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Alexandre Bertrand

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Sortie fin mars 2017, la bande annonce de Death Note a fait parler d’elle… Au moins autant que le projet d’adaptation en lui même du manga culte à la sauce ketchup. A t-on raison de s’inquiéter ? Pop&Shot vous dit tout… Ce qu’on peut en dire pour le moment.

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Réalisé par Adam Wingard avec au casting le vétéran Willem Dafoe ( Platoon, Spider Man ou bien encore Mississipi Burning), Paul Nakauchi ( principalement des voix additionnelles de jeux vidéos), Margaret Qualley (The Leftovers ou bien encore The Nice Guys), Lakeith Stanfield (Straight Outta Compton ou bien encore le prometteur Get Out) et Nat Wolff ( Nos étoiles contraires), ce qui devait être à la base un film de studio est devenu au fur et à mesure du développement un film Netflix. Il y a quelques années, ç’aurait pu être un mauvais présage mais en cette époque ou les meilleures productions se font souvent plus à la télé qu’au ciné et ou la façon de consommer les médias audiovisuels ont considérablement évolué, est ce que cela signifie encore quelque chose ?

Non. Et, il faut dire que le projet a de sérieux atouts pour lui. D’abord Wingard, le réal. Prometteur en diable avec You’re next et The Guest , il fait office des réalisateurs qui montent et qui peuvent amener un peu de sang frais à une adaptation casse gueule au possible. Willem Dafoe aussi en Dieu Ryuk a quelques arguments pour lui, sa propension à maîtriser le surjeu sans se bauger dedans, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Un jeune casting prometteur avec Stanfield et Qualley notamment. Une des meilleures histoires qui ait pu être faite (avec le manga) et adaptée (avec l’anime) ces dernières années grâce à un récit nous parlant de peine de mort, d’éthique, de morale dans un cadre absolument passionnant et nous tenant en haleine.

DR ComicsSanctuary

Mais alors qu’est ce qui cloche dans cette BA?

Tout d’abord… Adam Wingard, le réal. Si You’re next est une chouette petite surprise, notamment avec son petit twist de générique, Blair Witch en a refroidi plus d’un… En effet, la suite « surprise » ( on vous en dit plus sur le sujet dans cet article qui date du début de Pop&Shot) n’aura pas marqué les esprits loin de là… D’un intérêt douteux, elle fait office de « film pour rien », de coup d’épée dans l’eau. Du coup, on se demande à quoi va bien pouvoir ressembler l’adaptation du petit bijou « Death Note »… Et surtout, la bande annonce aura fait beaucoup « tiquer » la plupart des fans du manga d’origine ou bien de l’anime. L’impression d’un contenu de qualité mangé à la sauce ketchup en résumé.

Chaque projet ayant un peu d’importance voit naître des polémiques, des débats entre Pour et Anti… Il en est ainsi de toute œuvre de qualité générant des fans. Wait and see serait probablement la meilleure des choses à dire concernant la bande annonce de Death Note… Mais en y regardant de plus près… On se dit que le duel psychologique et la partie d’échec mental entre Light et L a l’air d’être très bien retranscrite avec ces images de grade roue qui s’effondre…

Comme une envie de PLS en attendant le 25 août et de se rassurer en se disant que pendant ce temps là Hollywood ne colle pas Zac Efron dans l’adaptation d’Akira. Et ça, ça n’a pas de prix ( ces propos n’engagent que l’auteur de ces lignes et non la rédaction de Pop&Shot).

Jeudi 9 mars 2017, OÜI FM organisait sa deuxième édition des Rock Awards afin de récompenser les meilleurs du rock de l’année passée! Après le Réservoir en 2016, place au Trianon pour une soirée pleine de bonne humeur, d’énergie et de son qui dépote… Reportage

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Ce sont pratiquement tous les animateurs de OÜI FM qui se sont succédés les uns après les autres au micro de la scène du Trianon à Paris pour remettre  les prix récompensant le haut du panier de la scène rock française et internationale. L’occasion pour la radio rock de fêter ses chouchous, ses coups de cœurs, ses pépites et les trouvailles qu’elle partage quotidiennement avec ses auditeurs.

Face à eux un parterre de fans de rock de tous âges, blousons en cuir sur les épaules, bières à la main, profite de cette cérémonie pas comme les autres.

