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Léonard Pottier

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Les concerts de ce dernier quart de l’année 2022 nous appâtent progressivement. Septembre a commencé fort avec les australiens de Tropical Fuck Storm comme appât, et maintenant qu’on y est plongés, il continue de dévoiler l’ensemble de son jeu. Même s’il est difficile pour lui de se confronter à ses voisins encore en gestation octobre et novembre, pour le moins chauds bouillants vu les coups de pieds qu’ils assènent, septembre a ses ressources. L’une d’elle a été révélée mardi dernier au Trianon de Paris. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit du chanteur américain Kurt Vile.

Il est le co-fondateur de The War on drugs, groupe qu’il a quitté en 2009 pour se lancer en solo. Six albums forment aujourd’hui sa méticuleuse et agile carrière, dont un enregistré en 2015 avec l’australienne désormais ultra reconnue Courtney Barnett. Cette dernière se produira d’ailleurs en concert début novembre prochain dans la même salle.

Le dernier album en date de Kurt Vile, (watch my moves), est sorti cette année même. Un nouvel opus pas meilleur que les autres, d’ailleurs toujours aussi à rallonge avec de longs morceaux (l’ensemble fait plus d’une heure), mais qui a la qualité de compléter fidèlement l’œuvre du musicien. On retrouve ce qu’on aime tant chez lui : d’abord sa petite voix familière, ensuite sa patte de composition, entre simplicité, tradition et originalité. Les deux agissent comme une pommade.

 

Une salle PARFAITEMENt adaptée

Venu donc présenter ce nouvel album avec son groupe The Violators, Kurt Vile donnait ce soir-là le dernier concert européen de sa tournée. La salle du Trianon, manifestement complète, était de convenance idéale de par sa taille moyenne, sa belle architecture et sa très bonne acoustique. Nous imaginions difficilement la musique de Kurt Vile, toute en classe et raffinement, sonner meilleure quelque part ailleurs.

 

UN DéBUT DE CONCERT onirique

Le début du concert est tout de suite prenant, après une entrée sur scène chaleureusement applaudie. On se demandait à quel point ce genre d’artiste parvenait à fédérer autour de leur musique. Nul doute désormais sur le fait que Kurt Vile est très respecté dans le milieu et compte de nombreux fans aguerris. « Palace of OKV Reverse », morceau de son dernier album, se charge d’introduire le set. Tout est déjà en place. Il y a dans cette chanson un sublime parfum onirique, grâce à un riff dont seul le chanteur a la recette. Comme en apesanteur, quelque chose d’à la fois lent, doux et soutenu, « Palace of OKV Reverse » déploie déjà l’immense talent de son interprète. Kurt Vile envoute par sa voix et sa manière d’être en symbiose avec ses sons aériens. L’humeur est paisible, et loin de tout ennui.

 

rytme et Pulsation

La section rythmique s’impose petit à petit, et donne une pulsation bienvenue. Le concert bat très rapidement son plein. Sur « Check Baby », issu de l’album précédent Bottle It In, l’ensemble donne un résultat captivant. C’est électrique, à la fois tendre et tendu. Si vous pensiez que la musique de Kurt Vile était peut-être trop molle pour être correctement reçue en live, alors vous vous méprenez. Sur scène, encore plus qu’en studio, cette musique à la souplesse manifeste est transportée par une belle dynamique. Les morceaux sont habités. La force de composition est certes un atout majeur. Celle d’interprétation les  emmène encore ailleurs.

Ce seront principalement les morceaux des deux derniers albums en date qui seront entendus ce soir-là. De temps à autre, Kurt Vile s’équipe de sa guitare acoustique, et seul sur scène, il dénude ses compositions. Le son n’est pas lisse. On dirait presque une guitare électrique. Par-dessus ce son qui nous bouscule, sa voix se charge du reste. Les instants sont beaux, sincères. Kurt Vile est un très bon chanteur.

