Dans le cadre du Club 300 d’Allociné, projeté au Forum des Images, était présenté Scandale, le nouveau film de Jay Roach (la trilogie Austin Powers mais aussi le plus sérieux Dalton Trumbo) avec en tête d’affiche rien de moins que Nicole Kidman, Charlize Theron (nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice) et Margot Robbie (nommée pour l’Oscar du meilleur second rôle féminin). Le sujet du film parlant de harcèlement sexuel dans le monde des médias étant plus que jamais d’actualité, comment Scandale, 3 nominations aux prochains Oscars, l’aborde t-il ? Critique
Scandale : De quoi ça parle ?
Quelques temps avant l’élection présidentielle américaine de 2016. Fox News, la chaîne d’infos phare des conservateurs américains est plus que jamais populaire alors que prend de plus en plus forme les chances d’un certain candidat populiste du nom de Donald Trump… Dirigé par Roger Ailes (John Litghow, méconnaissable), son fondateur, Fox News est en pleine lumière alors que les idées qu’elle propage depuis des années semble conquérir le pays. C’est pourtant à ce moment là que tout va voler en éclat pour Ailes. Gretchen Carlson (Nicole Kidman), présentatrice dont l’aura au sein de Fox News n’aura eu de cesse de chuter ces dernières années et récemment mise à la porte accuse son ancien PDG de licenciement abusif et harcèlement sexuel. Megyn Kelly (Charlize Theron), intervieweuse star de la chaîne qui s’est illustrée récemment lors d’une passe d’armes avec Donald Trump, hésite sur les conséquences que cela aurait pour sa carrière de briser « la loi du silence ». Kayla Pospisil ( Margot Robbie), jeune journaliste dont l’ambition veut lui faire franchir les étapes à toute vitesse est rapidement confrontée à ce que cela implique quand on est une femme travaillant à Fox News… Trois portraits de femmes confrontés aux ravages du sexisme et du harcèlement au travail.
Scandale : Est ce que c’est bien ?
Les premières minutes de Scandale ne sont pas forcément à son avantage sur deux points. Tout d’abord, la mise en avant du contexte de montée en puissance du candidat Trump fait redouter un brûlot politique, là ou on l’on pouvait s’attendre à une histoire plus centrée sur le cas précis de Roger Ailes et ses méfaits au sein de Fox News. Enfin, la mise en scène de Jay Roach ne brille pas pour illustrer les idées du script de Charles Randolph (présentation par le personnage de Charlize Theron des coulisses de Fox News face caméra flirtant avec le quatrième mur tombant à plat). A présenter factuellement les parcours des trois protagonistes dans sa première partie (Nicole Kidman qui est poussée de plus en plus vers la sortie, Charlize Theron qui doit arrondir les angles avec Trump notamment pour continuer d’être en tête d’affiche de la chaîne, Margot Robbie qui gravit les échelons), Scandale fait redouter de n’être qu’un « procedural » comme tant d’autres, dont l’enjeu serait le verdict du futur procès à venir de Roger Ailes.
Et pourtant tout se joue lors d’une scène. La scène charnière de tout le film. Le personnage de Margot Robbie parvient à obtenir ce qu’elle désirait tant : obtenir un entretien avec Roger Ailes. D’apparence anodine, la situation dérape peu à peu, le personnage de Litghow, de prime abord paternaliste demandant à la jeune présentatrice de faire un tour sur elle même. Puis de lui montrer ses jambes. Puis de remonter encore et encore sa jupe… Le vice du regard de Litghow et le visage de Robbie s’exécutant tout en cherchant à contenir ses larmes naissantes suffisent à glacer littéralement le sang.
A partir de là, comme un symbole, le personnage de Kayla Pospisil incarnée par Robbie étant fictif et faisant office d’archétype, la chute de Roger Ailes. Comme une fois de trop. Peu importe, que lors d’une scène, le personnage de Charlize Theron relativise le caractère « monstrueux » en évoquant tout les bons cotés, notamment la générosité en tant que patron de Fox News que Ailes a pu avoir pour d’autres salarié-e-s. Peu importe que le personnage de Nicole Kidman n’ait rien de la victime au sens traditionnel du terme, étant montré qu’elle préparait sa revanche depuis longtemps et attendait le premier faux pas de ce dernier ( son licenciement abusif) pour lancer les hostilités et le mettre à bas. Et le film prend alors des allures de symbole : il ne s’agit -presque – plus de la lutte judiciaire de Gretchen Carlson contre son ancien employeur, il s’agit de montrer les prémisses de ce qui une poignée de mois plus tard, suite à la tristement célèbre affaire Weinstein, deviendra le mouvement #MeeToo. La fin du silence et la mise à mal du système patriarcal. Pour les excellentes prestations de son trio de têtes d’affiches, Scandale était un film hautement recommandable. Pour la nécessité de son sujet et la justesse de son traitement, Scandale en devient un film essentiel.
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