Tag

rock

Browsing

Figure essentielle du rock depuis les années 80 avec Sonic Youth, Thurston Moore sort aujourd’hui un nouvel album solo intitulé Flow Critical Lucidity, dans lequel il poursuit son immense fresque solo constituée de boucles de guitares hypnotisantes. Bien que celles-ci sont cette fois-ci plus courtes et concises qu’auparavant, sa musique garde son essence, toujours guidée par une voix douce et des accords flottants. Un véritable éloge à la nature. En plein mois d’août, il accepte de nous rencontrer en visio pour discuter autour de son œuvre globale et de ses mémoires. C’est avec émerveillement que nous l’écoutons parler sans s’arrêter, le sourire aux lèvres, avec la bonté du professeur avide de paroles et heureux de pouvoir transmettre un savoir et des idées, qui plus est riche d’une expérience immensément grande.

Crédit : Vera Marmelo

Pop & Shot : Bonjour ! Merci beaucoup de nous accorder cet entretien. C’est un honneur.

L’année dernière, vous avez écrit un livre consacré à vos mémoires dans lequel vous revenez sur les années Sonic Youth : « Sonic Life : a memoir ». Quel effet ça fait de replonger dans tous ses souvenirs ? C’était plaisant ?

Thuston Moore : En réalité, j’y pense tout le temps. C’est tellement une grande part de mon existence tu sais. J’ai toujours su que je voulais écrire un livre sur Sonic Youth, encore plus du fait que le groupe n’existe plus. C’était une question de temps avant que je m’y mette. En fait, j’avais juste envie d’écrire. J’adore ça. J’ai toujours écrit des poèmes et des essais musicaux mais je n’avais encore jamais écrit un ouvrage de 300 ou 400 pages. Donc cette fois, j’ai voulu me pencher sur quelque chose de plus long. Ca m’a permis de réellement m’accoutumer à l’art et à la pratique de l’écrit.

Dans mes mémoires, le groupe n’est pas mentionné avant la 200e page du livre. C’est donc autant sur Sonic Youth que sur l’expérience de jeunes gens réalisant quelle était leur vocation, grâce à une obsession, celle de la musique, de la culture, de l’art, de l’impulsivité de créer…

Aujourd’hui, je travaille sur un livre de fiction. C’est surement moins intéressant historiquement parlant mais tout aussi enrichissant comme matière littéraire.

 

Pop & Shot : On trouve aussi dans cet ouvrage une vision, à travers vos yeux d’adolescent, de la scène des années 70 et 80.

Thuston Moore : J’avais envie d’écrire sur mes inspirations, par exemple sur le premier ouvrage de poésie de Patti Smith, ou encore sur la première photo que j’ai vu d’Iggy Pop, de Television, des New York Dolls, des Sex Pistols, et ce que ces images ont représenté pour moi. Les découvrir en photo, y penser, avant de les écouter… Rien n’était vraiment instantané dans les années 70, comme aujourd’hui où, avec mon ordinateur, j’ai directement accès à tout ce qui m’intrigue et me rend curieux. Je peux écouter n’importe quel artiste et savoir à quoi il ressemble instantanément, ce que je trouve super, mais ça n’existait simplement pas à l’époque. On devait donc suivre des indices laissés par le journalisme spécialisé rock par exemple. Tu découvres une photo de Patti Smith dans un magazine où elle ressemble à une jeune femme style Keith Richards qui écrit une poésie incroyable autour du rock, du désir, de l’identité de soi etc. Ca t’intrigue et tu en viens à essayer d’imaginer comment cette personne sonne, parle bouge, vit.. Puis tu apprends qu’elle sort un album, alors tu le commandes, et deux semaines après, il est dans ta boite aux lettres. Là tu découvres la voix sublime d’une poétesse et d’une rockeuse. C’était la chose la plus surprenante pour moi, de découvrir comment sonnaient tous ces artistes après avoir vu à quoi ils ressemblaient. Ces sensations se déplaçaient lentement, tandis que la musique en elle-même était tout l’inverse dès qu’on mettait la main dessus : rapide, immédiate, dans une forme de précipitation. C’est ce qui a permis de créer toute cette dynamique intéressante propre à cette époque tu vois ?

Je voulais écrire sur toutes ces choses et non tellement sur moi. Moi moi moi. Je ne voulais pas aller trop profond dans ma vie perso. Je voulais écrire sur la musique, et sur toute l’énergie positive qui l’entoure, et surtout pas d’un livre qui exprime de la mauvaise énergie, car j’estime qu’il y en a bien assez partout. Donc oui, j’ai beaucoup aimé faire ça.

Pop & Shot : Et est-ce que ça a été difficile de se rappeler de tout ?

Thuston Moore : J’ai ma propre mémoire, et j’ai parlé à différentes personnes aussi. Lee Renaldo [membre de Sonic Youth] par exemple, à qui je demandais : « tu te rappelles de ce temps ? ». Sa mémoire était différente de la mienne. Et j’ai réalisé qu’on était en mesure d’avoir des preuves, des chiffres concrets, qui venaient confirmer nos souvenirs ou non. J’ai dû aller me documenter dans des librairies, trouver des vieux flyers, des posters, les dates d’enregistrements et de concerts… Et je me suis abonné à plusieurs sites internet de journaux pour pouvoir accéder à pleins de vieilles coupures de presse numérisées, ce qui m’a permis de retrouver nos plannings de tournée des années 90…

Sur le site de Sonic Youth, il y a un onglet dédié à ça, autour de nos dates de concerts, mais c’est uniquement basé sur des enregistrements existants disponibles en cassette. Donc il y a beaucoup d’éléments manquants.

