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septembre 2022

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Sinead O’Brien : rock électrique

Sinead O’Brien - Like Culture (Official Video)

Deux notes de guitare qui se répètent, la voix qui s’ajoute, un rythme militaire, un rock moderne jusqu’au bout des ongles, et voilà qu’en un titre la prêtresse Sinead O’Brien a pris possession de vos esprits. C’est en juin que la boule d’énergie débarquait avec un premier album sans concession qui sait toujours retenir l’oreille « Time bend and break the bower ».  Impossible d’y aller par quatre chemins, ce dernier fait l’effet d’une petite bombe. Profondément indé et pourtant accessible, il sent la classe / claque que seule l’Irlande peut offrir au Monde. La chanteuse a pour elle le raffinement et la puissance autant que l’aspect sombre des clubs britanniques et leurs sous-sols qui sentent la bière et donc le rock. Toujours est-il qu’elle enivre dès son premier titre le jusqu’au boutiste « Pain is the fashion of the Spirit », entre le spiritueux du gin et la claque amère du tonic. Alors que les loops se succèdent titres après titres, le dansant et surtout obsédant « Like Culture » en cinquième position de cet objet à 11 volets hypnotise carrément. Tubesque certes mais pas que, la chanteuse accompagnée de ses deux musiciens a au moins l’étoffe d’une certaine PJ Harvey. Pas étonnant donc de retrouver à sa production Dan Carey (Fontaines DC, Wet Leg, Squid, Black Midi, Foals, Kae Tempest). De Fontaines DC elle tient la puissance à créer des hymnes rauques, de Kae Tempest l’ultime proposition vocale et la capacité à tordre les codes pour s’approprier un phrasé ficelé. Pour mieux percevoir se force, il suffisait de se rendre à son Point Ephémère de Paris le 16 septembre. Vêtue d’une robe noire entre l’effet couture et le rock gothique, la brunette aux cheveux long s’est offert un set enflammé d’une heure, subliment ses boucles musicales et appelant à la suivre aveuglement. Impossible de détacher les yeux des premiers pas scéniques d’une future grande du rock. Le temps s’y tord à ne pas s’y méprendre. Plus qu’un album, une expérience à écouter en boucle qui casse les codes pour mieux devenir le berceau d’un son nouveau.

 

Blond : My name is Blond, et Blond c’est Bon

blond - De l'air (lyrics vidéo)

 

La pop française a un nouveau visage et ses traits sont blonds, enfin plutôt châtain foncés, mais on ne va pas couper le cheveu en quatre. D’autant que le musicien a l’art de pl’hair. D’ailleurs son premier EP s’appuie sur le single « De l’air » pour séduire. Mais arrêtons avec ces jeux de mots capillotractés pour se concentrer sur la musique. Le musicien à la voix androgyne se dévoile dans sur son jet intitulé « Pour la vie entière » paru le 22 septembre. Côté sonorités, ils compte bien entrer dans vos crânes pour mieux vous coiffer au poteau, avec ça pas étonnant qu’Asaf Avidan l’aie remarqué. Il s’est offert en tant que backliner une tournée de 15 dates avec l’inénarrable musicien israélien. Sa pop aérienne, en français dans le texte est emprunte de liberté et évoque avec une certaine légèreté la beauté verdoyante de grands champs (point).  L’ancienne moitié de Bel Plaine y évoque avec douceur l’amour naissant (« Eté brûlant » en feat avec Sandra Nicolle) comme le soulagement de l’après rupture (« De l’air »).  A un cheveu du succès, il quitte avant le Covid son ancien groupe, se consacre à ses études de coiffure, pour mieux revenir face à la solitude du confinement à ses premiers amours pour la musique. Le résultat a, à n’en pas si méprendre, la candeur à fleur de peau du meilleur de Malik Djoudi, à ça s’ajoute la pop suave aux accents rétros de The Pirouettes et autres Videoclub. Aucune raison de se faire des cheveux blancs pour lui, Blond a un bel avenir tout tracé et une tournée française qui débutait par un Pop Up du Label plein à craquer le 21 septembre pour mieux se poursuivre ensuite entre autre à Brest, Strasbourg et Nantes… Sa date parisienne aura d’ailleurs permis de mettre tout le monde d’accord. On lui prête facilement des intonations à la -M-mais aussi une capacité tubesque à la Vianney, le tout avec spontanéité et sensibilité. On ne vas se crêper le chignon et se mettre tout de suite d’accord Blond c’est bon.

