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Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar
Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

C’est un concert bien particulier qui attend ce 8 novembre les fans de Shaka Ponk. Celui qui marque le début de la fin d’une ère. Le groupe l’a en effet annoncé, il s’offre une dernière immense tournée et puis il fera ses adieux à son public. A Paris, pour leurs 4 premiers passages, les acolytes de Goz, leur mascotte, s’offraient le Zénith. L’occasion de s’échauffer avant deux rounds d’Accor Arena. Mais aussi de partager un moment où la générosité règne. Un terme surfait d’ailleurs que celui de généreux en matière de live. On pense à une comparaison mal faite avec un repas et pourtant il s’applique à Shaka Ponk  et coule de source à écrire. La faute à une formation qui se donne  sans concession et qui partage de son univers jusqu’à avoir permis à la salle de transpirer sa dernière goutte de sueur. Le concert était aussi l’occasion d’interpréter son dernier album, intitulé « Shaka Ponk », preuve de la clôture d’un chapitre s’il en est.

Fucking intimate

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

Cette dernière tournée, elle s’appelle le Last Fucked Tour. Un nom brut de décoffrage qui va bien aux concerts de cette tornade scénique. Pour rester dans le ton, on abusera du terme fuck . Et c’est donc en toute intimité que débute ce concert. Le groupe s’offre un tour des gradins, serre des mains. On est loin des grandes entrées grandiloquentes habituelles. Exit pour un instant la grosse machine, l’humain vient maintenant au centre de l’instant. Là au milieu du Zénith, sur une avancée, le combo joue entouré de ses fans. Il débute par une version acoustique d' »I’m Picky », histoire de sortir l’artillerie lourde. Mais que l’audience se rassure, le titre sera interprété une deuxième fois dans sa version classique plus tard dans le set. Quatre morceaux s’enchainent de la sorte. Point de fioritures, juste des instruments et des voix pour des versions qui mettent en avant les capacités vocales dénudées de tout artifice de la troupe. L’affaire séduit par sa simplicité, son changement radical de proposition. Shaka Ponk est au cœur de son Zénith, pulse avec douceur et emplie son artère de fans. Ils concluent l’instant par une reprise, celle de « The House of the rising sun » et donnent le ton d’emblée, le moment sera bavard.

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

fucking entertaining  !

Et puis, il est temps de retourner aux bases et donc à une seconde forme de générosité. Le groupe de Frah et Samaha se déploie sur scène et sort le gros décors. Les concerts de Shaka Ponk, qu’on se le dise, ce sont des parcs d’attraction pour adultes avec son lot de montagnes russes et d’effets de lumières. Loin du concert traditionnel, c’est un spectacle à multiple dimensions qui fait participer chaque spectateur. Cette fois-ci les écrans géants diffusent en autre des images d’une bibliothèque sans dessus dessous et de livres qui volent. Sur les côtés des décors hors écrans font exister ces livres. De parts et d’autre de la scène, en hauteur, des choristes aux immenses robes blanches et qui semblent s’échapper d’un film de Tim Burton, viennent ajouter une touche fantomatique au programme.

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

Mais le cadre n’est pas la seule marque de fabrique de la formation. Les tenues scéniques entre rock et film d’action s’ajoutent et puis les positionnement de ses membres, leur façon d’arpenter la scène, de se courber, de sauter, de bondir. Tout est orchestré au millimètre et chaque infime détail ne laisse jamais planer le doute quant à l’identité des artistes présents sur scène. Les morceaux du nouvel opus s’ajoutent à l’instant. On retrouve « Je m’avance » puis « Wanna get free ».