Ce qui était important à l’époque à New York, c’était de parcourir le journal hebdo « The Village Voice », qui répertoriait chaque semaine tous les concerts de la ville. J’ai eu beaucoup de mal à trouver une librairie qui avait les archives de ce journal. Mais j’ai fini par trouver juste à côté de chez moi, en Floride : une aubaine ! C’était l’année de la pandémie donc j’ai pu m’y rendre dès la fin du confinement, puis je suis resté là-bas tous les jours de 9h à 19h à décortiquer la chronologie. Ca m’a aussi permis de me rappeler la première venue de My Bloody Valentine à New York et notre interaction avec eux. Pareil pour Jesus and the Mary Chain. Et certaines personnes se sont mises, après la publication du livre, à réfuter certaines dates. Alors je leur disais « non c’est vous qui vous trompez j’ai les documents », puis je leur envoyais en leur disant « touché ! » *rires*.

 

Pop & Shot : Ca vous a pris combien de temps en tout l’écriture de ces mémoires ?

Thuston Moore : Deux ou trois ans. La deuxième année a été celle où j’ai vraiment pu m’enfermer pour écrire, car c’était l’année de la pandémie qui m’a permise de ne pas avoir trop de distractions du monde extérieur. J’ai beaucoup écrit, 800 pages. Le livre final a été réduit de moitié. J’ai passé un an avec mon éditeur pour redescendre à 400 pages. Ils voulaient 300 pages à la base ! Le processus de publication d’un livre est vraiment super intéressant. J’espère qu’il y aura une traduction en français un jour ! Sauf que le livre est assez long pour ce qu’il est, c’est à dire des mémoires sur la musique, et que ça coûte bonbon pour les maisons d’édition. Il y a quand même eu une traduction italienne je crois.

 

Pop & Shot : Est-ce que c’est un processus similaire d’éditer un livre et d’enregistrer un album ? Dans les deux cas, tu dois couper des choses…

Thuston Moore : Ca l’est. Cependant, dans le cas de la création d’un album, tu travailles avec d’autres personnes… C’est une affaire collaborative contrairement au livre qui est un travail solitaire. Il y a de fait moins d’interactions. J’aime les deux aspects. Faire un album dépend de la collaboration avec les autres musiciens. Et quand je fais un album sous mon nom, je continue de travailler avec des musiciens auxquels je fais appel car je sais qu’ils vont toujours avoir de superbes idées. C’est le cas de tous les musiciens et musiciennes présents sur ce nouvel album.

Mince je dois brancher mon ordi ! La batterie est à plat *rires*

*bruit d’ordinateur qui charge*

Donc voilà, où j’en étais… Oui, c’est différent par cet aspect, collaboration ou travail solitaire… Mais dans les deux cas, le processus se ressemble par le fait d’essayer de combler un appétit créatif. Et j’ai eu beaucoup d’appétits créatifs qui n’ont pas trouvé d’accomplissement. Et c’est ok. Que tu fasses un album ou que tu écrives un livre, tu as toujours en tête l’espoir que ça mènera à quelque chose de concret, vers une fin, vers un endroit où tu peux dire « j’ai terminé ». Mais ça n’est pas toujours le cas. Parfois, tu crées des choses que tu ne partages jamais. Quoiqu’il en soit, je suis vraiment dans l’idée d’échanger, entre l’écrivain et le lecteur, entre le musicien et l’auditeur. J’aime exister à ces deux endroits : sur scène et en tant que public. Je ne sais pas ce que je préfère. Etre un collectionneur d’albums est très important pour moi car tu es pleinement engagé dans cet échange. Certaines personnes apprécient certains albums plus que d’autres, par delà de ce qui fait parfois l’unanimité. Par exemple, si je fais écouter « Horses » de Patti Smith à ma soeur, qui, on est tous d’accord, est un disque essentiel, je suis sûr qu’elle n’aimerait pas; parce qu’elle est très axée musique pop contemporaine. Ce genre d’albums l’ennuient.

Un autre exemple : j’ai un jour lancé très fort un album de John Coltrane lors d’une réunion familiale, et tout le monde s’est plaint comme quoi c’était vraiment prise de tête, ce jazz bruyant et en colère. Je leur ai dit : « mais voyons, c’est du jazz sublime et spirituel ! ». Ils ne l’entendaient que par le prisme d’un élément perturbateur de l’évènement. C’est drôle, j’aime ce regard différent sur les choses.

 

Pop & Shot : En parlant des musicien.ne.s qui vous accompagnent, quel rôle jouent-ils dans le processus de création ?

Thuston Moore : Sonic Youth c’était une vraie démocratie. Quatre personnes se réunissant pour créer des chansons. Peu importe qui apportait les idées. Par exemple, si j’avais quelque chose en tête, je leur montrais mais je ne leur disais jamais ce qu’eux/elles devaient jouaient. Iels venaient aussi avec leurs idées et c’était un effort de groupe. Mes moments préférés étaient ceux où personne ne venait avec une idée. On se réunissait, on fermait les yeux et on commençait à improviser. La musique venait à nous puis ensuite on réécoutait l’enregistrement en se disant : « ok cette partie est intéressante, on peut y revenir ». Parfois aussi, on s’arrêtait en plein milieu de notre impro parce qu’on avait bien aimé un moment et qu’on voulait le retravailler. C’était super fun.

Quand j’ai commencé ma carrière solo, je sentais que je n’avais plus besoin d’être dans un groupe comme ça. C’est bien quand tu es jeune et quand tu te construis avec ça. Mais dès lors que j’ai eu 50 ans, je voulais en quelque sorte être le chef aux commandes. Contrôler la situation. Donc quand je me suis réuni avec d’autres musicien.ne.s à Londres, je voulais des personnes que je n’aurais pas à diriger musicalement parlant, et que je laisserais évidemment libre de proposer des idées, mais qui seraient au courant du fait que les publications allaient être sous mon nom, que j’étais « le boss ». Il fallait être ok avec ça dès le départ et je les avais prévenus bien entendu.

