
Warhaus est des plus prolifiques. Musicien de génie, Maarten Devoldere de son vrai nom n’a de cesse de créer. Presque coupé du monde pour mieux s’approprier son propre spectre musical, il excelle encore et encore. Il y a deux ans, le musicien nous plongeait dans les turpitudes amoureuses avec son « Ha Ha Heartbreak ». Aujourd’hui, il nous propose de toucher la Lune avec « Karaoke Moon » sorti fin 2024, une merveille d’écriture qui l’a conduit à l’Olympia de Paris. Il fallait qu’on vous en parle !
Houston, c’est un karaoké !
L’élégance. Tout simplement. Un mot, un seul pourrait donner une idée de la musique de Maarten Devoldere, alias Warhaus. Lorsque l’on écoute son groupe Balthazar, cette définition y est tout aussi évidente. Aidé par son acolyte Jinte Deprez , les musiciens à la précision redoutable changent tous les codes du rock belge. Il faut dire que le groupe formé en 2004, profitait du passage par le conservatoire de Gand de son équipe fondatrice. Si les deux musiciens sont autant experts l’un que l’autre, chacun a sa propre marque de fabrique. Sa propre façon de composer. Et pour notre homme, il fallait créer un projet d’expression complet, Warhaus. Un univers qu’il prit d’ailleurs le temps d’installer à pas de velours comme la beauté de son timbre, sobre et hautement séduisant. Écouter l’un de ses albums revient à se glisser dans un boudoir et en déguster l’éminente effluve, obsédante. Quelle surprise donc d’en sortir aujourd’hui pour aller directement toucher la Lune. La minutie de notre musicien s’invite forcément aux festivités et ce dès ses premières notes à la précision tranchante sur « Where the names are real ». Warhaus aurait-il encore fait un chef d’œuvre ? Bien sur que oui. Pour que notre fusée décolle, il aura fallu deux années de travail acharné et neuf mois de studio.
Warhaus, It is rocket science !
C’est donc un beau bébé tout rond et bien plus brillant que l’argent qui vient nous être délivré. Warhaus nous confiait en interview ( à lire ici ) se couper de la nouveauté en musique. Concentré sur ses créations, qui sont elles, pour voler le dicton aux anglophones, rocket science. Les cuivres sont de la partie mais pas seulement. Maître des instruments, Warhaus ose tout. Si bien qu’en milieu de périple, il nous offre le pas léger d’un piano et son raffinement exquis sur un titre entièrement instrumental « Jacky N. » Sur la planète Warhaus il n’y a pas de gravité et nous flottons tous dans les airs. Ses airs si brillamment composés. Pour autant, notre astronaute entoure ce temps suspendu de titres qui lui sont aussi opposés que complémentaires. « Zero One Code », pop tribale est l’occasion d’un nouveau safari sur la Lune, bien différent de celui qu’Air nous proposait mais tout aussi envoûtant. Le temps s’il est différent dans l’espace est une valeur à tordre pour Warhaus. Il s’accélère et se ralentit, se distend alors que les percussions le marquent à l’infini, toujours avec délicatesse. Chaque instrument doit briller à l’exacte précision. Il n’est pas l’heure d’une éruption solaire mais bien d’incantations à la Lune. De fait, les voix de notre homme viennent rejoindre celles de choristes invité.es et parfois prendre des instincts électros, du moins dans leur production. Pour autant ce voyage avait commencé avec une pop dansante, très solaire elle, sur le notes de « No Surprise », peut-être celui qui correspond le mieux aux compositions auxquelles nous avait habitué Maarten Devoldere.
Tribal et obsessionnel, cet album l’est dans son entièreté. « Jim Morrison », clin d’œil évident à l’immense compositeur pourrait bien être celui qui permettra à notre homme de se noyer dans la musique jusqu’à en mourir sur scène. Les chœurs en falsetto y répondent parfaitement, telle un écho hanté des pensées du chanteur. L’occasion de lister, avec humour, ce qui a changé dans le monde depuis la disparition du chanteur de The Doors. La lumière que l’on voit lorsque l’on regarde les étoiles, n’existe en réalité plus depuis plusieurs millions d’années. Il parait évident de ce fait que dans l’univers Warhaus, les deux musiciens partagent la scène en défiant le temps.
La sensualité, elle ne s’éteindra jamais, titre après titre. Voix grave et piano léger s’alliant pour sceller ce pacte sur « The Winning numbers ».
C’est un petit riff pour l’homme, un grand pas pour la musique
Lorsque Warhaus vient à défendre sa pépite en live sur les planches de l’Olympia de Paris, en mars 2025, il faut évidemment s’attendre à du grandiose. Le musicien s’essaie aux cuivres pour mieux s’entourer. Chaque instant est encore une fois une démonstration de précision et de beauté. Homme orchestre, il n’en oublie pas pour autant de faire décoller le public dans les hauteurs du cosmos, posant une voix inimitable sur chaque composition. L’humour est une des clés de compréhension de « Moon Karaoke » et en ce sens l’interlude avant le rappel sur « Aline » de Christophe prête à sourire. Pour autant, l’excellence est la seule doctrine tolérée ce soir-là. A nous en donner le tournis comme peuvent le faire les « hou hou » répétitifs d’ « Emely » dernière étoile brillante en bout de galette. On y convoque l’obscure pour mieux s’y perdre. Créé en 2015, le projet Warhaus semble se bonifier à la vitesse de la lumière. A chaque seconde des trois albums qui le composent. L’immense « We fucked a flame into being », premier né de cette galaxie machinalement composée, sublimait la voix de sa muse, Sylvie Kreusch, compositrice brillante et étoile filante souvent dans le sillage de notre homme. « Ha Ha Heartbreak », composé en Sicile, livrait une vision solaire de son Monde. Les saisons ont fait place à l’éclipse. Et à ce « Karaoke Moon », preuve en est que Warhaus peut toucher les étoiles.

LA playlist parfaite de ton automne 2024 en 4 albums
Pluie à grosses gouttes, mélancolie, feuilles qui tombent. L’automne est déjà bien installé. Et l’été…
Warhaus : « Je voulais déguiser ma tristesse et la rendre jolie. » (Interview)
Si le nom Balthazar vous dit quelque chose, peut-être connaissez vous Warhaus, le projet solo…
Printemps de Bourges 2017 : Warhaus tire son épingle du jeu, Fakear magistral malgré les problèmes techniques
Vendredi 21 avril 2017, le printemps est bel et bien là sur Bourges. De façon…