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Du 2 au 13 septembre 2020 se tiendra la vingt sixième édition de l’Étrange Festival au Forum des Images à Paris. Malgré le contexte difficile lié à la crise sanitaire, le festival parisien a su tenir bon et nous propose pour l’occasion une programmation – comme souvent – de choix. Petite revue de ce qui sera proposé aux chanceux pouvant faire partie de la jauge de 60% de spectateurs autorisée pour l’occasion.

A Pop&Shot, nous aimons bien L’Étrange Festival, la preuve ici, ici, ici ou bien encore . C’est donc avec une joie non feinte que nous avons appris le maintien du festival en cette rentrée pleine d’incertitudes pour le Septième Art. Du 2 au 13 septembre, L’Étrange Festival proposera donc une compétition de long métrage récompensé par un Grand Prix Nouveau Genre (l’an dernier c’est Vivarium qui l’avait remporté) ainsi qu’un Prix du Public. Il y aura aussi une compétition de courts métrages, occasion de découvrir des univers variés et de déceler des talents récompensée par un Grand Prix Canal + et un Prix du Public.

L’Étrange Festival 2020 : Au programme ce soir…

Possessor, second film particulièrement attendu de Brandon Cronenberg

Le Grand Prix Nouveau Genre 2020 sera désigné parmi les films suivants :

Possessor de Brandon Cronenberg
A Dark, dark man de Adilkhan Yerzhanov
Sputnik de Egor Abramenko
The Owners de Julius Berg
Destruction finale de Byung-seo Kim
Relic de Natalie Erika James
Fried Barry de Ryan Kruger
Fanny Lye Deliver’d de Thomas Clay
Tomiris d’Akan Satayev
Amulet de Romola Garai
Kajillionaire de Miranda July
Spree de Eugène Kotlyarenko
Random acts of violence de Jay Baruchel
Get the hell out de I-Fan Wang

Mais ce n’est pas tout : comme souvent, il y en aura pour tout les goûts. Entre le film d’ouverture ( Tomiris, fresque historique kazakhe) et le film de clôture ( L’homme du président, thriller d’espionnage sud coréen), la catégorie Mondovision nous fera découvrir différentes façons d’aborder le genre depuis la Belgique ( Hunted) à l’Indonésie ( Impetigore), en passant par le Canada ( Le Vingtième Siècle) ou bien encore le Japon ( Tezuka’s Barbara). Dans cette catégorie seront aussi présents l’austro-allemand The trouble with being born, le suédois Pour l’éternité, le conte néerlandais Grimm Re-Edit. Mais ce qui est particulièrement attendu sera l’adaptation version Trauma de rien de moins que la Tempête de Shakespeare ! Shakespeare’s Shitstorm de Lloyd Kaufman est donc attendu de pied ferme !

Hunted de Vincent Paronnaud

L’Étrange Festival 2020 c’est aussi des documentaires ! Au nombre de trois, on retrouvera le français My lover the killer, l’australien The Witch of Kings Cross ainsi que Tiny Tim : King for a day. Il y aura aussi deux cartes blanches laissées à des personnalités du cinéma. Tout d’abord, Marjane Satrapi ( réalisatrice de Persepolis, The Voices, Radioactive) nous présentera le culte Hamburger Film Sandwich, la comédie musicale Tommy, la pépite iranienne d’avant Révolution Islamique Prince Ehtejab, La Nina de Fuego ou bien encore Milla. Enfin, la productrice Pascale Faure, spécialiste du court métrage nous présentera Courts Party!, une sélection d’une petite dizaine de courts choisie avec soin ( dont la version courte de Greener Grass, un coup de cœur de l’an dernier) et Anna, une comédie musicale des 60’s avec Anna Karina, Serge Gainsbourg, Jean Claude Brialy et Marianne Faithful !

Enfin, L’Étrange Festival 2020 ce sera aussi cette année, ce sera aussi des Pépites de l’Étrange (avec entre autre Le couteau sous la gorge de Claude Mulot), un hommage à Johann Johannsson ainsi qu’à Pierre Molinier. Dans le cadre de Retour de Flamme, un chef d’oeuvre des débuts du Septième Art sera aussi présenté, cette année ce sera le chef d’oeuvre du cinéma muet de Victor Sjöström, Larmes de clown. Il y aura la « trilogie Taisho » de Seijuku Suzuki. Pour conclure, il y aura les Séances spéciales, avec dans cette catégorie la projection du très attendu Lux Aeterna de Gaspar Noé !

Lux Æterna, le très attendu nouveau projet de Gaspar Noé

Alors que le Septième Art a été ébranlé par la crise sanitaire lié au COVID-19 et que les cinémas continuent d’être impactés malgré leur réouverture, la tenue de la 26ème édition de L’Étrange Festival 2020 est une réelle aubaine pour retourner dans les salles obscures en quête de nouveauté, d’originalité, de mystère, de frissons et d’émotions comme le cinéma de genre sait si bien l’offrir !

