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Les restrictions levées et voilà que la reprise musicale a déjà de quoi donner des nuits blanches. Les concerts s’enchaînent et ne se ressemblent pas, les sorties d’albums et de singles aussi. De beaux noms français et internationaux se dévoilent , se révèlent et promettent des beaux jours emplis de belles notes. Difficile de se garder le cap ? Pas de soucis, Popnshot vous propose un petit tour de ses coups de coeur féminins. De la folk au rock en passant par la chanson française, vous nous remercierez plus tard.

Wet Leg

Amies depuis le collège, les deux anglaises originaires de l’Île de Wigt, Rhian Teasdale et Hester Chambers, forment WET LEG, un duo féminin aujourd’hui excessivement remarquée dans la sphère rock. Leur particularité ? Ne pas avoir encore sorti d’album (le premier arrive le 8 avril) mais susciter déjà un réel engouement. La raison n’est pas difficile à trouver à l’écoute de leur premier single « Chaise Longue » sorti l’été dernier. Celui-ci n’a l’air de rien au départ, mais finit par vous asséner une puissante et aimable chiquette. Au travers d’un minimalisme et d’une efficacité fulgurante, on y trouve tout ce que l’on cherche pour procrastiner encore et toujours : une voix nonchalante, un refrain terriblement entêtant et un soin apporté aux instruments faisant de l’ensemble une déflagration jouissive. Le duo sera de passage à Paris au Point Ephémère le 14 mai 2022.

SPRINTS

Groupe originaire de Dublin mené par l’incroyable Karla Chubb, Sprints a sorti en ce début d’année l’EP le plus excitant et mieux foutu de l’histoire des petits albums : A Modern Job EP. Sur cinq titres animés d’une même rage subjuguante, le groupe irlandais fait preuve d’un savoir-faire digne de plusieurs années d’expériences. Ils viennent pourtant d’arriver, et on ne pourrait pas rêver mieux, puisque leur new punk si singulier et maitrisé est déjà de taille à embraser des voitures en plus de nos cœurs. Vite l’album ! Par pitié !

Lonny

Étoile filante entre pop et folk, en français dans le texte, Lonny a déjà su se faire remarquer par les plus grands. Il lui a suffi de trois singles d’ailleurs pour convaincre et toucher droit au cœur. Il faut dire que la musicienne, inspirée par une rupture sait mettre des mots sur ses maux. En découle une sophistication indéniable mais aussi un sens de la mélodie à fleur de peau. Difficile de ne pas penser à une certaine Pomme dans son approche guitare voix sensible et sa faculté à créer et se raconter. Avec sa voix de velours et une douceur rare, la chanteuse distille un conte aérien sous forme de cocon où il fait bon se laisser cajoler. Et c’est peut-être ce qu’elle fait le mieux tout en se dévoilant sur son premier album « Ex-Voto » sorti le 21 janvier. Déjà remarquée, elle fait partie de la sélection des Chantiers des Francofolies 2022, elle s’offrira également une Cigale de Paris le 27 septembre prochain. Il y a de la grâce chez Lonny, ses textes dévoilés sur la pointe des pieds. Échos sublimes se dressent comme des vagues au cour d’un album refuge, qui se laisse aussi bien écouter enroulé dans un plaid que la tête perdue dans les nuages un soir de printemps.

LaFrange

Folk française, encore mais c’est un registre bien différent avec LaFrange! Voix aérienne la dispute à la guitare sèche alors que folk et chanson cohabitent. Chez la chanteuse, tout est question de douceur et d’émotions à fleur de peau. Sincère dans sa démarche elle se reconnait fan de Belle and Sebastian ou encore de Big Thief. L’évidence donc de retrouver parmi ses cordes leur âme sensible et leur capacité à faire frissonner avec autant de grandeur que de simplicité. Envolées maîtrisées, accords précis à la douceur d’une comptine, elle enveloppe dans son aura et s’apprécie auprès d’un feu de cheminée qui crépite. Pour plonger dans son univers triste à la lumière pourtant évidente, la musicienne publiait le 11 mars son troisième EP « Sad Love Songs ». Candeur et grâce y arpentent 7 titres à la sincérité troublante, lettres secrètes et recueil haut en poésie. De quoi apprécier la pluie, invitée non désirée de ce début de printemps.

