Sortie progressivement au cours de ces dernières semaines depuis le 3 mars 2023 sur la plateforme Prime Video, la série Daisy Jones and The Six retrace l’histoire du plus grand groupe de rock de tous les temps et de leur mystérieuse dissolution en 1977. Racontée vingt ans plus tard par les membres eux-mêmes, la série se présente ainsi en documentaire fictif avec un casting (très) engageant.
première adaptation
Fondée sur le livre Daisy Jones and The Six, la série éponyme est la première adaptation d’une des œuvres de son autrice, Taylor Jenkins Reid. Mais précisons le tout de suite : je n’ai pas lu le livre. Sa couverture m’avait toujours paru suffisamment cheap pour que la qualité de l’écriture et de la trame en pâtissent. L’article se concentrera donc que sur la série et sa production.
Dans les années 70, le groupe The Six se forme dans la garage de la famille Dunne. À la guitare, Graham Dunne, à la basse Eddie Roundtree, à la batterie Warren Rojas et finalement, le grand frère charismatique, Billy Dunne rejoint la bande au chant. Quelques années plus tard, ils rencontrent Daisy Jones, une chanteuse ambitieuse et rebelle qui va changer leur trajectoire et les propulser au rang des plus grands groupes de l’époque.
En 1977, le groupe mythique se sépare après quelques années foudroyantes et un album, Aurora. Personne n’a jamais su pourquoi. Un mystère qui a ajouté à la légende du groupe. Est-ce à cause de la potentielle liaison entre les deux leaders du groupe, Daisy Jones et Billy Dunne ? Trop de drogues ? D’alcool ? De débauche ? Vingt ans plus tard, les membres du groupes acceptent enfin de s’exprimer, face caméra dans un documentaire avec des « images d’archive ».
Fontaine de jouvence ?
Sur ce point, la série est intéressante. Cela crée un effet de suspens d’autant plus intéressant et moins linéaire, qui peut nous faire penser à How I Met Your Mother. De plus, l’amertume et le regret qui planent dans ces passages donnent aux spectateurs l’envie de découvrir la suite. Seul aspect dérangeant, les acteurs ne paraissent pas assez vieillis dans leur passage de 1997. On pense notamment à Sam Claflin (très bel homme nonobstant) qui est à la fois trop vieux pour jouer un rocker de 25/30 ans et trop jeune pour jouer un rocker qui a vingt ans de plus. Même si les maquilleurs lui ont lissé les cheveux dans les passages récents, on n’est vraiment pas dupe. Les personnages de Daisy, Karen (Suki Waterhouse) et Camila (Camila Morrone) n’ont pas pris une ride non plus. Cela brise un peu l’illusion…
Les passages dans les années 70, par contre, sont très jolis à regarder. Le décor y est bien reconstitué (pour quelqu’un qui n’a pas connu cette période bien sûr). Évidemment, l’intrigue nous fait penser à l’histoire de Fleetwood Mac, en particulier la relation tumultueuse de Stevie Nicks et de Lindsey Buckingham. Notamment, dans la passion inavouée mais destructrice quand même des deux leaders. Il n’y a qu’à voir les scènes de concerts qui ressemblent à s’y méprendre aux shows de Fleetwood Mac dans les années 70. L’un des morceaux de l’album, « The River » ne peut nous faire penser qu’au génialissime morceau « Silver Spring » de Fleetwood Mac avec la sauvagerie de « Rhiannon » (version live 1977).
Aurora
L’album, Aurora est réellement sorti et enregistré par les acteurs fraichement reconvertis en musiciens pour la série. Daisy Jones and The Six est un projet long. En effet, les acteurs se sont entraînés et ont appris à jouer de leurs instruments respectifs depuis 2020. Notons quand même, que l’actrice qui joue Daisy Jones, Riley Keough, possède un héritage plutôt sympathique : elle est la petite-fille d’Elvis.
Aurora n’est en soit pas franchement un bon album. Enfin, il ne fait pas très 70s. Mais on joue le jeu pour mieux profiter de la série. Car cela reste une série avec des personnages fictifs. Si, comme nous l’avions écrit plus tôt, le décor est très joli à regarder, la reconstitution du sex, drugs, rock and roll reste très gentillet et bon enfant. Les choses sont plus suggérées que montrées, peut-être est-ce à cause de la politique de bienséance de Prime Video. Ou parce que le livre dont est tiré la série est adressé aux young adults. À déterminer. Dans le même genre, la série sortie sur HBO il y a quelques années, Vinyl représentait davantage l’esprit fou et excessif du monde de la musique des années 70.
détails à demi-mots
Si Billy Dunne est très agaçant (mais Sam Claflin, superbe), le reste du groupe est très intéressant… mais peu exploités. Comme dans bon nombre de groupes de rock -fictif comme réel- le reste de la bande est relégué au second plan pour mieux illuminer le leader. Avec Billy, ça ne manque pas et les autres membres du groupe ne semblent s’exprimer qu’à demi-mots. Ça nous laisse un peu sur notre faim.
Ainsi, cette bonne petite mini-série est disponible sur Prime Video et se regarde… sans modération. Pour les plus carré.es d’entre nous, un second visionnage pourra leur permettre d’effectuer une double lecture sur les faits énoncés dans la série…
« Pistol » de Danny Boyle : Punk is (un peu) not dead ?
En juillet 2022, la nouvelle série de Danny Boyle, Pistol, sortait sur la plateforme Disney…
Queen : avant les Dieux du Stade, le Symbolisme
Si aujourd’hui, l’évocation des Dieux du Stade nous fait rougir, il ne faut pas oublier…
A Love Song : Silences et sentiments
Dans le cadre de la onzième édition du Champs Elysées Film Festival était projeté le…