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Julia Escudero

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orla gartland
crédit Em Marcovecchio

Le mercredi 6 avril 2022, la chanteuse, productrice et guitariste irlandaise Orla Gartland a illuminé Les Étoiles lors de la première date de sa tournée pour promouvoir son premier album Woman on the Internet. Tout en humour et en légèreté, elle a entrainé un public déjà conquis dans une valse folle pendant près d’1h15. 

Pour la première date de sa tournée pour promouvoir son premier album, Orla Gartland est passée par les Étoiles, petite salle de concert sympa située dans le 10ème arrondissement de Paris.

Orla Gartland, c’est avant tout une fougue, un humour, une sensibilité. Sa musique se fonde sur le prosaïsme de la vie, les émotions que l’on traverse tous que l’on ne nomme pas forcément. La peur du rejet dans Left Behind, la peur du passage à l’âge adulte dans You’re Not Special, Babe, l’anxiété et l’overthinking dans Why Am I Like This? Et a même dédié une chanson à sa psy avec Madison. 

Orla Gartland n’a pas de tabou, ne se prétend pas parfaite, se considère même comme un work in progress. Elle apporte des mots aux émotions de tous les jours avec des morceaux tantôt indie pop, tantôt rock. Et mercredi soir, elle a fait salle comble, ce qui n’avait pas été le cas lors de son premier passage aux Étoiles en novembre 2019.

Public captif pour une étoile qui brille

Orla Gartland
crédit Em Marcovecchio

À 20h06, la première partie arrive sur scène. Anna Majidson, accompagnée de son ordinateur, et de temps à autre, d’une bassiste, offre une musique aux tonalités électro-pop française et R’n’B américaine. Le public est hyper en forme et hurle en soutien.  « Vous êtes très chaud, ce soir! » lance-t-elle. Certes.

À 21h, alors qu’Edge of Seventeen de Stevie Nicks retentit dans la salle, la lumière s’éteint brutalement, le silence se fait à peine quelques secondes… et Orla monte sur scène, accompagnée de la batteuse Sara Leigh Shaw (ou Sara Stix) qui a joué notamment avec Garbage, Charli XCX ou Hans Zimmer et du bassiste Pete Daynes, également bassiste pour Dodie Clark. Le public les accueille dans une euphorie totale.

Les premières notes de Pretending, une chanson sur le sentiment de se sentir en décalage dans un groupe, résonnent et le public devient intenable, chantant à tue-tête les paroles avec elle. Il ne cessera de chanter jusqu’à la fin du concert. Chose qui aurait pu entraver la voix d’Orla si les balances des sons n’avaient pas été aussi bien gérées…!

L’ambiance dans la salle est folle, « unificatrice » dans un sens. Chacun trouve chanson à son mal, à sa joie, dans une atmosphère festive et électrique. Tout le monde chante, hurle, saute, danse ou pour les plus timides secouent la tête avec modération. Car à seulement 26 ans, Orla Gartland a réussi l’exploit d’attirer et de séduire un public extrêmement enthousiaste et hétérogène, avec des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes, entre les deux, aucun des deux.

À la fin de oh GOD, chanson sur sa bisexualité et cette catholic guilt qui la ronge, elle déclare, hilare : « I really enjoy getting angry with you, Paris! » avant de s’énerver de plus belle et d’entamer la chanson aux tonalités un peu plus rock Codependency. 

Confidences et medley

orla gartland
crédit Em Marcovecchio

La voix d’Orla est claire, souple, sans aspérité et pure. Elle peut tout à la fois pousser des gueulantes comme sur Figure It Out, que s’apaiser, s’adoucir sur des chansons plus calmes comme Why Am I Like This? Car ses paroles d’introspection sont présentées sous un jour, musicalement parlant, festif, fier et dans la bonne humeur pour la plupart.

Et petite surprise du set… au beau milieu de la dernière chanson avant le rappel, Flatline, elle nous invite à chanter avec elle, on avait pas attendu sa permission pour le faire, et elle entame une chanson qui… hmm… semble familière… Mais oui! Running Up That Hill de Kate Bush! Le public a à peine le temps de se remettre de sa surprise qu’elle est déjà passée à Hit Me With Your Best Shot de Pat Benatar ! Ah ! S’ensuit You Can Go Your Own Way de Fleetwood Mac et pour finir I Wanna Dance With Somebody de Whitney Houston… avant de reprendre Flatline. Petit medley des familles qui met tout le monde d’accord et comble un public qui l’était déjà.

