Le 3 juin dernier, les cloches de l’Église de Cain sonnait l’heure de la messe. Pour la première date de The Childish Behaviour tour, Ethel Cain a sorti le grand jeu. Tout juste deux ans après la sortie de son album Preacher’s Daughter, les fidèles s’étaient réunis pour célébrer leur prêtresse. Retour sur un moment d’anthologie.
Ça bourdonne sur le Boulevard Rochechouart. Le soleil est enfin arrivé et avec lui, la reine-mère, Ethel Cain. Certains font la queue depuis 8h du matin, espérant, le soir venu, être au plus près de leur idole. La file d’attente du Trianon, progresse jusqu’à la Cigale. Dans cette marée humaine, la dentelle et les corsets sont de sortie, les tatouages sont fièrement arborés et les cheveux, fraichement teints pour l’occasion. Habit du dimanche, pour cette messe du mardi soir.
Le dernier concert d’Ethel Cain en tête d’affiche à Paris, remonte à Décembre 2022. Dans la salle, on croise des fidèles de la première heure ainsi que des fraîchement converti.es. Tous les regards ont une lueur quasi hallucinée et une frénésie embaume l’air.
Ethelmania
À l’ouverture des portes à 19h, les gens hurlent et se précipitent vers la scène dans une tentative désespérée de se retrouver au premier rang. La foule devient très vite une seule et même entité, une masse compacte, aussi tendue qu’extatique. Il était grand temps qu’Ethel Cain nous fasse grâce de sa présence.
À 20h, la première partie débute. Il s’agit de Teethe. Originaire de Texas, le groupe propose une musique aux influences slowcore pendant 45 minutes. Le public est déjà hypnotisé, attentif.
Midnight mass
C’est à 21h15 que les lumières s’éteignent à nouveau, pour accueillir toute l’aura d’Ethel Cain. Elle n’a pas encore mis un pied sur scène que le public hurle à s’en déchirer les poumons. Sur un prélude instrumental qui ressemble fortement à « Young and Beautiful » de Lana Del Rey, Ethel Cain fait son apparition, tout de noire vêtue, un voile de dentelle couvrant son visage. Une Laura Palmer rencontrant la fiancée de Frankenstein, peut-être. De son regard fier, elle contemple son assemblée de fidèles dont les cris doivent résonner dans tout Pigalle.
Après quelques instants de célébration, la grande prêtresse retire son voile et entame son set avec un tout nouveau morceau « Dust Bowl ». Au balcon, le public se penche de plus en plus vers la scène. Mais pas d’inquiétude, aucune chute ce soir, que des ascensions. Piété est de mise quand la fille du prêtre nous raconte son histoire.
Dans la maison de dieu, Ethel est reine
Le concert ne sera qu’une montée en intensité à partir de là. En poursuivant avec « House in Nebraska », Ethel déchaine la foule. Tout le monde chante, exorcisant toute émotion superflue. Il en est presque fascinant d’observer au fil des concerts, la passion qu’Ethel Cain provoque. Bien qu’il n’y est rien de surprenant à ce qu’elle rencontre un tel succès, la dévotion du public est sublime (la réthorique antique, pas l’adjectif), transcendante.
S’il est commun de déifier certains artistes – lourde position que celle du fan transi – Ethel Cain fait partie des idoles les plus mystiques de ces dernières années. Preacher’s Daughter est un album culte en devenir. Et c’est lors de concerts comme celui-ci, que la légende se grave un peu plus dans le marbre.
JESUS IF YOU’RE THERE
Au moment de l’excellent « Thoroughfare », un petit problème technique survient. L’écran qui projette les visuels derrière Ethel Cain se montre capricieux et réclame le mot de passe pour activer la mise à jour de logiciels… Une bonne minute passe avant que le message ne disparaisse. Petit souci technique rapidement résolu qui nous rappelle que l’erreur est humaine.
La setlist est un joli mélange de Preacher’s Daughter et de nouveaux morceaux comme « Amber Waves » ou « Punish ». Le moment est fort de symbolisme. Le regard brillant, Ethel Cain, demande au public d’être le plus silencieux possible, le temps de ces nouveaux morceaux. Sans broncher, le public obéit. On entendrait les mouches voler et ça tombe bien, les première notes de « Sun-Bleached Flies » démarrent.
She’s Ferocious!
Quand Ethel Cain quitte la scène, c’est pour mieux revenir pour le rappel. Elle a troqué sa robe noire pour une tee shirt blanc et un short Huskers (équipe de football américain du Nebraska, merci Google). Changement de look, mais aucune altération de l’intensité du show. Le rappel débute avec une reprise dédié à son père, « Betty Davis Eyes » de Kim Carnes. Le moment est si émouvant, que l’on en espère presque une version studio pour l’écouter en boucle pour se remémorer cette soirée.
L’acmé du concert vient avec sa chanson peut-être la plus accessible pour un public non averti, « American Teenager ». Excellent morceau, il vient boucler une soirée magique et mémorable. Ethel Cain ira jusqu’à descendre de scène, pour se rapprocher de la foule aimante. Extase de Sainte-Thérèse en direct live!
Avec cette nouvelle tournée, Ethel Cain confirme sa place comme véritable nouvelle icône de la musique américaine. On aurait espérer, peut-être, qu’elle chante « Ptolemaea » mais ce n’est encore jamais arrivé, un jour peut-être…!
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