostalgie peut-être ? Certainement l’envie de créer un conte musical autour de la vie dans une petite ville. L’ennui à ses vertus. Grandir dans une petite ville c’est déjà être né quelque part et être donc marqué par le mode de vie qui en découle. Les longues promenades en vélo, le bus, se perdre dans les bois, faire les 400 coups, les premiers flirts et rêver à l’immensité du Monde, voilà qui peuplait le quotidien des frangins. A l’évocation de pareils souvenirs, faits d’armes de la promo de « Townie », les images se succèdent forcément. Est-ce après tout parce télévision et médias ont peuplé nos imaginaires d’une vie à grandir dans les vastes banlieues américaines ? A force d’en faire un rêve n’y avons-nous pas d’une certaine façon forgé notre imaginaire adulte ? Loin en est pour X Ambassadors qui y puise avec une certaine nostalgie la beauté d’un passé. Nous voyons cette vie rêvée avec le filtre de ce que l’écran aura bien voulu nous donner. Le regard plus direct de nos hôtes, lui, se filtre dans sa musique de cette touche douce-amère propre au passé qui revient en mémoire. Bonne nouvelle pour cet album, X Ambassadors y appose ses mélodies les plus graphique et invite l’auditeur à y plonger comme dans une bande-originale. Celle d’une vie ? Certainement mais en prenant suffisamment par la main pour que les expériences de vies se juxtaposent. Voilà donc que « Townie » est une plongée dans l’intime. Un jardin secret qui ouvre ses portes pour se faire terrain de partage.
A l’âge adulte, Sam Nelson Harris a d’ailleurs pris le temps de retomber amoureux du nord-américain. Et c’est cette lettre d’amour, également destinée à ceux qui viennent aussi de quelque part, de villages oubliés, partout dans le Monde, que l’on est amenés à écouter.
Quand on arrive en ville
En 2015, X Ambassadors démarrait très fort avec son premier album « VHS ». Le titre y était encore une fois emprunt de nostalgie, mais la troupe s’étant connue dans sa petite enfance, l’affaire paraissait logique. Coup de maître, le groupe y signait déjà une collaboration avec Imagine Dragons. Machine à tubes rodée, on retrouve d’ailleurs sur ses précédents opus les cultes Unconsolable, Jungle, et Renegades qui servait d’ailleurs d’ouverture à leur concert à l’Elysée Montmartre de Paris au mois de février. « Townie » compte moins pourtant sur les grosses machines tubesques que sur une montée en puissance musicale où les mélodies à fleur de peau s’enchaînent. Pour peu tout l’album pourrait s’écouter briquet en main, mouchoir en poche. Les 12 titres qui composent l’opus s’enchaînent d’ailleurs avec une évidente fluidité. Sunoco en est l’accroche idéale et permet de placer immédiatement le cadre. Les refrains entêtants, marque de fabrique de la formation y sont légion tout comme la capacité à créer des riffs précis, taillés pour séduire. Your Town est certainement le morceau le plus représentatif de l’album que se soit dans sa construction musicale ou ses paroles. D’autant plus que sa douce montée dégage l’atmosphère propre à cette galette qui fait la part belle à la voix puissante de son chanteur. Le lyrisme y est de mise titre après titre. Voilà qui reste vrai jusqu’au bout. « Follow the Sound of my Voice » permet d’ailleurs de se laisser entièrement prendre par la main pour visiter les souvenir de nos musiciens locaux. La voix encore une fois comme vecteur d’images. La conclusion se fait sur « No Strings », l’occasion pour la voix chaleureuse de s’offrir un dernier démarrage sur les aigus. Plus rythmé que le reste de l’opus, le titre se vit comme une dernière promenade à tout allure entre les maisons, les visages de ses habitants et la verdure flamboyante. Et c’est ce sentiment d’avoir appartenu à une communauté qui reste gravé dans la peau comme un tatouage en forme de racines, bien longtemps après l’écoute.
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