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Julia Escudero

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MaMA-Festival_The Psychotik Monks-Paris_2022
The Psychotik Monks – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

Lancement des festivités dans le quartier de Pigalle pour une toute nouvelle édition du MaMA Festival, le plaisir épuisant de la rentrée musicale. En ce mercredi 12 octobre, il fait bon dans les rues de la capitale. Les trottoirs et terrasses sont donc investis par les professionnels de la musique qui s’y croisent et y débriefent les concerts à faire et voir sur les trois journées denses à venir.

Parmi les bons tuyaux, celui des Pyschotic Monks, le soir même est dans toutes les bouches. « Tu vas voir les Monks ? » « Évidemment, comme tout le monde. » L’appel est unanime, c’est le concert de la soirée, comme d’autres l’ont été les années passées de De Pretto à Süeur en passant pas Thérèse ou encore Structures. C’est d’ailleurs dans la même salle que ces derniers que se produisent les Monks (comme il est de bon ton de les surnommer affectueusement) : soit à la Machine du Moulin Rouge. Il est 22 heures 45, le public et les pros ont été chauffés à bloc, les esprits embrumés par quelques vapeurs alcoolisées tournent un peu. Il est temps de prendre une dose de rock.

Trip psychotique

En attendant la sortie de « Pink Colour Surgery », le nouvel album du groupe prévu pour le mois de février prochain, le combo a de quoi balancer fort. Sa configuration scénique est à l’opposé de ce que l’on a l’habitude de voir. La batterie est à côté du chanteur, au même niveau que que la guitare, les machines et synthé. Le groupe est uni, ensemble, rien n’appartient à l’ombre sauf certainement le son. Parce que c’est bien sur une sensibilité à fleur de peau et une vraie incarnation du rock progressiste qui continue invariablement d’augmenter et de tester qu’existe la formation. Ce sont d’ailleurs les limites d’un courant que le groupe au son post punk glacé et glaçant aime à repousser. Avec eux, la continuité n’est pas de mise, la torpeur animale si. La bestialité est là, servie à grosse cuillères dans un jus lourd, costaud, solide. Un peu comme il est aisé de le dire de Black Midi. Comme eux d’ailleurs, ils ajoutent des instruments, comme de la trompette sur certains de leurs titres. Ces derniers s’étirent à l’infini, encore et encore, parfois brouillons, parfois bruyants souvent bouillants. Le chanteur déchainé, débardeur très moulant sur le corps, se noie dans ses morceaux. Il les crachent, joue sur la répétition des mots, tord les syllabes et les douleurs, s’agenouille, met en transe et entre dans le même état. Malgré la similitude de renouveau du rock français, la cours qui peut sembler être identique, on est loin du set de Structures l’an dernier qui avait mis le public en émoi. Celui-ci était plus vif et bestial, d’un rock qui fait bondir et sauter. Et d’ailleurs Pierre Seguin, chanteur de Structures, observe ce soir d’un œil bienveillant le concert de ses potes en compagnie des membres de Lulu Van Trapp qui prenaient également possession de la même scène un an plus tôt.

Nuit glacée et riff acérés

Le rock des Pyschotic Monks n’est pas là pour mettre à l’aise. Au contraire. Il hypnotise et parfois endort l’esprit. Il fait appel aux sentiments sur le fil du rasoir. Les cris se multiplient à mesure que les guitares se font aigües. Il faut arrêter de le nier Fontaine D.C a clairement une vibe The Smiths, ses envolées tristes évoquant clairement la bande de Morrissey. Chez les Monks, il y a un peu de la profondeur de Fontaines, il y a aussi parfois l’envie de puiser dans le puits de noirceur du génie qu’est Nick Cave mais aussi quelque part l’urgence douloureuse d’un Rowland S Howard. Cette profonde transe, elle se conclut dans la fosse pour le chanteur pour mieux être partagée. Il va y crier ses mots, face à un cercle qui se créé autour de lui, les instruments résonnent, se délient les uns des autres pour mieux former un tout. Il est 23 heures 45, le set devait finir à 23 heures 30, la magie n’a fait que se prolonger. Avant de quitter la scène, les remerciements permettent de retomber et de reprendre une forme de normalité calme. Les Pyschotic Monks donnent rendez-vous à la Maroquinerie de Paris l’an prochain, le MaMA lui continue demain.

