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Julia Escudero

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Il était temps ! Voilà des années que le cinéma d’horreur se mord la queue. On en a mangé du fan service, de la suite, du remake, de la redite. Au programme du film tiède, des effets tièdes, de l’envie de faire des films de petit génie qui passe son temps à raconter qu’il connait ses classiques. Seulement voilà, citer Micheal Meyers pour se la jouer fin connaisseur ne suffit plus. Et puis, on en a eu des litres de films à tiroirs, plus que d’hémoglobine. Certes, il y a beaucoup d’amour à avoir pour le cinéma d’Ari Aster mais il venait à manquer au répertoire actuel, une pellicule qui ose tout sans rien vouloir dire, par amour du genre uniquement. Un esprit slasher 70, 80 qui se fout de tout si ce n’est de mettre son spectateur en PLS sans jamais se prendre au sérieux. Et voilà que débarque « Terrifier 2 » de Damien Leone. Un bordel, blindé d’énormes défauts qui font tout le charme d’un film au goût douteux peu propice à faire débat tant il est libre. Le film idéal à voir entre potes fans de gore et de rires mal venus. On vous raconte.

terrifier 2 afficheTerrifier 2 : de quoi ça parle ? (De pas grand chose mais aussi…)

Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.

Terrifier 2 : Est-ce que c’est bien ?

Bien c’est un grand mot et pourtant… L’histoire de la suite de « Terrifier » et des aventures de l’horrible Art le clown aurait dû prendre fin sur une plateforme de streaming. Le métrage a tout, y compris le budget (250 000 euros) du direct du DVD qui devrait commencer et finir sa course dans le bac à 1 euro. Seulement en France, la plateforme Shadows, qui s’est offert le film, décide de lui offrir une toute autre vie. En cause le bouche à oreille dans le milieu du cinéma horrifique et dans la presse spécialisée. En couverture de Mad Movies, en tête sur les trends des comptes spécialisés, le film commence à faire parler de lui. Et le voilà qui s’offre une sortie inattendue sur grands écrans. Certes dans quelques cinémas mais dans des multiplexes tout de même. La chose est assez rare. « Paranormal Activity » avait eu une destinée similaire avec un film sans budget qui pourtant se retrouvait sur grands écrans créant par la suite le mauvais empire Blumhouse et sa machine à broyer les bonnes idées grâce à des scénarios bâclés.

terrifier-2-art le clownPour « Terrifier 2 », difficile de détruire un scénario simpliste et difficile de créer la scission entre puristes de l’horreur et grand public. Déjà parce que le film de Leone n’est en rien fait pour le grand public. Non, il oscille entre humour très noir et tripes à gogo envoyant chier la cohérence pour plus de plaisir sanglant. En tête de liste des qualités de cette série Z : son humour et ses approximations volontaires. Vous aimez le cinéma de Rob Zombie, qui lui aime profondément le cinéma d’horreur sans jamais le prendre de haut ? Les images datées de « Massacre à la tronçonneuse » et le délire « Sharknado » (pas le meilleur des films de requins mais le plus connu) ? Vous allez adorer  ce métrage. La chose tient beaucoup au jeu d’acteur de David Howard Thornton dans le rôle du boogeyman vedette. Acteur de théâtre, il donne une dimension burlesque à son personnage muet et presque attachant mis dans des situations aberrantes avant ses meurtres en masse. Le voilà qui essaie des lunettes de soleil ou lave sa combinaison à la machine en lisant le journal avec toujours cet air candide qui tranche plus que les lames qu’il utilise. C’est bien le seul du casting à savoir jouer la comédie. Les autres ont tous un jeu oscarisable façon acteur studio Marion Cotillard dans Batman. Mais c’est aussi ça qui fait le charme.

Mais finalement est-ce si gore ?

