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Grossièrement intitulé « Samhain : les origines d’Halloween » en France, puisque c’est du cinéma d’horreur et qu’il faut donc miser sur l’aspect commercial d’une fête qui s’est malheureusement trop vite essoufflée chez nous, « You are not my mother » en VO recèle d’une lecture bien plus travaillée qu’un simple conte noir pour frissonner à la fin du mois d’octobre. Au programme une fable sur la famille, la dépression, la filiation, le tout servi par quelques éléments horrifiques. On vous raconte.

« Samhain » de quoi ça parle ?

C’est la semaine précédant Halloween et la mère de Char, Angela, a inexplicablement disparu. Tout ce qui reste, c’est sa voiture abandonnée. Lorsqu’elle revient chez elle sans explication le soir suivant, Char et sa grand-mère, Rita, comprennent que quelque chose ne va pas. Elle a beau avoir la même apparence et la même voix, le comportement d’Angela est de plus en plus effrayant, comme si elle avait été remplacée par une force malveillante. Lorsqu’arrive Halloween, une nuit imprégnée de mythes et de légendes anciennes, Char réalise qu’elle est la seule à pouvoir la sauver, même si elle risque de la perdre à jamais.

« Samhain » est ce que c’est bien ?

samhain affiche officielleVous l’avez peut-être vu, si ce n’est le cas vous devriez réparer d’urgence cette erreur, il y a deux ans sortait « Relic » film sensible de la réalisatrice australienne Natalie Erika James. Elle y abordait le thème de la vieillesse et la sénilité, se servant d’éléments surnaturels pour personnifier des peurs, elles bien concrètes. La souffrance des aidants, le fait de ne plus se reconnaître en vieillissant, la perte de la conscience, des repères, de soi. Une réussite bluffante, incroyablement sensible et qui profitait d’une métaphore claire et bien exploitée sans jamais en appeler à trop de prétention pour servir un drame magnifié par sa montée en puissance dans l’horreur. Et si on évoque aujourd’hui ce film c’est bien parce que les traits communs avec « Samhain » sont évidents. Non pas que le film de Kate Dolan n’aille lorgner sur celui de Nathalie Erika James, mais bien pour leurs thématiques similaires.

Outre le fait qu’en centre de métrage se trouve le fameux triptyque grand-mère / mère / fille, les deux se répondent quand à la désincarnation de la personne aimée par le fait tangible d’une maladie. Chez « Samhain » le postulat est rapidement posé : Angela souffre de dépression. Les trois femmes vivent ensemble, s’entre-aident mais surtout supportent avec difficulté la mère qui peine à tenir son rôle.  Un élément fantastique, la disparition, va donc venir personnifier la perte de l’être aimé qui même s’il est physiquement là n’est pas lui-même. C’est cette métaphore filée et les choix de notre petite héroïne, Char et sa grand-mère qui n’hésitera d’ailleurs pas utiliser quelques grands moyens pour réagir ( métaphore encore des médicaments ? de l’aide par internement ?), qui tient à lui seul la qualité du film.

Kate Dolan est une réalisatrice gourmande, il faut lui reconnaître, et son envie de beaucoup en dire transparait à l’écran. C’est ainsi que la réalisatrice ajoute à son œuvre la notion de harcèlement scolaire dont est victime l’héroïne. Si l’idée – un brin hors sujet-a le mérite de s’inscrire dans un débat important actuel et qu’il évite la lourdeur d’œuvres américaines plus anciennes, il va souvent trop loin. Les adolescents sont certes parfois douloureusement méchants, mais rarement à ce point à un cheveu de sombrer dans la psychopathie sanguinaire. N’est ce pourtant pas ici une façon comme une autre d’ajouter à la sauce Stephen King, un méchant bien plus vilain que le mal démoniaque auquel sont confrontées nos héroïnes ? Puisque, disons le nous, l’humain est toujours le plus dangereux des prédateurs.

Il faudra certes, savoir pardonner. A la mère d’abord de ne pas remplir le rôle qu’on attend d’elle, à la famille ses secrets enfouis, aux bourreau pour qu’elles se fassent amies… C’est le chemin de croix de Char qui bien que trop jeune doit lutter pour sauver son repère, sa mère. Il faudra côté public, s’abstraire du petit budget du film et de ses maladresses pour mieux se focaliser sur son sous-titre.

