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Julia Escudero

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Il était attendu ce retour. Deux années que Rock en Seine n’avait pas eu lieu. En échange en 2020, une émission avait permis à quelques artistes français en vogue de venir jouer dans le parc de Saint-Cloud et puis en 2021, rien. Peur d’une annulation causée par un motif qu’on se lasse d’évoquer continuellement. Alors lorsque l’édition 2022 a été annoncée, elle est devenue en un rien de temps l’évènement immanquable par excellence. D’autant que tel le phoenix, le festival francilien comptait bien renaître de ses cendres en remettant le rock au coeur de son affiche. Il faut quand même dire que le mastodonte avait mis ses dernières années à l’affiche bien d’autres courants artistiques. Loin de prôner la guerre ridicules de courants artistiques qui ne sauraient cohabiter, une idée qui tient beaucoup plus des fans que de musiciens qui collaborent et inspirent au delà de leur genres respectifs, il faut admettre qu’il est bon de confirmer qu’un nouvel âge d’or du rock est en route et que comme bien souvent, ce vent frais nous vient du Royaume-Unis. Logique donc, dirons-nous, que cette première journée de festival, le 25 août fasse donc la part belle en majorité aux groupes d’Outre-Manche. C’était d’ailleurs en raison de sa tête d’affiche Arctic Monkeys, la journée la plus attendue de cette édition. Les attentes ont-elles été comblées ? Debrief de notre journée de festival.

L’A(rriver)B(ouger)C(hauffer)D(anser) d’une ouverture

Le soleil est beau fixe, il tape même bien fort faisant redouter une nouvelle journée de rock en sueur. Quelques couacs sont d’entrée rapportés par les premiers arrivants sur site quant à un bug côté entrées, ralentissant l’accès au festival. Bon, il ne faut pas se fier au premières impressions. Grosse tête d’affiche veut, une bande de fous d’Arctic Monkeys se rue sur le premier rang de la Grande Scène, avec le besoin d’être au plus près d’Alex Turner et son équipe en fin de journée. Il y a toujours quelque chose de touchant au culte du premier rang, la preuve que la musique transporte toujours au plus haut point. Autant mettre les pieds dans le plat une bonne fois pour toute, une nouveauté attend les festivaliers : la création d’une fosse or pour se glisser au premier rang en payant plus cher pour s’éviter le folklore d’heures d’attentes. Faire de l’accès à un bon placement dans la fosse une histoire de gros sous fait toujours grincer des dents mais l’évènement a eu le bon goût de laisser une partie des premiers rangs accessibles aux plus résistants. On se console comme on peut.

gayle rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Toujours est-il que la star de Tik Tok, puisque oui le réseau social – antithèse du retour bienvenue au sacre de l’album sur vinyle- créé des stars avec un seul single, Gayle est celle qui se colle à l’ouverture des festivités. Si vous pensez ne pas la connaître, rassurez-vous, vous avez probablement déjà entendu son mega titre « abcdefu » hymne pop rock revendiquant… sa rage contre sa rupture. Un sujet commun pour un titre relativement efficace en terme radiophonique et utilisé pour Tik Tok pour s’amuser à bonnet sa taille à bonnet de soutien-gorge… On évite le discours de vieux con sur le sujet, chaque génération a son truc et celle-ci a aussi nombre de très beaux combats qu’elle mène parfaitement. Pas celui-ci mais bref. Gayle donc, opte pour un look rock un brin emo (ils reviennent, ne craignez rien ils sont vos amis), cheveux bicolores sur la tête, noir et blanc. Comme Cruella qui s’est fait une aura d’icône mode punk grâce à son dernier film en somme.

Notre chanteuse est honnête et confie à la foule parler dans ses titres d’amour, de relation, de ruptures… Elle se donne du mal à capter le public insuffler de l’énergie sous un soleil tape fort et attend son gros succès pour se lâcher à fond. Heureux d’être là, il donne quand même le change autant que possible. La catalogue musical de Gayle reste néanmoins très pop plus que rock donc type année 2000. Un peu comme quand des Hilary Duff et autre Ashley Simpson s’étaient mises à faire des titres « rock » pour aller dans la tendance, le rock venait de la ceinture à clous en somme. L’énergie est quand même là et si deux, trois titres peuvent suffire à faire le tour du sujet la sauce prend bien plus fort sur le hit attendu, en plus joué en mode « angrier » pour bien clasher l’ex malveillant. De quoi s’échauffer tranquillement avant le gros des hostilités.

gayle rock en seine 2022
©Kevin Gombert

L’Union Jack se pose sur le festival

yard act rock seine 2022
©Kevin Gombert

C’est un très beau nom qui donne un ton bien plus rock au moment sur la scène Cascade puisque voilà que débarque les excellents Yard Act. Les originaires de Leeds sortaient en janvier un immense premier opus  » The Overload » à l’élégance rock indiscutable. Parfait de bout en bout, les compos ne pouvaient que faire vibrer sur scène. D’ailleurs plus tôt en conférence de presse, Joe Talbot, le chanteur d’Idles confiait que le groupe faisait partie des excellents du festival pour qui il aurait volontiers payé un ticket pour les voir jouer. A raison, avec une précision instrumentale incroyable et un débit sublime de son chanteur, James Smith, le groupe gagne en profondeur en live, face à un public déjà venu en masse. Peut-être trop statique de son appréhension de la scène en début de set, le groupe convainc franchement l’assistance avec une précision millimétrée. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à communiquer à son public sur sa joie à jouer sur ce « très beau festival ». Plaisir partagé, il faut se le dire. Le rock est de retour, longue vie au rock.