Mais Shaka Ponk c’est aussi un groupe militant. Ils ne s’en sont jamais cachés. Alors avant de balancer les notes puissante de « Twisted » et d’entraîner le Zénith dans une nouvelle danse endiablée magnétude 9 sur l’échelle de Richter, Frah livre un plaidoyer en matière de droits LGBT +. Et l’audience boit chaque mot. Au delà de la musique, ce sont aussi une vingtaine d’années de valeurs et de messages martelés qui ont créé la communauté de fans.  Le militantisme, il prend aussi sa place sur les écrans alors que la politique macroniste, l’écologie et la Covid sont évoquées en images. Le président se voit représenté comme une figure qui tire les ficelles, flippant à souhait. Difficile de ne pas avoir une pensée pour Izïa qui encourait des poursuites après avoir parlé de lyncher Emmanuel Macron lors de son passage en festival cet été. La liberté d’expression est encore – un peu – possible, voilà qui est rassurant. Quelques morceaux en français rappellent néanmoins que l’anglais leur va mieux au teint, question de sonorité et de notes. Les mots sont des instruments, ils créent les rythmes. Après quoi, il est l’heure de balancer les gros moyens.

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

A Fucked up crowd

La configuration est sans cesse mouvante. Voilà que le plot central est de retour. Perché dessus, Frah, toujours aussi sauvage, se positionne et prépare le public à son traditionnel circle pit. Les instruments résonnent à pleine balle. Samaha, sur scène,  hypnotise en sa qualité de maîtresse de cérémonie aux longues tresses. « J’espère que vous avez une bonne mutuelle » lance son acolyte au milieu du public. Un cercle tribale entoure le musicien et se met à entamer une danse effrénée. Un peu comme lors de la manie dansante, phénomène d’hystérie collective entre le XIV et XVIIIème siècle qui avait poussé des villageois à entamer spontanément des danses et à ne s’arrêter que plusieurs jours plus tard provoquant évanouissements et parfois la mort. Ici, finalement qu’importe la mutuelle possédée, tous les spectateurs sortiront vivant de ce concert, mais la fièvre dansante les aura tout de même atteint. Le groupe reprend comme le veut la tradition, sa version de « Smell like teen spirit » de Nirvana. Et la chose est plutôt vraie. Entre la nostalgie qui pointe la bout de son nez face à la fin d’un groupe qui a marqué des générations, les compositions chantées, l’énergie générale, la salle sent l’esprit adolescent à plein nez. Dans les bras de Shaka Ponk, le public, de tout âge, aura éternellement 17 ans. Les derniers instants sont de plus en plus sauvages, tout va crescendo côté foule comme côté scène. La fièvre dansante, on vous dit.

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

Un drapeau LGBT est brandi juste avant le dernier morceau qui sonne l’avant rappel : « 1300 heures », il faudra donc se dire au revoir.

Shaka Ponk – Zenith de Paris 08.11.2023 – Crédit Photo : Louis Comar

A last fucking goodbye

Le groupe revient sans surprise sur scène pour un dernier moment de folie partagée. « Killing Hallelujah » et « Rusty Fonky » font office de clôture au cours de laquelle le public sera invité à s’asseoir pour mieux bondir dans les airs. Le chœur quitte également sa place en arrière scène pour se répartir au plus près de l’audience. Un dernier slam pour Frah et il faudra dire au revoir. Et c’est bien le plus compliqué pour le groupe. Une fois la musique terminée, ce dernier ne quitte pas la scène, fait le tour des objets trouvés et commente  » Je ne sais pas si ces objets seront retrouvés mais ce qu’on a trouvé ce soir, cette communion, on ne pourra jamais la perdre ». Impossible de les faire repartir en coulisses, ils saluent, parlent, observent. Comme si lâcher était trop douloureux et que chaque seconde devait un peu plus durer. Comme un enfant qui tente de retarder l’heure du coucher. It smells like teen spirit encore et toujours. La fin d’une ère, il est vrai et qui tourne la page d’un rock français qui aura changer radicalement l’image du courant dans l’Hexagone. Le temps passe trop vite, il faudra l’étirer encore et encore sur une tournée d’adieu qui brisera le cœur de ses musiciens date après date. Mais qui réchauffera à jamais les consciences et les corps. Shaka Ponk tire sa révérence, une dernière fois, qu’importe la taille de l’arène qui sera choisi pour la véritable dernière fois, ce qui compte c’est la taille des gladiateurs et la nostalgie qui, elle perdurera longtemps.


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