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Julia Escudero

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The Lemon Twigs

Le 3 janvier les Lemon Twigs souhaitaient une bonne année au monde à leur façon en dévoilant un nouveau titre et son clip après deux ans sans nouvelle proposition. « Corner of my eyes », inspiré par le soft rock des années 60 est une chanson d’amour en belle due forme.  Cette ballade construite et désuète qui aurait pu avoir été écrite des années plus tôt a la force nostalgique d’un grand classique. Elle maitrise ses ponts et ses chœurs et profite d’une écriture millimétré pour rappeler que les Lemon Twigs sont incontournables. On attend impatiemment la suite !

Hoax Paradise

 

Hoax Paradise est de retour ! En ce début d’année le groupe parisien dévoilera son nouvel EP « Glow ». Les bonnes nouvelles vont bon train de leur côté puisque le combo est aujourd’hui en lisse pour le Grand Zebrock et dévoilait en novembre dernier un premier extrait de son nouveau bijou qui porte très bien son nom « Addiction ». Avec sa fougue clairement rock mais aussi une sensualité à vous faire tourner la tête, le combo sait gérer ses rythmiques et faire sonner ses guitares. Porté par une voix féminine  au joli grain, le groupe a le sens du banger qui se fraye un chemin dans les têtes et dans les veines. Obsédant et enivrant, le titre joue sur des répétitions scandées et des boucles bien construites. A déguster comme un shot qui fera tourner les têtes. Vous allez vite devenir accros.

The Murder Capital

Ils sont enfin de retour ! Le 20 janvier The Murder Capital dévoilera l’un des albums les plus attendus de cette année 2023 : « Gigi’s Recovery ». Dans la foulée le groupe se produira à Paris, au Trabendo, le 13 février. Dans la lignée de Fontaines D.C ou Idles, le groupe irlandais a toujours été plus à fleur de peau, un ton plus torturé que ses comparses. Quatre extraits dévoilés en amont de cette sortie laissent entrevoir ce à quoi ressemblera le successeur de l’immense « When I have fears ».  Rythmiques entêtantes, voix hypnotisante et riffs répétitifs peuplent ces écoutes, un brin moins viscérales qu’à l’accoutumé. Dans son registre sombre, le groupe semble gagner en dynamisme comme si son humeur générale oscillait maintenant plus du côté de Bloc Party et Alt-J que dans les caves du courant post punk. Reste à l’écouter en entier pour mieux se l’approprier.

Okala

Il y a un certain luxe dans la musique d’Okala. Un raffinement rare comme un trésor. Comme un grand couturier  le musicien sait parfaitement mélanger les textures et matières pour rendre son art aussi moderne qu’avant-gardiste. Pour bien s’en rendre compte, il suffit d’écouter son dernier single en date « NDE » dévoilé en novembre 2022. Le musicien y raconte son EMI (expérience de mort imminente) et invite à un voyage où la lutte pour ne pas quitter la lumière est centrale. Cette luminosité au milieu de ténèbres tumultueuses est un fil conducteur de la pop progressive du chanteur. Parmi les références citées pour définir sa musique on retrouve Cascadeur et Radiohead. Du premier, il prend la capacité à créer un univers à part où machines et voix cohabitent. Du second la force narrative d’un « OK Computer ». Après avoir conquis les Inouïs du Printemps de Bourges puis offert une dernière date parisienne avant la fin d’année et pour la Face B en décembre au Pop Up du Label, les attentes sont grandes le concernant pour cette nouvelle année.

Fernie

La scène montréalaise sait souvent se faire remarquer en terme de créativité et d’idées novatrices. Avec Fernie, la chose est particulièrement vraie et s’associe à une voix puissante et inimitable. Entre soul et r’n’b, l’artiste connait ses classiques et sait les moderniser. Ses titres entraînants profitent de la retenue d’une nostalgie palpable. Comme les plus grands, il crée des morceaux lumineux emprunts de jolies couleurs et y mêle une grosse dose d’émotions. Il dévoilait son premier album « Aurora » en 2021 et profitait de 2022 pour le faire découvrir sur les scènes de France et du Canada. Son élément naturel. La base du projet de cet artiste queer d’origine brésilienne ? L’envie de créer une safe space pour s’exprimer en musique. Une réussite en live où bienveillance rime avec talent et promesses d’un moment entier qui marque les esprits.