Plutôt oui avec ses effets caoutchouc et beaucoup de faux sang. Quelques scènes pourraient bien vous donner la nausée même avec le cœur accroché. C’est le cas du sort réservé à une copine de l’héroïne ( ça compte pas vraiment comme un spoiler parce que tout le monde sait qu’elle existe uniquement pour le body count) long, violent, déluré, dégoutant ou une certaine scène avec de la purée. C’est peut-être l’introduction qui donne le plus le ton de ce qui attend le spectateur : un œil arraché sans se faire chier à donner plus de contexte que ça, personne n’est là pour ça après tout.

art le clown et siennaIl faut néanmoins se le dire « Terrifier 2 » est blindé de défauts et tout le monde est volontairement conciliant avec lui parce qu’il est rare. Outre les défauts évidents qu’on pourrait reprocher à un nanar, mais qu’on ne peut faire à un nanar qui s’assume, le film est beaucoup trop long. 2 h 09 de métrage qui tente de donner une certaines dimension à son héroïne, qui s’égare dans l’envie de raconter des choses, de créer un suspens, c’est un peu trop pour un bal de l’horreur qui va toujours là où il est attendu. Et c’est justement ce qu’on veut voir, des scènes grostesques qu’on se remémorera avec les potes avec lesquels on aura pu le voir, en gloussant devant une liste de mutilations bien dégueulasses, toujours horriblement gratuites. Wes Craven disait que le cinéma d’horreur est un exutoire. Il peut être bien des choses, une critique de la société, le déversement de nos plus bas instincts, une montagne russe géante. Là où il devrait généralement se moderniser, couper court aux clichés, ici il doit simplement convoquer l’ancien et proposer une nouvelle offre qui fait penser à un tour sur un grand huit. Quelques jump scares, beaucoup de décapitations, un périple devant lequel on glousse. Reste à regretter une scène coupée au montage, celle d’Art utilisant un pénis arraché pour souffler dedans comme dans un ballon et en faire des formes de chien, fleur ….et à s’amuser à chanter en chœur la chanson du clown immortel, plus violent et moins effrayant que Pennywise.

Nul doute que « Terrifier » deviendra une trilogie, que le prochain volet sera encore plus mauvais, avec un plus gros budget et le coeur toujours aussi empli d’un amour sincère pour un genre traité comme une basse sous catégorie du cinéma. D’ici là, si et seulement si vous avez le coeur accroché et que vous aussi vous aimez rire franchement devant des tripes et boyaux, courrez au cinéma pour le soutenir. En plus ça prouvera que vous savez mieux vous servir de vos jambes que tous les personnages de ce très chouette mauvais film.


The Cramps sont de retour… du moins dans les oreilles. Remis au goût du jour grâce à la série « Mercredi », le plus gros succès Netflix du moment, voilà leur titre « Goo Goo Muck » diffusé en boucle grâce à la vidéo de la fameuse scène de danse de Jenna Ortega. Cette dernière devenue aussi culte que virale n’arrête plus de faire parler d’elle que se soit pour évoquer le mouvement gothique ou la Covid de son actrice… La chose a été retourné dans tous les sens jusqu’à y perdre tout son sens. Pour ce qui est des Cramps, le retour en bonne grâce n’est pas non plus de l’acabit d’un « Running up that hill » de Kate Bush propulsé dans une nouvelle vie orbitaire grâce à « Stranger Things ». Le groupe fait pourtant partie des incontournables. Et si la redécouverte obsessionnel  de leur premier jet suite à son acquisition en vinyle dans une version d’origine me pousse à écrire ces lignes, « Mercredi » servira de prétexte tout à fait honorable pour vous convaincre d’écouter les merveilles d’un groupe qui a cassé les codes du punk , du rockabilly et de l’amour du cinéma de genre de série b. On en parle.

cramps songs the lord taught usUn peu d’histoire

Le contexte est toujours primordiale. Les Cramps, comme beaucoup de groupes de rock d’un certain âge – et c’est d’autant plus vrai dans le punk – ont plus changé de composition que de pulls au cours de leur brillante carrière. Reste qu’il naitra et mourra par la main de son chanteur, l’incroyable Lux Interiori (de son vrai nom Erick Lee Purkhiser), dont le décès en 2009 signera la fin définitive (Queen aurait pu trouver une forme d’inspiration dans cette idée, on dit ça comme ça…)