 

 TRIO GAGNANT

Sur « Hunchback », un des grands morceaux électriques de sa période plus ancienne (il date de 2009 et figure sur l’album Childish Prodigy), la tension est à son comble. C’est brut, et toujours classe. Avec ses deux prédécesseurs « Wakin on a pretty day », « Pretty Pimpim », ils forment le trio gagnant du concert. Kurt Vile sait varier les ambiances avec brio, en faisant honneur à cette musique américaine à la fois baignée dans la tradition et modernisé au travers d’un style reconnaissable parmi des milliers. En rappel, deux morceaux du dernier album : la fameuse et géniale « Like Exploding Stone » et la un peu plus ennuyante « Cool Water ». Peut-être pas la meilleure note de fin mais rien qui puisse nous désenchanter de ce merveilleux concert auquel nous venons d’assister.


Meilleur festival du monde, jOUR 2.

Sans être totalement remis de la première soirée, l’heure de la suite a déjà sonné. Le temps de poster notre premier report (à retrouver ici) et nous voilà déjà repartis. Un risque de pluie menace de rendre la soirée un peu plus difficile que la veille. Nous optons pour la carte déni. Finalement, pas une goutte ne tombera durant la soirée. Merci Bretagne adorée. En terme de programmation, ça n’est pas notre journée préféré, non pas que les artistes prévus ne réveillent aucune excitation en nous (bien au contraire) mais simplement du fait que rien ne peut rivaliser sur le papier avec les deux autres journées mastodontes (nous ne sommes pas prêts pour la soirée de samedi). Nous y allons tout de même avec grande joie. Porridge Radio, Baxter Dury, Kevin Morby, Snapped Ankles, ça ne se loupe pour aucun prétexte.

Beaucoup plus que la veille, cette soirée du vendredi sera fraiche. Pas de pluie mais du froid. Deal accepted. On a pensé aux vestes et aux sweats. Un festivalier prévoyant est un bon festivalier. Cette vague de froid sur le site nous a évidemment envie de nous réchauffer. Quoi de mieux pour cela qu’une foule sardines et une musique radiateur (et pas ascenseur) ? Voyons quels artistes ont le plus excellé à ce niveau. Du moins chaud vers le plus chaud, soirée du vendredi, c’est parti.

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

CHALEUR : Un peu

HONEYGLAZE est le premier groupe à ouvrir la journée sur la scène des remparts. Ca n’est pas le job le plus facile, on en est conscient. Il y a encore peu de monde sur le site à 18h30. Si nous le plaçons à ce niveau, dans la team qui a le moins réchauffé, c’est qu’ils ont joué à une heure où le soleil était encore là. Comment réchauffer une foule qui a déjà chaud ? On les remercie pour cette attention, de ne pas nous avoir embrasés directement. Au-delà de l’heure de passage, HONEYGLAZE ne délivre pas la musique la plus chaleureuse qui soit. Ca n’est pas un reproche, puisque nous avons plutôt apprécié leur concert. Suite à un petit problème technique – une guitare dont le son ne sortait pas – de quoi faire bien monter la pression pour les artistes, le trio londonien a assuré une ouverture tout en douceur et en légèreté. Ils viennent de sortir leur tout premier album. Leur pop/rock rêveuse est ici déployée avec maitrise et sureté, bien qu’un peu trop dans la retenue. Les morceaux sont tout de même au rendez-vous, et permettent de ne jamais perdre le fil. Timide ouverture, mais ouverture réussie.