Adam Naas

Il est une évidence qu’Adam Naas sait jouer de ses facettes. Il a pu être aisé de le comparer à Prince dont il partage quelques prouesses vocales et un sens de la composition. Pourtant, il serait malvenue de le placer dans des cases et de se contenter de trouver dans sa musique des ressemblances avec ce qui a déjà été fait. Adam Naas se renouvelle sans cesse et sait utiliser sa voix pour la tordre et la pousser. Son nouvel et très lumineux opus est des immanquables de cette année. Le 20 janvier « Goldie and the kiss of Andromeda » sera dévoilé. L’occasion de rencontrer Goldie, l’alter ego londonien du chanteur né de ses expériences artistiques et rencontres au sein des scènes indie et queer de la capitale anglaise. Concrètement l’album oscille du glam rock à l’indie, un pointe de blues par ci, un dosette de new wave par là. L’odeur du cabaret est proche, de la grandeur et des paillettes, mais aussi celle des douleurs, de la fatalité, de l’espoir. Toutes ces facettes brillent de mille feux et résonnent avec la cohérence d’une personne entière et son cœur géant qui bat la chamade.

Hamish Hawk

Originaire d’Édimbourg (l’une des plus belles villes du Monde, c’est dit), Hamish Hawk a le timbre et la mélodie d’un Nick Cave joyeux. Le 3 février, le musicien aux mélodies folk / indie rock savamment écrites dévoilera « Angel Numbers » le successeur d' »Heavy Elevator ». L’occasion de retrouver son timbre grave délicieusement apaisant, aux allures d’un bon whisky après une dure journée. L’artiste se revendique de Leonard Cohen et Jarvis Cocker. Du second, il emprunte la magie dans un album à paraitre sous forme de recueil de contes de fée urbain. D’ailleurs ce n’est pas pour rien que l’opus s’ouvre sur un titre intitulé « Once Upon an acid glance ». Un morceau lumineux empli d’ondes positives personnifiées par des rythmiques soutenues. La suite se délie avec entrain, jovialité et refrains bien construits. Il était une fois un roi du rock’n’roll comme le disait « Spinning Song » en ouverture de « Ghosteen » et son pendant dans un royaume heureux.

James Yorkston, Nina Persson and the second hand orchestra

Le 13 janvier, le groupe dévoilera son nouvel album « The Great White Sea Eagle ». A en juger par les extraits déjà dévoilés, ce nouveau jet se construit sur une douceur enivrante où les accords se mêlent et où les voix se répondent en échos. C’est en 2021 que Yorkson commence à préparer cet opus en contemplant la mer derrière la fenêtre de son studio. Pour parfaire ses compositions, le musicien invite les virtuoses de The Second Hand Orchestra et leurs violons envoûtants. Et puis se joint à eux une voix féminine, celle de Nina Persson de The Cardigans.  Le résultat, aussi profond que l’océan convoque les éléments, résonne comme le vent qui siffle et se construit sous forme de ballades douces mais rayonnantes. La spontanéité du tout tient sûrement à l’enregistrement de l’album. Aucun des musiciens invités n’avait pu écouter les compositions avant d’arriver en studio. Professionnalisme donc mais aussi rendu à vif, voilà qui promet.