Le rock anglais a bien des visage et l’un d’eux sonne très américain en la personne de Yungblud. Grosse figure particulièrement attendue, le musicien est connu (à raison) pour être une sacrée boule d’énergie.

D’entrée le musicien aux cheveux rouge offre en guise de jeu d’écrans une bouche géante rouge aussi et de la pyrotechnie. On est là pour le show. Et c’est bien ce qu’il compte offrir. Déchaîné il sautille partout, assisté d’un batteur particulièrement efficace et particulièrement peu vêtu, est-ce que sa tenue de scène est un simple caleçon ou bien est-ce une impression ?

Voilà donc notre bonhomme qui saute partout, littéralement partout en ouvrant grand sa bouche de façon volontairement démente. YUNGBLUD est aussi théâtrale qu’un Joker, si celui de Jared Leto aussi, cinématographique. Du coup dès le deuxième morceau, il demande à la foule de créer un moshpit, pour garder son premier rang il faudra plus souffrir que pour être belle ( allez hop une expression de vieux calée pour le plaisir de vos beaux yeux). L’affaire est pliée, le cercle se créé, ça pogote clairement et on se reprend un petit jet de flammes. Le musicien distille un rock très inspiré années 2000. Il suffit d’écouter « The funeral » pour sentir une pointe de nostalgie d’un certain courant rock alternatif qui remplissait les stades.

yungblud rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Un peu de Blink- 182 par là pour citer un nom très connu qui se fait bien entendre dans les sonorités, la dispute à quelques moments plus screamés façon The Used  ou My Chemical Romance et des influences hip hop. Le set a le mérite de mettre beaucoup de gens d’accord, après tout ses instants très pop et donc mainstream touchent les plus réticents, là où les moments plus  brutaux permettent aux fans de rock de se déchaîner. Quant au retour des scènes alternatives des années 2000 … difficiles d’être objectifs quand on les a trop bien connues mais il est vrai qu’elles offraient un défouloir certain à la jeunesse. Qui nous manque. Le set arrive sur sa fin avec « I Think I’m Okay » originellement en duo avec Machine Gun Kelly et Travis Barker  de Blink-182 (coïncidence ?). Un titre qui lui aussi aurait pu exister il y a 15 ans mais qui sait bien doser sa recette. Enfin, pour terminer cette prestation de 60min (où le musicien français Waxx fait même une apparition), Yungblud fait chanter ses fans sur son tube « Loner ».

yungblud rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Post-pop-punk rock

inhaler rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Sur la scène Cascade c’est Inhaler qui galvanise une foule majoritairement féminine au premier rang mais pas que. Les adeptes de la formation irlandaise ont fait le déplacement et agitent le drapeau du pays en se noyant dans les beaux yeux de son chanteur, Elijah Hewson, aux cheveux impeccables et qui ne se décoiffent jamais même quand il danse – quel est son secret ?

inhaler rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Un régal pour les yeux, il faut en convenir qui vient servir un set propre et carré. Pas de grosses effusion, les mélodies pop rock évoquent (et personne ne se demande pourquoi) celles de U2 et leurs tubes planétaires. Certes, l’originalité n’est pas là mais la sauce prend plutôt bien. Les arrangements fonctionnent, les mélodies entrent en tête, la foule en redemande. Elle sera servie au court d’une ballade tranquille où le risque n’est pas de mise mais où la mélodie est centrale.

La foule dense d’un festival plein à craquer s’est ensuite donnée rendez-vous pour (re)voir sur scène l’immense groupe qu’est IDLES.

idles rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Un set d’une heure et quart leur est laissé pour faire la part belle à leur dernière galette « Crawler ». Album de guérison ultime, à fleur de peau et à couteau tiré, ode à la vie prend aux tripes. La tournée elle n’est pas une cure de santé mentale avouera en conférence de presse Joe Talbot qui ne tarie pas des loges son plaisir au retour au festival et à faire partie d’une scène rock qui ne souhaite pas uniquement mettre des hommes blancs qui jouent les super stars à l’affiche.