Côté frissons, le film joue plus sur une montée en tension que sur de bons gros jump scares juteux à la « Smile » la sortie horrifique de l’année au moins côté box office. L’introduction fait clairement froid dans le dos, notamment grâce à l’utilisation d’un hors champs bien choisi. Quelques autres scènes, une danse endiablée ou une virée aux toilettes nocturnes constituent quelques temps fort d’une pellicule qui se concentre rarement néanmoins sur l’horreur.

« Samhain » n’a pas toute l’étoffe d’un « Relic » ou la délicatesse du monstrueux « Vivarium » qui lui aussi se servait de l’horreur pour traiter fait de société et vie de foyer. Il a néanmoins la délicatesse de mettre en scène des femmes dans toute la complexité de leurs rapports : de celui du conflit des générations, de la transmission, du besoin de se reconnaître et d’être protégée par ses aînée, à la découverte de la mère en tant que personne à part entière, des conflits, des jalousies. Il ajoute aussi sa pierre à l’édifice des films horrifiques à textes et aborde la maladie mentale comme un fléau dont on peut se sortir avec le soutient sans faute de ses proches … pour mieux renaître de ses cendres. Quant à Halloween alors ?  Le film se déroule dans cette période de l’année et c’est tout. Pas de Micheal Meyers donc, mais un boogey man qui fait des dommages bien plus réels et douloureux.


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Le mois d’octobre est signe de bons présages pour les fans de cinéma de genre. Halloween leur permet en effet de faire le plein de métrages plus ou moins qualitatifs à visionner en masse, histoire de rendre les feuilles qui tombent un peu plus rouges sang et beaucoup moins déprimantes. Le géant du streaming Netflix l’a bien compris, proposant chaque année au cours de ces dates clés plus de rendez-vous pour les amoureux du genre que la Saint-Valentin ne pourrait en offrir. Et, fidèle comme elle peut l’être, elle a fini par s’acoquiner avec Mike Flanagan pour s’assurer d’offrir en plus, une proposition qualitative, devenue, grâce à ses abonnés, promesse de résultats fructueux. Il faut dire que le réalisateur avait habitué à l’excellence avec ses « The hunting of Hill House » et sa suite toute aussi fine « The Hauting of Bly Manor ».  Bien qu’inégal avait déjà acquis ses lettres de noblesses avec une petite merveille en guise de coup d’essai et ce, sans budget, « Abstentia » puis l’incroyable prouesse « The Mirror » qui avait de quoi donner le tournis en quelques images. Facile donc de lui pardonner ses quelques sorties de pistes, j’ai nommé « Sans un bruit » et « Ne t’endors pas » qui loin d’être mauvais étaient pourtant quelques crans en dessous du lot.

Quête de Rédemption

sermonts de minuit NetflixHabitué aux dialogues construits, aux personnages écrits et aux intrigues qui se déplient comme autant de bonbons savamment distribués, son nouveau jet « Sermons de minuit » en français dans le texte ne pouvait que laisser entrevoir le meilleur. Et pour cause, cette mini-série pourrait bien être, la masterpiece d’un cinéaste au talent indéniable. C’est sur une petite île isolée que le réalisateur nous donne rendez-vous dans une univers très Stephen King -ien ( en admettant qu’il soit possible de faire de ce nom monumental un adjectif comme se fut le cas pour Lovecraft).  Sur cette île donc, il se passe peu de choses, et pourtant au milieu de cette communauté relativement pauvre, meurtrie par une marée noire qui a laissé les pécheurs locaux dans une certaine panade, se terrent un groupe de personnages pluriels aux intrigues toutes plus fascinantes les unes que les autres. Riley (Zack Gilford), qui semble d’ailleurs donner le la à toute la tribu revient sur l’île suite à sa sortie de prison lié à un accident de voiture en état d’ébriété. Dans cette bourgade où la religion est maîtresse, où l’Amérique pieuse reprend ses droits, la foi est partagée, mais aussi délaissée. Pourtant Riley, lui, devient à mesure que les épisodes passent la conscience d’un public de prime abord captivée par une doctrine religieuse grandissante. Car c’est bien là que se situe le coeur de l’intrigue de « Midnight Mass », doit-on croire sans sourciller les préceptes religieux si ceux-ci sont la promesse de miracles et même du plus grande des miracles, repousser la mort ? Personnifier par l’arrivée d’un nouveau prêtre charismatique, beau parleur et incroyablement attachant, la religion se répand sur l’île à toute vitesse comme une maladie extrêmement contagieuse. En cause peut-être le besoin de croire, très certainement la peur de la mort, encore plus certainement la part de popularité d’une foi qui pourrait aussi bien être le nouvel Instagram à suivre.