Kovacs

Le 13 janvier, l’artiste néerlandaise indomptable Kovacs dévoilera son dernier né « Child of Sin ». Si sa carrière s’est étendue de l’art à la haute couture en passant par la culture, c’est bien à la musique qu’elle excelle. Sa voix inspirée, puissante a de quoi captiver. Parfois proche de celle d’une Janis Joplin, parfois de celle de Nina Simone, elle n’a de cesse de se réinventer et de dévoiler ses belles facettes. La musicienne nous avait habitué à ses changements de registres musicaux. Touche à tout, elle avait su par le passé galvaniser la world, la soul, tordre les genres pour les réinventer. Son nouveau jet touche au divin. En introduction « Child of Sin Till » est déroutant, sombre, brillamment composé, avec la puissante d’un opéra moderne. Et puis, la suite bouleverse, se redéfini à chaque note. Cri du cœur, cri de liberté dont l’élégance est omniprésente. Le péché de la musicienne est époustouflant et vous fera appréhender sa musique avec les oreilles d’un enfant qui découvrirait cet art pour la première fois.


 

les eclatantesIl fait froid, très froid, et les fêtes approchent à grands pas. Avec cette période de l’année, le rythme des concerts va fortement diminuer. Alors avant de marquer une courte pause, une dernière soirée est de mise. Et pas n’importe laquelle puisque les Eclatantes est de retour à la Cité des Sciences  et de l’Industrie de Paris et  promet un moment plus que mémorable.

Au programme de ce vendredi 16 décembre : des concerts, la visite de la Cité des Sciences  et de l’Industrie mais aussi de nombreuses activités à expérimenter et vivre de 20 heures à 1 heures 30 du matin. Détaillons ensemble ce très beau programme.

Les concerts

Concert Cité des sciences
Crédits : R Thenaday

Quasi Qui

Nouvelle signature Microqlima ( le label de l’Impératice), le groupe se produira en live ce soir-là pour interpréter ses rythmiques grooves à la limite de la french touch.

Molécule

Le petit génie de l’électro qui aime a voyager et vivre des expériences hors normes ( du Groeland à l’Océan Atlantique Nord) pour composer sera de la partie pour un set hallucinant et puissant.

Agoria

Influencé par la scène de Détroit et le House américaine, le lyonnais navigue entre jazz, techno, hip hop et house et clôturera la soirée.

Expériences et activités

Les eclatantes cité des sciences
Crédits : R thenaday

Les Eclatantes prévoient en marge des concerts de nombreuses activités pour peupler cette soirée :

  • Un stand de gravure de vinyles pour repartir avec son 45 tours
  • Un parcours de mini golf lumineux
  • Une expérience immersive au planétarium avec une fête des couleurs et des sons, Archéoastronomie maya : Observateurs de l’Univers fait le tour de 6 temples mayas : San Gervasio, Chichen Itzá, Uxmal, Edzná, Palenque et Bonampak.
  • Des courses avec des karts XXL
  • La visite des expositions temporaires et permanentes ainsi que des ateliers et médiations scientifiques
  • Des quizz sur les sciences insolites
  • Un Just Dance Challegne
  • Un ping pong revisité
  • De la pétanque
  • et l’Aéroplume : la découverte d’un vol à l’équilibre invitant le public à s’envoler en battant des ailes pour mieux découvrir la Cité des Sciences à 10 mètres du sol

Pour vivre tout ça et faire une énorme fête hors-norme avant de profiter des fêtes de fin d’année, il ne vous reste plus qu’à réserver vos places ici.


Pour quiconque s’intéresse au cinéma d’horreur, l’année 2022 aura été marquée en sa fin par quelques noms. En premier lieu, le succès du Box Office Smile, mais aussi  X, Terrifier 2 et celui qui nous intéresse ici Barbarian de Zach Cregger. Jugé comme l’un des meilleurs de l’année, le film disponible sur Disney + n’a pas manqué d’attirer l’attention, pour son rythme entre temps de stress intense, scènes gores et cassures de rythme. Est-il à la hauteur de ce qu’on a pu en lire ? On vous raconte.

Barbarian afficheBarbarian de quoi ça parle ?

Se rendant à Détroit pour un entretien d’embauche, Tess se retrouve à louer un « Airbnb » le temps de son séjour. Mais lorsqu’elle arrive tard dans la nuit, elle découvre que la demeure est déjà occupée et qu’un homme étrange du nom de Keith y séjourne déjà… Malgré la gêne, elle décide résignée d’y passer la nuit, les hôtels des environs étant complets. Mais réveillée dans son sommeil par des sons mystérieux, Tess va s’embarquer malgré elle dans une série de découvertes terrifiantes…

Barbarian est-ce que c’est bien ?

