« Trois baudets » pour trois concerts. Dans ce petit théâtre à deux pas de la Machine du Moulin Rouge et de la Cigale, la programmation mise sur les artistes francophones pour des soirées conviviales et originales où de très jeunes talents se frottent aux artistes connus. Trois artistes aux styles très variés pour trois concerts : une quinzaine de minutes pour le premier, trente pour le second et une bonne heure pour le dernier. Reportage sur la soirée du 6 juin 2018 avec à l’affiche Victor Osair, Fictions et I AM STRAM-GRAM
Osair et Fictions : chanson à cors et pop-electro galactiques
La salle est petite et c’est pour cela qu’on l’aime. À peine calée dans notre siège, Victor Osair monte sur la scène, guitare à la main, accompagné… de deux cornistes aux patronymes aussi originaux que leurs instruments : Jean Wagner et Hippolyte de Villèle. La voix de Victor est posée, le style élégant. Les textes s’envolent en même temps que les envolées pénétrantes des cors qui s’accordent parfaitement à la chanson à texte de Victor, construisant subtilement un décor quelque peu dramatique.
Une petite pause plus tard, nous voilà en face de Fictions. Jeune duo au style un peu ado, lui au chant, elle derrière une basse. Le ton est donné dès le premier morceau. Fictions veut nous faire danser aux sons des années 80. Des basses rythmées, des petites lancées de synthétiseurs, les chansons de Fictions ont des airs de soirée de fin du monde. La voix écorchée nous emporte dans un univers oscillant entre mélancolie et électro intergalactiques. Fictions fait bouger les têtes et les jambes. Une très bonne surprise.
I AM STRAMGRAM, quand la magie opère entre musique ambitieuse et intimiste
Les spectateurs vont et viennent et ceux qui restent ont alors la chance de voir l’apparition d’I AM STRAMGRAM qui clôturera la soirée. Vincent Jouffroy arrive souriant, décontracté, à l’aise sur la scène. Quelques présentations et blagues plus tard avec son unique acolyte à la batterie, le concert commence et c’est le moment de se prendre une claque.
I AM STRAMGRAM démarre doucement par Safes. Le Bordelais chauffe sa voix à fleur de peau sur cette balade mélancolique évoquant le temps qui passe. Sa voix, souvent répétée par effet, comme un tourbillon à l’infini, transporte immédiatement. Ils ne sont que deux sur scène, mais remplissent tous l’espace. Le timbre est chaude, les textes en anglais surprennent par quelques phrases en français soufflées avec les tripes. Arrive la chanson Camelia, I AM STRAMGRAM nous emporte alors définitivement dans son monde lyrique et nostalgique bien à lui. Tout au long de sa performance, la guitare folk aux arrangements electro et les chants planants l’accompagnent, nous plongeant dans un univers construit de rêves éveillés, de regrets et d’espoir.
Un brin de folie pour un concert tout en délicatesse
Puis Vincent hésite, mais se décide à nous offrir un morceau qui va crescendo où la guitare sèche se fait rock balançant du riff furieux en une décharge d’émotion. L’énergie est libérée, la salle est captivée. Vincent, décidément doté de multiples talents qui ne cessent de nous étonner, s’amuse de sa prestation. Pour calmer le jeu, il entame Saut de ligne, chanson douce traitant du thème surprenant des « scripts doctors » (auteurs qui améliore les scénarios), suivi d’une chanson d’amour où la douceur des cordes doublée au chant poignant de Vincent font une fois de plus son effet. Les morceaux s’enchainent ensuite avec toujours cette envie de nous faire partager cette musique à la fois ambitieuse et intimiste.
Le concert se finit sur Pack your toys. Un goodbye tout en délicatesse qui me donne qu’une seule envie : revenir pour un prochain concert.
On vous en avait déjà parlé et on est toujours aussi content de le faire. Retrouvez quelques sessions acoustiques et l’interview de Vincent par ici !