Ceux qui veulent devenir le meilleur groupe de live du monde se donnent titre après titre entraînant la foule de Rock en Seine dans un tourbillon viscéral. Des morceaux issus de tous les morceaux sont interprétés. Quelques effet de scène sont là, du type faire se baisser toute la foule pour mieux la faire sauter, mais l’instant est surtout dédié. « The Wheel » écrase comme une grosse machine qui vient poser ses guitare au plus prêt de l’audience. IDLES est métallique, jusqu’au-boutiste, sincère, constant.  Et même si la pluie espérée en conférence de presse ne vient pas, le set ne lâche rien. Un petit instant décalé grâce à l’interprétation d' »All I want for Christmas is you » rappelle que tout peut sonner diablement rock avant de conclure sur le classique « Danny Nedelko ».

idles rock en seine 2022
©Kevin Gombert

Même si l’heure de la tête d’affiche l’édition 2022 de Rock en Seine approche à grands pas, il faut faire un crochet par la scène Cascade pour se prendre une baffe bienvenue offerte par Fontaines D.C.

A cette heure-ci le festival est plein à craquer. Trop dirons certains, puisqu’il devient difficile de s’offrir une bonne place pour profiter pleinement du show. De même les queues pour s’acheter à boire ou à manger s’étirent à l’infini. Il faut compter plus d’une heure pour se sustenter, de quoi frustrer certains festivaliers. Le groupe de Grian Chatten lui, permet de sublimer l’instant. La machine à tubes post punk dont l’immense « Skinty Fia » est sorti cette année ne laissent pas une minute de répit à l’assistance qui se prend tornade de perfection sur tornade de perfection. Le son est bon, l’énergie est aussi bien distillée lorsqu’elle est en retenue que balancée sur le public. « Jackie Down the line » met tout le monde d’accord alors que la troupe aux dress code noir et blanc (avec quand même un pantalon de jogging, on est pas là pour s’occuper de la mode) se donne avec une intensité sans limite. Il faudra absolument revoir la troupe de Dublin, sûrement dans des conditions permettant de mieux voir la scène pour mieux s’imprégner de leur étrange perfection.

Une chaleur « Arctic »

Ladies & gentlemen, c’est la troupe d’Arctic Monkeys que vous vouliez ? Eh bien, la voici. D’ailleurs vous êtes bien nombreux. Autour de la Grande Scène, tout le festival se presse, en masse, en foule compacte, très vite, il est impossible de bouger, tous les yeux sont là, rivés sur scène, c’est bien eux, la troupe d’Alex Turner est de retour. Le beau gosse d’avis général a la coupe de cheveux idéalement rock galvanise la foule. Pour mettre tout le monde dans le bain, la formation balance tout de suite les hostilités avec son plus grand titre « Do I wanna know ? ». La chose a le mérite de mettre le parc de Saint-Cloud entier d’accord alors que tout le monde chante. Avant IDLES, avant Fontaines D.C … le rock anglais avait déjà vécu un revival au début des années 2000 et la troupe y était franchement pour quelque chose. Alors pour certains, le moment évoque une nostalgie parfaite, pour d’autres qui les découvrent en live, l’instant à l’étoffe du concert culte.

A tel point qu’il en devient aisé d’oublier les défaut : un son qui n’est pas parfait, une performance un brin statique, pour se concentrer sur l’essentiel : l’union que sait provoquer Arctic Monkeys. Leur répertoire se dessine avec élégance et quand les singles arrivent comme c’est le cas pour « I Bet you look good o the dancefloor » ils ne font que galvaniser ce qui existe déjà : un cohésion unanime et un chant d’une audience presque en continue. Exit, les pogos, par manque de place peut-être alors que la foule ondule franchement. Notre chanteur façon crooner la joue séducteur fatal, et profite de la justesse de son équipe pour séduire sans avoir à sauter partout. Les yeux brillent et des vagues d’amour profond accueillent le « Nouvelle chanson » comme introduite en français dans le texte, extrait de l’album « The Car » à paraître en octobre et annoncé la veille. Pas besoin de forcer à priori pour convaincre quand on atteint ce niveau de notoriété. « R U Mine » conclut ce set d’une heure et demie. A l’instar d’un autre groupe qui avait révolutionné le rock en son temps The Strokes, Arctic Monkeys n’est pas une bête de scène, pas plus qu’un objet curieux de festival. Le groupe a atteint il y a longtemps son statut d’indiscutable super star, d’objet iconique à voir et revoir pour sa qualité de compositions et pour la magie qu’il distille. « R U Mine ? » le public répond un grand oui, à moins que l’inverse ne soit vrai et que le groupe n’appartienne à l’ADN d’une audience qui les chérie comme le sang de ses veines.


Pour la plupart des festivals d’été, cette saison 2022 est celle des retrouvailles. Reparler une nouvelle fois de la crise du Covid est ,certes, plus que lassant d’autant plus avec les constantes menaces de nouvelles vagues. Mais toujours est-il que tout cela a largement impacté le monde culturel et festivalier. Et si dans certains lieux de France, la vie est depuis repartie si vite qu’elle en donne le tournis, ici l’immense évènement profite de l’aura de ce retour tant espéré à la normal. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est possible d’entendre avant même le lancement des concerts, un photographe expliquer que ce retour en festival l’excite tout particulièrement. Pourtant ce retour après une longue absence n’est pas la seule particularité de cette édition des Deferlantes. Se retrouver certes, mais surtout ailleurs. Pour quatre jours de festivités exit le site d’ d’Argelès-sur-Mer et bienvenue à Cérès, nouveau fief de l’immense festival sudiste. Pour parfaire le tout, 4 jours attendent les festivaliers, petits et grands, avec une immense programmation internationale. Du 7 au 10 juillet, la fête y sera belle, c’est certain.