C’est pourtant par une histoire d’amour que tout commence. Nous sommes en 1976, au mois de mars, à Sacramento (Californie). Et comme au début d’un film d’horreur classique Lux Interiori prend en stop une parfaite inconnue Kristina Kristy Marlana Wallace. Contrairement à leur cinéma favori, le trajet se passe bien. Les deux échangent sur leurs passion commune pour les films à petits budgets dopés aux monstres mal faits et aux litres d’hémoglobine mais aussi pour les musiciens méconnus. Elle devient Poison Ivy (comme le personnage de Batman) et ils décident ensemble de fonder un groupe.  Pour que le projet puisse fonctionner ils invitent à les rejoindre deux musiciens… ce qui est un grand mot puisque leurs nouveaux acolytes ne savent absolument pas jouer de leurs instruments respectifs. Syd Vicious non plus me direz-vous à juste titre. Greg Beckerleg, alias Bryan Gregory prend la guitare comme ils peut et Miriam Linna se met elle aussi tant bien que mal à la batterie. La basse ? Nique la basse, le combo fera sonner ses guitares à l’unisson et ça ira très bien.

the crampsIl faut encore choisir un nom. Ce sera The Cramps. Pour les crampes menstruelles des règles oui. Voilà encore une preuve de l’immense liberté, de l’intérêt social et de la modernité du punk. Notre groupe d’origine a en plus mis More Women on stage et on est toujours en 1977 !

L’idée que le groupe serait pénaliser par l’amateurisme de ces musiciens est pourtant une chimère. Au contraire le rendu musical est bluffant. Inspirés par les pionniers du rock dont le rockabilly, la formation y ajoute sa touche de psyché, de punk déluré, de surf music et une maîtrise sans limite de ses rythmes. L’excellence est là. D’ailleurs, il n’y a pas à s’y tromper, la troupe de californiens débarque à New-York et devient résidente du CBGB. Ils s’y produisent en alternance avec Suicide d’Alan Vega ( !!!!! je répète !!!!! – à quel point aurait-on aimé vivre ça ?). Mettons une parenthèse pour se plaindre à nouveau de ce qu’est devenu le CBGB : une boutique de luxe peuplé de vêtements certes rock mais que seuls les Rolling Stones peuvent se payer. Finalement Lina quitte le groupe pour fonder deux autres groupes et un fanzine (Kicks). Elle est remplacée par Nick Knox. Le groupe fonde son label Vengeance, enregistre ses premiers titres, se lance sur les routes, part à la conquête de l’Europe. Et puis vient enfin le premier album en 1980 : « Songs the Lord Taught Us ».

Un album messianique

The Cramps - Fever

Rien ne peut préparer à l’immense claque qu’est ce « Songs The Lord Taught US ». Si ce n’est pas sur cette pépite que vous trouverez « Goo Goo Muck » tout est à tomber sur cet album aussi lourd que barré, à l’esthétique singulièrement inspirée par le cinéma qui leur parle et par ceux qui les ont inspirés. Nos compères ne se contentent pas d’y poser leurs compositions personnelles : ils y ajoutent des reprises à l’opposé des originaux. C’est ainsi qu’on peut découvrir sous une nouvelle oreille  « Strychnine » des Sonics ou « Tear It Up » de Johnny Burnette. Mais aussi et surtout le tour de force « Fever » initialement signé par Little Willie John, l’un de leurs titres les plus connus. L’originale à une beauté jazz profondément rock’n’roll, elle respire l’amour, le groove, donne l’envie de bouger sensuellement ses hanches. Celle des Cramps se fait dangereuse dès ses premières notes chuchotées comme une menace. Les rythmiques brisées y sont obsédantes et donnent des sueurs froides. Le titre se délie à pas de velours et sublime toute l’élégance de l’originale, la canalise pour la rendre underground et la voix rauque de Lux Interior n’est pas étrangère à cette recette gagnante.

