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Le week-end du 23/24 avril dernier se tenait un peu dans toute la France et ailleurs le Disquaire Day ! L’occasion pour les disquaires indépendants de proposer à leur clientèle tout un tas de vinyles inédits sortis spécialement pour l’évènement. De quoi offrir à ces boutiques indépendantes dont nous avons tant besoin une scène sous projecteurs, grâce à nombreuses exclusivités leur étant réservées durant un week-end.

A Montmartre, au point culminant de notre cœur, dans la nouvelle boutique associée à notre média Pop & Shot : The Mixtape, située au 32 rue des Trois Frères, y a logé durant ce week-end l’effervescence musicale. Pour rendre honneur au large choix de vinyles inédits à disposition, entre le sublime album de SON OF que l’on attendait depuis 7 ans, l’étonnant mais implacable EP de Metronomy sorti l’année dernière et le best-of double vinyle d’une Patti Smith toujours plus importante pour l’histoire, The Mixtape a fait appel au duo musical HUNKYZ, deux bons potes d’enfance (Léonard Pottier et Théophile Le Maitre) chargés d’animer les 15 heures de week-end.

Baignés dans la musique comme Obélix dans la marmite, HUNKYZ ont divisé leur immense set comme plusieurs petites sélections d’une heure chacune, toutes faites de morceaux piochés çà et là dans ce qui les anime depuis le début de leur amitié jusqu’à aujourd’hui. Pas de catégories spécifiques qui puissent renseigner sur ce qui allait être joué, mais des thèmes parfois loufoques et abstraits, pour mieux brouiller les pistes et se contraindre dans l’amusement.

 

PLAYLIST EN BOUCLE

Pop & Shot vous dévoile une partie de ces playlists crées pour l’occasion.

La seconde est la playlist EN BOUCLE. Le principe est simple : tous les morceaux fonctionnent sur une boucle répétitive, de quoi vous assommer un bon coup !

Bonne écoute ! Et à bientôt à la boutique The Mixtape (métro Abesses), venez nous rencontrer et farfouiller parmi notre sélection de vinyles ainsi que tout un tas de produits dérivés autour de l’univers musical. Venez également découvrir en ce moment à la boutique l’exposition de notre photographe Louis Comar.


Astéréotypie – « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme »

Déjà élu meilleur titre d’album français de l’année si ce n’est au-delà, le nouvel album du collectif Astéréotypie a la carrure d’un grand. Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme vient tout juste de sortir vendredi 29 avril dernier et sera présenté en live à la FGO Barbara le 05 mai pour sa release party. Même si aucun sosie de Brad Pitt n’a non plus été aperçu de notre côté, on doit absolument vous dire pourquoi ce projet est à ne pas rater.

 

 

 

Ils sont nombreux au sein du collectif. On y compte neuf personnes, dont quatre à la partie texte/chant : Claire Ottaway, Yohann Goetzmann, Stanislas Carmont et Aurélien Lobjoit. Ceux-là sont réunis autour d’une même affection pour les mots, au delà de leur autre point commun : être atteints du trouble autistique. D’autres les accompagnent aux instruments : Christophe L’Huillier (guitare), Arthur B. Gilette et Eric Tafani (membres du groupe Moriarty en charge des textures sonores à la guitare et à la batterie), Benoît Guivarch (claviers et synthés modulaires) et Félix Giubergia (l’homme de l’ombre). A eux tous, ils forment ainsi Astéréotypie, né il y a une dizaine d’années à l’Institut Medico-Educatif suite à des ateliers d’écriture desquels ont surgi l’évidence d’une union artistique et musicale, entre éducateurs et auteurs de textes prometteurs. Depuis, ces derniers sont soutenus par un rock saillant et pulsatif, ayant mené à plusieurs concerts puis à un premier album en 2018, intitulé l’Énergie Positive des Dieux. Quatre ans après, le collectif revient plus fort que jamais, bien décidés à retourner la production musicale française.