Un nouveau lieu pour une nouvelle vie

deferlantes 2022
©Maud Ferrari

Le changement peut déstabiliser autant qu’il peut exciter. Alors lorsque les portes s’ouvrent sur le nouveau domaine du château qui nous accueille, l’heure est à l’inspection et aux comparatifs. Si celui-ci ne profite plus d’une vue et donc d’une scène mer / montagne, celle sur les Pyrénées verdoyantes est à couper le souffle. Plus plat que son prédécesseur, plus grand aussi , le site a été repensé. Il se séquence en plusieurs parties. Un château sublime, une grande roue, parfait décors instagramable, une tyrolienne aussi mais qui cette fois ne passe plus au dessus des scènes. D’autres propositions s’ajoutent pour parfaire l’expérience. un docteur Maboul géant a été installé, un lieu unique de food court, regroupant de nombreux food trucks a été installé, plus loin des scènes. D’ailleurs une nouvelle scène, sorte de puit aux nombreuses bouées multicolores a été installée pour ponctuer les après-midi de danses autour d’un DJ set. Si le charmant lieu a moins de grandiose que son prédécesseur – mais est-il seulement possible de tenir la comparaison avec l’incroyable domaine de Valmy ? – ce nouveau spot lui est bien plus pratique et l’espace pour profiter des deux scènes principales permet de profiter de toutes les performances et ce, où que l’on choisisse de situer. Que l’on soit premier rang ou chill dans l’herbe, l’affaire est plaisante. Un point pour toi le changement !

Let’s get the party started

Non, ne nous emballons pas les Black Eyed Peas concluront cette journée du jeudi. D’ici là, la programmation est à l’image des Déferlantes. Comme toujours elle s’alterne pour mieux séduire un public familiale où jeunesse fêtarde rencontre ses aînés nostalgiques. Deux scènes, avec donc vue sur les montagnes – et quelle vue à couper le souffle ! – s’alternent donc toujours pour ne pas manquer une miette des festivités : ouf, toutes les habitudes n’ont pas à changer.

Un vent violent touche la région en cette journée, les températures sont élevées mais ce souffle a forcé les musiciens, comme le soulignera plus tard Juliette Armanet, à venir sans aucun décors « Nus devant vous ». Point d’artifices donc, le live devra être qualitatif.

C’est donc Cali qui ouvre ce début de soirée, avec un peu de retard – qu’importe, personne n’est pressé. Il n’est pas surprenant de retrouver le chanteur ici, le festival est son fief et sa fierté. Et il faut dire que le monsieur sait communiquer son plaisir à être de retour. Tornade déchaînée, il débute sa performance sur « Je crois qu’elle ne t’aime plus » qu’il étire en se jetant directement dans la foule. Très respectueux des professionnels, il invite d’entrée les photographes à le rejoindre sur scène pour shooter depuis les hauteurs. Rien ne semble pouvoir l’arrêter lorsque qu’il va se percher sur les épaules des spectateurs dans la foule, reprend U2 et fait chanter l’assistance. Le show à ce côté bon enfant des vacances, cet esprit bienveillant qui peuple les festivals. L’énergie donnée ici permettra, il est certain de tenir jusqu’au bout de la nuit.

Le festival aime à changer de registre à mesure qu’il change de scène, c’est sans doute pour ça et aussi en clin d’oeil à Sum 41 programmé plus tard que Dropkick Murphys débarque sur scène. Le punk celtique s’est de noir vêtu ce soir. Si le public est bienveillant à l’égard de nos amusant farfadets, il semble évident qu’il n’est pas son public cible. Du coup plutôt que de créer de traditionnels circle pits et autres pogos, il sautille et danse gentiment. L’ambiance est à la camaraderie, qui a dit qu’on ne pouvait pas boire de rosé dans un pub ? Le groupe profite de son set pour annoncer son prochain album pour septembre, l’information est accueillie avec joie. Mais il enchaîne aussi ses classiques, s’offre une reprise de « The Bonny » du compatriote celte et folk Gerry Cinamon -ce génie- et enchaine ses succès. Il ne faut pas attendre la fin du set pour danser sur une chanson pour « the ladies » comprendre « Rose Tatooed » et finit sur son classique « I’m shipping to Boston » histoire de rappeler sa ville d’origine.

Les trentenaires ont pu reprendre une bonne gorgée de leur jeunesse, il est temps de mettre d’accord nouvelle et ancienne génération avec Juliette Armanet et sa chanson française. Il y a du France Gale chez la jeune femme de paillettes vêtue. Toujours aussi bienveillante et souriante que lorsqu’elle jouait au Fnac Live une semaine auparavant, elle balance quelques roses dans l’assistance lorsqu’elle entre en scène. Décidée à se prouver sans artifices donc, elle débute par un piano voix sur « Boom Baby » et enjoint la foule à reprendre le dernier refrain avec elle même « en chantant faux ».