 

Alela Diane : looking folk, folks

Alela Diane - Looking Glass (Album Trailer)

Si certains courants viennent et partent, se hissent dans les tops des ventes à l’instar de la nouvelle scène et du Hip Hop, la folk elle n’a jamais été le courant à hits. Et pourtant, il est l’un des plus beaux et celui qui fédère le plus. Les voix et les guitares s’y entremêlent sans jamais se parer d’artifices et autres auto-tunes. Les paroles et le timbre aux centre des émotions uniquement. En la matière et bien que le chemin soit connue, la route ne peut qu’être belle. Pour Alela Diane qui dévoilera le 14 octobre son sixième album « Looking Glass » cette dernière la conduira à parcourir le temps. Le titre fait à la fois référence à « Though the Looking Glass » de Lewis Carroll (devenu dans le langage courant ce qui est normal ou attendu) et au miroir. L’occasion donc de s’inscrire dans une démarche entre passé et futur. Une bonne manière de personnifier le courant folk d’ailleurs, l’alliance parfaite d’une tradition musicale qui se modernise en gardant ses racines ancrées. Il aura fallu quatre ans pour découvrir le nouvel opus de la chanteuse. Le temps d’affiner ses titres mais aussi de se livrer au cour de titres qui transpercent les coeurs. C’est le cas de « Camellia », déjà dévoilé, qui livre l’intimité d’Alela Diane. Elle y retrace la naissance de sa fille, alors qu’elle a failli perdre la vie en lui donnant justement la vie. Comme toujours avec sa musique, la légèreté est de mise. Aussi aérien qu’une moineau qui s’envole, on n’y perd quand même ses plumes. La folk est le meilleur reflet de l’automne, tout comme cet opus au couleurs ocres, où les douleurs sont exprimées, les notes joyeuses prennent la douce allure mélancoliques de feuilles qui tombent. Les morceaux de ce sixième jet virevoltent. Pour mieux virevolter avec eux, rendez-vous à Paris, au Café de la Danse le 18 octobre et puis le 6 février au Trianon.

 

Hot Chip : stay hot

Le 19 août,  Hot Chip revenait avec une nouvelle galette : « Freakout / release ».  Il n’en a pas fallu plus pour en faire le remède idéal à l’automne qui s’installe beaucoup trop rapidement.  Déjà parce qu’il coupe court avec la mélancolie des feuille qui tombent. Hot Chip c’est le rayon de soleil ( sans les pénibles 40 degrés) qui vient s’insérer dans les oreilles et ce dès son premier titre « Down ».  Ce dernier a d’ailleurs  profité de l’été pour se dévoiler sans paréo sous plusieurs remixes qui sont une véritable cure de vitamine d en intraveineuse. En cause, les voix rayonnantes de ses deux chanteurs et amis depuis leurs onze ans : Alexis Taylor et Joe Goddard. Si Hot Chip a toujours joué la carte de la dance alternative,  cette fois-ci la soul y est joliment affirmée.  Porteuse de chaleur, elle se fond et se pare de couleurs pop au raffinement rock notamment avec le titre « Eleanor » deuxième extrait dévoilé de la galette. Mais il ne faut pas s’y méprendre, l’électro est bien présent sur cet astre hybride. Pas besoin d’attendre longtemps, le titre éponyme invite des robots dopés à prendre le contrôle de chaudes soirées. Sauf que, comme toujours avec Hot Chip, les sonorités ne laissent en rien présager des textes. Ils sont loin du sable apaisant que laisse entrevoir cette pause pop « hot » en couleurs. « Eleanor » parle de résilience face au « Monde qui se fracasse sur vous des vagues qui s’écrasent sur vous, de la douleur totale et de la façon dont vous devez la gérer. » comme l’explique Alexis Taylor.  Nous sommes  bien loin  des vagues qui viennent peupler les mers, mais bien en échos avec une actualité qui fracasse. « Il y a une noirceur qui traverse beaucoup de ses morceaux » complète Goddard en évoquant via ses lyrics un contexte personnel et politique peuplé de gens qui survivent. Les rouleaux des vagues, leur douce écume, eux logent au coeur d’une pop sophistiquée et dansante, joyeusement tristement, tristement endiablée. Une expérience sensorielle en somme que la peau ressent autant que les oreilles. Et qui pourra se prolonger en live à Paris, le 8 octobre à l’Olympia de Paris.

