Impossible d’être passé.e à côté de The Big Bang Theory, show épique de Chuck Lorre et Bill Prady lancé en 2007 et sitcom devenu aujourd’hui culte. La vie quotidienne de nos geeks préférés, de leur voisine Penny, puis d’Amy et Bernadette a passionné et fait rire le monde entier. La série est d’ailleurs devenue l’une des plus populaires des Etats-Unis au cours de ses 12 saisons. Si Sheldon Cooper qui s’est même offert un spin off avec « Young Sheldon » reste le personnage le plus marquant de la série tout comme un certain Barney Stinson avant lui, c’est par Penny que tout commence. Et pourtant un simple revisionnage des dernières saisons du show vient à faire grincer des dents. Les scénaristes s’obstinent tour à tour à la faire passer au mieux pour une idiote, au pire à saccager toutes ses envies et aspirations en les ridiculisant. Le mariage, les enfants, le travail, ses goûts, rien ne sera accordé à Penny. Fond de sexisme ou incapacité d’écrire un personnage féminin ? Il n’empêche que certaines trames font bondir de nos sièges. Il fallait, bien après l’arrêt du show en 2019, en toucher un mot.

the big bang theory penny sheldon amyMais qui es-tu Penny ?

Quelques scrolls et voilà que des reels, extraits de The Big Bang Theory, se glissent dans mon feed. On les regarde avec nostalgie et l’envie de sourire de nouveau à des blagues grand public qui ont pu bercer une époque. Difficile d’oublier les quatre scientifiques Leonard, Sheldon, Howard et Rajesh. Leur passions geeks qui ont permis de remettre films et objets au goût du jour et de les rendre d’un coup cool. Et puis surtout Kaley Cuoco, Penny, la jolie voisine qui fait battre le cœur de Leonard et deviendra une précieuse amie pour le reste de la bande. La caution décalée du show, presque reflet de l’œil moqueur des spectateur, qui charrie la petite équipe avec bienveillance. Seulement voilà, si le personnage est toujours montré comme aussi fort que tendre, diablement attachante, l’idée tombe. Les envies de Penny, elles sont toujours basculées au dernier rang. Personnage central, elle est pourtant toujours l’oubliée, la ratée. Elle est l’amie et la compagne mais elle n’est jamais prise au sérieux en tant que personne. Chuck Lorre, le créateur de le série confiait d’ailleurs :  « Même après le deuxième pilot, il nous a fallu énormément d’épisodes avant que l’on comprenne enfin qu’il y avait un certain éclat/une intelligence au personnage de Penny que nous n’avions pas pensé à explorer. C’était un personnage totalement cliché, celui de la blonde stupide. On s’est loupé. On le sait. »  Ce dernier expliquait que le personnage changeait radicalement dans la saison 3 pour mieux s’écrire et être plus complet. Pour autant, le tournant n’est pas sans nombre de ratés. Les deux immenses sitcoms qui l’ont précédés, Friends et How I met your mother ont vécu des relectures le temps passant. Neil Patrick Harris avouait que Barney Stinson, en 2024 aurait surtout sa place en prison. Friends a été taxé de grossophobe, transphobe, pointant tous ses manquements. The Big Bang Theory lui, a eu plus de clémence de la part du public. Pourtant et, il me faudra spoiler pour mieux expliquer ce qui me chiffonne, surtout en fin de série, le show est loin d’être un parfait exemple pour les jeunes filles qui grandissent en le regardant.