Journaux intimes partagés

Avec quatre voix et identités aussi distinguées, lesquelles assurent chacune l’interprétation de morceaux bien spécifiques, l’album a la qualité d’être extrêmement composite. Chacun des quatre en avant-scène détient ses moments à soi, comme des journaux intimes partagés mais toujours dans le respect de l’intimité et de l’univers de l’autre, sans d’autres interventions que les mots et pensées de celle ou celui qui les façonne. Viennent ainsi à nous des bouts d’existences variés, reliés par une musique non pas seulement d’accompagnement, mais de véritable pousse à bout. Celle-ci les oblige à tout donner, tant la composition instrumentale place la barre haute. Ce croisement entre nombreuses forces plurielles fait la beauté du projet, qui parvient en outre à garder une impressionnante cohérence d’ensemble. « Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme » est d’ailleurs une chanson avant d’être le nom de l’album. Claire Ottaway en est l’autrice et l’interprète. Elle signe le titre le plus marquant et iconique de ne nouveau projet, mais ne fait pas d’ombre au reste, lui aussi de très haute volée.

Monde à l’envers retourné

Dans leurs manières de dire et d’écrire, nos quatre narrateurs surréalistes jouent de leur capacité à exprimer ce qui leur passe par la tête dans des fantaisies singulières du quotidien. Sourire inévitable. Derrière, l’appui musical leur rend particulièrement honneur grâce à des compos aussi stéréo-atypiques que les textes. Le tout forme un drôle de mélange qui, lorsqu’on commence à y goûter avec cette folle entrée en matière « Le Pacha », donne envie d’aller crier un bon coup dans la rue pour réveiller tous les endormis de la vie monotone et désenchantée. Tout est ici dans le désordre, ou plutôt sans ordres. Véritable réservoir des impossibles possibles. Les phrases burlesques s’enchaînent jusqu’à faire espoir.  « La vie réelle est agaçante » martèle Claire Ottaway. Un autre monde s’ouvre alors, dans lequel Paul McCartney est open pour jouer en première partie au Parc de Sceaux. On aurait préféré Lennon, mais le collectif ne va tout de même pas jusqu’à ressusciter les morts.

Ca balance dans la drôme

A la place, Stanislas Carmont préfère plutôt dresser un arbre généalogique des billets de banque sur le titre « 20 euros » où il déclare non sans ironie sa flamme au pognon. Le clip, sorti 2 jours avant le deuxième tour de la présidentielle, l’imagine d’ailleurs président. Réalisation sur-vitaminée pour musique épileptique. Le tout impressionne par son ampleur, comme c’était déjà le cas pour le clip précédent du titre éponyme. Qu’il fait du bien de voir telle qualité chez des groupes qui n’ont pas forcément de grands moyens. L’effort du collectif pour créer quelque chose de singulier sur cet album est considérable.

Côté son, le rendu fout de sacrés claques, grâce une production furieuse. Les textures vont piocher aussi bien dans une électro hypnotique que dans un rock charnu. On y croise Alan Vega en marchant aux abords de l’Allée Sauvage de Beak (« Reine d’un sort »). Voilà qui est revigorant, en attendant de se faire taper par le fantôme énervé de Sonic Youth.

La course dure 37 minutes et n’épargne pas grand-chose, et vaut amplement le coup. Ça respire le lâcher-prise (dans les règles de l’art), la bonne humeur, la nouveauté, le rock et tout ce qui va avec. Astéréotypie fait de son Brad Pitt introuvé l’un des plus puissants albums français de ces derniers mois, voire années. Et ce que l’on en tire, c’est qu’aucun collectif ne ressemble à Astéréotypie dans cette drôle d’industrie.


Elle nous avait ensorcelé en 2018 avec son étrange et sublime premier album Crave. Il y a quelques mois, elle dévoilait le deuxième témoignage de son humble talent : Le Cirque de consolation. Et il y a quelques jours, elle célébrait avec émotions la réussite d’en être arrivée à ce niveau de reconnaissance avec un premier Trianon bien rempli. Léonie Pernet mesdames et messieurs.

Nous n’imaginions pas meilleure salle pour entendre la pop sombre et mélancolique portée par Léonie Pernet qui, en deux albums, a su démontrer une identité musicale forte et évolutive. Crave et Le Cirque de Consolation (le premier nous avait particulièrement marqué) ont fait d’elle une artiste confirmée, à l’approche originale. Tantôt dansant, tantôt lancinant, tantôt funéraire, la musique de Léonie Pernet revêt plusieurs visages, autour d’une obscure atmosphère jamais forcée mais habitée par l’humilité et la subtilité. Les influences africaines en hommage à ses origines parsèment sa musique. Une musique aussi novatrice que politique.