Retrouvez le programme complet de la 26ème édition de L’Étrange Festival.


Paris Shark Fest

Vous pensiez que 2020 était déjà une mauvaise année ? Que la culture allait être terrassée par l’interdiction de se rassembler à plus de 5000 personnes? Que les Césars ont été ruinés par les scandales et que finalement rien de bon ne pourrait plus arriver ?

Erreur ! Puisqu’une excellente nouvelle nous a enfin été annoncée. En effet, ami des requins, fou de « Dents de la mer » mais aussi de requins à trois têtes (Tu peux d’ailleurs découvrir notre sélection des meilleurs nanars de requins ici), sache que tu n’es pas seul. Nous sommes d’ailleurs si nombreux qu’un festival entier va être dédié à ses énormes êtres marins aux grandes dents qui fascinent le cinéma et les plongeurs. Attention néanmoins à ne pas tout confondre le Paris Shark Fest n’aura pas pour but d’étayer l’image de mangeurs d’hommes de nos amis aquatiques mais bien de les mettre à l’honneur avec la participation de Sea Shepard et Shark Mission. Et de rappeler que les requins sont nos amis, il faut les aimer aussi. Pour autant, il ne manquera pas de faire la part belle aux films de requins, à nos peurs comme à nos fous-rires face à ce genre si particulier.

Mais que nous réservent ces festivités qui se dérouleront du 12 au 14 juin au Club de l’Etoile sur les Champs-Elysées ? Me demanderas-tu.

Et bien tu auras droit à des avants-premières, des conférences, des rencontres, des documentaires, des focus sur la sharksploitation et des expositions. 

Tout un programme alléchant mais encore bien mystérieux.

Ce qu’il faut savoir 

Le Shark Fest s’est donné deux missions. La première, des plus importantes, est de sensibiliser le public à la cause des requins et à la cause écologique. Oui puisque malgré ce que l’on peut voir au cinéma de « Sharknado » à « Sharks 3d » en passant par « Peur Bleue », ce sont les requins qui sont menacés par les hommes (les plus grands des prédateurs) et non l’inverse. Qu’on se le dise.

Sa deuxième mission sera d’inviter le festivalier à embrasser ses peurs abyssales.  Puisque le pari fou de cet événement hors norme est de rendre compatible deux choses qui semblent s’opposer : une prévention nécessaire et le droit de s’amuser face à des requins meurtriers, souvent mal faits, délirants comme effrayant. S’amuser des clichés des requins tout en apprenant à mieux les connaitre sont donc les mots d’ordre de cet événement. « Frisson et préservation ne sont pas incompatibles » annonce le site officiel du festival qui rappelle également que  » Le requin nous dépasse et nous éblouit, nous nous devons de le célébrer et de tout mettre en œuvre pour le sauver. »

Cours-métrages, nouveaux films, fictions et documentaires seront également diffusés pour s’allier aux autres activités citées plus haut.

Pour l’instant la totalité du programme n’a pas été communiquée mais nous avons hâte de le découvrir.

On t’en dit plus dès qu’on a d’autres informations notamment au sujet de la billetterie. D’ici là, tu peux jeter un œil au site internet du Paris Shark Fest juste ici.  

Amour, ailerons et dents pointues sur toi.

 

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  Cinquième collaboration entre Abel Ferrara et Willem Dafoe, et bientôt sixième avec le prochain film du réalisateur qui sortira en cours d’année (Siberia), Tommaso est une nouvelle démonstration de la symbiose des deux artistes. On sait à quel point certains réalisateurs sont attachés à leurs acteurs, et combien il est parfois essentiel de ne pas trop s’éparpiller afin de constituer une œuvre globale cohérente. Inviter un même acteur sur plusieurs de ses films, c’est lui déclarer son amour, le porter toujours plus haut, lui créer des rôles sur mesure, pourtant jamais semblables, mais qui, mis bout à bout, démontrent toute l’ingéniosité et la cohésion d’une force commune.