MaMA-Festival_The Psychotik Monks-Paris_2022
The Psychotik Monks – MaMA 2022 – Crédit photo : Louis Comar

twin toes Crédit Photo : Simon Vanrie
Crédit Photo : Simon Vanrie

Avec un nom comme Twin Toes, il ne fallait pas s’attendre à un rendu entièrement sérieux. Et ça tombe bien puisque c’est un drôle de menu que proposent les chefs délurés de ce projet pop aérienne. Si l’on en croit la légende, les cuisiniers ont choisi ce nom parce qu’ils étaient jumeaux d’orteils cassés. Un peu comme Joey et son jumeau de main dans « Friends ».  Les deux avaient en effet, la même blessure au même indexe en janvier 2019 alors qu’Antoine avait invité Nicolas dans son studio d’enregistrement. Un signe de l’univers qu’il faudrait partager leurs marmites.

Toujours est-il qu’une fois soignés, les comparses ont pris le temps de mijoter un premier opus pop, beau, solaire et toujours léger à paraître le 14 octobre chez Capitane Records et intitulé « Long Story Short ». En entrée et pour s’en donner un avant-goût le duo dévoile le titre « Sunny Eggs ». Un morceau entêtant et joliment produit, complètement indie, envoûtant à la première écoute, obsédant à la seconde. Bien relevé, ce dernier est celui qui a lancé la petite étincelle et en quelque sorte préchauffé le four de ce que sera l’album. Antoine Geluck et Nicolas Mouquet l’accompagnent généreusement d’un clip tout aussi délirant. Fans de cuisine, venez découvrir la recette des œufs à peu près au plat cuisinés avec les pieds #instafood #foodporn #footfood. Un rendu un peu inquiétant certes, une table à laquelle on ne souhaiterait pas forcément être conviés et pourtant le son lumineux du duo émerveillera vos brunch du dimanche façon « Sunday Morning ». Bon appétit !

Découvrez le clip de Sunny Eggs de Twin Toes


Arcade Fire à l'Accor Arena - 2022
Crédit photo : Louis Comar

C’est suite à une actualité lourde qu’Arcade Fire se produisait à Paris ce 15 septembre 2022. Le groupe canadien essuyait en effet les accusations de méconduites et d’agressions sexuelles de son leader  Win Butler, publiées par le magazine américain Pitchfork. A Montréal qui voyait le groupe comme un trésor national, l’affaire avait eu un lourd retentissement. En Europe, où le groupe allait tout juste entamer sa tournée, l’affaire moins médiatisée avait pourtant été largement relayée. Certain.es fans avaient donc pris le parti d’immédiatement revendre leur place voir de tout simplement ne pas assister au concert puisqu’il leur paraissait inconcevable de profiter du show comme si de rien n’était. Cerise sur le gâteau Feist, programmée en première partie de la tournée avait tout simplement et rapidement choisi d’abandonner le navire pour prendre un maximum de distance avec l’affaire. Niant les faits graves dont il était accusé, en justifiant une partie par des problèmes d’alcool aujourd’hui réglés, le groupe s’était ensuite montré discret sur ses communiqués voir absent des réseaux sociaux. Face à cette tornade, restait tout de même une partie du public majoritaire qui avait choisi d’assister malgré tout à la performance des musiciens. L’éternel débat de la séparation de l’homme de l’artiste en tête certes mais aussi de la séparation du lead singer de son groupe et notamment de la personne de Régine Chassagne, épouse du chanteur et co-fondatrice de la formation. C’est donc avec ces éléments en tête que le public était convié à l’Accor Arena (Bercy donc) pour découvrir en live le nouvel opus  » We » d’une formation réputée immanquable en concert. Ambiance lourde, pop légère bercée par des couleurs pastels, la soirée promettait son plein d’émotions contradictoires. On vous raconte.