The Big Bang Theory PennyUn penny à une seule facette

Dans le reel qui m’a rappelé au bon souvenir d’une sensation de malaise sur l’évolution du personnage, on voit Leonard se réjouir du passage de Stan Lee près de chez eux. Penny, qui n’a même pas de nom de famille contrairement au reste des personnages (!!!), ne sait pas de qui il s’agit mais tente de toute ses forces de prouver son intérêt pour les passions de son compagnon. En vain, on rigole bien, haha, elle ne sait pas qui c’est, qu’est-ce qu’elle est bête ! Et voilà que la question se pose. Sur tout un show de 12 saisons, son personnage va tenter de comprendre et d’apprendre des données scientifiques, des films et comics … mais qu’en est-il de ses goûts à elle ? Quelques mentions leur sont parfois faites, mais en écrasante majorité ce n’est pas le cas. Penny est neutre et incapable de retenir quoi que se soit. C’est vrai elle est jolie, après tout. Donc pas vraiment besoin que ses ami.es ne prennent le temps de faire des choses qu’elle aime. Et pas besoin pour les scénaristes de lui écrire des passions. Boire du vin, voilà ce qu’elle aime. D’ailleurs Penny ne fréquentait que des idiots avant de trainer avec les scientifiques. Ses ex sont des imbéciles, et sommet du slut shaming, Sheldon calcule le nombre d’hommes avec qui elle est sortie. 196 depuis ses 14  ans indique le personnage joué par Jim Parsons. Amy en profite pour lui demander si elle ne serait pas une fille facile, « Non, non, non …? » répond l’intéressée dans la saison 4. Le féminisme a beaucoup abordé le sujet, mais nous nous devons de le rappeler un homme qui séduit est un tombeur, une femme qui séduit, une p*te. Le monde n’avait pourtant pas besoin qu’on continue de jouer sur ces clichés via le petit écran. Tout ça n’est qu’une mise en bouche. Puisque Penny va vivre à la fin de son parcours une totale remise en question de tout ce qu’elle est et veut. Et c’est comme ça qu’elle sera heureuse, en ayant nié tout ce qu’elle est.

The Big Blonde Theory ou le personnage objet

penny leonard the big bang theoryPas besoin de faire plus de détours pour parler de l’épisode le plus déroutant de la série : l’épisode 3 de la saison 12. Pendant que Raj – autre personnage qui mérite que justice lui soit rendue puisque le grand romantique finit son parcours célibataire – tente un mariage arrangé, il envoie à son éventuelle future femme un questionnaire pour mieux se connaitre. Dès le début de l’épisode Raj prouve à Léonard qu’il ne connait pas les goûts de Penny en lui demandant où elle voudrait passer ses vacances de rêve. « Dans une maison à Malibu ? » tente-il « Non, ça c’est Barbie » balance Penny, en bonne représentation de toute cette relation et du rôle qui est le sien. Au cours de ce même épisode, elle réalise qu’elle ne veut pas d’enfants. Et elle en fait part dans un premier temps à Bernadette qui prend cette déclaration de haut. Si, tu dois en vouloir des enfants, tu découvriras l’amour, tu ne sais pas ce que tu dis. La dispute éclate, Penny pensait se confier et être entendue, ce ne sera pas le cas. Puis, elle décide d’en parler à son mari. Leonard (Johnny Galecki), le « gentil » s’énerve immédiatement. Il claque même la porte sans plus de discussion. Amy, son amie vient aussi la réprimander. Elles devaient être enceintes ensemble, leurs enfants devaient être ami.es. Penny est un objet et si ses ami.es veulent qu’elle soit mère, elle n’a qu’à l’être. Ce n’est après tout ni son corps, ni sa vie qui vont changer, c’est connu. Si le besoin d’avoir des enfants est une chose qui est très naturelle pour certaines personnes, le manque d’envie d’en avoir peut s’avérer tout aussi naturel pour d’autres, rendant leur conception impossible. Il existe des personnes qui trouvent de bonnes raisons à tout ça, l’écologie, la peur du regret, les resources financières… Le fait est qu’on fait des enfants par envie, par besoin, parce qu’on estime que le bonheur sera dans la famille, parfois aussi par accident. Toutes les raisons sont valables, et toutes les raisons de ne pas en avoir le sont tout autant. L’enfant n’est pas un objet qui appartient à la société mais bien une personne qu’un ou des parents doivent pouvoir choisir de faire. Aux Etats-Unis alors que l’avortement est toujours problématique, dans la vie, mais aussi par reflet au cinéma, la question de l’enfant reste un sujet sensible. Du coup pour ne froisser personne, Penny exprimera sa non envie d’être maman une petite saison. Les réponses qui lui sont faites viennent alors toujours à souligner l’égoïsme de ce choix, son manque de maturité. Et son mari faisant mine d’être compréhensif appellera même son père pour qu’il puisse la réprimander comme une petite fille sur le sujet. Tu enfanteras ma fille. Parce que JE veux que tu enfantes même si c’est ta vie à toi qui changera et même si ce changement n’est pas la clé du bonheur te concernant. Après moulte péripéties problématiques, le dernier épisode la série apportera enfin une résolution heureuse à Penny. Elle est enceinte ! Par accident, ouf ! La voilà enfin comblée, Leonard aura son enfant comme il le voulait, quelle joie ! Comme toutes les jolies filles (blonde comme le veut le cliché de la bimbo pas maligne), elle servira enfin à transmettre ses gênes. A pareil discours, Robin (How i met your mother) recevait un bien meilleur accueil et une série de questionnements sur le sujet. Penny elle, ne peut interroger sur le besoin de maternité. Une problématique pourtant très actuelle.