Loin de rester greffée derrière son instrument, la chanteuse s’en détache volontiers pour danser. Quelques petites notes de piano évoquent sans conteste « Si maman si » mais la musicienne y impose son style et surtout sa voix sucrée et rassurante. L’immense qualité de son répertoire tient en sa capacité à se faire classique instantané. Difficile de penser qu’elle n’a percé que quelques années auparavant. D’ailleurs quand très tôt elle propose d’interpréter « L’Indien » et demande si « Vous le connaissez celui-là ? » les réponses sont unanimes. Fête d’un autre temps au milieu des années 2020, l’instant se fait joliment dansant et le soleil lui descend doucement pour mieux parfaire la performance.

On envoie une grosse menace !

Les plus jeunes, c’est pour PNL qu’ils ont fait le chemin. Tête d’affiche attendue, les frangins au rap nouvelle génération et aux airs lancinants savent remercier la foule. Vêtus de blanc, probablement issu de leur propre marque, ils tiennent à maintenir une image publique qu’eux seuls peuvent maîtriser. Du coup, voilà nos deux acolytes qui s’approprient l’espace scénique en y tournant en rond, l’arpentant comme des félins en cage. Si le son peut légèrement pêcher, l’envie de mettre bien ceux qu’il nomment « La mif » est très présente. Régulièrement, le duo se coupe pour parler et rappeler en boucle « C’est incroyable, faites du bruit pour vous. » Cette tournure de phrase se multiplie à l’infini mais préviennent-ils « On va envoyer une grosse menace là! » Ils enchainent leurs succès face à un public maintenant compact au premier rang. Voilà donc l’instant tant désiré par la mif, celui d’ « Au DD ». Sauf que, chose rare, les frangins prennent le pari de laisser le public le chanter sans instru se contentant de ponctuer l’instant de quelques mots qu’ils prononcent et accentuent. Les paroles sont sues par coeur, tout le monde les porte. Du coup les hôtes du moment s’en amusent « Merci pour ça, on va quand même vous le faire pour de vrai ! » Et voilà que joignant le geste à la parole, ils reprennent le morceau de plus belle, cette fois-ci en entier. Un dernier titre, « Déconnecté » conclut le moment et laisse un public bouillant d’excitation.

Ce qui surprend aux Déferlantes c’est bien cette capacité à passer d’un registre à un autre sans sourciller. Voilà donc que Simple Minds prend la relais. Eux galvanisent un public plus âgé et donc plus à même de venir danser et chanter. Lorsque le chanteur débarque au milieu de ses musiciens et d’un décors coloré mais minimaliste, l’expérience transparait de son jeu de scène. Il tente de faire de la scène son puit de jouvence. Saute et danse, sourire aux lèvres. Le talent des musiciens coule de source, les titres s’enchaînent dans un esprit bon enfant où le spectacle est mot d’ordre. Evidement les pas si simples gros singles du groupe dont « Don’t You (forget about Me) » sont interprétés.

Pendant ce temps-là, prêt du château, une petite scène offre des performances à couper le souffle dont celle des immenses Meute et leu orchestre flamboyant, multiple, coloré et hors du temps. Ceux qui veulent prendre une petite pause côté têtes d’affiches y trouvent leur meilleurs instants, festif et hautement calibré.

Il n’y a pourtant pas de temps à perdre, la soirée touche bientôt à sa fin mais deux immenses performances viennent s’ajouter au tableau.

Ladies and gentlemen, the show is going crazy !

Sum 41 deferlantes 2022
Sum 41 deferlantes 2022 ©Maud Ferrari

Il était un film qui s’appellait « La cinquième vague » et qui retrace des attaques aliens par donc couches successives. La comparaison avec le show de Sum 41 s’y fait en un point : c’est bien par vagues de surprises qu’il est possible de découvrir que le rock alternatif dans sa grande famille fait son retour en force. Le concert à Bercy de my Chemical Romance et son public de lycéens, l’accueil réservé à Fall Out Boy au U Arena et sur les réseaux sociaux et maintenant, t-shirts et doigts en forme de corne de diable pour la bande de Derryck Wimbley aux Deferlantes, pas besoin d’être un brillant détective pour tirer des conclusions : ils sont de retour. La chose fait quand  même chaud aux coeur aux adultes bien établis qui ont grandi avec ce rock si particulier.