 

FrankY GoGOES to Trianon

Franky Gogo au Trianon, crédit : Théophile Le Maitre

Pour ce concert célébrateur d’un début de carrière en perpétuelle expansion, Léonie Pernet a fait appel en première partie à Franky Gogo, un.e artiste non binaire au look tout aussi classe que sa musique. Avec des sonorités électro faisant office de petites décharges, dans une ambiance techno punk à la Peaches, Franky convainc par sa prestance et sa manière de poser sa voix. Trianon oblige, le son est net. Les pulsations sont ressenties. Le public semble transporté.

 

 

 

 

CUCO CUCA CULOT AURA ou n’aura pas

Cuco Cuca au Trianon, photo : léonard Pottier

Alors que logiquement, tout le monde imaginait ensuite Léonie Pernet occuper la scène après la petite demi-heure de battement habituelle entre les deux parties, ce n’est pas elle qui surgit à 21h, mais Cuco Cuca. Forcé de tourner la tête pour s’en apercevoir, puisque le personnage arrive du balcon, et se positionne sur le bord droit, avant de déployer une banderole avec la lettre E à l’envers barrée. Celle-ci fait référence à un club techno situé à Kiev et nommé « Il n’existe pas ». Sur le profil instagram de l’artiste, on peut y lire « aussi longtemps que Kiev sera en guerre et envahie par la Russie, je sortirai ma banderole ». Mais qui est donc Cuco Cuca au juste ? Iel se définit comme « hacker genderfucker transbird, queer activist & performer borned in Mexico in 2011″. Sa performance en préambule du concert de Léonie Pernet consistera à réciter un texte d’engagement et de lutte contre toutes les privations et les injustices de ce monde. Contre qui ? Les accusations manquent peut-être de cibles concrètes. « Vous n’aurez pas nos nuits, vous … [insérer grand méchant loup] ». Sa voix est trafiquée comme Winslow dans Phantom of the Paradise (Brian de Palma, 1974) qui, comme autre point de comparaison, arbore lui aussi un masque qui ne rassure pas tout à fait. Derrière celui-ci néanmoins,  on ne sent pas la personne totalement à l’aise. Au-delà des accusations, la performance qui d’abord intrigue, perd rapidement de son charme et s’éternise au bout de 10 minutes. Derrière passe une musique techno qui, comme l’artiste, semble rencontrer quelques bugs. Le tout est assez maladroit, manque de fluidité et d’accroche. Le discours crache des évidences même s’il n’est jamais vain de les rappeler. Ca n’est pas plus mal quand on en voit le bout.

 

Léonie en cercle !

21H20. Place maintenant à l’artiste principale. Dès son entrée, on sent toute l’humilité et la simplicité qui lui confèrent entre autres son charme si particulier. Léonie Pernet dégage quelque chose de juste, de touchant, qui se retrouve évidemment dans sa musique.

Sur scène trônent deux grandes installations circulaires depuis notre entrée dans la salle. On se doutait qu’elles  serviraient d’éléments d’éclairage pour le concert. En effet, rien d’autre ne sera utilisé pour illuminer la soirée. Par cette ambiance lumineuse étrange et intimiste, Léonie parvient un créer une proximité, et décore son monde musical d’une subtilité visuelle insaisissable. Cet élément de scénographie s’accorde parfaitement à la musique et se révèle être joli tout autant que pertinent pendant la durée du concert.

Ce dernier débute sur « Hard Billy », morceau en anglais du deuxième album. Comme une parfaite introduction, il introduit un ton funeste dans une sorte de flottement nostalgique. Ce morceau dépeint une mélancolie de l’étrange qui, au contraire de lever le voile sur ce à quoi nous assistons enfin, nous rajoute une couche de mystère et d’envoûtement. Léonie Pernet attrape déjà le public de manière différente de celles qu’on a l’habitude de voir en concert. On pourrait penser que ce morceau n’est pas assez de taille pour une ouverture, et pourtant. Il convient par sa répétition, amenant une tension dans un mouvement suspendu.