Hurray for the riff raff

Février marquait le grand retour retour d’HURRAY FOR THE RIFF RAFF le projet d’Alynda Segarra. Intitulé « Life on Earth », ce nouveau jet de 11 morceaux s’essaie au grand huit émotionnel. Auto-proclamé nature punk, la galette s’offre des nuances variées qui séduisent et déstabilisent. Impossible de ranger l’essai dans les petites cases archi segmentées dans lesquelles on colle habituellement les artistes. Avec sa voix un brin cassée, parfaitement maîtrisée, elle dévoile des morceaux pour survivre s’osant à parler du désastre en cours. Côté compositions, « Pierced arrows »offre un vrai tournant rock au refrain bien senti, « Pointed at the sun » joue sur une guitare plus aiguë, des digressions un brin pop et un ton enjoué, le morceau éponyme, lui, surprend par sa douceur instinctive, si proche de la ritournelle qu’on penserait à un conte de noël, ou bien peut-être une parenthèse à la « Sound of Silence ». OVNI inclassable, aussi varié que la vie sur Terre, il permet de sentir le Monde vibrer titre après titre.  Si l’on en croit la citation, le Monde est un bel endroit, il vaut la peine qu’on se batte pour lui, HURRAY FOR THE RIFF RAFF donne raison à la seconde partie.

Clea Vincent

Et si on profitait du printemps pour s’offrir un grand bain de soleil ? C’est bien ce que propose Cléa Vincent avec son nouvel EP « Tropi-Cléa 3 ». A travers ses 6 titres, la musicienne offre une cure de vitamine D entre chaleur et influences sud-américaines. On pense forcément à une certaine scène des années 90, son esprit libertaire et serein dont on a bien besoin en 2022. Les titres s’enchainent avec l’esprit des tubes de l’été d’un temps où le hashtag se nommait dièse et où il était bon boire des cocktails aux couleurs multiples. Avec sa voix cristalline, la chanteuse ajoute à ses compositions rétro-modernes une belle note qualitative comme a su le faire également les excellents musiciens de Pépite. Chanson français sous les tropiques, où les langues se mélangent alors que les températures montent. La fête nous avait manquée, elle n’en sera que plus belle habillée de paillettes et de pastels.

Texte : Léonard Pottier et Julia Escudero

 


Cover album « See You Through » A Place to Bury Strangers

Cette semaine du 14 mars est marquée par la sortie physique d’un album déjà disponible à l’écoute depuis le mois dernier. Il se nomme See You Through et nous vient tout droit d’une cave crasseuse de Brooklyn où l’on tripote pédales et bidouille du matos extra-terrestre. Les scientifiques déjantés à l’œuvre s’appellent A Place to bury strangers. Ce n’est peut-être pas hyper approprié durant les temps qui courent mais il reste toujours le meilleur nom de groupe du monde. On profite de l’occasion pour parler de leur nouvel alien.

 

 

 

Avec See You Through, le goupe de rock indépendant américain qui compte déjà 20 années d’existence revient plus dévorant que jamais. Leur dernier album en date Pinned était une déjà sacré épreuve puisque, comme à son habitude, niveau production, le groupe n’est pas là pour mieller nos oreilles. Leurs morceaux, géniaux pour la plupart, peuvent s’avérer difficiles à écouter sans grincer des dents : voix distordues, basse crasseuse, effets saturés… Dans des airs de Joy Division sous acides, A Place to Bury Strangers produisent un rock sombre en débordement constant, où la musique est un scalpel. « The loudest band in the world » peut-on lire sur leur site internet. Toutefois, le groupe n’est peut-être pas aussi barré et loufoque qu’on pourrait le penser. Car derrière, la formation composée aujourd’hui de trois membres, Olivier Ackermann (chant, guitare), Sandra Fedowitz (batterie) et John Fedowitz (basse), mais qui en a vu défiler beaucoup d’autres, fait état d’un véritable talent de composition. Et ce nouvel album est là pour une nouvelle fois en attester.