Ca n’est pas la première fois que l’on parle de PORRIDGE RADIO ici. Suite à leur concert parisien à la Boule Noire cette année, nous avions fait un portrait de ce groupe qui ne fait que monter, suite à un deuxième album monstrueux en 2020, et un troisième album un peu en deçà mais toujours à la pointe sorti il y a quelques semaines. C’était là l’occasion de le présenter au public français. Les filles de Brighton jouaient à 20h10 sur la scène des remparts. Le monde est arrivé, les festivaliers se pressent pour les voir. Il n’y a pas foule immense, mais on sent tout de même que PORRIDGE RADIO suscite curiosité. Le concert a un peu de mal à démarrer, les morceaux choisis ne sont pas forcément les plus entrainants. Il faut dire que le dernier album détient moins de chansons puissantes comme le précédent, même si une évidence s’en dégage toujours. La voix de la chanteuse Dana Margolin ne semble pas porter assez, alors même qu’elle est toute l’identité du groupe. C’est très bien, mais ça ne décolle pas. Il faudra attendre une petite demi-heure pour que les choses s’intensifient. Elle est de plus en plus géniale. Son attitude captive les regards, entre le calme et la tempête. Les morceaux à boucle ultra répétitives, leur marque de fabrique, pointent le bout de leur nez vers la fin du show, et montrent à quel point l’incarnation est puissante : « Birthday Party », « Long »… Sur cette dernière, les cris du public redoublent, après un passage tranchant à la guitare électrique que Dana Margolin sait si bien faire hurler. C’est le cri d’une jeunesse qui a beaucoup à exprimer. Quand vient « Sweet », leur plus grand morceau, nous voilà pleinement conquis. La route est toute tracée. Pourquoi se retrouvent-elles dans la team des moins chauds alors ? Car malgré tout, leur musique dégage quelque chose de brut, de tourmenté, qui s’associe plus difficilement avec un sentiment de réconfort et de chaleur. Mais aussi parce qu’à cette heure-là, le froid n’est pas encore pleinement arrivé.

CHALEUR : BEAUCOUP

La Route du Rock 2022 / Crédit : Théophile Le Maitre

Bond dans le temps. Il est 1h20 et LES LIMINANAS s’apprêtent à clôturer la soirée. C’est un duo catalan qui fait beaucoup entendre parler d’eux sur la scène française depuis plusieurs années. Rock psychédélique aux nombreuses facettes, difficilement définissable. Il y a comme un mystère qui plane autour du groupe. A cette heure-là, beaucoup ont déjà quitté le Fort. L’heure de pointe est entre 21h et 00h. Il reste quand même du monde devant la scène du Fort. A cette heure-là, il fait aussi très froid, donc tâche encore plus difficile de nous réchauffer. Une installation vidéo est placée au fond de la scène. Elle projette des extraits de films, en rapport avec le dernier album du groupe « De Pelicula » en collaboration avec Laurent Garnier sorti en 2021.

Dès leur arrivée sur scène, à six (il n’y a pas Laurent Garnier), ils instaurent une certaine ambiance hypnotique. Le début est instrumental, et puissant. Tout de suite, nous sommes happés par ces guitares qui grondent. C’est envoûtant. Combinés aux images qui défilent derrière, la musique prend de l’ampleur. Ca fait son effet. Le son est puissant, on commence à la connaître cette scène qui sonne terriblement. Vient ensuite des morceaux chantés. Nous aimons moins. On perd la fibre hypnotique, et le concert tombe dans quelque chose de plus commun, un rock connu. Ca n’est pas déplaisant, mais ça n’arrivera pas à vaincre le froid qui terrasse le Fort. Le groupe jouera 1h15, jusqu’à 2h25.

Juste avant eux, sur la scène des remparts, SNAPPED ANKLES a livré un concert de 40 minutes d’une forte intensité. On aime beaucoup ce qu’ils font en studio depuis leur premier album en 2017. Leur dernier en date nous a un peu moins convaincu dans le genre mais reste quand même un bon cru. Nous les attendions avec impatience sur le festival, eux chez qui le rythme, les sonorités électro et le grain de folie trouvent un parfait mélange. Sur scène, ils sont vêtus bizarrement, recouverts de matière végétale. Le genre de costume qui peut faire peur aux enfants mais qui, lorsqu’on est adultes, tombent légèrement dans le guignolesque. C’est l’image qu’ils renvoient, comme des gentils extraterrestres. Leur musique est en tout cas captivante et frénétique. Sur scène, elle gagne un aspect plus expérimentale. C’est à peine si l’on a reconnu les morceaux présents sur les albums, que l’on connait pourtant bien. S’en extirpe des rythmes mélodiques servant à créer une pièce musicale géante qui ne s’arrête jamais. Le public est présent, répond par la danse. Il y a beaucoup de jeunes. Les rythmes sont envoûtants, appuyés par une batterie percutante. Pari réussi pour un groupe qui proclame que le rythme est leur business. Ils nous ont convaincu sur ce point. Les sonorités électro, quant à elles, auraient gagnées à être encore plus claires, impactantes et directes. A force, tout est un peu sur le même plan. Dommage. On comprend pourquoi ça ne dure que 40 minutes. C’est suffisant. On regrette de ne pas avoir entendu « Johnny Guitar Calling Gosta Berling », leur chanson la plus déjantée. Le froid s’est dissipé avec la danse, mais SNAPPED ANKLES n’aura pas réussi à l’évacuer complètement. On enchaine.