Pour ses premiers pas en solo à la réalisation Zach Cregger n’a pas choisi le chemin de la facilité mais plutôt celui du métrage qui sème des pistes pour mieux se jouer de son spectateur. Le moins que l’on puisse dire est que le mieux est encore d’appréhender le film en en sachant le moins possible pour se laisser intriguer, séquence après séquence.

It’s a man’s world

Barbarian disney +En tête de liste de ses nombreuses qualités, on pourra facilement noter la cohérence dans les réactions des personnages. Neve Campbell le décrivait à merveille dans « Scream », le premier, le seul : c’est fatiguant de toujours regarder une nunuche courir s’enfermer dans sa chambre au lieu de se tirer de chez elle. Point de ça ici, puisque notre personnage principale Tess (Georgina Campbell) n’a de cesse d’être sur ses gardes, de se méfier et de jouer la carte de la prudence en toute circonstance.

Sur le sujet, le film va d’ailleurs bien plus loin puisqu’il étire de façon très ouverte la thématique de la masculinité toxique, du prédateur, des dangers à être une femme seule dans nuit et même plus loin de l’agression sexuelle. Sans être un film d’horreur à thème comme le public en raffole chez Jordan Peele par exemple, « Barbarian »  est loin de jouer la simple carte du jeu de jump scares et de massacre mais a bien un sous-titre à l’engagement certain dans ses tiroirs. Pour personnifier les travers d’Hollywood post Me Too, AJ, le personnage de Justin Long, apporte une dose d’humour, d’antipathie et de la chaire fraiche au film. En tant qu’homme du cinéma véreux, il sera d’ailleurs celui qui exprimera à haute voix la question que certains hommes dénués de scrupules se posent « Suis-je une bonne personne qui a fait de mauvaises choses ? » pour mieux y répondre très peu de temps après. De l’intriguant mais toujours charmant Bill Skasgard au redoutable Richard Brake, les portraits des hommes qui se succèdent autour de Tess sont pluriels mais évoquent toujours  cette question, la femme doit-elle constamment se méfier et tenter de survivre ? Mais aussi la femme pourrait-elle aussi devenir le prédateur passant du statut de victime à celui de bourreau ?En plus de pousser les questionnements sur le sujet, le film évoque aussi brièvement le question d’une police déconnectée, aux propos violents qui ne juge que sur l’apparence et s’avère bien peu utile pour agir quand cela est nécessaire. De même les quartiers défavorisés, les clichés sur l’apparence sont de la partie.

Descente aux enfers

Au-delà de ses questions très actuelles, le gros de Barbarian se concentre sur sa thématique horrifique et joue de tous ses ressorts pour créer des moments de tensions glaçants. Un sous-sol et ses horreurs, des couloirs sombres dans lesquels il est impossible de voir la menace approcher, des sursauts. Sans rien inventer l’œuvre a l’étoffe de l’immense The Descent et sait tout aussi bien que lui jouer sur la carte de la claustrophobie et de l’horreur. Trois scènes particulièrement gores viennent étayer le tableau qui préfère pourtant garder certaines de ses idées les plus sombres hors champs voir carrément comme de simples sous-entendus. Le tout permet de maintenir le spectateur sous tension pendant les trois quart d’un film rondement mené. D’autant que Cregger se permet d’improbables ellipses, changeant de propos quand l’envie de savoir est la plus forte pour mieux tenir en haleine son spectateur qui attend impatiemment d’en savoir plus. Excellent conteur, il donne à chacune de  ses sous intrigues, loin d’être toutes horrifiques, un véritable intérêt et une belle ampleur. Stephen King le disait, il faut aimer ses personnages ( mais parfois aussi aimer les détester) pour mieux se laisser prendre au jeu de la peur. Ici, comme dans un livre, le film prend le temps, et ce à tout moment, de se poser pour raconter ses protagonistes et leur donner un contexte qui rend le tout hautement cohérent.