Côté scène, Marie présentatrice de Pink Inside en beauté dans sa longue robe de cocktail récompense Stereophonics pour le single le plus joué sur la radio en 2016. Il ne faut pas manquer également de saluer la fougue d’Aurélie, présentatrice de Bring the Noise, qui a pu remettre l’award de son émission dédiée à la scène rock alternative. Une nouvelle catégorie pour les OÜI FM Rock Award et qui a permis à l’animatrice de fêter avec émotion cette scène trop peu représentée en France.

Mais l’esprit OÜI FM c’est avant tout de mettre les artistes en avant. Et pour se faire quoi de mieux que des lives? C’est bien pour ça que La Maison Tellier, Theo Lawrence and the Hearts, l’excellent et à suivre de près Delan McKenna ou The Temperance Movement se sont vu offrir l’occasion de montrer que leurs Awards étaient plus que mérités…

On se fait un petit tour du palmarès?

Artiste & l’Album Rock de l’Année – catégorie Indé : La Maison TellierAvalanche
Artiste et l’Album Rock de l’année – catégorie Major : Red Hot Chili PeppersThe Getaway
Artiste et l’Album Rock de l’année – catégorie Autoprod : The ShapersReckless Youth
Prix du B.P.I. (Bureau des Productions Indépendantes) : Theo Lawrence and the Hearts
Révélation internationale : The Lemon Twigs
Titre rock : StereophonicsI Wanna Get Lost With You
Artiste coup de cœur de la programmation musicale de 2016 : Declan McKenna
Artiste Bring The Noise : Frank Carter and The Rattlesnakes
Concert OÜI FM : Foals
Session acoustique OÜI FM : The Temperance Movement
Artiste UK Beats : Savages
Révélation française : Last Train

Et enfin, la soirée ne peut se terminer par un simple Prix, même si il est pour récompenser les petits génies de Last Train et c’est ainsi que la fameuse surprise de OÜI FM pour la fin de soirée débarque : rien de moins que M- ! A peine quatre chansons, quelques jeux avec le public et le Trianon s’enflamme et est dans sa poche. Il faut dire que le musicien, réputé pour être un MUST SEEN en live a plus d’une corde ( de guitare MDR, LOL même si ça ne se dit plus) à son arc. Entres les classiques « Je dis aime » et « Je ne connais pas l’Afrique », le musicien fait chanter ses fans. Un duel de danse entre deux membres du public invités à monter sur scène sublime le show.

La note finale revient à Matt Bastard – pour ses premiers pas post-Skip the use – dont la dernière chanson plus que couillue et la déclaration d’amour toute personnelle à OÜI FM ne peuvent que faire monter un grand sourire aux lèvres… Déchainé le rockeur fou se livre à un set endiablé dont on ne veut jamais voir la fin. La pile électrique saute d’un bout à l’autre de la scène et invite la foule à en faire autant.

Rock’n roll! Par réussi OÜI FM! A l’année prochaine!

Il fallait bien que ça arrive… La rédaction de Pop&Shot n’est pas d’accord ! L’objet du délit ? La dernière réalisation de Gore Verbinski ( The Ring, Pirates des Caraïbes 1&2, The Lone Ranger…) avec le prometteur Dane DeHaan ( Chronicle et bientôt Valerian). Alors, bien ou pas bien ce nouveau film ? Avis croisés…

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POUR : Back to the basics !

La promotion a bien fait son travail. Verbinski est sur la pente descendante à Hollywood depuis qu’il a refusé de réaliser les derniers Pirates des Caraïbes (et il est bien connu qu’on ne vexe pas impunément les grandes oreilles de Disney) et son Lone Ranger avait été un bide au box office malgré les indéniables qualités dont il pouvait être bourré. Dane DeHaan est un des acteurs américains les plus prometteurs du moment, sa performance dans Chronicle ayant été remarquée et remarquable. Mais, lui aussi, raté le coche du succès en se compromettant dans l’avant dernière version des aventures de SpiderMan en faisant un Harry Osborn/Bouffon Vert pour le moins….gênant. Le fait d’être Valerian dans la grosse production Besson du même nom fera beaucoup parler en France, voire en Europe, mais est ce qu’elle sera notable à l’international ? L’avenir nous le dira… Le pitch peut laisser dubitatif voire même faire bouger quelque chose sans faire bouger autre chose, pour essayer de paraphraser un ancien Président de la République tout en restant poli (pas simple). Sur fond de scandale boursier à venir, un trader new-yorkais est chargé par ses supérieurs de retrouver un des associés de sa multinationale qui ne veut plus donner signe de vie et revenir depuis qu’il est parti faire une cure en Suisse. Wow.