Sur la même scène, une heure plus tôt, nous avons pu assister au concert de DIIV. La nuage de chaleur créé par ce rock aux sonorités shoegaze nous a aidé à affronter le froid. Il y a foule pour le groupe. Ils jouent à l’heure la plus convoitée, à défaut d’être sur la grande scène, malgré leur 10 ans d’expérience. Ils sont attendus et acclamés. Capuche sur la tête, leur rock respirent l’adolescence. Leur musique sonne bien, et prend bientôt tout l’espace. Elle porte loin.  Les guitares prennent de l’ampleur, jusqu’au final de haute volée. A leur départ, une masse reste devant la scène à les applaudir encore et encore. Ils faisaient parti des vedettes de la soirée. Mais le froid persiste encore, qui pourra donc nous réchauffer comme il se doit ?

 

CHALEUR : PASSIONNÉMENT

Attention, nous passons tout à coup un cran au-dessus. Il est 21h pile sur la scène du Fort. Durant 1h10, elle s’apprête à accueillir un maitre dans son genre : KEVIN MORBY. Des roses sont placées sur la scène, ainsi qu’une grande banderole « This is a Photograph », le titre de son dernier album sorti cette année. C’est celui-ci qu’il va interpréter majoritairement. Vêtu d’un magnifique habit doré, il entre sur scène en compagnie de six compères. Nous voilà prévenus. Ils débutent avec la chanson éponyme du dernier album, que nous adorons particulièrement. Superbe entrée qui donne le ton : ça sera ample, beau, efficace, énergique. Et surtout, ça sonnera bien. Très très bien. La voix de Morby est d’une telle intensité qu’il ne pourrait faire que ça. A vrai dire non, puisque les arrangements derrière sont terriblement efficaces. Il serait bête de nous en priver. Le tout est d’une beauté fatale, toujours juste, toujours pointilleux, toujours grand. Les morceaux du dernier album défilent : le sublime « Bittersweet, TN », le rythmé « Rock Bottom », le puissant « A Random Act of Kindness ». Jamais planplan, le rock/folk de KEVIN MORBY sait viser en plein dans le mille, le tout avec classe et élégance. On sent une tension vive dans ces interprétations garnies de chaleur. On se sent d’un seul coup réchauffé, réconforté… Lorsqu’il assouplit un peu le rythme pour laisser place à la beauté de sa voix, Morby ne manque pas de nous faire sortir de notre songe en cours avec les morceaux suivants, sur lesquels l’irrésistible saxophone nous transperce de plein fouet. Ce qu’il joue va piocher un peu partout au niveau mélodique : on entend à la fois du Oasis, du Nirvana, du Velvet, du Bob Dylan, mais sans cesse adaptés à un style qui lui est propre. KEVIN MORBY est un passeur au grand talent. On entend dans sa musique toutes les admirations qui l’anime. Ses concerts sont d’une rare vitalité. Bravo à lui de nous avoir tant réchauffés, d’autant plus avec ce final resplendissant qui restera gravé : la longue progression de « Harlem River » se terminant dans un feu d’artifice d’électricité et de saxophorgasme.

Bon, il faut dire que Kevin Morby a été aidé pour vaincre le froid par ses prédécesseurs de la scène du Fort : LOS BITCHOS, à 19h15. Paradoxalement, c’est après leur concert que le soleil a disparu et que le frais a commencé à arriver. Pourtant, leur musique transpire justement le soleil. Complètement instrumentale, elle fait appel à des guitares aux sonorités sud-américaines et à une forte base rythmique. Le charme fait vite effet. Elles sont quatre filles sur scène, plus un mec, et toutes communiquent une joie incarnée dans leur musique. Même s’il commence à faire froid, comment peut-on le sentir avec cette musique tout droit sortie des plages ? Taillée pour égayer les humeurs, elle n’est pourtant pas si simplette qu’elle peut le paraitre. Leur premier album sorti cette année est d’ailleurs produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand. La recette est bien trouvée, et sur des morceaux comme « The Link is About to Die », elle fonctionne parfaitement. Le morceau en live balaye tout sur son passage, tant la mélodie est bien trouvée. On avait eu la même sensation sur la version studio. Mais après lui, la recette s’essouffle un peu et atteint ses limites. Sur un album et un concert relativement court, c’est oui. Mais la suite ? Bon, tant que le froid ne nous atteint pas, c’est déjà ça.