  Tommaso propose donc à Willem Dafoe de s’élever une nouvelle fois, davantage en tant qu’acteur que personnage, car le rôle qu’il incarne, celui d’un certain Tommy appelé Tommaso en italien, un artiste torturé, ne parvient pas vraiment à prendre de la hauteur au cours du film. Prisonnier d’une vie confortable mais ennuyante, Tommaso y navigue sans parvenir à sortir la tête de l’eau. Calme mais impulsif, le personnage partage sa vie avec sa compagne, plus jeune qu’elle (incarné par Christina Chiriac, la femme d’Abel Ferrara), et sa fille (Anna Ferrara, fille du réalisateur) avec lesquelles il tente d’adopter une attitude protectrice, mais qui ne fonctionne pas toujours. En canalisant ses émotions, il les fait jaillir de plus belle lorsque quelque chose lui échappe. Tommaso vit un double combat : celui qu’il mène contre lui-même et celui qui le rattache à sa famille. Il est difficile d’être mari et père à la fois, ces fonctions sociales n’ont pour évidence que leur nom, mais n’engagent personne de la même manière. Tommaso aime plus que tout sa famille, un amour qui provoque une torture intérieure ainsi que des accès de colère, mais il sent que ce cocon lui échappe constamment. Les attentions que sa femme lui porte se ternissent, et Tommaso doit intérioriser un grand nombre de souffrances liés à cela. Sa femme aussi, puisqu’elle semble perdre peu à peu son amour pour lui.

  A côté de cela, ses réunions aux Alcooliques Anonymes le présente comme un homme sous-contrôle, lucide et bienveillant. A la sortie de ces instants d’écoute et de partage, la vie se joue de lui. Ses visions cruelles sur la perte et l’abandon ainsi que le sort malheureux qui dirige son existence font de lui une marionnette. Il ne contrôle finalement pas grand-chose, malgré sa réussite concernant l’arrêt de l’alcool et drogue et du travail sur soi. Pourtant, Tommaso n’est pas tout blanc, il continue ses dragues intempestives, à moitié volontaires, et préfère rester seul quand sa femme et sa fille partent en voyage. Ainsi, sa misère est à l’origine d’un affrontement entrel son aspiration à une vie de famille meilleure formée d’amour, d’écoute et de compréhension, et ses actions quotidiennes, dont il peine à remarquer qu’elles ne font que l’éloigner de son objectif. Le personnage ne parvient pas à coordonner ses désirs et sa nature. Sa volonté réside dans le seul fait d’imaginer certaines choses, qui n’arriveront jamais et qui laisseront le récit monotone poursuivre son cours sans élévations.

 

 

  Les scènes de la vie conjugale sont souvent les plus sincères au cinéma (Ingmar Bergman aura atteint le sommet en la matière), Abel Ferrara les met ici en scène avec tout son talent de grand cinéaste. La manière dont il dépeint ce quotidien amer le positionne à la fois comme acteur principal (on sait d’ailleurs que certains épisodes du film sont inspirés de sa propre vie) et défenseur d’un point de vue neutre sur le cours de l’histoire. La caméra suit Tommaso dans son périple intérieur, le contemple à travers ses désirs et ses douleurs, mais n’en fait jamais un personnage ni pitoyable ni misérabiliste. Il est un homme avec ses soucis et ses peines, un homme artiste qui essaye de s’en sortir difficilement et qui trouve comme compagnon de route nous spectateurs. Nous pouvons être attachés à ce personnage, autant que nous pouvons y rester insensibles, le fait est que Willem Dafoe l’interprète assez brillamment pour ne pas prétendre à un point de vue absolu.

             

  L’aspect presque documentaire du film, facilité par un grain d’image particulier et une caméra instable qui se plaît à s’approcher du visage des personnages pour percevoir un instant l’état physique de leurs sentiments, lui donne une force secrète et indescriptible : il est certain que la réalisation influe grandement sur notre perception de l’histoire. Elle a le pouvoir de la rendre digne d’intérêt, et jamais ennuyante. La caméra laisse de la place aux protagonistes sans vouloir trop s’immiscer à tout prix dans leur intimité : on pense notamment à la longue séquence durant laquelle Tommaso raccompagne son amie des A.A jusqu’à chez elle avec un positionnement lointain de la caméra. Cette dernière rend compte passivement d’une marche accompagnée d’une discussion des plus normales, et montre à quel point la banalité est la matière centrale du film. Il n’y a rien à envier à cette vie, ni à la mépriser, il y a seulement à regarder pour essayer de comprendre, et sûrement aussi d’apprendre, car tout quotidien peut en rappeler un autre, inspirer certains états, éveiller certaines consciences, faire surgir d’anciens souvenirs ou donner quelques conseils de vie, sans pour autant prétendre détenir aucune vérité. Tommaso est donc l’histoire d’un quotidien banal, retranscrit à merveille à l’image, d’une manière aussi véritable que touchante, qui nous donne le sentiment que les actions et les gestes sont universels et se reproduisent à l’infini à travers le monde. Tommaso est l’histoire de la nature humaine, et de sa tentative à s’intégrer dans une société. Tommaso pourrait être vous, ou moi. Ce qui est sûr, c’est qu’il rassemble un bon nombre d’esprits vagabonds, dont les étoiles semblent être un refuge plus approprié que la planète Terre.