La scène française regorge de son lot de nouveautés. Parmi elle, un nom à connaître : celui d’Abel. C’est côté chanson que le jeune prodige officie.Sensibilité et paroles à fleur de peau sont mots d’ordre pour se glisser dans l’univers du musicien. Notre chanteur traite de sa peur de l’avenir et du harcèlement scolaire. Un premier morceau « Comme jeté à la mer » donnait le ton de ce qui s’annonce comme une véritable capacité tubesque. Il faut dire que le musicien ne perd pas une seconde de son nouveau titre pour annoncer la couleur. Oscillant entre douceur et riffs dansants, il se raconte tout en rythmes et produit un jus qui s’immisce facilement dans les esprits. Un touche rétro vient s’ajouter à une voix au combien plaisance. Elle se distille comme celle d’un ami qui vous veut du bien avec un mot d’ordre : la sincérité. Ses deux premiers titres permettent de se plonger dans un monde délicat où chanson française fait rimer candeur avec cri du coeur. Le mieux placé pour en parler, c’est encore lui. Découvrez notre interview d’Abel.
Ton premier EP « Dolce Vita » a été publié fin mai, comment a-t-il été composé ?
Abel : J’ai composé l’EP en 2020, pendant le confinement. Je découvrais l’écriture en français (j’écrivais essentiellement en anglais dans un style assez différent) et ça a été une période d’abondance creative assez dingue. Je m’étais installé un petit homestudio dans ma chambre et j’écrivais et composait mes petites maquettes. Au moment de passer en studio j’avais un SoundCloud avec une trentaine de titres et j’ai tout simplement choisi les chansons que je voulais entendre produites en premier, les titres actuels de l’EP. Puis on les a travaillées avec François Villevieille qui a apporté une vraie couleur et une homogénéité au projet.
Tu portes un soin tout particulier à tes rythmes, c’est notamment le cas sur « Jeté à la mer » qui profite d’une répétition précise pour entrer en tête. Pourquoi utiliser ce processus de boucle musicale ?
Abel : C’est drôle parce que c’est littéralement comme ça que je compose ! Je n’ai pas de connaissance en solfège et en théorie musicale, je fais tout à l’oreille. Je suis donc porté plus facilement vers des accords assez simples et répétitifs (c’est ma base), que j’habille par la suite avec des violons, pads et autres éléments pour construire la prod. Pour « Comme jété à la mer » j’ai utilisé pas mal de boucles de batteries trouvées sur Splice, une application géniale avec de nombreux samples libres de droits. J’avais l’habitude de les empiler un peu maladroitement, sans réflexion derrière. Aujourd’hui je fais mes propres batteries. Et pour les toplines répétitives tout est venu assez naturellement.
Ton second titre s’appelle « Eté 85 », une époque que tu n’es pas connue. Elle évoque quoi pour toi ? Pourquoi cette nostalgie d’un moment idéalisé ?
Abel : Je suis assez séduit par l’esthétique des années 80. Mon père me répète sans cesse que ce sont les pires années de sa vie mais d’un oeil complètement extérieur et si on romantise un peu la chose j’y vois beaucoup de liberté et de légèreté. Au au niveau des sons aussi, c’est tout ce que j’aime. Ces sonorités très rondes presque fake. Pour moi il y du rêve dans le son des années 80. Que ce soit dans les accords ou autre.
Tu parles beaucoup de couleurs, de soleil, que t’évoquent ces visuels ?
Abel : La poésie et beaucoup de contemplation ! Déjà, il faut le dire, ce sont des mots qui sonnent quand même vachement bien. Ça m’évoque des tableaux, des scènes précises et beaucoup de nature, d’insouciance.
Tu évoques aussi, l’été, la mer, c’est un fil conducteur de ton EP. Il l’est également de la scène musicale française des années 80. Pourquoi était-ce important ?
Abel : C’était assez naturel pour moi d’évoquer la mer. Je vais en Bretagne, où j’ai de la famille, depuis petit et c’était un peu « le rituel » à chaque vacances. J’ai grandi à Paris et petit j’étais plus attiré par la nature, le grand air. Je ne supportais pas la ville, l’école et mon quotidien (comme beaucoup d’enfants aha), donc la Bretagne et la mer ont toujours été l’endroit où je me sentais moi, où je me sentais libre. On se faisait des sortes de road trip avec mon père dans sa Volvo 240 avec du Lana del rey à fond, les fenêtres ouvertes. Ça a été des moments très importants. Et je suis poisson en plus aha !
Tu as travaillé avec François Poggio. Qu’a-t-il apporté à ta musique ?
Abel : François Poggio à fait les guitares sur mes titres ! Ça a été un grand honneur d’avoir pu travailler avec lui. Il a bossé avec beaucoup d’artistes que j’admire comme Jane Birkin ou Etienne Daho. J’ai rencontré François en studio, on avait la base des chansons de l’EP et il nous manquait des guitares. Ça a été tellement naturel, il sortait des riffs absolument magnifiques. Définitivement une de mes journées studio préférées !
Tu cites volontiers Lana Del Rey, a-t-elle été une source d’inspiration pour ton EP ?
Abel : Dans le son je dirais que non mais elle m’inspire depuis petit. Donc j’y ai forcement mis quelque chose. Surement dans la mélancolie et la nostalgie. Dans les intentions que j’avais en composant, les émotions que je voulais transmettre. Mais dans l’album il y aura des chansons plus cinématique et lanadelresque !
Tu écrivais des nouvelles, de quoi parlaient elles ? Comment ce chemin artistique se dévoile-t-il dans tes titres ?
Abel : Je n’ai jamais vraiment fait le rapprochement. C’était des nouvelles médiocres écrites en primaire. Rien de bien intéressant mais si je dois faire un lien c’est vrai que je raconte souvent des histoires dans mes chansons. Pour « Été 85 » et « Dolce Vita » j’ai inventé des petits récits fictifs. C’est peut être ce qu’il reste de mes modestes nouvelles.
Sur « Les Vagues » tu parles de harcèlement scolaire, pourquoi souhaitais-tu porter cette thématique ?
Abel : Ce n’était pas réfléchi du tout ! Elle est sortie comme ça et en l’écrivant j’avais plus en tête un message d’espoir et le pouvoir cathartique de l’art et de la musique plus que mon harcèlement concret. Je n’avais pas conscience de ce que je vivais sur le moment, tout ça me paraissait normal et je voudrais juste rappeler que ce n’est pas le cas, qu’a l’échelle de chacun chaque remarque, mots ou même coups ne sont absolument pas à banaliser. J’avais tendance à tout intérioriser et dans les vagues je m’adresse au moi de 10 ans. Je lui dis que malgré ça, tout ira bien et que le temps et la parole sont les meilleurs remèdes.
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