Passons au grand gagnant de la soirée du vendredi. Celui qui nous a le plus réchauffé. Et haut la main. Mesdames et messieurs, j’appelle sur la scène du Fort BAXTER DURY. Il est 23h10. L’heure des grands. L’heure de Ty Segall demain (que l’on a hâte !). L’heure de Fontaines hier (on rappelle à quel point c’était immense ?). Bon, Baxter. Sacré personnage que nous avions interviewé (à retrouver ici) il y a deux ans à l’occasion de la sortie de son dernier album « The Night Chancers ». Depuis une vingtaine d’années, le britannique, fils de Ian Dury, s’est peu à peu construit un personnage de dandy désinvolte et provocateur qui lui colle si bien à la peau. Hier fut une démonstration de force. BAXTER DURY occupe la scène comme personne d’autre. S’il peut énerver certains, force est de reconnaitre qu’il dégage un sentiment de confiance inégalé. Il se tortille avec classe, se déshabille (juste une veste) et se rhabille avec élégance, fait des gestes loufoques qui prennent toujours sens dans sa démarche. Il aime et déteste tout le monde. Mais nous devons absolument l’aimer selon lui. Ce jeu d’ego magnifiquement interprété repose avant tout sur une musique diablement efficace. Il y a une grandeur qui s’en dégage, comme si l’artiste, avec ses morceaux faussement simples, venait montrer qu’il ne suffit de pas grand-chose pour atteindre des sommets. Le son est superbe, comme toujours sur cette scène, mais encore plus cette fois-ci. Tout est carré, dans les règles de l’art. Le concert est émouvant, cela dû avant tout à la qualité des morceaux et au choix de ces derniers : de « It’s a pleasure » à « Slumloard » en passant par la sublime « Prince of Tears », BAXTER DURY trace un chemin rempli de beauté, malgré la froideur qu’il dégage. On sait o combien il apprécie convier des voix féminines sur ses morceaux. Une chanteuse, Madeleine Hart, l’accompagne donc bien évidemment. Avec elle, ils forment un duo parfait. Elle reste statique, mais obnubile par sa présence et la justesse de sa voix. Le contraste est saisissant, Baxter persévérant dans son chant parlé manière Gainsbourg pour lequel on craque tant. Le micro bien réglé, c’est d’autant plus percutant. La partie instrumentale derrière assure également. Sur une base rock, des sonorités électro se glissent. Et quand celles-ci prennent le dessus, ça finit en apothéose. Bravo Baxter. La chaleur est pleine. Tu as gagné. Nous t’adorons comme tu le voulais. Hâte de demain, pour la plus grosse journée du festival. Arriveront-ils à te détrôner ?


 

Après une course effrénée d’une semaine dans les cinémas de la plus belle avenue du monde, il était temps pour le Champs Elysée Festival d’achever son édition 2022. Une édition qui nous aura cette année réservé son lot de pépites et de surprises. L’habituelle cérémonie de clôture avait lieu le mardi 28 juin dernier au Gaumont Champs Elysée, présidée bien naturellement par Sophie Dulac. Au total, 10 prix ont été décernés. Elle fut ponctuée d’un Simple et léger discours de la part de la présidente pour rappeler l’importance des salles obscures et du cinéma qui ne rentre pas dans une case, d’autant plus pendant les temps qui courent, ainsi qu’une projection d’une petite vidéo récap du festival. Le reste était confié aux jurys, composé de :

Pour les longs-métrages : Emmanuelle Bercot (présidente) / Maïmouna Doucouré / Diego Ongaro / Albin de la Simone / Rebecca Marder