Chacun y trouve son compte, d’autant plus que les miracles eux, pleuvent et que la Bible, citée à tout va, devient la justification à chaque action, empêchant par ailleurs les habitants de douter. Et malheur, d’ailleurs à celui qui remettrait en cause la parole divine. Pour construire son récit, Flanagan embrigade dans un premier temps le spectateur dans son discours, l’endoctrine même jusqu’à lui faire perdre la raison. Le fantastique, l’horreur est sous-jacente, non dite, si discrète qu’elle se fait oublier. Ses personnages emblématiques, ceux qui inspirent la confiance comme Erin Green (Kate Siegel déjà vu dans les « Hunting of »), sont eux-mêmes les portes-paroles de cette vision brandie. Notre réalisateur prend alors sont temps, peint son cadre, y ajoute un rythme lent, le saupoudre de dialogues tous plus fascinants les uns que les autres. L’empathie est là et lorsque la nature réelle du propos se dévoile enfin, il devient impossible de ne pas se choquer d’à quel point le croyant peut se laisser aveugler par ses croyances. Pour parfaire son propos, Flanagan oppose ses discours, le prêtre convaincu et convaincant qui parle au nouvel athée Riley, qui oppose des arguments recevables à d’autres argumentaires au court de réunions évoquant le parcours de croix du chemin de la rédemption.

Du Stephen King dans l’âme

Dans le cadre de l’horreur, il est toujours aisé de brandir la carte de Stephen King et d’accorder à chaque auteur la grâce du maître. Pourtant ce qui constitue réellement l’oeuvre du King est bien souvent oublié. Ce n’est jamais tant pourtant sa qualité à créer un mal absolu, non, mais bien sa capacité à dépeindre avec détails et précisions une communauté qui n’aura de cesse de rappeler que le mal absolu est bien humain et se cache parmi les plus écoutés.  Ce « Sermons de minuit » n’aura de cesse de rappeler pour des raisons évidentes « Salem » et pourtant ce sont d’autres oeuvres qui en auront le même cheminement de « Dôme » et son sheriff en  miroir avec Beverly aux « Tommyknokers » et leur prise de possession du corps et de l’esprit qui seront les plus proches de cette oeuvre. Flanagan crée ses personnages avec la même main que le maître, les rendant si détaillés qu’ils sont attachants dans leurs nombreux défauts. La comparaison ne tombe pas de nul part quand on sait que le monsieur avait brillamment porté sur écran « Doctor Sleep » (la suite de Shining) ou encore « Jessie » une fois de plus pour Netflix.  Stephen King racontait que pour que l’horreur fonctionne il fallait aimer ses personnages, Flanagan en a tenu compte rendant chacun de ses apôtres parfaitement bien écrit.

Il y aura aussi pour les connaisseurs, une référence qui ne serait sans rappeler « Carrie », le livre du moins, dans son final aussi grandiose que glaçant.  Et certainement aussi, à n’en pas douter dans le personnage de Beverly qui aurait bien du plaisir à discuter avec la maman de Carrie White au court d’une tea party entre extrémistes. L’ombre du King encore et toujours mais cette fois-ci clin d’oeil à sa toute première oeuvre.

Après moi, le chaos

Midnight Mass netflixEt si une seconde chance était possible et si la mort était évitable ? C’est bien cette peur qui pousse l’Homme vers un besoin viscéral de croire et c’est cette même peur qui pousse notre communauté à communier sans cesse avec une doctrine qui pourtant devient de plus en plus sectaire. Doucement mais sûrement, le réalisateur glisse cette notion à travers ses répliques. Un prêtre poussé vers le clergé en raison de la mort de sa jeune soeur, un héros rongé par la culpabilité d’avoir accidentellement ôté la vie, une femme démente en bout de course, une autre sur le point de donner la vie, un sherrif et son fils ayant perdu la mère de leur foyer, un dialogue long et fascinant à mi-parcours entre deux personnages clés, la peur de la mort en opposition à la vie est sur toutes les lèvres et pousse au pire. Celle de la seconde chance aussi. Quelle serait-elle, par exemple pour une petite fille en fauteuil roulant ? Et pour celui qui l’y aurait mise ? Le besoin de rédemption pourrait bien venir du discours religieux, quitte à s’il le faut, en passer par l’apocalypse. Le plus sinistres desseins viennent toujours des meilleures intentions. Il sera d’ailleurs bon de se délecter d’un tout dernier monologue mettant en abime une façon d’aborder la vie et la mort bien plus spirituelle que bien des récits en amont.