Sum 41 deferlantes 2022
Sum 41 deferlantes 2022©Maud Ferrari

C’est sur « Motivation » que la troupe débarque sur scène.  Un classique qui prend immédiatement aux tripes et aux pogos. Avec la maturité, Sum 41 a gagné en capacité. C’est d’ailleurs eux qui signeront le show de la soirée. Par parce que leur répertoire est meilleur ou non que celui des autres mais parce qu’ils savent canaliser une audience et la déchaîner en usant de ficelles bien rodées et d’une énergie communicative. Après de nombreuses péripéties, le leader du groupe a repris du poil de la bête et est devenu une tornade impossible à arrêter qui ne se prive pas d’avoir gagner en capacités vocales. Le voilà donc qui invite les « Ladies and gentlemen » à se déchaîner parce que : «  On y est enfin, on a attendu toute la soirée de vous retrouver motherfuckers ! ». Après un début très pop punk, le groupe avait pris un tournant plus « hard rock » qui s’exprime dans l’interprétation des titres. On passe d’ « Over my Head » à « In too deep » et même « Pieces » sans perdre le nord. Le leader aidé de ses fidèles acolytes s’amuse sur « les premiers et seuls morceaux qu’il sait jouer à la guitare hors Sum 41 » riant à gorge déployée pour mieux interpréter quelques notes de « Seven Nation Army » dont le tadada sera repris en choeur par la foule. La question « qui a déjà vu Sum 41 en concert ? » voit de nombreuses mains s’élever. C’est sur le classique « Fat Lip » que s’achève une performance énergique qui aura aussi vu le public s’accroupir pour mieux sauter dans les airs. On ne change pas une recette qui a fait ses preuves et fonctionne toujours aussi bien.

Le retard cumulé fait démarrer les Black Eyed Peas vers 1 heure du matin. Qu’importe puisque la performance est des plus attendues. La leçon dite Sum 41 est vraie pour tout. Les années 2000, elles reviennent. Aucun gros succès ne sera épargné par la troupe de Will I Am qui occupe parfaitement l’avant-scène. A commence par « Let’s get it started ».  Le show du groupe est d’ailleurs une revue dansante quasi clubbing de l’immense répertoire de la troupe. L’absence de Fergie se fait sentir mais elle est compensée par des musiciens déchaînés et portés par une foule qui connait chaque single au mot prêt. « Pump it », « I Goota Feeling », tous y passent alors que la scène se partage entre proximité et sauts survoltés.

Il faut pourtant se dire au revoir et rentrer rapidement dans la nuit noir peuplée de bourrasques de vent. Demain, la fête continue et promet un été inoubliable.


Les Francos de Montréal ont un seul mot d’ordre : prouver la pluralité et la richesse de la scène francophone de par le Monde. Pour ça, Laurent Saulnier, programmateur de l’évènement pour sa dernière édition en 2022, qui se tient chaque année au mois de juin varie les plaisir et offre une belle visibilité à ceux qui chantent en français quelque soit leur registre. Si côté France, on connait déjà de nombreux noms présents sur le festival de PLK à Eddy De Pretto en passant par Fishbach ou Clara Luciani, le Canada francophone avec à sa tête le Québec mais pas uniquement cache aussi son lot de pépites. De retour des Francos, on vous rapporte jet lag en tête une autre façon de chanter en français.

Allô Fantôme

Le projet solo de Samuel Gendron (Efy Hecks, Blood Skin Atopic, Mort Rose) a de quoi surprendre. Le chanteur a choisi de collaborer avec 8 musiciens pour développer son style. Saxophone et clavier la dispute aux traditionnelles guitares pour un rendu aux couleurs 70’s qui enchante. Le premier EP éponyme de la formation a été publié en 2022. Au programme 4 titres évocateurs portés par une esthétique soignée et barrée. Avec une énergie rétro le combo invite à un grand bal populaire hippie. Bienveillance et bien-être se dégagent de notes solaires travaillées. Le titre « Sur la pointe des pieds » swingue d’ailleurs tout particulièrement et met en valeur un clavier entêtant. Le théâtre est aussi au cœur d’une formation qui aime se donner en spectacle et cultiver l’art scénique. Une machine à remonter le temps, en accord pourtant avec son époque, à écouter d’urgence.

Les Louanges

En janvier 2022, les Louanges revenaient avec un nouvel opus « Crash ».  Le groupe de musique de Vincent Roberge était des plus attendus. La preuve alors qu’ils font la surprise de débarquer en concert aux Francos de Montréal pour la deuxième journée du festival. Il faut dire que le combo se prête parfaitement à son cadre. Les Louanges convoquent l’été mais osent lui apporter des inspirations jazzy … comme toujours dans la langue de Molière.  Comme Montréal sait créer ses tendance, la formation s’essaie aux mélanges. En sort un cocktail savoureux, des intonations chansons, un chant aspiré façon « La Canopée » de Polo & Pan, des refrains accrocheurs, des riffs empruntés au low-fi et aux rythmiques plus dansantes. Le résultat varie d’un titre à l’autre s’ose et se tord.  A écouter avec des glaçons pour s’enivrer en musique.