Dry Cleaning : broderie punk

Dry Cleaning - Gary Ashby (Official Audio)

Il sont plusieurs à avoir donné une esthétique élégante au post punk : de Yard Act à Black Country New Road, les lignes ont été redéfinies. Mais personne n’a autant su allier cette classe à nouvelle manière de composer le courant  courant que Dry Cleaning. C’est le 21 octobre que la formation présentera son deuxième album très attendu : « Stumpwork ».  La formation en a livré un très bel extrait grâce au morceau « Gary Ashby », sa pop low-fi, sa production carrée et entêtante et sa référence à une tortue disparue pendant la pandémie. Le timbre féminin de la formation y est comme toujours obsédant et entêtant comme ses longues guitares appuyées. Les tirades y sont belles et implacables. C’est avec le producteur John Parish que le groupe aux sons froids et étoffés a choisi de travailler sur cette nouvelle galette. Propre ? Peut-être mais jamais sage. La légende veut de plus que Florence Shaw ait profité du studio pour improviser une bonne partie de ses paroles. De quoi donner de la spontanéité à un exercice carré et précis. Dry Cleaning sait ce qu’il fait, note après note et ce nouveau jet promet d’être une masterclass. D’ici sa sortie, on se délecte donc de ses premiers extraits. Et puis, on se prépare pour le concert le 8 novembre au Trabendo de Paris.


« Mauvais ordre » de Lomepal : un pied dans le miel, un autre dans le miel

  Lomepal revient aujourd’hui avec Mauvais Ordre, son troisième album attendu au tournant, annoncé début…

Porridge Radio - La Boule Noire - 2022

Pourquoi la musique de Porridge Radio est-elle si majestueuse(s) ?

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Tropical Fuck Storm (Crédits Photo : Théophile Le Maitre)

À l’occasion d’une tournée française d’à peine dix dates, le groupe australien Tropical Fuck Storm s’est produit sur la petite scène du Trabendo, le 13 septembre 2022.  En 1h30, le quatuor délirant a servi un show aussi explosif que discordant. 

19h30, Trabendo. La chaleur de cette mi-septembre est pesante, moite. Sans même avoir franchi les portes rouges de la salle, on ne pense déjà qu’à une chose : une pinte, un rosé, un verre d’eau… bref n’importe quoi pour pallier à ce que l’on aime qualifier « d’été indien » les chaleurs aberrantes de cette période. La terrasse est bien investie, et fait l’impression d’un bourdonnement continu.

20h sonnent et le duo, également australien, Party Dozen, monte sur scène. Armés d’un saxophone et de baguettes (et manifestement d’une clé USB où se trouvent des riffs de guitares préenregistrés), Kristy Tickle et Jonathan Boulet offrent un rock bien gras à la Slift, qui chauffe bien le public avant l’arrivée de Tropical Fuck Storm.

Party Dozen (Crédits Photo : Théophile Lemaitre)

Un show (très) chaud

Vers 21h, Gareth Liddiard et sa bande, Fiona Kitschin, Lauren Hammel et Erica Dunn débarquent sur scène et entament le set avec Braindrops, issu de leur deuxième album éponyme. Ce groupe majoritairement féminin (et ça fait plaisir) se prépare lentement, chauffe le public déjà tiédi par Party Dozen. 

Dans une quasi-obscurité, le public se laisse transporter dans une transe discordante et profondément punk.  Si au début, ce dernier semble relativement calme et attentif, une montée en tension (et en puissance) se fait très nette dès le milieu du concert. Ça commence à pogoter vers les premiers rangs. On observe cependant un certain décalage entre les premiers rangs qui crient et se jettent les uns contre les autres et les derniers rangs plus clairsemés et plus statiques.

Tropical Fuck Storm (Crédits Photo : Théophile Le Maitre)

Un moment électrique

Si des morceaux plus calmes viennent ponctuer le set, d’autres créent de véritable moment d’euphorie dans la salle; certains spectateurs se jetteront dans la foule comme un sac en plastique embarquerait dans une traversée de l’Océan Pacifique. La setlist ne contient d’ailleurs qu’un morceau de leur dernier album, Deep States, « Legal Ghost » et se composera essentiellement de leurs deux premiers albums, A Laughing Death in Meatspace et Brainstorms. 