La foi oui d’ailleurs, mais pas toutes les religions aux yeux d’une même communauté. Celle qui nous intéresse est chrétienne et le sherrif musulman est lui mis au banc. Flanagan en profite pour rappeler d’un trait de crayon fin et bien construit que l’Amérique raciste domine toujours, que la tolérance et l’ouverture d’esprit devraient être plurielles, que même là où les similitudes sont nombreuses, il est aisé de pointer les différences pour faire de l’autre un ennemi.

« Midnight mass » se déroule avec lenteur et prend le temps d’installer son intrigue, laissant toujours planer un soupçon d’angoisse sous les bons mots et les belles tirades. Il prend le temps de créer un point de non retour, une apogée sombre qui se dessine inéluctablement avec l’accord général. Son dernier acte saura, lui, satisfaire les férus d’horreur qui jusque là devront simplement s’éprendre d’une atmosphère très bien ficelée. Loin d’être un simple récit horrifique, cette mini- série est un véritable voyage spirituel dénonçant avec sophistication les défauts d’une foi aveugle sans pour autant oublier de rappeler que les croyances sont autant de liens et de besoins pour des humains qui en ont une nécessité absolu.  Méfiez-vous des faux prêcheurs, n’hésite-t-elle pas à rappeler comme le fait l’excellent « Brimstone » disponible aussi sur Netlfix et que nous n’auront de cesse de conseiller.

Pour Halloween, pour les beaux jours, pour rappeler que l’horreur est l’un des meilleurs vecteurs de réflexions nourries, que vous soyez fans de genre ou non, regardez « Midnight Mass », offrez lui un esprit critique et ouvert, interrogez-vous, régalez vous en. Prenez et regardez le tous car ceci est l’oeuvre la plus aboutie de Flanagan, livrée pour vous.

Découvrez la bande-annonce de Midnight mass


 

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Niandra Lades

Si la scène indépendante française regorge de pépites, il est parfois difficile de toutes les écouter, de toutes les découvrir. Il suffit pourtant de tendre l’oreille, d’arrêter de courir quelques secondes pour tomber sur un album d’une qualité indéniable et se laisser imprégner par un travail construit de bout en bout. Et si l’objet album est aujourd’hui remis en question, personne n’en écouterait plus parait-il , la musique se consommerait comme au fast-food, en zapping, avec urgence et sans prendre le temps de poser un nom sur les saveurs, il serait hérétique de traiter la musique de Niandra Lades avec si peu de respect. Certains titres se dégustent en menu intégral et méritent de prendre le temps d’être savourés. Peut-être est-il temps d’arrêter là l’analogie avec l’alimentation mais cette dernière semble remporter plus de suffrage sur les réseaux sociaux que la culture pourtant riche en sources d’émerveillement et de réflexions.

A en croire la biographie de Niandra Lades, nul besoin de courir pour être créatifs. Le quintet originaire de Clermont-Ferrand semble comme Grand Blanc avant lui, s’être inspiré d’une ville qui laisse au temps le loisir de s’écouler, à la nature de frétiller, pour mieux se plonger dans l’apprentissage musical. Si le TGV ne passe pas par chez eux, les bandes sonores elles sont bien présentes. Alors, ces cinq garçons « imaginaires » ont pris le temps de s’imprégner des 90’s de The Cure à Chokebore, de digérer ces références et puis d’innover. Exit une entrée en matière folk sur ses deux premières galettes, il est temps de laisser place au rock. Ce « You drive my mind » s’ouvre d’ailleurs sur le très puissant « Wrong Way Men » et ses guitares excitées. La pop sombre s’invite à une partie à toute allure alors qu’un refrain aussi instinctif que rythmé résonne en une mimique vocale inoubliable. Une claque d’entrée qui permet de poser ses valises, d’arrêter tout, le temps, la vie, et les obligations pour se concentrer sur l’objet ici en écoute. A 2 minutes 15, guitares et batteries s’emballent, on se surprend à hocher la tête comme sur un bon vieux Nirvana, le tourbillon est lancé, la machine prend de l’ampleur.

