Les concerts de ce dernier quart de l’année 2022 nous appâtent progressivement. Septembre a commencé fort avec les australiens de Tropical Fuck Storm comme appât, et maintenant qu’on y est plongés, il continue de dévoiler l’ensemble de son jeu. Même s’il est difficile pour lui de se confronter à ses voisins encore en gestation octobre et novembre, pour le moins chauds bouillants vu les coups de pieds qu’ils assènent, septembre a ses ressources. L’une d’elle a été révélée mardi dernier au Trianon de Paris. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit du chanteur américain Kurt Vile.

Il est le co-fondateur de The War on drugs, groupe qu’il a quitté en 2009 pour se lancer en solo. Six albums forment aujourd’hui sa méticuleuse et agile carrière, dont un enregistré en 2015 avec l’australienne désormais ultra reconnue Courtney Barnett. Cette dernière se produira d’ailleurs en concert début novembre prochain dans la même salle.

Le dernier album en date de Kurt Vile, (watch my moves), est sorti cette année même. Un nouvel opus pas meilleur que les autres, d’ailleurs toujours aussi à rallonge avec de longs morceaux (l’ensemble fait plus d’une heure), mais qui a la qualité de compléter fidèlement l’œuvre du musicien. On retrouve ce qu’on aime tant chez lui : d’abord sa petite voix familière, ensuite sa patte de composition, entre simplicité, tradition et originalité. Les deux agissent comme une pommade.

 

Une salle PARFAITEMENt adaptée

Venu donc présenter ce nouvel album avec son groupe The Violators, Kurt Vile donnait ce soir-là le dernier concert européen de sa tournée. La salle du Trianon, manifestement complète, était de convenance idéale de par sa taille moyenne, sa belle architecture et sa très bonne acoustique. Nous imaginions difficilement la musique de Kurt Vile, toute en classe et raffinement, sonner meilleure quelque part ailleurs.

 

UN DéBUT DE CONCERT onirique

Le début du concert est tout de suite prenant, après une entrée sur scène chaleureusement applaudie. On se demandait à quel point ce genre d’artiste parvenait à fédérer autour de leur musique. Nul doute désormais sur le fait que Kurt Vile est très respecté dans le milieu et compte de nombreux fans aguerris. « Palace of OKV Reverse », morceau de son dernier album, se charge d’introduire le set. Tout est déjà en place. Il y a dans cette chanson un sublime parfum onirique, grâce à un riff dont seul le chanteur a la recette. Comme en apesanteur, quelque chose d’à la fois lent, doux et soutenu, « Palace of OKV Reverse » déploie déjà l’immense talent de son interprète. Kurt Vile envoute par sa voix et sa manière d’être en symbiose avec ses sons aériens. L’humeur est paisible, et loin de tout ennui.

 

rytme et Pulsation

La section rythmique s’impose petit à petit, et donne une pulsation bienvenue. Le concert bat très rapidement son plein. Sur « Check Baby », issu de l’album précédent Bottle It In, l’ensemble donne un résultat captivant. C’est électrique, à la fois tendre et tendu. Si vous pensiez que la musique de Kurt Vile était peut-être trop molle pour être correctement reçue en live, alors vous vous méprenez. Sur scène, encore plus qu’en studio, cette musique à la souplesse manifeste est transportée par une belle dynamique. Les morceaux sont habités. La force de composition est certes un atout majeur. Celle d’interprétation les  emmène encore ailleurs.

Ce seront principalement les morceaux des deux derniers albums en date qui seront entendus ce soir-là. De temps à autre, Kurt Vile s’équipe de sa guitare acoustique, et seul sur scène, il dénude ses compositions. Le son n’est pas lisse. On dirait presque une guitare électrique. Par-dessus ce son qui nous bouscule, sa voix se charge du reste. Les instants sont beaux, sincères. Kurt Vile est un très bon chanteur.

 

 TRIO GAGNANT

Sur « Hunchback », un des grands morceaux électriques de sa période plus ancienne (il date de 2009 et figure sur l’album Childish Prodigy), la tension est à son comble. C’est brut, et toujours classe. Avec ses deux prédécesseurs « Wakin on a pretty day », « Pretty Pimpim », ils forment le trio gagnant du concert. Kurt Vile sait varier les ambiances avec brio, en faisant honneur à cette musique américaine à la fois baignée dans la tradition et modernisé au travers d’un style reconnaissable parmi des milliers. En rappel, deux morceaux du dernier album : la fameuse et géniale « Like Exploding Stone » et la un peu plus ennuyante « Cool Water ». Peut-être pas la meilleure note de fin mais rien qui puisse nous désenchanter de ce merveilleux concert auquel nous venons d’assister.


Tropical Fuck Storm : chaleurs tropicales au Trabendo

À l’occasion d’une tournée française d’à peine dix dates, le groupe australien Tropical Fuck Storm…

L’art d’être fan ou comment éveiller des vocations ? (Grande Enquête)

Mais qu’est-ce qu’être au fan au juste ? Au court des années, le mot n’a…

La Route du Rock, Jour 2 : mains froides, cœurs chauds au Fort de Saint-Père

Meilleur festival du monde, jOUR 2. Sans être totalement remis de la première soirée, l’heure…

Write A Comment