Mais la surprise se fera véritablement quand Erica Dunn (guitare, synthé, voix) commence à reprendre le plus disco des morceaux qui existe, « Stayin’ Alive » des Bee Gees avec une énergie affolante. Ce n’est pas la seule reprise qu’ils ont fait puisque peu après retentissent les notes d' »Ann » des Stooges.

 

Tropical Fuck Storm (Crédits Photo : Théophile Le Maitre)

Un final discordant

Vers 22h20, le groupe quitte la scène sous les clameurs d’un public luisant de sueur et de béatitude. Pas d’inquiétude, ils reviennent très vite, et Lauren Hammel apparait sur les épaules d’un Gareth Liddiard occupé par un solo de guitare et la précaution de ne pas tomber. Chose faite, il s’agenouille et Lauren Hammel se laisse glisser en arrière. S’ensuit alors une quinzaine de minutes (un poil trop long, pour certains)  de composition musicale dissonante et délirante qui n’aura pour seul effet que d’enthousiasmer davantage la foule transie. Malgré les quelques trous dans la fosse, car le concert n’était pas sold-out,  la foule de fidèles et de nouvellement convaincu.es ressort de ce concert, avec dans le coeur, un soupçon de la folie et l’électricité d’un moment fédérateur comme celui-ci.


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« Mauvais Ordre » – LOMEPAL

 

Lomepal revient aujourd’hui avec Mauvais Ordre, son troisième album attendu au tournant, annoncé début septembre. Suite à une tournée des théâtres antiques cet été, l’artiste français dévoile enfin l’opus teasé il y a plusieurs mois par les singles « Tee » puis « Auburn ». A leurs écoutes et après un été passé en leurs compagnies récurrentes, notre petit doigt nous disait que quelque chose d’intéressant se tramait par là. Alors, Mauvais Ordre, bonne pioche ?

 

 

 

Si FLIP, le premier album officiel devenu mythique d’Antoine Valentinelli alias Lomepal, nous trotte encore dans les oreilles depuis sa sortie en 2017, c’est qu’il est placé très haut dans notre panthéon personnel. « Tu touches pas à FLIP, c’est un monument », disait d’ailleurs le rappeur dans Jeannine, son deuxième album. C’était sans savoir que ce dernier le propulsera encore beaucoup plus loin en terme de reconnaissance. Là où FLIP avait conquis un public relativement rap, Jeannine était parvenu à séduire un public bien plus large. Du Zénith à Bercy, pour résumer. Ça ne change néanmoins rien au fait que FLIP reste à nos yeux un monument beaucoup plus haut construit que Jeannine. Mais là n’est pas le débat. Qu’en est-il du petit nouveau ?

 

Soin de la production

Ce qu’il convient de dire en premier lieu est que Mauvais Ordre est plutôt fidèle à nos attentes. On sait quel virage a pris Lomepal depuis quelques années, et on a tout à fait accepté son besoin d’aller chercher ailleurs que dans le rap pur et dur, où pourtant, il avait fait ses preuves. Jeannine mêlait encore les deux aspects, Mauvais Ordre tape le poing sur le tabouret et nous dit clairement : c’est désormais ce chemin et pas un autre. Le chemin dont il est question, c’est celui de la chanson française, qu’on nomme aussi variété. C’est ici que Lomepal se sent le plus à l’aise et force est de constater que la recette fonctionne à merveille. Il a le timbre pour, la manière de chanter pour, le don de compos évidentes pour. En ce sens, Mauvais Ordre est d’ailleurs bien plus cohérent que son prédécesseur, qui avait peine à trouver pleinement sa voix, le cul entre deux chaises. On sent ici le tout moins superficiel, plus juste, plus fidèle. Cette sensation semble en grande partie soutenue par une grande maitrise sonore. Lomepal l’avait annoncé plus tôt dans l’année lors d’une interview : cet album donnera une grande importance à la façon dont il sonne. Pas de mensonges sur la marchandise, on sent directement une production affinée, précise, minimaliste. Basse batterie au cœur du projet. Cette clarté sonore est due à la bande de musiciens qui entoure le chanteur, avec comme d’habitude Pierrick Devin à la manœuvre.