Arcade Fire à l'Accor Arena - 2022
Crédit photo : Louis Comar

« We » = you & them

L’exercice est bien plus complexe qu’à l’accoutumé. Il faut raconter un concert, lieu de communion s’il en est, espace que l’on veut libre et sécurisé avec en tête le poids d’accusations qu’il ne faut jamais prendre à la légère. Certain.es dans le public ont, c’est certains ces faits en tête, d’autres au contraire en sont détachés, les tee-shirts de la formation dont les bénéfices sont reversés à Haïti sont nombreux dans la salle, arborés comme il en est coutume. Quand on écrit un reportage sur un concert, vous l’avez sans doute vu, on inclus tout le monde, le public devient une masse et un corps unique. Et au delà de l’effet de style, l’idée elle, est sublime. Celle qu’en un instant  des centaines, parfois des milliers de personnes communient et partagent un même sentiment. Cette fois l’affaire pourrait être différente. Ce sera plus au détours d’oreilles tendues, de quelques bruit de couloirs que cette non union rare du public se fait sentir. Puisque dans les faits, une fois à l’intérieur de l’immense enceinte de l’Arena, le live se déroulera comme si de rien n’était. Pour bien s’en rendre compte, il faudra attendre 21 heures 15 bien passés. Le groupe aux titres fédérateurs sait ménager son entrée et nombreux sont les cris et applaudissements trahissant l’impatience à les voir débarquer.

Pour se produire, le combo a dressé deux scènes. La scène classique est surplombée d’un arc de cercle faite  d’écrans. Le travail de scénographie est d’ailleurs sublime. Il ouvre les portes d’un cosmos qui devient l’iris de l’oeil que l’on retrouve sur la pochette de « We ». Un beau travail, celui d’une équipe, qui sera un support central pour la représentation. Voilà qui rappelle la valeur ajoutée de lives dans de grandes salles où une scénographie pensée est possible. Les hostilités s’ouvrent sur « Age of Anxiety I » face à une formation survoltée. Décidée à se donner pleinement et dont le plaisir à se produire en concert transpire avec évidence. Il faut attendre le quatrième titre pour que Régine rejoigne l’îlot central dressé en milieu de la fosse sur le titre « It’s Never Over (Hey Orpheus) ». Au dessus de cette scène : une immense boule de disco, sur la scène un piano à queue transparent. La chanteuse de paillettes et de noir vêtue à quelque chose de la poupée féroce en live. Sa voix et ses pas délicats sont aussi lumineux que la boule à facettes située au dessus de sa tête. Elle occupe l’espace scénique en une forme de tourbillon pop. Son mari la rejoint sur « My body is a cage », grimpe quelques escaliers qui le place à hauteur du piano et les deux chantent en choeur, en un moment chorégraphié qui n’est pas sans évoquer les couples musicaux célèbres à la « Grease » et autres « Dirty Dancing ».