Donc j’adore le système démocratique d’un groupe, qui t’apprend plein de choses sur la vie, mais j’ai eu besoin de tester autre chose. Et puis pour beaucoup de groupes, ça finit par devenir une industrie, une marque… Les Rolling Stones par exemple, qui se connaissent depuis qu’ils ont 19 ans, et qui ont maintenant 80 ans. C’est très très rare qu’un groupe ait une espérance de vie aussi longue. Certains de ses groupes deviennent si connus qu’ils dépendent du fait d’être devenus une marque pour générer des revenus.

Un autre exemple : J Mascis de Dinosaur Jr peut faire de la musique sous son propre nom mais il réunira toujours dix fois plus de personnes avec son groupe qu’en solo, juste parce qu’il y a le logo Dinosaur Jr. et que les gens savent ce que c’est.

Et moi, je n’ai pas l’impression que le type de musique que j’écris en ce moment est très différente que celle que j’écrivais à l’époque avec Sonic Youth. C’est peut-être un peu plus mature : 66 ans VS 26 ans *rires*. Mais c’est la même manière de composer.

En tout cas, j’ai le même respect envers les musicien.ne.s avec qui je joue aujourd’hui qu’à l’époque envers les membres de Sonic…

Wow !

*Les deux chiens de Thurston Moore font leur apparition et font tomber son ordinateur*

Je vous présente mes colocataires, deux frères *rires*

 

Pop & Shot : Magnifiques ! Ils ont quel âge ?

Thuston Moore : Cinq mois. Ils sont géniaux. Mignons et intelligents. On peut reprendre, mon ordinateur n’est pas cassé *rires*

 

Pop & Shot : Votre carrière solo est maintenant assez dense mais ce qui est surprenant au fil des années et des albums, c’est qu’on a l’impression d’écouter une pièce musicale infinie, qui s’étend au fur et à mesure des années, et qui s’enracine dans nos oreilles. Je le vois personnellement comme un espace réconfortant où j’adore aller pour me sentir bien, là où Sonic Youth nous prenait toujours par surprise et à contrepied. C’est quelque chose de volontaire que de vouloir être davantage prévisible – et je ne l’entends pas dans un sens négatif du tout – ?

Thuston Moore : Sonic Youth n’a jamais été installé à un seul endroit, fixe. On voulait toujours explorer des nouveaux territoires. Quoique, certaines critiques disaient qu’on faisait toujours la même chose en boucle, avec un même pattern dans la structure de nos morceaux : un début, une partie noisy, une partie vocale etc.

Pourtant, chaque album a son atmosphère, avec son lot d’expérimentations.

Dans mes disques solos, il y a moins de tension avec les musiciens. La musique ne provient pas du même endroit que celle de Sonic Youth. Dans l’essence même de Sonic Youth, il y a une tension intérieure, du fait que c’était un groupe expérimental qui aimait explorer.

Mais j’ai encore l’impression d’aller vers de nouveaux territoires dans ma carrière solo album après album. Ce nouvel album est très différent des autres que j’ai fait je crois, de par les idées d’utilisation de la guitare, de comment il a été enregistré… Mais je ne force jamais les choses et je n’essaie pas trop d’analyser de ce que je fais.

Parfois, on va me demander des choses précises… et j’ai vu ça chez beaucoup musiciens, surtout chez les artistes qui écrivent des lyrics très intenses comme Nick Cave, que l’on va toujours questionner sur le sens de ses paroles…. et bien moi, j’aime quand la réponse n’est pas fixée, quand je ne sais pas. L’écriture est un effort créatif et ça n’est pas comme si j’essayais d’y intégrer des notions spécifiques. Il s’agit plutôt de transmettre un feeling évocateur, que ça soit autour d’un sentiment de peine, de joie, de libération, d’amour, de trahison… Il y a tellement de facteurs et je ne crois pas que les personnes qui écrivent veulent forcément le faire au sujet de choses hyper spécifiques, en étant dans l’analyse de soi… Personnellement, j’adore écouter de la musique dont l’écriture me transmet une vision qui, probablement, n’a rien à voir avec celle de l’auteur à la base, avec son intention première. Jusqu’au point où parfois, tu entends ou comprends mal les lyrics, et que ça donne lieu à une lecture encore plus intéressante.

Il y a une chanson de Sonic Youth sur l’album Bad Moon Rising qui s’appelle « Society is a hole ». Ce titre vient d’une mauvaise lecture de ma part d’une chanson de Black Flag où Henry Rollins chante : « Society arms of control ! ». Et moi j’entendais : « Society is a fucking hole ! ». Je trouvais cette image incroyable, avant de me rendre compte que les vrais lyrics n’étaient pas aussi poétiques. Des trucs comme ça font partie de la magie d’être dans une zone d’ambiguïté au sein même de l’impulsion créative.

Pour revenir à ta question, je ne me sens plus tout jeune et je n’ai plus le même besoin ni la même envie d’explorer autant. Je suis dans une phase où je trouve du plaisir à juste prendre ma guitare et écrire des morceaux. J’ai dernièrement enregistré beaucoup de musique instrumentale que j’ai mis sur Bandcamp. Ca s’appelle « Screen time ». C’était intéressant parce que c’est le seul album où je ne suis pas accompagné, où je suis tout seul à faire de la musique.

Pop & Shot : Je vous préviens que la réunion Zoom s’apprête à se couper dans 5 minutes ! On avait pas réalisé qu’il y avait un décompte.