C’est peut-être dans sa troisième moitié qu’il vient le plus à souffrir de la barre qu’il avait jusque là placé trop haut. Puisque les explications, raisons et le véritable danger qui rôde en sous-terrain plient parfois sous la coupe d’un angle grand guignol qui à force de se vouloir trop glaçant finit par frôler le surnaturel pour ne pas dire le ridicule. Mais qu’importe si quelques propos s’égarent de la belle trajectoire lancée ( coucou le besoin d’être une mère à tout prix quelques soient les circonstances) tant le récit tendu comme un fil saura faire frissonner même le plus averti des spectateurs. Il sera aussi aisé de comparer le film à un autre succès horrifique bien connu : Don’t Breath. Sauf que, celui-ci jouant sur un boggey man sur-homme et une violence adolescente, se perdait constamment pour mieux manquer à toutes ses promesses. Se permettant même parfois de descendre ses instants de tensions pour les rendre glauques oui, mais pour ceux qui frissonnent très facilement. Point de ça avec notre Barbare qui jamais ne flanche et ose tout jusqu’à la création d’un personnage qui a autant de panache visuel que la dernière scène de l’incontournable Rec.

Parfait dans ses premiers temps, le film se détache complètement d’un paysage horrifique actuelle qui avait fort besoin d’une touche de nouveauté de propos mais aussi d’horreur simplement, seulement, grandement. En ça, en sa réalisation précise et carrée, en son jeu d’acteurs bien fait, le métrage est bien l’une des plus belles pépites de l’année et promet des nuits à se perdre dans un labyrinthe de frissons.


C’est en 2019 que Bagarre publiait son dernier album tout simplement nommé « 2019-2019 ». La pandémie les aura mis à l’arrêt forcé. Aujourd’hui la formation est bien décidée à retourner dans le club et prépare un nouvel opus pour l’an prochain. De passage au MaMA Festival & Convention, nous avons pu rencontrer les 5 indomptables avant un show déjanté à la Machine du Moulin Rouge. On a pu parler évolution de la vie nocturne, prévention, manifestations, Twich, crise du Covid, amour, engagement. Un moment vraiment « super » à découvrir.

MaMA-Festival_Bagarre-Paris_2022
Bagarre – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Popnshot : Cyril tu t’es cassé  le bras récemment, déjà est-ce que ça va mieux ?

Maître Clap : Ça va mieux merci.

Popnshot : Votre dernier album est sorti en 2019. Aujourd’hui, c’est quoi Bagarre ?

Maître Clap : On a pris le seum déjà.

Majnoun : Et puis aujourd’hui on refait de la scène. On a pris une forme de normalité à jouer toutes les semaines et aussi à être en studio la semaine.

Emma : C’est la scène le weekend, le studio la semaine.

La Bête : On prépare secrètement notre plan d’attaque pour 2023. Il y a l’album et des soirées. Il ne faut pas trop le dire parce que tout n’est pas confirmé mais beaucoup de choses avancent en parallèle.

Le cœur du Monde bat à nouveau on peut travailler

Popnshot : Vous parliez d’une nouvelle ère, vous avez même loué pour ça une maison au bord de la plage. C’est quoi cette ère?

Emma : On est sortis du club.

Maître Clap : On continue le processus d’écriture. On s’était mis en dehors de nos vies normales.

La Bête : Le moment après le Covid même si c’était pas encore fini, on a commencé à se retrouver pour remettre en route la machine. La différence, c’est qu’avant le Covid on avait déjà envie de repenser notre musique mais la pandémie a forcé ce changement puisqu’on n’a rien fait pendant un an et demi. Ça nous a séparé, ça nous a fait voir le nécessaire. Tout ça nous a permis d’aller très vite dans les émotions, la recherche. Notre réaction ça a été d’aller chercher ce qu’on n’a pas eu depuis longtemps et ça se sent dans la musique qu’on fait mais aussi dans les textes. C’est quelque chose qui va chercher les autres, la danse et c’est vrai qu’on peut se dire avec les deux ans de Covid  qu’on allait faire de la musique mais ça ne marchait pas du tout pour nous parce qu’on avait besoin d’être tous les cinq ensemble mais aussi en contact avec le public. Le studio est lié avec son existence sur scène. Temps qu’on en voyait pas le bout on ne pouvait rien faire.