A Place To Bury Strangers
A Place to Bury Strangers

 

Un volcan en éruption

Quatre ans après son prédécesseur, et dans un ton assez différent, See You Through prend des airs de maelstrom musical. Le groupe a décidé de voir les choses en grand, et de mettre le paquet. Là où les autres albums s’écoutaient volume 30, celui-ci n’a besoin que du niveau 15 pour jaillir avec la même puissance sonore. On imagine bien les voyants rouges de la table de mixage obligeant tout le monde à sortir du studio devant un tel raz-de-marée. La chanson la plus iconique à ce niveau-là semble être toute trouvée : « So Low », avec son titre trompeur de poti rigolo. Elle commence aux quarts de tour et ne s’arrête qu’après mise à terre de ses auditeurs. Le riff de guitare comme couche supplémentaire est la cerise sur le gâteau. Surplus total : tout dégouline et déborde dans un espace-temps chaotique. « So all » aurait été un titre plus annonciateur.

Dans la même veine destructrice, plusieurs autres morceaux nous font pousser des grimaces : « Dragged in a Hole » et son démarrage sur un contre-temps traître, « Anyone But You » et ses pleurs instrumentaux torturés, « Hold on Tight » et sa tension perpétuelle… Néanmoins, au beau milieu de ces ravages, on trouve toujours des repères. Car A Place to Bury Strangers, c’est aussi l’art des compositions remarquables. On y décèle sans cesse une recherche d’assemblages, une volonté de marquer les esprits dans des évidences dissimulées. Les morceaux, au-delà de leurs sonorités parfois douloureuses, font preuve d’un réel effort dans l’accompagnement de l’auditeur, qui sera toujours rattrapé par la force des mélodies.

Chaos CHARMEUR

See You Through aspire tout ce qui bouge, mais n’agit jamais seulement dans la terreur ou dans l’épreuve. Dès lors que l’on accepte son mode opératoire, il se révèle même être plutôt accueillant. Ses légères mais nombreuses variations nous tiennent en haleine : on circule parmi des morceaux directs et incisifs comme « My Head is bleeding » et « Let’s See Each Other », dansants comme le fabuleux et enflammé « Broken », et même mélancoliques comme les deux derniers titres qui clôturent l’opus sur une note enfin colorée, « I don’t know how you do it » et « Loves reaches out ».

A tort et à travers, See You Through prend progressivement racines dans nos organes. Réveil excessif, celui qui ne s’arrête jamais de sonner, il termine comme une obsession crânienne. Ce sont 13 titres à la fois difficiles d’accès (malgré de nombreux points d’accroches) et extrêmement généreux. A lire leurs noms à la suite, on croirait à une histoire impossible aux rebondissements multiples. A leur écoute, c’est encore plus que ça : tout y si malicieusement imbriqué, génialement cohérent et abondamment musical que l’ensemble transperce tous les récits. Son battement inexorable à allure inhabituelle, pareille à la rythmique défigurée de « I’m Hurt », est sa raison d’être : déchainer les sentiments, et cela jusqu’à la fatigue.


We Hate You Please Die @ Le petit bain 2021
Photo : Louis Comar

Il aura fallu s’armer de patience pour retrouver les fous furieux de We Hate You Please Die en live. En juin, lors de leur interview, la question de revoir sur scène la quatuor originaire de Rouen se posait déjà.  Tout vient donc à point à qui sait attendre et en ce 2 décembre, c’est dans un petit Bain complet que les retrouvailles ont finalement lieu.

La foule est dense et connaisseuse et le lieu se transforme aisément en bar punk faisant oublier les températures glacées extérieures. C’est MSS FRNCE qui a la lourde tâche d’ouvrir la soirée. Pas de quartiers pour le groupe punk parisien qui balance ses sons énervés sans retenue. La sophistication n’est point de rigueur, seules les guitares déchaînés font échos à des riffs calibrés pour les grosses enceintes et le lâché prise. La musique du combo sent bon la bière, les pogos et la transpiration. D’ailleurs, il n’en faut pas plus pour que la foule se mette dans le jus, un jus au houblon et bien secoué. La fosse est chauffée, l’air électrique, il est temps de laisser place à la tornade We Hate You Please Die.