The Big Bang Theory : théorie des cordes sociales

Rappelons-le au début de la série Penny avait emménagé à Los Angeles pour devenir actrice. Galérant à s’y faire une place, la jolie voisine se retrouve donc à travailler au Cheesecake Factory. Les blagues sont alors nombreuses sur ses capacités au service tout comme se fut le cas pour Rachel dans Friends. Sauf que, pour le personnage de Jennifer Aniston, son travail portera ses fruits et elle finira la série en travaillant dans la mode. Penny, elle, pense trouver le succès en décrochant un rôle dans la série « NCIS ». Série dont elle peine à se souvenir du nom, parce que Penny, visiblement n’a pas de connaissance en cinéma. Même « Star Wars », elle est passée à côté, heureusement les garçons sont là pour lui expliquer ! Finalement coupée au montage, la carrière dont elle rêvait passe à la trappe. Aussi, si elle avait été scientifique comme les garçons, Bernadette et Amy, ça aurait été mieux pour elle. Penny le dit souvent, j’aimerai être intelligente comme vous… L’intelligence c’est donc exclusivement les maths, personne ne va la contredire sur le sujet.

the big bang theoryFinalement, heureusement ses ami.es sont là pour la remettre dans le droit chemin ! Durant la huitième saison, elle arrête de rêver à une carrière qui lui ressemble et elle devient alors vendeuse commerciale dans l’entreprise pharmaceutique de Bernadette. Après tout, le bonheur pour elle c’est de vivre une vie épanouie avec Leonard. Alors oui, dans la vraie vie, percer en tant qu’actrice est complexe, il se peut que ce choix de carrière pousse parfois à la reconversion (ou pas). Sauf que, tous les autres personnages de la série réussissent parfaitement leurs carrière. Sheldon et Amy ont même un prix Nobel, Howard est astronaute, autant dire qu’on parle aussi ici d’ambitions complexes. Les rêves de Penny, sont eux moqués, futiles, tournés en dérision. Il ne faut pas oublier qu’on parle d’une grosse production américaine. Tous les acteurs qui y jouent ont bien du tenter leur chance. Et pourtant si c’est une jeune femme qui rêve de succès, la chose est différente. Dans le final, quand Sheldon remercie ses amis lors de son discours d’acceptation du prix Nobel chacun à un titre mais pas Penny. Et pourtant, alors que le personnage de Kaley Cuoco a de gros problèmes financiers durant toute la série, lorsqu’enfin elle gagne sa vie, ce n’est toujours pas assez bien pour Leonard. Gêné qu’elle lui rembourse la voiture qu’il lui a offert, il en vient même à être très dérangé quand il apprend qu’elle gagne le double de son salaire. Voilà ce qui lui  pose un véritable problème. Bien plus que quand Penny envoyait des photos d’elle en sous-vêtements pour essayer de régler ses factures d’électricité, quelques saisons plus tôt.

the big bang theory kaley cuocoEt malgré tout, Leonard reste le gentil et elle est la personne compliquée, caractérielle. Même lorsqu’ils s’enfuient ensemble pour se marier à Las Vegas et qu’il lui avoue l’avoir trompée. C’est toujours lui le saint, elle le problème.