Le Couleur

Qu’on se le dise, Le Couleur refuse d’être cataloguer dans un seul genre. D’ailleurs le nom du groupe donne un sérieux indice sur le sujet. On met un adjectif masculin pour mieux personnifier un mot féminin. L’alliance prend, les albums sont dans la même veine. Dernier en date « Concorde ». Obsédée par la mort et par l’oiseau de fer aussi indestructible que le Titanic dont le sort funeste fut sceller pour un bien petit incident, Laurence Giroux-Do a décidé de composer une album entier autour de la perte. Mais pour quelle la couleur de cet opus devrait-elle être le noir deuil ? Pour aucune raison répond la bande. Topo ce nouvel opus s’emplit de saveurs sucrées, ode à la vie qui a été et aux fascinations. Étincelle de lumière dans l’obscurité, Le Couleur joue autant sur l’élégance et les changements de styles que La Femme a pu le faire avant eux.

Ponteix

Bien que non programmé cette année, c’est bien aux Francos de Montréal que nous avons pu découvrir Ponteix et même, le croiser cette année. Le projet de Mario Lapage a déjà joué dans nos vertes contrées. Attachée à notre pays, le musicien s’offrait récemment une reprise du culte « La Bohème » de l’immense Aznavour. Avec un rythme adoucit dans la bouche du brun au cheveux au vent, le morceau retrouve sa nostalgie du temps qui passe, son ode à l’art et se paye une nuance de modernité qui n’entache en rien son origine. Pour autant, la chanson française n’est pas  la carte maîtresse de Ponteix. En effet, le musicien qui chante aussi en anglais offre une pop organique qui emprunte à la funk et à un psycho-rock élégant. En 2019, le musicien publiait son premier album « Bastion » qui mettait en lumière les communautés isolées de l’Ouest du Canada. 2021 lui permet d’explorer de nouvelles textures s’aventurant vers le r’n’b, la pop et même une touche électro. Le touche à tout n’aura pas de cesse de repousser l’horizon et mérite de faire un détour à ses côté dans des aventures qui repoussent les frontières.

Laurence-Anne

C’est en première partie de La Femme que les spectateurs des Francos ont pu découvrir la douce Laurence-Anne. La chanteuse profite d’une pop aérienne légère. En français dans le texte, elle transporte dans un univers qui touche à la dream pop et y ajoute qui guitare qui sonne franchement. Avec trois albums à son actif, la tornade aux cheveux bleus se suffit à elle même pour créer un univers envoûtant et léger. Sa voix est son outil majeur mais chaque note de guitare y sonne et résonne. Le titre « Indigo » l’une de ses plus belles réussites, porte ses mélodies à fleur de peau et confinent dans un nuage emprunt de douceur. La musicienne s’offre un tour du Canada cet été et promet donc une « Tempête » de retombées. Laissez vous happer par ses vents puissants, le moment promet d’être beau et puissant.


 

 

My Chemical Romance accor arena parisQui l’eut cru ? Alors que les courants pop punk et autres emos semblaient avoir perdu de leur superbe, se contentant de faire plaisir à des trentenaires nostalgiques du bon temps de Jackass et Daria, les voilà qui reviennent sur le devant de la scène. Et pas si discrètement d’ailleurs, Blink-182 est de retour dans les petits bacs du Citadium de Paris, The Offspring n’est plus un gros mot et l’emo personnifié par My Chemical Romance s’offre un bain de foule immense à l’Accor Arena de Paris en ce 1er juin 2022. Une surprise pour ceux qui auraient perdu le fil il y a quelques années. La nouvelle popularité de son chanteur, Gérard Way, créateur des bande-dessinés « Umbrella Acamedy » aurait-elle aidée ? Pas uniquement à en juger par un public beaucoup trop jeune pour avoir connu les débuts du groupe mais néanmoins hautement investi. Ce moment de nostalgie était-il à la hauteur de l’immense salle parisienne ?

Bercy, ton univers impitoyable

Depuis, que l’Accor Arena a changé de propriétaire, la salle a fait peau neuve. Les couloirs y sont impeccables, le staff joue la carte du standing, l’offre alimentaire est plurielle. Pas l’offre du bar pourtant, puisqu’il sera impossible d’y trouver une goutte de vin. Tant pis, le coca, c’est bien aussi. Et puis ça va avec la restauration, des burgers et des pop corns comme au cinéma. Dans ces murs, la notion de concert est bien plus proche  du spectacle que de celle qui touche à l’amour de la musique.  Il faut dire que lieu est rodé à l’américaine et l’entertainement. Et en Amérique, ils sont plus connus pour la bière que le vin n’est-ce pas ?  – mais on peut parfaitement passer une soirée sans vin il va s’en dire, personne n’en avait envie de toute façon. – Il faut ensuite pousser les immenses portes pour prendre place dans des gradins fortement remplis. Pour ceux qui sont en fosse, ce sera une autre histoire. Plus besoin de faire la queue des heures pour s’assurer d’avoir les premiers rangs. Il suffit de payer plus chère, une fosse or. Le charme des dix heures d’attente et du pipi derrière une voiture, c’est fini ! Et la fosse, ce soir, c’est The place to be. Elle est d’ailleurs pleine à craquer pour accueillir My Chemical Romance.