La promotion a bien fait son travail parce que malgré tout ça, l’affiche et les différentes bandes annonces vous donnent envie de creuser et d’aller au delà de ce synopsis. Qu’est ce que cette cure ? Quels mychtères insondables se cachent dans cet institut bien sous tout rapports ? Quel est le rapport avec les anguilles ? Est ce que la fille de l’affiche va sortir du bain et on pourra voir si

Bref.

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Alors SPOILER ALERTE, ce film n’est pas un chef d’œuvre. Et il n’est pas parfait. Vu la fréquence à laquelle ce genre de choses arrivent je pense que l’honorable lecteur s’en remettra… Mais s’il est une qualité qui ne peut être niée à Gore Verbinski c’est bien de savoir poser le cadre de son histoire ainsi que son ambiance. Pas besoin de mille scènes d’exposition pour montrer que Lockhart est un jeune loup de Wall Street dévoré d’ambitions. Les enjeux sont clairs et les motivations, que ce soit celle de la quête (retrouver Pembroke) ou celle du héros (se faire bien voir de ses patrons pour justifier et continuer son irrésistible ascension sociale), le sont tout autant. Départ pour la Suisse donc. En quelques minutes, il nous est décrit la mythologie du lieu, des nobles locaux incestueux chassés par les villageois il y a deux cents ans, ainsi que le futur cadre dans lequel va se dérouler le reste du film : l’Institut Volmer. Une simple discussion entre le personnage principal et le chauffeur, intelligemment mis en images, suffit. Dans le vif du sujet, tout est mis en place pour se laisser entraîner dans cette histoire.

Sans particulièrement spoiler, s’il y a bien quelque chose de rafraîchissant dans A Cure For Life, c’est son classicisme. Non, non ce n’est pas un gros mot ni un reproche. Pas de jump scare, de caméra embarqué, juste une bonne histoire solide mené de bout en bout. Le film pourrait avoir été tourné il y a une dizaine, vingtaine ou même trentaine d’années qu’il ne serait pas forcément différent dans sa forme ni son fond. Oui, il y a quelque chose de rafraîchissant de revenir aux bases du genre. Un personnage principal assez bien exposé pour lui donner une identité propre sans pour autant le diluer dans un habituel premier quart d’heure d’exposition visant à rendre sympathique les protagonistes mais qui 9 fois sur 10 sapent le rythme du métrage et sont contre productifs (combien de films de genre dont on se fout du sort des protagonistes?). Le rythme n’est pas frénétique, c’est le moins qu’on puisse dire, mais dès les premières minutes en Suisse, le spectateur est placé dans le même état d’esprit que le personnage principal et découvre, au compte gouttes, les quelques éléments permettant de lever le mystère sur ce fameux Institut. La légende des nobles incestueux s’affine au fur et à mesure que Lockhart rencontre de nouveaux interlocuteurs. Il y a quelque chose d’assez ludique dans le film en cela que l’on a envie de savoir, que l’on se met à échafauder des théories qu’on soumet en murmurant à son voisin de cinéma. En somme, le film n’endort pas son spectateur et propose une histoire intéressante de bout en bout.

La mise en scène est élégante et les décors sont particulièrement soignés. A un point tel que, lors d’une séquence d’exploration bien en dessous des fondations de l’Institut, les plans sont tels que le métrage aurait pu être en noir et blanc que ça n’en aurait pas été gênant. Il y a quelque chose de lovecraftien à voir ce personnage ordinaire confronté à ce mystère qui ébranle progressivement sa raison. Et même si le film dure peut être un quart d’heure de trop, avec une toute fin beaucoup trop « évidente » dans sa résolution, alors qu’une scène de retrouvailles entre le héros et la jeune aurait pu donner quelque chose de beaucoup plus amère et ancrer véritablement le film dans la catégorie du Conte Noir, on se dit en sortant de la salle, qu’un film comme A Cure For Life, en ces temps de formatage du genre, on n’en voit finalement trop peu pour bouder son plaisir !