 

Une brigade de taille à consoler toute une salle malgré un son mitigé

En matière de son, ça pêche niveau clarté et précision, notamment dans la voix. Une déception quand on sait que le Trianon est généralement réputé pour ses qualités sur la question. Le problème persistera jusqu’à la fin du show avec un cruel manque d’ampleur, ce qui aurait fait gagner les interprétations en puissance. Certaines d’entres-elles restent trop en surface, et ne viennent pas nous bousculer comme elles auraient dû le faire.

Léonie Pernet au Trianon, photo : Théophile Le Maitre

Ce n’est pourtant pas faute d’offrir des interprétations de taille. Léonie et sa brigade de consolation, composée de Jean-Syvain Le Gouic (membre du groupe Juvéniles) aux machines et Arthur Simonini au violon, donnent sur scène vie à des versions sophistiquées, non pas tant différentes de celles en studio, mais pensées différemment pour toujours entretenir chez le public cette fascinante sensation de découverte. Lorsque, cerise sur le gâteau, Léonie se met à la batterie (dès la deuxième morceau), on ne peut être qu’émerveillé. A noter qu’elle fut d’abord batteuse avant de lancer sa carrière solo, notamment aux côtés de Yuksek.

Sans jamais tomber dans le sensationnel, le show trouve un juste milieu entre la musique portée fièrement et l’aspect spectacle pour nous tenir en haleine. Sur « À Rebours » par exemple, dans sa deuxième moitié où Léonie se défoule sur un djembe posé en avant-scène à côté d’elle, on est autant captivé par l’image que par le son. Cette gymnastique entre chant et percussions assurera entre autres le renouvellement constant du concert.

 

Léonie permet l’abandon temporaire de nos maux

Une petite déception viendra du faible nombre de morceaux du premier album joués, et du fait que « Butterfly », son premier tube, ne fut aussi prenant que ce que l’on pouvait espérer. Le Cirque de Consolation aurait pu s’agrandir davantage pour laisser entrer les chansons certes un peu plus simples dans la forme, mais habitées par tout autant de force expressive. Voilà malgré tout que ce point est vite mis de côté à la fin du concert lorsque retentit le morceau le plus entraînant de sa discographie : « Les Chants de Maldoror », issu du deuxième album. Sur le côté gauche, certaines personnes sont montées sur scène pour répondre à l’appel forcé de la danse. Quelle autre solution face à une telle évidence maitrisée à la perfection ?

En rappel, « La Mort de Pierre » servira à ne pas oublier que nous sommes là dans un cirque particulier, et que pour être consolé, il s’agit avant cela de ressentir une vive émotion douloureuse. « C’est la mort de Pierre qui nous rapprochera ». Le Trianon a de quoi l’être et repartir vidé de ses maux. Léonie Pernet a franchi un cap et la suite ne peut aller que vers le haut tant on sent derrière une sincérité dans la démarche et un talent dans la mise en œuvre. Quel cirque !


Cats on Trees - Trianon - 2022
Cats on Trees au Trianon – Crédit photo : Louis Comar

En ville, le monde, parfois, tourne bien trop vite. Les gens passent, les modes avec, les actualités s’enchaînent et il devient alors impossible de se rappeler de respirer. Il faut faire un effort de concentration alors, pour (re)vivre. Avec la fin de nombre de restrictions liées au Covid 19, vivre à nouveau est pourtant devenu une priorité. Un seul objectif : rattraper les mois, attraper les moments, les vivre à saturer, à s’oublier. Alors, il faudra compter sur l’art pour appuyer sur le bouton pause et enfin se délecter de l’instant présent, sans en perdre une seule seconde. Inspirer, expirer et écouter. Vivre oui, mais dans le creux même d’un moment hors temps. Si rien ne laissait supposer que le concert de Cats on Trees signerait cette parenthèse si particulière, il était pourtant de ceux dont on se délecte, en cherchant à le garder le plus longtemps possible au creux de son coeur.