Welcome to the (throw)back parade

L’assistance est plurielle mais elle est dominée par une majorité d’adolescents et de très jeunes adultes. Comme les années 90 avant elles, les années 2000 sont aussi de retour. Elles arrivent, on vous dit, telle une Cassandre des temps modernes. Voilà donc que des mitaines rayées noires et blanches, des baggies et autre larmes dessinées sur les visages à l’eye-liner peuplent la salle. Que d’aventures. Côté scène, le groupe est venu équipé d’un décors qui change de ses premières dates parisiennes lors d’un certain Trabendo, lui aussi au mois de juin mais … 2005. Où est passé le temps ? Un verre de vin pour oublier serait le bienvenu, mais ce ne sera pas pour ce soir.

Le décors donc, est conçu autour d’une forme de ville suite à un apocalypse, avec reliefs, bouts d’immeubles et même quelques détritus en avant scène. Clin d’oeil à l’apocalypse de l’excellent « Umbrella Academy » ? – mais non c’est pour reprendre l’esthétique de « Dangers Days : the True Life of the fabulous kilijoys » dernier album paru en 2010 avant le split et les retrouvailles. Pour le reste, la sobriété est de rigueur. Point de gros effets, la formation mise sur son énergie et ses gros tubes pour séduire. Gérard Way est en grande forme. Adieu les problèmes d’addictions dont il a pu parler à la presse, comme le leader de Sum 41 avant, c’est une nouvelle jeunesse qui l’attend. La foule est en transe, compacte en fosse or, mais aussi en fosse prolétaire. Un rainbow flag est agité et une pancarte, remerciant le groupe d’avoir sauvé la vie de celui qui la tient est brandie. On ne pourra pas enlever à l’ère emo d’avoir su parler à une jeunesse d’intégration, de bienveillance et de santé mentale. Une excellente chose qui fait toujours échos aujourd’hui. Côté gradins, tout le monde est debout dès les premières notes. Le groupe commence fort avec « The Fondation of Decay ».

Teenagers et ceux à qui ça manque

Son rock ne fait pas dans la dentelle, grosses machines, batterie qui tabasse, rythmiques qui cognent et la voix bien connue qui n’a pas changé d’un poil de son leader. Le groupe occupe l’avant-scène, et Way se donne pleinement, bougeant d’un bout à l’autre de la salle. Certes, côté ingé son, les premiers temps sont brouillons, hachés mais le plaisir est là.  Les gros stitres se succèdent issus de la toute la discographie du groupe. « Give’em Hell, kid », « House of Wolves » et surtout l’un de leurs plus gros succès « Na Na Na (Na Na Na Na Na Na Na Na Na) » – heureusement qu’il n’y avait pas de vin, il aurait été difficile de bien compter tous les Na de ce titre. La température monte, et le chanteur est unanime « On vit toujours de beaux moment à Paris mais celui-ci les écrase tous ». Sympa pour ce souvenir d’été en 2005 dans la fosse pas coupée en deux Gérard !  Parce que tout le monde est prêt à chanter fort, le groupe lance « The Black Parade » l’hymne d’une époque.  Qui eut cru que My Chemical Romance rassemblerait les générations ? Alors certes, ce genre de shows joue sur des grosses ficelles qui sont tirées par tous les groupes d’une même époque, des façons de se tenir sur scène, d’aborder l’énergie, mais il est aisé de se laisser prendre au jeu. Le musicien communique volontiers avec la foule « Merci pour tout ce que vous avez fait » et annonce reprendre aussi son premier opus. « Teenagers » suit.  La salle allume les lumières de ses portables et  ne se brûle plus les doigts avec un briquet sur chaque moment émotion. Douce nostalgie de la petite odeur de ton doigt qui sent le poulet rôti. Les portables, ça sert aussi à filmer le concert ou à se filmer en concert.

Il est bientôt 22 heures…

Chacun est un peu acteur de son moment, jouant l’émotion sur les réseaux sociaux, des visages de proches absents ce soir là peuplent les smart phones et ces petits moments de communion semblent bien à propos.  Le leader raconte avoir beaucoup de morceaux sur les vampires -rappelons-nous s’il vous plait que nous parlons d’un  groupe qui a débuté dans une époque pré-Twilight, un peu d’indulgence-  et de lancer « Vampire Money ». Ce qui caractérise  le show c’est son audience réactive. Tout le monde joue le jeu. Perdu dans l’énergie, Ray Toro, s’offre un petit solo en avant-scène. « Helena », l’un des titres les plus connus résonne alors que le son est bien meilleur en cette fin de set et semble moins être passé au hachoir. Il n’est pas encore 22 heures et le concert touche presque à la fin, après tout il y a encore école le lendemain. « Cancer » est joué avant un mini rappelle pour mieux écouter le très attendu « I’m not okay ( I promise) » sur lequel tout le monde chante franchement. C’est sur « The kids from yesterday » dont le titre résonne franchement dans les coeurs d’une partie de l’audience confrontée à son passé que se conclut la performance. 2004, c’était hier non ?