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CONTRE : 

 

Waouh cette bande-annonce! Nom de Dieu ces images! « A Cure for life » promettait d’envoyer du lourd lors de ses semaines d’intense promotion juste avant sa sortie. C’est donc le jour J, et en évitant d’en savoir trop avant la projection, que je m’aventurais en salle obscure avec l’espoir ( pas trop secret) d’en ressortir complètement parano.

Seulement voilà, le métrage est loin de cette promesse d’origine. Un épais mystère, quelques vérités sur la vie, des moments de stress, une désorientation pour le spectateur… très vite cette liste non exhaustive s’éloigne pour laisser place à un classique pas si classique dont les twists sentent le capillotracté.

Dans ses premières minutes, « A Cure for Life » promet un beau moment de cinéma. L’imagerie est magnifique, les décors sublimes, une simple caméra sur le toit d’un train permet une ballade immersive dans un lieu qu’on ne souhaiterait effectivement pas quitter. Notre héros, Lockhart y débarque avec de bien vilaines intentions. Cet homme dépeint comme ambitieux, prêt à tout cache en fait un lourd trauma. Le voyage au centre de la cure, cet enfer sur Terre que personne ne semble vouloir quitter l’aidera-t-il à  guérir? Qui est la mystérieuse jeune  fille qui défile subtilement pieds nus dans les jardins? Déjà les pieds nus c’est pure et ensuite elle veut pas partir si t’avais pas trop compris. Beaucoup de questions s’accumulent.

Au fur et à mesure des minutes qui passent, une sensation s’installe doucement. Et s’il manquait quelque chose à ce film? Le fait par exemple d’assumer entièrement un arc narratif? On est dans un film de genre? A mi-chemin entre du fantastique et de l’horreur? Soyons le. Est-il possible de se sentir complètement en danger dans cette institut à un moment donné?

Que nenni mes amis puisque le film prend en réalité la forme d’un conte obscure qui cherche à s’assumer à coup de fortes incohérences en fin de pellicule. Ah suis-je bête! On le savait ça, il y avait bien une princesse en haut du château, un prince pas si charmant, un méchant et des légendes. Oui certes, encore faut-il mieux l’exploiter à l’image.

Certes il est facile de critiquer, alors que l’œuvre est bien loin d’être une catastrophe. Enfin c’est un petit compliqué sans la spoiler puisqu’au delà d’un brin de déception s’installant doucement, de révélations qui se veulent de plus en plus évidentes, c’est bien sur son final que le film se plante.

SPOILERS donc pour pouvoir défendre un point de vue plus complet (sans tout dire non plus) :

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Après cet intermède photographique pour permettre à ceux qui ne veulent pas se faire spoiler d’arrêter de lire, reprenons…

– Déjà attendez les gars le remède de la vie la vie éternelle c’est du jus de vieux riches qui ont fait trempette avec des sangsues? Pour de vrai?- 

La fin donc qui voit révéler que le méchant comte est toujours en vie et attendait patiemment de pouvoir épouser sa fille, elle aussi âgée de 200 ans mais pas encore réglée, mais ça ne va pas tarder…

Pour embrasser son destin de conte sombre il aurait été bon savoir s’arrêter à temps. L’idéal aurait été de voir un homme venir avec ses convictions et doucement basculer dans la folie, embrasser le lieu, bénir sa mort et sa perte. Mais pour que notre héros en arrive là, encore faudrait-il mieux comprendre les motivations des autres patients de cette cure. Encore faudrait-il s’arrêter sur un plan final qui fait froid dans le dos. Pas un cheval/ moto emmenant la belle vers une vie heureuse. 

Lorsque Lockhart, après avoir subit un traitement assez radical, explique qu’il n’y a aucune raison de vouloir quitter ce lieu. Là au milieu des mystères, du tel est pris qui croyait prendre, le spectateur aurait pu rester bouche ouverte sur son fauteuil. « Les Contes de la crypte » qui vendaient il y a de cela bien longtemps ( ou pas en 2017- l’année de plus du remake et de la nostalgie des 90’s) des contes noirs s’arrangeaient toujours pour conclure sur un personnage central dans la pire des situation. L’effet d’un bon conte repose sur sa moralité ou son immoralité d’ailleurs. Hors ici en poursuivant vers un dénouement heureux, le film se perd. L’arrachage du masque du baron ( à la « V ») empirant les choses.