Pour les courts-métrages : Anaïs Volpé / Clara Ysé / Pauline Lorillard / Nine Antico / Élie Girard

Jury presse : Marie Sauvion, Renand Cros, Pascaline Potdevin, Juliette Reitzer

 

Voici les prix décernés :

Grand Prix du Jury Long métrage américain indépendant à Isabel Castro pour son film Mija. 
Grand Prix du Jury Long métrage français indépendant à Fanny Molins pour son film Atlantic Bar. 
Prix du Jury du meilleur réalisateur Américain à Max Walker-Silverman pour A Love Song.
Prix du Jury de la meilleure réalisatrice française à à Lola Quivoron pour son film Rodéo qui reçoit également le prix de la critique.

Grand Prix du Jury du meilleur court métrage Américain à Starfuckers, de Antonio Marziale.
Grand Prix du Jury du meilleur court métrage français à La flûte enchantée, de Geordy Couturiau.
Prix du Jury du court métrage américain – mention spéciale à Video Visit de Malika Zouhali-Worrall.
Le Prix du Jury du court métrage français – mention spéciale à Au revoir Jérôme de Adam Sillard, Gabrielle Selnet et Chloé Farr.

Le Prix France Télévisions du court métrage français doté d’un achat par France Télévisions a été remis à Saint-Jean Baptiste de Jean-Baptiste Alazard. Le Prix du Public du Meilleur Court Métrage Français Indépendant est pour Séparation de Aurélien Achache et celui du Meilleur Court Métrage Américain Indépendant est décerné à Lucky Fish de Emily May Jampel.

 

Suivant la tradition du festival, la remise de prix était suivie de la projection d’un film en avant-première. Cette année, c’est Everything Everywhere all at once qui faisait l’honneur d’être diffusé environ deux mois avant sa sortie française. Aux Etats-Unis d’où il vient et où il est déjà sorti, le film aurait apparemment connu une vague d’engouement remarquée. Réalisé par les Daniels, à savoir Dan Kwan et Daniel Scheinert et produit par les frères Russo (Avengers Infinity War : Endgame), il semble être un objet cinématographique non identifié. Ou peut-être justement bien trop identifié ?

De quoi ça parle ?

Du désespoir d’une femme à la vie de famille ennuyante… Soudainement sortie de son morne quotidien par une fantastique chasse au grand méchant loup dans un système de multivers complètement loufoque. Cette aventure barrée et surtout démesurée lui permettra-t-elle de redonner du sens à son existence ? Réponse toute trouvée dans la nationalité du film.

 

Est-ce que c’est bien ?

Ce que l’on peut déjà dire, c’est qu’aucune attraction de toutes les fêtes foraines réunies ne vous donnera plus le tournis qu’Everything Everytwhere all at once. Pendant 2h30, le rythme effréné ne vous laisse aucun répit, jusqu’à vous filer un sérieux mal de crâne. Chaque seconde semble être cruciale et n’admettrait pas que vous vous essouffliez en cours de route. Interdit ! Les actions défilent avec toujours plus de rapidité et d’exubérance, jusqu’à créer un grossier too-much, évidemment souhaité mais malheureusement… TOO MUCH. C’est d’ailleurs notre seul mot en bouche quand la chose prend fin. A côté, le gigatacos de chez O’tacos semble bien plus digeste.

Caricature ? Pur produit ? On ne sait pas trop ce que ce film tente d’être, si ce n’est une sorte de Macronie cinématographique qui gratte un peu partout, avec une grande insistance sur la porte conservatrice. Dans la forme ? Rien de nouveau, sinon la poursuite du train-train hollywoodien des blockbusters américains. Dans le fond ? Toujours le même discours réac sur l’importance de la famille et sur la responsabilité de son propre sort. « Si elle n’avait pas fait ce choix, regarde la vie que la protagoniste aurait mené » tente de nous dire le film pendant 2h30, comme dans une constante mise en culpabilité de son héroïne. Le multivers lui offre la possibilité de se confronter à différentes versions d’elle-même. Et puisque la version que l’on suit est décrite dans le film comme « la plus misérable de toutes », on doit comprendre que celle-ci a fait les pires choix possibles, comme si tout était une question de décisions et que rien d’autre ne rentrait en ligne de compte. A la manière des pubs Nike , il suffirait seulement de choisir d’être la meilleure version de soi-même pour le devenir.