Thuston Moore : Désolé, j’aime bien parler *rires*

 

Pop & Shot : Non, c’est super ! Pour la dernière question, ça serait dommage de ne pas mentionner votre nouvel album, dans lequel il est beaucoup question de changement, de reconnexion à la nature, de vie en marge loin des perturbations. C’est ce que vous prônez ?

Thuston Moore : Je pense qu’on doit parler de la nature. C’est une question de vie ou de mort, d’extinction. Peu importe ce qu’il se passe dans le monde, tout dépend de notre relation au monde naturel. Donc oui, j’y ai beaucoup pensé pendant la composition de ce nouvel album, en essayant de faire exister ce sentiment dans la musique même. On traverse tellement une période étrange en ce moment, avec des guerres très intenses, le génocide en Palestine, et celui en Ukraine. Le fait qu’il y a tellement d’efforts fournis à des fins meurtrières, pour contrôler et tuer des populations, alors que la nature finira par éradiquer toute l’humanité au bout du compte… On doit prendre ça au sérieux.

Je pense qu’on traverse des cycles au fil du temps et j’ai le sentiment que l’on va sortir de cette période obscure pour aller vers une autre plus bénéfique.

Aux Etats-Unis, je constate un nouvel espoir qui nait, comme en France si je ne trompe pas, avec le rejet d’un gouvernement fasciste qui voulait arriver au pouvoir. Le rejet de Marine Le Pen… Enfin, je ne sais pas si vous soutenez ces idées…

Pop & Shot : Non, surtout pas !

*la réunion se coupe brutalement*

 

Quel dommage.  40 minutes d’entretien, et pourtant la sensation que la discussion ne faisait que commencer. On aurait aimé l’interroger davantage sur ce très joli nouvel album, et lui dire aussi que, malgré son rejet récent lors des dernières législatives, la montée du RN en France reste extrêmement préoccupante, et que le gouvernement actuel au pouvoir ne cesse de tendre du côté de l’extrême droite, n’en faisant qu’à sa tête au travers d’une dangereuse accaparation du pouvoir. Surtout, on aurait aimé lui dire au revoir et le remercier pour son temps, ses idées, ses gentillesse et sa musique… Si vous lisez cet article, nous le disons ici : au revoir et merci mister Moore !

 

« Flow Critical Lucidity », parution le 20 septembre.

Cover de « Flow Critical Lucidity »

 


Tindersticks : «Trouver le rythme, c’est l’enjeu principal» (Interview)

« Soft tissue ». C’est le nom du nouvel album de Tindersticks, aussi doux que son titre…

Carlos O'Connell de Fontaines D.C. @Pénélope Bonneau Rouis

Fontaines D.C. : « Le rock est devenu un privilège » (Interview)

Difficile ces dernières années de passer à côté du tourbillon Fontaines D.C. Le quintet irlandais…

« By the Fire » : la nouvelle fresque musicale splendide de Thurston Moore

 « By the Fire » – Thurston Moore  La prévisibilité dans les milieux artistiques n’est jamais vu…

 

 

Quand grattent les premières cordes de la guitare fatale qui introduit l’album de Blondhsell, on devine tout de suite qu’avec ce son et cette suite d’accord, cela risque de très vite monter en pression. Sur ces notes tranchantes fait ensuite son entrée la voix de Sabrina Teitelbaum, douce et confiante, déjà intense. Il n’y a plus qu’à attendre l’explosion imminente. La voilà à 50 secondes, merveilleux raz de marée. Une minute plus tard, le morceau est déjà terminé. Il faut avoir de quoi s’accrocher. Quel puissant début d’album nous offre la chanteuse américaine. C’est son premier, et il est une petite claque. Elle était la semaine dernière à Paris pour nous le présenter sur la scène du Point Ephémère.

Blondshell / Crédit : Dominique Falcone
Blondshell / Crédit : Dominique Falcone

Sabrina Teitelbaum est originaire de New York et vit aujourd’hui à Los Angeles. Cela fait plusieurs années qu’elle a choisi la musique comme mode d’expression, avec des influences plurielles : Patti Smith, le Velvet, Joy Division, mais aussi the Replacements, groupe des années 80 à l’énergie communicative ou même encore la britpop (Blur, Pulp, the Verve…), dont elle dit apprécier les textes sombres sur fond de mélodies entrainantes.

Le 07 avril dernier, elle dévoile enfin son premier album sobrement intitulé Blondshell, chez Partisan (label de Fontaines, Idles…). La cover ne paie pas de mine, une simple photo d’elle en noir et blanc, à demi nette. Dessus, elle semble un peu timide. Il faudra plonger dans l’album pour briser la carapace. Car ce qu’on trouve à l’intérieur, c’est un puissant rock sensible aux envolées saisissantes. Il y a de tout dans cet album court de neuf titres (et ça n’est pas pour nous déplaire) : de la rage brillamment transposée en musique, autant que des émotions davantage à fleur de peau, dont l’interprétation toujours juste de la chanteuse permet à celles-ci d’être renversantes. Dans le son, on est proche des nineties, évitant toujours le rock d’adolescent mais jouant tout de même avec ses codes. Aux manettes, le producteur Yves Rothman, que l’on connait notamment pour son travail aux côtés d’Yves Tumor. Là où l’on reconnait bien sa patte, c’est dans les moments de paroxysme, où la guitare se déploie dans une nappe sonore impressionnante.