Il faut dire que le message était bien passé dès les premiers minutes de l’opus avec le titre complètement déjanté « TV Set ». Lux y crache ses mots dans le micro, les répétitions y deviennent un ADN. Pas de doutes possibles, les Cramps ont les sonorités et les cordes qui sifflent du punk mais ils s’élèvent vers une dimension bien plus écrite et construite. « Rock on the Moon » est la définition exacte du rockabilly sous acide, lunaire, délirant et exaltant. Mais ce qu’ajoute aussi le groupe à son album c’est sa touche californienne et son soleil surf. Là où la scène indé new-yorkaise capture une noirceur pour mieux la canaliser, nos acolytes convoquent les ténèbres et les rendent dansants. Comme aurait voulu le faire « Thriller » finalement… Mais faire la danse des zombies ne suffit pas. A moins qu’on ne parle de « Zombie Dance », huitième titre de l’album, dément de bout en bout et parfait accord entre les courants qui le précède et la modernité punk de l’instant.  La composition originale « Garbageman », quant à elle, est une inoubliable illustration des prouesses dont sont capables les Cramps.

« I was a Teenage Werewolf » à l’étoffe d’une bande originale efficace là où « Sunglasses after Dark » profite de la voix habitée de son frontman. Mais aussi et surtout d’une guitare sonnant de façon tonitruante, sans relâche pour mieux capturer l’âme des aigus et en faire cadeau au seigneur qui les habite.  L’album profite d’une cohérence parfaite de bout en bout, pas un seul morceau ne vient à être de trop. Révolutionnaire, indé, vivant. Il s’adresse à un public averti et sait pourtant se rendre accessible. « Mercredi » sera peut-être une belle occasion pour le public de le redécouvrir et d’y danser une danse endiablée qui ne lui permettra pas d’avoir des crampes.


Adrien Comar – journaliste
  • 5/ Ghost -Impera
  • Eh bien oui les moins métalleux des métalleux ont leur place ici. Parce que Ghost sait faire de
    la très bonne musique et que ce dernier album a tout d’un très bon album. Rien que
    Kaisarion en ouverture qui défonce tout sur son passage devrait suffire à convaincre. « Oui
    mais nanana c’est trop pop » – on s’en fout ! Allez écouter Ghost, c’est génial.
  • 4/ Paolo Nutini – Last night in the bitterswee
    Fini le temps du charmeur écossais à la guitare acoustique, Nutini a sauté encore plus le pas
    d’une musique peaufinée et élaborée avec cet opus. Il y a bien sûr toujours les belles
    ballades voix/guitare qui ravissent nos délicates oreilles mais, et cela se sent, Nutini a poussé
    le bouchon jusqu’au bout cette fois et qu’il ne s’est pas contenté de quatre accords (qui
    fonctionnaient toutefois à merveille ne soyons pas mauvais). Très réussi.
  • 3/ IDLES – Five years of brutalism
    Alors oui c’est une réédition… et alors ? Quand c’est brillant, c’est brillant – c’est tout. Le
    premier album d’IDLES est de ces grands débuts marquants. Sincère, jusqu’au-boutiste,
    touchant et révoltant – c’est toujours un plaisir de s’arracher les tympans sur le chant de
    Talbot. Et puis rien que pour écouter l’une des seules versions live de la magnifiquement
    mélancolique Slow Savage, cela vaut le détour.
  • 2/Black Midi -Hellfire
    Parce qu’ils sont parmi les musiciens les plus monstrueux de la scène indé actuelle, que leur
    son est inimitable et tellement intelligent et que des albums comme ça, il n’y en a pas deux ;
    le jazz/punk de black midi mérite amplement sa place dans le classement.
  • 1/ Black Country, New Road – Ants from up there
    Ce deuxième effort est celui de génies. Un chef d’œuvre de bout en bout qui lamente lui-
    même le départ de son chanteur. Une réussite absolue que tout musicien aimerait avoir
    composé. C’est la musique divine inspirée par les muses, la Sensibilité sublimée dans les
    violons, la batterie et la distortion. C’est la douleur poétique et la création cathartique. Et
    ceci est une description tout à fait objective.
Léonard Pottier – Journaliste

  • 5 / Fontaines DC – Skinty Fia
  • 4 / Hercules and Love Affair – In Amber
  • 3/ Crack Cloud – tough Baby
  • 2 / Denzel Curry – Melt My Eyez See Your Future
  • 1/ JID – The Forever Story Mon