« WE » WANT TO SHINE in the dark

Il ne faut pas attendre longtemps pour que la boule à facettes se mette à faire briller toute la salle. Les projections de couleurs sur l’arche se multiplient. Les couleurs sont nombreuses. C’est probablement elles qui seront la meilleures représentation de ce show à la grandeur évidente. Certain.es évoquent encore de mémoire l’un de meilleurs moment de l’histoire du festival Rock en Seine alors qu’Arcade Fire avait joué sans effets sur la Grande Scène malgré la pluie battante. Cette mémoire collective tranche avec un show orchestré minutieusement à la mise en scène léchée. Peu avare de discours, le groupe prend quand même le temps de remercier le public de sa présence. L’Arena à la grandeur souvent froide prend une dimension plus intimiste lorsqu’elle devient un prisme géant. Côté foule, la fosse reste relativement calme, on hoche la tête, on danse volontiers, mais sans effusions. Les hits se succèdent. C’est d’ailleurs bien la particularité d’un groupe qui aime à balancer de grosses machines aux riffs fédérateurs. « Reflektor », « Age of Anxiety I » et sa suite, « Month of May »… Le tout géré par une troupe de musicien qui a plaisir à en inviter d’autres à le rejoindre sur scène, à l’accompagner. Le son est propre, les instruments maîtrisés. Derrière les paillettes, on sent l’exercice rodé, le groupe exalté qui cherche à balancer une énergie construite coûte que coûte. Il faut attendre les singles les plus connus pour que ces ondes touchent sincèrement l’audience et qu’elle se mette à onduler comme les skydancers qui finiront par être déployés en avant-scène. Des jeux de lumières s’ajoutent au tout. Couleurs et légèreté pour ravir les iris. La pochette de « We » était un sacré indice sur ce que voulait rendre la tournée. Le titre « Haitï  » permet d’inviter encore plus de musiciens sur scène représentant du pays caribéen souvent victime des pires séismes et conflits. L’occasion de mettre en lumière (disco) une culture mais aussi des maux. L’envie aussi de créer par la musique un set inclusif où tout le monde dit « we » à une fête plurielle.

« We » want to give everything now !

« Everything now » clôture le concert en une explosion tubesque. Certains regards tentent tant bien que mal de rester braqués sur Régine, sorte de lumière dans la nuit comme s’ils acceptaient de la célébrer elle. Les gradins sont levés, les chants en choeur dont là. Le rappel ne se fait pas dans un grossier au revoir pour mieux maintenir les applaudissements. Non, la musique perdure alors qu’il est évident que le groupe se fait un chemin en dansant, un peu comme à la queue leu leu, vers la scène centrale. Tous les musiciens s’y retrouvent. L’attente de la montée sur scène était peuplée de morceaux évoquant les cartoons, cette même vibration s’inscrit en écho de la disposition scénique ici proposée. Les musiciens en cercle, un peu comme dans le « Roi Lion ». Une reprise de « Pendant que les champs brûlent » de Niagara permet de chanter en français. Un morceau dont la cote retrouvée lui vaut en ce moment d’être fréquemment repris. L’envie de toujours proposer des tubes en masse est une ombre omniprésente dans la carrière des musiciens autant que les jeux de lumières viennent projeter la leur sur la grande scène maintenant délaissée. En la matière Arcade Fire excellait bien plus sur ses premiers jets que sur son dernier né.  Comme pour le prouver « Wake Up » paru en 2005 vient conclure la soirée. Le titre s’étire en des « ho hoooo » repris par l’assistance forcément réceptive. La performance s’achève sur l’aspect grosse machine rodée que l’on peut retrouver chez Coldplay. La descente de scène poursuit ce cheminement, ces chants appuyés encore et encore répétés. Ce qu’il faudra néanmoins répéter c’est qu’importe quelles seront les finalités et implications qu’auront les accusations envers Win Butler, l’album a beau s’appeler « we » un non est non et lorsque ce n’est pas un oui, c’est non aussi.


Crédit photo : Louis Comar

Dernier jour déjà au Parc de Saint-Cloud ce dimanche 28 août pour l’édition 2022 de Rock en Seine. Le temps est passé bien vite pour les festivaliers de l’évènement francilien. Il fut peuplé de réussites, notamment grâce à la performance de Nick Cave & the Bad Seeds, concert immanquable dont la beauté restera longtemps dans les mémoires, mais aussi les retrouvailles très attendues, bien qu’au résultats qui aura divisé d’Arctic Monkeys. Le festival n’a pas été à l’abri de quelques déconvenues.  Déjà en raison d’un golden pit, une fosse or à tarif supérieur, vue par de nombreuses personnes comme une attaque. Il faut dire que l’idée de rendre la fosse, ce lieu de partage, accessible à une certaine élite paraissait bien cynique. De même la présence sur les écrans géants de la pub Dior  avec Johnny Depp a été hautement contestée. Au milieu des polémiques, le plaisir de retrouver le festival était lui aussi bien présent. Déjà parce que l’évènement, synonyme de rentrée avait manqué mais aussi grâce à une programmation colossale qui avait de quoi faire frétiller. Conclusion donc pour ce dimanche à travers les deux concerts qui ont marqué notre journée.