Sur scène, Blondshell est tout aussi géniale, humble. Elle parvient à capter notre attention par la force de caractère de ses compositions et par son aisance flottante. Le show est concis, va droit au but.. Au milieu du set, elle rend hommage aux Cranberries avec un morceau qui ne figure pas sur l’album. Il est vrai que sa musique s’en inspire grandement. Le point culminant est atteint avec « Salad », morceau hyper puissant dont la force est encore décuplée sur scène. Le Point Ephémère est plein à craquer ce soir-là. C’est un samedi soir où tout le monde est heureux de profiter ainsi de son week-end, devant un show maitrisé et cohérent. On prend un grand plaisir à voir naitre en live ces morceaux qui ont déjà beaucoup résonné en nous grâce à l’album. Trois musiciens l’accompagnent, et assurent de donner la profondeur aux compositions. Blondshell est élégante, sobre dans ses déplacements, heureuse d’être ici elle répète plusieurs fois.

Quand le show s’arrête, il ne nous reste plus qu’à aller acheter le vinyle, définitivement convaincu. Son album fait partie des premières œuvres dont l’évidence crève les yeux, et dont la formule a tout pour réussir. Une nouvelle reine est née.


Nick Waterhouse boule noire

Pourquoi « The Fooler », le nouvel album de Nick Waterhouse, est-il si fascinant ?

C’est sans nul doute la plus belle surprise de l’année jusqu’à maintenant : the Fooler, le…

Hozier à l’Alhambra : Sing like real people do (Report)

Lors d’une tournée de dernière minute, le chanteur irlandais Hozier est passé par l’Alhambra le 21…

black lips bar

Black Lips bar : androgyns and deviants – compil d’un NYC queer, politique, artistique, subversif

New-York, berceau de la musique, repère des nuits et ses multitudes de temples pour ceux…

Meilleur festival du monde, jOUR 2.

Sans être totalement remis de la première soirée, l’heure de la suite a déjà sonné. Le temps de poster notre premier report (à retrouver ici) et nous voilà déjà repartis. Un risque de pluie menace de rendre la soirée un peu plus difficile que la veille. Nous optons pour la carte déni. Finalement, pas une goutte ne tombera durant la soirée. Merci Bretagne adorée. En terme de programmation, ça n’est pas notre journée préféré, non pas que les artistes prévus ne réveillent aucune excitation en nous (bien au contraire) mais simplement du fait que rien ne peut rivaliser sur le papier avec les deux autres journées mastodontes (nous ne sommes pas prêts pour la soirée de samedi). Nous y allons tout de même avec grande joie. Porridge Radio, Baxter Dury, Kevin Morby, Snapped Ankles, ça ne se loupe pour aucun prétexte.

Beaucoup plus que la veille, cette soirée du vendredi sera fraiche. Pas de pluie mais du froid. Deal accepted. On a pensé aux vestes et aux sweats. Un festivalier prévoyant est un bon festivalier. Cette vague de froid sur le site nous a évidemment envie de nous réchauffer. Quoi de mieux pour cela qu’une foule sardines et une musique radiateur (et pas ascenseur) ? Voyons quels artistes ont le plus excellé à ce niveau. Du moins chaud vers le plus chaud, soirée du vendredi, c’est parti.

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

CHALEUR : Un peu

HONEYGLAZE est le premier groupe à ouvrir la journée sur la scène des remparts. Ca n’est pas le job le plus facile, on en est conscient. Il y a encore peu de monde sur le site à 18h30. Si nous le plaçons à ce niveau, dans la team qui a le moins réchauffé, c’est qu’ils ont joué à une heure où le soleil était encore là. Comment réchauffer une foule qui a déjà chaud ? On les remercie pour cette attention, de ne pas nous avoir embrasés directement. Au-delà de l’heure de passage, HONEYGLAZE ne délivre pas la musique la plus chaleureuse qui soit. Ca n’est pas un reproche, puisque nous avons plutôt apprécié leur concert. Suite à un petit problème technique – une guitare dont le son ne sortait pas – de quoi faire bien monter la pression pour les artistes, le trio londonien a assuré une ouverture tout en douceur et en légèreté. Ils viennent de sortir leur tout premier album. Leur pop/rock rêveuse est ici déployée avec maitrise et sureté, bien qu’un peu trop dans la retenue. Les morceaux sont tout de même au rendez-vous, et permettent de ne jamais perdre le fil. Timide ouverture, mais ouverture réussie.

Ca n’est pas la première fois que l’on parle de PORRIDGE RADIO ici. Suite à leur concert parisien à la Boule Noire cette année, nous avions fait un portrait de ce groupe qui ne fait que monter, suite à un deuxième album monstrueux en 2020, et un troisième album un peu en deçà mais toujours à la pointe sorti il y a quelques semaines. C’était là l’occasion de le présenter au public français. Les filles de Brighton jouaient à 20h10 sur la scène des remparts. Le monde est arrivé, les festivaliers se pressent pour les voir. Il n’y a pas foule immense, mais on sent tout de même que PORRIDGE RADIO suscite curiosité. Le concert a un peu de mal à démarrer, les morceaux choisis ne sont pas forcément les plus entrainants. Il faut dire que le dernier album détient moins de chansons puissantes comme le précédent, même si une évidence s’en dégage toujours. La voix de la chanteuse Dana Margolin ne semble pas porter assez, alors même qu’elle est toute l’identité du groupe. C’est très bien, mais ça ne décolle pas. Il faudra attendre une petite demi-heure pour que les choses s’intensifient. Elle est de plus en plus géniale. Son attitude captive les regards, entre le calme et la tempête. Les morceaux à boucle ultra répétitives, leur marque de fabrique, pointent le bout de leur nez vers la fin du show, et montrent à quel point l’incarnation est puissante : « Birthday Party », « Long »… Sur cette dernière, les cris du public redoublent, après un passage tranchant à la guitare électrique que Dana Margolin sait si bien faire hurler. C’est le cri d’une jeunesse qui a beaucoup à exprimer. Quand vient « Sweet », leur plus grand morceau, nous voilà pleinement conquis. La route est toute tracée. Pourquoi se retrouvent-elles dans la team des moins chauds alors ? Car malgré tout, leur musique dégage quelque chose de brut, de tourmenté, qui s’associe plus difficilement avec un sentiment de réconfort et de chaleur. Mais aussi parce qu’à cette heure-là, le froid n’est pas encore pleinement arrivé.