Triton et Trianon

C’est au Trianon de Paris que la magie opère. Un brin de printemps promet de s’installer en extérieur. Dans la salle, cette touche de chaleur se dégage du public. C’est pour défendre son nouveau jet « Alie » paru fin janvier 2022 que le groupe de Nina Goern et Yohan Hennequin a fait le déplacement ce 17 mars. Rien ne laisse dans un premier temps présager de la beauté de l’instant que le public va être invité à vivre. La salle  n’est pas complète mais nous sommes suffisamment à respirer en ses lieux pour la faire battre comme un coeur partagé. Le premier titre ne tire pas son épingle du jeu, trop chanson peut-être pour hypnotiser. Mais les débuts peuvent mentir. Comme en amour, il s’agit d’abord d’apprendre à se connaître, à s’appréhender pour tomber sous le charme. Et comme en amour, c’est à nos âmes que souhaite parler la formation. Pour s’en faire le plus beau reflet, le combo a installé deux immenses surfaces, sortes de miroirs opaques aux reliures dorées. Devant eux, le duo vedette, derrière, des musiciens ballerines, qui ensorcellent. Deux titres et puis, le silence fut. L’instant devient un coup de coeur qui fait rêver, la pop se fait onirique et délicate. On inspire. La salle se fait écrin. Comme par magie, des méduses blanches s’invitent à l’instant, elles virevoltent dans les airs de haut en bas. Les esprits s’apaisent, le temps peut s’arrêter. Maîtresse de cérémonie, Nina Goern aime à communiquer avec son public. Voix apaisante, elle devient un repère, phare dans une nuit opaque et divine. Elle dépeint ses morceaux, qu’elle porte avec douceur au piano. Très vite « Jimmy » est jouée, single emblématique, bouffée d’air printanière en intérieur, les notes s’enchaînent et les paroles sont scandées par une foule maintenant conquise. Un faux départ s’invite avec légèreté à ce moment suspendu. « Non ce sera celui d’après » s’amuse la chanteuse. Celui-là même sera « Sirens call », l’un des morceaux majeurs de Cats on Trees. Un titre à l’image du concert tant il appelle à se laisser porter dans les vagues. Et qu’importe finalement si l’on doit s’échouer sur les rochers, perdre quelques gramme de raisons. Le monde dehors après tout va si vite, n’est-il pas plus fou que le bateau tanguant du sol du Trianon et ses yeux tous rivés sur la scène ? Les capitaines de la soirée ne laisseront personne se noyer, pris pourtant dans un tourbillon bienveillant. La pop est belle, en live, elle a la pureté des écumes.

Danser et s’écouter

Les compères ont prévu une surprise et invitent Erza Muqoli, participante de La France a un incroyable talent, à se joindre au voyage le temps d’un titre.  Les voix cristallines se font échos l’une de l’autre. Il est fréquent en concerts, quand on en fait souvent, de regarder sa montre, attendant la fin du live pour se laisser à nouveau subjuguer par le monde.  Cette fois-ci le temps passe bien trop vite. Le chant des sirène, c’est certain, qui fait perdre pieds. Pourrait-on rester ici et laisser le reste de l’univers se presser ? Après tout, ici, tous flottent.  On expire. « Keep on Dancing » est joué par les toulousains.  Sa pop a une saveur aussi festive que mélancolique. On danse sur la pointe des pieds. En haut, au balcon, une bande de copines s’est levée devant ses sièges. Cinquantenaires aux visages découverts, elles ont le même sourire qu’à 20 ans, le même empressement à partager, leur joie discrète ondule et se répercute aux quatre coins de la salle. Comme dans toute vague, il arrive de s’envoler lorsqu’elle est haute. Pour autant, son creux se vit avec le même plaisir, un apaisement entre deux respirations iodées. Ici, la musique se fait quasiment a cappella. Dans la salle, le silence se fait, aussi fragile que la flamme d’une bougie. Il n’est de moment de beauté qui ne saurait durer éternellement. L’éternité, argueraient certains, serait synonyme d’enfer. Et l’escapade maritime au coeur de Paris, ses rues pavées, ses immeubles et ses vestiges historiques, doit ici prendre fin. Il faut retrouver la nuit agitée, éclairée de mille lumières et percée par les rires des piétons. Non sans se sentir, au moins un temps, soulagés, d’avoir pensé à respirer.