Duo gagnant de cette année, les albums de Denzel Curry et de JID, tous deux immenses et je pèse mes mots, racontent tellement du chemin parcouru par le rap depuis des années qu’il m’était inconcevable de ne pas les mettre à l’honneur. Denzel Curry rappe comme un monstre sur des morceaux dont on ne parvient même plus à discerner s’ils sont génialement old school ou incroyablement modernes. « Melt my Eyez See your Future » raconte cette fusion parfaite. Mention spéciale à « Walkin », élue meilleure chanson de l’année personnelle. L’album de JID, quant à lui, est simplement ce que Kendrick n’a pas réussir à sortir cette année : une pépite absolue, moderne à souhait, où tous les éléments coordonnent pour constituer un chef-d’œuvre. On y rappe avec un niveau stratosphérique, y danse comme habité par je ne sais quelle magie, et y compose merveilleusement avec des prods sorties des nuages. Je ne vis d’ailleurs plus que pour la transition entre les chansons « Raydar » et « Dance Now ».

Pénélope Bonneau Rouis – Journaliste

  • 5 /  Warhaus – Ha Ha Heartbreak
  • 4/  Tamino -Sahar
  • 3/ Tove Love – Dirt Femme
  • 2/ Ethel Cain – Preacher’s Daughter
  • 1/ Florence + The Machine – Dance Fever
    Avec ce cinquième opus, Florence Welch explore les méandres de la féminité, de la maternité et de
    l’intégrité artistique avec une justesse remarquable. Dance Fever est arrivé comme une bénédiction
    pour beaucoup, là où High As Hope avait laissé quelques adeptes sur leur faim (m’enfin, il restait
    quand même très bien). Dance Fever pose les marques d’un nouveau genre et pour la citer : You
    said that rock and roll is dead but is that just because it has not been resurrected in your image? Et
    c’est vrai, Florence s’affirme de plus en plus comme la figure de proue d’un nouveau rock plus
    inclusif, plus esthétique et, surtout, plus revendicatif. Et ça fait beaucoup de bien. Probablement le
    meilleur album du groupe à ce jour.
Théophile Le Maître – vidéaste / photographe

  • 5/  Tv Priest – My Other People
  • 4 /King Hannah –  I’m Not Sorry, I Was Just Being Me
  • 3 /  Crack Cloud – Tough Baby
  • 2 /Fontaines D.C. – Skinty Fia
  • 1 / Wu-Lu – Loggerhead

Avec Loggerhead, Wu Lu propose une œuvre angoissée aux influences variées, que l’on aurait du mal à faire rentrer dans une case, un peu comme un cadavre exquis de tout ce qu’il y a eu de bon dans les années 90 : le rap, le grunge et bien sur le trip-hop. L’album est une sorte d’odyssée nocturne imprévisible. On avance d’abord de façon un peu fébrile dans l’obscurité, jusqu’à finir par avoir la sensation de voir dans le noir, peut-être est-ce simplement l’aube qui pointe le bout de son nez ? après avoir passé des nuits blanches à enchaîner les écoutes inlassablement.

Louis Comar – Photographe

  • 5/ Arctic Monkeys – The Car
  • 4/ Ghost – Impera
  • 3/ Liam Gallagher – C’mon You Know
  • 2/ Béesau – Coco Charnelle (Part 2)
  • 1/ Florence + The Machine – Dance Fever

Pour son retour sur le devant de la scène, Florence Welch propose un des meilleurs albums de 2022. Les titres qui composent « Dance Fever » mêlent sensibilité et puissance, pour conquérir les foules lors des prestations live de la formation. Cet album est dans la lignée des précédents disques de Florence + The Marchine : remarquable.

Julia Escudero – Rédactrice en chef
  • 5/ Kae Tempest – The Line is a Curve
  • 4/ Porridge Radio -Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky
  • 3/ Kevin Morby – This is a Photograph
  • 2/ Ezra Furman – All of us Flames
  • 1/ Big Thief – Dragon new warm mountain I believe in you