Avec un début dénonçant la société actuelle qu’il est dommage de ne pas finir ce film avec une question du type « Abominable ou pas, ne serait-on pas mieux dans la cure que dans notre condition actuelle? »

Je suis bon public, j’accepte également n’importe quel postulat s’il s’avère cohérent avec l’univers auquel il appartient. De ce fait, les mini incohérences me titillent. Si un mec fouille trop dans tes petites affaires au risque de mettre en péril ton plan diabolique (HAHAHAHA) pourquoi ne pas l’empêcher de nuire en ne lui laissant pas la liberté de s’offrir ses petites ballades dans l’institut? Haha le baron, t’aurais pu éviter la fin!

Qui sont ces gens qui suivent notre scientifique fou et fêtent son mariage? Ce sont eux qui m’intéressent finalement. Cette société qui préserve ces horribles actions.

L’inceste un jour l’inceste toujours- hop que vas y que je te le balance comme la bonne excuse pour montrer qu’il est méchant monsieur le baron. Oui , l’inceste fait parti des tabous, oui il est repoussant. Mais si c’est uniquement dans le but d’avoir une lignée pure – un scientifique qui pense ça déjà euh? Bha?- pourquoi vouloir le prolonger sur la génération future? Parce qu’elle ressemble à sa maman? Et puis donc les bébés immortels ils mettent 200 ans à être réglés? Ouais heureusement que c’est pas ce qui arrive dans « Twilight » parce que Jacob l’aurait vachement mal vécu si son bébé vampire avait pas pu être la parfaite petite amie en moins de 7 ans (grosse référence n’est-ce pas?).

Tous ces éléments pour dire que, bien loin d’être une œuvre dénuée de qualités et en acceptant de grossir le trait ( oui il s’agissait des contres après tout) « A Cure for Life » peut décevoir. Et quand on tient un aussi beau sujet avec des acteurs de talent, qu’il est dommage de se contenter d’être inégal et donc oubliable.

 

 

 

 

Mila Preli, architecte de formation, travaille dans la décoration sur petit et grand écran depuis maintenant plus de dix ans. Alors qu’au moment de l’interview, son dernier projet, « Polina, danser sa vie » est pressenti pour être nommé pour les prochains Césars du cinéma, elle nous reçoit chez elle pour parler du métier de chef déco…

PopnShot: Vous avez participé à un film pressenti pour les Césars, « Polina ». Que pouvez-vous nous en dire?

Mila Preli: On ne sait pas encore s’il sera nommé(NDLR : Polina ne récolte finalement aucune nomination pour les Césars 2017). Il est dans la présélection pour le moment. Il s’agit d’un film censé se passer en Russie. C’est l’adaptation d’une BD, « Polina » (de Bastien Vivès), Valérie Muller (réalisatrice) et Angelin Preljocaj (chorégraphe) l’ont adapté et réalisé ensemble. Il s’agit de l’histoire d’une jeune fille russe, une danseuse classique qui va finir par trouver sa voie et son expression artistique. Angelin, s’occupait plus de la partie danse, en gérant les chorégraphies, et Valérie, était plus attachée à la comédie.  On retrouve toute l’expression d’Angelin dans le film, sa façon d’exprimer les choses, les sentiments au travers de ses chorégraphies. On comprend tout de suite ce qu’il veut dire, ce n’est pas hermétique comme peut l’être parfois la danse contemporaine….

 

« Au cinéma, le décor doit être le prolongement du personnage »

 

PNS: Vous parliez tout à l’heure de la BD. Est ce que ça aide pour faire un décor d’avoir ce type de support visuel? Vous êtes vous appuyé dessus?