Pas de doute, Mauvais Ordre veut sonner comme du miel. Mais comme il le dit dans l’album lui-même, le miel n’est pas le miel sans le vinaigre. Et Lomepal n’est pas Lomepal sans cette manière toujours aussi irrésistible et unique qu’il a de poser sa voix, de choisir ses mots, d’embrasser ses mélodies. Comme si ces nouveaux morceaux nous avait toujours habité, tant leur évidence nous titille sans cesse. C’est par exemple le cas de « Mauvais Ordre », « A peu près », « Hasarder », « Etna », « Prends ce que tu veux chez moi »… Son style est plus que jamais affirmé, impactant et direct. Cela nous rappelle ses fameuses versions acoustiques, sur FLIP Deluxe puis sur 3 Jours à Motorbass, qui allaient droit à l’essentiel. La voix y était au centre. Et cette épure est désormais le centre de sa voie. « Tee » nous avait agréablement surpris dans ce sens, tant il arrivait à mêler phrases fortes, mélodie entêtante et minimalisme musical. Construit en deux parties, le morceau reste encore un des meilleurs de ce nouveau projet. Il en va de même pour « Auburn », le morceau le plus rappé de l’album sur un refrain aux sonorités rock. Celui qui se démarque vraiment du reste par son originalité. A l’inverse, « Maladie Moderne », placé au milieu de l’album, fait apercevoir les limites du chemin emprunté par Lomepal : se reposer parfois sur quelque chose de trop simple et des effets de mélodies, mettant de côté une réelle prise de risque, autant au niveau de la production que des textes.

 

don de Faire sonner les mots

Côté texte, Lomepal sait pourtant toujours aussi bien faire sonner les mots. Il pourrait chanter uniquement en onomatopées qu’on en demanderait encore. Pour Mauvais Ordre, changement de direction : pas d’egotrip, pas de sa relation face au succès, mais un nouveau personnage, plus seulement habité par son propre « je » mais aussi par un autre qu’il nous raconte. C’est l’histoire d’un type, ni plus ni moins. Solitaire, qui n’a ni un pied dans les flammes, ni l’autre dans la glace, mais plutôt les deux dans la pénombre, et qui se sent à peu près solide, même si à part : « Plus j’essaie d’être moi-même plus le courant foire / J’ai peur de devenir l’image que je renvoie / Toujours bloqué dans la mauvaise zone » dit-il dans le titre éponyme. Le mauvais ordre en personne, qui ne sait pas bien où se situer, au point que sa ville (lumière) ne lui procure plus aucun effet et qu’il veuille aller planter quelques tomates et faire du son sans ordi. Somme toute un gars qui se croit différent mais qui ne l’est pas tant que ça, qui aime exposer ses propres failles pour arriver au constat universel : « je suis qu’un homme ». Jusqu’à cette dernière phrase de l’album, intimement personnelle, celle qui justement n’est pas « Pour de faux », mais qui résume tout le trajet pour arriver jusque-là : « je voudrais tout refaire en mieux. Mais si je fais rien qu’un choix contraire je pourrais plus la rencontrer, faut que je puisse la rencontrer ». Elle, c’est Souheila Yacoub. Une actrice suisse avec qui Lomepal est en couple depuis quelques temps. C’est elle dans le clip de « Trop Beau », mais surtout sur la pochette de l’album, en clin d’œil à la scène finale de the Truman Show. Dans un interlude de l’album, on entend Antoine Valentinelli faire référence à une autre scène du film où le personnage découpe des bouts de journaux pour créer la femme parfaite. Cette pochette prend alors tout son sens. Relégué au second plan, il laisse pour la première fois le cadre à autre que lui.

 

Mauvais Ordre est donc propre, parfaitement exécuté dans les règles de l’art, oui. La plupart des morceaux et des mélodies sont bien trouvées, oui.  Le style Lomepal trouve là une très belle continuité logique, oui. Antoine Valentinelli est extrêmement doué dans ce qu’il fait et gère sa carrière d’une main de maitre, oui. Le succès sera au rendez-vous, très certainement. Mais Mauvais Ordre est-il pour autant un album mémorable ? Le monument FLIP n’a pas trop de souci à se faire de ce côté-là.