Si on s’est croisé au court de l’année de près ou de loin, je vous ai forcément parlé avec entrain et lourde insistance du dernier né de Big Thief. Le sublime groupe mené par Adrianne Lenker y embrasse à pleine bouche son âme folk s’éloignant du rock de « Masterpiece » et lui donnant des notes plus country qu' »UFOF ». Porté par la voix inimitable de sa chanteuse, ce bijou, n’ayons pas peur des mots convoque l’âme de l’enfance et y pose une vision adulte entre affres et sophistication des instruments. Beau et chaleureux comme un conte raconté autour d’un feu de camp, ce Dragon magique nous entraine dans un périple où douceur et délicatesses sont maîtres mots. Le titre éponyme apaise, « Little Things » casse ses rythmes pour mieux couper le souffle, « Simulation Swarm »touche à l’excellence et se murmure comme une lettre d’amour dans toutes ses variations, « Certainty » touche les sommets. Quel plaisir de croire aux pouvoirs magiques du dragon et à ceux encore plus puissants de Big Thief.

Kévin Gombert – Photographe

  • 5/ Loyle Carner – Hugo
  • 4/ Son Of – Son Of
  • 3/ Sinead O’Brien – Time Bend and Break The Bower
  • 2/ Fontaines D.C. – Skinty Fia
  • 1/ Beach House – Once Twice Melody 

Pour leur 8ème album, Victoria Legrand et Alex Scally, livrent une ode au voyage longue de 84 minutes. « Once Twice Melody  » présente une vision d’un paradis planant. Mi-rêveur, mi-mélancolique cet album fait office des masterpieces dans la dreampop. Composé comme 4 Eps, ce disque de 18 titres est pourtant très bien conçu. Son écoute se fait d’un bout à l’autre de manière très fluide. Les racines françaises de Victoria se sont sentir par le romantisme de ses compositions et se marient parfaitement au jeu de Alex, qui lui vient d’un milieu technique (Baltimore Polytechnic Institute). Le duo a su mûrir tout en conservant son âme, ses sonorités, tout en proposant un renouvèlement qui séduit de nouveaux adeptes.  Les racines françaises de Victoria se font sentir par le romantisme de ses compositions et se marient parfaitement au jeu d’Alex, qui lui vient d’un milieu technique (Baltimore Polytechnic Institute).


Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar

Mardi 22 novembre. Il fait un froid glacial dans la capitale parisienne. De saison me direz-vous,  de la saison qui passe bien trop lentement surtout. Pour se réchauffer, Alt-J était de retour dans la capitale après de nombreuses années d’absence pour défendre un opus sorti bien plus tôt :  » The Dream » qui voyait le jour en février. L’opus en question recelait de merveilles et d’une composition cinématographique millimétrées. Une ode à Hollywood et ses pièges, ses clins d’œil aux faits divers qui viennent noircir le tableau du lieu où les étoiles brillent. Difficile de ne pas reconnaître au trio sa force de frappe en matière de compositions aussi pointues que plaisantes pour un large public. Et côté scène ? Une nouvelle réponse sera proposée au Zénith de Paris ce soir.

Voyager à travers « The Dream »

Et il faut dire que la réponse peut parfois faire effrayer. Nos anglais ne sont pas connus pour leur énergie scénique. Quiconque les a déjà vus sait que la formation peine à donner des shows de l’ampleur de ses prouesses musicales. Reste à espérer qu’avec l’expérience Alt-J aura su s’élever en live. L’affaire commence par un Zénith qui a mal organisé ses capacités. Topo, une fosse surchargée dans laquelle il est impossible de se glisser tant la sécurité bloque. Il faut passer en gradins, oui mais non, pas cette porte ni celle-ci. La promenade se fait longue dans les couloirs de la salle. Une fois enfin, à l’intérieur, la fosse est effectivement bien compacte, et même si la date n’est pas sold out, les gradins sont également bien remplis.

Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar

Le décors est posé : des colonnes de lumières encadrent l’espace dédié aux musiciens. Il est 20 heures 30 quand le trio tant attendu débarque sur scène sous une salve d’applaudissements. « Bane » issu du – encore une fois très réussi- dernier album du groupe ouvre le bal. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Alt-J a su fédérer un public d’aficionados, les réactions sont nombreuses, fournies, chaleureuses, le public est silencieux mais présent, hypnotisé par le show. Côté scène, le groupe joue comme toujours la carte du minimalisme, préférant ainsi ses instruments à un jeu de scène surfait. Deux morceaux plus tard « The Actor » retenti, lui aussi présent sur « The Dream ». En live, le rock aérien et structuré du groupe prend de l’ampleur et le nouvel opus a la même saveur qu’en studio. A cela près qu’il aurait pu tant il est brillamment construit, s’interpréter dans son intégralité pour mieux profiter de la narration de cette ballade. Quelques rares mots sont échangés avec l’assistance, en français dans le texte s’il vous plait et toujours avec bienveillance et sincérité. Le plaisir de retrouver la scène, le public français, l’un de ses favoris en tête de fil.  Ils sont nombreux les titres de « The Dream » : « U & Me » ou encore « In Cold Blood » sont de la partie.