MP: Intéressant comme question. La BD a un style très épuré, elle est très belle. Mais il n’y avait pas plus d’indications que ça dedans, beaucoup de fonds y sont blancs. Avec Toma Baqueni, (nous avons signé les décors ensemble), on a eu envie de retrouver cette pureté dans les décors. On a voulu s’en inspirer, mais il y aussi nous devions coller au scénario adapté. Et avec lui, les personnages dont il faut raconter la vie à travers des décors . Au cinéma, le décor doit raconter le personnage.  L’Académie de danse  par exemple. On devait la  reconstituer à Neuilly ( près de Paris ndlr)  alors qu’elle est supposée se trouver à Moscou. Nous avons tourné dans une aile désaffectée d’un hôpital psychiatrique, un bâtiment qui pouvait être similaire aux proportions de ceux qu’on peut trouver à Moscou. Dans cette école, se trouve le bureau du Professeur Bojinski, qui est un peu le mentor de Polina au début du film. Il vit dans son école, a installé un lit dans son bureau dans lequel il est nuit et jour. Le décor doit tout de suite raconter ça. On doit comprendre très vite que c’est quelqu’un qui n’a pas de vie personnelle. On est très loin du coté épuré qu’on peut retrouver dans la BD, car dans la BD, comme dans un livre, l’imaginaire travaille. Au cinéma, on impose une image, alors, on aurait pas pu se dire qu’on traitait les décors du film comme dans la BD, ça aurait été trop « vide » et cela n’aurait pas eu le même sens.

PNS: Est ce que peuvent se jouer parfois des jeux d’influence entre la réalisation, le scénariste et vous pour l’élaboration d’un décor ? Par exemple, pour le décor de ce fameux bureau, les idées que vous aviez, doivent elles être validées par le metteur en scène ? Est ce que vous avez carte blanche ? Comment ça se passe ?

MP: Ce sont des allers-retours en fait. C’est une interprétation qu’on a en tant que chef déco du scénario, et les échanges avec les réalisateurs. Dans le cas du film, Polina, il ne fallait pas mettre en doute qu’on puisse être à Moscou. C’est coller à la réalité. quelqu’un connaissant bien la Russie, voyant le film ne doit pas pouvoir se dire qu’on y était pas. C’est le premier challenge. Pour le bureau de Bojinski, par exemple, on nous a expliqués comment allait se dérouler la séquence, les mouvements de caméra dans le décor. Nous avons donc créé le bureau Bojinski en conséquence. Son univers était représenté, et illustré par des petits objets, des livres, des photos. C’est vraiment créer toute sa vie.  Pour les séquences de danse, il fallait tenir compte des questions techniques, comment Angelin voulait filmer les séquences de danse, à quelle hauteur il voulait mettre sa caméra, le confort des danseurs pour danser vraiment. Aussi, au début, il y a tout un travail de documentation qui se fait. On a trouvé des visuels de salles de danse dans les 90’s à Moscou. On s’est rendu compte par exemple de détails, comme le parquet bien spécifique, monté en échelles…  Il ne faut pas négliger les échanges essentiels avec le chef opérateur, la lumière. Par exemple, pour les fenêtres, comment la lumière va entrer? La question des découvertes, etc…  Pour ce qu’on appelle les découvertes ( ce qu’on voit au travers des fenêtres dans notre cas), nous avons pris le parti de mettre du verre en granité qui fait rentrer la lumière sans voir l’extérieur. Il est vrai que c’est dommage, en tant que décorateur, de ne pas voir dehors. Mais avec un peu plus de budget, sur un autre film, on aurait pu tendre des fonds verts et incruster une vue des rues de Moscou par exemple, mais là, c’est une question de moyens parfois…

DR MILA PRELI

PNS: Vous parliez de petits moyens et de préparation en amont. Comment on fait pour faire ces recherches ? Ou est ce qu’on cherche ?

MP: On cherche partout, sur Internet, dans des livres, dans nos souvenirs, notre culture personnelle…. Il se trouve que pour un précédent projet, je suis allée en Moldavie, un pays de l’ex URSS. Je me suis dit que nous pourrions ramener « l’âme russe » de là bas. On y trouve des éléments, qu’on ne retrouverait jamais à Paris. Des fenêtres, des poignées de portes… On va être attachés à ce genre de détails. J’ai vu récemment un film censé se passer en Russie… On se rend compte tout de suite, quand on reconnait un interrupteur par exemple, qu’on est pas là bas ou on identifie des éléments chinés à Clignancourt…Et là, c’est raté…

 

DR Julia Escudero

 

PNS: Comment fait-on pour ne pas oublier quelque chose ? Ne pas oublier le « détail » ?