Des personnages féminins qui ne valent pas un Penny

penny amy bernadetteContrairement à Friends ou  How I met your mother, les personnages féminins de The Big Bang Theory n’existent que par rapport aux hommes qui eux sont les protagonistes. Amy répond à Sheldon et en est folle amoureuse. Neuro-scientifique, elle n’aura un prix Nobel que parce qu’elle suit les traces de son mari. Elle fait ce qu’il veut en boudant à peine parfois, lui pardonne ses excès et lui ressemble.  Elle amuse par des bizarreries qui, si elles ne sont pas similaires sont au moins aussi importantes que celles de son compagnon. Bernadette elle, est le miroir de la mère d’Howard. Personnage dont on n’entendait d’ailleurs que la voix. Elle devient ensuite la mère de ses enfants et crie tout aussi facilement qu’elle. Réprimander Howard, puis tout le monde, comme une maman agacée est son trait de personnalité central. Elle comme Amy ne sont que des duplicatas des quatre geeks, avec quelques arrangements pour ne pas être redondantes.

Evidemment, les trois filles sont amies entre elles. Pourquoi auraient-elles d’autres ami.es ? Elles ne sont là que pour satisfaire les hommes (et ce en ayant aussi une libido débordante). Eux sont amis par centres d’intérêts similaires. Elles, parce qu’elles ont en commun de sortir avec la bande de scientifiques amis. Ce n’est jamais le cas de Monica, Phoebe et Rachel. Robin et Lily ont des personnalités fortes. Alors certes Robin sort avec deux des mecs sur trois, Lily est la femme de  Marshall. Mais même Lily s’offre une virée à elle, célibataire dans la deuxième saison de la série. Et si leur couple doit être le plus mignon, il l’est parce que chaque personnage a ses propres intrigues. Ici les choses sont très différentes. elles semblent être créées que pour être « les copines de », presque des poupées ou des robots parfaitement adaptés. Et leurs envies et avis passent au second plan. Si ce n’est pour souligner ou moquer une réplique ou une réaction de l’un des quatre protagonistes.

the big bang theory : a série culte, grande responsabilité

Certes The Big Bang Theory est un show inoubliable qui a amusé les spectateurs des années durant. Certes, les blagues y sont faciles et relaxantes, les personnages caricaturaux pour amuser la galerie. Pour autant une série à si grand succès a un devoir moral, il doit s’il n’est prescripteur, au moins éviter de véhiculer des idées misogynes dans son déroulé. Il lui avait déjà été reproché de moquer les personnes autistes en raison de l’écriture du  personnage de Sheldon Cooper. Un fait dont s’était défendue la production avant de mieux permettre au personnage favori d’avoir une belle évolution sociale. Il aurait été intéressant autant qu’important d’avoir la même considération pour le personnage féminin central du show. Que son intelligence sociale évolue et soit mise en avant au cours des saisons ne suffit pas à écrire un vrai personnage féminin qui existe. Elle avait pourtant, en plus d’une très bonne interprète, des capacités à se rendre aussi attachante que drôle et décalée. Dommage d’avoir raté ce coche pendant 12 saisons. Encore plus, de ne pas avoir saisit que les personnaes de sitcoms marquent des générations entières. On s’identifie encore aujourd’hui à Monica, Phoebe ou Rachel, jamais à au personnage de Kaley Cuoco. Et ce serait impossible, il faudrait que se soit en opposition à des hommes. Il est temps que justice soit rendue à Penny !


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