Quand grattent les premières cordes de la guitare fatale qui introduit l’album de Blondhsell, on devine tout de suite qu’avec ce son et cette suite d’accord, cela risque de très vite monter en pression. Sur ces notes tranchantes fait ensuite son entrée la voix de Sabrina Teitelbaum, douce et confiante, déjà intense. Il n’y a plus qu’à attendre l’explosion imminente. La voilà à 50 secondes, merveilleux raz de marée. Une minute plus tard, le morceau est déjà terminé. Il faut avoir de quoi s’accrocher. Quel puissant début d’album nous offre la chanteuse américaine. C’est son premier, et il est une petite claque. Elle était la semaine dernière à Paris pour nous le présenter sur la scène du Point Ephémère.

Blondshell / Crédit : Dominique Falcone
Blondshell / Crédit : Dominique Falcone

Sabrina Teitelbaum est originaire de New York et vit aujourd’hui à Los Angeles. Cela fait plusieurs années qu’elle a choisi la musique comme mode d’expression, avec des influences plurielles : Patti Smith, le Velvet, Joy Division, mais aussi the Replacements, groupe des années 80 à l’énergie communicative ou même encore la britpop (Blur, Pulp, the Verve…), dont elle dit apprécier les textes sombres sur fond de mélodies entrainantes.

Le 07 avril dernier, elle dévoile enfin son premier album sobrement intitulé Blondshell, chez Partisan (label de Fontaines, Idles…). La cover ne paie pas de mine, une simple photo d’elle en noir et blanc, à demi nette. Dessus, elle semble un peu timide. Il faudra plonger dans l’album pour briser la carapace. Car ce qu’on trouve à l’intérieur, c’est un puissant rock sensible aux envolées saisissantes. Il y a de tout dans cet album court de neuf titres (et ça n’est pas pour nous déplaire) : de la rage brillamment transposée en musique, autant que des émotions davantage à fleur de peau, dont l’interprétation toujours juste de la chanteuse permet à celles-ci d’être renversantes. Dans le son, on est proche des nineties, évitant toujours le rock d’adolescent mais jouant tout de même avec ses codes. Aux manettes, le producteur Yves Rothman, que l’on connait notamment pour son travail aux côtés d’Yves Tumor. Là où l’on reconnait bien sa patte, c’est dans les moments de paroxysme, où la guitare se déploie dans une nappe sonore impressionnante.

Sur scène, Blondshell est tout aussi géniale, humble. Elle parvient à capter notre attention par la force de caractère de ses compositions et par son aisance flottante. Le show est concis, va droit au but.. Au milieu du set, elle rend hommage aux Cranberries avec un morceau qui ne figure pas sur l’album. Il est vrai que sa musique s’en inspire grandement. Le point culminant est atteint avec « Salad », morceau hyper puissant dont la force est encore décuplée sur scène. Le Point Ephémère est plein à craquer ce soir-là. C’est un samedi soir où tout le monde est heureux de profiter ainsi de son week-end, devant un show maitrisé et cohérent. On prend un grand plaisir à voir naitre en live ces morceaux qui ont déjà beaucoup résonné en nous grâce à l’album. Trois musiciens l’accompagnent, et assurent de donner la profondeur aux compositions. Blondshell est élégante, sobre dans ses déplacements, heureuse d’être ici elle répète plusieurs fois.

Quand le show s’arrête, il ne nous reste plus qu’à aller acheter le vinyle, définitivement convaincu. Son album fait partie des premières œuvres dont l’évidence crève les yeux, et dont la formule a tout pour réussir. Une nouvelle reine est née.


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