MP: Il faut faire des listes, dessiner des plans, et tout quantifier. Nous avons ramené du lino, du papier peint, des luminaires, des matériaux… Dans le cadre des décors de l’Académie, on s’est appuyés sur des tout petits détails, par exemple telle fenêtre russe a tant d’ouvertures… Je suis partie 5 jours à Chișinău, la capitale moldave, une amie moldave m’a aidé, le rythme était très dense, et nous avons réussi à remplir l’équivalent de 2 camions, d’objets du quotidien, petits mobilier, etc… C’était très émouvant d’installer tous ces éléments dans le décor de l’académie Bojinski, on a fini par y croire et être « pour de faux » à Moscou…

PNS: Justement, pouvez-vous réutiliser les décors de vos anciens projets ?

MP: On fonctionne projet par projet. Tout ce qu’on achète ou loue appartient à la production. Il se peut que la société ait un espace de stockage, mais c’est rarissime. A la fin du tournage, tous les matériaux qu’on utilise pour construire le décor sont évacués, démontés, on dit « casser » le décor. Les accessoires, petit meublage, sont dispatchés aux Emmaüs par exemple ou autres associations . Nous pouvons aussi louer des meubles, en acheter sur le bon coin..

 

« L’équipe déco est comme une mini-société pendant un court instant dans l’entreprise du film »

 

PNS: Comment vous gérez votre budget ? Comment vous le répartissez ?

MP: La particularité de l’équipe déco c’est qu’elle est comme une mini entreprise dans une autre entreprise, le temps du projet. Nous sommes le seul département qui devons gérer un budget.  On reçoit le scénario, on établit un devis. Un devis qui comprend le coût des matériaux mais aussi la masse salariale des gens que nous allons employer. Il faut une vision du nombre de techniciens et pendant combien de temps. On dit souvent que le budget déco d’un film c’est 10% du budget global. Ça dépend. Pour un film d’époque, ce chiffre a tendance à monter par ce que le décor sera important. Ce qui fait notre caractéristique, c’est qu’on est pas seulement dans l’artistique. Notre engagement c’est aussi ne pas dépasser le budget que la production a pu nous accorder, c’est vraiment très important. On ne peut pas faire n’importe quoi. Ça reste une industrie. Dans un budget très serré par exemple, on demande des prêts, à des particuliers, des boutiques, des entreprises, et cela génère des rencontres, des moments avec des gens qui vont nous aider.

PNS: Vous parliez de temps, combien de temps il s’écoule entre le premier devis et le premier jour de tournage ?

MP: Cela dépend. Par exemple, pour mon prochain projet, le directeur de production m’a déjà demandé un devis, car il doit faire le devis global du film. Je l’ai fait il y a 4 mois et si tout se passe bien, le premier jour de tournage aura lieu en septembre prochain. En revanche sur « Paris-Willouby », on m’a sollicité un mois et demi avant la prépa…

DR Mila Preli

PNS: Comment s’organise une équipe déco ?

MP: Oui, car il s’agit bien d’une équipe, c’est la première chose à prendre en compte, un chef déco n’est rien sans son équipe. Alors, il y a le premier assistant, qui gère le budget, les comptes, l’organisation de l’équipe déco. Le second assistant est plus dans le domaine du dessin et les recherche artistiques, il peut également orienter les 3èmes assistants déco. Un autre poste très important est celui de l’ensemblier qui gère tout le mobilier, en fonction du scénario, en fonction des échanges avec le chef déco, l’ensemblier est réellement un décorateur, qui doit trouver et dénicher tout de l’univers qu’on doit créer. Le régisseur d’extérieur, accompagne l’ensemblier et l’accessoiriste de plateau,  s’occupe de l’achat des matériaux, des objets, de la vaisselle, des bouquins, tout ce qui va remplir le décor, bref il fait beaucoup de « shopping ». Il y aura également les graphistes, les illustrateurs et les rippeurs. Les rippeurs sont souvent des garçons, mais il y a des filles aussi, quelquefois… Les rippeurs sont souvent dans le camion déco, pour amener, décharger, installer les éléments du décor sur le plateau. Voilà pour le noyau dur de l’équipe. Ensuite, il faudra les constructeurs, les peintres, ou encore les tapissiers, les serruriers, etc…, c’est un véritable chantier.  Par exemple, sur Polina, nous sommes arrivés à un pic de 45 personnes juste pour l’équipe déco! Pas sur l’ensemble du tournage, mais pendant deux semaines environ. C’est vraiment une petite entreprise, comme je le disais plus haut. Un tournage, c’est une histoire d’équipe très dense, et très vivante et une coordination humaine des savoir-faire.