Maître Clap : Ça a du sens, le cœur du Monde bat à nouveau on peut travailler.

Mus : On t’a déprimé là (rires).

il n’y avait plus rien qui se passait, plus rien à dire, donc il ne restait que nous.

Popnshot : Il va parler de quoi ce nouvel album ?

La Bête : on n’est pas sûrs parce qu’on a écrit pleins de morceaux mais on ne sait pas lesquels on va garder. Mais je m’avance pas trop en disant que c’est autour d’amour. Pas forcément au sens amoureux mais au sens nécessaire, le besoin d’amour, le besoin des autres, de vivre quelque chose, de le dire aussi. Tous nos textes sont liés au Covid. Ce qui nous a manqué. Il y a toujours eu quelque chose de nocturne, culture club dans notre musique et là il y a des morceaux qui sont là-dedans. Mais il va y en avoir des plus lumineux et fédérateurs.

Majnoun : Il y aura plus de nous que dans les précédents albums qui étaient tournés vers l’extérieur. On s’est peut-être moins posé la question de quoi on parle et on s’est plus posé la question de la musique et puis après les textes allaient avec. Et puis il n’y avait plus rien qui se passait, plus rien à dire, donc il ne restait que nous.

Popnshot : Super !

Maître Clap : (rires) Parfois on sait pas si on a fait une bonne réponse en interview mais là on est encouragés.

On pouvait faire des soirées gay, des soirées gay friendly pour dire qu’on pouvait se mélanger. Maintenant les soirées sont différentes.

Popnshot : On va vous encourager à chaque réponse maintenant (rires générales) Pour en revenir à ce que tu disais, tu parlais du club. C’est un espace safe pour vous et une notion centrale chez Bagarre. Comment ça a évolué avec le temps pour vous ? En grandissant ça change ?

Maître Clap : Il y a un moment où défendait vraiment l’idée de trouver une safe place dans le club pour qui on a envie et besoin d ‘être. Après tout ce qu’on a vécu, cet enfermement, ça s’est transformé en nécessité d’avoir ça au quotidien. Que ça aille au delà du club, il n’y a pas de raison qu’en dehors du club on ne puisse pas se sentir comme on en avait envie d’y être il y a 3 ans.

La Bête : Les clubs au delà de notre ressenti là-dedans, ils ont énormément changé. Entre 2013 et maintenant ça n’a rien à voir. A l’époque on bossait avec le collectif Vénus avec qui on faisait des soirées gay friendly alors que c’est un collectif lesbien.  C’est pour te dire comme la mentalité de la nuit était différente. On pouvait faire des soirées gay, des soirées gay friendly pour dire qu’on pouvait se mélanger. Maintenant les soirées sont différentes. Il y a les soirées hors les murs qui sont plus rave, il y a des soirées plus organisées. Ce changement fait beaucoup de bien. La musique a changé aussi avant c’était only techno.

Mus : Maintenant c’est bien moins sectaire.  Maintenant tu peux avoir des soirées à thème avec plus de courant musicaux… Hip Hop par exemple…

La Bête : Nous on a changé avec. La consommation est différente. Nous on est surtout en dates maintenant.