Voyage dans le temps entre pop et rock

Pas le temps de se reposer que la formation casse déjà sa dynamique donnant vie avec une logique implacable à une pop sombre qui sent bon Robert Smith. « You Drive my mind » qui donne d’ailleurs son nom à cette galette sait sublimer ses mélodies. Comme toujours lorsque la pop est bonne, qu’elle rencontre le rock, les riffs s’enchaînent naturellement. Le cocon est créé alors que le spectre de Blur règne maintenant sur l’album.

Fluidité toujours lorsque « The Same Boat » dévoile ses premières notes. Là encore pop entraînante et rock mélodique sont de la partie. Les accords se font gimmicks, la voix invite l’auditeur -déjà conquis- à rejoindre cette fête entre ombre et lumière comme les 90’s savaient si bien en créer. On descend d’un ton, et pourtant l’intensité augmente. Avec « #Untitles W/ Bass », on flirte avec la ballade. La fluidité des accords est à noter. Le titre s’avale d’une traite, s’intègre comme un classique, entre dans notre répertoire doudou en à peine quelques secondes. Niandra Lades ne joue jamais la carte des fioritures, n’est jamais grandiloquent. Non, sobriété, aisance et pop instinctive lui suffisent amplement. Nul besoin de casser les genres, de chercher à flirter avec des références 90’s dans l’air du temps et se faire mousser pour créer des titres efficaces au format relativement court (3 à 4 minutes en moyenne) qui donnent une envie compulsive d’appuyer sur repeat en boucle.

Il serait pourtant dommage de se contenter de répéter puisque chaque titre s’inscrit dans une continuité bienvenue et bien écrite où synthé, guitare, basse et batterie se donnent facilement la réplique. D’ailleurs voilà que « Malvo » fait la part belle à la basse, donne à sa pop un léger accent psyché, une batterie obsédante et une noirceur  en tourbillons. Voilà qui est vrai, les années 90 étaient puissantes, le rock avait alors une patte. D’ailleurs vous vous souvenez la bande originale des teen movies américains de ces années-là?  Tôt ou tard, une grosse fête se profilait et si on n’y twerkait pas, on s’y déhanchait sur du rock entêtant et qualitatif. Nous voilà enfin arrivés à ce passage particuliers avec « The Witches », sa voix filtrée et ses riffs percutants. Le voyage touche bientôt à sa fin, plus que trois titres avant d’appuyer sur repeat. « Where is your Smile » plus aérien pourrait être un titre « coming of age » comme on dit au cinéma tant il inspire l’aventure et le road trip.

A un morceau de la fin, la rage adolescente d’un groupe à la maturité indéniable refait surfasse, n’y aurait-il pas un fond de Nada Surf dans ce « Don’t throw your Rights » ? Titre pertinent s’il en est, le rock est une révolution nécessaire, la culture un vecteur de réflexion vital, ne l’oublions pas. Les guitares s’emballent, montent en puissance et comme lorsqu’un bon concert va se terminer, alors que les oreilles bourdonnent et que les larsens résonnent, l’osmose est à son apogée. « It’s Time » de se dire au revoir sur une note plus apaisée, toujours aussi entêtante, toujours très bien réalisée.

Produit par Pascal Mondaz, cet opus paru en avril 2020 alors que les oreilles et les esprits étaient occupés à combler le néant extérieur par une anxiété bien trop naturelle, devrait être la bande originale de ton automne, de ton année et même de ta décennie. A écouter comme une amulette en souhaitant fort qu’il pourra faire revivre la candeur des années 90, son talent et son esprit de « Desintegration ».

Bonne nouvelle, le groupe est en tournée 2020 du  1er août au 14 novembre avec une date parisienne le 13 novembre. Ne les manque pas !

Viens acheter « You Drive my Mind » ici, tous les frais sont reversés à des artistes talentueux !

 

« You Drive my mind » de Niandra Lades à écouter ici


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C’était annoncé depuis un moment, Netflix avait racheté les droits de la série « You », petit bijoux avec Penn Badgley que l’on connait pour avoir interprété Dan dans la série Gossip Girl. Un tel nom à l’affiche pouvait promettre un nouveau show pour midinette éprises d’histoires d’amour complexes et de mélodrames tirés par les cheveux. Il n’en est rien tant « You » est un objet à part dans l’univers du petit écran. Une romance dérangeante portée par un héro stalker et son obsession pour son héroïne, Beck interprétée par Elisabeth Lail.