CHALEUR : BEAUCOUP

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

Bond dans le temps. Il est 1h20 et LES LIMINANAS s’apprêtent à clôturer la soirée. C’est un duo catalan qui fait beaucoup entendre parler d’eux sur la scène française depuis plusieurs années. Rock psychédélique aux nombreuses facettes, difficilement définissable. Il y a comme un mystère qui plane autour du groupe. A cette heure-là, beaucoup ont déjà quitté le Fort. L’heure de pointe est entre 21h et 00h. Il reste quand même du monde devant la scène du Fort. A cette heure-là, il fait aussi très froid, donc tâche encore plus difficile de nous réchauffer. Une installation vidéo est placée au fond de la scène. Elle projette des extraits de films, en rapport avec le dernier album du groupe « De Pelicula » en collaboration avec Laurent Garnier sorti en 2021.

Dès leur arrivée sur scène, à six (il n’y a pas Laurent Garnier), ils instaurent une certaine ambiance hypnotique. Le début est instrumental, et puissant. Tout de suite, nous sommes happés par ces guitares qui grondent. C’est envoûtant. Combinés aux images qui défilent derrière, la musique prend de l’ampleur. Ca fait son effet. Le son est puissant, on commence à la connaître cette scène qui sonne terriblement. Vient ensuite des morceaux chantés. Nous aimons moins. On perd la fibre hypnotique, et le concert tombe dans quelque chose de plus commun, un rock connu. Ca n’est pas déplaisant, mais ça n’arrivera pas à vaincre le froid qui terrasse le Fort. Le groupe jouera 1h15, jusqu’à 2h25.

Juste avant eux, sur la scène des remparts, SNAPPED ANKLES a livré un concert de 40 minutes d’une forte intensité. On aime beaucoup ce qu’ils font en studio depuis leur premier album en 2017. Leur dernier en date nous a un peu moins convaincu dans le genre mais reste quand même un bon cru. Nous les attendions avec impatience sur le festival, eux chez qui le rythme, les sonorités électro et le grain de folie trouvent un parfait mélange. Sur scène, ils sont vêtus bizarrement, recouverts de matière végétale. Le genre de costume qui peut faire peur aux enfants mais qui, lorsqu’on est adultes, tombent légèrement dans le guignolesque. C’est l’image qu’ils renvoient, comme des gentils extraterrestres. Leur musique est en tout cas captivante et frénétique. Sur scène, elle gagne un aspect plus expérimentale. C’est à peine si l’on a reconnu les morceaux présents sur les albums, que l’on connait pourtant bien. S’en extirpe des rythmes mélodiques servant à créer une pièce musicale géante qui ne s’arrête jamais. Le public est présent, répond par la danse. Il y a beaucoup de jeunes. Les rythmes sont envoûtants, appuyés par une batterie percutante. Pari réussi pour un groupe qui proclame que le rythme est leur business. Ils nous ont convaincu sur ce point. Les sonorités électro, quant à elles, auraient gagnées à être encore plus claires, impactantes et directes. A force, tout est un peu sur le même plan. Dommage. On comprend pourquoi ça ne dure que 40 minutes. C’est suffisant. On regrette de ne pas avoir entendu « Johnny Guitar Calling Gosta Berling », leur chanson la plus déjantée. Le froid s’est dissipé avec la danse, mais SNAPPED ANKLES n’aura pas réussi à l’évacuer complètement. On enchaine.

Sur la même scène, une heure plus tôt, nous avons pu assister au concert de DIIV. La nuage de chaleur créé par ce rock aux sonorités shoegaze nous a aidé à affronter le froid. Il y a foule pour le groupe. Ils jouent à l’heure la plus convoitée, à défaut d’être sur la grande scène, malgré leur 10 ans d’expérience. Ils sont attendus et acclamés. Capuche sur la tête, leur rock respirent l’adolescence. Leur musique sonne bien, et prend bientôt tout l’espace. Elle porte loin.  Les guitares prennent de l’ampleur, jusqu’au final de haute volée. A leur départ, une masse reste devant la scène à les applaudir encore et encore. Ils faisaient parti des vedettes de la soirée. Mais le froid persiste encore, qui pourra donc nous réchauffer comme il se doit ?

 

CHALEUR : PASSIONNÉMENT

Attention, nous passons tout à coup un cran au-dessus. Il est 21h pile sur la scène du Fort. Durant 1h10, elle s’apprête à accueillir un maitre dans son genre : KEVIN MORBY. Des roses sont placées sur la scène, ainsi qu’une grande banderole « This is a Photograph », le titre de son dernier album sorti cette année. C’est celui-ci qu’il va interpréter majoritairement. Vêtu d’un magnifique habit doré, il entre sur scène en compagnie de six compères. Nous voilà prévenus. Ils débutent avec la chanson éponyme du dernier album, que nous adorons particulièrement. Superbe entrée qui donne le ton : ça sera ample, beau, efficace, énergique. Et surtout, ça sonnera bien. Très très bien. La voix de Morby est d’une telle intensité qu’il ne pourrait faire que ça. A vrai dire non, puisque les arrangements derrière sont terriblement efficaces. Il serait bête de nous en priver. Le tout est d’une beauté fatale, toujours juste, toujours pointilleux, toujours grand. Les morceaux du dernier album défilent : le sublime « Bittersweet, TN », le rythmé « Rock Bottom », le puissant « A Random Act of Kindness ». Jamais planplan, le rock/folk de KEVIN MORBY sait viser en plein dans le mille, le tout avec classe et élégance. On sent une tension vive dans ces interprétations garnies de chaleur. On se sent d’un seul coup réchauffé, réconforté… Lorsqu’il assouplit un peu le rythme pour laisser place à la beauté de sa voix, Morby ne manque pas de nous faire sortir de notre songe en cours avec les morceaux suivants, sur lesquels l’irrésistible saxophone nous transperce de plein fouet. Ce qu’il joue va piocher un peu partout au niveau mélodique : on entend à la fois du Oasis, du Nirvana, du Velvet, du Bob Dylan, mais sans cesse adaptés à un style qui lui est propre. KEVIN MORBY est un passeur au grand talent. On entend dans sa musique toutes les admirations qui l’anime. Ses concerts sont d’une rare vitalité. Bravo à lui de nous avoir tant réchauffés, d’autant plus avec ce final resplendissant qui restera gravé : la longue progression de « Harlem River » se terminant dans un feu d’artifice d’électricité et de saxophorgasme.