This is from the public

Pour autant comme l’expliquera le groupe, Le premier album « An Awesome Wave » ne sera pas oublié ce soir. A commencer par le titre qui a valu don succès au groupe « Mathilda » hommage au film culte « Leon ». Alt-J aime à parler cinéma dans sa musique. Ses titres sont autant d’invitations à l’image sans avoir pour autant besoin d’en passer par l’image. Et c’est également le cas sur ses show. Comme lors des dernières fois que nous avons pu les voir, au Zénith pour la sortie de « Reduxer » mais aussi au festival Les Nuits Secrètes, le gros de la performance pourrait se vivre les yeux fermés. Les images défileraient ainsi dans les esprits à coup de road movies et de génériques bien fait simplement portées par des notes. Alors certes, avec un titre culte comme « Mathilda », la sauce prend bien, grâce à une maîtrise parfaite de ses instruments oui, mais aussi et surtout à une audience qui ne demande qu’à se laisser embarquer à toute allure sur l’autoroute de notre trio. Les paroles sont chantés à tue-tête face à une formation qui invite à le faire, joue avec ses fans et les pousse à chanter avec elle. La scène devient au combien chaleureuse et le Zénith, qui est pourtant un salle de belle importance se fait écrin. Mais reste le mais. Un sentiment de pas assez. Le groupe trop en retrait, plutôt statique, l’absence de proposition et d’audace retiennent le décollage attendu.

Something hot, something cold

Un crochet par « Chicago » (lui aussi extrait de « The Dream ») et voilà le titre le plus attendu de la soirée… par nous du moins. « Something Good », l’une des plus belles prouesses du groupe résonne dans l’enceinte de la salle. Il n’y a rien à redire quant à l’écriture somptueuse d’un titre qui sait casser ses rythmes à merveilles, jouer avec sa batterie, monter dans les hauteurs sur son refrain, embrasser comme des milliers de vagues entre la mélancolie et le bien-être absolu. « Something Good » pourrait s’appeler something huge tant son efficacité avait su placer le premier album d’Alt-J parmi les grands. Ce soir, le plaisir de l’écouter avec une salle maintenant chaude est là. Une joie atténuée par la perte en texture du morceau en live. Pris un ton trop bas, il n’a pas sa force de frappe initiale.

Le set qui comprendra 22 titres est loin d’être terminé. A mesure d’ailleurs qu’il passe, il gagne en convivialités et en échanges. Gus Unger-Hamilton, canalise la foule en la remerciant dans la langue de Molière. « Delta » fait ses premiers pas en live ce soir, « 3WW »  issu de « Relaxer ») n’est pas oublié et « Philadelphia » se délie avec élégance. « Fitzpleasure » (« An awesome wave ») clôt la première partie cette première partie de soirée contemplative et en demie-teinte. Les musiciens quittent la scène. Vont-ils revenir ? Le suspense est insoutenable. A peine le temps de manger quelques chips et la révélation arrive. Eh oui il y a un rappel !

Le groupe promet un retour rapide dans l’Hexagone sous une tonne d’applaudissements. Et trois morceaux plus tard le plus gros succès d’Alt-J « Breezeblocks » résonne dans le Zénith. Comme tout singles, il permet une dernière fois de chanter en osmose et loin de « Something Good » il ne souffre d’aucun manque d’interprétation. Il est 22 heures 30 pétante peut-être même 29 quand le groupe quitte ponctuellement la scène. La halte ne pouvait pas durer une minute de trop.

Alt-J - Zenith de Paris 2022
Alt-J – Zenith de Paris 2022 – Crédit photos : Louis Comar