Le rappel vivra, la musique indépendante vaincra

Le trio quitte la scène sous les clameurs du public. Mais pas d’inquiétude car ils reviennent bien vite avec un final explosif!

Lors de la première chanson du rappel, Left Behind, Orla est seule sur scène au piano et remercie le public d’être venu et d’avoir rempli la salle pour cette tournée qui a failli ne jamais avoir lieu. Notamment à cause du Brexit, et parce qu’Orla est une musicienne indépendante – qui produit ses titres sous son propre label New Friends. 

Bref, nous on est bien contents qu’elle ait eu lieu cette tournée parce que la dernière chanson Zombie! Est probablement, de toute sa discographie, sa chanson la plus vive, la plus speed et qui invite pour une dernière fois mémorable, le public à bouger dans tous les sens et à laisser tous ses maux ressortir. La prouesse de ce concert aura été d’exorciser nos émotions négatives, passagères à travers l’un des médiums les plus fédérateurs qui soit, la musique. Le public en ressortira comblé et des étoiles plein les yeux et, plus particulièrement plein le cœur.

 

Ecrit par Pénélope Bonneau Rouis


Shame avait finalement choisi le 1er avril pour se produire à Paris.  La semaine précédente, la capitale française était baignée de soleil. Ce jour là, il neigeait à gros flocons. De quoi faire de la ville, un lieu maussade abandonnée de toute lumière et donc chercher un peu de chaleur dans un grand bain de punk déchaîné et de public en sueur. En outre, la pertinence sur album des londoniens laissait percevoir de grands espoirs quant à la qualité de la soirée en préparation. De quoi rendre aux flacons une beauté fragile pour autant ?

Retourner au Bataclan

C’est au Bataclan que la formation est ainsi programmer. Les terribles attaques qui ont touché la salle se sont produits en 2015, et en un claquement de doigts, voici que le calendrier laisse supposer que nous sommes en 2022. L’eau à coulé sous les ponts, la mémoire pourtant, enfermée dans ce lieu reste toujours aussi vive. S’il est primordial que le lieu perdure, existe et même soit rempli, il n’en est pas moins toujours douloureux de s’y rendre.  Il est impératif de ne jamais oublié qu’un soir ici, certains, qui eux aussi assistaient à un concert ont perdu la vie. S’y rendre remet donc à chaque fois en tête une nuit traumatisante et ses souffrances. Pour autant ce devoir de mémoire à fleur de peau ne doit pas entamer le ressenti d’un live et sa qualité scénique. Plonger directement dans l’univers de l’artiste est d’ailleurs le besoin central en cette soirée.

Shame mouille le maillot

Le groupe peut se vanter d’avoir su réunir une belle bande d’afficionados pour son concert. La salle n’est certes pas pleine mais elle déborde de cette passion pour un nouveau rock qui transperce les générations . Derrière, près du bar, un cinquantenaire  hoche la tête et porte un t-shirt aux couleurs de l’Etrange Festival, festival cinéma qui fait la part belle au genre, au antipodes, dans la fosse une vingtenaire au look soigné se dandine, tous chantent en choeur. L’envie est là, elle est palpable.  C’est d’ailleurs à ces « Beautiful People » que le chanteur, Charlie Steen,  s’adresse leur demandant presque s’il peut interpréter ses nouveaux titres. Avec plaisir semble approuver l’assistance.  Si « Concrete » issu du premier jet signe le temps le plus fort de cette performance en demie-teinte, c’est maintenant au tour de 4 titres tout neufs de faire leur entrée. Quelque chose manque pourtant dans cette performance. Le son est le premier que l’on peut blâmer alors que la sauce peine à prendre. Trop étouffé, trop en retrait, il ne fait pas honneur à l’énergie garage du groupe à sa crasse structurée et hypnotisante. Derrière les enceintes, Shame semble presque gêné de balancer la grosse machine qui sait pourtant faire son succès. C’est peut-être pour ça que le public lui aussi, en retrait, attend le coup d’envoi pour lâcher prise. Même les premiers rangs restent timides. Une jeune fille tente un slam qui s’il a le mérite d’exister se produit à une certaine lenteur comme si elle surfait sur une vague timide. Charlie Steen lui, vit ses titres. Il les mime en de grands gestes du bout des doigts, se concentre. Il lui faut du temps, pour entrer lui même dans sa performance. Les musiciens eux se déchaînent plus volontiers, les guitaristes Sean Coyle-Smith et Eddie Green en tête de liste avec quelques pas de course d’un bout à l’autre de la scène. Le tout ne suffit pourtant pas à entrer pleinement dans cette performance.