Bon, il faut dire que Kevin Morby a été aidé pour vaincre le froid par ses prédécesseurs de la scène du Fort : LOS BITCHOS, à 19h15. Paradoxalement, c’est après leur concert que le soleil a disparu et que le frais a commencé à arriver. Pourtant, leur musique transpire justement le soleil. Complètement instrumentale, elle fait appel à des guitares aux sonorités sud-américaines et à une forte base rythmique. Le charme fait vite effet. Elles sont quatre filles sur scène, plus un mec, et toutes communiquent une joie incarnée dans leur musique. Même s’il commence à faire froid, comment peut-on le sentir avec cette musique tout droit sortie des plages ? Taillée pour égayer les humeurs, elle n’est pourtant pas si simplette qu’elle peut le paraitre. Leur premier album sorti cette année est d’ailleurs produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand. La recette est bien trouvée, et sur des morceaux comme « The Link is About to Die », elle fonctionne parfaitement. Le morceau en live balaye tout sur son passage, tant la mélodie est bien trouvée. On avait eu la même sensation sur la version studio. Mais après lui, la recette s’essouffle un peu et atteint ses limites. Sur un album et un concert relativement court, c’est oui. Mais la suite ? Bon, tant que le froid ne nous atteint pas, c’est déjà ça.

Passons au grand gagnant de la soirée du vendredi. Celui qui nous a le plus réchauffé. Et haut la main. Mesdames et messieurs, j’appelle sur la scène du Fort BAXTER DURY. Il est 23h10. L’heure des grands. L’heure de Ty Segall demain (que l’on a hâte !). L’heure de Fontaines hier (on rappelle à quel point c’était immense ?). Bon, Baxter. Sacré personnage que nous avions interviewé (à retrouver ici) il y a deux ans à l’occasion de la sortie de son dernier album « The Night Chancers ». Depuis une vingtaine d’années, le britannique, fils de Ian Dury, s’est peu à peu construit un personnage de dandy désinvolte et provocateur qui lui colle si bien à la peau. Hier fut une démonstration de force. BAXTER DURY occupe la scène comme personne d’autre. S’il peut énerver certains, force est de reconnaitre qu’il dégage un sentiment de confiance inégalé. Il se tortille avec classe, se déshabille (juste une veste) et se rhabille avec élégance, fait des gestes loufoques qui prennent toujours sens dans sa démarche. Il aime et déteste tout le monde. Mais nous devons absolument l’aimer selon lui. Ce jeu d’ego magnifiquement interprété repose avant tout sur une musique diablement efficace. Il y a une grandeur qui s’en dégage, comme si l’artiste, avec ses morceaux faussement simples, venait montrer qu’il ne suffit de pas grand-chose pour atteindre des sommets. Le son est superbe, comme toujours sur cette scène, mais encore plus cette fois-ci. Tout est carré, dans les règles de l’art. Le concert est émouvant, cela dû avant tout à la qualité des morceaux et au choix de ces derniers : de « It’s a pleasure » à « Slumloard » en passant par la sublime « Prince of Tears », BAXTER DURY trace un chemin rempli de beauté, malgré la froideur qu’il dégage. On sait o combien il apprécie convier des voix féminines sur ses morceaux. Une chanteuse, Madeleine Hart, l’accompagne donc bien évidemment. Avec elle, ils forment un duo parfait. Elle reste statique, mais obnubile par sa présence et la justesse de sa voix. Le contraste est saisissant, Baxter persévérant dans son chant parlé manière Gainsbourg pour lequel on craque tant. Le micro bien réglé, c’est d’autant plus percutant. La partie instrumentale derrière assure également. Sur une base rock, des sonorités électro se glissent. Et quand celles-ci prennent le dessus, ça finit en apothéose. Bravo Baxter. La chaleur est pleine. Tu as gagné. Nous t’adorons comme tu le voulais. Hâte de demain, pour la plus grosse journée du festival. Arriveront-ils à te détrôner ?


(L’auto)route du Rock : première soirée magistrale au Fort de Saint Père

Nous y voilà enfin. Où que ce soit, tout le monde l’a repéré. Depuis plusieurs…

Porridge Radio - La Boule Noire - 2022

Pourquoi la musique de Porridge Radio est-elle si majestueuse(s) ?