  On part du principe que la nuit c’est libérateur mais qu’il faut que tout le monde soit libre.

crédit : Caroline Caro

Popnshot : Bravo (rires) Vous avez fait récemment un Trabendo avec Consentis. Ce type d’initiatives sont aussi majeures en terme de changement de la vision de la nuit …

Maître Clap : C’est pas la première fois qu’on travaille avec une association et nous notre envie c’est de donner la parole aux gens. On ne prend pas la parole à la place des associations. On va jouer de notre notoriété pour ramener des gens et faire payer pour une cause.  Consentis, on a voulu les inviter parce que la question des violences sexistes et sexuelles dans les milieux festifs est un enjeux énorme. Et nous on est sensibles à ça. Avant on en parlait peu ou pas mais maintenant faire sans ça, c’est impensable. En appeler à cette association c’était une façon de faire de l’éducation.

La Bête : Consentis est un très bon exemple du changement qui se passe dans les clubs. Elles en parlent très bien, le club est autant un endroit de fête que de dangers. Tu mélanges alcools, drogues, substances, donc c’est autant la libération qu’à la virgule près, un risque pour autrui.  On part du principe que la nuit c’est libérateur mais qu’il faut que tout le monde soit libre. Et si certains ne le sont pas en raison de leur orientation sexuelle, leur genre, leur couleur de peau, là il y a un problème. Il y a aussi Acceptess qui lutte pour le droit des personnes trans.  C’est tout un  monde qu’il faut défendre et c’est un monde qui n’existait pas aussi librement il y a 10 ans et qui arrive de front et c’est là qu’il est important de lui faire place.

La télé, pour moi, ce sont des dinosaures

Popnshot : Cette soirée a été intégralement diffusée sur Twich. Dernièrement, Squeezie a fait un évènement à plus d’un million de viewers sur ce même média. Vous pensez qu’aujourd’hui ça peut être un nouveau moyen de consommer la musique et le live ?

La Bête : Pour moi Twich ça remplace la télé. Ça va devenir des émissions de télé, il y a Pop Corn, Zen, là il y a carrément un prix… Mais la télé n’a jamais remplacé le vrai live, elle permet des captations, des diffusions, le vrai live a une saveur qui est unique et qui ne se vit pas avec une image. Ce qu’on essaie de donner c’est un inside du club avec ce que ça peut donner, la sensibilisation, la discussion mais par contre ça ne remplace pas le moment vécu, la force des décibels, la sueur, la chaleur.

Maître Clap : Ce qui est cool avec Twich c’est que c’est différent de la télé. A la télé tout est cadré, tout le monde ne peut pas s’y faire entendre, ils sont choisis au compte gouttes pour dire des choses précises. Alors que là c’est un peu comme les émissions à l’ancienne, Paris Dernière, où ça partait beaucoup plus en couille, où c’était plus libre. La télé ce sont les dinosaures, il n’y a pas de spontanéité.

Mus : Il y a aussi le tchat, le contenu va être ton interaction. Il n’y a pas d’intermédiaire. La télé transmet sur toi et tu n’interagis pas forcément, là c’est l’inverse.

MaMA-Festival_Bagarre-Paris_2022
Bagarre – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Popnshot : Super ! (rires) Vous parliez aussi sur Insta de votre participation à une manifestation anti violences policières et contre le racisme. Ce sont des messages extrêmement importants…

Majnoun : Le fait d’aller en manif quelque soit la cause, c’est très important. C’est là que tout devient concret. C’est le moment où on capte que les choses sont vraies.

La Bête : Sur ce sujet là précisément, je pense qu’on devrait tous aller en manif. On n’est pas porte parole de ce combat mais on le soutient comme beaucoup d’autres groupes, une égalité des citoyen.nes ensemble. On devrait tous être dans  la rue pour ça.

Popnshot : Cool (rires générales) . Une dernière question, comment vous faites pour découvrir des nouveautés en musique ?

Maître Clap : Spotify, Soundcloud…

La Bête : Moi les trends Tiktok. C’est des artistes qui vont dans tous les sens mais avec les morceaux identifiés, tu peux aller les chopper et aller plus loin. Ça m’a amener beaucoup de morceaux, des choses inconnues parfois même anciennes.

Mus : Sinon surfer, se laisser porter par les plateformes, surfer sur le net avec Lycos quoi (rires).

Journalistes : Louis Comar et Julia Escudero