Les nouveaux titres au coeur d’une set-list tiède

Au diable le jeu de scène, ce qui compte c’est bien encore de faire sonner les instruments. Et puis enfin au cinquième titre, les lumières s’emballent, les corps de nos hôtes aussi, au moins un peu. Un temps. Une grosse pincée de sel ne sait pimenter la soirée. Le chanteur lui, monte d’unn cran, exit les températures hivernales. Il y laisse son haut. Au centre de la foule, le thermomètre semble afficher un 15 degrés confortable. Pas de quoi mourir de froid, mais certainement pas non plus de quoi se réchauffer pleinement. « Concrete » issu du premier album marque le temps fort du concert. Beaucoup de nouveaux titres sont interprétés de « This slide of the sun » à « Wicked Beers » en passant pas « Everything in this room ». Le manque d’appropriation du public de leur version studio est peut-être à blâmer pour cet entrain mou. A mi-set, le premier album fait une apparition sur « Tasteless ». Le moment sera de courte durée, il faudra attendre « Dust on Trial », ouverture de ce même opus pour se replonger dans le jus si savoureux des débuts du quintet. « Drunk Tank Pink » est lui aussi relativement peu interprété. De cet opus ressort « Alphabet », « 6/1 » mais surtout en fin de course le très pertinent « Snow day » puisque, faut-il le rappeler, dehors, il neige, un 1er avril, à Paris. Ce dernier, plus énergique et franchement percutent marque la quasi finalité de la performance. C’est sur un autre titre de ce deuxième jet, d’ailleurs que ce termine ce concert « Station Wagon ». Comme à chaque fin de concert, la chaleur est à son maximum, la foule est plus compacte, plus habitée par le jeu de nos anglais. Pas de quoi pourtant échapper pleinement au dehors morose qu’il faut maintenant rejoindre. C’est avec une question en tête que les spectateur retournent à un Paris, bouillonnant et glissant « doit-on avoir honte d’être meilleur en studio? ».


Cats on Trees - Trianon - 2022
Cats on Trees au Trianon – Crédit photo : Louis Comar

En ville, le monde, parfois, tourne bien trop vite. Les gens passent, les modes avec, les actualités s’enchaînent et il devient alors impossible de se rappeler de respirer. Il faut faire un effort de concentration alors, pour (re)vivre. Avec la fin de nombre de restrictions liées au Covid 19, vivre à nouveau est pourtant devenu une priorité. Un seul objectif : rattraper les mois, attraper les moments, les vivre à saturer, à s’oublier. Alors, il faudra compter sur l’art pour appuyer sur le bouton pause et enfin se délecter de l’instant présent, sans en perdre une seule seconde. Inspirer, expirer et écouter. Vivre oui, mais dans le creux même d’un moment hors temps. Si rien ne laissait supposer que le concert de Cats on Trees signerait cette parenthèse si particulière, il était pourtant de ceux dont on se délecte, en cherchant à le garder le plus longtemps possible au creux de son coeur.