Image tirée de « Everything Everywhere all at once »

En parallèle de ce discours nauséabond sous-jacent, le film se veut avant tout un maximum fun et amusant. Sur ce point, il faut dire que certaines scènes sont vraiment drôles et bien trouvées, tellement le côté loufoque atteint parfois son paroxysme. Bien que survolté, son récit n’en est pas plus original. Dans une sorte de caricature voulue du film de super-héros, on retrouve donc un grand méchant ayant expérimenté chaque niveaux du multivers, lui permettant d’être le méchant le plus puissant de tous les méchants ! Ça en jette ! Il faut le voir pour… ne pas y croire une seule seconde. L’ensemble étant volontairement à dormir debout, cela donne droit au film à toute sorte de folies scénaristiques, au point de se permettre le plus grotesque. Pour la subtilité, on repassera. A la manière de Tenet, le film tente à plusieurs fois de nous perdre. Autant dire que nous n’avons pas fait l’effort de tout emboiter… Puisque de toute manière, rien n’a vraiment de sens.

Heureusement que l’actrice qui incarne l’héroïne a de quoi retenir notre attention, pour nous éviter de mourir d’essoufflement. A la fin de la projection, il est bien temps de se ressourcer. Heureusement, la suite de cette soirée de clôture sera de bien meilleur goût, avec un cocktail au Publicis Cinéma en haut des champs ainsi qu’une ultime soirée sur le rooftop  avec un DJ set de l’excellent Vikken pour terminer en beauté. Car quoi de mieux que d’observer l’Arc de Triomphe en repensant à cette belle sélection offerte cette année . Continuons à faire vivre les salles obscures et le cinéma qui ne rentre pas dans une case, effectivement.


Le week-end du 23/24 avril dernier se tenait un peu partout en France et ailleurs le Disquaire Day ! L’occasion pour les disquaires indépendants de proposer à leur clientèle tout un tas de vinyles inédits sortis spécialement pour l’évènement. De quoi offrir à ces boutiques indépendantes dont nous avons tant besoin une scène sous projecteurs, grâce à nombreuses exclusivités leur étant réservées durant un week-end.

A Montmartre, au point culminant de notre cœur, dans la nouvelle boutique associée à notre média Pop & Shot : The Mixtape, située au 32 rue des Trois Frères, y a logé durant ce week-end l’effervescence musicale. Pour rendre honneur au large choix de vinyles inédits à disposition, entre le sublime album de SON OF que l’on attendait depuis 7 ans, l’étonnant mais implacable EP de Metronomy sorti l’année dernière et le best-of double vinyle d’une Patti Smith toujours plus importante pour l’histoire, The Mixtape a fait appel au duo musical HUNKYZ, deux bons potes d’enfance (Léonard Pottier et Théophile Le Maitre) chargés d’animer les 15 heures de week-end.

Baignés dans la musique comme Obélix dans la marmite, HUNKYZ ont divisé leur immense set comme plusieurs petites sélections d’une heure chacune, toutes faites de morceaux piochés çà et là dans ce qui les anime depuis le début de leur amitié jusqu’à aujourd’hui. Pas de catégories spécifiques qui puissent renseigner sur ce qui allait être joué, mais des thèmes parfois loufoques et abstraits, pour mieux brouiller les pistes et se contraindre dans l’amusement.

 

PLAYLIST SIX MOTS

Pop & Shot vous dévoile une partie de ces playlists crées pour l’occasion.

La seconde est la playlist SIX MOTS. Le principe est simple : le titre de chaque morceau est d’une longueur égale ou supérieur à six mots. On vous laisse vérifier par vous même !

La première sélection dévoilée, playlist JAUNE, est disponible par ici

Bonne écoute ! Et à bientôt à la boutique The Mixtape (métro Abesses), venez nous rencontrer et farfouiller parmi notre sélection de vinyles ainsi que tout un tas de produits dérivés autour de l’univers musical. Venez également découvrir en ce moment à la boutique l’exposition de notre photographe Louis Comar.