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Benjamin Epps – « Vous êtes pas contents ? Triplé ! », un nouvel EP tranchant

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Crédit photo : Louis Comar

Dernier jour déjà au Parc de Saint-Cloud ce dimanche 28 août pour l’édition 2022 de Rock en Seine. Le temps est passé bien vite pour les festivaliers de l’évènement francilien. Il fut peuplé de réussites, notamment grâce à la performance de Nick Cave & the Bad Seeds, concert immanquable dont la beauté restera longtemps dans les mémoires, mais aussi les retrouvailles très attendues, bien qu’au résultats qui aura divisé d’Arctic Monkeys. Le festival n’a pas été à l’abri de quelques déconvenues.  Déjà en raison d’un golden pit, une fosse or à tarif supérieur, vue par de nombreuses personnes comme une attaque. Il faut dire que l’idée de rendre la fosse, ce lieu de partage, accessible à une certaine élite paraissait bien cynique. De même la présence sur les écrans géants de la pub Dior  avec Johnny Depp a été hautement contestée. Au milieu des polémiques, le plaisir de retrouver le festival était lui aussi bien présent. Déjà parce que l’évènement, synonyme de rentrée avait manqué mais aussi grâce à une programmation colossale qui avait de quoi faire frétiller. Conclusion donc pour ce dimanche à travers les deux concerts qui ont marqué notre journée.

Toucher les astres

En milieu d’après-midi, une présence bien particulière vient éveiller les esprits. La tornade Aurora est là et compte  toucher de ses doigts de fée une audience forcément conquise. Il faut dire que la jeune chanteuse vêtue d’une longue robe blanche, telle la prêtresse qu’elle est, sait diffuser sa bienveillance. Il y a une générosité sans limite dans le show de la musicienne. Venue défendre sa très jolie dernière pépite en date « The God We can touch », elle semble être surexcitée. Debout sur la Grande Scène, la voilà qui explique donc avoir joué sur une scène bine plus petite lors de sa dernière venue. Intimidée, elle expose pourtant de joie « Je suis très bien là finalement ». Il y a une sincérité à fleur de peau dans les gestuelles de la musicienne, une candeur innée qui rassemble et frappe fort. Elle va toucher les cœurs au delà de sa voix gracieuse qui prend encore plus de nuances en live.

D’ailleurs, elle invite par surprise Pomme à la rejoindre sur scène pour chanter en duo l’un des plus beaux titres de son nouvel opus : « Everything Matters ». Comme sur la version album, les deux voix angéliques s’additionnent à la perfection face à un public plus qu’heureux de cette invitation. Quelque part dans la foule une jeune femme pousse d’ailleurs quelques petits cris en découvrant la présence de Pomme. Une accolade et voilà qu’Aurora récupère l’entièreté de la scène sur laquelle elle semble flotter. Au plus proche de son public, la chanteuse sautille à chaque fois qu’elle parle et pousse ses prouesses vocales sans sourciller. Elle ne manque pas d’interpréter son titre le plus connu « Runaway » face à un parterre d’adeptes qui reprennent le titre en chœur. Toujours au plus proche de ses convictions qu’elle défend avec ardeur (et à raison) sur scène, sur album comme lors de ses prises de paroles, Aurora agite un drapeau LGBT+ (ou plus précisément un progress Pride Flag). L’amour sous toute ses formes, c’est bien de ça dont il s’agit. Et elle sait on ne peut mieux lui donner corps et chœur.