We Hate You please die à l’abordage du petit bain

Voilà donc le quatuor originaire de Rouen qui débarque en trombe sur scène sur le titre « Exhausted + ADHD » issu de sa dernière galette. Engagé, il n’hésite pas à inscrire sur leur caisse le message « More women on stage ». Une notion cohérente pour un groupe à la parité évidente, puisque composé de deux hommes et deux femmes et ce même si cette alliance des genres, s’avère être une pure coïncidence liée à une entente artistique. D’ailleurs en seulement quelques notes, cette dualité rappelle sa pertinence. La voix grave et précise de Raphaël Balzarise fait ainsi l’écho puissant des riffs chantés en guise de chœur par Chloé Barabé. C’est cette alliance entre voix torturée et hymnes riot girl qui font d’ailleurs la force immédiate de We Hate You Please Die. Ce qui se vaut sur album se vaut aussi en live. A cela près que la puissance des titres est alors décuplée. Les titres s’enchaînent « Barney », « Structure » mais aussi « Otterlove » sont de la partie.

Quelques jours avant que le gouvernement n’interdise de danser, rappelant que l’art et la vie en société peuvent aujourd’hui devenir à toute vitesse un crime, notre quatuor invite lui à l’union. Au fond de la salle un petit groupe aux tenues punks s’amuse à raconter ne pas aimer ce type de musique. Des éclats de rire et des mouvements saccadés viennent alors trancher avec cette phrase définitive. Aux premiers rangs, la tension monte d’un cran lorsque Raphaël invite la foule à se diviser en deux groupes. « D’un côté team Pécresse et de l’autre team Ciotti » s’amuse-t-il avant de rebondir « Non ok, team Edward et team Jacob alors ! ». Dans une ambiance bon enfant, la fosse se scinde en deux, sagement. Le leader invite aux pogos, et les pogos furent.

Avec précision, les rouennais vont chercher chaque membre de l’assistance et l’invite personnellement à prendre part à la grand messe qui est en train d’avoir lieu. Les instruments sont millimétrés, le groupe sait se faire sophistiqué, sublimer le rock et l’inviter à fusionner. Alors que le post punk a depuis quelques temps eu l’excellente idée de revenir sur le devant de la scène, nos compères jouent avec ses codes et lui offrent une énergie garage bien à eux.

La foule n’est pas la seule à pogoter et slamer avec ferveur. Là, au milieu de ce tourbillon humain bouillonnant, le leader se lance dans un slam épique, retenu par une foule qui profite de ce lâcher prise effervescent. Les guitares saturées et la batterie sauvage de « Coca Collapse », ce jeu de mot sublime, ne font qu’accentuer la beauté de l’instant. La chanteur ajoute à un débit hallucinant quelques parties au screamé léger. Au fond de la salle, une bière à la main, l’assistance danse volontiers en demandant encore et toujours plus.

Une cover punk s’invite à la partie alors que la joyeuse troupe reprend « Bad Girls » de M.I.A qui annonce déjà le début de la fin de ce moment si attendu. C’est sur les deux hymnes cultes du groupe qui sont aussi le nom de ses deux opus que se conclut la soirée. « Can’t wait to be fine » se déguste comme un dernier moment psyché rock avant de tout donné sur le maintenant classique « We Hate You Please Die ».  La troupe se laisse alors aller à ses notes, jouant avec les corps et les tordant comme des cordes de guitares. Raphaël vit ce dernier instant avec une ferveur communicative. La douceur de ses premières secondes montent en une intensité culminante, les instruments se font obsédants, les corps sautent, se roulent sur le sol, la tension est à son apogée, le rubicon a depuis longtemps été franchi. Alors que les échos de ces paroles puissantes pourtant sorties d’une bande-dessinées sont scandées, le public lui, les yeux rivés sur la scène n’a de cesse de penser « We Love you ». Pour ce qui est de la fin de ce titre, on ne s’était pas sentis si vivants depuis bien longtemps. Les larsens dans les oreilles, alors qu’il faut rejoindre le froid extérieur qui tranche avec violence avec le moment passé, il est bon de se rappeler qu’il faut protéger la musique live à tout prix. Elle est la clés d’une humanité qu’il ne faut jamais sacrifier sur l’autel de la peur.