PNS: Comment un chef décorateur fait son équipe ? Est ce qu’il la recrute lui même ou bien est ce que la production peut lui imposer tel ou tel assistant ?

MP: Non. C’est lui qui fait son équipe, le chef décorateur doit travailler avec des personnes en qui il a totalement confiance et qui vont comprendre sa sensibilité, nous sommes tous différents. Au fur et à mesure des années, son équipe se créée.

« Un décor pour être réussi doit être invisible »

DR Julia Escudero

PNS: Comment devient-on chef décorateur ?

MP: Il n’y a pas de parcours-type. Pour ma part, je suis diplômée d’école d’architecture. Je ne savais même pas que le métier de chef déco existait quand j’étais jeune étudiante. Par hasard,  j’ai rencontré une chef déco qui m’a expliqué quel était son métier et j’ai tout de suite eu envie de connaitre ce monde, cet univers. Je suis reparti de la base, après avoir été architecte dans une agence d’architecture, j’ai commencé sur un film en tant que 3ème assistante qui à l’époque s’appelait encore souvent « stagiaire ». J’avais des facilités grâce à ma formation d’archi pour dessiner, faire des plans… Dix années ont passé, pour arriver à être chef déco. On a pas besoin de faire archi pour devenir chef décorateur, il s’agit d’une sensibilité avant tout et d’un « œil » à avoir, puis savoir s’entourer d’une belle équipe. Par contre, c’est l’expérience et le travail sur les films, sur les plateaux qui nous font apprendre le métier. On ne fait pas des décors pour qu’ils soient beaux mais pour qu’ils soient vrais. Il faut que ça raconte quelque chose. Mais il faut aussi que les décors soient praticables, pour l’équipe de tournage qui va arriver ensuite.  Parfois, pour les raisons techniques, pratiques, on doit fausser les choses, créer des espaces plus grands qu’ils apparaîtrons au spectateur.  Par exemple, sur « Le sacrifice » de Tarkovski, le décor principal est une maison, construite pour brûler dans un grand incendie à la fin… Le décor du salon de cette maison pourtant déjà construite pour le film, a été recréé en studio, et ses proportions sont fois 4 plus grandes que celles qu’il aurait été dans la maison telle qu’on la perçoit…. Malgré tout, on ne se rend compte de rien, c’est la magie du cinéma.  Un décor pour être réussi doit être invisible. Si on le voit, il saute aux yeux, et cela ne marche pas… C’est ça la plus grande difficulté : créer un univers pour un film, sans l’afficher pour autant, sans que cela prenne le pas sur le reste et ne soit au premier plan, tout en étant présent…

PNS: On voit dans certains films, la tentation de trop charger les décors. J’ai lu dans une interview quelqu’un disant que pour faire un film se passant en 1970, il fallait que les gens soient habillés à la mode de 1965…

MP: C’est très juste. Pour faire un décor 70’s, il ne faut pas y mettre que des éléments 70’s, il faut prendre en compte le temps qui passe, sinon on a plus l’impression d’un déballage d’objets et meubles 70’s que d’un vrai décor, on y croirait pas. C’est comme dans la vraie vie, chez nous, il y a des éléments qui correspondent à différentes époques de notre vie forcément. Prendre une photo du décor une fois qu’il est fini et l’observer dans un cadre peut aider à se rendre compte des détails qui marchent et ceux qui ne marchent pas… On peut parfois réfléchir longtemps pour un infime détail. L’idée ce n’est pas faire un beau décor c’est faire un décor qui soit juste.

PNS: Le décor dont vous seriez le plus fier ?

MP: Je dirai que c’est Polina parce que c’est celui qui a demandé le plus de travail. Le plus stimulant c’était retranscrire la Russie qui est loin de Neuilly sur Seine! Je n’ai pas de décor vraiment préféré. On met toujours la même énergie, que ce soit pour un téléfilm, un film de cinéma, une émissions. On est toujours aussi impliqué et passionnés. Il faut l’être, sinon on ne fait pas ce métier là.

DR Mila Preli
Si vous voulez en savoir plus sur le métier de chef décorateur, Mila vous conseille les livres suivants :