BAMBARA n’étaient pas les seuls à faire la première partie d’Idles à l’Elysée Montmartre et…

[Interview] Baxter Dury : discussion autour de son nouvel album « The Night Chancers »

  Depuis le génial Prince of Tears, avant-dernier projet en date du dandy britannique dans…

 

Les Francos de Montréal ont un seul mot d’ordre : prouver la pluralité et la richesse de la scène francophone de par le Monde. Pour ça, Laurent Saulnier, programmateur de l’évènement pour sa dernière édition en 2022, qui se tient chaque année au mois de juin varie les plaisir et offre une belle visibilité à ceux qui chantent en français quelque soit leur registre. Si côté France, on connait déjà de nombreux noms présents sur le festival de PLK à Eddy De Pretto en passant par Fishbach ou Clara Luciani, le Canada francophone avec à sa tête le Québec mais pas uniquement cache aussi son lot de pépites. De retour des Francos, on vous rapporte jet lag en tête une autre façon de chanter en français.

Allô Fantôme

Le projet solo de Samuel Gendron (Efy Hecks, Blood Skin Atopic, Mort Rose) a de quoi surprendre. Le chanteur a choisi de collaborer avec 8 musiciens pour développer son style. Saxophone et clavier la dispute aux traditionnelles guitares pour un rendu aux couleurs 70’s qui enchante. Le premier EP éponyme de la formation a été publié en 2022. Au programme 4 titres évocateurs portés par une esthétique soignée et barrée. Avec une énergie rétro le combo invite à un grand bal populaire hippie. Bienveillance et bien-être se dégagent de notes solaires travaillées. Le titre « Sur la pointe des pieds » swingue d’ailleurs tout particulièrement et met en valeur un clavier entêtant. Le théâtre est aussi au cœur d’une formation qui aime se donner en spectacle et cultiver l’art scénique. Une machine à remonter le temps, en accord pourtant avec son époque, à écouter d’urgence.

Les Louanges

En janvier 2022, les Louanges revenaient avec un nouvel opus « Crash ».  Le groupe de musique de Vincent Roberge était des plus attendus. La preuve alors qu’ils font la surprise de débarquer en concert aux Francos de Montréal pour la deuxième journée du festival. Il faut dire que le combo se prête parfaitement à son cadre. Les Louanges convoquent l’été mais osent lui apporter des inspirations jazzy … comme toujours dans la langue de Molière.  Comme Montréal sait créer ses tendance, la formation s’essaie aux mélanges. En sort un cocktail savoureux, des intonations chansons, un chant aspiré façon « La Canopée » de Polo & Pan, des refrains accrocheurs, des riffs empruntés au low-fi et aux rythmiques plus dansantes. Le résultat varie d’un titre à l’autre s’ose et se tord.  A écouter avec des glaçons pour s’enivrer en musique.

Le Couleur

Qu’on se le dise, Le Couleur refuse d’être cataloguer dans un seul genre. D’ailleurs le nom du groupe donne un sérieux indice sur le sujet. On met un adjectif masculin pour mieux personnifier un mot féminin. L’alliance prend, les albums sont dans la même veine. Dernier en date « Concorde ». Obsédée par la mort et par l’oiseau de fer aussi indestructible que le Titanic dont le sort funeste fut sceller pour un bien petit incident, Laurence Giroux-Do a décidé de composer une album entier autour de la perte. Mais pour quelle la couleur de cet opus devrait-elle être le noir deuil ? Pour aucune raison répond la bande. Topo ce nouvel opus s’emplit de saveurs sucrées, ode à la vie qui a été et aux fascinations. Étincelle de lumière dans l’obscurité, Le Couleur joue autant sur l’élégance et les changements de styles que La Femme a pu le faire avant eux.

Ponteix

Bien que non programmé cette année, c’est bien aux Francos de Montréal que nous avons pu découvrir Ponteix et même, le croiser cette année. Le projet de Mario Lapage a déjà joué dans nos vertes contrées. Attachée à notre pays, le musicien s’offrait récemment une reprise du culte « La Bohème » de l’immense Aznavour. Avec un rythme adoucit dans la bouche du brun au cheveux au vent, le morceau retrouve sa nostalgie du temps qui passe, son ode à l’art et se paye une nuance de modernité qui n’entache en rien son origine. Pour autant, la chanson française n’est pas  la carte maîtresse de Ponteix. En effet, le musicien qui chante aussi en anglais offre une pop organique qui emprunte à la funk et à un psycho-rock élégant. En 2019, le musicien publiait son premier album « Bastion » qui mettait en lumière les communautés isolées de l’Ouest du Canada. 2021 lui permet d’explorer de nouvelles textures s’aventurant vers le r’n’b, la pop et même une touche électro. Le touche à tout n’aura pas de cesse de repousser l’horizon et mérite de faire un détour à ses côté dans des aventures qui repoussent les frontières.

Laurence-Anne

C’est en première partie de La Femme que les spectateurs des Francos ont pu découvrir la douce Laurence-Anne. La chanteuse profite d’une pop aérienne légère. En français dans le texte, elle transporte dans un univers qui touche à la dream pop et y ajoute qui guitare qui sonne franchement. Avec trois albums à son actif, la tornade aux cheveux bleus se suffit à elle même pour créer un univers envoûtant et léger. Sa voix est son outil majeur mais chaque note de guitare y sonne et résonne. Le titre « Indigo » l’une de ses plus belles réussites, porte ses mélodies à fleur de peau et confinent dans un nuage emprunt de douceur. La musicienne s’offre un tour du Canada cet été et promet donc une « Tempête » de retombées. Laissez vous happer par ses vents puissants, le moment promet d’être beau et puissant.


LaFrange par Louis Comar

6 projets de meufs stylées pour amplifier son mois d’avril

Les restrictions levées et voilà que la reprise musicale a déjà de quoi donner des…

contact ontarois ottawa

A la découverte de la scène Franco-canadienne: Contact Ontarois

  Durant le mois de janvier nous avons été invités dans la capitale canadienne, Ottawa pour…

Le béaba du bon journaliste en festival, tout pour du contenu : Le cas Vianney

  Agent Pop & Shot, votre mission si vous l’acceptez : avoir une dédicace de…