Vous étiez formidables

Il existe, il faut en convenir différentes typologies de concerts. Celui véritable, mettant en avant ses instruments, la voix d’un chanteur et une œuvre musicale et celui différent mais pour autant également intéressant qui tient plus en un spectacle. Ce second bien plus écrit, offre une expérience différente à ses spectateurs et c’est justement dans cette catégorie que se situe celui de Stromae. Il comporte d’ailleurs toujours une scénographie hallucinante pour porter une histoire racontée en musique. L’album y devient en quelque sorte une comédie musicale tant l’affaire est narrée. Attention pour autant, le plaisir y est quand même partagé et communicatif et les grosses machines tendent à époustoufler par leur rareté. L’histoire qu’est venu nous conter Stromae, elle est par ailleurs plutôt triste. Le célèbre chanteur belge publiait cette année son opus « Multitudes », un album assez inégale mais dont le propos sur la dépression avait permis pour certains, de faire un pas de plus sur le chemin de l’acceptation de la maladie mentale pour ce qu’elle est, une maladie difficile à combattre. Et rapidement, le musicien prend le temps d’expliquer que ce spectacle va parler de cet galette : « Mais on retrouvera aussi des morceaux issu du précédent album. » rassure-t-il. Pour autant, il faut lui reconnaitre, il sait rendre sa détresse aussi joyeuse que poétique. Il réussi même l’exploit de faire danser la foule en chantant les souffrances du cancer qui décime une famille et en ça l’exploit est fort. On dit Stromae, mais c’est pour mieux introduire une autre réalité, il serait bien plus véridique de parler d' »ils » au pluriel. Puisque la musique lorsqu’elle vient à rencontrer un large public n’est plus l’affaire d’un seul artiste sur scène mais bien le travail collectif de toute une profession qui œuvre dans l’ombre pour faire exister cet art si fort. L’affaire pourrait être oublier lors d’un concert mettant seulement en avant la musique. Mais pas sur ce show. Notre chanteur en a pleinement conscience et la liste de ses remerciements en fin de set qui sont « Très importants » ressemblera d’ailleurs à un long générique. Notre homme a entièrement raison. Ici des écrans géants montés sur bras radio-guidés permettent de donner au show son aspect spectaculaire. Des images défilent, d’un Stromae créé en 3D à des jeux de couleurs, un immeuble se créé puis un apocalypse proche en couleurs de celui de l’Upside Down de « Stranger Things ».

Crédit photo : Louis Comar

En scène maestro !

Ces effets ne sont pas les seuls ingrédients utilisés pour créer un show orchestré de bout en bout. Un chien robotique vient sur scène lui apporter un pull permettant quelques gags sur son fonctionnement moyen – eux aussi travaillés- et surtout de lancer « Papaoutai ».  On retrouve également des chorégraphies expliquées directement sur les écrans telles que les consignes de sécurité dans un avion. Et la sauce prend très bien. Le public suit, hypnotisé, chaque action à laquelle il est invité. Il l’est aussi par le chanteur lui-même qui s’adresse régulièrement à lui. Et c’est sûrement là que l’homme reprend le dessus, non plus simple tributaire d’une équipe, il sait on ne peut mieux gérer une foule. A chacune de ses indications, Stromae se fait entendre et est suivi. Il s’amuse régulièrement avec son public, l’interpelle, lui donne des consignes et entame ses chorégraphies. L’homme devient alors un personnage, un artiste aussi, en représentation. Il sait se composer pour mieux exister. C’est peut-être là la première clés pour comprendre son succès planétaire, celui-là même qui l’a aussi emmené à Coachella. Pour « Formidable », le titre qui lui a valu de nombreuses comparaisons à Jacques Brel, il prend cette fois les traits du désespoir et de l’homme alcoolisé. Stromae est un comédien qui joue parfaitement son rôle. Celui qu’on attend de lui, mais aussi celui qui expulse entre la scène et ses albums ses maux eux, bien encrés dans la réalité.

Crédit photo : Louis Comar

C’est sur le classique « Alors on danse » repris par une foule déchainée puis par un live a capella face à une fosse entièrement silencieuse (joli exploit) que le concert se termine.  Ce show est une excellent allégorie du festival Rock en Seine et plus généralement du milieu de la musique. Derrière chaque concert, chaque moment se trouve le travail colossal d’une équipe. Des bénévoles qu’on voit en direct à de nombreuses mains qui œuvrent dans l’ombre à ce que le public puisse passer le meilleur des moments et que l’évènement puisse exister chaque année. Des personnes qu’on prend trop peu le temps de remercier. En ce qui nous concerne, nous aimerions profiter de ces quelques mots et de cette conclusion pour remercier le service de presse d’Ephelide et sa merveilleuse équipe, notamment Marion et Catherine. Mais aussi les autres médias qui couvrent chaque année les évènements pour parler de musique, en débattre, la raconter à ceux qui n’ont pu y assister. Sans oublier nos photographes qui donnent toujours le meilleur d’eux-mêmes pour rapporter les plus beaux clichés et continuer de faire vivre le live par l’image bien après la fin des concerts. Tout particulièrement les nôtres : Kevin et Louis qui ont excellé sur le festival. La rentrée promet le meilleur pour la suite.

 


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