Triton et Trianon

C’est au Trianon de Paris que la magie opère. Un brin de printemps promet de s’installer en extérieur. Dans la salle, cette touche de chaleur se dégage du public. C’est pour défendre son nouveau jet « Alie » paru fin janvier 2022 que le groupe de Nina Goern et Yohan Hennequin a fait le déplacement ce 17 mars. Rien ne laisse dans un premier temps présager de la beauté de l’instant que le public va être invité à vivre. La salle  n’est pas complète mais nous sommes suffisamment à respirer en ses lieux pour la faire battre comme un coeur partagé. Le premier titre ne tire pas son épingle du jeu, trop chanson peut-être pour hypnotiser. Mais les débuts peuvent mentir. Comme en amour, il s’agit d’abord d’apprendre à se connaître, à s’appréhender pour tomber sous le charme. Et comme en amour, c’est à nos âmes que souhaite parler la formation. Pour s’en faire le plus beau reflet, le combo a installé deux immenses surfaces, sortes de miroirs opaques aux reliures dorées. Devant eux, le duo vedette, derrière, des musiciens ballerines, qui ensorcellent. Deux titres et puis, le silence fut. L’instant devient un coup de coeur qui fait rêver, la pop se fait onirique et délicate. On inspire. La salle se fait écrin. Comme par magie, des méduses blanches s’invitent à l’instant, elles virevoltent dans les airs de haut en bas. Les esprits s’apaisent, le temps peut s’arrêter. Maîtresse de cérémonie, Nina Goern aime à communiquer avec son public. Voix apaisante, elle devient un repère, phare dans une nuit opaque et divine. Elle dépeint ses morceaux, qu’elle porte avec douceur au piano. Très vite « Jimmy » est jouée, single emblématique, bouffée d’air printanière en intérieur, les notes s’enchaînent et les paroles sont scandées par une foule maintenant conquise. Un faux départ s’invite avec légèreté à ce moment suspendu. « Non ce sera celui d’après » s’amuse la chanteuse. Celui-là même sera « Sirens call », l’un des morceaux majeurs de Cats on Trees. Un titre à l’image du concert tant il appelle à se laisser porter dans les vagues. Et qu’importe finalement si l’on doit s’échouer sur les rochers, perdre quelques gramme de raisons. Le monde dehors après tout va si vite, n’est-il pas plus fou que le bateau tanguant du sol du Trianon et ses yeux tous rivés sur la scène ? Les capitaines de la soirée ne laisseront personne se noyer, pris pourtant dans un tourbillon bienveillant. La pop est belle, en live, elle a la pureté des écumes.

Danser et s’écouter

Les compères ont prévu une surprise et invitent Erza Muqoli, participante de La France a un incroyable talent, à se joindre au voyage le temps d’un titre.  Les voix cristallines se font échos l’une de l’autre. Il est fréquent en concerts, quand on en fait souvent, de regarder sa montre, attendant la fin du live pour se laisser à nouveau subjuguer par le monde.  Cette fois-ci le temps passe bien trop vite. Le chant des sirène, c’est certain, qui fait perdre pieds. Pourrait-on rester ici et laisser le reste de l’univers se presser ? Après tout, ici, tous flottent.  On expire. « Keep on Dancing » est joué par les toulousains.  Sa pop a une saveur aussi festive que mélancolique. On danse sur la pointe des pieds. En haut, au balcon, une bande de copines s’est levée devant ses sièges. Cinquantenaires aux visages découverts, elles ont le même sourire qu’à 20 ans, le même empressement à partager, leur joie discrète ondule et se répercute aux quatre coins de la salle. Comme dans toute vague, il arrive de s’envoler lorsqu’elle est haute. Pour autant, son creux se vit avec le même plaisir, un apaisement entre deux respirations iodées. Ici, la musique se fait quasiment a cappella. Dans la salle, le silence se fait, aussi fragile que la flamme d’une bougie. Il n’est de moment de beauté qui ne saurait durer éternellement. L’éternité, argueraient certains, serait synonyme d’enfer. Et l’escapade maritime au coeur de Paris, ses rues pavées, ses immeubles et ses vestiges historiques, doit ici prendre fin. Il faut retrouver la nuit agitée, éclairée de mille lumières et percée par les rires des piétons. Non sans se sentir, au moins un temps, soulagés, d’avoir pensé à respirer.


No_Money_Kids-Trianon-2022
No Money Kids – Crédit photo : Louis Comar

Le jeudi 3 mars 2022, le Trianon faisait la part belle à l’électro-blues français en accueillant en son enceinte le duo No Money Kids. Pour se faire la célèbre salle s’était parée de ses plus atouts offrant en plus la possibilité au staff comme aux spectateurs d’assister au spectacle démasqués et en plus sans jauge. Un plaisir, il va s’en dire, presque en forme de renaissance pour les férus de salles de spectacles qui avaient bien envie de partager des sourires entre deux gorgées de bière. Ce début d’année 2022 s’offrait en outre un retour à la vie hors pandémie en accélérée. Un peu à la façon dont le temps peut reprendre à toute allure lorsqu’il avait été arrêté dans « Big Fish » de Tim Burton, les concerts pleuvaient pour rattraper un retard conséquent et combler un véritable manque côté public. En ce sens, chaque live devait, il va de soit, avoir un goût de retrouvailles et le bon sens de refaire des concerts debout un moment où arts, joie et partage cohabitent. Et ça, ce soir là, No Money Kids l’avait bien compris.