Toucher les astres

En milieu d’après-midi, une présence bien particulière vient éveiller les esprits. La tornade Aurora est là et compte  toucher de ses doigts de fée une audience forcément conquise. Il faut dire que la jeune chanteuse vêtue d’une longue robe blanche, telle la prêtresse qu’elle est, sait diffuser sa bienveillance. Il y a une générosité sans limite dans le show de la musicienne. Venue défendre sa très jolie dernière pépite en date « The God We can touch », elle semble être surexcitée. Debout sur la Grande Scène, la voilà qui explique donc avoir joué sur une scène bine plus petite lors de sa dernière venue. Intimidée, elle expose pourtant de joie « Je suis très bien là finalement ». Il y a une sincérité à fleur de peau dans les gestuelles de la musicienne, une candeur innée qui rassemble et frappe fort. Elle va toucher les cœurs au delà de sa voix gracieuse qui prend encore plus de nuances en live.

D’ailleurs, elle invite par surprise Pomme à la rejoindre sur scène pour chanter en duo l’un des plus beaux titres de son nouvel opus : « Everything Matters ». Comme sur la version album, les deux voix angéliques s’additionnent à la perfection face à un public plus qu’heureux de cette invitation. Quelque part dans la foule une jeune femme pousse d’ailleurs quelques petits cris en découvrant la présence de Pomme. Une accolade et voilà qu’Aurora récupère l’entièreté de la scène sur laquelle elle semble flotter. Au plus proche de son public, la chanteuse sautille à chaque fois qu’elle parle et pousse ses prouesses vocales sans sourciller. Elle ne manque pas d’interpréter son titre le plus connu « Runaway » face à un parterre d’adeptes qui reprennent le titre en chœur. Toujours au plus proche de ses convictions qu’elle défend avec ardeur (et à raison) sur scène, sur album comme lors de ses prises de paroles, Aurora agite un drapeau LGBT+ (ou plus précisément un progress Pride Flag). L’amour sous toute ses formes, c’est bien de ça dont il s’agit. Et elle sait on ne peut mieux lui donner corps et chœur.

Vous étiez formidables

Il existe, il faut en convenir différentes typologies de concerts. Celui véritable, mettant en avant ses instruments, la voix d’un chanteur et une œuvre musicale et celui différent mais pour autant également intéressant qui tient plus en un spectacle. Ce second bien plus écrit, offre une expérience différente à ses spectateurs et c’est justement dans cette catégorie que se situe celui de Stromae. Il comporte d’ailleurs toujours une scénographie hallucinante pour porter une histoire racontée en musique. L’album y devient en quelque sorte une comédie musicale tant l’affaire est narrée. Attention pour autant, le plaisir y est quand même partagé et communicatif et les grosses machines tendent à époustoufler par leur rareté. L’histoire qu’est venu nous conter Stromae, elle est par ailleurs plutôt triste. Le célèbre chanteur belge publiait cette année son opus « Multitudes », un album assez inégale mais dont le propos sur la dépression avait permis pour certains, de faire un pas de plus sur le chemin de l’acceptation de la maladie mentale pour ce qu’elle est, une maladie difficile à combattre. Et rapidement, le musicien prend le temps d’expliquer que ce spectacle va parler de cet galette : « Mais on retrouvera aussi des morceaux issu du précédent album. » rassure-t-il. Pour autant, il faut lui reconnaitre, il sait rendre sa détresse aussi joyeuse que poétique. Il réussi même l’exploit de faire danser la foule en chantant les souffrances du cancer qui décime une famille et en ça l’exploit est fort. On dit Stromae, mais c’est pour mieux introduire une autre réalité, il serait bien plus véridique de parler d' »ils » au pluriel. Puisque la musique lorsqu’elle vient à rencontrer un large public n’est plus l’affaire d’un seul artiste sur scène mais bien le travail collectif de toute une profession qui œuvre dans l’ombre pour faire exister cet art si fort. L’affaire pourrait être oublier lors d’un concert mettant seulement en avant la musique. Mais pas sur ce show. Notre chanteur en a pleinement conscience et la liste de ses remerciements en fin de set qui sont « Très importants » ressemblera d’ailleurs à un long générique. Notre homme a entièrement raison. Ici des écrans géants montés sur bras radio-guidés permettent de donner au show son aspect spectaculaire. Des images défilent, d’un Stromae créé en 3D à des jeux de couleurs, un immeuble se créé puis un apocalypse proche en couleurs de celui de l’Upside Down de « Stranger Things ».