cat power big thief Simon and Garfunkel Trois albums cultes
 

Le support numérique a radicalement changé les habitudes de consommation de musique. Fini l’attente d’un album pensé dans son intégralité. Bonjour le zapping, les morceaux écoutés jusqu’au refrain, l’attention perdue en moins de trois minutes et bien sûr les conditions douteuses de rémunérations pour les artistes. Pourtant, fort heureusement, à la montée des, convenons-en, bien pratiques plateformes de streaming, s’oppose un retour en puissance de l’objet vinyle. Outre son esthétisme, son très beau son, il permet de (re)découvrir dans sa totalité un album et de s’y immerger face après face. L’été ayant déjà laissé place à l’automne de cette étrange année 2021 et son timide retour à un Monde où concert est synonyme de contraintes pour ses organisateurs, une sélection de vinyle s’impose. Pour aller avec les couleurs de saison, les feuilles qui tombent et les coeurs lourds qui s’imposent à la fin de la trêve estivale, nostalgie, mélancolie et beauté seront au rendez-vous des trois oeuvres parfaites à (re)découvrir track by track ci-dessous.

Simon & Garfunkel « Bridge over Troubled Water »

Simon & Garfunkel - Bridge Over Troubled Water

Paru en 1970, cette pépite est le tout dernier album studio du duo indémodable Simon &  Garfunkel. En 1971,il remporte à juste titre cinq Grammy Awards dont celui du meilleur album. Il figure également à la 51ème place du classement des 500 plus grands albums de tous les temps établi par Rolling Stones. Si son pédigrée est si impressionnant c’est surtout parce que l’attention du duo a été portée sur la composition de chaque titre. A commencer par celui qui ouvre le bal et donne également son nom à l’album. C’est d’ailleurs Clive Davis, le patron de Columbia records qui choisit de placer ce morceau en ouverture de l’opus. Les temps ne changent pas tant que ça, puisque sa longueur (plus de 5 minutes de perfection) était déjà problématique à l’époque. Si l’on en croit le film « Presque Célèbre » de Cameron Crowe (qui avant sa carrière dans le cinéma était journaliste chez Rollin Stones), écouter Simon & Garfunkel en allumant une bougie permettrait de voir son avenir. Une très belle métaphore qui s’applique au ton folk rock de cet opus. Il faut dire que les titres emblématiques s’y enchaînent avec fluidité. A un premier morceau puissant succède « El Condor Pasa (If i could) », ses riffs aériens et sa structure aux nombreux accents envolés. Mélancolique oui mais pas toujours, la galette s’offre des temps joyeux et solaires (« Cecilia », le dansant  « Keep the Customar Satisfied », « Baby Driver », « Bye Bye Love »). L’apaisement est aussi de la partie alors que les sublimes voix des acolytes transportent leur auditeur au confins de la perfection quelque part entre un nuage planant des années 70 et une bienveillance iconique que l’on retrouve chez ces albums qui deviennent de facto vos meilleurs amis.

Big Thief  – « U.F.O.F »