Camp Claude : danser autour du feu de camp

A peine entrée sur scène et voilà que Camp Claude envoie directement ses riffs bien senties. « Merci d’être venus si tôt » balance-t-elle le sourire aux lèvres. La scène lui a manqué, à n’en pas douter, d’ailleurs elle n’oublie pas de le souligner, ajoutant au passage ne pas avoir joué depuis que le Covid a frappé le monde. Côté jeu de scène, la musicienne s’en donne à cœur joie entraînant un Trianon qui se rempli doucement mais sûrement dans un moment dansant et jovial. Il ne faut d’ailleurs pas attendre longtemps pour qu’elle distille les notes de son excellent single « Now that you’re gone » condensé pop  de bonne humeur en anglais dans le texte. Avec son esprit rebelle, elle dévoile des notes sous forme de bulles endiablées et allie la faculté à parler au grand public à une âme plus indie et sa précision créatrice. La salle se chauffe, les maîtres de la soirée ont pris un quart d’heure de retard, pourtant le temps est bon et ce début de soirée. Cette mise en bouche permet de profiter pleinement de l’une des dernières soirées d’hiver.

No Money Kids : le bayou en famille

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No Money Kids – Crédit photo : Louis Comar

La salle s’est remplie. Certes, le Trianon n’est pas complet mais le public qui s’est déplacé s’investit pleinement dans ce concert très attendu.  Au milieu de la foule, de jeunes enfants courent et s’amusent. Un videur en intercepte un, lui demande de se calmer, le bambin semble amusé. Les adultes eux, sirotent un verre, discutent tranquillement. Les petits pas des plus jeunes spectateurs font trembler le sol de la célèbre salle parisienne à l’aspect théâtral. Ce petit jeu pourrait prêter à sourire là où traditionnellement, le lieu tremble plus que la cale d’un bateau lorsque les pogos font rage. No Money Kids est venu équipé : un décors habillé de néons et palmiers habille la scène. Le tout donne une couleur estivale à l’évènement. Cette grande fête familiale, bonne enfant et sophistiquée promet le meilleur. C’est d’ailleurs un set mainstream que propose la fine équipe. Les morceaux défilent avec une certaine aisance, se suivent mais ne se ressemblent pas. Le lieu et l’atmosphère varient : le blues prend parfois le dessus, alors la Louisiane prend possession du Trianon, les marécages affichent une couleur opaque et l’intensité prend du terrain. D’autres fois, c’est l’électro qui domine les gammes. Souvent les mélodies des compères oscillent à la frontière du rock. On pense à U2 et leurs singles connus. La bande s’offre quelques solos de guitares en avant scène pour s’assortir aux rythmiques des machines. C’est une évidence, No Money Kids ne révolutionne pas le genre et compose dans des registres accessibles à tous. Ce set contemplatif se construit petit à petit. Pourtant la sauce prend bien. Relativement statique, le chanteur distille son énergie à travers ses notes et communique volontiers avec l’assistance. Il ne manque d’ailleurs pas d’expliquer ses titres, raconter leurs histoires, et s’ouvre en interprétant un morceau exutoire suite à une rupture. A mesure que les notes défilent, les paysages également, No Money Kids a à n’en pas douter une belle capacité à défendre son dernier opus « Factory » paru le même jour. Comme lors d’une chaude soirée d’été, la fête se poursuit et le moment prend le temps d’exister. Il continuera d’ailleurs jusqu’au rappel d’un public en demande de rester encore un peu à onduler au gré des vagues du parquet. Être garage et rauque peut mener à des compositions digne de bandes originales. Ce road trip sans bouger de Paris aura réussi à le prouver.On ne se lassera pas de le dire, qu’il est bon se retrouver.