Crédit photo : Louis Comar

En scène maestro !

Ces effets ne sont pas les seuls ingrédients utilisés pour créer un show orchestré de bout en bout. Un chien robotique vient sur scène lui apporter un pull permettant quelques gags sur son fonctionnement moyen – eux aussi travaillés- et surtout de lancer « Papaoutai ».  On retrouve également des chorégraphies expliquées directement sur les écrans telles que les consignes de sécurité dans un avion. Et la sauce prend très bien. Le public suit, hypnotisé, chaque action à laquelle il est invité. Il l’est aussi par le chanteur lui-même qui s’adresse régulièrement à lui. Et c’est sûrement là que l’homme reprend le dessus, non plus simple tributaire d’une équipe, il sait on ne peut mieux gérer une foule. A chacune de ses indications, Stromae se fait entendre et est suivi. Il s’amuse régulièrement avec son public, l’interpelle, lui donne des consignes et entame ses chorégraphies. L’homme devient alors un personnage, un artiste aussi, en représentation. Il sait se composer pour mieux exister. C’est peut-être là la première clés pour comprendre son succès planétaire, celui-là même qui l’a aussi emmené à Coachella. Pour « Formidable », le titre qui lui a valu de nombreuses comparaisons à Jacques Brel, il prend cette fois les traits du désespoir et de l’homme alcoolisé. Stromae est un comédien qui joue parfaitement son rôle. Celui qu’on attend de lui, mais aussi celui qui expulse entre la scène et ses albums ses maux eux, bien encrés dans la réalité.

Crédit photo : Louis Comar

C’est sur le classique « Alors on danse » repris par une foule déchainée puis par un live a capella face à une fosse entièrement silencieuse (joli exploit) que le concert se termine.  Ce show est une excellent allégorie du festival Rock en Seine et plus généralement du milieu de la musique. Derrière chaque concert, chaque moment se trouve le travail colossal d’une équipe. Des bénévoles qu’on voit en direct à de nombreuses mains qui œuvrent dans l’ombre à ce que le public puisse passer le meilleur des moments et que l’évènement puisse exister chaque année. Des personnes qu’on prend trop peu le temps de remercier. En ce qui nous concerne, nous aimerions profiter de ces quelques mots et de cette conclusion pour remercier le service de presse d’Ephelide et sa merveilleuse équipe, notamment Marion et Catherine. Mais aussi les autres médias qui couvrent chaque année les évènements pour parler de musique, en débattre, la raconter à ceux qui n’ont pu y assister. Sans oublier nos photographes qui donnent toujours le meilleur d’eux-mêmes pour rapporter les plus beaux clichés et continuer de faire vivre le live par l’image bien après la fin des concerts. Tout particulièrement les nôtres : Kevin et Louis qui ont excellé sur le festival. La rentrée promet le meilleur pour la suite.