You la non romance plus romantique que ce qu’on nous sert habituellement

You beck joe peach

A en juger par la bande-annonce, à se laisser conseiller par les ouï-dire actuels « You », pourrait bien être une nouvelle série banale qui joue le jeu du suspens et du mychtère parce qu’il parait que c’est tendance. Est-ce cliché ? La partie concernant la psychopathie de Joe (Penn Badgley) ne serait-elle qu’une douille? Un peu comme les choix multiple dans le dernier épisode de Black Mirror ? Point du tout! « You » obsède dès ses premières minutes. Pourquoi donc? Parce que la série arrive à faire aimer son personnage principal, son stalker et à justifier ses actions injustifiables. Dès les premiers instants, Joe, propriétaire d’une petite librairie new-yorkaise tombe sous le charme de Guenevere Beck, jolie blonde au sourire ravageur et à l’esprit bien fait. Si le cinéma s’est souvent employé à nous faire aimer son héroïne, la voir dans le regard de Joe et ce grâce à un narrateur en voix off, accentue ce fait. A ses yeux, l’imparfaite Beck devient parfaite, ses doutes, ses peurs, ne sont que des éléments positifs: Joe pourra la rassurer, il saura prendre soin d’elle. Chacune des pensées de notre anti-héro son adressés à sa belle, il lui décrit ses sentiments, explique et justifie ses actions même les moins justifiables. Il la stalke et peut-être que dans un monde où il est de bon ton de fouiller les Facebook et Instagram de tout le monde, sa démarche parait moins lourde, moins étrange qu’elle ne devrait l’être. Peut-être aussi que si Joe est un sociopathe bien écrit, Dan son personnage de Gossip Girl, qui a quand même crée un site pour espionner Serena n’en était pas moins un.

 

2019 et les années qui la précède ne sont pas des années romantiques. Exit les belles love stories pleines de miel sur nos petits écrans, pour vendre une histoire d’amour il faut qu’elle soit sur fond d’intrigues plus globales. Si la recherche du fan qui shipera le couple élu doit bien traverser la tête de nos chers scénaristes, c’est bien ceux de « You » qui s’en sortent le mieux. A tel point qu’ils créent le couple idéal, le petit ami idéal. Même en observant les dérives du petit-ami stalker, dérangé, violent, meurtrier, le spectateur se retrouve régulièrement à mettre de côté les scènes qu’il vient d’observer pour mieux se focaliser sur les attentions de l’homme amoureux et de sa dulcinée. A tel point que Penn Badgley lui-même a dû prendre les devant et rappeler via Twitter aux fans de la série que Joe n’est pas le petit-ami idéal du tout, non bien au contraire. Difficile pourtant de ne pas fondre devant le everythingship et le gâteau scrabble. C’est un tour de force incroyable que nous offre « You ». L’envie que celui qui devrait être « le méchant » de la série s’en sorte, et ce malgré toutes ces mauvaises actions.

Le jeu de miroir avec son jeune voisin, Paco n’est sûrement pas étranger au phénomène. Même s’il est facile d’occulter les mauvaises actions de Joe en raison de toute l’attention qu’il porte à Beck, sa faculté à prendre soin du garçon qui habite au dessus lui apporte une touche d’humanité en plus.  Puisque le personnage de Penn Badgley se révèle être une figure paternelle bienveillante et au petit soin pour celui dont la mère alcoolique et droguée est en plus battue par son compagnon. Outre cet aspect bienveillant du personnage, Paco met en lumière le passé de Joe. Lui aussi a souffert, lui aussi a été abandonné. Tous ces faits constituent des circonstances atténuantes pour notre anti-héro. Le public alors, prompt à pardonner ses excès éprouve alors une compassion sans fin pour lui. Paco dérive et se noie dans la perdition de sa mère. Joe a vécu la même chose. Le public ressent la douleur et la couleur de Paco puisqu’elle nous est montrée à l’écran et imagine volontiers accorder la même dose d’empathie à un personnage devenu adulte mais n’ayant pas appris la frontière entre le bien et le mal. Il n’est ni Barbe Bleue, ni le grand méchant loup et si la capacité à commettre le pire n’est pas innée, alors il est sauvable.

A l’air post « Me too », You reste-t-elle pertinente?