Big Thief - UFOF

Trois notes à pas de velours et une voix envolée, voilà qui ouvre l’intime objet musical non identifié « U.F.O.F » chef d’oeuvre iconique du groupe américain Big Thief.  Cette prise de « Contact » plonge immédiatement l’auditeur dans un bain de bienveillance folk où tout n’est que beauté et volupté. La voix cristalline s’installe dans l’oreille, berce, virevolte. Il n’en faut pas plus pour tomber follement amoureux de la formation menée par la talentueuse Adrianne Lenker. Fondé à Brooklyn, le groupe sortait en 2016 son tout premier opus « Masterpiece ». Et si l’objet portait bien son titre, l’exigence y étant indubitablement au rendez-vous, ce troisième jet s’avère être en réalité le chef d’oeuvre ultime d’une formation qui y touche les étoiles.  Il faut attendre le deuxième titre pour découvrir le morceau « U.F.O.F » qui donne son nom à l’album. Ce single, le premier dévoilé en février 2019, allie la grâce d’une ritournelle poétique à un refrain si joliment travaillé qu’il promet de devenir un allié de force pour regarder la pluie tomber emballé dans un plaid. Chant des sirènes envoûtant qui appelle autant à l’aventure qu’à l’introspection, il précède l’immense et un brin plus entraînant « Cattails » qui fera également l’objet d’une sortie single en mai de la même année.  Sa folk aérienne y a la force des immense Moriarty, à moins que le timbre dream pop de sa chanteuse ne fasse mentir la comparaison. La légèreté et la douceur  font suite sur cette face A poétique où il est bon de se délecter de chaque note. Berceuse fabuleuse et compagnon d’aventure cosmique, il n’est pas étonnant de retrouver cet album parmi les nommés au titre de meilleur album de musique alternative au Grammy Awards 2020. La face B révèle aussi son lot de surprises à commencer par l’enivrant « Century », son refrain répétitif aux notes maîtrisées et sa beauté proche de celle de l’aurore. Il faudra tout écouter et tendre l’oreille sur « Terminal Paradise » avant de conclure sur « Magic dealer » qui embrume les yeux et les têtes comme un calumet fumé un soir de grisaille. Quand vous en aurez finit avec l’écoute, et sûrement répété sa lecture remettant inlassablement le bras sur le tout premier morceau de cette galette, il sera temps de se précipiter sur les sites de reventes de places.  Big Thief s’offre en effet une tournée française au mois de février 2021. 

Cat Power « Moon Pix »

cat power Moonshiner

Difficile de cataloguer l’iconoclaste Cat Power et ses compositions oscillant entre punk, folk et blues. Pourtant, si un mot devait effleurer la qualité de son univers, il faudrait mettre en avant son immense sensibilité. Et ce n’est pas « Moon Pix » paru en 1998 qui fera mentir l’adage. Ses sonorités profondes et mélancoliques y touchent à l’expérimentale et ce dès son exposition sur « American Flag ».  Repérée par Steve Shelley de Sonic Youth dans les années 90 alors qu’elle débarquait à New-York de son Atlanta natale, la musicienne a su s’imposer comme une figure culte, dont les qualités musicales ne peuvent être remises en doute.  De tous ces opus, « Moon Pix », le quatrième est l’un des plus encensés par la critique. Il faut dire que son prédécesseur, un brin plus grunge, lui avait déjà valu les félicitations du milieu estimant qu’elle y avait gagné en assurance. Cette fois-ci composé alors qu’elle vivait seule à la ferme et à la suite d’un état hypnagogique (état de sommeil conscient qui intervient au début de l’endormissement), il s’avère être un voyage hypnotisant, sensoriel et aussi léger qu’un murmure dans la nuit. Les titres s’y jouent avec douceur et s’y enchaînent avec aisance, quasi indissociables les uns des autres. Enregistré à Melbourne en 11 jours par la chanteuse, il est, si l’on en croit le magazine Rolling Stone, le meilleur enregistrée par la musicienne. Les notes aériennes de « Metal Heart » concluent la première face comme un secret partagé. Celui de l’écho d’une période musicale, d’une histoire aussi intime qu’universelle.  Il faudra pourtant attendre la face B pour  se plonger dans le titre « Cross Bones Style », premier single dévoilé de cette pépite qui touche à la perfection. Il pourrait être aisé en 2021, de penser un album comme une succession de singles et d’y imaginer passer aisément d’un registre à un autre. Ici, il n’en est point question tant le tout est construit comme une succession harmonieuse à l’atmosphère glaçante. « Moonshiner » se détache du lot, faisant la part belle à ses instruments sous forme de ritournelle planante et à la voix inimitable de Cat Power qui maîtrise autant ses envolées lyriques que ses chuchotements cassés. Difficile de ne pas se laisser porter, des papillons plein le ventre et des frissons parcourant  chaque millimètre de votre peau par cet objet entier que seul le format vinyle saura sublimer. Un must have pour habiller votre collection automne-hiver 2021 et prendre le temps de faire une pause au milieu de la vie qui reprend à toute allure.