You: Beck et Joe

L’année précédente a été moteur d’un énorme travail sur le féminisme. A travers lui, on a enfin pris le temps d’expliquer qu’une femme n’est pas une petite chose fragile qu’il faut sauver et qu’un couple pertinent s’appuie sur un consentement mutuel. Que dit alors un show qui fait l’apologie d’un personnage qui décide que cette relation doit exister et qui contrôle les faits et gestes de sa compagne? Probablement qu’il pourrait être le méchant ultime de l’année 2019. Un savant manipulateur qui sous couvert de vouloir le bien de l’objet de son affection se permet de prendre les décisions pour elle. La fiction pourtant ne peut et ne doit pas avoir dans tous les cas un rôle d’éducation, même en se situant dans son époque, même en prenant en compte son contexte social, une fiction reste une fiction, elle a pour but de divertir. « American Psycho » n’a jamais dit qu’il serait bon de massacrer ses collègues à la hache en son temps, « Grave » ne fait l’apologie du cannibalisme pas plus que « Le Silence des agneaux ».

Apprendre à aimer le personnage dérangé et qui agit mal ne doit pas pousser à cautionner toutes ses actions. Et bien au contraire, la romance de « You » peut être un révélateur, un miroir de ce qu’est une relation malsaine. Elle peut pousser à s’interroger sur les dérives de la jalousie, du besoin de possession et de l’impression de faire pour l’autre ce que l’on fait en réalité pour soit.

Beck, un personnage fort bien écrit

Beck dans la série You netflix

Si la toile entière semble être tombée sous le charme de Joe, Beck elle déplait. Apparemment mieux vaut être un sociopathe romantique aux « bonnes intentions », qu’une artiste perdue. Et pourtant, la jeune-femme est un personnage complexe et fort bien écrit. Loin de la jeune-fille parfaite, Beck traîne son lot d’incertitudes et de doutes. Elle se cherche en tant qu’artiste et qu’écrivaine, doutant de ses compétences, de ses facultés à créer, rebroussant chemin, ne sachant s’accorder le droit à être heureuse. Comme beaucoup, elle se cherche à travers les autres pour exister. Attachante, entière et réfléchie, elle s’inscrit comme un personnage réel en quête d’elle-même et d’une réussite qui lui permettrait de s’affirmer.

A noter, que, comme son petit-ami dérangé, elle joue aussi à la stalkeuse amateure lorsqu’elle même cherche à en apprendre plus sur certains éléments de la vie de Joe. Miroir, mon beau miroir, dis moi qui ne s’amuse pas à espionner l’être aimé?

Une saison 2 prévue et probablement casse-gueule

Une deuxième saison de « You » est déjà programmée sur Netflix, son tournage et sa date de diffusion n’ont pas encore été révélé.

Pourtant quelques informations ont déjà fuitées sur son contenu. Candace et Joe seront bien sûr de la partie alors que Peach ( Shay Mitchell) et Beck pourraient bien revenir sous forme de flash back. Paco (Luca Padovan), le jeune voisin du tueur et le Docteur Nicky ( John Stamos- aussi connu pour avoir campé les traits du très cool oncle Jessy dans « La fête à la maison ») devraient aussi être de retour.

Si l’on se base sur le second roman de Caroline Kepnes, l’auteure du livre qui a inspiré la série, cette seconde partie devrait se dérouler à Los Angeles, ville que Joe déteste. Le protagoniste a en effet été contraint de quitter New York pour tenter de retrouver une vie normale, sauf que ses tendances obsessionnelles le rattrape.

SPOILERS ALERT: s’il est difficile et peu déontologique de juger d’un objet qui n’est pas encore sorti, la suite de « You » crée néanmoins de belles frayeurs me concernant. L’absence de Beck, du couple qu’on prenait plaisir à suivre et le risque d’une répétition ( nouvelle obsession sur Candace ou sur une autre femme) risquent de peser lourd dans la balance. A l’instar d’un « 13 reasons why » qui a perdu de sa superbe au court de sa saison 2, ou dans « Prison Break » qui est complètement parti en sucette lors de sa saison 3, « You » va devoir marcher sur des œufs pour éviter de sentir le concept étiré pour raisons financières. La présence d’une suite pensée par l’auteure tend quand même à rassurer sur cette suite, à condition que les scénaristes sachent s’arrêter à temps. Réponse d’ici quelques mois….

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